Il existe de nombreuses définitions. Nous allons choisir deux définitions.
Définition d'Ajuriaguerra: "Enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d'aller à l'école et résistent avec des réactions très vives de panique, quand on essaye de les y forcer".
Définition de Berg (1969) : « très grande difficulté à être assidu à l'école, sévère bouleversement affectif, absence de troubles antisociaux, parents au courant »
Qui parmi nous n'a pas tremblé avant un examen, qui n'a pas eu peur avant une interrogation écrite ? Combien de nuits blanches avons nous passé avant de le bac ? Cette peur normale est un moteur dans le succès scolaire des enfants et des adolescents, un facteur de motivation et de succès.
Cette peur varie selon les personnes d'une simple sensation de malaise indéfinissable à une véritable peur panique, comme pour chez les adultes qui redoutent un entretien avec un supérieur hiérarchique par exemple, dans le milieu scolaire, dans un lieu d'apprentissage intellectuel et social. Cette peur peut engendrer une anxiété chez les enfants et chez les adolescents.
L'exemple le plus frappant de la phobie scolaire est visible le matin de la rentrée scolaire, les portes des écoles maternelles ne sont-elles pas les témoins de ces visages enfantins couverts de larmes ? Des enfants qui refusent de se séparer de leur mère. Qui d'entre nous n'a pas versé des larmes de séparation ?? Ces difficultés passagères ne sont pas exceptionnelles, et l'enfant s'habitue vite à son école, mais lorsque ces crises de pleurs et de refus perdurent, les médecins parlent d'anxiété de séparation.
Léa raconte le moment où elle a découvert l'anxiété de séparation de sa fille Heïdi :
« je sors de la voiture, Heidi est toujours amusée à l'idée de passer la matinée avec des camarades où elle peut jouer et connaître d'autres copains. Nous en avons parlé pratiquement tous les jours. Nous avons fait le tour de l'école, puis devant la porte je l'embrasse et je lui dis : je passe à midi pour te récupérer.
Mon Dieu !!! Elle avait une telle terreur dans les yeux, elle pleurait, tremblait, et transpirait comme si elle avait la fièvre. Je lui répète qu'elle a cinq ans, et que les grandes filles n'ont pas peur, mais cela ne sert à rien. Après une heure de pleurs à l'école, l'institutrice a prononcé le terme anxiété de séparation. J'entends parler de cette maladie pour la première fois.»
Chez les adolescents, l'école peut créer une phobie scolaire.
Tout enseignant reconnaît que l'annonce d'un contrôle des connaissances, contrôle écrit ou oral peut mobiliser certains élèves, l'enseignant connaît le pouvoir déstabilisateur, anxiogène (capable de produire de l'anxiété ) d'une telle annonce.
La "peur" de l'examen est généralement plus grande chez les élèves studieux, les élèves anxieux sont souvent de bons élèves. Passer la nuit à réviser avant un examen, mais s'absenter le jour de l'examen de peur d'échouer devient alors un véritable handicap.
C'est la cas de Sophie, une fille de 14 ans qui exprime cette peur de l'école à sa façon :
« Phobie scolaire !!! étrange et ridicule à la fois. Tous les jours, le lundi surtout, je simule une maladie pour ne pas aller à l'école, par peur. Si je reste une heure en classe, j'ai une sorte d'angoisse bizarre et difficile à décrire.
Alors pour y échapper, je vais donc toutes les heures aux toilettes. Je reste devant les WC en attendant que ça passe.
Je fréquente l'infirmerie une fois par semaine aussi. Le collège me rend malade, m'étouffe. j'ai doublé ma 4eme, et j'essaye de me faire virer de l'école mais le proviseur ne veut pas me lâcher. La dernière fois, j'ai laissé mes feuilles volontairement blanches aux examens, car le stress était indescriptible.
Ca va recommencer l'année prochaine, je le sais .»
Il s'agit sans doute d'une sorte de phobie scolaire qu'on rencontre durant l'enfance tardive (entre 10-12 ans ) ou chez les adolescents .
La question est de savoir ce qui se cache derrière, le pourquoi ?
La phobie scolaire (avec ou sans anxiété de séparation) reste un facteur prédominant pour expliquer l'absentéisme scolaire excessif.
Le refus d'aller à l'école affecte la population d'âge scolaire et, sans traitement, peut contribuer à des problèmes psychologiques de longue durée (difficultés maritales, anxiété, dépression, alcoolisme et comportements anti-sociaux).
Jeune adolescent(e), qui a des difficultés à se séparer de ses parents ou des personnes qu'il (elle) connaît, ce qui entraîne une anxiété importante. Lors de l'arrivée en première année du secondaire, il peut y avoir une grande réticence, ou un refus total de se rendre à l'école; parfois cette peur de quitter la maison et ses parents, est masquée par de nombreuses plaintes somatiques.
À l'école, l'élève est souvent envahissant et "colle" à l'enseignant qui est surinvesti.
Les plaintes somatiques peuvent l'amener à passer beaucoup de temps au service de santé (infirmerie). Les parents acceptent souvent trop facilement les absences répétées, et/ou sont inquiets face à un adolescent qu'ils considèrent comme physiquement fragile.
On distingue différents types de phobies scolaires : précoces entre 5 et 7 ans essentiellement corrélées à l'angoisse de séparation, et plus tardives, après 10 ans, avec des mécanismes psychopathologiques plus complexes.
Selon certains auteurs on peut distinguer ces types de phobie scolaire selon l'âge :
Début aigu, épisode unique ou peut fréquent mais généralement le lundi, début de la semaine après une légère fatigue exprimée durant la semaine
Peur de la mort exprimée par l'enfant qui pense que sa mère peut être malade et que sa vie est menacée.
Bonne communication entre les parents, le père est présent et actif dans le foyer.
Bonne entente entre les parents et l'équipe scolaire
B- Phobie chez les enfants plus âgés ou adolescents :
Enfant âgé ou pré-adolescent
Plusieurs épisodes
Absence de refus du lundi (refus sans modèle)
Début insidieux
Absence de peur de la mort
Santé maternelle non en question
Mauvaise communication entre les parents
Problème de santé mentale chez les parents (dépression, anxiété)
Père absent ou peu intéressé par la famille ou par le foyer
Difficultés entre les parents et l'équipe scolaire
Faire l'école buissonnière est différente de la phobie scolaire. L'enfant quitte son domicile et ses parents sans difficulté pour occuper son temps scolaire de façon variable le plus souvent agréablement et revenir ensuite en toute impunité.
L'enfant n'aime pas l'école, ou n'aime pas son école mais aucune anxiété n'est présente.
La fugue quelque soit son contexte, l'enfant part plus ou moins à l'aventure pour un temps qu'il n'a pas déterminé et qu'il souhaite parfois indéfini. L'école dans ce cas n'est qu'un élément dans un ensemble.
La rupture scolaire c'est le cas où l'enfant ne porte aucun intérêt aux acquisitions scolaires. Il n'y a pas d'anxiété, et l'enfant n'a pas peur de quitter sa famille.
Entre l'enfance et l'âge adulte, l'adolescence est un passage. Ce double mouvement, reniement de son enfance d'une part, recherche d'un statut stable adulte de l'autre, constitue l'essence de la « crise », du processus psychique que tout adolescent traverse. Ce passage, bien négocié par la majorité d'entre eux, peut parfois présenter des impasses, des comportements pathologiques.
La présentation du trouble anxieux de séparation varie selon l'âge, les symptômes varient selon les enfants aussi, leur caractère, ou leur personnalité.
a- Enfants moins de 8 ans : tendance à avoir des soucis irréalistes au sujet de leur parents, des problèmes relationnels et refus scolaire.
b- Enfants entre 9-12 ans : Détresse excessive face à la séparation comme dans le cas de voyage scolaire et refus scolaire.
c- Adolescents entre 12-16 ans : refus scolaire et plaintes somatiques qui impliquent des symptômes sympathiques : maux de tête, vertige, transpiration, symptômes digestifs comme mal de ventre, nausée, crampes, vomissement, et des manifestations musculaires.
L'anxiété peut être sévère perturbant les activités normales de l'enfant.
Le diagnostic n'est pas acceptable si ces symptômes accompagnent un autre trouble (par ex une psychose).
Divers scénarios expliquent la phobie scolaire en termes d'anxiété infantile aiguë, d'anxiété maternelle et de relation mère-enfant envahissante. C'est la cas de la mère insatisfaite dans sa propre vie et qui profiterait de l'anxiété de l'enfant envers l'école pour le décourager d'y aller et le maintenir dans une relation de dépendance avec elle. C'est aussi une hostilité de la mère envers l'école.
D'autre part, un enfant qui se surestime mais qui est menacé par la réalité de l'école, pourrait bien éviter l'école et en être protégé par sa mère.
Les études ont montré le rôle des relations familiales sur-protectrices et le poids de l'anxiété de séparation dans la phobie scolaire.
Si l'anxiété de séparation paraît pertinente pour expliquer la phobie scolaire chez l'enfant jeune, Cette explication ne permet pas d'expliquer la phobie scolaire des adolescents.
De nombreux adolescents phobiques scolaires présentent des antécédents infantiles d'anxiété de séparation pathologique, mais il existe des cas de refus scolaire où l'adolescent accepte facilement toute séparation (sport, loisirs…) sauf celles relatives à l'école. Dans ce cas, l'anxiété de séparation ne joue pas un grand rôle.
Jean-Jacques Rousseau évoquait dans Emile « cette orageuse révolution s'annonce par le murmure des passions naissantes, l'enfant devient sourd à la voix qui le rendait docile, c'est un lion dans sa fièvre, il méconnaît son guide, il ne veut être gouverné… il n'est ni enfant, ni homme et ne peut prendre le ton d'aucun des deux». L'adolescence est la problématique de la dépendance et de l'identité. L'adolescent est brusquement confronté à une contradiction qui lui semble insoluble : pour être soi il faut se nourrir des autres, les imiter, les comprendre, être avec, faire comme eux mais il faut aussi se distinguer d'eux pour exister.
Avec la puberté le corps change, les caractères sexuels secondaires apparaissent, la perte momentanée des repères entraîne une inquiétude. la pensée se sexualise, les conflits psychiques sont réactivés et le monde interne est bouleversé.
Les relations familiales sont importantes dans l'apparition de la phobie scolaire. De nombreuses enquêtes ont mis en évidence une augmentation des troubles anxieux chez les adolescents présentant des phobies scolaires.
Les mères :
Anxieuses et sur-protectrices, entretenant une relation de dépendance avec l'adolescent.
Mère animée par un doute sur ses propres qualités de mère.
Mère en apparence indulgente et permissive mais inconsciemment rigide.
Mère incitant l'adolescent à s'éloigner d'elle, « va à l'école » mais distillant à l'adolescent des messages de genre « je ne supporterais pas que tu m'abandonnes »
Mères anxieuses
Dépendance mère-enfant.
Lien mère phobique et fille phobique
Etat dépressif chronique chez les mères d'adolescents phobiques scolaires
Dépression maternelle accompagnée d'une culpabilité (l'enfant intériorise une image maternelle fragile, incapable de lui assurer son autonomie psychique.)
Dépression maternelle activant chez l'adolescent des craintes de la mort de la mère
Les pères :
Le père dans la majorité des cas semble peu capable de tenir son rôle viril et paternel.
Père absent, divorcé, décédé, éloigné ou inaccessible
Père déchu de son rôle par la volonté maternelle.
Présent et dévalorisé par la mère,
Malade chronique ou invalide.
Père anxieux
Père dépressif
Démission du père
Père entrant en compétition avec la mère
Les adolescents :
Les adolescents phobiques scolaires évitent toute confrontation avec leurs pairs.
Ils entretiennent une relation amicale exclusive avec une personne du même sexe.
Lien de dépendance avec une mère dépressive et anxieuse.
Identification au parent du même sexe défaillante.
Sentir l'école comme un milieu persécuteur.
Pour le parent qui doit intervenir avec un enfant qui refuse d'aller à l'école, la situation est délicate. La raison invoquée peut sembler banale mais pour l'enfant il s'agit d'un stress majeur.
Les symptômes
Le trouble anxieux de séparation se manifeste par des symptômes variés allant d'une détresse irréaliste et périodique relative au danger qui entoure les membres aimés de la famille jusqu'à la dépression sévère.
D'autres signes peuvent aider au diagnostic :
Refus de s'endormir sans être près du parent (dormir dans le lit parental)
Détresse excessive et crises de colère quand la séparation est imminente
Cauchemars au sujet de la séparation
Nostalgie excessive et désir de retourner à la maison
Les Directives diagnostiques européennes (F93.0)
Selon ICD-10 Classification des troubles Mentaux et comportementaux, OMS, Genève, 1992
Les médecins appliquent des critères établis selon les résultas des recherches pour faire le diagnostic.
Pour diagnostiquer la phobie scolaire, l'organisation mondiale de la santé a établi les critères suivants :
Préoccupation irréaliste au sujet d'un "possible" malheur survenant au parent ou de leur disparition définitive sans retour
Préoccupation irréaliste que l'enfant se perde, enlevé, soit admis à l'hôpital, ou tué.
Refus persistant d'aller à l'école motivé par la peur de la séparation
Refus persistant de dormir sans être proche ou à côté d'un parent.
Peur persistante d'être seul à la maison pendant le jour
Cauchemars répétés au sujet de la séparation
Apparitions répétées de symptômes physiques (nausée, mal au ventre, mal de tête, vomissement, etc.) en relation avec la séparation d'un parent.
Détresse excessive et périodique (pleur, crises de colère, indifférence, retrait social) dans l'anticipation de l'absence du parent ou pendant son absence.
Le diagnostic repose sur la démonstration que l'élément commun de ces symptômes est l'anxiété de séparation.
Le refus scolaire qui survient pour la première fois, ne devrait pas être étiqueté phobie scolaire sans éliminer les autres causes.
Trouble du stress post-traumatique.
Phobie Sociale (peur persistante d'être en public, des examens, avec action d'évitement).
Abus de substance (drogues, alcool).
Dépression (les enfants déprimés sont généralement mal traités et harcelés par les autres enfants).
Trouble du déficit d'attention
Réaction de deuil.
Attention : La peur de "l'ambiance scolaire" est un problème à prendre en considération avant de faire le diagnostic
La peur de l'ambiance scolaire suite à des violence, menaces ou chantage peut justifier que l'enfant refuse d'aller à l'école ou qu'il redoute sa scolarité.
Les symptômes suivants orientent vers le refus scolaire par peur de violence, et permettent de le distinguer de la phobie scolaire (anxiété de séparation) :
1- Retard et envie de rester à la maison
2- Résultats scolaires moyens
3- Enfant aimant l'école
4- Refus soudain d'aller à l'école
5- Plus de Signes somatiques que d'inquiétude
6- Enfant stable à la maison, sans histoire d'absence parentale.
Celui-ci se retire progressivement des activités de groupe, il sort de moins en moins et sa dépendance envers ses parents augmente, parallèlement à un autoritarisme parfois une tyrannie, voire une violence grave.
Un événement d'apparence insignifiante ou sans aucune mesure avec les conséquences entraînées (déménagement, décès d'une personne à laquelle l'enfant ne semblait pas particulièrement attaché,...), peut être retrouvé dans les jours ou les semaines précédentes. Cet événement n'est en fait qu'un facteur déclenchant précipitant les troubles et non la cause des troubles.
L'expression aiguë est liée à l'école : lors du départ au collège, au lycée, l'adolescent s'agite, manifeste une angoisse importante et démesurée. Cette angoisse apparaît parfois seulement dans la salle de classe. Si l'adolescent est forcé, des manifestations comportementales « bruyantes » apparaissent : cris, agitation, violence, fuite.
Des symptômes peuvent surgir ; L'adolescent peut se plaindre de nausée, vomissement, perte d'appétit, syncope, maux de tête, malaise, douleur abdominale, diarrhée, douleur des membres. Ces plaintes surviennent en général le matin, plutôt le lundi avant ou pendant l'école.
La phobie scolaire est rationalisée (justifiée par l'adolescent), le plus souvent sur l'incompétence des enseignants, la crainte des examens, un désintérêt à l'égard des connaissances, crainte des autres adolescents (sentiment d'être le bouc émissaire, de ne pas être compris), et la fameuse inutilité des programmes.
On observe ensuite le retrait progressif des activités de groupe, l'isolement vis-à-vis des pairs. Il devient exigent, susceptible, agressif avec sa mère qui devient l'objet de ses colères, rage et parfois de violence.
Comportements dépressifs,
Crises de larmes, idées tristes,
Baisse de l'estime de soi,
Pensées suicidaires,
Repli sur soi,
Troubles du sommeil,
Modification de l'appétit,
Anorexie ou boulimie,
Opposition au milieu familial.
Identifier une phobie scolaire chez un élève est facile. Mais identifier les causes ou les troubles qui se manifestent par la phobie scolaire n'est pas aisé.
La phobie scolaire est un des symptômes d'un malaise, d'un mal-être. L'anxiété de séparation correspond cliniquement à la description de la phobie scolaire chez le jeune enfant, alors que pour les plus âgés, il s'agit souvent d'agoraphobie (peur des endroits ouverts), ou d'un problème psychologique.
Dans de très rares cas, la phobie scolaire peut révéler une maladie psychiatrique telle une schizophrénie.
- L'évaluation médicale est essentielle pour dépister des problèmes organiques réels : épilepsie ou diabète.
- Une attitude ferme d'assurance des parents, du médecin et du milieu scolaire suffit bien souvent à rétablir la situation.
- si les difficultés persistent, avec une fréquentation de l'infirmerie, et absences régulières, une évaluation psychiatrique de l'élève et du milieu familial est nécessaire.
- Il est primordial pour le milieu scolaire, de comprendre que les difficultés psychologiques de l'élève ne pourront pas être traitées, bien au contraire, par des cours par correspondance. Ces cours renforcent les difficultés et permettent aux symptômes de devenir chroniques.
- Les changements répétés d'école ne font que déplacer sur une autre école les problèmes après une amélioration passagère.
- Après un bilan médical, le but à atteindre est non seulement le retour à l'école mais aussi la reprise d'une bonne insertion sociale.
- Le traitement associera une psychothérapie individuelle pour l'enfant, une psychothérapie familiale, une hospitalisation dans les cas extrêmes.
- La place des médicaments est limitée dans la phobie scolaire.
- les études montrent que 33 % des élèves traités retrouvent une scolarité satisfaisante, 33 % parviennent à reprendre la scolarité mais avec difficultés psychologiques persistantes. Dans 33 % des cas, le retour vers une scolarité normale devient difficile et accompagné de troubles psychiatriques.
Une attitude ferme et de réassurance des parents, du médecin et du milieu scolaire suffit bien souvent à rétablir la situation. Si la situation s'empire, le traitement sera indispensable.
Le but des soins chez le petit enfant est de faciliter le développement normal de l'enfant et de le soulager de son anxiété de séparation. Les quatre points suivants sont à traiter:
comportement de fuite excessive et d'évitement
réactions physiologiques somatiques
manque de contrôle
régulation à travers un discours explicatif rationnel et ferme.
ce traitement se base sur la théorie psychologique que l'enfant réagit à un conflit entre le conscient et l'inconscient en lui. La thérapie psycho dynamique individuelle utilise par exemple une pièce de théâtre pour les jeunes enfants avant l'âge de la parole deux fois par semaine. Les études montrent 70 % d'amélioration). Des séances plus fréquentes ( 3-4 fois par semaine durant 6 mois ) peuvent aider l'enfant ou l'adolescent à travers les sensations et les réactions aux situations à se comporter d'une manière différente.
Insiste sur le traitement des troubles anxieux dans la famille (agoraphobie), dépression, et alcoolisme pour faciliter la communication et changer le modèle dysfonctionnel de la famille.
Devrait déterminer si l'enfant refuse l'école en raison de trouble de séparation, ou pour d'autres raisons : tyrannie scolaire, violence, problèmes académiques, refus scolaire dû à une anticipation d'échec. Le rôle de l'assistante sociale est de trouver pour l'enfant le placement scolaire approprié.
Les médicaments ne devraient pas être utilisés en première ligne comme traitement pour le trouble anxieux de séparation.
La psychothérapie individuelle basée sur la parole et la réflexion est insuffisante car l'adolescent ne coopère pas.
La nécessité de prise en charge « adaptée » est justifiée, car la phobie scolaire s'accompagne de nombreux troubles comme : sociabilité difficile, dépendance familiale importante, relations émotionnelles et sexuelles perturbées.
Chez les adolescents, le traitement de la phobie scolaire nécessite une prise en charge semblable à celle des enfants souffrants de phobies.
L'approche thérapeutique devrait être adaptée à chaque situation et à chaque adolescent, en prenant en compte la structure familiale.
On peut imaginer par exemple, le retour progressif de l'adolescent sur les lieux où sa phobie se déclenche pour le désensibiliser avec une psychothérapie de l'adolescent et prise en charge parallèle des parents par un autre psychothérapeute.
Si la phobie est bien installée, le recours à l'hospitalisation est parfois nécessaire.
La prescription d'anti-dépresseur est possible chez les adolescents mais leur intérêt varie selon chaque cas.
Le retour progressif à l'école doit être le but du traitement. Le traitement basé sur la relaxation, la réflexion, et l‘affirmation de soi peut faciliter la réinsertion en milieu scolaire.
L'essentiel au début de la prise en charge, est de reconnaître la souffrance des adolescents. Durant les séances de travail, le psychothérapeute ou le médecin va tenter de rassurer l'adolescent sur son identité, et revaloriser son estime de soi. Les activités riches en « plaisirs partagés » comme danse, théâtre permettent aux adolescents de retrouver leur équilibre, leur place dans un groupe.
Le traitement va tenter de convaincre l'adolescent de tolérer la contradiction, pour l'accompagner ensuite vers l'étape suivante : accepter ses pensées, se réconcilier avec sa pensée.
Il est inutile de demander à l'adolescent phobique de citer le contenu de sa pensée, il est dans l'incapacité d'exercer une activité de ce genre, et dans ce cas, ses réponses seront du genre : parce que, je ne sais pas, j'en ai marre, etc. En face de cette paralysie de penser, le traitement sera basé sur l'expression des sentiments ressentis. La perte, la peur, la haine, la colère, la mort, la séparation. Ces émotions sont la traduction d'une pensée que l'adolescent ne peut pas exprimer. La participation à des ateliers de groupe est précieuse. On y apprend à repenser, à se consoler.
Le traitement permet aussi de redéfinir des liens avec les parents, de répondre à des questions inquiétantes :
Que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme ?
Comment je peux protéger ma mère alors qu'elle est fragile et dépressive ?
Mon père ne m'a jamais aimée, je ne suis pas comme les autres, comment faire ?
Dans ce cadre le travail thérapeutique devrait partager la pensée de l'adolescent, proposer une autre pensée et élaborer avec l'adolescent une troisième pensée.
A la question, par exemple, que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme, l'adolescent exprime une anxiété liant la peur de la mort à la séparation. Le thérapeute peut répondre que maman est jeune, et ne risque pas de mourir demain. Le schéma suivant tente d'expliquer un exemple
Adolescente dit |
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Thérapeute répond |
Conclusion |
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que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme |
Ta maman est jeune, elle ne va pas mourir demain |
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Maman peut mourir mais plus tard |
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Mais elle va mourir un jour |
Ca sera triste, mais tu seras grande |
La mort n'est pas pour demain |
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Mon père ne me prendra pas dans sa famille |
Possible, mais tu auras déjà une maison et une famille |
La séparation avec la mère ne menace pas la survie de l'adolescent |
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Mon père est un salaud, il a fait pleurer ma mère milles fois |
Oui, les adultes sont compliqués |
Le problème des parents ne doit pas être le problème d'enfants |
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Tu crois que je dois le revoir |
Peut être un jour |
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Mais je n'aime pas l'école |
On n'aime pas toujours son école |
Normaliser les émotions de l'adolescent |
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Alors je suis comme les autres |
Oui, mais aussi tu es toi même |
Renforcer l'identité de l'adolescent |
Cette thérapie donne des résultats positifs chez 83 % des enfants. Cette thérapie dite cognitive ( faisant appel aux émotions et à l'intelligence) essaie de restructurer les pensées de l'enfant et ses actions dans une structure plus adaptée. On inclut aussi la désensibilisation systématique et une réponse comportementale adéquate pour faciliter la séparation, et pour lutter contre les symptômes somatiques à travers des jeux de rôles, techniques de la relaxation, systèmes de récompense.
La méthode comportementale inclut
- Relaxation
- désensibilisation à travers une exposition au risque ( que fera-t-on si maman est morte ?)
- Elaboration des réponses préventives ou le “Flooding”
- Acquisition d'un nouveau comportement ou le « Modeling »
La méthode Cognitive-comportementale ; exemple le plan « FEAR » de (Kendall & Treadwell)
F=Feeling afraid : avoir le sentiment de peur
E=Expecting bad things: avoir des idées redoutant l'arrivée de mauvaises choses
A=Actions & attitudes that can help : connaître les actions et les comportements qui peuvent aider R=Results & rewards: Résultats et récompenses.
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Adolescente dit |
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Thérapeute répond |
Que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme |
Tu partiras chez ton père ou chez ta grande mère |
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Mais elle va mourir un jour |
Oui, mais tu ne seras pas seul |
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Mon père ne me prendra pas dans sa famille |
Possible, tu sers alors chez une tante, ou chez ta grande-mère. |
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Mon père est un salaud, il a fait pleurer ma mère milles fois |
Oui, les adultes sont compliqués |
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Tu crois que je dois le revoir |
Si tu as envie |
- Lutter contre les facteurs qui contribuent à l'apparition de trouble anxieux de séparation comme la fatigue, maladie mineure ou majeure, changements dans la routine de la maison, naissance, divorce, ou décès.
- Prévenir cette anxiété de séparation avant toute hospitalisation de l'enfant et adopter des stratégies pour l'alléger.
- La présence d'une baby-sitter à l'âge de six mois aide l'enfant à tolérer de courtes périodes de séparation et à faire confiance aux autres.
- Commencer l'école maternelle à âge de 3 - 4 ans. C'est particulièrement conseillé pour les enfants trop dépendants de leurs parents.
- Supporter l'enfant durant ces périodes d'anxiété.
- Aider l'enfant à se familiariser avec les nouveautés de son environnement avant de le laisser seul.
- respecter les rituels qui rassurent les enfants (l'heure du coucher, heure de réveil, rituel matinal)
- Rappeler à l'enfant les moments où il a montré du courage, et évoquer les pensées positives.
- Parler de l'acceptation de la séparation.
- Réduire la peur de l'enfant en luttant contre l'origine de cette peur
- Préparer l'enfant à travers les livres et les histoires aux périodes de séparation (école maternelle, voyages, éloignement d'un parent).
- Raccourcir les adieux avec l'enfant et ne pas montrer sa propre anxiété.
- Ne pas partir furtivement.
Si le professeur se présente lui -même, à enfant et invite l'enfant à jouer, l'anxiété de l'enfant sera réduite.
Suggérer au parent de jouer avec l'enfant un jeu permettant d'améliorer l'acceptation de la séparation.
Permettre au parent de rester pour calmer l'enfant en cas de trouble panique.
Ne jamais critiquer un enfant triste ou inquiet.
Si l'enfant est inconsolable plus de 2 semaines, ou si plaintes physiques répétées le matin avant d'aller à l'école maternelle, une consultation médicale serait utile.
Prévention contre la phobie scolaire des adolescents
- Comprendre la souffrance des adolescents phobiques
- Soutenir l'autonomie de l'adolescent
- Renforcer son estime de soi en évitant les critiques et les humiliations
- Eviter de se plaindre devant les enfants et de se présenter comme victime
- Garder l'image paternelle ou maternelle intacte en cas de divorce
- Eviter de transmettre les phobies maternelles aux enfants
- Encourager les résultats scolaires des adolescents
- Ne pas accepter une rationalisation du genre : je n'aime pas le collège ou le professeur est incompétent.
- Dans la phobie scolaire, dans la plupart des cas, l'école n'est pas coupable, le corps enseignant non plus.
- En cas de phobie scolaire chez un adolescent, évitez les cours par correspondance et l'école à la maison, c'est un facteur important pour rendre cette anxiété chronique.
Au Japon, la pression sociale et un système scolaire particulièrement compétitif génèrent un tel stress que les refus scolaires peuvent être d'une violence majeure avec auto et hétéroagressions.
Le suicide des écoliers japonais est assez répandu.
La personnalité de l'enfant, de l'adolescent, les réactions de sa famille et de ses camarades jouent un rôle important dans la phobie scolaire.
Le système éducatif n'est pas isolé de la société.
A nous tous de réfléchir ensemble sur une question toujours essentielle : Dans quelle société voulons - nous vivre ?
La phobie scolaire ou refus scolaire anxieux, bien que peu fréquente, est une manifestation d'anxiété, mais si l'école est impliquée dans cette anxiété, l'école n'est pas toujours responsable.
En 1913, Jung évoque pour la première fois une forme de "refus névrotique" d'aller à l'école. Broadwin en 1932 isole une variante de l'école buissonnière où l'enfant, par crainte de ce qui pourrait arriver à sa mère, se précipite chez lui pour soulager son angoisse. La peur de l'école représente donc la peur de quitter la maison.
En 1941, Johnson complète la première description de Broadwim et propose le terme de phobie scolaire qui différencie ces enfants, des "écoliers des buissons". Dès cette époque, la phobie scolaire se définit comme un symptôme ou un ensemble de symptômes.
L'école obligatoire
Les troubles psychologiques sont des troubles d'adaptation : sans école obligatoire, il n'existe pas de phobie scolaire.
L'obligation de la scolarité est un concept, qui depuis sa description, continue à soulever bien des questions. Dans la plupart des pays occidentaux, cette obligation remonte à la fin du XIXe siècle. L'école devient obligatoire par la loi et les parents se trouvent obligés d'envoyer leurs enfants à l'école. Cette obligation n'a pas été accompagnée par un règlement interne clair permettant par exemple de protéger l'enfant contre certains comportements autoritaires du corps enseignant. L'époque était pour l'école publique obligatoire.
Depuis cette obligation, l'école est devenue un lieu privilégié d'expression et d'observation de troubles psychopathologiques de l'enfant et de l'adolescent.
L'école obligatoire n'était pas le fardeau des gens pauvres, mais un privilège. Les classes aisées avaient leurs écoles privées à la maison, qui étaient aussi obligatoires. Ces écoles ont été à travers l'histoire le témoin de l'évolution de la société. Les punitions physiques étaient la règle au début de 20ème siècle, sans oublier moquerie, humiliation, et frustration.
Ces pratiques ont accompagné l'école obligatoire. On pensait qu'il fallait éduquer les enfants scolarisés, alors on punissait, on faisait peur, on menaçait, on giflait, on frappait et on corrigeait les mauvais élèves en publique.
La société dans sa complexité est bien présente à l'école. Les classes sociales, la pauvreté ou la richesse, la violence et les habitudes. L'enfant affronte dans l'école une société d'enfants dont chacun porte en lui son éducation et son héritage culturel. La violence scolaire n'est pas marginale, et ne fait que refléter la violence de la société. Si la scolarité est un lieu d'apprentissage de la vie en société, c'est aussi pour l'enfant l'angoisse, la peur des autres, la force physique chez les garçons, l'aspect corporel chez les filles.
Dans une société industrialisée où la réussite scolaire est de plus en plus valorisée, la phobie scolaire est plus fréquente. Il existe un parallélisme entre la valorisation des études sur plan individuel, familial, social, et la fréquence des phobies scolaires. Au Japon où la compétition scolaire est maximale, les « refus scolaires anxieux » représentent 60 à 70 % des cas dans certains centres de consultation.
Un système scolaire exigeant dans une société de performance participe sans doute à déstabiliser les adolescents. L'entrée au collège en France est symbolique ; autonomie plus importante, nouvelles matières, pluralité des maîtres, et orientations différentes en fonction des résultats scolaires, et en arrière plan les ambitions familiales. Comment un enfant peut-il ignorer cette compétition scolaire ?
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