nuitdebout2016

Nuit Debout : et maintenant ?

Nous étions en train de préparer une manif parisienne pour soutenir l’écologie dans la société. La France venait d’élire François Hollande et nous voulions rappeler le gouvernement à ses obligations vis-à-vis de l’écologie.


J’ai contacté les organisateurs sur leur page Facebook. Je voulais participer. Beaucoup de monde sur cette page, des militants, des gens sincères, plutôt sans étiquette politique, qui tentaient de préciser les objectifs de cette manifestation parisienne. Il fallait commencer par la discussion. Rapidement, on découvre combien les opinions sont divergents, éloignés voire contradictoires. L’écologie comme n’importe quel sujet touche l’économie, le comportement personnel et même l’organisation de la société.


On laissait nos commentaires. On ajoutait nos idées. La page Facebook devient jour après jour une sorte de colonne longue et interminable. Les idées défilent, sans conclusions.


En discutant économie et écologie, Plusieurs personnes s’énervent. La discussion devient plus dure. Les commentaires acerbes font leur apparition. L’administrateur de la page efface ces commentaires agressifs pour préserver la qualité des interventions et pour apaiser l’ambiance.


Ce geste est immédiatement contesté, jugé autoritaire et même fasciste. Qui t’a donné l’autorité ? Quelle est ta légitimité pour modérer ? Quelle démocratie ?
On oublie l’écologie et l’économie. On doit organiser la gestion de la page. On doit élire un modérateur. On discute, on vote, on conteste, on revote.


La discussion reprend. La page s’allonge comme un tapis sans fin. Des centaines d’opinions plutôt sincères et des commentaires de bonne qualité flottent dans le vide de Face book. Qui peut rédiger une conclusion ? Pour conclure, il faut hiérarchiser, il faut dire que ce qui est essentiel. Chaque intervenant insiste sur son point de vue. Le tapis horizontal s’étend, se prolonge.

Rien de vertical ne peut surgir. La conclusion s’éloigne.
Vous imaginez la suite. Progressivement, la page se vide, aucune manifestation n’a été organisée bien sûr.
J’ai pensé à cette expérience en écoutant certaines interventions de Nuit Debout.

Cette soif de discuter, de parler, de vouloir faire, de vouloir avancer la société dans un sens, et la difficulté d’une conclusion.

Ces discussions peuvent remplir une énorme page de Facebook, et risquent d’avoir les même problèmes que cette manif qui n’a pas eu lieu : la conclusion est un acte difficile, c’est une recherche des priorités.


Nuit Debout démontre avant toute conclusion combien les partis politiques sont impuissants et incapables de mener les débats vers une conclusion utile.

Je ne sais pas qui a dit que l’horizontal est beau, le vertical est utile.