Nu et nudité, jeu avec l’interdit, enjeu de limites

Cabanel

Cabanel, naissance de vénus 1863, Musée Orsay

 

Le nu et l’art, association déjà ancienne

Les traditions du nu varient selon les cultures et les époques.
Les nus à la Renaissance entre 1490 et 1520 marquent un tournant dans l’histoire du nu. Selon Bernstein (1992), Giorgione et Raphaël, principaux représentants de cette nouvelle pratique, ont élargi leurs méthodes de travail pour intégrer l’étude du modèle féminin nu. À partir de 1490, les artistes ont commencé à produire de nouvelles images représentant des femmes entièrement nues, partiellement nues ou aux seins nus. Progressivement, on distingue la nudité (être sans vêtements) du nu artistique ou académique, considéré comme une forme d’art.
La Grèce antique nous a laissé en héritage la mythologie d’un âge d’or où l’humanité était en harmonie avec la nature et où les vêtements n’étaient pas nécessaires. Adam et Ève erraient dans le jardin d’Eden et « ils étaient tous deux nus, l’homme et la femme, et n’avaient pas honte » (Genèse).

Le nu féminin peut exprimer l’abondance de la nature, la fécondité, la source de la vie, le nu masculin exprime la santé, la force et la beauté.

L’artiste a perfectionné la forme. Inspiré par les prototypes classiques, le mâle idéalisé peut se voir donner force et grâce, et la femme idéalisée des charmes qui s’accordent avec le goût et la mode de l’époque. De la Renaissance jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle, le nu féminin a été peint d’innombrables façons pour susciter le rêve, et pour cultiver la beauté (Clark 1970).

Être sans vêtements, c’est aussi être vulnérable. La nudité ou la quasi-nudité du Christ à la Flagellation et à la Crucifixion le présente sans défense et accentue ainsi le sentiment de tristesse.
Ce thème est européen, il n’est pas partagé par les peintres et critiques américains ni dans d’autres cultures. Le nu dans la peinture européenne est une curiosité, ou une idée inacceptable d’autres.

Même au sein du continent européen, le nu artistique a fait et fait toujours l’objet de discussions et de polémiques. Il témoigne profondément son époque, la culture dominante, les interdits, les liens entre les hommes et les femmes, l’érotisme, et les liens avec le corps. Le nu semble toujours un jeu avec l’interdit, une recherche des limites.


Le nu dans la peinture : un message

Nous pouvons constater ces multiples approches à propos de deux tableaux célèbres, de même époque, de mêmes expositions de 1863, Vénus de Cabanel et Olympia de Manet, en résumant certains commentaires de ces deux tableaux. La première conclusion des commentaires affirme déjà que le contexte est crucial quand il s’agit de la nudité.

olympia

Olympia, Édouard Manet 1863

 

Bien qu’il ait été salué comme le premier peintre moderne, Manet s’est inspiré de la grande tradition d’artistes comme Giorgione, Titien, Velázquez et Raphaël, que les préraphaélites avaient rejetés. Olympia (1863) s’inspire sans aucun doute des œuvres de la Renaissance, et réalise un ré-examen des anciens maîtres où, comme le veut la tradition, les figures nues étaient toujours représentées dans des décors classiques et le plus souvent en tant que déesses. Manet dessine une courtisane contemporaine, sans l’expression typiquement sobre et timide habituelle des tableaux académiques.

Cette courtisane est considérée provocante, choquante.
Dans le Salon de 1863, Olympia de Manet a été critiquée pour sa composition inacceptable et son regard direct, tandis que la Vénus de Cabanel, achetée plus tard par Napoléon III, a été louée pour son érotisme raffiné.


Jules Antoine Castagnary incarne cette vision idéalisée du nu. Dans son récit de 1863, il utilise les mots « beauté éblouissante, immaculée et nue » pour décrire la forme nue de la déesse Vénus. Il commente la « pose harmonieuse » et les « contours purs et bien agencés » de Vénus. La Vénus de Cabanel est bien dessinée, idéalisée, dépourvue de défaut et de poils sur le corps, sexuellement passive, sans caractère, trop parfaite pour être humaine.

Cabanel adhère parfaitement aux conventions acceptées en réalisant sa peinture. Le nu allongé est peint sous l’apparence d’une déesse classique, allongée avec les yeux tournés vers le spectateur, à moitié fermés, le corps offert aux regards des spectateurs, dans des paysages métaphoriques faisant écho à ses courbes.


Les visiteurs du Salon étaient habitués à voir des peintures aux nuances élaborées entre le clair et le foncé. Manet a utilisé des couleurs simples, des coups de pinceau audacieux, des formes implicites, fortes et simplifiées. Il a permis au spectateur de voir la peinture, la texture et les éléments de couleur. Son travail semblait naturel, délimité par un contour épais et noirâtre. Ces techniques obligent le spectateur à voir Olympia comme une femme nue, et aussi comme une peinture.

La poitrine d’Olympia est très éclairée, ce qui fait d’elle le point central du tableau. Cela a pour effet d’aplatir l’image d’Olympia. Tout dans cette peinture est soit clair, soit sombre. Les draps blancs, les oreillers, le bouquet de fleurs et la robe de la servante constituent l’ensemble de la couche de premier plan. Les rideaux vert foncé et le papier peint rouillé constituent l’arrière-plan. Le visage sombre de la servante, le chat noir et les bijoux noirs d’Olympia. Le contraste des couleurs dans la peinture de Manet fait appel au sens du spectateur.

Les réactions émotionnelles face à la peinture, comme la pureté, sont causées par les couleurs blanches du lit et de la femme sur les draps. Son teint blanc et pur est lié à l’association naturelle avec la pureté. L’obscurité qui entoure les femmes sur le lit est alors liée à des sentiments sombres et nuisibles qui sont pour la plupart liés au mal. La femme sur le lit inhibe l’innocence naturelle de la peinture.

La fleur qui est placée dans ses cheveux contient des couleurs de teintes roses et rouges, couleurs vifs qui apportent un intérêt à la tête et aux traits du visage de la femme. Les différentes fleurs que l’on voit dans le bouquet sont visibles dans la couverture sur laquelle Olympia est couchée.

La robe de la servante est assortie à cette couverture. Le mur du fond coïncide avec le canapé ou le lit. L’utilisation de la couleur dans le tableau permet différentes perspectives basées sur les sentiments et les émotions.

Le sujet de cette peinture est à la fois intrigant et artistique. Olympia est représentée d’une manière différente de la plupart des peintures de cette période. Son corps nu montre sa beauté physique, la façon dont elle est appuyée sur le lit donne l’idée qu’elle ne respecte pas son corps. D’autres peintures de cette époque montrent des femmes se présentant d’une façon plus gracieuse, stéréotypée. Sa nudité est complète, à l’exception de son bracelet, de son collier et de ses chaussures, montre qu’elle estime que des objets sont nécessaires pour la rendre belle, comme si elle ne voyait pas son corps, comme une œuvre d’art en soi. Ses bijoux, sa fleur et ses chaussures nous montrent qu’elle a besoin de certains accessoires pour ressentir la beauté extérieurement. Le lit en dessous d’elle est défait. Pourtant, les lignes des draps accentuent les courbes de son corps pour donner une idée uniforme de la forme. Certains pourraient la considérer comme une partenaire sexuelle pour de nombreux hommes en raison de sa volonté d’être nue et des fleurs (cadeau de clients ? Hommage d’un amant ?)

 

Le nu doit être réel ou impersonnel ?

Camille Lemonnier affirme que « pour qu’un nu reste pur dans l’art, il doit être impersonnel » et c’est ce que fait Cabanel en recouvrant du bras le visage de Vénus, en l’obscurcissant et en lui permettant de « regarder » à travers des paupières à mi closes et en débarrassant son corps des « imperfections », y compris de poils pubiens. Le point de vue qui ressort du commentaire de Castagnary est que les artistes qui peignent des nus, devraient s’efforcer de créer la perfection.
Ce point de vue est différent de celui de Zola.

Cabanel inclut dans son tableau des cupidons volants qui accompagnent Vénus dans son voyage, jouant un rôle allégorique nécessaire au nu « traditionnel » académique, car le but du peintre est d’élever son modèle au statut de « déesse » et de présenter sa forme idéalisée et modeste au spectateur pour qu’il l’apprécie et l’admire dans sa beauté « immaculée ». En plaçant des cupidons, le spectateur pense à Vénus, et non pas à la voisine nue, Cabanel dans Vénus fait le contraire de Manet avec son Olympia.


Manet a perturbé la convention selon laquelle le nu couché ne devait en aucun cas causer de gêne au spectateur. Il fit scandale en présentant son modèle comme une femme de son temps, sans liens avec une déesse qui regarde audacieusement le spectateur, le défiant et l’embarrassant.

Dans son récit sur Olympia de Manet, Zola se concentre sur les mérites techniques du tableau et souligne le « nouveau style » dans lequel Manet peignait, en disant :
« Tout est simplifié, si vous voulez construire la réalité, vous devez prendre un peu de recul. Manet a accompli un miracle ».

Ce point de vue différent de Castagnary, car dans son récit de la Vénus de Cabanel, Zola souligne :
« Cabanel est un habile dessinateur techniquement correct. Je pense que la Vénus de Cabanel n’est pas aussi confortable dans son cadre que l’Olympia de Manet dans le sien. Vénus me semble collée à la crête de la vague, comme si Cabanel avait d’abord esquissé son modèle et ajouté le fond plus tard, en le travaillant autour de son modèle et en ne l’incorporant pas vraiment dans la scène. »

Malgré le « miracle » de Manet et son « clin d’œil courtois » à la Vénus d’Urbino du Titien, les gens ont trouvé le tableau offensant. Nous pouvons penser qu’Olympia était une courtisane, ce qui a provoqué une réaction hostile du public à son égard, en devinant qu’elle était prostituée, fleur rose placée sur le côté de sa tête, ruban noir autour du cou, pantoufle suspendue à son pied.

Une servante noire lui offre des fleurs envoyées par un de ses clients. Alors que la Vénus du Titien couvre délicatement son sexe. La main fléchie d’Olympia protège fermement le sien, comme pour refuser de laisser le regard des spectateurs vagabonder librement sur elle. Cette attitude, accompagnée de son regard calme et insolent de femme sans pudeur ajoute encore au sentiment de malaise que les visiteurs du salon ont dû ressentir.

Le fait qu’elle soit prostituée élevée au rang de « déesse » était inacceptable pour beaucoup de gens. D’innombrables personnes ont estimé que ce genre d’image ne convenait pas au cadre d’un salon respectable.


Pour cette raison, Zola affirme que l’œuvre de Manet est plus réelle que toutes les autres :
« quand les autres peintres corrigent la nature, comme Cabanel le fait dans son œuvre, ils mentent... pourquoi ne pas dire la vérité qu’Olympia est une fille de notre époque que nous avons rencontrée dans la rue. Titien a transformé son modèle en déesse, tandis que Manet a transformé la déesse du Titien en une simple femme ».

En d’autres termes, Zola appelle au réalisme, et semble indifférent au néoclassicisme et au style académique de Cabanel.
Castagnary préconisait que les nus soient des objets de perfection, un moyen d’approfondir notre appréciation de la beauté, alors que Zola souligne l’importance de « dire la vérité », et de peindre la vie. Cette tendance finira par convaincre Courbet de peindre l’origine du monde.

 

Le nu doit-il être érotique ?

Clark en 1956 défendait un autre point de vue.
« Il est évident que le nu, aussi abstrait soit-il, il ne devrait pas manquer de susciter en nous des vestiges de sentiments érotiques ».
Olympia de Manet fait cela, tout comme d’innombrables autres versions du nu.
Giorgione et Ingres montrent un érotisme au sens « traditionnel » du terme, Henry Moore, Modigliani, Picasso et Egon Schiele ont exploré de nouvelles façons de représenter le nu, libéré par la rébellion de Manet en 1863 puis par Courbet.


Ce point de vue imprécis et ambigu ne répond à aucune question, et ajoute d’autres interrogations, car il est difficile de définir l’érotisme en général et l’érotisme dans la peinture.

 

Le nu, quand l’expressionnisme va plus loin

Le nu chez Egon Schiele peut émettre un sentiment de vulnérabilité qui dépasse l’érotisme. Être nu, être dépouillé de ses vêtements, mis à nu, sans rien pour nous cacher, voilà une autre exploration de la nudité.

Egon

Egon Schiele : Nu féminin allongé, 1917

 

 

Lucien

Lucien Freud, nue couchée 1, 1967

Les tableaux de Lucien Freud, nue couchée ( 1 et 2)  peuvent choquer, même un spectateur désensibilisé comme nous le sommes à notre époque. Devant ce tableau de Freud, nous pouvons réagir comme les spectateurs du 19e siècle devant Manet et son Olympia.


Freud place le sujet au centre de la toile, obligeant le spectateur à regarder (comme Manet).
L’œuvre de Freud comme celle d’Egon Schiele est brutale et amplifiée. Cage thoracique visible, couleur de la peau est cadavérique, creux exagérés. Les spectateurs du 19e siècle ont dit la même chose sur Olympia.


Après 1900, le nu pouvait être fracturé par le cubisme, dissous par l’abstraction, les nus ne sont plus passifs comme la Vénus de Cabanel, mais nous obligent toujours à interagir avec eux, comme l’Olympia de Manet.


Conclusion

Une peinture fait ressentir quelque chose, un mauvais sentiment ou un bon, elle exige une réponse. Certains spectateurs diront que la peinture de Cabanel ne leur parle pas, ne leur pose pas de question, d’autres semblent plonger avec Vénus dans les vagues.

Nous pouvons préférer le nu de Manet, car Olympia est plus vivante et consciente que la passive Vénus.


Nous pouvons soutenir les idées féministes et trouver dans Manet une femme plus moderne, ou être amateur de notre héritage classique et préférer Vénus.


Nous pouvons nous interroger sur le nu tourmenté d’Egon Schiele où le spectateur ne voit qu’un corps plié, sans message érotique, un mouvement qui pose question, ou les corps de Freud, présentés sans artifice, presque inanimés.


Le nu est ambivalent, un sujet sans fin, peut évoquer toutes sortes de sentiments chez le spectateur, érotisme, pitié, empathie, étonnement, appréciation, ou révolte. Être nu, c’est l’humain au point de départ, c’est l’humain sans masque.

 

Le nu est un sujet polémique, d’importance variable au cours de l’histoire de la peinture.
Le traitement du nu détermine l’approche du peintre, une approche timide, allusion ou une approche franche. Le spectateur joue son rôle, il condamne ou il admire, et parfois il condamne en admirant. Le nu dans la peinture peut solliciter une réponse immédiate, en raison de l’ambiguïté de la nudité, de sa vulnérabilité, sa beauté, et de son contexte. La nudité peut être observée avec grâce et beauté dans un contexte de plaisir, ou comme une exposition blessante.

 

Références

Bernstein, G. J. (1992). The female model and the renaissance nude: Durer, Giorgione, and Raphael. 16(13), 49-63. IRSA.
Clark, K. (1970). The nude: A study in the ideal art. Great Britain: Fletcher and Son Ltd,Norwich.
CLARK, T.J.(1984) : Olympia’s Choice, The Painting Of Modern Life- Princeton, p. 212, p.214
BORZELLO, Frances (2009) : Nude Awakening- The Guardian Online
CLARK, Kenneth (1956) : The Nude, A Study Of Ideal Art, John Murray- London, p. 6

 


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Manet : analyse du tableau : bar des folies-Bergère

 

manet

Bar des folies-Bergère, Manet, Huile sur toile 96 cm × 130 cm, 1882 Courtauld Gallery, Londres.

 

 

Édouard Manet est né le 23 janvier 1832 à Paris et y décède le 30 avril 1883. Sa vie et son œuvre coïncident avec la transformation de Paris et sa modernisation rapide, qui se reflète dans certaines de ses œuvres, il capture la vie urbaine éphémère et les lieux modernes comme les cafés-concert, les balcons et les aires de pique-nique.

En 1882, il peint la célèbre toile "Le Bar des Folies- Bergère", dernière œuvre qu'il présente au Salon. Cette composition exceptionnelle, dans laquelle se résume toute son œuvre, constitue l'une des plus achevées de l'artiste.
Suzon, une serveuse des Folies-Bergère,

plantée entourée de bouteilles, de verres et d’un panier de mandarines, son corps dressé par une ligne verticale, courant du triangle gris du bas de sa jaquette, jusqu’au bouquet de fleurs fixé au creux de son décolleté.

Les principaux discours sur l'art au cours du XIXe siècle ont invité l'artiste à exprimer sa créativité débridée, et son autonomie personnelle par rapport aux institutions et à la culture dominante.


Manet a eu une relation durable avec les impressionnistes, se traduisant par l'authenticité du sujet et la pureté de la sensation visuelle.


L'œuvre de Manet est partiellement influencée par le réalisme de Courbet, sans allégorie, ni idéalisation, ni tromperie.
Ce tableau, le bar des folies-Bergère, peut être considéré comme une production esthétique brillante.

 

Le bar des folies-Bergère : analyses et contextes

Dans la pièce, on peut voir face à nous, une jeune serveuse qui vient de servir un client. Son regard perdu dans un visage arrondi et au teint rosé de jeunesse. Derrière elle, un large miroir qui reflète un homme le monsieur qui lui parle, et la large salle pleine de monde. Le client que nous voyons reflété dans le miroir serait le peintre Gaston Latouche.


Dans la partie supérieure gauche du tableau apparaissent les chaussures vertes d’un artiste monté sur un trapèze. La modernité est représentée dans les sphères d'éclairage électrique claires. Le reflet du miroir vous permet de voir l’actrice Mery Laurent en costume blanc, et derrière elle l\'actrice Jeanne de Marsy.

La serveuse, avec ses cheveux blonds et ses mains sur le comptoir, est une des attractions de la salle, malgré son air fatigué et indifférent. Elle n’est pas idéalisée.
Le reflet dans le miroir permet une vue étrange du dos de la jeune femme, vue en décalage avec la vue de face.


Des globes de verre, reflétés par les miroirs diffusent une lumière blanche. Manet se saisit de la nouveauté : l’ampoule électrique, pour réaliser une peinture d’une clarté froide et artificielle, qui augmente l’étrangeté du tableau.

L’image reflétée de Suzon, sa silhouette paraît plus petite, plus trapue et penchée. Puis un homme dans le coin supérieur droit du miroir !! Il n’apparaît nulle part dans le réel, il devrait être au premier plan ! L’image ne coïncide pas avec le reflet.


Dans la recherche de temps perdu, Proust fait dire à Odette de Crecy : « les bals qu'on donne à Paris, les bals chics, je veux dire. .. Au fond j'aime autant ne pas y être allée, c'était une tuerie, je n'aurais rien vu ».


Le public des Folies-Bergère se reflète derrière la serveuse. Manet veut rendre en peinture le bouillonnement et le bruit de la vie parisienne. Corps et visages à peine esquissés, presque en abstraction, sauf certains en opposition à la précision de la nature morte au premier plan.

Manet maîtrise la simplification des formes. L'ovale simplifié du visage de la femme, symétrique et régulier, avec un pincement de beauté abstraite comme les visages féminins d'Ingres.

Ce tableau « Un bar à la Folies-Bergère » explore le problème d'un art moderne qui se veut plus qu’une simple copie du réel. La peinture de Manet nous présente dans un contexte moderne, un lieu urbain de divertissement avec la foule, le spectacle et le bruit.


Pour Manet comme pour les peintres de son époque, Rossetti et Whistler, le miroir est devenu un moyen de refléter une autre réalité.

Baudelaire a fait de la beauté la clé pour définir la peinture. Le tableau de Manet nous montre à quoi la beauté moderne peut ressembler ; Manet nous montre le côté "éternel" de la beauté de la serveuse, comme faisaient les peintres de l’antiquité en utilisant la mythologie.

 

Conclusion

Manet présente dans un contexte moderne, un lieu urbain de divertissement

Manet est vu comme l'initiateur d'un "modernisme" dans lequel la beauté ne sera plus la première préoccupation.

A l'exposition londonienne de Roger Fry de 1910, Manet est présent, symbole d’un art français récent, moderne, et plus contemplatif. Cet art est si nouveau qu'il n'avait même pas de nom. Selon McCarthy (1877-1952), le co organisateur de l'exposition, de nombreux titres furent proposés et rejetés jusqu'à ce que Fry, exaspéré, s'exclame : " Oh, appelons-les simplement post-impressionnistes.»
Ce terme allait rester. Après quelques chefs d’œuvres, ces post-impressionnistes passeraient le flambeau à l’expressionisme au début du 20ème siècle.

 

Réfrénces

Bourriaud, N. (2006) Estéti ca relacional. Buenos Aires, Argenti na: Adriana Hidalgo Editora.
Bozal, V. (2003) Estéti ca y modernidad. En: Xirau, Ramón y Sobrevilla, David (editores), Estéti ca (427-445). Madrid, España: Trott a.
Courthion Pierre (1961): Edouard Manet , Harry Aberasm publishers, NY

 

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Guest — Thierry Aptel

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lundi 11 octobre 2021 12:25
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Bonjour Tristesse, Françoise Sagan, analyse

sagan--francoise-bonjour-tristesse

 

sagan  francoise bonjour tristesse

 

Françoise Sagan (1935-2004) née Quoirez, commence sa carrière d’auteure après la Seconde Guerre mondiale, pendant les années 50 d’où émerge l’émancipation des femmes comme une question sérieuse dans la société occidentale.

 

Selon Ann Jefferson :
« Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que l’adolescente fait son entrée dans la littérature française, désinvolte, provocatrice, sexuée. »

Ann Jefferson, « À l’heure des jeunes filles en fleurs, » Le Magazine littéraire N° 547 (septembre 2014), 74.

 

La jeune Sagan invente des figures de jeunes filles s’émancipant des stéréotypes sociaux.
L’un des principaux thèmes des romans est l’amour. Dans l’univers fictif de Sagan, l’amour représente la tristesse, la douleur et la déception. Le deuxième thème est le bonheur.
La quête de celui-ci devient le but premier des héroïnes. C’est ce qu’elles s’efforcent de trouver, et la principale raison de leur existence.

 

 

Bonjour Tristesse

Bonjour tristesse est un roman court de Françoise Sagan écrit en 1954, sans prétention littéraire. Un roman qui a eu son moment de gloire. Auteure à dix-neuf, le succès la rend riche et célèbre. Le roman bénéficie du contexte de l’émancipation féminine qui régnait alors en France. Ce premier roman fait scandale. Ce phénomène est raconté par le fils de l’auteur, Denis Westhoff, dans son livre de mémoire, Sagan et fils :


« Avec le succès, vint le scandale, je devrais dire le double scandale, celui qui était lié au livre et à l’époque, et celui qui la confondit avec Cécile, sa jeune héroïne, assimilant son propre mode de vie à celui, dissolu, fitzgéraldien, de ses personnages. Le roman provoqua un tel tumulte que certains libraires refusèrent de le mettre dans leur vitrine ; d’autres dissuadaient les jeunes filles de l’acheter. Bonjour Tristesse était un livre brûlant, un livre défendu. »
Denis Westhoff, Sagan et fils (Paris : Stock, 2012), 32

 

Le roman est écrit à la première personne du singulier par une jeune fille pressée de devenir une femme adulte. Le ton est désabusé, direct quand il s’agit du désir sexuel, reflétant la tendance de la société française quelques années avant 1968.


Cette histoire s’ouvre alors que l’héroïne examine un sentiment nouveau qui l’envahit.
Dans un premier paragraphe dont le lyrisme est presque poétique, Françoise Sagan donne le ton de son récit. Elle décrit les sentiments de crainte et de peur d’une jeune fille qui éprouve, pour la première fois, une sensation si personnelle, résultat de ses propres actions et impossible à communiquer. Ces sentiments forment une barrière entre elle et les autres, ce qui l’effraie et la fascine à la fois.

« Sur ce sentiment inconnu, dont l’ennui, la douceur m’obsèdent. J’hésite à apposer le nom... nom
grave de tristesse. C’est un sentiment si complet, si égoïste que j’en ai presque honte alors que la tristesse m’a toujours paru honorable. Je ne la connaissais pas, elle, mais 1'ennui, le regret, plus rarement le remords. Aujourd’hui, quelque chose se replie sur moi comme une soie, énervante et douce, et me sépare des autres. » (page -13)

 

Cécile, la narratrice, raconte son passé récent, son dernier été. Dès le début de l’action, le lecteur est transporté à l’été précédent, lorsque l’héroïne avait 17 ans et était heureuse, avant l’intervention de cette étrange « tristesse ».

Cécile, tout juste sortie de l’école, est partie vivre avec son père Raymond, un beau veuf de 40 ans, et sa maîtresse, Elsa, une belle rousse charmante qui manque cruellement d’intelligence.

Elle n’avait connu jusque-là que la liberté, le plaisir et l’insouciance, quand survient Anne Larsen, jeune femme mûre et grave, dont Raymond, son père, s’éprend aussitôt. La jeune fille se sent menacée. Mue par une jalousie féroce ainsi par la crainte de perdre sa liberté, elle fait tout pour séparer Anne de son père et compromettre leur mariage.

Cécile est choquée d’apprendre que son père change de maîtresse tous les six mois ! Elle l’accepte bientôt, en raison du charme et de l’affection sincère de son père pour elle, mais aussi en raison de son manque d’initiative et de son désir d’une vie facile, et d’éviter les problèmes.
Peu après avoir pris conscience de la situation, elle dit :
« mais bientôt sa séduction, cette vie nouvelle et facile, mes dispositions m’y amenèrent. » (page 14}

Raymond a loué une villa au bord de la Méditerranée et propose qu’ils y passent l’été tous les trois, sous réserve que Cécile accepte la présence d’Elsa, ce qu’elle fait volontiers. La villa, blanche et belle, donne sur la mer où ils passent tous les jours. Cécile se trouve presque droguée par la combinaison de l’eau, du soleil brûlant et de la chaleur intense, une combinaison qui tend à émousser ses sens et à l’entraîner dans une oisiveté indifférente dont elle aura de plus en plus de mal à sortir.
Regarder le sable s’écouler lentement entre ses doigts, elle dit :

« Je me disais qu’il s’enfuyait comme le temps ; que c’était une idée facile et qu’il était agréable d’avoir des idées faciles. C’était l’été. » (pages 15 — 16)

 

C’est à ce moment-là que Cécile rencontre Cyril, un jeune étudiant.
Elle est immédiatement attirée par lui, non seulement par ses attributs physiques, mais aussi par quelque chose de très responsable et protecteur qu’elle voit sur son visage, une force de caractère dont elle est totalement dépourvue. La perspective de naviguer avec lui et de passer de longues heures en la compagnie amusante de son père et d’Elsa lui fait plaisir. Contente, et absorbée par son propre bonheur, Cécile est surprise par l’annonce soudaine de son père de l’arrivée d’un visiteur. Son inquiétude, cependant, se transforme en stupéfaction lorsqu’elle apprend que le visiteur est Anne Larsen, une belle divorcée de 42 ans, intelligente, distante et indifférente. Elle était une amie de la mère de Cécile.

Anne est l’antithèse des vacances, elle stimule les autres à la réflexion et à l’action, elle donne un sens aux choses ; sa seule présence est une force perturbatrice qui exclut l’ennui et la paresse.
Pour Cécile, qui avait souhaité que l’été se passe dans une explosion de soleil, d’eau salée et de nuits fraîches, l’arrivée d’Anne ne peut que signifier la fin de ses plaisirs oisifs.
Elle parle des jours qui restent avant l’arrivée d’Anne comme étant les derniers vrais jours de vacances.
Cécile n’hésite pas à faire remarquer à son père la situation embarrassante qui résultera probablement d’une rencontre entre Anne et Elsa.
Mais, comme c’est inévitable, ils finissent par rire des démêlés amoureux de Raymond.

Le jour de l’arrivée d’Anne, Cécile refuse d’accompagner son père et Elsa à la gare pour l’accueillir ; elle préfère rester seule sur la plage. Elle est bientôt rejointe par Cyril qui, bien que choqué par sa famille à trois, s’est pris d’affection pour Cécile. Là, au soleil, ils échangent leurs premiers baisers doux et passionnés. Ils sont soudain interrompus par un coup de klaxon : c’est Anne.


Sans s’en rendre compte et sans en avoir l’intention, Anne assume un rôle qui lui sera imposé tout au long de l’histoire : celui de l’intruse.
Elle n’est plus seulement une invitée dérangeante, elle est une envahisseuse de la vie privée, une intruse qui oblige les gens à s’approcher d’elle, qui les invite à l’introspection et au sentiment de culpabilité à l’égard de leurs habitudes de vie.
Ses premières paroles, qui ont dû provoquer une vague d’inquiétude chez Cécile, montrent sa perception immédiate de leur vie oisive en vacances et semblent indiquer qu’elle trouvera sûrement un remède, un moyen de revigorer ces gens endormis :
« C’est la maison de la Belle-au-Bois — dormant » page 26

Sagan laisse tomber le fil de son histoire, pour un moment, pour se livrer à l’évocation d’expériences passées et souligner l’importance de la mer et de son rythme dans son présent. L’importance de la mer et de son rythme dans sa vie actuelle. Elle admet son grand amour du plaisir, seul élément cohérent de sa personnalité, attitude généralement cynique à l’égard de l’amour, un cynisme inspiré par la franchise totale de son père à propos de l’amour, de ses aventures amoureuses et de leur brève durée.
En conséquence, son idéal est plutôt déformé :
« Je me répétais volontiers des formules lapidaires, celle d’Oscar Wilde, entre autres : “Le péché est la seule note de couleur vive qui subsiste dans le monde moderne. Je croyais que ma vie pourrait se calquer sur cette phrase, s’en inspirer. Idéalement, j’envisageais une vie de bassesses et de turpitudes.” (page, 34)

 

Un jour, Anne surprend Cécile et son amoureux dans les bois, en train de s’embrasser.
Elle ordonne à Cyril de s’éloigner, interdit à Cécile de le revoir, et impose un plan d’étude pour les jours de vacances restants, afin que Cécile puisse réussir ses examens.
Sûre que son père va la défendra contre une telle routine, Cécile se précipite chez elle, pour s’apercevoir que son père est déjà tombé sous la domination d’Anne.
Elle subit et continue de se languir de Cyril.

 

Oui, c’est bien ce que je reprochais à Anne ; elle m’empêchait de m’aimer moi-même. Moi, si naturellement
faite pour le bonheur, l’amabilité, l’insouciance, j’entrais par elle dans un monde de reproches, de mauvaise conscience, d’introspection. Je me perdais : moi — même. J’allai être influencée, remaniée, orientée par Anne.
Je n’en souffrirais même pas : elle agirait par l’intelligence, 1'ironie, la douceur, je n’étais pas capable de lui résister ; dans six mois, je n’en aurais même plus envie. Il fallait absolument se secouer, retrouver mon père et notre vie d’antan. La liberté, je ne peux dire être moi même puis que je n’étais rien qu’une pâte modulable, mais celle de refuser les moules.” (pages 77 -78)

« — À quoi attachez-vous de l’importance ? À votre tranquillité, à votre indépendance ?
— À rien, dis-je. Je ne pense guère, vous savez. » (page -1 58)

Pensant comme une adolescente, elle décide qu’Anne doit être éliminée. Elle imagine un complot dans lequel Cyril et Elsa prétendent être amants pour faire croire à son père, par jalousie, qu’ils ont une liaison. Le complot est couronné de succès, mais alors qu’Anne tente de quitter Cécile et son père par dégoût, elle est tuée dans un accident de voiture : un suicide apparent.

Le livre se termine par la mort d’Anne, suicide ou accident.
Cécile et son père retournent à leur vie de jouissance, libérés de l’influence d’Anne, mais désemparés.

Seuls à Paris après l’enterrement d’Anne, Raymond et Cécile parviennent enfin à parler d’Anne de façon normale, et puis, lentement, leur vie reprend son cours, reprenant les fils qu’ils n’avaient pas encore rompus, les mêmes schémas, les mêmes intérêts.

« Seulement quand je suis dans mon lit, a l’aube, avec le seul bruit des voitures dans Paris, ma mémoire parfois me trahit : l’été revient et tous ses souvenirs. Anne, Anne ! Je répète ce nom très bas et très longtemps dans le noir. Quelque chose monte alors en moi que j’accueille par son nom, les yeux fermés : Bonjour Tristesse. "
(page 188)

 

sagan  francoise bonjour tristesse citation

 

 

La technique de Sagan

Son récit est clairement subjectif, intimiste mêlant les descriptions et ses propres ressentis et réflexions. Lassitude, désenchantement, tristesse, voilà le ton du roman. Les personnages portent le poids de la responsabilité née de leurs actes libres. Chaque acte, posé librement, a des conséquences avec lesquelles il faut vivre. Ce thème est central chez Jean-Paul Sartre détaillé dans L’Être et le Néant, publié en 1943.

Cécile découvre la tristesse, un sentiment fait de regret et de remords et de saveur du néant et de la désillusion qui envahit cette jeune fille prématurément cynique et lucide.

Bonjour Tristesse décrit une certaine jeunesse française occupée par les loisirs sans rien construire, une mentalité présente parmi la jeunesse aisée de ces années-là, après la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans un contexte de prospérité économique.

Françoise Sagan touche un thème récurrent lié à la jeunesse : la difficulté à trouver une place utile, une orientation pour sa vie dans un monde plein de futilité, et surtout sans guide. Le père Raymond laisse Cécile complètement libre. Cette liberté devient menaçante, déroutante.

Je me débattais des heures entières dans ma chambre pour savoir si la crainte, l’hostilité que m’inspirait Anne à présent se justifiaient, ou si je n’étais qu’une petite fille égoïste et gâtée en veine de fausse indépendance.”

Le roman décrit les tumultes de l’adolescence, du passage à l’âge adulte à travers une meilleure connaissance de soi.

Ce premier roman, écrit à dix-huit ans, allait apporter à Françoise Sagan (née en 1936) un immense succès. Suivront, parmi les titres les plus connus. Un certain sourire (1956), dans un mois, dans un an (1957), aimez-vous Brahms(1959) et la Femme fardée (1981).

 

Son style désabusé et désinvolte, rappelle celui de certains “Hussards” (mouvement littéraire français des années 1950 et 1960, s’oppose à l’existentialisme sartrien par l’amour du style et l’impertinence représentée par Nimier, Blondin et Déon.

Sagan décrit ou évoque une société brillante et oisive, minée par le sentiment de sa propre décadence. Le mal du siècle est celui d’une génération aux sentiments minée par l’argent et l’alcool, sans authenticité, et sans projet.

L’évocation d’un univers mélancolique, ce “blues” tranquille, peut rappeler Scott Fitzgerald.

L’une des caractéristiques du style de Sagan est la façon dont elle dépeint les sentiments amoureux confus de Cécile, adolescente. Elle rencontre Cyril sur la plage, et il devient plus tard son premier amant.

 

sagan  francoise bonjour tristesse film

 

 

Sagan dans la littérature française

Elle est décrite par les critiques comme « un puissant témoin de son temps », devient l’objet des commentaires parfois élogieux signés par de grands critiques : « dons exceptionnels », « dons remarquables », « dons d’écrivain évidents », « beaucoup de talent, et une personnalité certaine », « surprenante dextérité. »
Michel Guggenheim, François Sagan devant la Critique, Revue française (octobre 1958), p.3

 

Plus tard, elle témoigne d’une lucidité et d’une humilité remarquables quand elle disait qu’elle allait laisser une trace dans la librairie à défaut d’en laisser une dans la littérature.

Bonjour tristesse a remporté le Prix des Critiques. Le roman s’est vendu à un million d’exemplaires en France dès la première année. À partir des années 60, il avait été traduit en 23 langues, et les ventes ont atteint quatre millions d’exemplaires. Il a également été cité comme étant l’un des trois romans les plus vendus en 1955 (Prescott New York Times Book Review 5 juin 1955).

À l’exception de Rimbaud, on ne peut pas trouver beaucoup de jeunes écrivains, en particulier de jeunes femmes écrivains en France. Ceci est particulièrement vrai avant la Seconde Guerre mondiale. Sagan suit les traces de Raymond Radiguet, qui a publié le diable au corps en 1923, à l’âge de 20 ans.
L’héroïne de Sagan, Cécile, comme le note Pierre de Boisdeffre, « est la sœur cadette du héros de Radiguet »

Pierre de Boisdeffre : Histoire de la littérature de langue française 202

Sagan figure parmi les femmes écrivaines les plus importantes. Depuis 1954, elle a publié 14 romans, sept pièces de théâtre, deux recueils de nouvelles, quatre ouvrages autobiographiques et une biographie. En outre, elle a réalisé des critiques de films, des textes courts et divers articles sur des sujets allant de la mode aux voyages. Aucune de ces œuvres n’a atteint l’immense popularité ni gagné pour elle la célébrité qu’elle a atteinte avec Bonjour tristesse.
En 1985, Sagan a reçu le Grand Prix littéraire de Monaco pour l’ensemble de son œuvre.
Outre Bonjour tristesse, nombre de ses autres romans ont également été des best-sellers.

L’un des problèmes que pose la classification des romans de Sagan est qu’elle n’appartient à aucune école ou mouvement contemporain. Elle semble être une écrivaine indépendante. Elle n’est ni une réformiste ni féministe. Alfred Cismaru estime que « l’œuvre de Sagan ne révèle pas de grandes lignes esthétiques, philosophiques ou même psychologiques »
Alfred Cismaru : Françoise Sagan's Theory of Complicity" Dalhousie Review 468-69).


Il situe ses romans quelque part entre la littérature et le mythe, et croit que son intention est de décrire uniquement ce qu’elle voit dans le monde.

La période d’après-guerre, de 1945 à 1955, a été dominée sur le plan littéraire par l’existentialisme sous l’influence de Jean-Paul Sartre et d’Albert Camus. Après la guerre, un sentiment d’incertitude et l’idée d’absurdité ont commencé à prendre la place des valeurs traditionnelles. Le succès de l’existentialisme de Sartre semble exprimer l’angoisse des temps modernes.


La génération de cette période a commencé à mettre l’accent sur l’homme au lieu de croire en l’existence de Dieu.
Miller souligne que les romans de Sagan étaient considérés, comme beaucoup d’autres à cette époque, comme le développement logique de l’existentialisme. Ils semblaient exprimer le vide de la vie pour toute une génération.
Miller, Judith Graves. Françoise Sagan. Twayne World Author Series 797 Boston : Hall, 1988.

 

Bien que de nombreux critiques considèrent que certains éléments de sa fiction sont existentialistes, comme le vide de la vie et l’absence de Dieu, l’accent de ses romans est davantage mis sur l’amour et le bonheur. Si elle est une grande admiratrice de Sartre, elle est également une grande adepte de Proust, dans le traitement des thèmes amoureux.

 

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Graham Bell dessine Douvres

Graham-Bell-Paysage-de-Douvres

 

 

Graham Bell, Paysage de Douvres 1938

 

 

 

 

Biographie de Graham Bell

 

Peintre britannique, né en Afrique du Sud, venu en Angleterre en 1931

Frank Graham Bell (21 novembre 1910 — 9 août 1943), connu sous le nom de Graham, était un peintre de portraits, de paysages et de natures mortes, membre fondateur de l’école réaliste Euston Road School. Journaliste, critique d’art, né en Afrique du Sud, il a passé la majeure partie de sa carrière en Grande-Bretagne (1931-1943), où il est décédé dans un accident d’avion pendant la Seconde Guerre mondiale.


Il étudie à la Durban Art School et organise sa première exposition personnelle à la mairie de Durban en 1931.
En 1931, il s’installe en Grande-Bretagne avec Anne Bilbrough, une jeune actrice qu’il épousera plus tard.
Au début, il s’est inspiré du travail de Duncan Grant ; a ensuite rencontré William Coldstream. En 1934, il expose des œuvres non figuratives lors de l’exposition Objective Abstractions à la Zwemmer Gallery.

 


Au début des années 1930, il peint des abstraits, mais est revenu plus tard vers un naturalisme sobre. Avec William Coldstream, Lawrence Gowing, Rodrigo Moynihan, Victor Pasmore et Claude Rogers, Graham devint le fondateur de l’Euston Road School en 1937. Entre 1934 et 1937, Bell se lance dans le journalisme dans le journal new Statesman.
Les peintres d’Euston Road School admiraient le travail de Cézanne, refusent les styles avant-gardistes et affirmant l’importance du réalisme dans une peinture simple compréhensible et socialement pertinent. La plupart des membres étaient socialistes. En 1938, Rosenberg & Helft exposent le travail de l’artiste
En 1939, Bell publia la brochure The Artist And His Public.
Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il s’est porté. Il s’est enrôlé dans la Royal Air Force et a suivi une formation de pilote.
Le 9 août 1942, son bombardier Wellington s’est écrasé dans le Nottinghamshire.

 

Le tableau Paysage de Douvres de Graham Bell

 


Ce tableau peut être un exemple du travail de Graham Bell
Bell a peint ce tableau lors d’un voyage à Douvres en 1938 pour répondre à une commande de l’International Business Machines Corporation. Le détail finement observé de l’hôtel sur la gauche, les falaises blanches de craie et les remparts du château sont typiques du réalisme de l’école d’Euston Road, à laquelle Bell participait étroitement.

 

Le réalisme du tableau rappelle le travail des peintres français entre les deux guerres, avec un souci de simplicité, et de l’essentiel, dans l’espoir de produire un tableau simple, accessible, et utile.

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Cyrano de Bergerac : français ou universel ?

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 cyrano de bergerac roxane illustration jardin  fleuri couvent

 

 

 

Lorsque l'on interroge les Français sur leurs héros de fiction préférés, ils citent Cyrano, Jean Valjean ou d’Artagnan.
Cyrano est le héros populaire par ¬excellence. Depuis sa création et son invraisemblable triomphe le 28 décembre 1897, au Théâtre de la Porte Saint-Martin, le personnage est devenu une légende.


Certains pensent qu’aimer Cyrano est une nostalgie française des actions d'éclat ou le goût pour le panache. D’autres pensent que la pièce est un chef d’œuvre, apprécié par les français et les autres cultures pour ses propres qualités.
Les français ont largement apprécié et célébré ce texte, Cyrano est l'une des pièces les plus aimées et les plus mises en scène de l'histoire du théâtre en France.

 

cyrano de bergerac roxane  illustration

La pièce : une réussite justifiée


Cette pièce née en sous la plume d'Edmond Rostand en 1897, a rencontré son public dès les premières représentations. Cette réussite phénoménale et unique envoie Rostand à la postérité.
Période fin-de-siècle en France, désillusion face aux résultats désastreux de la guerre franco-prussienne, division politique et sociale causée par l’Affaire Dreyfus, inefficacité accompagnent l'instabilité de la troisième République. Cyrano de Bergerac de Rostand, cet idéaliste romantique allait donner aux spectateurs un nouvel élan d’optimisme et de motivation.


La pièce s'inspire vaguement de la vie d'un poète et soldat français (1619-1655), libre-penseur et auteur de quelques pièces. Dans la pièce de Rostand, Cyrano est un casse-cou au gros nez qui, se croyant trop laid pour séduire la belle Roxane, aide Christian à la séduire en lui écrivant ses lettres d'amour. Christian meurt dans une bataille.

Bien des années plus tard, Roxane, dans son couvent, découvre, alors que Cyrano se meurt, qu'il était l'auteur des lettres, que son esprit était celui qu'elle avait toujours aimé. Roxane soupire : "J'ai aimé une fois, j’ai perdu l’amour deux fois ».


A la première représentation, dès l’entrée de Cyrano sur scène, le ton est donné : le premier acte est interprété et enlevé avec brio, et obtient neuf rappels. Rostand se détend sans être rassuré. Le premier acte est un tableau de la France du début du XVIIe siècle ; Jeunes gents à l’esprit joyeux, femmes charmantes, soldats, commerçants qui s’amusent dans un mélange d'absurdité, de frivolité, d'arrogance, de romance, de courage et d'esprit. C’est la fameuse scène du nez, monologue d’une incroyable efficacité où l’amour des mots transporte de joie les spectateurs.


Le second acte rassure Rostand. Cet acte ajoute une note comique et présente les Gascons comme arrogants et menteurs, et révèle l'affection de Cyrano et son dévouement.
Après le troisième acte, c'est du délire. Rostand est obligé de venir saluer en scène comme si la pièce était finie. L'acte trois idéalise l'amour impossible du héros dans la fameuse scène du balcon, avec sa prose lyrique si joliment rythmée.


Après le quatrième acte, pendant que l'auteur surveille l’installation du décor, on vient le chercher pour le conduire à la loge officielle. M. Cochery, Ministre des Finances, dégrafe de son habit sa légion d'Honneur et, s'adressant à Rostand, lui dit : « Monsieur, au nom du Président de la République dont je suis ici le représentant, je vous fais Chevalier de la Légion d'Honneur ».


L'acte quatre se déroule dans le campement des gascons juste avant la bataille, ciselé d’une poésie qui dépeint la bravoure des estomacs vides, il surprend par l'apparition spectaculaire et éblouissante de Roxane.
L’acte cinq se passe dans la paix du jardin d’un couvent, et montre le courage tranquille du vieil homme à l'esprit vif, dévoué, indépendant et libre comme toujours, détestant les simagrées et sans peur même face à la mort.

 

cyrano de bergerac rostand citation panache

 


Le dernier acte est coupé par les acclamations. Les derniers mots lancés, la salle de la Porte Saint-Martin semble s'écrouler sous les ovations. Au bout de quarante rappels, on laisse le rideau levé. Longtemps après, personne n'a encore évacué la salle. Les inconnus s'embrassent en pleurant, l'événement déborde les portes du théâtre, se répand sur le boulevard où les passants entrent dans l'allégresse générale qui se propage dans Paris. Inaugurée à Paris le 28 décembre 1897, la pièce a duré 200 soirs et a été acclamée par le public et la critique. Au cours de l'année, il y a eu de nombreuses productions de Cyrano de Bergerac en Europe et aux Etats-Unis. La pièce a connu un grand succès partout.
Le tirage en librairie a dépassé le million d'exemplaires, en langue française. Coquelin en version muette, Claude Dauphin et José Ferrer incarnèrent Cyrano de Bergerac à l'écran, avant Gérard Depardieu.

 

Edmond de Rostand

Avant Cyrano de Bergerac, Rostand était pratiquement inconnu du public. Sa pièce, Les Romanesques, n'a été jouée qu'une cinquantaine de fois en dix ans.
En tant que dramaturge, Rostand avait une bonne connaissance du théâtre, il allait montrer une grande intelligence théâtrale, avec un sens scénique qui lui permettrait de résoudre les difficultés techniques de sa pièce d’une façon plaisante et efficace. On voit chez lui l’influence de Shakespeare, dans son esprit d’enchantement, Corneille et son esprit, de Racine, dans sa maitrise de la tragédie. Le découpage des scènes est influencé par Molière, sans oublier les jeux de vaudeville de Labiche.


L'épouse de Rostand, Rosemonde Gérard, elle-même poète, a inclus dans son livre une anecdote sur son mari qui explique comment l'idée lui est venue pour Cyrano de Bergerac. Alors qu'il passait un été à Luchon, il rencontra un jeune homme gravement déçu par l'amour, et noyé dans sa peine. Plus tard, Edmond a rencontré la jeune femme cause de la déception, qui a finalement découvert la vraie nature du jeune homme: "Tu sais, mon petit Amédée, que j'avais jugé si médiocre, est en fait merveilleux ; c'est un savant, un penseur, un poète."
Rostand se rendit compte que l'histoire d’Amédée était un début, le premier reflet de son Cyrano.

 

cyrano de bergerac dessin crayon couleur

 

Ces autres qui aiment Cyrano


En Italie, Franco Alfano le mit en musique et Cyrano di Bergerac fut créé à l'Opéra de Rome en 1935, avant sa version française par Henri Cain à l'Opéra-Comique en mai 1936. Dès 1899, Broadway s'emparait de Cyrano et en présentait une version musicale de Victor Herbert avec Francis Wilson. Il y a une trentaine d'années, Chritopher Plummer joua à travers les U.S.A. une nouvelle adaptation musicale avec grand succès.
Les théâtres du monde entier la présentent régulièrement sur leur scène, traduit dans toutes les langues.
Depuis le 28 décembre 1897, les versions anglaises de la pièce de Rostand prolifèrent. Il y a des reprises en anglais des opéras et des comédies musicales, et même récemment un ballet (merveilleux, de David Bentley). On donne Cyrano de Bergerac chaque année quelque part en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis.
Nous aimons penser que les autres et les anglo-saxons aiment Cyrano car il apparaît comme un représentant de l’esprit français, et qu’ils adorent son panache, son esprit, son courage, sa chevalerie, et son amour pur et profond pour Roxane. Est-ce le cas en Afrique ou au Japon ? Est-ce toujours une question d’esprit français ?
Enseigner Cyrano dans les manuels scolaire de nombreux pays, quand des élèves en Europe ou en Asie passent des heures à disserter sur des points de précis de cette pièce, ils s’intéressent à quoi ? Cyrano ami ou amoureux de Roxane ? Cyrano romantique ou timide ?

 

 

cyrano de bergerac roxane illustration citation baiser

 

Cyrano, les français adorent, les autres aussi ?


Cyrano de Bergerac, est une histoire d’amour tendre, loyal, riche d’abnégation et de dévouement. Ce genre d’amour qui marque toute une vie, qui rend l’existence douce et sereine. Rostand présente cette histoire d’amour dans une pièce merveilleuse, dans des vers scintillants qui, même traduits en langue étrangère gardent leur élan et leur verve.

 

abs11.5 rose- Optimisme, et confiance :


Dans son étude, Clarence D. Brenner souligne que la figure de Cyrano est l’héritière du Figaro dans le Mariage de Figaro de Beaumarchais et de Mozart, dans une merveilleuse confiance en soi, un esprit vif, ingéniosité qui lui permet de retrouver rapidement son calme face à l'adversité. On trouve également des similitudes entre la bravoure de Cyrano, et Don César de Ruy Blas de Victor Hugo, comme avec d'Artagnan. Cyrano ne déprime pas, ne se soucie pas de ses échecs car il prévoit les victoires qui vont venir.
« C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière »

 

abs11.5 rose- intello et cultivé


Rostand ne dissimule pas sa propre érudition. Dans le premier acte, Cyrano parle des Muses, de Cléopâtre, de César, Bérénice et Titus. L'intellect de Cyrano n'est qu'une partie de sa personnalité complexe et aux multiples facettes. Il est passionné, impertinent, défiant, se délectant des jeux d'épée et de mots élégants ou raffinés.
La bravoure et l'esprit de Cyrano cachent son manque de confiance en lui à cause de son grand nez, mais transforment son désespoir en carburant, se permettant d'être le premier à se moquer de sa grande trompe nasale afin d'empêcher les autres de le faire.

 

abs11.5 rose-Valeurs et vertu


Cyrano de Bergerac met l'accent sur les valeurs et les idéaux. Cyrano, défenseur éloquent et ardent de l'intégrité, de la bravoure, de la gloire, de l'amour et des femmes, de tout ce qu’on aime en France. L'incapacité de Cyrano à avouer à Roxane son amour pour respecter sa promesse de protéger Christian. Cyrano garde son secret presque jusqu'à sa mort ; sa mort elle-même, bien que tragique, est transcendante. La pièce nous suggère qu'en adhérant à ses valeurs au détriment de ses désirs personnels, Cyrano atteint une position morale sans tache.

 

abs11.5 rose- Beauté intérieure et extérieure


Cyrano de Bergerac est une allégorie de la beauté intérieure et extérieure. Cyrano, représentant la beauté intérieure, combat passivement Christian, qui représente la beauté extérieure, pour l'amour de Roxane. Roxane devient l'arbitre entre la beauté intérieure et la beauté extérieure. La pièce met l'accent sur la beauté intérieure, l'intégrité, la sincérité et l'intelligence.
Ce qui impressionne Roxane c'est sa capacité à écrire des mots avec habileté, à combattre un nombre incroyable d'hommes et à faire des gestes brillants : jeter un sac d'or au théâtre pour payer les recettes de la soirée et arrêter la pièce ; se refuser tout sauf le repas le plus rare par respect pour sa propre fierté ; et composer un poème pour accompagner son combat au sabre. Ces actions sont impressionnantes et tirent leur pouvoir de leur manifestation extérieure. Les beautés extérieures de Cyrano et de Christian diffèrent, bien sûr : Christian a la chance d'avoir une belle allure, tandis que Cyrano est le produit d'un esprit intelligent.

 

abs11.5 rose- Intégrité


Cyrano est un personnage sans tache sur le plan moral, qui ne s'écarte jamais de ses normes morales strictes. La pièce semble avoir un code moral plus strict que celui de Cyrano. Le seul défaut, sa volonté de tromper Roxane pour aider Christian, l'empêche de l'avoir. Cyrano trompe Roxane même après la mort de Christian, il ne peut pas déclarer son amour pour elle. Ce serait manquer de respect à la mémoire de Christian et se moquer de son deuil. Après la mort de Christian, la pièce examine les répercussions de la duplicité de Christian et de Cyrano en démontrant la dure existence que Cyrano doit vivre : côtoyer au plus près de son seul véritable amour, tout en restant à l'écart émotionnellement. Par leur tromperie, les deux hommes ont fait tomber Roxane amoureuse d'une personne idéale qui n'existe pas. En conséquence, elle n'aime vraiment ni Christian ni Cyrano, elle aime leur magnifique collaboration. Cyrano et Roxane ne parviennent jamais à consommer l'amour profond qu'ils partagent indéniablement l'un pour l'autre.

 

abs11.5 rose- l'homme libre


Cyrano se trouve laid, n'ose pas avouer son amour à sa cousine Roxane qui aime Christian. En quelque sorte, l'équation universelle de l'amour malheureux. Il va jusqu'à se sacrifier pour aider son rival. Cyrano devient le symbole du panache français et de l'homme libre.

 

abs11.5 rose- le panache


Dans son discours de réception à l’Académie française, en 1903, Rostand s’est expliqué sur le sens du mot “panache. À ses yeux, le panache ne se réduit pas à l’héroïsme ni à la grandeur. C’est une qualité qui s’ajoute à la grandeur, et qui, à l’instar du plumet auquel il doit son nom, suppose quelque chose de voltigeant et de léger. « Le panache, écrivait-il, c’est l’esprit de la bravoure. Oui, c’est le courage dominant à ce point la situation qu’il en trouve le mot. Plaisanter en face du danger, c’est la suprême politesse, un délicat refus de se prendre au tragique ; le panache est alors la pudeur de l’héroïsme, comme un sourire par lequel on s’excuse d’être sublime. Un peu frivole peut-être, un peu théâtral sans doute, il n’est qu’une grâce ; mais cette grâce est si difficile à conserver jusque devant la mort, cette grâce suppose tant de force que, tout de même, c’est une grâce… que je nous souhaite. »
Le goût du beau geste, inséparable du sel du mot d’esprit, voilà l’habit sous lequel se cache le panache.

 

Conclusion


Cyrano possède toutes les vertus appréciés en France : bon camarade, il est noble de cœur. Il est courageux, et vole au secours de ses amis, il est grand dans le combat, il aime manger et boire, il aime rire, il est insolent, il sait parler, il aime la littérature et l’art, il est romantique.
Comme dans de nombreuses œuvres littéraires, l’universel est l’accomplissement d’une forte identification.
Si les français aiment s’identifier à Cyrano c’est qu’ils apprécient ces vertus, les autres cultures aiment Cyrano car il offre ce que les français ont de mieux à offrir, un style de vie, une pensée flamboyante, et une authenticité. Que faut il de plus pour toucher l’universel ?


Chez les Anglo-Saxons, chez les japonais, comme dans tous les autres peuples, des âmes répondent avec joie à l’idéalisme de Rostand porté avec panache par Cyrano de Bergerac et applaudissent ce romantique au gros nez, sincère, optimiste et amoureux.

 

 

 

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Hemingway, et la question du consentement sexuel

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Up in michigan

 

Hemingway, et la question du consentement sexuel  

Pendant son séjour à Paris en 1921, Hemingway termine sa première nouvelle : Up in Michigan. Quand il montre cette nouvelle à ses amis, la polémique apparait, nouvelle difficile à publier. "Up In Michigan" est une nouvelle d'une simplicité trompeuse, presque sans intrigue, qui traite un sujet délicat : la zone grise de l’attirance sexuelle et du consentement sexuel. Up in Michigan sera révisée et publiée seulement en 1938.

 

 

Résumé de la nouvelle : Up in Michigan

Jim Gilmore, jeune forgeron, s’installe à Hortons Bay et achète la boutique de l’ancien forgeron. Liz Coates est une jeune fille qui travaille comme serveuse chez les Smith. Liz tombe amoureuse de Jim, qui la remarque à peine.

Liz aime Jim, la façon dont il sort de chez lui, de son magasin. Elle se rend souvent à la porte de la cuisine pour le surveiller. Elle aime sa moustache, ses dents blanches quand il sourit.

Jim, Smith et Charley Wyman partent en excursion pour chasser. Liz attend le retour de Jim.

Pendant l’absence de Jim, Liz pense à lui. C’est  une longue et douloureuse absence. Elle n’arrive pas à dormir, elle découvre aussi que c’est amusant de penser à lui.

Lorsque les chasseurs reviennent, ils boivent quelques verres pour célébrer leur expédition.

Jim aime le goût et la sensation du whisky. Il a bu plusieurs verres. Liz s’est assise à la table après avoir servi le souper et mangé avec la famille. Après le dîner, Liz assise dans la cuisine à côté du poêle, fait semblant de lire en pensant à Jim. Elle ne veut pas aller au lit, car elle sait que Jim va s’en aller et elle veut le voir au moment de son départ, pour lui emboiter le pas.

Jim s’apprête à sortir. Ses yeux brillent, ses cheveux un peu froissés. Au moment de sortir, Jim s’approche d’elle. Elle peut le sentir respirer. La poitrine de Liz est ronde et ferme, ses mamelons dressés sous les mains de Jim. Liz a peur, car personne ne l’a jamais touchée avant lui, mais elle pense :  Il est enfin venu à moi.

Jim l’a serrée contre lui et l’a embrassée. Une sensation aiguë, si douloureuse qu’elle pense qu’elle ne peut pas la supporter.

Jim chuchote : « viens faire un tour. »

Ils vont au bout du quai où les mains de Jim explorent le corps de Liz. Elle a peur et le supplie de s'arrêter, mais lui permet de continuer.

Il n’y a pas de lune. Ils marchent jusqu’au quai vers l’entrepôt de la baie. Il fait froid, mais Liz a chaud depuis qu’elle est avec Jim. Ils se sont assis. Jim a serré Liz auprès de lui. Sa main s’est faufilée sous la robe pour caresser la poitrine de Liz. 

Elle a peur et ne sait pas comment s'y prendre. L’autre main de Jim glisse le long de sa jambe.

— Non, Jim, » dit Liz. Jim glisse sa main plus haut.

— Tu ne dois pas, Jim. Tu ne dois pas faire ça.

— Je vais le faire. Tu sais qu’on doit le faire.

— Non, Jim, oh, c’est si grand, ça fait mal. Oh, Jim. Jim. Oh.

Il la prend sur les planches dures et froides du ponton puis sassoupit sur elle.

Plus tard elle s’assoit, ajuste sa jupe et son manteau et est tente d’arranger ses cheveux. Jim dort la bouche entrouverte. Liz se penche, l’embrasse sur la joue. Mais il dort et Liz se met à pleurer. Elle se dirige vers le bord du quai et regarde l’eau. Le brouillard arrive.

Liz enlève son manteau, et en couvre Jim, puis elle traverse le quai pour remonter la route sablonneuse escarpée pour aller se coucher. Une brume froide s’échappe de la baie à travers les bois.

 

 

 

Hémingway discute le consentement sexuel

Cette nouvelle est la première incursion d’Ernest Hemingway dans la psychologie féminine. Ce sujet va passionner l’écrivain. Cette nouvelle est écrite du point de vue de Liz. Jim dit cinq phrases seulement. Le lecteur ne rentre jamais dans la tête de Jim. Liz est tombée amoureuse des "choses" de Jim : sa moustache, ses dents blanches, sa promenade. Elle ne sait rien de lui en tant que personne. Hemingway explore ces émotions contradictoires, les fantasmes sexuels qui invitent à l’action, voire à une conclusion brutale. Jim, au contraire, lorsqu’il se réveillera et ne se souviendra de rien.

Après la dissection de Liz, après la désillusion du monde réel par rapport au monde des fantasmes, au-delà d'un consentement sexuel fragile, Liz couvre Jim de son manteau après l’avoir embrassé sur la joue.

Hemingway traite le désir sexuel des femmes le considérant comme complexe et imprévisible.

Historiquement, cette hypothèse a contribué à une réglementation excessive des capacités sexuelles et reproductives des femmes. L'ambiguïté de ce désir, et de ses expressions ont été rarement prises en compte par le passé, dans la littérature, dans la culture, ou dans le domaine juridique.

Selon Hemingway, l'activité sexuelle signifie des choses différentes, selon le moment, le contexte, le partenaire. La sexualité peut être une expérience utopique, unique, variable selon les personnes

 

 

 

Le consentement sexuel 100 ans plus tard

Le consentement sexuel ressemble au consentement éclairé proposé avant les interventions médicales. C'est un concept évolutif dans le temps, qui dépend de la culture dominante, et des relations interpersonnelles.

Le consentement à l'activité sexuelle représente le point de référence pour décider ce qui constitue une activité sexuelle légalement admissible. Nous avons, comme les anciens, les mêmes difficultés à traiter ce sujet, car les détails du désir, son expression, et la satisfaction sexuelle sont souvent découverts et produits au moment du contact intime et pas avant.

100 ans après cette nouvelle d’Hemingway, on découvre encore que l'acte sexuel n'est pas un acte comme les autres, il peut s'accompagner d’un certain degré de peur, de répulsion, d'incertitude, d'excitation, et d'intrigue, d'un jeu de pouvoir, et de découverte. L'acte sexuel peut dévoiler une vulnérabilité personnelle, qui construit avec l'autre une confiance mutuelle. Cette confiance n'est pas entièrement fondée sur le consentement, mais sur un engagement mutuel d'accepter que le désir sexuel, la vulnérabilité, et le danger font partie du même ensemble.

Un autre risque accompagne l'acte sexuel, la déception face à une mauvaise rencontre sexuelle, à un mauvais partenaire, ou à l'apparition d’émotions négatives ou douloureuses.

 

 

 

Le consentement : concept juridique

La loi utilise ce concept pour faire la distinction entre un acte sexuel criminel et un acte sexuel consenti. En dépit d'une évolution constante, ce concept demeure limité, incapable de traiter toutes les situations. Comment déterminer si le consentement est présent ou absent ? Voilà la question qui occupe les juges, les enquêteurs, les juristes, et le corps médical.

En dehors des situations où l'on insiste sur le " oui " ou le " non ", le témoignage du plaignant est combiné à d'autres types de preuve comme  le comportement verbal et non verbal des deux parties pendant la rencontre. Le juge décide si dans l'ensemble, l'allégation de non-consentement est crédible. Dès le début de l'enquête, le fondement juridique du consentement s'appuie sur différents types de preuves et de signes, directs et indirects, pour construire une construction du consentement.

Cette approche judiciaire signifie que le consentement n'est pas un acte isolé en soi, mais un ensemble d'indicateurs considérés compatibles ou non avec ce qui acceptable en matière de comportement sexuel.

 

 

Concept nouveau : consentement affirmatif

Certains déclarent que le problème n'est pas la nature du consentement mais la loi. 

Les partisans du consentement affirmatif soutiennent que les partenaires sexuels devraient chercher activement à obtenir des signes clairs du consentement tout au long d'une relation sexuelle. D'autres proposent que l'accusé devrait démontrer qu'il a pris les mesures nécessaires pour obtenir le consentement de sa partenaire.

Cette logique épouse plusieurs problèmes majeurs. La même rencontre sexuelle, prise dans son ensemble, peut être à la fois humiliante et satisfaisante, dégoûtante et intrigante, effrayante et fascinante.  

D'autre part, assimiler le consentement au désir sexuel modifie profondément la définition de la sexualité dans une société. Les rapports sexuels tarifés avec un consentement affirmé deviennent des rapports sexuels désirés.

 

 

 

Concept nouveau: consentement enthousiaste

Le concept de consentement  " enthousiaste " proposé par certains, explique que l'oppression sexuelle exercée sur les femmes, y compris au sein du mariage plaide pour la criminalisation de tout acte  sexuel consensuel ou non, accompagné de contrainte, et que la loi et la société ne devraient approuver que le sexe désiré.

Cette approche pose à son tour de nombreuses questions sur la définition du désir, et le sexe désiré, et sur les pratiques sexuelles désirées et accompagnées de contraintes, comme les jeux sadomasochistes, et sur la sexualité acceptée mais non désirée, comme dans le mariage (accepter pour faire plaisir à son partenaire), dans les relations tarifées ou dans la pornographie

 

 

 

Un consentement réaliste

Le consentement sexuel est un sujet vieux comme le monde, toujours en évolution, selon la société, selon la culture dominante et selon ses principes.  

 

 

Un consentement sexuel valable exprime plus l'autonomie sexuelle de la personne que sa volonté. Vérifier ou donner le consentement est un acte responsable de respect, de moralité et de maturité.

 

 

Le consentement devrait inclure un consentement aux risques liés à l’activité sexuelle.

La discussion sur le consentement sexuel est légitime en évitant d’encourager le risque d'une société de contrôle et de suspicion individuelle. Les conflits autour de la sexualité disent long sur les sociétés et sur la liberté individuelle, sur le rôle de chacun et sur le vivre ensemble.

 

 

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Nos buts, nos projets façonnent nos vies

decision reflexion

 

 

 

Changer, réagir, s’adapter. Nous sommes invités à prendre une décision sérieuse qui engage bien de choses : relation, travail, voyage, orientation professionnelle.
Il existera toujours un doute, une possibilité d’échec, une éventuelle perte. Qui dit qu’il est facile de décider.

 

 

Au début, faire le diagnostic


Identifier le problème avec précision pour commencer. Comment réagir en cas de difficultés professionnelles sans comprendre l’origine de ces problèmes ? Quel changement en cas de problèmes au sein du couple ? Où se trouve l’erreur ? Que faut-il éviter en cas de changement.
Identifier le problème exige un regard neutre, apaisé, fondé sur le réel. Ce Temps de réflexion indispensable pour diagnostiquer le problème avec précision peut conditionner la réussite, économiser un effort précieux pendant la réalisation, et réduire les pertes en cas d’échec.

 

decision difficulte

 

Buts raisonnables sans perfectionnisme


Fixer vos objectifs représente le début de tout changement. Fixer un objectif exige d’autres décisions : que faut-il changer ? Que faut-il remplacer ? Quel changement devient prioritaire ? À quelle vitesse faut-il réaliser ces modifications ? Puis la question la plus importante : ce projet est-il conforme à mes principes ?
Les objectifs perfectionnistes et exigeants ont plus de chance à conduire à l’échec, à la déception et à l’abandon. Les objectifs trop simples peuvent démotiver.
Le perfectionnisme ajoute à vos décisions et à vos réalisations une difficulté supplémentaire et une insatisfaction. La personne perfectionniste espère une prise de décision parfaite, mais dans un changement, les décisions s’enchaînent, le temps compte, le perfectionnisme devient problématique.
Les objectifs doivent être les vôtres, basés sur vos besoins, et sur vos principes et non pas les objectifs loués par les médias ou par la culture ambiante.
Aller vers des objectifs clairs et précis. Imposer un changement pour ne pas sentir triste est un objectif ambigu, qui risque de vous mener à l’échec.
Définissez vos projets en terme de comportements, de moments des conditions spécifiques. Dans ce cas, les objectifs forment une série d’étapes, de petits changements dans un sens précis.

 

decision

 

Comment décider


Dans la plupart des cas, nous identifions le problème, nous cherchons des solutions, nous envisageons la suite sans décider de commencer.
Dans de nombreux cas, l’indécision symbolise la pire décision, elle entraîne une perte de temps, d’énergie, d’argent et de qualité de vie.
Avant de décider, il faut bien réfléchir, consulter, identifier vos besoins. Les décisions précipitées par la peur ou par l’émotion peuvent finir par un échec ou par un désastre. Bien réfléchir pour éviter le coût des décisions erronées en temps, en effort, et en frustration.

 

 

La décision ne règle pas le problème


En cas de difficultés, le temps de l’analyse et de l’évaluation peut être pénible, nous obligeant à affronter les détails de nos problèmes, les risques, la possibilité d’échec et de perte. La décision soulage, mais n’éradique pas le problème. Il arrive parfois de prendre la décision et de ne rien faire en attendant un miracle. Dans ce cas, la décision demeure une simple réflexion, un scénario préparé pour réagir quand la réaction devient incontournable

 

decision reussite

 

 

La décision : pertes et gains


Toute décision implique une certaine perte. La décision peut comporter une certaine dose de souffrance, de privation, et de risque.
Votre décision aura un prix économique, émotionnel, ou personnel. Les avantages du changement méritent d’être comparés aux inconvénients.
En cas de problèmes complexes, vous serez invités à prendre une succession de décisions. Chaque décision modifie une partie du problème, s’accompagne de certains avantages, et entraîne certains désagréments.

 

 

 

Évaluez les risques


Identifiez chaque risque, même minime, et son retentissement sur le projet et sur la réalisation pour tenter de trouver la solution adéquate. Cette préparation vous permet d’envisager les détails de votre projet et de votre réalisation, et de minimiser l’anxiété qui accompagne le changement. Le risque accepté dans un projet ne devrait pas mettre en cause votre santé physique ni votre santé mentale, ne devrait pas mettre en danger votre propre sécurité physique ou émotionnelle.
En cas de décision simple, l’évaluation du risque ne pose pas un problème sérieux. Dans les décisions complexes, l’évaluation du risque pourrait s’effectuer à chaque étape du projet. Nos décisions n’échappent pas à notre condition humaine, on décide toujours d’une façon personnelle et imparfaite.

 

 

 

Éviter les solutions simples


La facilité séduit, la simplicité peut apparaître comme la solution optimale. Nous préférons parfois juger par noir et blanc, bon ou mauvais. Cette dichotomie ne permet pas de formuler un jugement précis ni de décider en face de situation complexe. Nous vivons dans une société sophistiquée et avancée. On découvre rapidement que les décisions simples représentent une décision partielle, qui exige par la suite d’autres décisions.

 

 

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La perfection, addiction problématique de nos sociétés

Perforrrance

 

 

La perfection est un concept ambigu, qui peut s’avérer dangereux et problématique sur le plan individuel et collectif.
Nous vivons dans une société de perfection, une société où les normes ne cessent de se multiplier, une société où l’erreur n’est plus admise. Pour nous adapter à notre société, nous devenons perfectionnistes, et nous exigeons des autres un certain degré de perfectionnisme.
La perfection devient dépendance, une épidémie dans le monde de travail et dans nos vies privées. Les banquiers sont exigeants, les actionnaires, les clients, les juges, l’administration, les médecins, les patients, et même les amoureux dans les couples. Nous vivons dans une société de normes, qui fixe des objectifs de performance parfois irréalistes, qui ne tolèrent plus les erreurs, société d’attentes perfectionnistes sans lien avec le réel.

 

bergson citation perfection

La perfection, une vieille illusion

Le perfectionnisme est le besoin d’être parfait, de croire qu’il est possible d’atteindre la perfection.
Sur le plan individuel, le perfectionnisme est perçu comme un trait positif qui augmente les chances de réussite, mais il peut conduire à des pensées négatives ou à des comportements autodestructeurs qui rendent plus difficile la réalisation des objectifs. Les gens déprimés, les gens anxieux sont perfectionnistes. La perfection à son tour peut causer du stress, de l’anxiété, de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale.
Le perfectionnisme n’est pas la même chose que s’efforcer d’être le meilleur possible. La perfection n’est pas une question de réussite et de croissance.

 

Alain citation agreable

Le côté obscur de la perfection

Les humains sont imparfaits, ils vivent dans un monde imparfait aussi.
La recherche de la perfection peut s’avérer sans issue. La perfection est inaccessible. Cette recherche est la garantie d’un échec. En souhaitant être parfaits, nous pouvons perdre la hiérarchie de nos priorités en consacrant notre énergie pour améliorer des détails. Nous pouvons être plus productifs en formulant de nouvelles idées, ou en élaborant de nouvelles approches.
En désirant la perfection, nous perdons la capacité de déléguer et de nous faire aider. Les relations de travail deviennent exigeantes et tendues. La perfection entraîne un état de pression, de stress et d’anxiété qui se terminent par l’épuisement.

 

Dépasser la perfection

Le point important est de remplacer le concept de la perfection par un autre : la précision. Nous pouvons exiger de médecins, des juristes, ou des banquiers de la précision, sans aller vers la perfection illusoire. Dans une étude menée en 2014 par l’Université York, l’exigence imposée dans certains métiers, comme juristes, professionnels de la santé et architectes, était associé à de taux élevés de déprime, de stress et à un risque plus élevé d’automutilation et de suicide que la moyenne.
Nous pouvons nous concentrer sur ce qui doit être fait et non pas sur la façon dont cela doit être fait. Nous pouvons nous concentrer sur le résultat final plutôt que sur un processus exigeant, normatif, ou imposé par la contrainte. Nous pouvons établir avec les autres des relations honnêtes et sincères pour trouver la meilleure solution, sans chercher la solution parfaite, car elle n’existe pas ou elle est irréaliste.

 

Rousseau citation perfection

La perfection de la société : Attention utopie

Les utopies sont des visions idéalisées d’une société parfaite. Thomas More a inventé le terme utopie en 1516 comme synonyme de « pas de place pour les êtres imparfaits. »
Le perfectionnisme en un terme utilisé dans la philosophie morale et politique chez Aristote, Thomas d’Aquin, Spinoza, Marx et Green, qui pensaient que l’humain est perfectible.
Le perfectionnisme ressemble à un idéal qui identifie un modèle de vie comme idéal pour tous. La théorie de valeurs perfectionnistes identifie ce qui est bien pour les humains. Cela implique que certains modes de vie ne sont pas utiles même s’ils sont pleinement adoptés. La doctrine perfectionniste n’apprécie pas la pluralité.


L’éthique perfectionniste a souvent été associée à des doctrines élitistes. Un certain nombre d’écrivains perfectionnistes ont affirmé que la perfection qui importe le plus est celle de ceux qui sont capables d’atteindre le maximum. Cette version « superman » du perfectionnisme, une vision associée à Nietzsche, donne un poids absolu à l’excellence que peut être atteint par certains.
Les critiques de la politique perfectionniste rejettent souvent l’idée qu’il existe de façons de vivre meilleures que d’autres et alertent sur les dangers de ce genre de théories sur la liberté individuelle.
La conviction que les êtres humains sont perfectibles peut conduire à tenter de les éduquer, de les convaincre, ou conduit à des drames et des sociétés totalitaires utilisant la punition pour changer le comportement individuel ou collectif.


Il est important de défendre l’idée que la démocratie soit la gestion raisonnable de gens imparfaits dans un monde imparfait. Pour améliorer les comportements, le pouvoir politique peut inciter ou faire de la pédagogie. Interdire, ou punir devient problématique, au risque d’une société autoritaire.

 

Références
1. Flett, G. L., Heisel, M. J., & Hewitt, P. L. (2014). The destructiveness of perfectionism revisited: Implications for the assessment of suicide risk and the prevention of suicide. Review of General Psychology, 18(3), 156-172.
2. Hasse, A. M., Prapavessis, H., & Owens, R. G. (2013, June 24). Domain-specificity in perfectionism: Variations across domains of life. Personality and Individual Differences, 55(2013), 711-715.
3. Arneson, R., 2000, « Perfectionism and Politics », Ethics , 111 : 37-63.

 

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Films comme documents sociologiques

 cinema sociologie


 

Les films sont une construction culturelle et ne reflètent pas la réalité, mais essaient de dessiner une réalité vraisemblable.
La sociologie et le cinéma entretiennent des liens ambigus : ils traitent souvent des mêmes objets, mais avec des points de vue, des méthodes et des objectifs différents. C'est également le cas de la littérature, un mélange subtil et complexe de sociologie et de psychologie dans un jeu de style. Dans ce sens, le cinéma est une voie d'accès à la connaissance du réel. Certains films marquent une époque, sont l'image d'un moment ou d'une tendance, deviennent un document comme une vieille photo de vacances. Il est difficile de nier le caractère sociologique de certains films comme Les Temps modernes de Chaplin.
Nous avons choisi certains films pour tracer l'évolution de notre société, des films qui ont eu le privilège d'avoir le succès populaire et la capacité de résumer un mouvement sociologique.

 

4 mariages et enterrement


1- Quatre Mariages et un enterrement

Avec Hugh Grant , Andie MacDowell , Kristin Scott Thomas, réalisé par Mike Newell en 1994.
Le passage où Hugh Grant abandonne la future mariée devant l'autel est devenu une scène d'anthologie. Grant est un homme qui refuse de se marier, acceptant le scandale, l'humiliation publique pour lui et pour la future mariée, il fait le choix de l'amour en sacrifiant les apparences sociales. À la sortie du film, cette scène est remarquée, inattendue, politiquement incorrecte. Un geste misogyne et irresponsable ?  Un geste d'amour et de romantisme qui distinguent l'homme moderne ?  


Ce film rappelle la fin de la masculinité traditionnelle héritée du 19e siècle, définissant l'homme par ses devoirs. L'homme devrait veiller au respect des conventions sociales pour être apprécié dans la société, devrait se comporter comme " un homme ", devrait négliger ses propres sentiments et ses propres intérêts pour le bien de sa famille et de la collectivité. Après deux guerres, où les hommes avaient payé le prix fort, les années 60 voient l'apparition d'un homme nouveau, qui sera capable dans les années 90 de rejeter les conventions sociales pour chercher son propre bonheur. Entre individualisme et hédonisme, le cinéma des années 2000 nous montre cet homme occidental moderne, qui refuse d'être sacrifié par la société pour le couple. Les femmes se trouvent en face d'un homme qui revendique ses droits au-delà du couple. Certaines femmes critiquent cet homme nouveau, irresponsable, sans virilité traditionnelle, immature, et irresponsable. D'autres voient une évolution inéluctable dans une société individualiste.  

 

you got a mail



2 - Vous avez un message

Un film de 1999, réalisé par Nora Ephron, avec Tom Hanks et Meg Ryan,
Dans un scénario de romance, un homme et une femme vont s'apprécier sur internet, dans une relation virtuelle et vont s'affronter dans le réel. L'intrusion des moyens modernes de communication allait métamorphoser les relations hommes-femmes et la naissance des couples. En dehors du couple, hommes et femmes s'affrontent également dans une compétition professionnelle. Le couple devient un défi.
Dans trois films, Meg Ryan va dessiner les contours de la rencontre et de la relation entre un homme et une femme dans la société occidentale. Dans Quand Harry rencontre Sally  (1989, film réalisé par Rob Reiner avec Billy Crystal), le spectateur réfléchit en souriant sur la fragilité du couple moderne, sur la difficulté de rester neutre en face de la séparation avec ses années de deuil et de frustration.
Dans le film suivant " Vous un avez un message ", l'amour triomphe, comme toujours dans les films de romance, mais dans une société différente, où les grands phagocytent les petits, où les commerces ferment sous la pression des grands magasins, laissant les quartiers et les centre-ville vides et sans activité. Le couple devient refuge, havre de paix dans une société anxiogène.
Dans le film " Nuits blanches à Seattle " 1993, réalisé par Nora Ephron
avec Meg Ryan et Tom Hanks, nous restons sur le même sujet.  Nora Ephron nous raconte la difficulté de rencontrer, de trouver la (le) partenaire, de construire un couple dans une société où il est plus probable d'être tuée dans un attentat que de trouver un homme.


 À travers ces trois romances, Meg Rayn désigne ce changement sociologique radical, le couple devient fragile, devient rare en raison de l'évolution de la société et des changements de rôle. Les femmes ne sont plus prêtes à tout sacrifier pour le couple, les hommes non plus. Pourtant, dans un monde de solitude et d'isolement, l'autre devient plus précieux, plus indispensable que jamais.

La vie est un long fleuve tranquille


3-   La vie est un long fleuve tranquille

Un film d'Étienne Chatiliez, réalisé en 1988, avec  Benoît Magimel, Valérie Lalande et Tara Römer.
Dans une petite ville vivent deux familles aussi différentes que possible, aussi caricaturales que possible. Le réalisateur réussit un film devenu culte, aux dialogues devenus proverbiaux (c'est lundi, c'est raviolis "), et chanson humoristique (Jésus revient), caricatures cruelles, et une sociologie fine.
Le film nous dévoile une société coupée en deux quartiers inconciliables, séparés par des policiers. La différence se manifeste par le comportement et le langage, par l'argent, et par la culture.
À chacun de choisir son quartier, ses traditions et sa tribu. Mais Momo devra manier deux identités presque antagonistes comme sa sœur. Voilà le problème.
 Dans d'autres films, Chatiliez, dessinera dans Tatie Danielle  (1990) une caricature sans nuances d'une nouvelle génération de personnes âgées en France, de retraités riches et en bonne santé, qui refusent d'être infantilisés ou marginalisés.
Dans son film Tanguy (2001), c'est le nouveau jeune qui sera caricaturé, le jeune qui ne veut plus quitter ses parents, les jeunes adultes immatures, qui veulent rester enfants, insupportables pour les parents. Ils refusent la responsabilité, incapables d'affronter le monde réel et la société anxiogène.  
Chatiliez est le réalisateur qui a réussi un pari difficile : décrire la société et son époque sans céder à la pensée dominante, en faisant rire et en invitant à la réflexion.

 

lost in translation


4- Lost in translation

De Sofia Coppola en 2003, avec Bill Murray, Scarlett Johansson, Giovanni Ribisi
Si vous passez quelques jours au Japon, vous allez comprendre combien Coppola a réussi à montrer l'étrangeté de Tokyo par le prisme d'un regard occidental, ville fascinante, dérangeante, anxiogène et déroutante. Il est difficile de comprendre le Japon en utilisant les repères occidentaux.


Lost in Translation est un film sur l'intimité sociale dans un environnement hostile. Le titre fait référence à la mauvaise compréhension de la communication interpersonnelle.
Charlotte (Scarlet Johansson) est incapable de communiquer émotionnellement avec son mari, préoccupé par sa carrière pour reconnaître les besoins sociaux de Charlotte et ses insécurités.
Marié, couronné de succès et approchant du crépuscule de sa carrière, Bob (Bill Murray) a perdu le sens de sa vie, guidée par des réalisateurs, par des hommes d'affaires et par sa famille. Il est désintéressé par le Japon, et par toute forme d'interaction sociale.
Bob et Charlotte se rencontrent. Leur solitude les relie et ils peuvent trouver un réconfort immédiat dans la compagnie l'un de l'autre. Ils sont capables de se comprendre. Bob danse et chante toute la nuit avec Charlotte. Bob aide Charlotte à faire face à ses insécurités en lui donnant l'interaction sociale dont elle a besoin et en lui faisant comprendre que même si la vie à son âge est remplie d'obstacles, elle " s'améliore ".
Charlotte pose doucement la tête sur l'épaule de Bob après une longue nuit d'activités festives, Bob ramène Charlotte endormie dans sa chambre. Ces scènes fournissent un sentiment de compréhension qu'aucun mot ne peut exprimer.
Lorsque Bob embrasse passionnément Charlotte à la fin du film, tout en chuchotant silencieusement à l'oreille alors qu'elle pleure son départ, nous sentons intimement leur affection et leur douleur.
Ce film nous rappelle un trait important de notre société. L'occident ne comprend pas toujours les autres, les occidentaux n'arrivent pas toujours à se comprendre, et vivent dans un isolement social douloureux. Nous ne validons pas les besoins des autres, nous recevons des autres la même invalidation accompagnée de leur indifférence.  

  amelie poulain

 

5-  Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain

De Jean-Pierre Jeunet, 2001 avec Audrey Tautou, Philippe Beautier, Régis Iacono
Il n'est pas étonnant de trouver dans les livres de psychologie positive des exemples de productions culturelles traduisant et renforçant cette notion de psychologie positive en vogue en occident depuis plusieurs années. Le film " le Fabuleux destin d'Amélie Poulain " y figure en bonne place.
Un des fondateurs de la psychologie positive Martin Seligman écrit : " Renforcer la force humaine : c'est une mission oubliée de la psychologie ".
Avant la Seconde Guerre mondiale, la psychologie avait trois missions : guérir la maladie mentale, rendre la vie personnelle plus épanouissante, et identifier et encourager les talents. Pendant des années, la psychologie se consacrait essentiellement au traitement des troubles mentaux négligeant les autres missions : améliorer la vie personnelle et nourrir les facultés positives de chacun.
Si vous devez raconter le comportement de personnes bloquées un vendredi soir dans un aéroport en raison de mauvais temps, vous avez le choix. Vous pouvez décrire des voyageurs irrités, râleurs, agressifs, et déprimés. Vous pouvez aussi décrire le positif, comme ce chanteur bloqué avec les voyageurs qui a pris sa guitare pour improviser un récital faisant chanter et applaudir les voyageurs, ou détailler l'histoire de l'hôtesse qui reste après la fin de sa longue journée de travail pour distraire les enfants et les calmer en regardant la neige. La réalité sincère serait de décrire les deux visages de cet événement et de montrer comment le positif peut nuancer le négatif. C'est le but de la psychologie positive, héritière à la fois de la psychologie et de la philosophie occidentale.
Le film Amélie poulain est une dose agréable de psychologie positive, et cultive certains talents humains utiles pour améliorer la qualité de vie et pour vivre heureux. Amélie est curieuse des autres, elle aime bien aider. Elle réussit à sortir son père de son isolement, à aider sa voisine à faire son deuil, à calmer l'épicier. Quand il s'agit de sa propre psychologie, elle est encouragée et aidée à dépasser sa timidité, pour accepter la joie de vivre, et initier une vie amoureuse.
La réussite du film dépend du son sujet, d'une association réussie de talents, et également de la bonne réception du public.
La réussite de ce film agréable et optimiste souligne l'accueil favorable du public face à ces tendances de la psychologie positive à éclairer le bon, le beau et le génial de nos vies.

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Anne avec E, des pignons verts

anne with E


 

Une nouvelle fois, une agréable série à partir de la littérature canadienne anglophone. Anne avec E est disponible chez Netflix , en deux saisons, d'après le roman Anne ou la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery (1874-1942).

Cette auteur d'origine canadienne pour ses livres pour la jeunesse est mieux bien connue dans les pays anglo-saxons et aussi au Japon, où ses livres font partie des textes proposés dans l'enseignement en littérature étrangère. Le roman " Anne " est écrit en 1905 et finira par trouver son public à partir de 1908.

 


Lucy Maud Montgomery : Expérience humaine commune

Maud avait 21 mois quand sa mère, Clara Woolner Macneill, fut victime de la tuberculose. Son père quitte bientôt sa fille en bas âge laissée aux bons soins de ses grands-parents maternels, pour fonder une nouvelle famille à Saskatchewan.
La jeune Lucy passe son enfance sur l'ile st Jean (ou l'ile du prince Edouard) auprès de ses grands-parents. Délaissée par son père, elle trouve refuge dans le monde imaginaire de la littérature.
Comme son plus célèbre personnage de fiction, Anne, l'auteure a passé une grande partie de son enfance à jouer à l'extérieure de la maison, à explorer les forets et à regarder les saisons colorer les paysages de l'île.
Elle commence vers 1890 à écrire elle-même des poèmes qui seront publiés dans les journaux locaux. Elle suivra une formation pour devenir enseignante. Devenue épouse et mère, elle écrira de nombreux romans. La série Anne des pignons verts " Anne of Green Gables " fut vendue à plus de 50 millions d'exemplaires dans le monde, faisant partie d'un héritage culturel incontournable dans la littérature pour enfant. Elle est à l'origine d'une pièce de théâtre qui resta à l'affiche pendant de nombreuses années, et d'une adaptation, dans un film muet en 1919.
Montgomery réussit un roman d'enfance, destiné aux adultes et aux enfants, animé d'ambitions, de rêves, et d'imagination. Sur le plan du style, il s'agit d'un roman de forme classique, où le temps avance d'une façon linéaire.   

Lucy Maud Montgomery

 


Elle raconte l'histoire d'Anne, une petite orpheline de 12 ans qui se voit entrer dans une famille de fermier, par hasard. La fillette ne laissera pas passer sa chance d'avoir une " vraie " famille et charmera Mathieu et sa sœur par sa vivacité d'esprit, sa joie de vivre, et son prodigieux vocabulaire. Elle se révélera une enfant attachante et saura cultiver l'affection de sa nouvelle famille.
Pour le couple, des fermiers, à l'opposé de la fillette, réservé et distant, la jeune Anne deviendra le centre d'une vie plus animée que leur existence précédente, austère et isolée. Ce personnage plein de joie et d'émotions est un mélange de " fifi brin d'acier " et du bon du " petit diable " de la comtesse de Ségur.
Mark Twain dira de l'héroïne de ce roman : " C'est l'enfant la plus attachante, émouvante et délicieuse depuis l'immortelle Alice "  

mark twain Anne Montgomery


Bon sentiment, joie de vivre, amour de la nature, et esprit positif voila l'essentiel des  aventures de la petite Anne qui plairont aux jeunes comme aux plus âgés. L'imagination d'Anne est son alliée. Son imaginaire riche et coloré améliore sa réalité, la porte parfois un peu trop loin. Anne est une femme du 20e siècle, elle allait changer bien de choses.

Dans cette série de livres, Montgomery retrace également la relation entre Anne et Gilbert, amis d'enfance, leur éducation, leur relation. Conforme aux règles sociales du début du XXe siècle, Anne semble moderne, en particulier dans son indépendance et de ses ambitions. Son impulsivité la place dans des situations difficiles, elle trouve les solutions à travers son discours, et à l'aide de sa capacité à évaluer la personnalité des autres. Ces talents l'aident à se faire accepter de la communauté, gagner le respect des élèves, et  à atteindre d'autres objectifs .
La réception critique de Montgomery a été mitigée. Certains ont qualifié ses œuvres de non-littéraires, stigmatisant son utilisation excessive des sentiments, de la prose fleurie  et certaines incohérences.
Les intrigues et les personnages de Montgomery sont parfois incohérents. Cependant, la plupart des critiques, la félicitent comme un vrai conteur dont le charme et l'honnêteté transcendent les défauts.

 

anne green gables


"La jeunesse n'est pas une chose disparue", écrivait  Montgomery, "mais  quelque chose qui demeure pour toujours dans le cœur. " Elle retrace ainsi l'expérience  de l'enfance, de la jeunesse, comme  une expérience commune à tous les êtres humains.
D'autres écrivains ont écrit sur cette expérience commune de jeunesse, comme :  
- Little House on the Prairie (1935), roman de Laura Ingalls  Wilder, qui raconte la vie d'une famille dans l'Ouest des États-Unis à  la fin du XIXe siècle.
- To Kill a Mockingbird (1960), de Harper Lee, qui raconte son enfance au sein des tensions raciales dans l' Alabama quand elle avait 10 ans.
- Other Voices, Other Rooms (1948), roman de Truman Capote
- Claudine à l'école (1900). Ce roman de Colette comme ses autres romans Claudine dessinent une esquisse autobiographique d'une petite petite fille qui grandit en France au début du 20ème siècle.

 

anne pignons verts

 


Anne avec E

L'adaptation de Netflix est une réussite qui transmet au spectateur la joie de vivre d'Anne, son exubérance, ses excès d'imagination, et l'ambiance de ces régions canadiennes au début du siècle, navigant entre traditions et modernité, embrassant un siècle escorté de profondes mutations sociales et technologiques.      
Saluons la vivacité de la littérature canadienne anglophone, qui semble trouver dans les séries télévisées une nouvelle jeunesse et un moyen efficace de large diffusion comme Heartland (11e saison) à partir de livres de Lauren Brooke, ou le cœur a ses raisons " When calls the heart de  Janette Oke, en 4 saisons.


Bibliographie
Barry, Wendy E., Margaret Ann Doody, and Mary E. Doody Jones, eds. The Annotated "Anne of Green Gables," by L. M. Montgomery. New York : Oxford University Press, 1997
Bruce, Harry. Maud : The Life of L. M. Montgomery. New York : Bantam Books, 1994. A thorough look at Montgomery's life and career and the society and culture of her time.

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De Freud à Bizet : provocante Carmen

 

carmen


 

 

L'année 1886, année où Freud reçut son diplôme de la faculté à de médecine de l'Université de Vienne est l'année où le livre " Psychopathia Sexualis " du sexologue Krafft-Ebing fit son apparition. Freud dira qu'il avait acheté quatre exemplaires de ce livre, les remarques de Freud et les traits de ses crayons sont présents sur les plages du livre.
Quand Freud présente un article scientifique sur la genèse de la maladie hystérique à Vienne à la société de psychiatrie de neurologie en 1896, Krafft-Ebing, le grand sexologue de l'époque en Europe, était président de cette société. Ebing condamne vivement ce travail en le qualifiant de conte de fées scientifique. Freud répondit en privé : " Ils peuvent tous aller en enfer. "
Blessé par la moquerie de Krafft-Ebing, Freud continua ses recherches cliniques et sexologiques,
et finit par devenir l'un de grands penseurs en occident, le fondateur de la psychanalyse, et de la sexologie moderne.
Progressivement, Freud allait rendre la sexualité acceptable socialement, scientifiquement en normalisant le contenu des pensées sexuelles et des gestes érotiques. En étudiant les fantasmes sexuels, il explore leurs origines et leurs rôles sans formuler de jugement moral, alors que Krafft-Ebing avait tenté la même approche, mais jugeait une partie de la sexualité humaine comme anormale ou dégénéré.  



Le cas de Frau P J

En 1895, Freud décrit le cas d'une jeune chanteuse d'opéra Frau  P.J., jeune mariée
dont le mari travaillait comme vendeur itinérant. Il voyageait beaucoup et laissait sa jeune épouse seule.
La jeune chanteuse d'opéra est embauchée pour Carmen l'opéra de Georges Bizet écrit en 1875, devenu un grand succès populaire.   
Elle commence à travailler et étudier le fameux passage de la " Séguedille " de Carmen. À son grand étonnement, elle a soudainement, senti son corps s'agiter d'une sensation étrange. Pendant la répétition de cette mélodie, elle a eu la surprise d'avoir un orgasme. Cette surprise trouble fortement la jeune femme, et l'oblige à modifier ses répétitions pour éviter la gêne d'un éventuel orgasme en public ou pendant la répétition devant musiciens et ténors.  


Après avoir consulté les médecins de Vienne, en désespoir de cause, Frau P.J. prit consulte le jeune neurologue Freud. Le jeune médecin note combien la jeune femme est bouleversée par cette réaction inhabituelle et si difficile à justifier en société. Freud va mettre ses talents de détective en œuvre en commençant déjà par écouter la patiente, attentivement, avec respect et empathie sans jugement moral.
Comme les autres femmes de l'époque, Frau P.J s s'est mariée vierge, elle n'a ses premières relations sexuelles qu'avec son mari. Elle a alors entamé une vie sexuelle pleine et sans contrainte, mais l'absence régulière de son mari provoquait chez elle, un sentiment de privation et une grande frustration sexuelle.
Selon Freud, les fantasmes sexuels peuvent traduire le manque d'épanouissement sexuel. Le fantasme sexuel peut servir de moyen de satisfaire un souhait frustré.
Il découvre qu'il ne s'agit pas d'un orgasme inopportun provoqué par la vue d'un chanteur ou d'un musicien, ni par un contact ou échange avec un homme ou une femme, mais par les paroles mêmes de la chanson Carmen, et spécialement les paroles du passage de la Séguedille où Carmen souhaite rencontrer un amoureux capable de la satisfaire, de satisfaire son désir.


Carmen décrit sa rêverie ou son fantasme, chante les joies d'être réunie avec son amant. Carmen explique :
" j'irai danser la séguedille
et boire du Manzanilla,
j'irai chez mon ami Lillas Pastia.
Oui, mais toute seule on s'ennuie,
et les vrais plaisirs sont à deux;
donc pour me tenir compagnie,
j'emmènerai mon amoureux!
Mon amoureux ! Il est au diable !
Je l'ai mis à la porte hier !
Mon pauvre coeur, très consolable,
mon coeur est libre comme l'air!
J'ai des galants à la douzaine ;
mais ils ne sont pas à mon gré.
Voici la fin de la semaine:
Qui veut m'aimer? Je l'aimerai!
Qui veut mon âme? Elle est à prendre!
Vous arrivez au bon moment!
Je n'ai guère le temps d'attendre,
car avec mon nouvel amant
près des remparts de Séville,
chez mon ami Lillas Pastia,
j'irai danser la séguedille
et boire du Manzanilla,
dimanche, j'irai chez mon ami Pastia! "



Freud s'est rendu-compte que les paroles de l'opéra exprimant le désir et les fantasmes de Carmen et suscitaient dans l'esprit et dans le corps de Mme PJ le désir d'être en couple, d'être avec le mari absent. Ces paroles traduisent la douleur de la séparation et les fantasmes de s'unir à son amoureux.
Étrangement, la situation fictive de Carmen reflétait la situation réelle, et le vécu de la patiente viennoise nouvellement mariée, abandonnée par un mari voyageur, et désireuse d'être avec lui.
Selon Freud, le fantasme sexuel et l'orgasme pendant la répétition de la "Séguedille" de Carmen traduisent le désir sexuel de Mme PJ et une fonction de compensation où l'organisme se défend du manque par un orgasme involontaire et imprévu.


Nous ne savons pas ce que Freud proposa à la patiente au-delà de l'explication pour répondre à ses attentes, mais nous savons qu'il a forgé le terme fantasmes, qu'il a expliqué et détaillé les fantasmes et surtout qu'il a défendu l'idée qu'il s'agit d'une sexualité normale qui ne devait pas être culpabilisée ni stigmatisée.  


Est-ce que Bizet aurait imaginé cet effet en mettant en musique son chef d'œuvre Carmen ?  
De nombreuses cantatrices ont chanté Carmen, rien n'indique qu'elles ont bénéficié de cette même réaction. Oui, la musique de Bizet est entraînante, les paroles provocantes pouvant faire chavirer, mais l'orgasme de Mme PJ n'est pas un effet constant de cet opéra.

 

 

 

 

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Mad men : le temps retrouvé

mad men femmes

 

 

En lisant les critiques, concernant cette série, vous pouvez être étonnés, certaines critiques sérieuses n'hésitent pas à qualifier " Mad men " de chef-d'œuvre, série télé la plus importante de ces dernières années. Pourtant, cette série ne bénéficie pas d'un soutien politique ou philosophique comme les séries qui traitent de sujet d'actualité ou de sujet sensible. C'est une série apolitique, sans action, ni violence ou drame. Pourtant, elle fait partie des séries les plus regardées sur les plateformes de visionnage avec Game of Thrones, The Handmaid' s Tale et The Americans.

 

mad men proust

 

Le temps retrouvé


Dans le temps retrouvé, Proust liait le temps à la mémoire, aux détails de nos souvenirs. Comme Freud, il voyait la vie comme un temps chargé de souvenirs, d'impressions, l'humain devient anatomie, action et mémoires.    
C'est une série sur l'univers de la publicité. Mad est l'abréviation de Madison Avenue, le centre des affaires de la publicité. C'est un spectacle sur les rôles, le temps, le genre, une visite chronologique de la société américaine de l'après-guerre, une histoire d'amour et de haine.

La série commence par une scène au restaurant, Don Draper entouré de ses collaborateurs, discutent de leur métier : la publicité. Lorsque vous essayez de vendre aux gens quelque chose, qu'est-ce que vous leur vendez vraiment ?? Les gens achètent le plaisir qu'ils espèrent trouver. Voilà le travail de ces mad men, vendre le plaisir éphémère d'une barre chocolatée, ou le goût d'un voyage en achetant une voiture. Vous n'achetez pas un projecteur de diapositives Kodak, vous achetez les souvenirs illustrés par les photos de votre dernier voyage ou de vos vacances. Retrouver le temps, retrouver le plaisir qui accompagne ce moment passé. Voilà la publicité.  

Mad Men c'est le temps retrouvé, les années 60, un monde sophistiqué, une époque où vous pouvez fumer dans les restaurants, où les médecins hésitent encore à prescrire la pilule, où les femmes restent à la maison, et où le couple marié représente la norme.


Cette série raconte l'histoire de Don Drapper un self-made-man, parti de rien, génial créatif au sein d'une agence de publicité. Le monde de l'entreprise des années 60, monde d'hommes à fort caractère, monde de confrontation, chacun doit démontrer sa valeur, sa capacité et son efficacité.
Les femmes dans l'entreprise sont secrétaires, standardistes ou maîtresses. Le début de l'immixtion, les femmes douées deviennent créatives comme Peggy, qui passe de secrétaire à chef du service.  
Nous assistons aux événements qui ont marqué les Etats Unis : campagne électorale Kennedy-Nixon, atterrissage sur la lune, assassinat de Kennedy. Nous vivons l'enfance de Don, sa jeunesse et la guerre de Corée. De même pour les autres personnages, nous suivons leur évolution, leurs couples, et leurs aventures extraconjugales.   

 

mad men equipe

 

En dépit d'un souci étonnant des détails de ces années, la série nous raconte le monde incertain de l'entreprise, la difficulté à s'adapter, les prises de risque.  
L'ascension professionnelle de Don est fulgurante, mais sa vie personnelle est loin d'être idéale. Marié à une jolie femme (ex-mannequin) dépressive qui s'ennuie entre la maison et leurs deux enfants, cette belle façade finira par se fissurer.
On admire le soin de la réalisation à retrouver les détails : les hommes des années 60 sont élégants en costume- cravates, les femmes en robes aux couleurs chatoyantes, dans des décors lumineux aux coloris complémentaires, harmonieuses, des bureaux minimalistes de style " scandinave ", décors et ameublements, vêtements nous charment par leur grande justesse et nous plongent dans la nostalgie de cette époque passée.

Mad men trace l'évolution de la condition féminine. Les épouses qui restent à la maison pour élever les enfants, qui se maquillent le soir avant le retour du mari, qui se mettent en nuisette avant de rejoindre le lit. Certaines s'ennuient et désirent travailler, d'autres travaillent et regrettent que le travail les empêche de rencontrer et de faire un couple. Mad men accompagnent plusieurs femmes : Peggy Olson (Elisabeth Moss), qui construit sa carrière à force de talent et de travail, Joan Holloway (Christina Hendricks) qui accepte tout pour arriver, l'épouse Betty Draper (Jones Janvier), modèle d'épouse frustrée par son manque de décision. Ces femmes vont progressivement entrer ce monde d'hommes, sortir de la maison, bénéficier de leur liberté, en acceptant le stress, l'épuisement, et même la solitude engendrée par le travail. La série excelle dans le suspense de la vie quotidienne en ajoutant au spectacle une vraisemblance étonnante. Cette obsession des détails devient le décor, puis un élément important du scénario devient une approche de l'histoire et des caractères.

Le progrès est là, chacun doit s'adapter, avec le bon et le moins bon. Quand le premier ordinateur arrive dans l'agence, les secrétaires redoutent la disparition de la machine à taper. Arrivée de la première photocopieuse, la place de la radio dans la vie quotidienne réduite par la survenue de la télévision qu'on traite de mode " éphémère ", les voitures de plus en plus grandes, de plus en plus confortables remplaçant les trains.
Nous assistons à l'apparition d'une contre-culture, le début de l'anti- consommation, anti-pub, les mouvements écologistes, et la lutte pour les droits civiques des noirs aux USA.

 

Mad Men est une construction entre deux personnages Don et Peggy, un homme et une femme, comme un reflet de miroir. À travers Peggy, Mad men nous raconte le féminisme de cette époque, l'apparition des femmes comme acteur social indépendant. Les femmes talentueuses prennent l'ascenseur social, d'autres préfèrent le modèle traditionnel de la femme au foyer, certaines femmes arrivent en acceptant de partager leur lit pour avoir quelques avantages.     
À partir de la la quatrième saison, Mad Men recueille le prix du scénario, et d'interprétation. L'audience est là, la série va encore nous surprendre.

 

mad men


La saison cinq et les saisons suivantes vont être plus expérimentales, plus jeunes et plus rythmées. Don se remarie avec sa secrétaire Megan, le cabinet fusionne avec d'autres entreprises. Ce changement reflète les mutations culturelles de ces années : liberté sexuelle, famille recomposée, etc. Les costumes des années 1966 sont vifs, moins classiques, et parfois extravagants. Megan la québécoise symbolise ces mutations, par son comportement, ses valeurs et ses attentes. Mad Men nous raconte ses années en quelques mots : séduction, pouvoir de la jeunesse, soif de changement.
L'ascension du pouvoir économique de la Californie souligne une importante évolution des USA.  Mad men suit la fin de la domination de la côte Est, et l'apparition d'une culture et d'un style de vie différents.

 

mad men megan

 

Loin d'être un exercice béat dans la nostalgie, Mad Men montre comment le temps peut modifier les règles non- dites d'une culture, modifier les relations, changer les personnes peu à peu. Le quotidien devient le reflet de la vie qui passe jour à jour. On assiste à une étude détaillée de la complexité de l'autonomie financière, personnelle, et émotionnelle. On pense être autonome, indépendant, on découvre les limites de ce jeu. Aucun personnage n'est positif ou négatif, les nuances de gris colorent la vie et le comportement.
Nous voyons un miroir de notre propre temps troublé dans ses personnages aliénés, à la dérive, dans une époque d'insécurité. Ils ont les mêmes problèmes que nous : perte ou changement de travail, problèmes d'identité, de couple, de sexualité, d'autoréalisation.  

Dans ce temps retrouvé, Mad Men nous rappelle que l'avenir est un voyage à travers l'inconnu. Votre profession peut être transformée par l'innovation technologique, votre pays peut se piéger dans une guerre étrangère ou dans une guerre civile absurde, votre mode de vie peut être attaquée par une idéologie, votre couple peut disparaître sans en comprendre la cause.

 

Voilà probablement le mot clé de la réussite de ce feuilleton : parler du passé pour analyser notre quotidien.
La survie devient notre obsession.
La survie, n'est-ce pas la condition de tout humain dès l'origine de l'humanité ?

 

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Ladies' Paradise, Zola, Baudrillard, le féminisme du shopping

Paradise zola

 

 

Denise, jeune femme fraîchement débarquée de sa province vient pour travailler avec son oncle. Les affaires vont mal depuis que le Paradis a ouvert ses portes, premier grand magasin à Paris, où les femmes trouvent leur bonheur.
Denise va faire connaissance avec Monsieur Moray, son nouvel employeur, plein d'entrain en ce qui concerne ses magasins, un personnage secret et taciturne depuis le décès de sa femme. Attiré par Denise, il refuse de remarier avec la riche Catherine.
The Paradise, est une série britannique en deux saisons , sur BBC One diffusée en 2012 - 2013, adaptation du célèbre roman d'Émile Zola, qui retrace la naissance des grands magasins, de la consommation, du marketing dans un décor pastel, où acheter devient synonyme d'émancipation féminine.


Au bonheur des dames

Émile Zola publia ce roman en 1883, en proposant une histoire romantique dans le monde des grands magasins, innovation du Second Empire. Ce roman fut traduit en anglais sous le titre Ladies' Paradise.
Denise se fait embaucher au Bonheur des Dames, grand magasin de prêt-à-porter féminin, découvre le monde cruel des petites vendeuses, la précarité de l'emploi et assiste au développement exponentiel de ce magasin et à la mort du petit commerce. Elle suscite l'intérêt du directeur du magasin, Octave, qui lui confie de plus en plus de responsabilités. Elle refuse de devenir sa maîtresse, mais finit par accepter sa demande en mariage.
Sous le Second Empire, on créa à Paris des grands boulevards, des places dégagées et des parcs et des grands magasins permettant de vendre une grande variété de produits. Zola décrit ses magasins qui cherchent à séduire les bourgeois, à l'aide de la publicité et de la guerre des prix poussant les femmes à toujours plus de consommation.
Zola cherchait à raconter l'histoire d'un grand magasin, qui grignote progressivement les commerces alentour, sa stratégie commerciale, les présentations des produits et les techniques de marketing. Zola décrit dans ce roman les rouages d'une société capitaliste où l'argent est le moteur principal des relations économiques et humaines.

 

zola citation bonheur des dames


Le rôle de l'argent devient déterminant dans cette société motivée par les primes et l'intéressement. Zola construit un roman d'analyse sans pessimisme, admettant que la machine capitaliste peut être utile pour augmenter la richesse, et améliorer les conditions des travailleurs. Zola fait de la jeune fille et de son patron amoureux le symbole du modernisme et des crises qu'il suscite. Personne ne pourra plus entrer dans un grand magasin sans ressentir ce que Zola raconte avec génie : les fourmillements de la vie.
Zola critique le mercantilisme, ces populations urbaines assoiffées de consommation, l'enrichissement de la bourgeoisie au détriment des travailleurs, la pulsion de consommation qui devient synonyme d'émancipation et de liberté. Dans cette société, la liberté devient synonyme de la capacité à exprimer ses désirs et à les satisfaire au risque de finir dans l'impasse, dans une inéluctable frustration.

 

Baudrillard, toujours d'actualité  

Des années après la mort de Jean Baudrillard, il est surprenant de voir ses idées et ses citations présentes sur les réseaux sociaux, quand il s'agit d'expliquer la transformation de notre réalité, notre rapport au texte, au sexe, à la politique, à l'amour, à la consommation, et aux mouvements qui traversent nos sociétés.
Il est également étonnant de voir combien les travaux de ce Rémois sont encore enseignés et analysés dans les universités et les médias, y compris à l'étranger.  
Baudrillard voyait le féminisme comme un mouvement de gauche, un mouvement de l'état providence.  Sans la gauche, le féminisme risque de finir par vendre des chaussures et des sacs à main, selon lui.  Il voyait dans ce féminisme le risque d'englober la femme un peu plus dans la société de consommation.    
Baudrillard souligne l'incapacité d'émancipation des vieux idéaux, dans une société de domination économique et culturelle, et dans une société d'individualité.

 

laidies Paradise

 

Le bonheur des dames au shopping !!


La société de consommation a rattrapé les femmes. Depuis quelques mois, on assiste à des discussions étonnantes. La société devient paternaliste avec les femmes pour les protéger après les avoir transformées en victimes. Une nouvelle domination qui permet la création de nouveaux marchés " spécial femme ". Une île exclusivement réservée aux femmes en Finlande (SuperShe Island), taxis pour femmes à Londres ou à Beyrouth, rames de métro séparées pour les femmes au Japon, au Mexique, au Brésil, Égypte et Iran.  

Nous sommes à nouveau dans les analyses de Zola et de Baudrillard, où la séduction occupe une place primordiale dans la vie des femmes, les obligeant à accorder une place toujours plus grande à la consommation, un monde où elles sont objets plus que sujets.

 Le féminisme prisonnier dans Paradise ? Où se trouve le bonheur des dames ? Sans doute, dans une société différente, qui nécessite mobilisation et réflexion au-delà de slogans faciles.

 

 

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" Les heures sombres " : un grand film tout simplement

 

les heures sombres bande affiche

 

 

Avec Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn, Lily James, le réalisateur d'orgueil et préjugés en 2005 Joe Wright nous livre à nouveau un excellent film. La première partie du film, est rythmée et efficace, film sorti en France début 2018.


D'une main de maître, il dirige ses acteurs, mettant en scène les discours au parlement, le contraste entre le Churchill le lyrique devant les députés et le Churchill l'homme isolé qui doute.
Le récit politique se mue en une fable épique, glorifiant unité et l'unanimité des Britanniques sans se soucier de certains détails historiques. Le roi s'est rallié rapidement à Churchill, et la totalité du peuple britannique adhère à la lutte contre le nazisme, voilà les deux thèmes du récit national britannique pendant ces heures sombres.

 

les heures sombres Churchill roi


Une dose de patriotisme, d'émotion, et souvenir de ces soldats morts pour la liberté. La culture qui dessine l'âme d'un pays ; voilà comment Joe Wright signe un chef d'œuvre, subtile et original, et émouvant.

En mai 1940, les Allemands progressent en France et poussent les armées vers la Manche. Le premier ministre Chamberlain en minorité à la chambre, seul Churchill fut accepté pour endosser la défaite. L'armée française en difficulté, l'armée britannique piégée à Dunkerque. Des heures sombres pour l'Europe et pour la liberté.    
Le film de Wright traite de ces jours qui opposent Churchill à son ministre des affaires étrangères Edward Halifax.
Le scénario s'articule sur les trois discours que Winston Churchill a prononcés en mai et juin 1940 à la Chambre des Communes.

Dès le 9 mai, Halifax déplore l'état de guerre et suggère une négociation avec Hitler. Halifax prend la tête de la fronde. Churchill est obligé d'accepter que Halifax étudie les conditions de Mussolini le 25 mai par son ambassadeur à Londres, Giuseppe Bastianini. Le cabinet décide, le 28 mai, de rédiger une demande officielle de médiation au gouvernement italien pendant que Churchill lui-même se trouve dans un état de totale indécision.

 

les heures sombres Churchill


Dans ce film, Churchill prend le métro, pour la première fois. Reconnu et salué, il demande aux voyageurs " comment ils tiennent le coup ", leur détermination et leur confiance offrent au premier ministre le courage d'affronter les députés. Chamberlain lève son veto et son mouchoir, signe convenu pour déclencher les applaudissements des députés conservateurs. Halifax va conclure par la fameuse phrase que Churchill a mobilisé le pays mais aussi " mobilisé la langue anglaise ".

Gary Oldman est parfait en Winston Churchill. Il se glisse dans les habits de ce géant. L'acteur restitue la vivacité d'esprit, l'optimisme sans faille de cet homme politique quand son entourage tente de baisser les bras et de négocier avec Hitler. Nous retrouvons le grand homme avec son mauvais caractère, son égocentrisme, son mépris des bonnes manières et son attachement à l'efficacité. Churchill acculé, doit-il continuer le combat à Dunkerque et sacrifier d'innombrables vies au nom de la liberté, ou négocier avec Hitler ?
Oldman excelle par la voix et le geste, un Oscar a récompensé cette performance.


Joe Wright tente de montrer le conflit interne, les doutes, la solitude du chef du gouvernement. Le scénario invente une scène belle, émouvante, et naïve quand Churchill prend le métro, discute avec les citoyens pour découvrir qu'ils ne veulent pas de compromis avec les nazies, refusent de se soumettre à Hitler. Churchill prononce ensuite son fameux discours au début de la guerre. La beauté des images et des décors enchantent le film, les images claires obscures sont démonstratives, parfois trop.

 

les heures sombres winston Churchill

 


Les joutes verbales sublimées par la beauté de la langue anglaise enchantent la chambre et le spectateur.
À son crédit, les heures sombres reconnaît que Churchill, une fois confronté à Halifax, ministre des Affaires étrangères , a étudié un projet de négociation avec Hitler. Cette initiative a été pondérée par des événements intérieurs et surtout en France, permettant par la suite à Churchill de prétendre qu'il n'a jamais hésité.

Avec le " miracle " de Dunkerque, et le début de la riposte de l'armée, l'espoir peut naître. Halifax, maintenu au Foreign Office dans l'intérêt de l'unité de parti conservateur devient une figure isolée au sein du gouvernement.
Ce film a le mérite à nous rappeler, dans une époque de " Trumpisation " l'importance du verbe, comment les discours de ce grand homme ont entraîné son pays dans une résistance héroïque. Le film met l'accent sur l'indispensable enracinement des hommes politiques dans la culture et l'histoire de leur pays et comment la volonté et l'optimisme sont indispensables pour forger un grand dirigeant.


En glorifiant la politique et les dirigeants sincères et efficaces, le film rappelle leurs moments d'hésitation et de solitudes, mais aussi leur réelle force : la confiance et adhésion des citoyens dans leurs grands hommes d'état.

 

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Downton Abbey ; une douleur nommée progrès

Downton Abbey serie

 

Cette délicieuse série met en scène la vie de la famille Crawley et de leurs domestiques entre le 15 avril 1912 (date du naufrage du Titanic) et le 31 décembre 1925 à Downton Abbey, une vaste demeure de l'aristocratie anglaise située dans le Yorkshire.
En France, cette série a été diffusée en partie sur TMC, partie sur TV Breizh ,  HD1 puis la dernière saison sur Arte. Depuis 2017, elle est diffusée sur Netflix.
La première saison commence alors que les héritiers de Downton Abbey ont péri lors du naufrage du Titanic. La famille Crawley se retrouve dans une situation délicate : le domaine doit intégralement passer à un héritier mâle, le titre de Comte de Grantham, le domaine et la fortune de la famille étant indissociables. Les trois jeunes filles de la famille ne peuvent prétendre ni au titre ni à l'héritage. Matthew Crawley, un cousin éloigné, devient le nouvel héritier. Il arrive à Downton Abbey où il découvre un style de vie nouveau pour lui, avec des règles très strictes qui régissent la vie entre aristocrates et serviteurs.
L'abbaye de Downton joue le divertissement, et non pas le documentaire. Julian Fellowes, le créateur du scénario a réussi la conception d'une série qui raconte le quotidien d'un pays - maison début du 20e siècle, où aristocratie et domestiques vivaient sur deux orbites séparées, mais  interconnectées. Il a réussi à créer une série prestigieuse et attachante.  

 

Downton Abbey mariage

 

Les changements au 20e siècle

La France parle discrètement de l'aristocratie. La Révolution française, puis les républiques ont fini par rendre l'aristocratie un sujet préférentiellement historique plutôt que social.
Dans son roman, le chef d'œuvre, la recherche du temps perdu, Proust décrit au début du 20e siècle la fragilisation progressive de l'aristocratie et l'installation au pouvoir économique et social de la classe moyenne, de la bourgeoisie.    
La situation semble différente dans un pays monarchique comme l'Angleterre.   
La demeure Downton est divisée entre maîtres et domestiques. Chacun son rôle, les relations entre major d'homme, valets, cuisinières, chauffeurs et les ladys, le duc et la duchesse sont courtoises et professionnelles. La demeure imposante vacille devant les changements du monde. La série adhère au calendrier avec intelligence. Les événements extérieurs vont façonner le quotidien de la maison. Après le Titanic, qui va mettre en doute l'idée de progrès infaillible, l'électricité arrive au château avec son éclairage éblouissant, Comment toucher l'interrupteur en évitant un choc électrique ? Faut-il parler des bougies avec nostalgie ? Il est facile de trouver la même idée dans des romans japonais où l'on critiquait le progrès qui a supprimé les ombres.
La critique du progrès dans Downton est moins violente que dans les romans japonais. Pourtant, lutter contre ce progrès permanent devient en soi une lutte pour transmettre, pour sauver sa qualité de vie.
Adapter le progrès à nos vies, à nos héritages, adapter nos vies au progrès, voilà l'enjeu de chaque jour.

La Première Guerre mondiale représente l'axe principal de toute la deuxième saison, avec son cortège de victimes et de souffrance. Le sacrifice des Anglais dans la Somme est célébré ; le progrès devient problématique dans cette première guerre d'acier, d'avions, et de Gaz toxique. Les hommes au front, les femmes agissent pour combler le vide et assurer le quotidien. Voilà le début d'une spectaculaire mutation de la condition féminine.  
La guerre allait tout changer en Europe, en Angleterre et à Downton.  La classe ouvrière réclame des changements de société. Les requêtes féminines revendiquent le droit de vote. L'apparition du socialisme en tant qu'idée nouvelle combattue comme idéologie violente et meurtrière après la révolution russe et l'assassinat du tsar et de sa famille.

 

Downton Abbey recital

 


La situation économique après la première guerre va bouleversée ces grands domaines obligés pour survivre de passer d'une économie de rente à une économie de production.  
Violette Crawley, la duchesse douairière répète : " Mais bon, nous n'avons pas toujours le sort que nous méritons ". Comment survivre dans ce monde si changeant ? Que faut-il accepter ? Que convient-il de refuser ? La cuisine s'enrichit d'un réfrigérateur, d'un batteur électrique, le téléphone est installé, le fer à friser modifie la coiffure des femmes, les voitures remplacent les calèches.
La série relate également la naissance de la république irlandaise, les classes sociales qui se heurtent quand lady Sybil se marie avec son chauffeur irlandais bravant ainsi les limites de sa classe sociale.   
Un réel romancé

Dans  Downton, le nombre de domestiques a été délibérément réduit pour simplifier le récit. Les domestiques sont des travailleurs, amis fidèles de la famille mais vivant en huit clos avec intrigues et complots. La dévotion paternelle du maître d'hôtel célibataire montre comment les enfants de son maître sont devenus aussi ses enfants. La dévotion va dans les deux sens  : le duc Grantham soutient son valet, un soldat blessé, contre vent et marée.

 

Downton Abbey duchesse

 

Fellowes capte brillamment la dépendance du duc Grantham à son valet et celle de Madame Grantham à l'égard de sa femme de chambre. Ces travailleurs, historiquement désignés sous le nom de " domestiques " ont aidé leurs employeurs à se baigner, à s'habiller, à se préparer au monde extérieur.
Le duc résume son rôle. " Nous sommes des passeurs, nous sommes là pour préserver le domaine et le transmettre. Sur le plan économique, nous devons être utiles et justes, créer des emplois et faire vivre le village. Sur le plan politique, soutenir la monarchie et défendre son pays. "   
Cette aristocratie se retrouve, comme les domestiques et les autres habitants face à cette douleur nommée progrès. Les radios arrivent, les médias se multiplient, la classe ouvrière réclame des droits, la condition féminine change, l'école modifie le destin de la jeune génération, les domestiques quittent le château pour devenir ouvriers, employés ou fonctionnaires. Les mariages au sein de cette famille sont le témoignage de l'affaiblissement de la classe aristocratique, et l'accès de la classe moyenne au pouvoir économique puis politique.  


Épisode après épisode, la série devient romanesque, prestigieuse, attachante, sans violence verbale ni physique, sans nudité ni action, une série à part, où de veilles femmes discutent comme dans les romans d'Agata Christie, où les amoureux badinent comme dans les romans d'Austen, où le temps passe et modifie les choses comme dans les grandes sagas.  

Downton Abbey noel

      

Le progrès : une difficulté indispensable

Dans une autre série, de bonne qualité, the Crown, les spectateurs assistent aux changements de la monarchie britannique imposés par le progrès dès la Première Guerre mondiale. En France, le progrès et les changements étaient identiques sur le plan social, économique et politique.
Le duc de Downton dit : j'ai l'impression d'être un animal dont son environnement naturel a disparu, situation à laquelle il devrait s'adapter.
Nous aussi, nous voyons les écrans envahir nos vies, la numérisation modifier nos milieux de travail, et bientôt l'intelligence artificielle ajoutera à ces changements une nouvelle vague de nouveauté, avec son cortège d'avantages et d'inconvénients.

On continuera à parler du progrès, à le subir, et  s'adapter.
Peut-on faire autrement ?       

 

 

 

 

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Atwood, la servante écarlate affronte Trump

servante ecarlate robe rouge

 

 


Les servantes apparaissent partout, dans les manifestations féministes, sur les réseaux sociaux, et sur les sites internet comme symbole de résistance et de révolte à l'oppression. Le roman d'Atwood (la servante écarlate) est à nouveau dans les listes des best-sellers, depuis l'élection du président Trump . En mars, des femmes ont enfilé les robes rouges pour protester contre les projets de loi proposés aux États - Unis qui porteraient atteinte aux droits des femmes selon ses manifestantes.

The Handmaids tale serie film


Au fil des années, "The Handmaid's Tale" a pris plusieurs formes. Ce livre a été traduit en 40 langues. Il a été adapté en film en 1990. Il a été joué sous forme d'opéra, et également de ballet. Il est transformé en un roman graphique. Et en avril 2017, cela devient une série de télévision MGM / Hulu.

 

La servante écarlate :  un roman féministe anti-dictature  

Margaret Atwood, née au Canada à Ottawa en 1939, auteur d'une quarantaine de livres. Traduite dans cinquante langues, on trouve ses livres en français surtout chez Robert Laffont : C'est le cœur qui lâche en dernier (2017), MaddAddam (2014), Le Temps du déluge (2012), La Servante écarlate (2005), Le Dernier Homme (2005), Le Tueur aveugle (2002, Booker Prize) ou Captive (1998).

Dans le journal New York Times du 10 mars 2017, Atwood raconte : " Au printemps de 1984, j'ai commencé à écrire un roman qui n'était pas initialement appelé "The Handmaid's Tale". J'écrivais à la main, principalement sur des blocs-notes puis sur une machine à écrire manuelle à clavier allemand. A l'époque je vivais à Berlin, l'empire soviétique était encore en place. Chaque dimanche, l'armée de l'air de l'Allemagne de l'Est faisait des booms sonores pour nous rappeler à quel point ils étaient proches. Au cours de mes visites dans plusieurs pays derrière le rideau de fer - la Tchécoslovaquie, l'Allemagne de l'Est - j'ai connu la méfiance, le sentiment d'être espionnée, le silence.

 

Atwood

 

Dans son roman, Margaret Atwood  revient sur la fonction naturelle de la femme et pose la question du risque de réduire la femme à ce rôle. Atwood imagine une société américaine en crise économique, écologique, et démographique, gouvernée par un régime autoritaire. Le rôle de la femme dans cette société devient la procréation.


The Handmaid's Tale (la servante écarlate) décrit un avenir où la pollution atmosphérique et terrestre entraine une augmentation spectaculaire de la stérilité. Un mouvement radical et conservateur chrétien organise un coup d'état accusant les fanatiques islamiques. Cela justifie de déclarer l'état d'urgence, de suspendre la constitution et de censurer les journaux.


Dans ce régime totalitaire, les femmes n'ont plus droit de travailler, d'avoir un compte en banque ou même de lire. Dans un monde où la stérilité s'est abattue, celles qui sont encore fertiles deviennent des servantes pour l'élite, avec pour seule tâche la reproduction.

Une caste de femmes fertiles, les Servantes habillées en rouge écarlate, devraient se consacrer à cette tâche. Ces mère porteuses sont attribuées à des couples, et sont à la merci des épouses habillées toujours en bleu et les commandants. Ambiance des romans d'Huxley et d'Orwell : hiérarchie, surveillance constante (l'Oeil), société sous contrainte, tortures, exécution.

Atwood dénonce les régimes totalitaires, déportation, rationnement, propagande, arrestations, exécutions publiques, dans une idéologie totalitaire et puritaine.

Defred fait partie de ces servantes. C'est à travers elle que nous découvrirons ce monde froid, hostile, la peur comme communication, l'absence de sentiments et la négation de l'intimité de l'individu.

" Nous vivions, comme d'habitude, en ignorant. Ignorer n'est pas la même chose que l'ignorance, il faut se donner de la peine pour y arriver. "
Defred décrit sa vie présente et ses souvenirs passés : sa vie de couple avec Luke, leur petite fille, ses études avec sa copine Moira.

"Il nous est interdit de nous trouver en tête à tête avec les Commandants. Notre fonction est la reproduction. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n'est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets."


Elles avancent à pas contrôlés, deux par deux, visage dissimulé par un chapeau (cornette). Elles sont destinées à porter la descendance des élites infertiles. Elles vident dans un monde sans mots, un monde de délation, de menace et des cérémonies expiatoires, avertissement pour que personne ne peut prétendre résister à la torture.

 

La vie devient une attente perpétuelle, celle de la fécondation par le Commandant, celle des informations volées au risque de se perdre, celle du temps qui passe sans repères.

" Notre fonction est la reproduction : nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni des courtisanes. Au contraire : tout a été fait pour nous éliminer de ces catégories. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n'est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets, nulle faveur particulière ne doit être extorquée par des cajoleries, ni de part ni d'autre ; l'amour ne doit trouver aucune prise. Nous sommes des utérus sur pattes, un point c'est tout : vases sacrés, calices ambulants. " (p. 152)

" Mais tout autour des murs il y a des rayonnages. Ils sont bourrés de livres. Des livres et des livres et encore des livres, bien en vue, pas de serrures, pas de caisses. Rien d'étonnant que nous n'ayons pas le droit de venir ici. C'est une oasis de l'interdit. J'essaie de ne pas regarder avec trop d'insistance. "

 

Dans ce régime, la sexualité féminine est surveillée, contrôlée.  Chaque rapport sexuel a lieu en la présence de l'épouse du commandant, sans nudité, ni intimité. Une mise en scène des viols autorisés. La servante allongée le lit, son jupon rouge relevé, le visage entre les cuisses de la femme du Commander assise, le dos droit dans sa robe vert sapin, la tête Defred bouge doucement sous les va et vient. Elle attend que l'homme jouisse, tandis que sa femme lui tient fermement ses poignets.

 

servante ecarlate atwood citation

 

Echec du féminisme ?  Héritage abandonné ?

Il est impossible de dire que le féminisme a échoué, l'amélioration de la condition féminine est spectaculaire et sans précédent dans le monde et surtout dans les pays occidentaux.

La diffusion de la série " la servante écarlate " donna à la romancière une occasion de rencontrer un nouveau public. Beaucoup de femmes y compris en occident on trouvé une nouvelle pertinence à son roman en face des gouvernements peu féministes, contre l'IVG ou contre la contraception aux Usa et dans certains pays européens.


Yvonne Strahovski, l'une des actrices de la série, a confié au Huffpost : "Je commence à voir ces parallèles entre les actions et ce que Trump fait. C'est d'une manière étrange une inspiration mais aussi un parallèle horrible."

Aux Etats-Unis, "la Servante écarlate" est devenu un symbole de résistance. Lors de la Marche des femmes qui s'est déroulée en janvier dernier, on remarquait par exemple le panneau exigeant de "Laissons Margaret Atwood dans le monde de la  fiction".


Dans ce roman, Defred est indifférente au combat féministe de sa     mère : "Elle s'attendait à ce que je fasse l'apologie de sa vie et des choix qu'elle avait faits. Je ne voulais pas vivre ma vie selon ses exigences. " En face de la tyrannie, elle se voit dans l'obligation de résister comme sa mère.  Trop tard. "J'étais endormie [...] Maintenant, je suis éveillée", affirme Defred.

 

Trump hommes blancs colere


En 2013, Michael Kimmel publie un livre de sociologie, Angry White Men  " des hommes blancs en colère " pour analyser la colère qui animent un certain nombre d'hommes blancs de la classe moyenne, principalement de la classe moyenne inférieure.  
Hommes blancs de la classe moyenne sont en colère contre la société, le féminisme, le modèle économique, et la culture ambiante?


Michael Kimmel, par l'intermédiaire d'entrevues, et de rencontres étudie la colère de ses hommes, les motivations, les revendications et leurs points communs. Il formule une première conclusion : ces hommes sont en colère contre un modèle qui les marginalise dans le travail, dans le couple, dans la parentalité. Il dit dans son livre la masculinité américaine (et probablement occidentale) est en train de se transformer, de changer d'époque.

Ces hommes ne trouvent plus leur place dans la société actuelle, par manque de travail, par manque de perspectives, par les crises économiques successives, par délocalisation, et par déclassement social. Sur le plan sociétal, ces hommes ne trouvent plus leur place dans le couple, dans le rôle de parents. Ils ne sont plus chefs de famille, ils n'ont presque aucun droit dans le couple, et doivent s'adapter continuellement avec un mouvement féministe sans limite.


Quelques années plus tard, Trump est à la maison blanche et le livre de Kimmel est devenu best- seller.   
Ces hommes ne crient plus leur colère en critiquant le féminisme et le modèle social, ils sont dans l'étape de révolte. Ils s'expriment dans les urnes. Le cauchemar décrit par Atwood passera-il par la voie démocratique ?  
La servante écarlate est un roman qui date de plus 30 ans, un livre remarquable sur le plan littéraire par son style de narration et par la finesse de ses personnages.     


Si une jeune femme abandonne l'héritage féministe, elle dit que le combat est déjà gagné, et qu'il est temps de passer à autre chose ; Elle trouve aussi en face d'elle certains hommes de plus en plus hostiles au féminisme.  
Le féminisme n'est pas responsable des crises économiques, ni du chômage, ni de déclassement social. Par contre, Michael Kimmel souligne la colère profonde et déterminée d'hommes américains qui ont subi des réformes de la société favorables aux femmes sans se soucier des problèmes masculins dans le couple. Ces hommes déclassés perdent leur travail, leur rôle dans la famille, et même dans leurs couples. Ils ont du mal à voir leurs enfants une fois par semaine, gardés sous l'ordre des juges chez leurs ex-femmes, et sont toujours traités de dominateurs.


Dans son entrevue avec le journal anglais The Indépendant, le 18 juillet 2017, la romancière Margaret Atwood donne le début d'une réponse :  


"Quand on parle féminisme, on ne dit pas que les femmes sont meilleures que les hommes, ou qu'il faut pousser les hommes du haut d'une falaise... " .


La renaissance de ce grand roman pose une question :


Est-ce que la servante écarlate est la réponse efficace à la crise, aux hommes en colère et à leurs bulletins de vote à notre époque ?  


A chacun de formuler son propre avis ... 

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Erika Lust, le film porno féministe trouve son public

 

Erika lust pornopgraphie

 

 

 

Erika Lust (née Erika Hallqvist en 1977 à Stockholm) est réalisatrice, scénariste, productrice pornographique et écrivaine suédoise. Elle vit et travaille à Barcelone.
Elle est sans doute parmi les plus importantes réalisatrices de films pour adulte en Europe.  
Une Suédoise diplômée de sciences politiques, que rien ne destinait au porno. Sur son site internet, elle explique : " la première fois que j'ai vu un film porno, j'ai eu la même réaction que beaucoup de femmes, interpellée par quelques images, que je trouvais inadéquates. Je ne m'identifiais pas du tout à ce que je voyais. Les femmes n'avaient pas l'air de s'amuser et les situations sexuelles étaient totalement ridicules ". À la fin des années 1990, elle étudie à l'université de Lund, elle tombe sur un livre qui la bouleverse, Hard Core : Power, Pleasure and the Frenzy of the Visible de Linda Williams. Ce livre qui analyse l'image de la femme dans la pornographie fut le déclic.


En 2000, elle s'installe à Barcelone. Elle commence à travailler avec de petites maisons de production jusqu'en 2004, quand on lui propose de tourner et réaliser son premier court-métrage érotique, The Good Girl. En quelques mois, le film est téléchargé plus de 2 millions de fois sur Internet. Récompensée lors du Festival international du film érotique de Barcelone en 2005, Erika Lust en profite pour se lancer en solo en créant sa propre société de production, Erika Lust Films.

 

Erika lust pornopgraphie feministe

 

Ce film possède de nombreuses particularités qui vont marquer plus ou moins le travail de Lust. L'actrice principale a 35 ou 40 ans, elle est peu maquillée, sans prothèses ni artifices, elle ressemble aux femmes qu'on voit dans la vie réelle. Elle joue le rôle d'une femme seule, qui commande une pizza dans l'espoir d'avoir en face d'elle un beau livreur.
A la différence des films porno féministes, les pratiques sexuelles sont celles présentes dans les autres productions sans restriction. La femme à égalité avec l'homme, elle valide son désir, et accepte le désir de son partenaire.  Le film est bien réalisé, largement plus sophistiqué que la majorité des productions pornographiques.  Son actrice est une femme active, le film transmet le point de vue d'une femme sur une rencontre sexuelle.   
Son secret ? "Un point de vue féminin", écrit-elle sur son site, "et les détails, les détails et encore les détails comme les yeux dans les yeux, la chair qu'on agrippe, les petits bruits".

 

Erika lust Five Hot Stories For Her

Five Hot Stories For Her


Ce court-métrage fera plus tard partie du film Five Hot Stories For Her, composé de cinq courts-métrages pornographiques, et récompensé  pour " meilleur scénario " au Festival international du film érotique en 2007 à Barcelone (FICEB Award), " meilleur film de l'année " par le Feminist Porn Awards de Toronto en 2008 et aux Venus-Eroticline-Award en 2007 à Berlin. Five Hot Stories For Her reçoit les honneurs au CineKink Festival de New York (2008).  Dans ce film à court métrages, on voit un couple dans un jeu de rôle sadomasochiste, une femme qui couche avec deux hommes pour venger la relation adultère de son mari, une femme séduite par une femme, etc.
Ce film montre en détail la sexualité des femmes libres qui aiment le sexe et qui cherchent le plaisir et le plaisir de leurs partenaires.
Erika décide de s'embarquer dans son plus gros projet : XConfessions. Un site internet. Renouant avec la tradition des confessions érotiques avec interactivité, Lust propose de petites histoires vécues que lui envoient les internautes et tournent de petits films à partir de ces confessions dans un mélange sexy, léger et sophistiqué.
Elle a déjà tourné plusieurs films confessions qui semblent rencontrer un certain succès même si aucun de ces films n'est pas à la hauteur de son premier film.  


Pornopgraphie feministe

 

Le porno féministe existe

La pornographie était l'une des questions les plus débattues en particulier dans les pays anglophones. Cette division profonde a été illustrée dans les guerres sexuelles féministes des années 1980,  opposant les adversaires féministes de la pornographie - comme Andrea Dworkin , Catharine MacKinnon, à des féministes plus libérales ou pro-sexe.
On peut diviser les positions féministes actuelles sur la pornographie en trois catégories : la catégorie la plus répandue dans les médias et les milieux universitaires prétend que la pornographie est une expression violente de la culture masculine, dans laquelle les femmes sont exploitées. La deuxième catégorie associe le respect de la liberté d'expression avec le droit de la femme à disposer de son corps. Dans cette catégorie, les féministes n'approuvent pas la pornographie, mais respectent la liberté d'expression, le droit de la femme actrice et ou consommatrice de la pornographie. Une troisième catégorie, minoritaire, défend la pornographie comme une expression libre de la sexualité, féminine et masculine.


On peut imaginer combien le dialogue entre ces trois courants féministes est difficile. Les féministes radicales anti-pornographie réclament des lois pour interdire la diffusion des images pornographiques dans la société, et traitent les femmes qui ne sont pas d'accord avec ce point de vue de traîtresses, de dupes du patriarcat.
De l'autre côté, on prétend que les femmes font leur propre choix à propos de la pornographie. Les féministes " pro sexe " pensent que la pornographie est un outil pour éroder progressivement la domination masculine, et favoriser l'épanouissement sexuel des femmes.   


Selon les Feminist Porn Awards, il n'existerait pas de modèle prédéfini de la pornographie féministe.
On peut citer de nombreuses réalisatrices de pornographie féministe, dont la majorité travaille comme actrice dans le porno, comme Maria Beatty, Nina Hartley, ou Ovidie en France.
Les films étiquetés féministes, avant Lust, reflétait un point de vue féminin, privilégiant le désir féminin. Certains de ces films ont souffert de cette autocensure mettant en scène les femmes, et les pratiques sexuelles supposées respecter la femme. Certains de ces films ont insisté sur le désir féminin s'éloignant ainsi du public masculin. D'autres films ont traité le désir des minorités sexuelles comme les lesbiennes ou les bisexuels.
Le travail de Lust est différent. Dans ces films, le plaisir sexuel est partagé, hommes et femmes valident la sexualité sans privilégier le partenaire féminin ou le partenaire masculin.
Dans " Marie Claire ", Lust définit le porno pour femmes comme un cinéma érotique qui prend en compte les désirs et les goûts féminins, la sexualité féminine, et dépeint la diversité dans la beauté, les valeurs et les opinions. Quand les gens pensent aux films érotiques que les femmes aiment, ils les associent au porno lesbien, ou à des ambiances romantiques du type draps blancs en soie et pétales de roses... mais ces stéréotypes sont trop éloignés de la réalité.


Le nouveau porno pour les femmes présente le sexe et les femmes tels qu'ils sont aujourd'hui. Les femmes ont désormais la liberté de demander ce qu'elles veulent et comment elles le veulent, le sexe est devenu agréable pour les deux sexes. Les femmes aiment le sexe d'autant de manières différentes que les hommes.
Le travail d'Erika Lust s'inscrit dans un courant du féminisme égalitaire qui semble gagner le monde de la télévision à travers les séries télévisées et le monde de l'édition à travers la " nouvelle romance " où les femmes sont libres de leur choix, de leur sexualité, et de leurs décisions.

 

 

 

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Série Girls : 4 filles désenchantées à New York

girls Dunham Williams Kirke Mamet

De gauche à droite : Zosia Mamet, Allison Williams, Lena Dunham et Jemima Kirke, les quatre interprètes principales de la série.  Girls, une série-ovni, personnelle et attachante

 

 

 

"Je ne veux pas vous faire peur, mais je pense que je peux être la voix de ma génération, ou du moins, une voix dans cette génération. " déclare Hannah dans le premier épisode de Girls en 2012.


La série commence avec Hannah Dunham une fille de 24 ans qui aspire à devenir journaliste, elle vit à New York. Ses parents lui annoncent qu'il est temps de devenir adulte et autonome, et qu'ils vont arrêter de l'aider financièrement, qu'elle devrait trouver un emploi rémunéré plutôt des stages de l'année écoulée. Ses amies une bande de filles (Allison Williams, Jemima Kirke et Zosia Mamet ) ont toutes leurs propres problèmes,  des citadines post-universitaires, à la recherche d'un emploi, d'une carrière et d'une relation amoureuse.


Six ans plus tard, dans la rue de banlieue, une jeune adolescente parle avec Hannah en lui disant madame, pendant qu'Hannah cherche un moyen pour convaincre son nouveau-né d'accepter de téter son sein. Elle est devenue adulte, maman et responsable d'un enfant.   

 

girls serie tele tv show

 

Dès que la chaine HBO a diffusé le premier épisode de la série en 2012, Girls s'est démarquée des autres séries par ses personnages féminins, par son réalisme, du scénario et de la réalisation. Un parti pris et revendiqué par Lena Dunham (Hannah), réalisatrice, auteur et actrice principale, passée en quelques épisodes d'une inconnue à la porte-parole d'une génération de jeunes femmes urbaines, ironiques et désabusées.  
En 2017, Clap de fin. Six années de louanges, de critiques, de polémiques, et d'audiences fluctuantes, la fin de la sixième saison de la série américaine a eu lieu en février 2017. Les quatre copines perdues dans la Grosse Pomme tirent leurs révérences.

Amours compliquées, impasses financières, corps imparfaits, sexualités et genre, angoisses existentielles. Dunham parvient à nous dessiner les amitiés féminines actuelles, l'angoisse de l'âge adulte, les relations,  la sexualité, l'estime de soi,  l'image corporelle, et  l'intimité dans un monde de médias sociaux qui favorise la distance, la perte de sens et le narcissisme, où il faut survivre avec la précarité et le doute.
Lena Dunham s'est imposée comme un visage de l'intelligentsia culturel new-yorkais, récompensée par deux Golden Globes , comparée à Woody Allen dans sa façon de traiter les sujets graves avec ironie, dérision et recul.

 

Des jeunes femmes 15 ans après " sex and the city "

Pendant dix ans, la série sex and the city racontait le parcours de 4 femmes dans le monde de la consommation, des couples précaires, et la sexualité, Girls parle de la précarité des jeunes femmes, sur plan personnel et professionnel.  Girls s'est concentré sur des héroïnes jeunes dans une époque particulière, dans les années post-crise économique (subprimes). Sex and The City  présentait des femmes trentenaires bien intégrées, aisées et sophistiquées.


Quand Sex and The City était à son apogée au début des années 2000, on voyait des modèles féminins comme la sauvage Samantha, Charlotte la distinguée romantique aux yeux écarquillés, la cynique Miranda ou Carrie et ses chaussures. Dans Girls, il y a la sauvage Jessa,  Sosh la romantique, la belle angoissée Marnie et Hannah la sans-pudeur et sans limite.


Cette génération de femme post crise doits'adapter à un contexte économique compliqué. Cette génération vivra moins bien que ses parents.  La précarité économique s'accompagne d'une précarité émotionnelle et relationnelle. Leurs vies sexuelles sont insatisfaisantes, parfois même dégradantes. Cela n'existait pas dans Sex And The City.
Sur le plan relationnel, la fameuse entraide féminine si présente dans sex and the city disparait. Les personnages sont angoissés, terrorisées par l'avenir, et nombrilistes.  
Sur le plan physique, Girls montre des corps en insistant sur le gras, dans des positions peu flatteuses, on montre les fesses rebondies, les bourrelets, les seins de Hannah entre autres. Cette nouveauté fut bien reçue par les téléspectateurs. La créatrice de la série se met en scène dans une volonté claire de casser les codes de représentations.

 

girls amour sexe relations

Le sexe

Parmi les mythes du cinéma Hollywoodien, les femmes peuvent avoir des expériences sexuelles satisfaisantes sans jamais enlever leurs soutiens-gorges, et peuvent atteindre des orgasmes mémorables en quelques minutes. Les "Girls" cassent ces codes irréalistes usés et surannés. Dans cette série, le sexe est nu, cru, en sueur, étrange, surprenant par son réalisme et peu flatteur.
Ces jeunes femmes ont une sexualité récréative, désordonné, parfois utilisée pour apaiser une angoisse ou partager une émotion, dans des rencontres éphémères.


Girls  montre des scènes gênantes pour le spectateur, où les filles sont nues, vulnérables, déliassées.  Les filles ne refusent pas la sodomie mais négocient cette pratique avec ou sans préservatif, elles sont désabusées, n'osent pas dévoiler leur insatisfaction et n'ont pas beaucoup de choix.  


Girls peut être une série troublante en raison de son réalisme cru.  La sexualité de ces filles n'est pas plus satisfaisante que celle de leurs grands-mères.  Cette sexualité est montrée comme aléatoire et partagée avec des partenaires masculins parfois indifférents ou perdus dans leur propre précarité. Les hommes dans cette série sont troublés par leur orientation sexuelle, par leur égoïsme, et par leur situation économique. Le copain d'Hannah peut se masturber devant elle, peut la tromper. Son père devient homo après 25 ans de mariage, son colocataire est homo.      

 

Pas de romance, restons réels 

Alors que les livres de néo romance et les films sont à la mode, la série Girls échappe à cette tendance. En dépit de nombreuses rencontres et relations, les héroïnes terminent la série, seules, sans couples romantiques et sans fin " heureuse ".
Au fur et à mesure que le spectacle se déroule, Hannah, Marnie, Jessa et Shoshanna ne parviennent pas à sortir de leur stagnation. Les quatre femmes finiront par grandir et adopter une vie adulte responsable avec résignation, sans les feux d'artifices d'une romance à l'américaine.
Hannah a quitté la ville de NY et ses cycles d'appartenance et d'aliénation pour quelque chose de nouveau.
Le réalisme invite les scénaristes à refuser la romance, à exhiber une réalité que le cinéma n'aime pas montrer.   Elles cherchent un travail, un foyer, elles ne seront pas invitées dans des resto chics, ni dans des avions privés. Elles sont dans la vraie vie.    

 

girls Dunham

Reconstruire le corps d'une femme

Il est difficile de compter combien de fois Lena Dunham a enlevé son soutien-gorge ou à baissé sa culotte dans "Girls ". Dès le début, elle fait du corps un usage différent, le corps est réaliste, montré dans ses imperfections et ses détails.  Girls discutent les détails du corps, de ses réactions, de ses problèmes comme si la série cherchait à redéfinir la beauté féminine et le corps féminin.
Hannah est une femme, pas toutes les femmes. C'est son corps et et non le corps féminin.
En montrant une figure réaliste et imparfaite, Hannah oblige les femmes à se réconcilier avec leurs propres corps. Elle montre à plusieurs reprises qu'Hannah n'est pas maternelle, n'est pas douce, n'est pas émotive ou empathique vis-à-vis d'autres femmes. Lena Dunham veut être réaliste au risque d'être détestée.  Dans l'autre sens, le personnage de Marnie est provocateur, corps mince et léger, jolie visage de princesse de Disney. Elle adore planifier, organiser mais est en échec après un mariage désastreux et une carrière ratée de chanteuse de folk, Marnie trop désireuse d'être admirée, objet du regard masculin. Sa beauté ne changera rien à son parcours de vie.

Une conclusion : l'amour désenchanté ??


En terminant cette série, j'ai pensé à certains de nos sociologues et nos philosophes   français qui ont traité le sujet de l'amour désenchanté.     
Au début du XXe siècle, le sociologue Max Weber a décrit le désenchantement, par une modernité où le savoir et la science mettent fin à l'irrationnel. Un siècle plus tard, la psychologie, la psychanalyse, les neurosciences ont réduit l'amour à l'inconscient, à la pulsion sexuelle, ou à une chimie cérébrale.
E. Illouz écrit que " la conjonction du consumérisme, de la légitimation croissante de la sexualité par la psychologie et par le féminisme" a fini par désenchanter l'amour. Dans son ouvrage Les Sentiments du capitalisme, elle décrit comment la consommation, la marchandisation du sexe ont déréglé le marché de l'amour.
Elle souligne combien un certain féminisme a participé au désenchantement des relations amoureuses. La séduction devient politiquement incorrecte, le couple n'est plus amour mais liberté et égalité.
Et la solution ?  
Faudrait-il jeter aux orties la liberté de choix, l'individualisme et l'émancipation des femmes pour sauver l'amour ?  Non.
E. Iglou invite à trouver des alternatives pour ré-enchanter la modernité amoureuse. A chacun de trouver sa solution, car nous sommes dans une société individualiste.   Pour trouver la solution, chacun devrait être conscient de l'enjeu.
Les filles (de la série) à la recherche d'un nouveau modèle de relation ont échoué, et se retrouvent seules enfin de compte, mais elles recommencent à chercher.      
Encore essayer, Encore chercher, et inventer son modèle amoureux.
On peut se poser la question : comment éviter de précariser la jeune génération et hypothéquer ainsi l'avenir ?  


C'est une série qui mérite le détour, on rit, on sourit, on est troublé, parfois on s'ennuie mais on retrouve vite l'intérêt.

 

 

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Heartland série canadienne d'une longévité exceptionnelle

Haertland livres

Heartland série canadienne

La 11ème saison de Heartland est annoncée en préparation, la sortie prévue sur les écrans à l'automne.   Combien de séries rêvent-elles d'avoir un tel succès, une telle longévité ?
Chez nous, la série a été diffusée dès 2008 sur Canal+  jusqu'à la saison 6. Les autres saisons sont disponibles chez d'autres diffuseurs.   


Cette série est tirée des romans  (40 livres publiés à partir de juin 2000) pour la jeunesse écrits par Lauren Brooke (née en 1969). Cet écrivain anglais a vécu dans un ranch et connait bien les chevaux. Mariée à un vétérinaire, elle a également écrit une autre série de romans sur le même thème Chestnut Hill.

Haertland amber marchal


Heartland raconte la vie d'un ranch au canada aux pieds des rocheuses dans l'Alberta, où sur un fond de nature sauvage, de chevaux mustang et de paysages superbes s'entremêlent les destins des membres d'une famille vivant sous le même toit.
Le grand-père Jack solide, juste et sévère est le centre de gravité de la famille. Ses deux petites-filles Amy (15 ans) et Lou (20 ans) vivent avec lui, Amy s'occupant et soignant par des méthodes douces des chevaux malades ou traumatisés, et sa sœur gérant  le coté financier de l'entreprise familiale.  
Cette saga nous parle du monde rural, de l'élevage des chevaux, du monde des éleveurs bovins et de toute l'économie qui en découle ; sport équestre, concours et saut d'obstacle, dressage, course hippique, rodéo, concours de lasso etc.

Haertland serie tv

Le monde rural à notre époque

Cette famille est confrontée au monde actuel, à la difficulté de la transmission des valeurs familiales du travail, de l'entraide indispensable, familiale ou des voisins, et des amis proches malgré l'individualisme de notre société. Les choix de chacun influence la vie des autres.
Le vétérinaire a laissé passé sa chance avec Lou et le regrette amèrement, le père des filles a laissé tombé son couple et a perdu son autorité familiale, Val a mis sa fille dehors et a perdu sa légitimité maternelle.  
Jack l'ainé est pris au piège ente la tradition et la modernité, il est plongé dans le passé (le souvenir de sa femme) et cherche à éviter le changement, mais il s'accroche au présent grâce à ses petits enfants qui le bousculent par leur appartenance au monde actuel ; Jack ne sait pas utiliser un ordinateur, ne veut pas changer sa voiture délabrée mais il s'adapte, et apporte à sa famille toute son attention, aide et encouragements. Il met aussi tout son poids pour aider les plus jeunes et notamment Ty le sans famille, à qui il offrira une seconde chance par le travail au ranch puis comme apprenti vétérinaire.   

Haertland mustang


Cette série raconte la transmission entre génération, la place de chacun, et l'évolution des rapports au sein de la famille avec le temps qui passe ; le grand-père est la personne détentrice de l'autorité, et d'une certaine sagesse, les jeunes font des erreurs comme toujours et sont amenés à les comprendre grâce aux ainés dans un esprit de bon sens et de valeurs expliquées et partagées.


Souffrance animale, nature et écologie

Les personnages de ce feuilleton nous font partager leur grande sensibilité à la condition animale et à l'écologie. La mort d'un cheval ou sa maladie est un moment émouvant, toute la famille est réunie auprès de l'animal pour l'accompagner dans ses derniers moments comme s'il était un membre de la famille.
Le sort des chevaux sauvages, le célèbre mustang, devient un souci surtout en hiver, certains éleveurs les chassent, d'autres les envoient à l'abattoir, et certains les aident à survivre à l'hiver canadien en leur apportant protection, soins et nourriture.
La prospection pétrolière du gaz de schiste au Canada est évoquée.  

Haertland Shaun Johnston

Au fil des épisodes, on apprend à aimer les chevaux, ces grands animaux fragiles, anxieux, si beaux et élégants devenus des animaux de compagnie, des amis pour les plus jeunes comme aussi des moyens de gagner de l'argent par l'élevage, les courses et les concours hippiques.


On s'amuse des déboires d'une soeur organisatrice-manager, des gaffes d'une petite voisine  mal aimée,  on suit les relations sentimentales adolescentes et mouvementées des plus jeunes dans ces paysages superbes, fragiles et subtilement  symboliques d'un monde en équilibre écologique fragile.

A la différence des livres, la série donne aux chevaux une dimension symbolique voire métaphorique (liberté, survie, résilience etc.)     


Tous les épisodes ne se valent pas, mais c'est une série où bon sens, joie de vivre et valeurs familiales positives sont mises à l'honneur. Les moments forts succèdent aux moments plus légers.  
Il est difficile de ne pas aimer cette partie du canada rarement mise à l'honneur.   

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Poldark: série à succès, roman de Winston Graham

poldark Aidan turner Heida Reed

 

 

Tout le monde salue la nouvelle version de cette série anglaise historique, diffusée sur Netflix depuis juillet dernier.
C'est une fresque historico-romanesque dans l'Angleterre de la fin du VIIIe, adaptée du célèbre livre en 12 volumes de l'écrivain Winston Graham publiée dans les années 50. Déjà adaptée une première fois par la BBC, cette œuvre a connu un immense succès à la télé britannique dans les années 70.


Le point fort du roman réside dans sa richesse, c'est à la fois un un drame historique et une romance, une fiction historique avec des personnages " imparfaits " au caractère bien trempé, multidimensionnels et brillamment décrits.

Ross Poldark (Aidan Turner) le beau ténébreux, fils de bonne famille, noble de campagne (gentry), rentre chez lui en Cornouailles après deux ans passés dans l'armée à batailler dans les colonies en Amérique. Aidan Turner ajoute par son charisme et son énergie une belle dimension à ce personnage romantique, courageux et têtu. Comme dans le roman de Graham, la majeure partie de l'action se déroule après la perte de l'Amérique par les Britanniques.

poldark Aidan turner


A son retour, sa fiancée Elizabeth (Heida Reed) craignant qu'il ne soit tué, s'est fiancée à son cousin, Francis (Kyle Soller). Le père de Poldark est mort, son seul héritage est une maison mal entretenue et une mine d'étain négligée. Il n'a guère de quoi vivre, mais l'obstiné Poldark persévère à travers toutes sortes de défis.
Le jeune Poldark est obligé de discipliner ses deux vieux serviteurs,  de défendre son héritage de son oncle manipulateur (Warren Clarke) - qui ne voudrait rien de mieux que de voir son neveu quitter la région hors de la vue de sa belle fille Elizabeth, et aussi de creuser sa mine d'étain.

Ross fera tout ce qui est possible par changer les cartes que le destin lui a laissées : un maigre héritage, une mine abandonnée et une promise fiancée à un autre. Ross en surmontant ces épreuves, se montrera un vrai homme moderne et progressiste, un héros des temps modernes par son courage et par sa capacité d'adaptation.

poldark Demelza Eleanor tomlinsona

Le personnage important de la première partie est la jeune Demelza (Eleanor Tomlinsona), jeune-fille maltraitée d'un mineur pauvre.  Au contact de Ross, Demelza se transforme en jeune femme active, positive, intelligente, séduisante et même sociable. Sa grande proximité avec Ross, finira par les lier.
Les images du duo galopant à cheval à travers les paysages du bord de mer et des récifs sont d'une grande beauté.

Cette histoire romanesque nous montre la misère en Cornouailles dans cette période fin du 18ème siècle  où les habitants de ces régions attendaient le passage de bancs de poissons pour survivre l'hiver, la vie des mineurs (mines de cuivre ou d'étain), les maigres revenus des exploitations agricoles des propriétaires terriens en cette période de pré-révolution industrielle.
On observera dans cette série la peur des dirigeants anglais de la contagion de la révolution française, avec le durcissement des lois vis-à-vis de tous mouvements sociaux ou supposés l'être.


Ross a hérité d'une mine de cuivre à l'abandon dont il cherchera à relancer l'activité et pour se faire à besoin d'investisseur, car s'il possède la mine, il n'a pas d'argent pour la faire fonctionner. Ce feuilleton nous montre les débuts du capitalisme industriel, les actionnaires qui espèrent rentabiliser leurs investissements au risque de tout perdre, et l'apparition d'un système bancaire cherchant le profit ou la rentabilité à tout prix.
Amours impossibles, amis, ennemis, passion et sensualité, courage et rédemption : tous les ingrédients d'une grande fresque romanesque, avec des descriptions d'une époque : le rôle des femmes, le pouvoir, l'économie et la hiérarchie socio-économique.
Winston Graham a fait un merveilleux travail en décrivant la terre de Cornouailles et ses habitants, leurs vies, leurs traditions dans un pays au début de la révolution industrielle.  Il crée des personnages riches, il réussit des dialogues précis et brillants. Sa narration est enrichie de belles descriptions. Les méchants sont vraiment méchants, mais aux motivations compréhensibles, les bons personnages sympathiques sont réellement bons mais imparfaits.


L'un des plus beaux aspects de la série : nous voyons la progression d'un homme pauvre (Poldark) mais ambitieux, et d'une jeune femme avec peu d'éducation mais si riche en joie de vivre et en bon sens.

On voit la naissance d'un pays moderne, à travers les révoltes  de ses pauvres pour une meilleure justice sociale, la lutte des femmes et la naissance de nouvelles femmes comme Demelza ou Verity qui s' imposent par leur courage et leur bon sens, en dépassant le rôle passif des femmes dépendantes (Elisabeth) de leurs  maris à ce début du 19ème siècle. Nous ne sommes pas loin des personnages féminins positifs décrits à la même époque par Jane Austen.   

poldark Aidan turner Cornouailles


La réalisation de cette série est un hommage à un grand écrivain britannique sous-estimé.
Les images, les superbes paysages du bord de mer, réalisées par Cinders Forshaw sont un atout incontestable à cette bien belle série.
A voir. 

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Westworld, divertissement pour réfléchir sur nous-même

wrestworld dolores teddy

 

Westworld, divertissement avec ou sans méditation

Westworld c'est la série de HBO qui cartonne sur les écrans de télé, cette série est diffusée en France sur canal et sur OCS.
A la fin de la première saison, on découvre une série haut de gamme, un casting magistral, un jeu d'acteur excellent pour interpréter un scénario complexe, attirant et chargé de détails et de signification.


Westworld raconte la vie d'un immense parc de loisir futuriste où des robots à forme humaine interprètent comme de vrais acteurs, des scénarios pré-établis. Les visiteurs paient le prix fort pour se lancer dans des aventures en plein far-west, en compagnie de ces robots réalistes, pour échapper à l'ennui de leur vie réelle,  pour satisfaire des besoins primitifs : divertissement, jeux, violence et sexe. Le visiteur peut tuer n'importe quel robot ou coucher avec, en le séduisant ou en le violant. Tout est permis.      

 

wrestworld affiche

 

Pourquoi pas, après tout, des gens ne paieraient-ils pas une fortune - un invité cite un tarif de 40 000 dollars par jour - pour se plonger dans un simulacre de l'anarchie du far - West ou de la guerre de secession ?
Westworld répond que nous (les humains) le ferions pour se livrer à des appétits autrement indicibles pour la violence insensée et le sexe transgressif, sans scrupule moral ou conséquence juridique. La série est remarquablement dure dans sa description de la cruauté sous-jacente de ces appétits. Un touriste ennuyé cloue une main d'un vieil " homme " à une table avec un couteau à steak, juste pour lui faire fermer " sa gueule ".  Un autre tire dans le dos d'un robot en criant "Maintenant, c'est mes putains de vacances !"
Un grand et prestigieux projet de la chaîne HBO. Une superproduction dont le chantier a duré plus de trois ans, produite par J.J. Abrams.

Une belle réussite

 

abs11.5 bleu2 Westword, un parc de divertissement

On commence par suivre les aventures de Dolores, robot à l'apparence d'une jolie jeune femme naïve et innocente qui rêve de changer de vie, de Maeve la tenancière d'un bordel, Bernard un chef programmeur qui veille sur le bon déroulement des scénarios et sur la sécurité des visiteurs. Il y a aussi un mystérieux Ed Harris vêtu de noir qui cherche le secret du labyrinthe : il ne sait pas exactement ce que c'est, mais pense que le parc de Westworld dissimule un secret et il est déterminé à le trouver, quitte à y passer 30 ans de sa vie.

D'autres personnages complètent l'histoire, des indiens, des fermiers, des voleurs, des nettoyeurs, des visiteurs et des employés chargés de la maintenance du parc et des robots.
Deux savants ont participé à la création de ce parc : Ford et Arnold .

 

wrestworld anthony hopkins


Il y a 40 ans Ford et Arnold créent les premiers androïdes dans le parc encore fermé au public. Arnold, suite à divers entretiens avec le robot femme Dolores, il pense que les robots ont une conscience et que le parc ne doit pas être ouvert au public. Ford n'étant pas d'accord, Arnold exporte les données de Wyatt, un personnage meurtrier, en Dolores pour la pousser à tuer tous les hôtes et à le tuer lui-même. Arnold pense ainsi faire fermer le parc, mais n'y parvient pas.
Ford réussit à ouvrir le parc. Il a besoin d'investisseurs. Parmi ceux-ci, William et Logan. William rencontre Dolores, tombe amoureux d'elle et sombre dans la violence. William est tombé amoureux du parc et fera tout pour devenir actionnaire majoritaire et relancer le budget.


A présent on voit la charmante Dolores et un homme en noir qui mène sa quête vers le labyrinthe, le sommet du jeu des scénarios proposés par le parc. Dolores, une fois de plus, fuit sa ferme natale et se dirige vers le village où elle a commis le massacre, pour découvrir le centre du labyrinthe. Maeve la tenancière d'un bordel prend conscience de ce qu'est vraiment le monde de Westworld et tente de quitter le parc. Ford a créé un androïde à l'effigie d'Arnold qu'il a nommé Bernard et qui est chef de la programmation du parc. Ford prépare un nouveau scénario, qui est en fait le début de la révolte des androïdes, qui prend forme lors d'une soirée avec de nombreux invités humains.

 

wrestworld dolores maeve

 

abs11.5 bleu2 Les robots ne peuvent pas faire de mal aux être vivants (humains ou visiteurs)

Cette règle est la base de la robotique. Un robot ne doit pas faire de mal aux vivants. Les visiteurs peuvent tuer les robots mais les armes des robots ne touchent pas les visiteurs. Ceci permet toute sorte de massacre, de violence, et de dérapage. Entre meurtre et sexe, le visiteur découvre subitement ses propres besoins, et ses propres démons.
Chaque matin, inlassablement les robots (remis en état et éternellement jeunes ou vieux) recommencent le jeu, Dolorès dans la rue, Maeve dans le bordel, les visiteurs arrivent, une immersion totale dans un monde du far West. Certains montent dans les chambres s'amuser avec les prostituées, d'autres tirent sur les robots et déclenchent des tueries, d'autres suivent des chemins plus complexes.    

 

wrestworld rachel evans


Les robots n'attaquent jamais les mouches qui leur tournent autour. Ce sont donc tous les êtres vivants qui sont censés être protégés des robots...mais à la fin de l'épisode, on voit Dolores frapper la mouche qui lui tourne autour. Une action violente qui devrait certainement laisser la place à d'autres. Dolorès échappe aux scénarios pré-établis. Ainsi on découvre que plusieurs androïdes sont capables de tuer des humains.


" These violent delights have violent ends "

" Ces passions violentes auront une fin violente " 

 

Cette citation de Shakespeare reprise plusieurs fois dans la série est en fait une forme de révélation sur ce qui va se dérouler à la fin de la saison 1. La violence des humains se retourne contre eux dans un bain de sang orchestré par Ford, amenant de grands changements : les robots vont être capables de se défendre et vont peut être aller plus loin dans la saison 2.


Les créateurs Jonathan Nolan et Lisa Joy ont scénarisé une série complexe.  En surface, c'est un western, qui réunit les ingrédients du genre : Dolores la belle en danger (jouée par Evan Rachel Wood), Teddy le valeureux cowboy (joué par James Marsden), Maeve la mère maquerelle (jouée par Thandie Newton), et tous les personnages attendus, dans des décors sauvages avec montagnes, plaines, et ville où des fusillades éclatent à chaque coin de rue. Sauf que tout cela est mis en scène par une équipe planquée dans le sous-sol du parc, composée de sa patronne Theresa (jouée par Sidse Babett Knudsen, de son programmateur en chef Bernard (joué par Jeffrey Wright), de son vieux concepteur Robert (interprété par Anthony Hopkins). La série profite de la beauté de ses décors et de la qualité de ses effets spéciaux pour multiplier les séquences fortes : chevauchées, voyages en train, débarquement d'une pelleteuse monstrueuse, etc.

Elle déborde aussi de bonnes idées, comme ce piano mécanique qui joue des tubes modernes (Black Hole Sun de Soundgarden, No Surprises de Radiohead...) en mode western. Le récit ne manque ni de souffle ni de poésie, et mêle action, romance, science-fiction et mystère, avec la tension nécessaire pour capter notre curiosité.
Pour faire tenir un tel édifice, il fallait une distribution hors normes. La liste est vertigineuse, réunit des vedettes venues du grand écran, Hopkins, Harris, Wright, Rachel Wood, Newton, et une pléiade d'excellents acteurs connus.
Westworld offre une mise en abyme passionnante, qui aborde les notions du libre arbitre, de la prédestination, de la liberté, de la conscience etc.

 

wrestworld wililam


abs11.5 bleu2 Un grand spectacle au souffle métaphysique.


Contaminés par un virus joliment appelé " les rêveries ", certains robots vont apercevoir des éclats de leur passé, et développer une mémoire et donc s'humaniser. Mais leur passé n'est que l'accumulation de vies brutalement interrompues, car le même humanoïde est reprogrammé plusieurs fois pour tenir différents rôles en fonction de l'inspiration du scénariste du parc. Quelle nature va ressurgir une fois la machine libérée ? Peut-elle se reprogrammer d'elle même ou se retourner contre son créateur ?

 

abs11.5 bleu2 L'homme en noir, William et les autres humains

Cela fait 35 ans que William explore le parc. Il a progressivement sombré dans la violence. Au début, il est tombé amoureux de la fragile Dolorès. Il ne trouve aucun sens au monde réel et s'épanouit dans Westworld, en massacrant les hôtes, à la recherche d'expériences toujours plus violentes et plus fortes. Il est également l'actionnaire majoritaire. Il cherche le centre du labyrinthe mais il n'a pas compris que le labyrinthe était métaphorique et uniquement destiné aux hôtes.
Les humains s'interrogent sur le sens de leur existence, à commencer par Bernard Lowe, ingénieur en chef au passé douloureux, qui trouve un réconfort dans sa relation avec les robots, Ford, vieux sage taillé sur mesure pour Hopkins,  porte une piste narrative complexe, entre émotion et mystère. L'enjeu central de la série est profond : que va-t-il se passer dans les limites de Westworld, qui va vivre, survivre, dérailler, chercher à fuir, à abattre ou à protéger les humanoïdes ?
Les humains dans Westworld sont mis à l'épreuve. Que faire en face de robots qui imitent à la perfection le comportement humain : tuer, massacrer, désirer, faire l'amour, violer, pendre, aimer, protéger ?   

 

abs11.5 bleu2 Une lecture de Westworld

Cette série nous propose certaines pistes de réflexion.  Il n'y a fondamentalement aucune différence entre le sens à l'intérieur du jeu et à l'extérieur.  Les humains sont toujours à la recherche de sens. Les gens de l'extérieur sont allés à l'intérieur pour le chercher, et les gens à l'intérieur veulent sortir pour le trouver. Sans réflexion sur les conséquences de nos actes,  il n'y a pas de sens à la vie. Les actions non analysées ne produisent aucun sens. Cela fait 35 ans que William tue et massacre des robots sans savoir ni comprendre pourquoi.    


Cette série rappelle un bon film sorti l'année dernière  Ex Machina réalisé par Alex Garland, qui traite le sujet des androïdes et leur éventuelle révolte contre les humains.


Westworld, c'est la vie et la mort. Tuer ou être tué. Sauvez la jolie et frêle demoiselle ou la violer, la séduire ou la frapper.  Héros ou méchant dans un monde simple et primitif, où le moi animal est révélé et se doit d'agir.
Westworld  est en grande partie un spectacle sur les gens à la recherche de réponses. Des touristes riches et curieux cherchent à découvrir ce que l'on ressent en commettant un meurtre gratuit ou en se livrant aux pulsions sexuelles les plus primitives. Comme le dit un programmeur à une de ses créations androïdes, "Vous et tout le monde que vous connaissez, vous êtes construits pour satisfaire les désirs des gens qui paient pour visiter votre monde "
Westworld suggère que la conscience se développe non seulement dans les êtres, mais  parmi eux. La prise de conscience de soi est fondée sur une prise de conscience des autres. Quand un des androïdes commence à agir étrangement, un ingénieur s'inquiète que le problème puisse se révéler "contagieux" - et il a raison de s'inquiéter.


Bertrand Russel, le philosophe anglais, a dit  : nous serons si malheureux le jour où nous n'avons plus de problèmes matériels, nos cerveaux vont lutter pour trouver la signification de notre existence.
Je n'aimerai pas pénétrer ce genre de parc, je ne sais pas comment je vais me comporter dans ce Westworld. Je n'ai pas envie de voir la partie de moi que j'essaie de contrôler et d'oublier.   

 

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Tallulah : beau film sur les visages de la maternité

Tallulah Ellen page

 

Tallulah : trois femmes et un bébé

C'est un film qui aborde plusieurs problèmes de la vie et qui les résument assez bien. C'est une histoire touchante qui ne laisse pas insensible. Le film gravite autour de trois femmes qui doivent, chacune à leur tour, mettre en œuvre leurs instincts maternels.
Les trois femmes dont le destin est lié, devront chacune faire appel à leur instinct maternel et surtout réussir chacune à son tour à se remettre en question.

La scénariste réalisatrice Sian Heder a présenté son film "Tallulah" pendant l'été 2016 au festival du film Sundance. Le film d'Heder est disponible depuis ce jour sur le site Netflix.

Le script d'Heder est ambitieux, il traite l'histoire d'un bébé " volé " et de trois femmes avec leurs histoires et leurs vécus.  Elles sont plutôt de mauvaises mères négligentes mais leur amour pour l'enfant est sincère.

Ellen Page joue Tallulah, une jeune marginale qui vit dans sa camionnette et passe ses journées avec son petit ami Nico (Evan Jonigkeit). Leur relation est marquée par un manque de responsabilité personnelle et leur isolement du monde extérieur.

Ellen Page, comme Tallulah elle-même, est la véritable vedette du film. Une décennie après son film Juno en 2007, Page retrouve un rôle complexe, où elle réussit à jouer une petite voleuse, légère, empathique.

 

Tallulah Ellen page film

Elle se retrouve obligée de faire un choix qui s'impose à elle sans qu'elle ne s'y attende. La jeune femme sans racines arrache un petit enfant à sa mère riche et négligente et fait passer le bébé pour le sien, par volonté et souci de le protéger. Cette décision connecte et transforme la vie de ces trois femmes très différentes.

Tallulah perdue après avoir rompu avec son petit ami, est recruté par une mère au foyer, Carolyn (Tammy Blanchard) pour faire la baby-sitter, le temps d'un rendez-vous qu'elle espère galant. Dans une scène d'introduction, Blanchard est l'exemple même de la mauvaise mère qui a perdu tout contact avec le réel, obsédée par son image et sa capacité à séduire, sans soucier de son bébé. A son retour, elle découvre tardivement que Tallulah a emporté le bébé avec elle. Tallulah emmène le bébé chez Margo (la mère de son ex-copain), en affirmant qu'il s'agit de son bébé avec Nico. Margo accueille à contrecœur Tallulah et sa "nouvelle" petite-fille.

 

Tallulah Ellen page bebe film

 

Tallulah n'avait comme objectif que de sauver ce bébé des griffes de sa mère négligente et indifférente. Elle s'attache à cet enfant et finit par se perdre dans son propre mensonge. La fausse vie de famille qu'elle mène avec la mère de son ex lui convient. Le déni s'installe.  Page réussit à être dans la retenue sans surjouer ce personnage excentrique, sans trop de notes dramatiques ou humoristiques que son personnage est sensé apporter.

Margo est isolée du monde, elle vit seule avec une tortue dans un appartement appartenant à son ex mari. Elle est séparée de son ex mais refuse le divorce.
Margo et Tallulah finissent par avoir un lien ; Margo devra prendre plus de risques pour protéger Tallulah et le bébé.
La performance de Allison Janney mérite mention. Est-ce son meilleur rôle au cinéma ? Elle réussit à nous séduire avec cette femme solitaire, vivant dans un épuisement émotionnel et personnel.

 

Tallulah Ellen page Allison janney

 

"Tallulah" est un début intéressant d'Heder, qui travaille comme scénariste dans d'autres projets de Netlfix.
Sian Heder n'en est qu'à ses débuts. Pour une première, Heder réussit son pari, avec un film riche en émotions, une réflexion sincère et profonde sur la maternité.

 

Tallulah, ce sont trois femmes maladroites avec la maternité. Sian Heder explore leurs défauts sans jugement simpliste, ni moraliste.

 

Scénario : 4 etoiles
Réalisation :  3 etoiles

Impression générale : 4 etoiles
Inivitation d'aller voir le film : 4 etoiles

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Avant toi, film romance à partir d'un best seller anglais

avant toi film affiche

Avant toi, roman de Jojo Moyese qui devient film


"Vous allez vous sentir un peu mal à l'aise dans votre nouveau monde. Mais j'espère que vous vous sentez un peu émerveillé aussi. Vivez autant que vous pouvez, Ne vous contentez pas. C'est bien de vivre, il suffit de vivre. Avec mon amour, Will ".  


Voilà la lettre que Will laisse à Lou après son départ.  

Dans son best-seller publié en 2012, Jojo Moyes dessine le personnage de Louisa Clark, une fille ordinaire qui vit une vie ordinaire. Elle accepte d'accompagner un riche patient handicapé. Cette rencontre va transformer sa vie. Jojo Moyes nous décrit , dans son roman de 353 pages dans sa version d'origine,  deux familles, deux milieux, deux classes sociales.

 

avant toi film livre jojo moyes

 

Lou est une fille ordinaire qui mène une vie monotone dans un trou paumé de l'Angleterre dont elle n'est jamais sortie. Quand elle se retrouve au chômage, elle accepte un contrat de six mois pour tenir compagnie à un handicapé. Malgré l'accueil glacial qu'il lui réserve, Lou va découvrir en lui un jeune homme exceptionnel, brillant dans les affaires, accro aux sensations fortes et voyageur invétéré. Mais depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, Will veut mettre fin à ses jours. Lou n'a que quelques mois pour le faire changer d'avis.

Lou Clark sait beaucoup de choses. Elle sait combien de pas il y a entre l'arrêt de bus et la maison. Elle sait qu'elle aime travailler dans le magasin de thé, elle sait qu'elle pourrait ne pas aimer son petit ami Patrick. Mais elle ne sait pas comment se protéger de l'amour qui va naître avec ce patient, ni comment rester à distance de la souffrance.  Le livre est un best seller en Angleterre, un roman d'amour qui fait pleurer, et qu'on n'abandonne pas avant de l'avoir fini.  

 

avant toi film Emilia Clarke Sam Claflin

 

Avant toi, film romance de Thea Sharrock.  

Le film est sorti en juin 2016 en Angleterre, il sera en France au mois de Décembre.   
"Avant toi", est une adaptation du roman de Jojo Moyes, réalisée  par Thea Sharrock.  On s'attache doucement à ce duo entre Will, tétraplégique et Louisa, sa demoiselle de compagnie.

 

avant toi Emilia Clarke Sam Claflin


Emilia Clarke fait bonne figure sans arriver à éviter de sur-jouer. Dans certains passages, son jeu est excessif, trop forcé surtout dans les passages comiques. Elle arrive à séduire aussi bien son patient puis le spectateur surtout dans la deuxième moitié du film.  Les deux personnages vont s'écouter, s'aimer.

 

avant toi film emilia clarke


C'est un film sincère et sans vulgarité, drôle parfois, émouvant. Le film est très fidèle au roman, ce qui rend le scénario brillant et solide.
Après une réussite planétaire de Games of Thrones, Emilia Clarke est pétillante, parfois trop même, charmante avec son sourire et sa joie de vivre.
La réalisation est soignée, un esthétisme séduisant dans la deuxième partie du film. Couleurs, lumières, dépaysement pour alléger le thème central du film

Le film manque par certains cotés et ne peut transmettre la profondeur de certains passages du livre. Les réflexions sur l'handicap, la vie, la qualité de vie, les arguments pour vivre ou pas, aimer ou pas, on ne les retrouve pas dans le film.


C'est un film romance, léger, bien fait, formaté pour plaire. La bande originale, est bien faite.
et permet de passer une bonne soirée.


Scénario : 3 etoiles
Réalisation :  3 etoiles
Impression générale : 3 etoiles
Inivitation d'aller voir le film  : 4 etoiles

 

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L'avenir : film très français, mais plaisant et intello

Isabelle Huppert Mia Hansen Love lavenir

 

L'avenir, un film qui peut plaire 

 

La réalisatrice française a reçu en février l'Ours d'argent, de la meilleure réalisatrice lors du festival du cinéma à Berlin, jury présidé par Meryl Streep, pour son dernier film " l'avenir ". Un prix qui vient couronner une carrière entamée en 2007. A 35 ans, cette cinéaste discrète a eu son premier rôle auprès d'Olivier Assayas (son mari) pour Fin août, début septembre. Elle réalise son premier film Tout est pardonné, sorti en 2007, puis Le Père de mes enfants (2009),  Un Amour de jeunesse (2010), et  Eden (2014).

 

Mia Hansen Love Ours argent lavenir

Mia Hansen-Love,  Ours d'argent, meilleure réalisatrice, festival du cinéma en Allemagne

 

C'est l'histoire d'un couple de professeurs qui se séparent. Dans cette " comédie de mœurs ", la vie de Nathalie (Isabelle Huppert) professeur agrégée de philo connait des changements : maladie de sa mère, séparation d'avec son mari, et les enfants qui partent.  Un film très français qui ressemble fidèlement aux films des années 70, de Claude Sautet ou d'Eric Römer. On peut facilement imaginer Romi Schneider dans le rôle d' Isabelle Huppert : une femme qui divorce, dans une société qui change. Ce genre de film cher à certains amateurs de films intello, si moqué par ceux qui y voient nombrilisme, prétention et clichés.  


Cette prof de philo dans la cinquantaine nous parle de l'amour, du couple, du vieillissement, de la mort, de la naissance, et de philosophie.  Film d'auteur parisien et bourgeois, avec pas mal de clichés. Pourtant, le film est plaisant, où un chat allège la lourdeur de la prétention philo, où la mère de la prof est largement plus joyeuse que la fille.

Le scénario est un simple dialogue, où il ne se passe pas grand-chose. Les événements existent mais leur retentissement sur les personnages est limité. La réalisatrice nous propose de la nostalgie, de mélancolie et de la sensation du temps qui passe. Les acteurs sont bien dirigés, l'interprétation est juste sans lourdeur ni excès.  La réalisation est remarquable.

 

Isabelle Huppert lavenir


Il existe des points forts, l'apprentissage de la vie en solo par ex, Nathalie qui affronte la vie qui change avec retenu, sans larmes, avec distance, acceptation, et une dose de stoïcisme. Elle n'a pas le choix, elle doit vivre. On devine la douleur de sa séparation, on ne la voit pas, on devine sa colère, elle ne la montre pas. A travers ce personnage, Nathalie (Isabelle Huppert), Mia Hansen-Løve aborde avec retenue et humour le sort cruel des femmes après quarante ans, qui ne seraient alors que " bonnes à jeter à la poubelle " selon l'héroïne. La philosophie et la parole nous sauvent-elles de la vie réelle ?
Difficile liberté d'un personnage qui sera enfin apaisé malgré la tourmente. Je n'ai plus de mari, plus de mère (elle est morte), les enfants sont partis ; je suis tout à fait libre. Liberté douloureuse.

 

Mia Hansen-Love signe son meilleur film grâce à une actrice en parfaite maîtrise, un film français sur la crise existentielle, un film à prétention intello où des discussions philosophiques sans lien avec l'évolution des personnages tentent d'ajouter un sens à travers des citations de Rousseau ou de Pascal.


Par contre, c'est un film parisien à clichés, comme professeur de philosophie parisien avec maison de campagne. De jeunes philosophes en herbe vivant dans une maison perdue du Vercors débattent du sens de la vie dans toutes les langues et font du fromage.  On est dans la mauvaise caricature ou pas loin, dans les clichés des années 70.


Isabelle Huppert, émouvante, et juste, et une réalisation inspirée ont sauvé un scénario sans événements.  Espérons que ce film trouve son public.   

 

Scénario: 1 etoile

Réalisation: 4 etoiles
Notre appréciation : 3 etoiles

Invitation à voir le film:  3 etoiles

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Stricke Back, série à succès d'après les livres de Chris Ryan

Strike back Stapleton Winchester Green

 

Stricke Back, des soldats un peu spéciaux 


Chris Ryan intègre le Special Air Service (SAS) en 1984. Au cours de ses dix années de service, il accomplit plusieurs missions qui l'emmènent aux quatre coins de la planète pour des entraînements ou des opérations spéciales. II assume, en outre, le commandement de l'équipe des snipers pour les missions de contre-terrorisme.
En janvier 1991, durant la 1ère Guerre du Golfe, un commando de huit hommes du SAS - nom de code " Bravo Two Zero " - est infiltré en profondeur derrière les lignes ennemies irakiennes.
La mission tourne à la tragédie. Un seul homme échappe à la mort ou à la capture, Chris Ryan. Il réalise alors la plus grande évasion jamais accomplie par un membre du SAS, ce qui lui vaut de recevoir la Médaille Militaire.
En 1994, Chris Ryan quitte le SAS pour se consacrer à l'écriture. Quinze ans plus tard, Chris Ryan est l'un des auteurs de thrillers les plus célèbres en Angleterre. Il a publié une dizaine d'ouvrages, qui ont tous dépassé plusieurs centaines de milliers d'exemplaires vendus. Il est à l'origine du phénomène " SAS thriller " en Angleterre.

 

Strike back Stapleton Winchester Mitra


La série Strike Back est une production américano-britannique basée sur les romans de Chris Ryan. La série prend notamment racine dans le roman homonyme (2007) de Ryan.
La cinquième et la dernière saison de cette série vient d'être diffusée dans certains pays européens. Ca sera le cas en France début décembre.     
C'est presque une tradition littéraire anglo-saxonne, raconter des exploits attribués aux soldats, et mettre en lumière la valeur de l'individu et son courage. C'est la tradition James Bond, des livres à succès à des films devenus mythiques.  
Cette série relate les aventures et péripéties d'une unité d'élites de l'armée britannique, dite " la section 20 " une unité secrète de renseignement militaire britannique, composée d'hommes et de femmes qui partent sur le terrain en mission spéciale, dangereuse voire en " mission impossible " pour lutter contre les terroristes.

 

Je me sens nu sans mon fusil

Organisation, compétence, efficacité, précision, force physique, sang-froid, logistique et ingéniosité sont requis par ses hommes face à des conditions extrêmes. Personne ne discute le bien fondé des ordres ; Scott et Stonebridge amis et complémentaires sur le terrain, le disent eux-mêmes nous sommes des soldats. Ces soldats sont commandés par un officier et le lieu de commandement s'appelle " la bergerie ", l'officier (homme ou femme) descend sur le terrain quand son équipe est dépassée par les événements.

 

Strike back Winchester

 

Cette série nous montre aussi les erreurs de ces officiers; hommes et femmes commettent des erreurs. La dure réalité de l'action n'épargne personne et la sanction ne tarde pas.  Cinq saisons de réussite, puis la saison 5 diffusée en 2016 met un terme à la série.  Ce n'est pas James Bond, ici, on meurt, on est blessé, on est capturé, on est humain. Courageux, dévoué, discipliné, professionnel mais humain.   
Vous aimez l'action, les kalachnikovs, les bagarres, et le sexe joyeux, vous serez servis.
Cette série est plaisante à voir, addictive, moments d'humour, solidarité dans l'action, quelques scènes de sexe et d'amitié tempèrent les moments de violence.  La série se passe dans diverses régions du monde où des conflits ont lieu, Afrique, Colombie, Thaïlande, Moyen orient, Corée, Ex-Yougoslavie, décors émouvants et beauté des paysages exotiques accompagnent les personnages à travers le monde.  Nous sommes loin aussi de l'ambiance de la série mission impossible.
C'est une série passe-temps, agréable à regarder sans autre prétention.

 

Strike back Stapleton Srbova

 

 

Nous sommes des soldats ou des putains de pions ?  

Nous sommes loin de James bond et ses exploits qui ont fait sourire nos parents.  La dernière saison se termine par la condamnation du pouvoir politique corrompu, cynique et incompétent, ces hommes politiques si loin du terrain et des risques de la vie réelle qui décident de supprimer la section devenue trop gênante. Des soldats qui croyaient servir leur patrie découvrent qu'ils sont des pions à sacrifier sur un échiquier politique ou diplomatique. Dans la dernière saison, la série a montré ces hommes soldats autrement, leurs fragilités, leurs questions et leurs problèmes personnels. Il ne s'agit pas de James bond, ni cowboys mais des hommes et des femmes soldats, des humains.

 

Strike back Srbova


Vous regardez plusieurs saisons de stricke back, vous pouvez dire que cette série rend insensible à la violence et à la mort, qu'il s'agit d'un spectacle.  La saison 4 puis la saison 5 entrainent les personnages vers l'émotion, vers l'introspection. La mort d'une camarade provoque chagrin, larmes et respect. On va un peu plus loin, ces soldats sont des maris, des pères, et des amis. Ils se permettent même de tomber amoureux et de pleurer.

 

Strike back Stapleton

 

Dans le monde occidental, après la guerre du golfe et la guerre d'Iraq, après les mensonges qui ont impliqué l'armée britannique en Iraq, les anglais, comme de nombreux occidentaux semblent ne plus croire dans le discours politique manipulateur, refusent même d'encourager tout engagement dans leur armée dans un conflit extérieur pour éviter que les soldats et les citoyens deviennent des pions dans un jeu cynique. La série sticke back va dans ce sens. Ils quittent l'armée et ses magouilles, ils gardent l'essentiel : le souvenir des disparus pendant les opérations et l'amitié avec les copains toujours en vie.   


C'est une fin intelligente, qui va dans la tendance générale des opinions publiques en occident qui désirent moins de guerre et plus d'intelligence dans la gestion des conflits .

 

 

 


 

 

 

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3 films de Michelle Pfeiffer, à partir de trois romans

Michele Pfeiffer beaute coprs

 

Michelle Pfeiffer, trois films de trois romans

Pour certains, Michelle Pfeiffer restera à jamais la Catwoman de Batman, Pour d'autres, c'est l'actrice des rôles sérieux, complexes et des scénarios littéraires.

 

Biographie de Michelle Pfeiffer

 

Née le 29 Avril 1958 à Santa Ana, Californie, Michelle Marie Pfeiffer est la fille de Richard Pfeiffer, un créateur de jeu vidéo et Donna Pfeiffer, une femme au foyer. Sa famille originaire du Dakota du Nord a déménagé à Midway City où Michele allait passer ses premières années scolaires. Après des études d'art dramatique, en Californie, elle rejoint la ville du cinéma pour intégrer le casting d'une série télévisée, Delta House, en 1979.
Pfeiffer fait ses débuts à la télévision en 1978, quand elle décroche un petit rôle dans la série d'ABC, Fantasy. Elle continuera à jouer dans un certain nombre d'émissions mineures de télévision.
Premier rôle en 1982 est dans la comédie romantique musicale, Grease2 de  Stephanie Zinone  Grease 2. En dépit des critiques négatives pour ce film,  Pfeiffer va jouer dans le film Scarface, de Brian De Palma en 1983.

En 1988, elle joue le rôle de la vertueuse Madame de Tourvel dans Les Liaisons Dangereuses, sous la direction de Stephen Frears. Son interprétation est acclamée par la critique, et elle remporte le BAFTA Award de la meilleure actrice dans un second rôle et est nommée pour l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle.

 

Michele Pfeiffer filmographie romans

L'actrice est au sommet de sa gloire au début des années 90. Elle va avoir un rôle dans une production grand public en 1992, elle se glisse dans la tenue sexy de Selina Kyle, plus connue sous le nom de Catwoman. Son personnage d'héroïne féline dans le Batman, le défi de Tim Burton est son plus gros succès au box office.


Après cette superproduction, elle choisit encore pour la deuxième fois un scénario littéraire avec Le Temps de l'innocence (1993) de Martin Scorsese.
A partir de la fin des années 90, l'actrice se cantonne essentiellement dans le registre romantique  Personnel et confidentiel, Un beau jour, Une vie à deux.

Elle tourne un scénario littéraire, Chéri sous la direction de Stephen Frears en 2012.
Puis People Like Us (2012) et la comédie de crime Malvita en 2013, puis le Crime de l'Orient-Express qui sera tourné en 2017.
Parmi ces trois films, il est possible de trouver le meilleur rôle du cinéma de Michelle Pfeiffer. Elle a accepté ces scénarios tirés de trois chefs d'œuvre littéraire et le défi de jouer ces rôles complexes.

Michele Pfeiffer les liaisons dangereuses

Les liaisons dangereuses (1988)


Deux aristocrates brillants et spirituels, la marquise de Merteuil et le séduisant Vicomte de Valmont, signent un pacte d'"inviolable amitié" à la fin de leur liaison. C'est au nom de celui-ci que la marquise demande à Valmont de séduire la candide Cécile de Volanges qui doit prochainement épouser son ex-favori, M. de Bastide. Mais Valmont a entrepris de séduire la vertueuse Mme de Tourvel.
C'est la meilleure adaptation à l'écran du roman de Choderlos de Laclos. Œuvre littéraire majeure de la littérature française du XVIIIe siècle, ce récit épistolaire devient plus léger et plus rythmé, fruit de la collaboration du réalisateur Stephen Frears avec Christopher Hampton. Cette version est directement adaptée de la pièce que Christopher Hampton a montée à Broadway en 1987.
Ce film passe de la comédie noire au ton du polar. Stephen Frears reste fidèle à lui-même en portant un regard ironique et incisif envers les membres d'une classe sociale, les nobles de la période prérévolutionnaire. Les passages dramatiques du roman sont abordés avec un ton humoristique. Le film fut un succès planétaire et consolida la place de Frears dans l'industrie hollywoodienne, et ouvrit les portes du cinéma à Michele Pfeiffer.
Michelle Pfeiffer joue tout en retenue, sa beauté est magnifiée par la mise en scène, subtil mélange d'élégance et gravité. C'est un de ses plus grands rôles au cinéma.

 

Michele Pfeiffer le temps de linnocence


Le Temps de l'innocence  (1993)


Le Temps de l'innocence est une curiosité réussie dans la carrière de Scorsese, plus habitué aux films de gangsters et d'affranchis.
Le Temps de l'innocence, du roman de l'américaine Edith Wharton  prix Pulitzer 1921 est un mélodrame, histoire d'amour impossible au sein de l'aristocratie new-yorkaise des années 1870. Michelle Pfeiffer (Ellen) et Winona Ryder (May) partagent l'affiche avec Daniel Day-Lewis (Newland).
Newland Archer/Daniel Day Lewis est amoureux de la comtesse Olenska/Michelle Pfeiffer, victime d'un mariage malheureux. Newland, conformément à son rang et aux conventions familiales, doit épouser May/Wynona Ryder. Autour d'eux, gravitent beaucoup de personnages faisant plus ou moins partie de leurs cercles familiaux. On y retrouve ses thèmes favoris d'Edith Wharton : la solitude, l'amour frustré, la force des barrières sociales, l'atmosphère d'un New-York puritain, les bourgeois.
Il n'y a pas de héros ici, pas de morale, juste un roman lucide sur la condition humaine et sur la société d'une période puritaine qui étouffait ses jeunes et leurs émotions dans un univers de politesse, de bonnes manières et de ragots.
Le film bénéficie d'un cadre stylisé, robes de satin, demeures fastueuses, tableaux de grand maîtres, cérémonies, luxueux mets et superbes meubles.  Voilà le décor qui protège le poids des conventions, surtout quand il s'agit de mariage.
L'irruption de l'émotion dans ce monde va entraîner l'hostilité. Une femme en instance de divorce tombe amoureuse d'un homme marié. La société va protéger le mariage de cet homme, en faisant bloc contre cette liaison.
La lumière tout à fait prodigieuse illumine l'ensemble des scènes avec délicatesse. La photographie est superbe. Le réalisateur a une science du cadrage et à des mouvements de caméra virtuoses.
Un film réussi sans être le meilleur de Scorsese, ni de michelle Pfeiffer. Elle porte son rôle avec minutie, elle sait jouer comment montrer ses émotions, comment les dissimuler en société, comment se retenir, comment parfois s'abandonner.   

 

Michele Pfeiffer cheri film roman collete


Chéri (2009)


Dans Chéri de Stephen Frears, une courtisane vieillissante nommée Léa est allongée à côté de son amant.  Il lui murmure : Vous êtes si belle.  Fred, dont le surnom est Chéri, a 30 ans moins que sa maîtresse. Léa, jouée par Michelle Pfeiffer lui réponds : Un bon corps dure longtemps, Tout le monde le sait.
Le film, une adaptation d'un roman des années 20 de Colette, donne l'impression d'une liaison légère. Il est beau superficiel, elle est une "femme d'affaires" blasée. Le film nous mène tranquillement dans la légèreté puis la quasi-totalité de l'impact du film est livrée dans ses dernières minutes, fin d'une époque, la guerre, le réel qui intervient dans la chambre des amoureux.  
Lea est tragiquement consciente d'elle-même, de ses avantages et ses faiblesses. L'affaire est amusante au début, badinage et séduction puis attachement réel à un presque adolescent. Le roman de Colette comme le film revisite certains thèmes ; la rivalité féminine, la perte de la beauté, la sexualité.
Dans ce film, Michelle Pfeiffer a osé briser l'image de la femme belle et séduisante, elle joue avec justesse le rôle d'une courtisane vieillissante, qui joue ses dernières cartes, le corps séduit moins qu'avant, les amants plus jeunes rencontrent des femmes plus jeunes. Michelle Pfeiffer impressionne en femme à l'automne de son charme, dans une reconstitution du Paris des années 1910 qui ne laisse pas indifférent. Chéri offre un rôle écrit sur mesure pour Michelle Pfeiffer, brillante, complexe, d'une beauté finissante, témoignage de Stephen Frears à la littérature française.

 

On se trompe en réduisant le cinéma américain aux films grand public, et les acteurs américains à des produits du box office.
Dans ces trois films, Pfeiffer rend hommage à la grande littérature affirmant que l'association de ces arts peut faire de belles réalisations.

 

 

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Attraction ou the Human Contract : film mystérieux qui peut plaire

human contract attraction

 

Attraction ou the Human Contract: aimer pour oublier le passé

Voilà un film tourné en 2008, sorti en 2011 et qui vient d'être en DVD depuis Aout 2016. Je ne sais pas si ce film était dans les salles en France après sa sortie aux USA.  


Jada Pinkett Smith a réalisé un film sombre, un film sur les secrets et les blessures que nous cherchons à garder sous clé, et qui influencent nos vies et nos comportements. On suit l'histoire mais on reste en attente, les personnages n'avancent pas, n'évoluent pas.  Chacun est figé dans son passé.


On nous raconte l'histoire d'un homme (Julian) qui réussit socialement, et professionnellement, mais il est seul, il hésite à signer les papiers de son divorce.

 

human contract attraction Paz Vega


Essayons de simplifier l'histoire.
Au début du film, pendant une relation sexuelle, Julian est dans sa salle de bain et se regarde et frappe le miroir. Il refuse de donner le code de sa chambre de photos à petite amie. Il est en colère tout le temps car il y a un grand secret dans sa vie qui le tracasse.  
Julian Wright (Jason Clarke) est spécialiste compétent en marketing, mais est incapable de faire face à plusieurs événements de son passé. Il a perdu sa femme et envisage de signer les papiers du divorce. Avec sa vie amoureuse en lambeaux, il se concentre entièrement sur son travail avec une grande augmentation de salaire et un nouveau bureau à l'horizon. Il rencontre "Michael" (Paz Vega), une femme étrangère, avec une overdose de charme et de chaos


Cette femme séduisante, sexy, et libre, va compliquer sa vie. Le héros de ce film porte en lui un passé sombre, une mère alcoolique et abusive qui ne l'a jamais aimé. Il est violent dans ses réactions, et dans ses jugements.
Au contact d'une femme séduisante et légère, jouée Paz Vega, il découvre à nouveau ses propres souffrances et sa propre solitude. Elle le pousse à faire face à son passé. Il dérape, il refuse, il devient violent même avec elle.

 

human contract attraction Vega clarke


Vers la fin du film, on découvre que  sa mère avait tenté de se suicider et qu'il lui avait sauvé la vie. Au début du film, sa mère lui demande de repeindre sa chambre (où il a passé son enfance), mais il refuse. A la fin, il repeint la chambre et confronte sa mère sur le passé.  Pourquoi cela est-il arrivé ? Parce qu'il a eu une relation sexuelle avec sa mère quand il était enfant, et au début du film, le gémissement de la femme pendant l'acte sexuel lui rappelle cet acte sexuel avec sa mère.

La scène de fin est bien réalisée.  Il donne à la jeune femme la clé de la chambre où il range ses photos, des clichés sur la laideur du monde, puis peint sa chambre bleue en blanc, il dépasse enfin son passé douloureux avec sa mère, la page est blanche.

 

human contract attraction Paz Vega .jason clarke


Mention très bien pour l'actrice espagnole Paz Vega, elle joue avec réussite son rôle, de femme optimiste et enjouée, une infirmière pour adulte comme elle dit. Elle est belle, séduisante, humaine, avec justesse.  Les rares scènes de nudités sont tournées avec élégance.


Julian et Michael, une rencontre entre deux personnes à problèmes. Deux personnages négatifs qui peuvent séduire certains spectateurs.


C'est un film bien réalisé par l'actrice Jada Pinkett Smith. Sa première réalisation semble s'adresser à un public qui aime les scénarios sophistiqués. Chaque événement est à interpréter.  L'histoire est racontée d'une façon allusive, parfois difficile à suivre.    


Après ce film, la réalisatrice Jada Pinkett Smith a continué sa carrière d'actrice dans Menace II Society, Le Professeur Foldingue, Scream 2, Matrix sans oublier son rôle dans de Fish Mooney dans la série Gotham.

 

 

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Commentaire récent pour cet article
Guest — Rami

Merci pour l'explication

Rien compris ce film, je l'ai trouvé indigeste. Avec cette explication de l'histoire, ça va mieux ... Lire la suite
mardi 4 octobre 2016 13:30
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Hollywood pré code : liberté, divertissement et désir

harlow jane red dust

Jane Harlow , film : red dust

 

Hollywood pré code :  le divertissement et le désir  

La crise financière de 29 va se prolonger par un désastre économique sans précédent, ce qui va modifier en profondeur les valeurs et les croyances des Américains dans leur système, dans leur pays, dans leur classe politique.
Le rêve américain ne séduit plus en 1929, l'exception américaine, l'universalisme, l'autonomie et surtout l'individualisme, voilà des valeurs qui ne séduisent plus personne, laissant la place à des valeurs plus urgentes comme la solidarité, le collectif, la communauté.
Les valeurs traditionnelles trouvent alors une popularité croissante.
Le terme Pré-Code évoque l'époque de l'industrie cinématographique américaine avant 1934, avant l'instauration de " Motion Picture Production Code ", une sorte de code de bonne conduite dans la production du cinéma et des images nommé le code " Hays ", adopté en 1930 et appliqué à partir de juillet 1934.
Les films avant ce code contenaient des scènes de nudité, des insinuations à caractère sexuel ou érotique, des scènes de consommation de drogue, prostitution, infidélité, avortement, violence, et homosexualité.

 

Les films pré-code

Entre l'avènement du parlant et la mise en place du code, c'est à dire entre 1930 et 1934, un vent de liberté et de légèreté souffle sur l'industrie du film américain, avec colts et dentelles, gangsters et prostituées.
La fascination pour ces films "pré-code" peut être expliquée par le contenu léger, comique et suggestif de ces films : hommes et femmes se désiraient, s'aimaient, couchaient sans culpabilité, période qui se prolongea 7 ans (entre 1927 et 1934) de sexe, drogue, et adultère. Les films avant code exhibaient les problèmes sociaux, ridiculisaient les hommes politiques en les montrant incompétents et menteurs. Le besoin de leaders forts pouvant prendre en charge et orienter l'Amérique vers la sortie de crise, était un thème fréquent.

 

Norma Shearer la divorcee

Norma Shearer dans la divorcee

 

Les films avant code n'avaient aucun problème avec les dictateurs, on trouve des films pour glorifier Mussolini ou Adolf Hitler.
La violence attirait les spectateurs, les films avant code traitaient la criminalité individuelle et en groupe, la violence était présente, Hollywood avaient ses gangsters "célèbres", le genre était populaire, les affiches et les photos publicitaires éclatantes, provocantes.

Le film le plus souvent cité comme le premier film pré-code est "la divorcée" de Norma Shearer. On trouve un look sophistiqué, des dialogues drôles, le double standard sexuel, un homme qui couche est un séducteur, une femme qui couche est une garce. Le film fut considéré comme immoral, mettant en valeur une femme indépendante moralement et sexuellement. Le film fut un grand succès, et Shearer a remporté l'Oscar de la meilleure actrice pour sa performance.

 

Del Ruth Blonde Crazy

Del Ruth dans le film Blonde Crazy

 

Rétrospectivement, ces 7 ans de pré-code furent une croisée des chemins : émergence des entreprises de studio de production et de leur professionnalisation. Transition maladroite et hésitante du cinéma muet vers le parlant, révolution technologique concernant les caméras, la réalisation, et l'installation de la radio comme moyen de communication incontournable, l'apparition du monde des stars de cinéma grâce aux médias et aux journalistes, et le début de nombreux genres qui vont marquer le cinéma comme les comédies musicales ou les films d'action.

Cette époque se distingue par une liberté de création, et un esprit pionnier, novateur de certains producteurs, de certains réalisateurs.
La chose la plus étrange à propos de ces films pré-code est leur longévité, et l'engouement du public pour ces films avec des femmes en sous-vêtements, aux coiffures sophistiquées, et aux robes drapées ou stylisées. L'humour du dialogue, la nostalgie, le talent des actrices et des acteurs peuvent expliquer la longévité de ces films.

 

Wellman Safe in Hell

Wellman dans le film Safe in Hell

 

Les films avant code montraient les relations avec des maîtresses, l'adultère. Jean Harlow a été décrite dans le Encyclopédie de Hollywood comme "le sex-symbol des années 1930, propulsé à la célébrité dans les films pré-code, comme Platinum Blonde, Red Dust et Red-Headed Woman."

 

jane harlow red headed

Jane Harlow dans le film red headed

 

Le film Red-Headed Woman est cité comme exemple de ces films pré code. Elle y joue le rôle d'une secrétaire qui cherche à séduire son patron et à briser son mariage.
Au cours de cette séduction, il tente de résister, il la gifle. Ils finissent par se marier. Jane Harlow séduit ensuite un riche industriel qui est en affaires avec son mari. Bien que ce plan réussisse, elle a une autre liaison, et tue son mari pour partir avec son amant. Le film a été décrit comme un "chef-d'oeuvre", et nommé aux Oscars. Cependant, le film Red-Headed Woman fut interdit dans de nombreux états américains.

En 1932, personne ne souffre du péché de chair, les personnages de Gable et Harlow savourent le désir, la sexualité sans culpabilité. Bien que la caméra s'éloigne pour ne pas trop insister, le désir est présent, franc, montrable, et non pas un jeu subtile ou ambigu.

Ces films représentent un virage vers un contenu pour adultes, une vision du monde du plaisir et de la légèreté.

La mobilisation de l'église catholique s'organisa à partir de 1933, par la formation de la légion catholique de la décence. Il s'agit d'un groupe affilié à l'église catholique, qui émet une classification sur les films, pour déconseiller ou pour encourager la famille à regarder le film.
Au début, ces classifications n'affectaient pas les revenus des films. Progressivement, l'organisation a grandi, a commencé à faire pression sur le gouvernement.


Les studios et les producteurs ont décidé de négocier avec le gouvernement fédéral un code de bonne conduite autorisant une autorité désignée à censurer les scénarios, et les films selon des critères précis.
Ce code demandait aux producteurs et aux réalisateurs de promouvoir les valeurs traditionnelles de l'Amérique. Par exemple, les relations sexuelles hors mariage ne devraient pas être présentées comme des relations attirantes ou joyeuses, mais comme des relations coupables et problématiques.
Tout acte criminel devrait être jugé et puni, jamais récompensé. La violence devrait être maîtrisée. Les autorités morales, judiciaires et politiques devraient être traitées avec respect. En cas de présentation de policiers, d'hommes politiques, ou de juges méchants ou corrompus, il est important de signifier aux spectateurs qu'il s'agissait d'une exception à la règle.
Le code Haye affirme que le rôle des films est de divertir, qu'un excès de réalisme conduit à des présentations sociales, juridiques ou raciales problématiques. Cette tendance va durablement marquer le cinéma américain. Le cinéma hollywoodien sera critiqué par la suite en raison de sa capacité à divertir, sans présenter la réalité économique ou sociale du pays.
Les discussions qui ont accompagné l'élaboration du code de bonne conduite indiquaient que les films ne peuvent changer la société, ne peuvent cultiver un esprit de révolte ou de désespoir, ne peuvent fragiliser le système économique ou le système politique en place.

En 1934, le Production Code, code de censure connu en France sous le nom de "Code Hays" est adopté et un bureau mis en place pour relire tous les scripts de film en production.

 

C'est le début d'une censure organisée et centralisée aux USA, entreprise à l'initiative des studios eux mêmes pour éviter de voir leurs films dépecés par les censures étatiques locales.
Le code de bonne conduite est appliqué à partir de 1934 dans le cinéma américain. Il restera en vigueur jusqu'en 1968.

 

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Brooklyn

brooklyn movie

 

From ireland to brooklyn

J'ai bien aimé le film Brooklyn un film de 2015 de John Crowley et Paul Tsan avec Saoirse Ronan, Domhnall Gleeson à partir du roman de Colm Tóibín.

Une bien modeste jeune fille dans un village négligé mène une vie ordinaire entre sa mère et sa sœur, dans l'Irlande pauvre des années 50.

 

brooklyn ireland

 

Sa sœur la voyant sans avenir, aidée par le prêtre du village, la pousse à trouver du travail en Amérique, elle voyage par bateau avec d'autres migrants et est accueillie dans la communauté irlandaise de Brooklyn.
La- bas elle sera une vendeuse dans un grand magasin, malgré le mal du pays et de sa famille. Elle loge et vit dans une pension de famille. Jusqu'au jour où le prêtre de la communauté l'inscrit à des cours de comptabilité, lui permettant d'obtenir enfin un diplôme.

 

brooklyn film

 

A partir de ce moment, son destin change, la jeune fille voit s'ouvrir devant elle les portes jusqu'alors fermées. Elle rencontre un jeune italien qui veut l'épouser. Elle retourne en Irlande pour l'enterrement de sa soeur, et se voit proposer un emploi de comptable dans une entreprise. Un jeune homme irlandais de bonne famille lui fait la cour et veut la retenir auprès de lui. Sa mère désormais seule souhaite aussi sa présence.

Elle constate tous ces changements et dira " j'aurai bien aimé qu'on me propose tout cela avant "
Cette modeste jeune fille devenue une jolie jeune femme instruite, diplômée et capable, se voit solliciter à prendre son destin en main.

 

brooklyn film amour

 

La narration simple, efficace, rafraichissante sans le misérabilisme généralement associé aux migrants irlandais de cette époque, nous montre la lente transformation de la chrysalide en papillon aux couleurs éclatantes.

 

Elle choisira l'avenir à construire plutôt que le passé. Quand diplôme et éducation vous ouvrent les portes du destin....

 

 

 

 

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Film culte : Un singe en hiver

singe en hiver1

 

Singe en hiver, poésie et d'ivresse

Un film de 1962, d'Henri Verneuil avec Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo, Suzanne Flon.
Ce film prouve que le cinéma peut être une réussite sans effets spéciaux et sans vulgarité. Excellente comédie, à partir du roman d'Antoine Blondin, Verneuil réalisateur, Michel Audiard dialoguiste, Michel Magne à la musique, et deux comédiens brillants Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo.
Un des meilleurs films du cinéma français, une belle histoire d'amitié entre deux hommes. On peut dire que c'est le meilleur rôle de Belmondo. Dans ce film, il est jeune, beau, lumineux. Il est à la fois léger et vulnérable, inconscient et grave.


Si vous pensez que c'est parmi les meilleurs rôles de Gabin et de Belmondo, je suis d'accord avec vous. Un feu d'artifice du 7ème art, comme le spectacle pyrotechnique qui termine ce chef d'œuvre.
Fin connaisseur de littérature, Audiard proposa d'adapter le roman éponyme d'Antoine Blondin, qui avait obtenu le prix Interallié en 1959 ; un chef-d'œuvre de littérature, d'une plume sensible et talentueuse.
A sa sortie, en mai 1962, l'histoire ne fait pas l'unanimité. Parmi les rares critiques positives, on cite Jean Rocheteau dans La Croix : "Je sais je ne devrais pas écrire cela. Ce n'est pas bien, certes, de soutenir une œuvre querellée par le ministère de la santé publique mais qu'y puis-je si Un Singe en Hiver m'a mis le printemps au coeur." La réussite populaire est au rendez vous.

 

singe en hiver2

 

Histoire simple : vin, voyage, ivresse  

 
L'action se situe en 1944 à Tigreville sur la côte normande aux environs de Deauville. Albert Quentin (Jean Gabin) ancien fusilier-marin d'indochine tient avec sa femme Suzanne (Suzanne Flon) l'Hôtel Stella. Albert, accro à la bouteille, promet à Suzanne de ne plus toucher une goutte d'alcool si leur hôtel échappe aux bombardements. L'hôtel tient bon, promesse tenue !

 


15 ans plus tard débarque Gabriel Fouquet (Belmondo) qui, lui, boit pour oublier l'échec de sa vie sentimentale avec Claire, qui vit à Madrid alors que leur fille est pensionnaire à Tigreville.
Les deux hommes, qui n'ont pas "le vin ni la cuite mesquine", vont connaître deux jours euphoriques, heureux, poétiques mémorables pour eux, et pour les habitants grâce à l'ivresse. L'un va retrouver l'Espagne, l'autre...la Chine.
L'apothéose de cette soulographie s'achèvera par un feu d'artifice (dantesque) sur la plage... Puis...chacun retournera à sa vie d'avant.

 

singe en hiver3

 

Les films cultes sont composés de scènes cultes


On trouve dans ce film des perles, un mélange délicieux de la plume de Blondin et d'Audiard comme cette tirade de Quentin :


" Les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps, mais qui ont toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients et toi ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs ; ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges. Vous avez le vin petit et la cuite mesquine ; dans le fond, vous ne méritez pas de boire. "


Ou encore ce dialogue mémorable de Quentin :  


- Je ne vous apprendrais rien en vous rappelant que Wang-Ho veut dire fleuve jaune et Yang-Tse-Kiang fleuve bleu. Je ne sais si vous vous rendez-compte de l'aspect grandiose du mélange : un fleuve vert, vert comme les forêts, comme l'espérance. Matelot Hénault, nous allons repeindre l'Asie, lui donner une couleur tendre. Nous allons installer le printemps dans ce pays de merde !


Le lundi 22 septembre 2014, cinquante-deux ans après le tournage du film, Jean-Paul Belmondo est revenu dans la commune de Villerville (tigreville) pour recevoir un hommage largement mérité pour son talent et sa carrière exceptionnelle. Le public n'a pas oublié le grand acteur Belmondo ni ce grand film qui est devenu un des trésors du cinéma français.
L'année dernière, hommage à Lyon à Belmondo. Quand on demande à l'acteur quel film projeter pour cette soirée d'hommage, il choisit bien sûr un singe en hiver.     

 

 

 

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The virtuose : hommage à Benjamin Britten

 

Virtuose1

Virtuose et Britten ?


Si vous ne connaissez pas Britten, regardez le film « the virtuose » film du canadien F. Girard avec Dustin Hoffmam et Garrett Wareing, un orphelin à la voix magnifique deviendra un virtuose sous la direction du maître de chœur Hoffman qui le prendra sous son aile.
Ce film met en valeur le chant choral dans une institution renommée qui en profite pour faire des tournées mondiales avec les jeunes prodiges du chant qu’elle forme.

 

Virtuose2

 

Vous serez émerveillé d’entendre entre autres A Ceremony of Carols de Britten, un pur ravissement pour les oreilles.... Cette série de chant choral composé sur des poésies anglaises populaires du XVème et XVIème (The English Galaxy of Shorter Poems) autour du thème de Noël comprenant This little Babe, that yongë child, Balulalow etc.


Britten né en 1913 est grand mélodiste, créateur de la mélodie anglaise moderne et du renouveau de l’opéra anglais au XXème siècle. Célèbre dans le monde anglo-saxon, il reste peu connu en France.

 

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Car l’œuvre de ce compositeur est orientée principalement vers la musique vocale, compositeur moderne et aussi un digne héritier d’Henry Purcell (variation et fugue sur un thème de Purcell). Toute la vie de ce musicien contemporain sera tournée vers la musique.


L’été 1928 Britten écrit sa première œuvre absolument personnelle, les Quatre Chansons françaises (sur deux poèmes de Verlaine, deux de Victor Hugo). Britten met ici en musique une langue étrangère, qui impose une signature toute personnelle.
En 1937, Britten voit son premier succès international : Variations sur un thème de Frank Bridge données au festival de Salzbourg.


En 1939, la guerre approchant, Benjamin Britten s’exile aux États-Unis. Il y compose énormément, notamment Les Illuminations (sur la poésie d’Arthur Rimbaud), la Sinfonia da Requiem, et son Quatuor à cordes n° 1.
En 1942, Benjamin Britten âgé alors de 28 ans quitte l’Amérique et durant la traversée qui le ramène vers son pays, il compose A Ceremony of Carols opus 28 pour voix d’enfants et harpe sur des poésies anciennes anglaises.
Il achève ensuite la composition de son premier opéra, Peter Grimes, opéra le plus populaire de la première moitié du XXe siècle.
Il compose beaucoup et accorde beaucoup d’importance à ce que sa musique soit accessible et facilement jouable ; Albert Herring et The Turn of the Screw (Le Tour d'écrou) voient le jour.
Le folklore de son pays l’inspire aussi, comme avec folk songs

 

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Ce compositeur infatigable et prolifique meurt en 1976, anobli par la reine.
A voir et entendre ...

 

 

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« Outlander » : femmes fortes qui aiment les hommes

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« Outlander »: féminisme, amour, et romance

Produite par la société Starz, Outlander termine sa deuxième saison. Il s’agit d’un feuilleton divertissant, soigné, qui mérite d’être vu.
Tirée du roman de Diana Gabaldon, la série Outlander est un compromis entre le fantastique et la romance historique.
C’est une histoire de triangle amoureux, de sexe, de guerre. Le succès de Game of Thrones a attiré l’attention des producteurs sur un éventuel changement du goût des téléspectateurs en matière de sexe, de violence, de relations amoureuses, de nudité, et de paysages.

 

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Une dose de science fiction


Outlander est adapté du livre culte de l'écrivain américain Diana Gabaldon de 896 pages. Une recette intelligente et si efficace : une dose de science fiction pour voyager dans le temps d’une infirmière appelée Claire Randall (Caitriona Balfe) qui se rend en Ecosse en 1945 avec son mari Frank (Tobias Menzies), dans l'espoir de raviver leur relation. Claire est le témoin d’un rituel ancien se déroulant sur une colline entourée de pierres levées. Elle se retrouve alors, transportée dans le temps en Ecosse de 1743, une femme seule dans le feu croisé de la rébellion écossaise "jacobite" contre les Anglais.

 

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Décors, paysages, costumes et aventures


Un monde vert vallonné riche de rivières, de montagnes brumeuses, de forêts et de châteaux. Elle découvre que son mari (ou plutot son ancêtre) était présent au 18ème siècle, comme un anglais terriblement cruel qui pourchassait les Highlanders. Elle va tomber amoureuse d’un jeune, beau et héroïque écossais Jamie Fraser (Sam Heughan). Claire est déchirée entre son mari du 20ème siècle et son amoureux du 18ème siècle, entre la fidélité et le désir, entre deux hommes très différents dans deux vies irréconciliables.
Comme ils se déplacent avec leurs plans pour essayer de mettre fin à la rébellion jacobite, Claire et Jamie s'intégrent dans la société écossaise puis dans la société française.
Une partie de la deuxième saison se déroule en France. Versailles, spectacle, décors, costumes, jardins et raffinement.

Comme une romance historique, Outlander dessine le désir comme le plaisir d’être avec son amoureux  et la douleur quand l’autre est loin ou en danger.
Claire et Jamie flirtent tout le temps, leur passion est à la fois romantique et sexuelle.

 

Violence

Meurtres, guerres, maladies, canons, batailles, et agressions sexuelles. L’approche de la violence dans cette série est moins spectaculaire que dans Game of thrones sauf en ce qui concerne la relation entre les deux amoureux. Oulander reflète la violence d’un monde sans justice sociale, un monde cruel, ignorant, sauvage et sans sécurité.

Il existe certains écarts entre le livre et la série, comme donner à Jamie la voix off , alors que le livre lui, est raconté par Claire, ou comme la guérison de Jamie après son agression, mais la série reste fidèle globalement au livre.

 

Nudité

Peut-on parler de nudité de bon goût ? En tous cas, la nudité est présente sans agresser, sans choquer. La nudité masculine comme la nudité féminine. Curieusement, la nudité de Jamie est plus discutable, son corps est parfois traité comme un produit d’appel. Dans certains passages, la nudité masculine est totale (le pénis est montré.)

 

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Femmes fortes, féministes un peu

Les femmes sont fortes dans cette série. Elles ne subissent pas, elles agissent. Claire et les autres femmes font l’amour avec consentement, font des enfants, font la guerre avec courage et défendent leurs hommes et leurs villages sans hésiter.
On voit également certaines nouveautés. Claire est une femme sans culpabilité avec son désir, n’a jamais honte de son corps ou de sa sexualité. Elle aime le corps de son homme, et revendique son droit à ce plaisir. On parle de règles, du lait, d’allaitement... le féminin est normalisé ou presque.


Claire est un personnage positif, dans sa lutte pour la survie, et dans son intimité. Cette série est une épopée imaginaire, un brin féministe, une approche historique et réaliste de la période qui précéda la rébellion Jacobite en Écosse.

 

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La sexualité en feuilleton

Comme dans les autres séries populaires actuelles, Outlander n’oublie pas la sexe.
“Outlander” modifie quelques idées reçues sur le sexe à la télé. Les relations sexuelles entre Claire et Jamie sont romantiques, sans violence, recherchées et désirées. Rien de révolutionnaire dans la représentation de la nudité, de l'intimité, sauf l'intervention du point de vue féminin. Dans cette relation charnelle, il existe une nouvelle définition de la masculinité. Jamie peut être un guerrier, un homme sans merci avec ses ennemis, il est tendre, respectueux, amoureux dans le lit de sa femme. C'est un homme qui montre également sa fragilité et ses doutes sans être pour autant un antihéros, ou un homme anxieux.


Claire est une femme sexualisée, épanouie, sans chercher à se victimiser, ou à afficher sa fragilité.


Par exemple, dans l'épisode du mariage de Claire et Jamie, on voit une nouveauté. L'érotique est raconté du point de vue féminin. Claire n'acceptera pas une nuit de noces lapidaire ou violente. Le couple va parler, échanger. Chaque partenaire va apprivoiser les émotions et les sentiments de l'autre. Jamie, malgré sa masculinité, acceptera volontiers d'être initié par Claire. Finalement, ils ont des rapports sexuels pour la première fois.

La clé du succès de cet épisode est dans la danse de ce couple. Pas après pas, le couple va créer une sorte d'intimité. Cet épisode a été dirigé par une femme, Anna Foerster, et écrit par une autre femme, Anne Kenney. Il semble que ce fait a joué un grand rôle dans la réussite de l'épisode du mariage.
Vers la fin de leur première nuit ensemble, Claire a demandé Jamie de se déshabiller pour elle. Elle touche son corps, pour apprendre à le connaître, à l’apprécier.


Outlander est une série intéressante, avec des nouveautés, sans oublier l’essentiel : suspense et divertissement.

 

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4 raisons pour voir le film Boomrang

boomrang, le film

Hier, j'ai vu le film Boomrang de François Favart.

Je l'ai raté à sa sortie en septembre.

En revenant avec sa sœur Agathe sur l'île de Noirmoutier, berceau de leur enfance, Antoine ne soupçonnait que son passé va revenir comme un boomerang. Souvenirs incertains, les non-dits familiaux, les dissimulations. À sa disparition mystérieuse de sa mère, le père choisit la pire solution, le silence. La sœur Agathe préfère ne pas savoir, d'enterrer le passé avec le corps de sa mère. À la fin du film, on découvre qu'il s'agit bel et bien d'un secret, que la mort de la mère n'était pas une noyade mais un drame.

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