caruso opera lyrique

 

Caruso:  l'opéra comme une chanson  

Tout le monde se souvient de Pavarotti et ses tournées mondiales réunissant la foule au champ de Mars ou à Coven Garden en compagnie de Queens, U2 ou Elton John ou encore de ses deux amis Dominguez et Carreras. Pendant ces concerts, Pavarotti et les autres ténors captivaient l'attention de leur public en interprétant des airs lyriques populaires. Ils prolongeaient ainsi une belle tradition.

 

Avant Pavarotti, un autre italien enchanta le monde avec les airs populaires de l'opéra : il s'agit d'Enrico Caruso, le célèbre ténor à la voix d'or.
Il est né à Naples en 1823 dans un milieu modeste d'un père mécanicien. Avec le soutien de sa mère, il est choriste à l'église et chante aux terrasses des cafés les airs populaires napolitains. Par la suite il suivra durant 3 années des cours de chant pour se préparer à faire carrière à l'opéra. En 1885 avec de grande difficulté, il débute à l'opéra.

En 1897, il est devenu un artiste reconnu, et vit de son métier. Il tombe amoureux d'Ada Giachetti-Botti, soprano étoile avec laquelle il chante la Traviata. Ces représentations furent un succès éblouissant pour les deux chanteurs. Ada bien que mariée et mère, quitte son mari pour devenir la compagne de Caruso et la mère de ses deux premiers garçons, Rodolfo et Enrico.

Avec l'aide d'Ada, Caruso améliore sa technique vocale, sa carrière lyrique s'envole. En 1989 il crée Fedora, célèbre opéra de Giordano, un immense succès. En 1900 il fait ses débuts à la Scala dans la Bohème sous la direction d'Arturo Toscanini, ce dernier dira : " si ce Napolitain continue à chanter ainsi, le monde entier parlera de lui ".

En 1902 il chante à Covent Garden, et réalise le premier enregistrement sonore de sa voix. Caruso rencontre Gaisberg ingénieur du son et représentant de la compagnie Gramophone qui l'entend pour la première fois et qui cherche des chanteurs pour lancer cette nouvelle technique d'enregistrement de musique sur cylindrique (avant la création du disque vinyle).
Caruso est enchanté. Il enregistre dix morceaux de deux heures pour une belle somme d'argent. Gaisberg déclara que les enregistrements de Caruso " avaient mis au monde le gramophone ". L'enregistrement de Caruso fut publié en 1903 comme le premier du label Victor Red Seal (le phoque rouge), et le premier enregistrement de Nipper, le chien de "La Voix de son maitre" logo de (HMV), écoutant le pavillon du gramophone.

Les premiers enregistrements du chanteur se vendent à plus d'un million d'exemplaires malgré la rusticité des gramophones de l'époque.

En 1903 à 30 ans il débute au Met de New York dans Rigoletto.
Acclamé par la critique, il va conquérir New York et devenir la coqueluche de cette ville et le Met son théâtre pendant 17 ans. Il va y créer la plupart des rôles de ténors italiens et devient célèbre et riche. Il fera de nombreux enregistrements sonores qui participeront à sa célébrité. Il est une personnalité joviale, une cour d'admirateurs s'installe autour de lui qu'il subventionne généreusement.
Il sillonne les états unis, l'Amérique du sud et devient une star.

En 1908, Ada le quitte brutalement lasse de tous les sacrifices consentis (de son mariage à sa carrière), elle abandonne son argent, ses maitresse et son succès.
A partir de 1909, des ennuis de santé surviennent, la première guerre mondiale le prive de l'Europe.
Il rencontre la jeune américaine Dorothy Park Benjamin qu'il épouse en 1918, et avec qui il aura une fille l'année suivante.

En 1920 il retourne à Naples se reposer mais y meurt d'une septicémie suite à un abcès mal soigné, les antibiotiques étant inconnus à l'époque, il a 48 ans.

L'Italie décrète un deuil national, il est un modèle pour les ténors de toutes les époques.

Il est possible d'écouter ses enregistrements de grands airs d'opéra ou de chansons traditionnelles parmi lesquels : Una furtiva lagrima, Addio a Napoli, Celeste Aida (Aida), Amore o grillo (Madama Butterfly), Vesti la giubba (I pagliacci), Libiamo ne' lieti calici (La traviata).

 

 

Daniel Auteuil dans la fille du puisatier (2011) a choisi pour la bande d'annonce la musique d'une chanson de Caruso, et termine son film sur une image tendre et nostalgique de la famille réunie avec core'ngrato (cœur ingrat) de Caruso (remixé par Alexandre Desplat) :

Les paroles de cette chanson populaire italienne sont simples :


Catarì, Catarì, Pourquoi me dire ces paroles amères,
Pourquoi tu me parles et tu me tourmentes le cœur, Catari ?
N'oublie pas que je t'ai déjà donné mon cœur, Catari N'oublie pas !
Catarì, Catarì, que veulent dire ces paroles qui me donnent des spasmes ?
Toi, tu ne penses pas à ma douleur, toi, tu n'y penses pas, tu ne t'en soucies pas
Cœur, cœur ingrat Tu as volé ma vie, tout est fini et tu n'y penses plus
Catarì, Catarì, Tu ne le sais pas, que même jusqu'à dans l'église
Je suis rentré et j'ai prié Dieu, Catarì Et je l'ai même dit au confesseur :
Je suis en train de mourir Pour celle là !
Je souffre, Je souffre, vous ne pouvez pas le croire,
Je souffre tous les tourments ! Et le confesseur, personne sainte,
M'a dit : Mon fils, laisse la, laisse la
Cœur, cœur ingrat
Tu as volé ma vie
Tout est fini
Et tu n'y penses plus