Constable, cathédrale de Salisbury 1829, National Gallery, London
C’est en France que le réalisme, en tant que mouvement artistique, a atteint sa forme la plus cohérente et la plus élaborée avec des parallèles et des variantes sur le continent, en Angleterre et aux États-Unis.
Si le romantisme encourage le beau, les émotions, et les expressions de soi, le réalisme cherche à refléter le réel.
Le réalisme est une manifestation contemporaine d’une longue tradition philosophique faisant partie de la pensée occidentale depuis Platon, qui oppose la « vraie réalité » à la « simple apparence ».
Au 19e siècle ces concepts sont traités par les philosophes. Hegel écrit : « la réalité se situe au-delà de la sensation immédiate et les objets que nous voyons chaque jour ».
Précédé par le Romantisme, suivi par l’impressionnisme et par le symbolisme, le réalisme était un mouvement dominant sur la période entre 1740 et 1780. Cependant, dans chaque tableau, on voit la transition progressive et constante d’un mouvement artistique vers un autre.
John Constable est originaire du comté de Suffolk. Il a été plus célèbre de son vivant en France qu’en Angleterre, célébré comme un grand peintre paysagiste romantique.
Au début des années 1820, il se consacre à l’étude des nuages, des couleurs et des lumières qui se dessinent dans le ciel. Il considère le ciel comme primordial à la peinture de paysage.
Ces études de nuages ont laissé une superbe collection de tableaux à la fois romantiques et réalistes. Nous voyons fréquemment les nuages dans ses tableaux, comme élément important de n’importe quel paysage.
Constable John (1776 — 1837), contrairement à son grand contemporain Turner, a eu tardivement la reconnaissance de ces pairs, et ce n’est qu’en 1829 qu’il a été élu par une majorité d’une seule voix, comme membre de l’Académie royale.
Comme Cézanne, Constable s’est concentré sur un nombre limité de scènes de paysage. Au lieu de les abstraire ou de les idéaliser, comme les romantiques, il a choisi d’observer le même arbre, la même terre de Hampstead, la même cathédrale de Salisbury, la même rivière Stour, encore et encore, cherchant à pénétrer sous la peau de l’apparence jusqu’à un noyau intérieur de la réalité.
Fils d’un meunier aisé d’East Bergholt, dans le Suffolk, après des études secondaires, où il acquière une certaine connaissance en latin, en français, il devient un autodidacte en peinture.
Constable : Ferme de Glebe 1830
Le père de Constable, avec la prudence de la classe moyenne, tente de détourner son fils de la carrière d’artiste. Il lui propose de travailler avec lui. Le jeune Constable dut apprendre à observer le vent et les conditions météorologiques pour faire fonctionner le moulin de son père.
Tiraillé entre son amour de l’art et son respect pour les souhaits de son père, il commence progressivement la peinture, auprès d’un peintre local.
Dans ses premières années, il s’inspire de la peinture hollandaise du XVIIe siècle, mais il ne tarde pas à développer un style original basé sur l’étude directe de la nature, représentant en peinture les effets changeants de la lumière et l’atmosphère.
John Constable – Étude de nuages, matin à l’est de Hampstead – 1821
Pour capturer le scintillement changeant de la lumière, il abandonne la finition traditionnelle des peintres de paysage, pour capter la lumière du soleil dans des nuances de blancs ou jaunes et montrant les tempêtes par des vigoureux coups de pinceau. Il travaille en plein air, dessine dehors ou fait des croquis à l’huile, mais ses grands tableaux sont peints en atelier.
John Constable : Tempête sur la mer 1824-28
Il est encouragé par Sir George Beaumont, peintre amateur, connaisseur. Il copie des paysages de Poussin dans une forme d’autoapprentissage.
Alors que son premier amour était le paysage, afin d’acquérir une indépendance financière, il peint quelques portraits et réalise deux commandes pour des peintures d’autel d’église.
Ses plus belles œuvres sont des endroits qu’il connait le mieux : Suffolk et aussi Hampstead, où il a vécu à partir de 1821.
Constable : The Hay Wain, 1821, National Gallery, Londres
Le célèbre tableau, The Hay Wain (1821) est l’un des préférés de Constable. Cette esquisse a probablement été faite en 1820 au cours d’une visite qu’il a rendue à son ami proche Fisher. Ce tableau est exposé au Salon de Paris de 1824 ; il a eu une influence majeure sur les peintres romantiques comme Delacroix qui déclare qu’il est impressionné par ce travail, et aussi sur certains impressionnistes.
Constable John paysage avec nuages gris Yale Center for British Art
Malgré ses efforts pour satisfaire le goût officiel, Constable n’est nommé associé au Royal Academy qu’en 1829, huit ans avant sa mort. A titre de comparaison, Turner est devenu un membre de l’académie royale à 24 ans, quant aux efforts de Cézanne pour être admis au Salon, ils n’ont jamais abouti. Encore un point de ressemblance avec Cézanne.
À sa mort en 1837, Constable est connu pour ses images romantiques et luxuriantes des terres agricoles de son Sussex natal.
Plus tard, il devient célèbre pour sa collection de peintures de formations nuageuses, minutieusement annotées et observées, réalisées en extérieur. Leur caractère improvisé et leur concentration dans l’atmosphère, la couleur et la texture ont été considérés comme une sorte de réalisme, et de modernisme précoce. Il a dessiné cette collection comme un apprentissage au début de sa carrière.
Constable : étude de nuages, Yale Center for British Art, Paul Mellon Collection
Les études de nuages de John Constable fournissent un exemple intéressant sur plusieurs points.
Le sujet de la nature est un sujet partagé entre le romantisme et le réalisme. Si le romantisme encourage la découverte de la beauté dans le monde, le réalisme a joué un rôle important dans l’observation du monde. Les études de John Constable sur les nuages en sont un exemple. Constable fixe ces images dans ses tableaux profitant de ces propres observations et des études disponibles sur les nuages à son époque.
Étude des nuages, arbres à droite, Hampstead, 1821
Constable ne visait pas uniquement la beauté, mais il cherchait l’exactitude scientifique. En acceptant les phénomènes naturels comme objet artistique, sans interprétation ni expression d’état d’âme, il représente la peinture réaliste du XIXe siècle.
Les paysagistes français comme Corot et Huet tombèrent en admiration devant ce travail unique en son genre de Constable dans les années 30 — 40.
John Constable – Étude nuages
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