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Le libre choix en psychologie

libre choix

 

Le concept de "libre choix" est apprécié en philosophie, presque dans toutes les cultures. Ce concept est bien présent et bien étudié dans la philosophie occidentale

 

 

Liberté et libre choix : de la philo à la psy

 

La psychologie moderne évite ce concept, admettant que l'humain est gouverné par de nombreuses forces et doit toujours choisir entre ce qui est disponible et ce qui répond le plus à ses besoins et à ses attentes.
Il n'est pas rare de lire dans les livres de psychologie que le libre choix n'est qu'une illusion, une façon philosophique de voir les choses sans application pratiques ou réelles.

 


L'approche simpliste de ce concept de libre choix néglige les nombreuses et sérieuses dissertations philosophiques sur les limites et les contraintes qui entourent le libre choix.

 


De nombreuses écoles psychologiques rejoignent ces philosophies pour mettre en lumière les limites du libre choix dans le comportement humain en insistant sur l'influence de la famille, de l'éducation, de la société, des moyens économiques, et des traditions sur le choix de chacun. En d'autres termes, la liberté dans le sens philosophique n'existe pas en psychologie. Le déterminisme en psychologie préfère mentionner les règles qui influencent les choix humains : les besoins, le désir, les attentes, les peurs, les craintes, sans oublier des motivations plus complexes, parfois inconscientes.

L'approche psychologique ne prétend pas que les humains sont sans libre choix, sans liberté ou sans volonté, l'approche psychologique surtout le déterminisme, souligne la complexité des choix, la multiplication des facteurs influençant la délibération du choix et de nos décisions.


En face de ce concept de libre choix, la psychologie pose la question : vous avez combien de choix valables, combien de choix considérez-vous comme acceptables, quelles sont les facteurs qui influencent votre choix. En d'autres termes, le libre choix devient un choix partiel, complexe, parfois pénible. Mais le choix existe bel et bien.

Nous sommes libres dans le sens où nous pouvons modifier les règles et les lois qui gouvernent nos comportements. Sur ce point, de nombreuses études psychologiques valident les approches philosophiques sur la liberté, et le libre choix.

 
Nous pouvons devenir plus libres en modifiant les facteurs qui influencent non choix. En se débarrassant de nos peurs, en donnant moins de priorité à nos désirs, nous avons des choix plus libres. Cela rejoint l'approche culturelle de certaines écoles religieuses : moins de désirs, plus de liberté, ou certaines écoles de psychologie : moins de peur, plus de liberté, ou certaine école de psychanalyse : moins de conflit avec soi-même, plus de liberté.

 

 

 homme volonte

 

Volonté : psychologie et philosophie de vie

 

La notion de volonté désigne un phénomène psychologique difficile à distinguer des autres phénomènes comme le désir, la décision, et la motivation. Notre héritage philosophique nous invite à cultiver la volonté, sans expliquer comment, sans nous donner la recette.


Ainsi, après son accident de moto, Enzo s'est retrouvé à l'hôpital. Sa jambe gauche avait souffert pendant l'accident : plusieurs fractures complexes. Après deux interventions, Enzo commence sa rééducation avec le kinésithérapeute de l'hôpital. Voilà sa quatrième semaine d'hospitalisation mais il n'arrive toujours pas à marcher. Malgré la force de ses 16 ans, en dépit de plusieurs tentatives, il lui suffit de toucher le sol avec son pied pour hurler de douleur, et pour demander l'arrêt de la séance de kinésithérapie.  Le médecin orthopédiste conseille aux parents de ne pas être pressés, de donner à Enzo le temps nécessaire pour retrouver sa capacité à résister aux douleurs, en affirmant que ces douleurs sont d'origine musculaire, conséquence prévisible de l'accident.

 


Les parents d'Enzo découvrent pour la première fois les limites de leur fils comme ils disent. Le père se montre étonné du caractère " mou " de son fils, de son incapacité à être volontaire et courageux. Les parents ont demandé de consulter le psychologue de l'hôpital afin d'élaborer la meilleure stratégie pour ne pas prolonger l'hospitalisation d'Enzo, et pour sauver son année scolaire. Le conseil du psychologue est simple : contacter le lycée, assurer la scolarité d'Enzo à l'hôpital pendant les semaines de rééducation. Mais les parents restent étonnés. Ils ont parlé de volonté, "celui qui veut peut, on doit être courageux en face de difficultés", car Enzo devrait se montrer plus déterminé.


Ils ont répété ce discours à leur fils. Il a essayé de marcher, la douleur était toujours là, la volonté ne suffit pas. Ce terme volonté n'est pas facilement utilisable en médecine et en psychologie, c'est un terme philosophique. Une grande partie des philosophes en Occident ont insisté sur ce terme. Cependant, la volonté en philosophie occidentale n'a pas oublié de théoriser les limites de la volonté. Nous trouvons dans les discussions importantes sur les limites de la volonté dans les traités philosophiques : les limites du corps, les limites du temps, les limites de l'environnement. En philosophie occidentale, on tente de sortir l'humain de sa condition, de l'encourager à dépasser ses limites, pour devenir meilleur, plus performant, et plus conscient.


Dans le cas d'Enzo, le discours philosophique sur la volonté trouve ses limites, il s'agit des limites du corps humain, de ses capacités physiologiques. Nietzsche, était-il capable en dépit de ses discours sur l'humain, et sur le surhomme, de marcher facilement malgré la douleur après quatre semaines d'un effroyable accident de moto ?

 

 

Faut-il laisser Nietzsche se promener dans les hôpitaux?

 

C'est une question complexe. Le discours philosophique sur la volonté est utile pour motiver les personnes malades à suivre le traitement, patiemment dans l'espoir de guérir. Le discours philosophique sur la volonté peut être un moyen de motiver un lycéen. Dans ce cas, ce discours devient une motivation, un conseil de bon sens, un outil supplémentaire.


En parlant de la volonté en philosophie, n'oublions pas la complexité du sujet, ni les limites de la volonté discutées par les mêmes philosophes.

 

Notre utilisation de cet héritage philosophique est parfois troublante : demander à une personne souffrant d'une dépression d'être volontaire, c'est oublier les limites de ce concept, c'est demander aux patients des efforts surhumains, généralement inutiles en cas de dépression, et de retarder l'intervention thérapeutique en insistant sur la volonté et la capacité de l'humain à se dépasser.


Probablement, la philosophie sur la volonté, le dépassement, la détermination peut être un élément positif dans le développement personnel, pour obtenir une sérénité, et un courage nécessaire dans la vie, mais l'utilisation de ce concept en médecine et en psychologie semble délicate, en raison de sa complexité et des nuances et limites de ce concept.

 

 

La volonté dans la psychologie moderne



Carl a décidé de consulter un psychologue pour discuter avec lui sa faiblesse de volonté. Il définit cette faiblesse de volonté par son incapacité à prendre une décision ou à terminer un projet. Carl raconte comment il abandonne ses projets car il s'ennuie, il perd l'enthousiasme, pour passer à autre projet qu'il abandonne à nouveau. Il a changé plusieurs fois de parcours universitaire, il a fini par faire des études courtes, et quand il a investi dans une petite entreprise, il commence à s'ennuyer, à penser de tout laisser tomber pour faire autre chose.

 

Cette fois, Carl avoue qu'il a un problème de volonté, il craint de ruiner son projet. D'abord, en psychologie moderne, le concept de la volonté est pragmatique. Certains psychologues utilisent ce concept quand ils ont besoin, avec prudence et parcimonie, d'autres psychologues préfèrent utiliser d'autres concepts pour aider leurs patients. Ce concept de volonté est bien présent dans les parcours professionnels, et dans les parcours scolaires. Le corps enseignant parle parfois le manque de volonté chez certains élèves, dans le milieu professionnel, on dit que l'apprentissage exige de la volonté.
Dans le cas de Carl le diagnostic n'est pas exactement une faible volonté, car il a consulté pour demander l'aide. Il s'agit plutôt de manque de motivation, et de consistance.

 


Le psychologue ne peut faire des miracles. Il peut partager avec son patient certaines discussions :
* - pour réussir un projet difficile, il est préférable de fixer des buts éloignés, d'une exigence élevée, et des principes relativement imprécis. Autrement dit, il est préférable pour garder la motivation et la concentration de viser globalement, d'aller dans le sens du projet, sans se perdre dans les détails, surtout au début d'un projet important.
* -les décisions devraient être prises après réflexion et délibération, pour servir ce but à atteindre, ces décisions devraient être progressives, fixant limite après limite, objectif après objectif. Les décisions importantes sont en réalité des petites décisions allant dans le même sens.
* -lutter contre les habitudes qui altèrent la concentration. Seulement les personnes qui maîtrisent leur sujet peuvent faire plusieurs choses à la fois. Un conducteur expérimenté peut écouter la radio sans être troublé sur une autoroute, un jeune conducteur aura plus de difficultés à bien conduire en conversant ou en écoutant la radio. Pour garder la concentration, il est important de s'offrir des moments de repos et de distractions.
* -apprendre à garder son optimisme est la clé de toute persévérance. Avoir une idée vague sur un projet, une idée précise sur le but, et un optimisme inébranlable ; voilà les fondements de la persévérance.
* - en cas d'incapacité de choisir, ou de prendre des décisions en raison d'une délibération compliquée, choisir de minimiser le risque, il est préférable de faire des petites décisions ne pas faire de décision.
* -chercher le risque à éviter, identifier ce risque, bâtir sa délibération et ses décisions en fonction de ce risque. Autrement dit, éviter le risque en gagnant moins permis de continuer le projet.
* -savoir résister à ses impulsions et à ses désirs est un apprentissage ; réussir exige une concentration, qui ne doit pas être troublée ; chaque chose en son temps peut être la règle d'or : se concentrer pendant le travail, se reposer hors du travail.

 

En réalité, le psychologue n'a pas utilisé le concept de volonté en travaillant avec Carl, il a préféré un concept plus familier en psychologie, la motivation, un concept apparenté à la volonté en philosophie.

 

 

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Simenon et Maigret
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dimanche 4 juin 2023
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