Expressionnisme-Oscar-kokoschka-Pieta-Affiche-1908-vienne

Expressionnisme Oscar kokoschka Pieta Affiche 1908 vienne

Oskar Kokoschka, Pietà (Affiche pour le Théâtre d'été) 1908, collection Léopold – Vienne

 

 

Le peintre Norvégien Edvard Munch reçut une lettre de l’importante exposition du Sonderbund à Cologne. Il fut choisi de son vivant, avec Van Gogh à titre posthume, comme invité d’honneur de l’exposition 1912 consacrée aux expressionnistes. Il y répondit positivement.

 

A son arrivée à Cologne, il nota que le terme expressionnisme est utilisé pour désigner les récentes productions de la peinture allemande. Les organisateurs comme les critiques soulignaient l'affinité de l’expressionnisme avec les peintures de Van Gogh.

Cette exposition célébra Edvard Munch avec respect comme un grand peintre expressionniste.
Après avoir fait le tour de l’exposition, il fut stupéfait et écrivit à un ami :
"Ici, c’est une collection de peintures les plus sauvages d'Europe, il me semble que les fondations de la cathédrale de Cologne tremblent.

 

Expressionnisme en quelques mots

Si l’impressionnisme admet qu’une œuvre ne copie pas la nature, mais reflète les impressions et les émotions, l’expressionnisme cherche un autre chemin, en suggérant qu’une œuvre d’art est un rejet de toutes les contraintes ; elle est irrationnelle et incarne un rapport libre aux couleurs et aux formes.
L’expressionnisme est un mouvement conscient de soi et des autres, un individualisme dans le collectif.

 

 

Expressionnisme : une réaction contre l’impressionnisme

L’expressionnisme est un art qui donne forme à l’expérience vécue qui se trouve au plus profond de soi. Les nuances de style n’ont pas d’importance, tant que toute imitation de la nature est rejetée.
L’œuvre ne prend plus en considération la réalité extérieure, mais préconise une autre réalité, à savoir, celle de l’artiste.
L’expressionnisme a donc pris de l’ampleur en tant que réaction anti naturaliste.
La violence d’Oskar Kokoschka ou d’Egon Schiele, est une subjectivité, une extériorisation expressive, ou une défense de soi.

 

Expressionnisme Egon Schiele la mere morte1910



Egon Schiele, la mère morte, 1910, crayon sur bois, Léopold Collection, Vienne.

Wassily Kandinsky peint des tableaux dont l’objet est de laisser libre cours à l’imagination à travers les couleurs et les formes, pour exprimer ses émotions comme un compositeur.

 

Expressionnisme Amazon 1918 Wassily Kandinsky

 


Wassily Kandinsky, Amazon, 1918. Peinture sur verre, musée de St Petersburg.

L’expressionnisme a signifié différentes choses à différents moments. Dans le sens où nous utilisons le terme aujourd’hui, on parle d’expressionnisme allemand, ce vaste mouvement culturel qui a vu le jour en Allemagne et en Autriche au début du vingtième siècle. C’est un courant culturel, qui englobe l’art, la littérature, et la musique. Les écrivains expressionnistes comme Riegl et Worringer, discutent comment associer le subjectif, le spirituel à l’empathie.

Expressionnisme Emil nolde le christ et les enfants 1910

 

Emil Nolde, le christ et les enfants, 1910, Museum of Modern Art, New York.

L’expressionnisme est complexe, englobe la libération du corps autant que l’exposition de la psyché. Dans ses rangs hétéroclites, on peut trouver de l’apathie politique, voire du chauvinisme, ainsi que de l’engagement révolutionnaire, des discours enthousiastes et des productions déprimées, des couleurs vives et des plages de noirceur.

 

Expressionnisme Edvard Munch, midi dans la rue Karl Johan 1892. musee Bergen


Edvard Munch, midi dans la rue Karl Johan, 1892. Bergen Art Museum. 

Sources culturelles de l’expressionnisme

L’essence de l’expressionnisme est de donner une forme visible au sentiment intérieur, il s’ensuit que styles et techniques individuels utilisés pour cette forme visible varient beaucoup.
Les racines de l’expressionnisme remontent loin dans l’histoire et s’étendent sur de vastes zones géographiques. Deux de ses sources les plus importantes ne sont ni modernes ni Européennes : l’art du Moyen Âge et l’art des peuples tribaux dits » primitifs ».
Une troisième source : la philosophie de Friedrich Nietzsche.


L’expressionnisme n’est pas un « style » artistique, mais un courant culturel qui a mis en évidence les qualités expressionnistes de l’homme, non pas dans des moyens novateurs de décrire le monde physique, mais dans la communication d’une perception sensible et parfois névrotique comme dans l’œuvre de Van Gogh et Munch.
Les expressionnistes sapent le lien conventionnel entre la couleur et la poly¬chromie naturelle de l’objet. Coupée de sa référence à la réalité, la couleur devient expressive, sans importance de lumière, ni de contrastes. Les tona¬lités sont criardes, dans des teintes lumineuses.

 

L’expressionnisme s’est largement répandu dans les arts en Allemagne et en Autriche ; peinture, sculpture, puis littérature, théâtre et danse. Si l’impact de l’expressionnisme sur les arts visuels a eu le plus de succès, son impact sur la musique fut radical, impliquant des éléments comme la dissonance et l’atonalité dans les œuvres de compositeurs (surtout à Vienne) comme Gustav Mahler et Arnold Schoenberg. L’expressionnisme s’est infiltré dans l’architecture, le cinéma.


De nombreux artistes classés aujourd’hui comme expressionnistes ont eux-mêmes rejeté cette étiquette. Étant donné l’esprit anti académique et individualiste féroce qui caractérisent l’expressionnisme, c’est n’est pas surprenant.
L’expressionnisme n’est pas une entité cohérente. Contrairement aux petits groupes de peintres « Fauves et cubistes » en France, les expressionnistes furent nombreux dans l’histoire culturelle allemande, faisant partie d’une « génération expressionniste ».

L’expressionnisme a été une période d’aventure intellectuelle, d’idéalisme passionné et de désirs profonds pour un renouveau spirituel. Certains artistes louaient l’engagement politique et la lutte pour des réformes sociales, d’autres exprimaient des aspirations utopiques, certains formulaient un immense désespoir, désillusion et névrose.
Dans ses œuvres les plus marquantes ; l’expressionnisme reflète le corps et la nature, les émotions et les états d’âme, la psychologie, l’être humain dans les métropoles, et la violence des guerres. On trouve dans certains tableaux une bonne dose de nombrilisme sentimental.


L’ère de l’expressionnisme allemand s’est éteinte avec la dictature nazie en 1933 qui lutta contre toute expression individuelle, par la guerre.
Les conflits et les traumatismes de cette période sont inséparables des formes qu’a prises l’expressionnisme et, finalement, de sa disparition.

Après la deuxième Guerre mondiale, l’expressionnisme abstrait apparait à New York (connue sous le nom de New York School) et a duré jusqu’à la fin des années 50. En s’éloignant de la représentation contemporaine du monde, l’expressionnisme abstrait a été une réaction aux horreurs de la guerre. Plusieurs de ses artistes (p. ex., Jackson Pollack), associaient la crainte d’un cataclysme nucléaire, à la peur de l’inconnu vécue par les peuples préhistoriques et amérindiens. Ce mouvement a engendré des catégories allant jusqu’au mouvement du pop art dans les années 60.

 

Expressionnisme Paul Klee Tale a la Hoffmann 1921 NY


Paul Klee, tale à la Hoffmann, 1921. peinture à l’eau sur papier, avec crayon, Metropolitan Museum of Art, NY

 

L’expressionnisme et la France

Loin des Anglo-Saxons, le mot « Expressionnisme » en France demeure peu utilisé. Selon certaines références françaises, ce terme n’existe pas.
En France, au début du 20e siècle, on parle d’anti-impressionniste comme pour Gauguin, Cézanne, Matisse et Van Gogh, on préfère parfois utiliser des termes comme post impressionnisme pour décrire l’art de la première moitié du 20e siècle, ou décrire séparément le fauvisme, ou le cubisme sans les intégrer dans d’autres courants. Pour d’autres, le terme Art Nouveau, un terme générique couvre l’ensemble de ces mouvements sans distinction.
Si cette approche permet d’éviter la confusion d’un terme imprécis, elle n’arrive pas à dissimuler un mouvement culturel européen important.


Les critiques allemandes à l’époque soulignent que les expressionnistes ont hérité leurs techniques de Cézanne, Van Gogh et Matisse, dans la peinture et dans la perception.


Cette distinction lie les peintres français de l’Art nouveau aux artistes expressionnistes. Tous ceux qui ont réagi contre l’impressionnisme ont été étiquetés comme expressionnistes. Dans un livre écrit en 1914, l’écrivain autrichien Hermann Bahr cite parmi les expressionnistes : Matisse, Braque, Picasso, les fauvistes, les membres des groupes allemands Die Brucke et le Viennois Oskar Kokoschka, et Egon Schiele.
À l’exception de quelques noms, cette image de l’expressionnisme reste valable et répandue en Allemagne et dans l’Europe du nord.

 

 

Références :
Ashley Bassie: Expressionism , Parkstone Press International, New York, 2006
Lionel Richard: The Concise Encyclopedia of expressionism, Chartwell books Inc, 1978