Pinel delivtant les alienes

 

 

Pinel délivrant les aliénés à la Salpêtrière en 1795. Tableau de 1876, Paris. Hôpital de la Salpêtrière.
Tony Robert-Fleury, né le 1er septembre 1837 à Paris et mort le 8 décembre 1911 doit sa réputation à ses compositions historiques ainsi qu'à ses portraits et ses scènes de genre. Dans ce tableau, il remémore un événement majeur.   


A ses débuts, la Révolution française avait aggravé la situation de la médecine en France. Certains révolutionnaires cédaient à l'idéologie et voulaient détruire les hôpitaux, car " ils sont au cœur de la misère ". Les biens des hôpitaux furent confisqués, nationalisés et vendus. Le trésor public supprima toute aide. Les universités et les Écoles de Médecine fermées, les diplômes supprimés. La révolution appliquait l'utopie égalitaire de libre accès à tous les emplois, y compris la médecine.
Les corporations et les sociétés savantes ainsi que les académies furent dissoutes.

Cette situation dura quelques mois. Puis il fallut reconstruire, réorganiser la médecine et les hôpitaux, d'autant que l'armée manquait cruellement de médecins et de soignants.
Des mesures furent alors prises pour l'ouverture d'Écoles de Médecine à Paris, à Montpellier et à Strasbourg, en insistant sur l'importance d'un enseignement pratique, moderne, réalisé par des maîtres choisis pour leurs compétences.

La Révolution française a mis en place une médecine nouvelle, organisée entièrement par l'État. Les facultés de médecine étaient soumises à l'autorité de l'État et à ses décrets.
Ces facultés durent abandonner le latin pour le français, une première en Europe. D'autre part, l'État cherchera un certain équilibre pour financer des hôpitaux de bonne qualité, gérés par les municipalités.


Philippe Pinel devient premier medecin  

Philippe Pinel était issu d'une famille du sud-est, petit homme bégayant, docteur en médecine de la faculté de Toulouse.
Jusqu'à l'âge de 40 ans, il n'a joué aucun rôle important dans la médecine. À la révolution, pendant la terreur, il fut nommé premier médecin de l'hôpital Bicêtre. Il arriva à l'hôpital le 11 septembre 1793. Avant cette nomination, Pinel exerçait à Paris dans un cabinet privé, après avoir échoué au concours de la faculté, et été refusé parmi les médecins de la maison royale.

À Paris, il y avait deux départements de médecine mentale, la Salpêtrière pour les femmes, et Bicêtre pour les hommes. Les malades mentaux étaient maltraités, enchaînés, brutalisés, emprisonnés dans des hospices sans hygiène ni soins. Le traitement consistait à maîtriser ces patients par la force, à les asperger de douches froides pour les calmer. La santé mentale n'existait pas.        
Deux semaines après son arrivée, Pinel commença sa collaboration avec Jean-Baptiste Pussin pour réorganiser l'hospice de Bicêtre.

Pinel entama une classification des maladies mentales. Il insista sur l'importance de l'environnement social dans les maladies psychiatriques.
Deux ans plus tard en avril 1795, il quitte Bicêtre pour un poste de médecin-chef à la Salpêtrière.
Il continua à observer pour classer, pour créer des catégories, pour donner des descriptions précises des maladies mentales. Pour la première fois dans la médecine moderne, un médecin tente de préciser les symptômes des maladies mentales.
Il décrit la dépression maniaco-dépressive ou maladie bipolaire. Avant lui, les malades mentaux étaient des coupables à punir. Avec Pinel, ces malades sont des patients à traiter. Avant Pinel, on parlait de fous et d'aliénés, après Pinel, on parla de maladies mentales bien précises.


citation Pinel

Pinel casse les chaînes et ouvre les asiles  

Philippe Pinel est le fondateur de la psychiatrie, une science basée sur les observations des maladies et des symptômes.
Il commença sa révolution par la classification des maladies selon les analyses des données cliniques. Il souligna que certains malades étiquetés psychiatriques ou aliénés avaient en fait une lésion cérébrale (organique). Pinel décrit pour la première fois la manie, la mélancolie, la démence, l'idiotie.
En l'absence de lésions organiques, il pensait que la folie était guérissable, ou améliorable. Il croyait que la meilleure façon d'y parvenir était d'offrir aux patients un milieu de vie sans contrainte, respectant les droits des patients, leur liberté, et aux échanges avec les autres.
Pinel supprime les chaînes, les douches, les traitements inhumains et offre aux patients la liberté. Il était enfin convaincu qu'un patient déprimé ou bipolaire n'était ni fou ni dangereux. Ce fut un grand jour pour la médecine française, pour la psychiatrie et pour l'humanisme.  



La folie commença à disparaître du langage médical avec Philippe Pinel.