
La sexualité humaine est depuis longtemps un sujet d'étude dans les sciences sociales (par exemple, Freud, 1922/1959 ; Kinsey 1948 ; Kinsey, 1953, Master and Jonhson 1966). La plupart de ces études partent implicitement du principe que les individus sains ont la capacité d'être sexuellement attirés par une autre personne.
Si le fait d'avoir un désir sexuel est une méthode permettant à un individu de se classer comme une personne sexuelle, alors l'absence totale de désir et d'attirance sexuelle soulève de nouvelles questions sur le développement et la classification sexuelle. Bien qu'une proportion notable d'individus déclare un faible désir sexuel chronique et consulte pour traiter ce problème, une minorité d'individus note une absence chronique de désir tout au long de leur vie, qu'ils n'ont pas l'intention de changer et qui ne leur cause aucune détresse personnelle.
Au cours de la dernière décennie, les personnes asexuelles ont remis en question l’idée que la bonne santé physique et men tale s’accompagne d’un bon désir sexuel. Bien que la définition de ce que signifie être "asexuel" est fréquemment contestée, un individu asexué est souvent défini comme une personne qui n'éprouve pas d'attirance sexuelle (Bogaert, 2004).
Kinsey et al. (1948) ont d'abord quantifié ce groupe, appelé catégorie X, comme étant le groupe d'individus n'ayant aucune contacts ou réactions socio-sexuelles, il représentait environ 1 % de leurs participants. Cependant, Kinsey et al ne sont pas allés plus loin et se sont satisfaits de publier ce résultat sans analyse.
La première référence au terme asexualité, en ce qui concerne les humains, se trouve dans la recherche de Storms (1980) sur la nature de la sexualité humaine. On y décrit un modèle bidimensionnel de la sexualité humaine dans lequel l'homo-érotisme se situe sur une dimension et l'hétéro-érotisme sur l'autre. Les individus peuvent varier le long des deux dimensions, la direction érotique étant dictée par les types de fantasmes érotiques vécus par les individus ; par exemple, une personne dont les fantasmes érotiques concernent le plus souvent le sexe opposé serait considérée comme ayant un niveau élevé d'hétéro-érotisme et un niveau faible d'homo-érotisme. Selon ce modèle, les personnes asexuelles auraient peu de fantasmes érotiques, voire aucun, et seraient donc considérées comme ayant un faible niveau d'homo- et d'hétéro-érotisme.
Depuis l'étude de Storms (1980), le volume de la recherche sur l'asexualité n'a cessé de croître sans trouver une définition acceptable de l'asexualité, sans savoir s’il faut classer l'asexualité en tant qu'orientation sexuelle ou en tant que maladie.
Bogaert (2004) a défini l'asexualité comme une absence d'attirance sexuelle pour les personnes de l'un ou l'autre sexe.
Le terme « asexué » n'est apparu que des décennies plus tard. Dans l'analyse de Bogaert (2004) portant sur 18 000 résidents britanniques dans le cadre d'une enquête nationale, 1,05 % ont répondu à la question concernant l'attirance sexuelle : "je ne me suis jamais senti sexuellement attiré par quelqu'un".
Brotto en 2010 définit l'asexualité comme une "absence d'attirance sexuelle".
L'asexualité a été définie comme l'absence de désir de s'engager dans des activités sexuelles par Prause en 2007.
Les divergences entre les définitions vérifiées par les personnes s'identifiant comme asexuelles peuvent s'expliquer par les différences entre les communautés dans lesquelles les participants à ces études ont été recrutés, et par l'hétérogénéité au sein de la communauté asexuelle.
Scherrer (2008) a constaté que certains participants définissaient l'asexualité comme une absence d'attirance sexuelle tandis que d'autres la définissaient comme une absence de désir de s'engager dans des activités sexuelles.
Certains participants expliquent qu'ils ressentaient une attirance sexuelle mais qu'ils n'avaient aucun désir de s'engager dans des activités sexuelles. Pour certains, il semble que le désir sexuel ne découle pas nécessairement de l'attirance sexuelle. Par conséquent, une définition générale de l'asexualité reste insaisissable, peut-être parce que de multiples définitions personnelles coexistent chez les personnes asexuelles.
Il est intéressant de noter que 44 % des personnes interrogées étaient en couple. Les personnes asexuées en couple ont noté qu'elles continuaient à ressentir une attirance romantique en termes de désir de proximité, de sécurité et de connexion dans une relation ; cependant, elles n'avaient aucune attirance sexuelle pour ce partenaire proche. Les individus définissaient leurs relations en fonction de leur attirance romantique, par exemple, hétéro-romantique, homo-romantique, pan-romantique ou asexuée.
Certains se sont identifiés comme des asexuels aromantiques, ne désirant ni attachement sexuel ni romantique.
En 2003, Diamond a proposé de séparer le désir sexuel de l'attachement romantique. Son modèle explique que le désir sexuel facilite l'attachement romantique sans la conditionner.
Si l'asexualité est l'absence d'attirance et/ou de désir sexuel, cette caractéristique distingue l'asexualité de l'orientation sexuelle définie comme un aspect de l'identité personnelle et sociale d'une personne qui indique la présence ou l'absence de cibles de ses attirances ou comportements sexuels
Cependant, de nombreuses personnes déclarent que leur asexualité représente un aspect important de leur identité personnelle.
Brotto (2010) a comparé les perceptions que les personnes asexuelles ont d'elles-mêmes de leur asexualité en tant qu'orientation sexuelle avec les perceptions qu'ont d'elles-mêmes les personnes diagnostiquées comme ayant un trouble de la personnalité, ou trouble obsessionnel-compulsif. Les asexuels ne souffrent d’aucun trouble.
Dans leurs entretiens avec des hommes et des femmes s'identifiant comme asexuels, les participants considéraient leur asexualité comme une absence d'attirance sexuelle plutôt que de désir sexuel, et par conséquent, leur expérience était différente des personnes souffrant d’un désir sexuel hypo actif.
Les personnes asexuelles ne semblent pas souffrir de leur état, ne manifestent aucune détresse, et ne demandent aucune aide médicale.
Les participants aux études ont indiqué que leur asexualité a commencé à un très jeune âge, peut-être avant le début de la puberté (Brotto et al, 2010) et qu'ils se sont toujours sentis différents de leurs amis sexuels (Brotto et al, 2010). Cette expérience rappelle les récits des hommes gays, des femmes lesbiennes et les personnes transgenres. L'absence d'attirance sexuelle semble accompagner la vie sexuelle de ces personnes. Les participants aux études ont discuté de leur corps et de leur sexualité dans un langage technique et dénué d'émotion. Par exemple, lorsqu'on leur demandait de décrire leurs organes génitaux, certains participants ont déclaré que ces organes sont juste là, d’autres décrivaient ses organes sans lien avec la sexualité dans un langage reflétant un désintérêt pour tout comportement sexuel.
Des découvertes récentes montrant la similitude entre les schémas d'activation neurale pendant le désir sexuel et le sentiment amoureux, (Jacopo, & Lewis, 2012), les chercheurs découvrent qu’il existe bien des choses à apprendre sur la disjonction entre attirance sexuelle, désir et attirance romantique, en étudiant les asexués.
Cette population bien de minoritaire peut aider à comprendre le lien entre le désir sexuel, et l’attirance, entre le désir et le comportement. C’est le seul groupe en sexologie qui garde son désir sexuel intact cliniquement (sur le plan médical et psychologique) et qui déclare une absence presque totale d’attirance sexuelle.
Des recherches plus approfondies sur l'asexualité ont montré que le manque de désir sexuel ne semble pas poser un problème pour ces personnes (Bogaert, 2004 ; Brotto, Knudson, et al, 2010 ; Brotto & Yule, 2011 ; Prause & Graham, 2007) et que les personnes asexuées ne voient aucune raison de suivre un traitement pour leur manque d'attirance sexuelle.
L’absence d’attirance sexuelle est une donnée nouvelle et incomprise en médecine et en sexologie.
Les critiques de ce concept d’asexualité ont contesté la position selon laquelle une absence totale d'attirance sexuelle n'est pas aberrante, et pensent et affirment que l'asexualité est une forme extrême de baisse du désir sexuel, et donc un trouble sexuel et psychologique. Selon cette approche, le fait que les personnes asexuées ne soient pas angoissées par leur manque d'attirance fait partie de leur pathologie.
Cette approche ne peut trouver aucune traduction pratique car aucune personne ne souffre d’un trouble psychologique sauf quand il met sa vie ou la vie des autres en danger, ou quand il demande l’aide pour soulager une détresse ou un inconfort. Cette règle absolue en santé mentale ne permet pas de considérer l’asexualité comme un trouble de santé mentale.
Selon le DSM-IV-TR (American Psychiatric Association, 2000), la détresse dans la nomenclature des dysfonctionnements sexuels est considérée comme un critère indispensable, définie comme "une détresse marquée ou une difficulté interpersonnelle" (p. 541).
Bogaert (2006) soutient que l'existence d'un mouvement asexuel en pleine expansion fournit des preuves supplémentaires que l'asexualité devrait être considérée comme une orientation sexuelle, puisque les gens s'organisent autour de l'asexualité pour se soutenir mutuellement et accroître la sensibilisation à leur orientation. Par conséquent, l'asexualité a été définie comme une orientation sexuelle basée sur les caractéristiques biologiques et le parcours de vie qui lui sont associés.
La présence de ces asexuels dans une société comme la notre exaltant continuellement la sexualité performante est une donnée réelle. Si les filles refusent les relations sexuelles pour garder leur virginité, ou pour attendre le bon partenaire, les études statistiques affichent des chiffres variant de 15 à 20 % des garçons qui refusent l'activité sexuelle hors du contexte de relations durables. Dans certains milieux journalistiques, on les nomme : les hommes qui refusent de coucher. On peut rencontrer ces asexuels dans la vie quotidienne, dans les associations culturelles ou religieuses, dans les formes de célibat sur Internet et dans les sites de rencontre.
Les motivations des asexuels varient selon l'âge, le besoin, les idées religieuses, philosophiques, et parfois selon le statut socio- économique :
* - Ils ne sont pas tous religieux, leurs chastetés est motivée plutôt par le refus de la sexualité brute commercialisée dans notre société. Sur les forums, on peut lire les témoignages des garçons qui privilégient le sentiment amoureux au désir sexuel brut.
* - les asexuels refusent le discours féministe consumériste réduisant la liberté féminine à sa simple expression sexuelle, les filles revendiquent leurs droits au choix de coucher ou d'attendre. Les garçons semblent plus accusateurs vis-à-vis de ce discours consumériste avec ses caricatures des filles qui consomment les hommes pour les rejeter ensuite.
* - les asexuels refusent le discours général sur la frénésie sexuelle, et sur la sexualité comme expression de bonne qualité de vie, ils cherchent la qualité de la relation sexuelle et non pas la sexualité disponible actuellement dans la société.
* - les asexuels mettent en lumière l'hypocrisie du discours dominant, les magazines et les médias encouragent une sexualité débridée, des pratiques sexuelles excessives. Dans cette ambiance, refuser de faire l'amour devient suspect. Quand une fille choisit l'asexualité, elle est suspectée d'être frigide, fanatique, religieuse. Quand un garçon choisit l'asexualité, il est accusé d'être impuissant, religieux ou machiste.
* - comme dans les couples qui tiennent sans trop de sexualité, les asexuels cherchent un sentiment amoureux capable de fonder la relation ; Pour eux, l'expérience sexuelle devrait traduire affection et tendresse et non pas expérimentation sexuelle ou désir brut.
* - l'absence de sexualité ne signifie pas l'absence d'amour, ou mauvaise qualité de vie. De nombreux asexuels sont célibataires de transition (dans l'attente d'une rencontre), ils vivent cette attente en consacrant leur temps aux loisirs, au sport, aux études.
* - dans le discours des asexuels, on retrouve des traces de spiritualité, d'idéalisme, la recherche d'une relation profonde dépassant les modes consuméristes, et l'individualisme exacerbé.
* - dans le discours des garçons asexuels, on retrouve des motivations variées : peur de la rupture, éviter la perte du temps dans des relations superficielles, refus d'un comportement féminin consumériste de sexualité, éviter les maladies sexuellement transmissibles, refus de la sexualité mécanique et pornographique.
* - le discours des asexuels semble chercher à créer une approche alternative au discours dominant sur la sexualité, ils refusent d'être obnubilés par la performance, par l'orgasme, par la taille du pénis. Il distingue généralement l'orgasme de la sexualité, la satisfaction du couple de la performance sexuelle, le comportement individualiste hors du couple de l'engagement dans la relation.
* - il est difficile de mesurer l'influence de ce comportement sur le discours ambiant, il est difficile d'évaluer le pourcentage de ces personnes, l'asexualité peu être temporaire, entre de rencontre, ou primaire (avant le début de l'activité sexuelle). Cependant, les statistiques démontrent la présence de 20 % des asexuels chez les garçons, chez les filles, on note l'augmentation de l'abstinence sexuelle, la préservation de la virginité, et un fort retour d'amour romantique comme fondement de la relation.
* - les asexuels sont parfois stigmatisés dans les médias, harcelés dans les forums ou dans les médias sociaux, leurs discours bien que minoritaires invalident le discours ambiant sur la sexualité.
Les critiques de l'asexualité soulignent que les individus asexués se masturbent à peu près aussi souvent que les individus sexués (Brotto,
Knudson, et al, 2010).
Les résultats indiquent que la fréquence de la masturbation des personnes asexuelles n'est pas significativement différente de celle des personnes non asexuelles (Prause & Graham, 2007) ; et les hommes asexuels semblent se masturber plus fréquemment que les femmes asexuelles ; 49% des hommes et 7% des femmes se masturbent 2 à 7 fois par semaine (Brotto et al,2010).
Les études qualitatives ont révélé que les hommes et les femmes asexuels, en général, ne considèrent pas la masturbation comme une activité sexuelle (Brotto et al, 2010 ; Prause et Graham, 2007 ; Scherrer, 2008). Par exemple, la plupart des participants à l'enquête de Brotto et al ont décrit leurs habitudes masturbatoires comme étant motivées par un besoin physiologique, plutôt que par le désir ou l'attirance sexuelle.
Quelles sont les motivations qui poussent à la masturbation?
Il est intéressant de noter que, contrairement à la population sexuée, les personnes asexuées décrivent l'envie de se masturber comme provenant d'un "besoin de nettoyer la plomberie", une fonction hygiénique comme l’impulsion à gratter une démangeaison.
Ils assurent que cette masturbation n’est pas associée à des fantasmes sexuels et soutiennent que cette pratique n'est pas vécue comme une activité sexuelle.
Les chercheurs s’interrogent si les motifs non sexuels sont suffisants pour maintenir le niveau de masturbation observé chez les personnes asexuées malgré l'absence signalée de désir et d’attirance sexuelle.
Cette situation pose d’autres questions jamais traitées en sexologie: le désir de masturbation pourrait être indépendant du désir d'avoir des interactions sexuelles avec un partenaire ? La masturbation pourrait elle être une activité sexuelle et non sexuelle ?
44 % de l'échantillon de Bogaert (2004) ont déclaré être dans au moins une relation de cohabitation ou de mariage, et 70 % de l'échantillon de Brotto et al (2010) ont déclaré être dans au moins une relation sexuelle ou romantique, 23 % des femmes sont en couple dans l'étude de Brotto (2010), qualifiant leur relation de romantique et asexuelle. Il existe également des personnes asexuelles aromantiques qui décrivent leurs relations comme des amitiés étroites.
Les relations amoureuses des personnes asexuelles sont assimilées à des amitiés dans le discours contemporain et sont moins valorisées que les relations sexuelles par la société. Les personnes asexuelles peuvent être exclues de leur cercle d'amis en raison de leur gêne ou de leur manque d'intérêt pour le sexe. Les participants à l'étude de Brotto 2010) ont décrit des difficultés à établir des relations avec les autres. Par exemple, une femme a raconté avoir évité les fêtes parce qu'elle était mal à l'aise dans un environnement hautement sexualisé. De nombreuses personnes asexuelles pensent que leur exclusion est due à un manque de compréhension et de sensibilisation à l'asexualité dans la société.
Nous pouvons définir l'abstinence sexuelle comme un retrait volontaire, un refus de toute activité sexuelle. L'abstinence peut être volontaire (abstinence religieuse, abstinence pour contraception) ont forcée (manque de liberté comme en prison, manque de partenaires, ou maladies).
La chasteté
La chasteté est différente de l'abstinence sexuelle, c'est une abstinence motivée par des notions religieuses ou philosophiques. La chasteté peut être totale ou partielle comme le refus de contact sexuel génital (refus de l'acte coïtal.
Anti sexualisme désigne des positions et des opinions opposées à la sexualité. L'anti sexualisme a été encouragé par des cultures religieuses (moines, religieuses, hindous, etc.) mais ses relais contemporains sont rarement religieux. Les adeptes de anti sexualisme croient que la sexualité perturbe les rapports sociaux, et que la recherche de la satisfaction sexuelle est responsable de nombreux problèmes.
De nombreux célibataires sont antisexuels. Ils théorisent les méfaits de la sexualité sur la société. Ces avis sont parfois la justification de l'incapacité de la personne de trouver un partenaire sexuel, ou des avis négatifs sur la sexualité hérités d'une éducation sévère ou d'une déception.
D'autres personnes sont antisexuels, fidèles à un système de pensée qui avancent certains arguments :
* - La sexualité ne peut que compliquer des rapports humains
* - Le sexe est incompatible avec une vraie intimité entre homme et femme
* - Le désir sexuel est archaïque, bestial, une réaction sans contenu intellectuel
* - Le sexe est porteur des maladies parfois mortelles.
* - Le désir sexuel est source de mensonges dans les relations
* - La sexualité est à l'origine des violences contre l'adultère, les femmes, et contre les minorités sexuelles
* - La sexualité est dépourvue de sens, éphémère.
L'ascète est celui ou celle qui se consacre par piété aux mortifications, à l'ascétisme, à l'abandon de toute forme de plaisir. Le terme ascèse est employé parfois dans le même sens. Ce terme est un néologisme qui n'existe pas dans tous les dictionnaires.
L'ascétisme est souvent lié à un idéal religieux, culturel, ou philosophique, une sorte de mysticisme visant à dépasser les limites de la condition humaine et de les améliorer. L'ascète par définition refuse tous les plaisirs. Sa définition distingue l'ascétisme de la chasteté (refus du désir sexuel seulement).
L'ascète abandonne les plaisirs de la vie, il vit seul, dans un grand dénuement matériel, ne s'impose diverses privations, comme l'abstinence sexuelle, le silence, longues périodes de jeûne, ou privation de sommeil. L'ascétisme vise à apprendre de mieux lutter contre ses désirs, pour s'abandonner à une quête spirituelle. La finalité de l'ascétisme est de renforcer les moyens de chacun pour arriver à se détacher de toute faiblesse, et parfois de tout lien affectif social ou matériel, pour s'approcher du divin, ou d'un idéal religieux ou culturel.
L'ascétisme est une forme extrême de dévouement religieux présent dans l'Antiquité, la vie des prêtres et des religieux des civilisations anciennes reflétait une certaine dose d'ascétisme. Les religions monothéistes ont aussi leurs ascètes. Les premiers ermites chrétiens ont exploré des formes extrêmes de l'ascétisme, certains vivaient nus dans le désert, ou dans les montagnes. On peut visiter les ruines d'un monastère où un célèbre ascète chrétien qui a passé 40 ans sa vie isolé sur une colonne dans le désert syrien. Le sanctuaire de Qalat Seeman fut érigé à la fin du Ve siècle en l'honneur de plus prestigieux ascètes de Syrie, le stylite Syméon.
D'autres ermites ont choisi la privation de manger ou de boire pendant les longues périodes. La religion islamique a eu également ses ascètes qui ont produit des histoires, des livres et des poèmes.
Certaines pratiques de jeûne dans les religions monothéistes comportent une certaine dose d'ascétisme. Actuellement, on retrouve un ascétisme toujours vivant en Inde ; les hommes s'imposent une vie de pauvreté, de mendicité, et de souffrance physique ou morale pour s'approcher du divin.
Dans le monde occidental, l'ascétisme existe toujours sous des formes atténuées dans les ordres monastiques, ou dans la vie de certaines personnes attachées à la pratique religieuse.
Il est utile de distinguer la notion d'ascétisme de celle de l'asexualité (refus volontaire et assumer de la sexualité sexe), cependant dans l'asexualité, la privation est essentiellement sexuelle, motivée par des idées culturelles et rarement par des concepts religieux.
En conclusion, l'ascétisme est pus qu'une privation volontaire des plaisirs disponibles, y compris le plaisir sexuel, pour des motifs religieux ou philosophiques.
Il est possible que l'asexualité soit une question de manque d'attirance pour les relations sexuelles avec un partenaire plus qu'une question de manque d'attirance pour toutes les formes de sexe, bien que cela nécessite une étude plus approfondie. Ces découvertes soulèvent des questions intéressantes : le désir de masturbation est véritablement un désir sexuel par opposition à une pulsion, une impulsion ou un besoin non sexuel ?
Pour tenter de déterminer si l'asexualité peut être liée à un processus psychologique sous-jacent, Brotto et Yule (2011) ont comparé les effets physiologiques de l'excitation sexuelle chez les femmes asexuées, homosexuelles, bisexuelles et hétérosexuelles. Les participantes ont observé des stimuli érotiques dans un environnement de laboratoire contrôlé tandis qu'un appareil mesurait l'amplitude de la circulation sanguine vaginale. Aucune différence significative n'a été constatée dans la réponse génitale entre les femmes asexuées et les femmes sexuées.
Ces résultats suggèrent que l'absence d'attirance et de désir sexuels n'est pas le résultat d'une altération de la réponse physiologique sexuelle.
Le fait que le désir sexuel puisse être différent de l'excitation sexuelle physiologique est une caractéristique commune et admise de la réponse sexuelle des femmes, mais pas nécessairement des hommes (Chivers et al, 2010). L’idée la plus répandue était que la réponse sexuelle masculine est plus simple que la réponse féminine, chez les hommes le désir sexuel ne serait pas différent de l’excitation sexuelle.
Les schémas d'excitation sexuelle des hommes asexués restent à élucider et posent de réelles questions sur la réponse sexuelle chez les hommes.
Dans l'ensemble, les recherches sur l'asexualité suggèrent que le désir sexuel, ou son absence, ne peut être déduit de manière fiable de l'attirance romantique, ni à l'activité sexuelle (fréquence de masturbation) ni à une réponse sexuelle physiologique.
La littérature actuelle suggère que les expériences des personnes asexuelles sont exclues de la compréhension par la société occidentale contemporaine de la sexualité et des relations intimes à bien des égards. Les asexuels ont une certaine difficulté à définir leurs relations en raison de la confusion entre sexe et intimité, entre désir et attirance.
Les résultats des recherches sur l'asexualité génèrent plus de questions que de réponses, des questions fondamentales sur le désir, l’attirance, l’excitation, l’activité sexuelle et la définition de l’orientation sexuelle.
La compréhension de la manière dont les personnes asexuées vivent le manque de désir et d'attirance, d'un point de vue psychologique, socioculturel et biomédical, peut apporter de nouvelles connaissances importantes à l'étude du désir.
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