harcelement travail

 

 


Quand j'entends l'épouse d'un ami médecin lui conseillant de faire attention avec sa secrétaire et avec ses patientes, je ne savais pas quoi répondre ;  dommage collatéral de l' affaire Weinstein ?

Fin d'un modèle de relation homme- femme ?

A travers l'histoire, le contrôle de la sexualité était confié à la religion, et à la culture.
Depuis de nombreuses années, la société occidentale optant pour la liberté individuelle a changé de modèle. Amour, intimité et sexualité ne sont plus un sujet tabou, mais des idées précieuses pour une bonne qualité de vie, pour le bonheur individuel.
Au premier regard, on peut penser que la femme semble avoir gagné le pouvoir de piloter sa sexualité en occident. Elle choisit ses partenaires, sa grossesse, son plaisir sexuel, et son destin individuel. Les femmes sont à égalité avec les hommes, ont le droit à une expression libre jamais aussi présente, que par le passé.
 
Au début de ce 21ème siècle, le désir féminin serait la métaphore du pouvoir des femmes dans la société moderne (rapports Hite des années 2000).  Cette nouvelle libération de la sexualité féminine est le symbole de ce nouveau pouvoir féminin, dépassant la honte du corps, revendiquant le droit au plaisir.
Cette sexualité " nouvelle " permet même, un sens personnel du bien et du mal, les seules limites sont le libre choix et le libre consentement sans moralité pré-établie comme on le peut lire dans les livres de la nouvelle romance ou voir dans certaines séries télévisées. Puis une affaire!!

 

Affaire Weinstein


Le retentissement de cette affaire démontre une première nouveauté : la fin de la spécificité française vis-à-vis des faits divers américains.
La deuxième nouveauté est que les réseaux sociaux peuvent avoir leurs avantages et leurs inconvénients, y compris sur le plan collectif. La parole féminine s'est répandue par les réseaux sociaux sans contrôle ni restriction.  Certains médias voyaient dans cette parole une libération, d'autres ont jugé cette parole dangereuse et contre- productive en raison de l'anonymat, de l'impossibilité de vérifier.     

Cette parole anonyme peut avoir une vertu thérapeutique, mais comme écrit le RTBF le 06 novembre 2017 :
" Il y a aussi un danger derrière ces révélations en cascade. Aujourd'hui, en un tweet, l'on peut condamner un homme sur Internet, en quelques phrases, sans procès, sans défense, sans jugement. Catherine Deneuve, l'une des plus grandes actrices françaises, a même qualifié de "terribles" ces dénonciations publiques. "

De nombreuses journalistes-femmes ont signalé le danger de ces accusations anonymes, insistant qu'il ne s'agissait pas d'une agression contre les hommes, et qu'un harceleur ne devrait pas faire oublier les milliers d'hommes décents et respectueux des femmes.  

Si la condamnation de viol et de harcèlement était sans nuance ; la confusion, et la généralisation peuvent déjà être intériorisés par certains hommes.
Une journaliste dans The Irish times écrit le 13 octobre :  
" Je comprends que des hommes peuvent se plaindre de ces réactions exagérées. Ces femmes personnalisent les problèmes pour pouvoir en discuter. "
Des médias français ou anglo-saxons se montraient compréhensifs vis-à-vis de ces réactions ; en face on trouve des médias hostiles qui titrent, à la façon de Fox news le 7 décembre 2017 : " les hommes sont tous à la merci d'accusatrices anonymes. "  

Nouveau modèle à inventer  

Cette affaire Weinstein et ses retentissements médiatiques risque de laisser des traces sur les relations hommes-femmes dans notre société.
Après le temps médiatique et les messages anonymes, vient, légitiment, le temps judiciaire pour juger les coupables d'agression, de harcèlement, et les fausses accusations.  On peut faire confiance à la neutralité et au professionnalisme de notre système judiciaire.  

Hors du champ judiciaire, de nombreux médias se posent la question si la réaction à ses affaires aura une incidence sur les femmes au travail.
Selon le New York Times, il peut y avoir des " conséquences involontaires ", les hommes évitant les réunions à huis clos ou les réunions d'affaires en dehors des heures de bureau avec des collègues féminines. Les hommes peuvent hésiter à employer ou à engager des femmes pour éviter toute apparence d'inconvenance.

D'autres pensent que les hommes peuvent avoir une réaction d'hypervigilance,  s'éloignant des femmes,  évitant leur présence ou s'entourant d'un témoin pendant un examen médical ou une réunion,  ou refusant toute activité avec une femme, même sportive ou sociale.

Certains hommes influents évitent déjà toutes interactions avec les femmes par précaution.  Le journal the The Atlantic souligne " le progrès des femmes dans la société risque de souffrir et aucune loi ne peut remettre la confiance entre les hommes et les femmes en marche ".

 

Faut changer quelques choses

Un article du journal Ouest France du 24/10/2017 tente une conclusion utile :


" C'est un constat de faillite en matière d'éducation à la relation à l'autre sexe. Dans notre société qui se dit - à travers les médias audiovisuels, les journaux et les magazines - "?sexuellement libérées?", les victimes qui prennent la parole témoignent de la perpétuation d'une aliénation profonde : celle des femmes (mais pas uniquement) comme objet de satisfaction sexuelle, et celle des hommes (mais pas uniquement) comme manipulés par leurs pulsions. "


Le modèle de relation homme-femme présent dans notre société depuis les années 2000 mérite d'être analysé et corrigé.  


Espérons que ces analyses ne mèneront pas vers un modèle répressif ou moralisant,  et que ces épisodes ne se terminent pas par une hostilité croissante entre les deux sexes comme dans certains pays avec une traduction sociétale ou même électorale.