La restriction de nourriture (et de calories) ne signifie pas une restriction complète de nourriture (jeûne, grève de la faim). Chaque patient choisit la nourriture qu'il juge moins problématique en consommant le moins possible de calories. Certains mangent quelques jours pour se priver ensuite durant une semaine.
J'ai lu vos réponses, mais je ne suis dans aucune catégorie, je mange absolument de tout, sans me purger, mais mon psychiatre insiste que j'ai un comportement anorexique.
Une personne anorexique cherche à éviter un repas ou une partie du repas, le sentiment de culpabilité et la souffrance qui accompagnent la consommation de la nourriture est un bon indicateur du diagnostic. Certains cas sont « limites » ou borderline.
Je pèse 57 kg, je mesure 167 cm. Dans ce cas, puis-je être anorexique si j'ai les symptômes que vous décrivez ?
Les gens souffrant d'un trouble du comportement alimentaire peuvent avoir des poids différents allant parfois jusqu'à l'obésité. Le corps médical sait que le poids corporel ne reflète que partiellement la santé générale ou morale de la personne. Le poids n'est qu'un argument du diagnostic parmi d'autres critères.
J'ai 18 ans, suis un peu maigre, je mange beaucoup de bonbons. Parfois je ne mange que ça. Une personne comme moi peut -elle être anorexique ?
Beaucoup d'anorexiques consomment de la nourriture en cachette. Le bonbon et les boissons sucrés sont les aliments les plus consommés. Il est rare de trouver une personne anorexique vivant uniquement sur les bonbons ; d'autres produits accompagnent ce régime comme drogues, alcool, café, thé, cigarettes.
Ma fille Mathilde de 17 ans est diagnostiquée anorexique - boulimique. Je ne peux pas accepter ce diagnostic, ma fille est noire comme moi, et comme son père. Nous sommes arrivés en France il y avait 20 ans.
Anorexie - Boulimie est une maladie ethnique encouragée par la mode de vie et la culture occidentale, et ce n'est pas une maladie attachée à la couleur de la peau. Les jeunes adolescents blancs ou étudiants peuvent souffrir comme les jeunes Africains ou afro- Américain ou asiatiques, riches ou pauvres, à condition de suivre le modèle occidental de vie. Il est possible d'imaginer qu'une jeune adolescente noire née en France sera influencée par les images des mannequins, par les poupées barbie.
Je mange trois repas par jour, je ne me purge jamais. Comment puis je avoir un trouble du comportement alimentaire ?
Les troubles du comportement alimentaire ne sont pas corrélés au nombre ou à la qualité des repas. Le médecin s'intéresse au mode alimentaire plus qu'au nombre de repas. Si une fille ne mange que deux feuilles de salades, et un yaourt allégé, il est possible de suspecter une anorexie si les calories consommées sont moins que nécessaire au bon fonctionnement de l'organisme. Cela sera considéré comme anorexie d'autant plus si une souffrance accompagne ce comportement.
Je n'ai jamais vomi mes repas, jamais de laxatifs ou de lavement, comment le médecin généraliste a -t - il fait son diagnostic de Boulimie, c'est une erreur, non ?
Ce n'est que la moitié de la vérité. Votre médecin sait parfaitement qu'il existe de nombreux moyens pour se purger après un bon repas hors laxatifs, vomissements, et lavements. Le froid (climatisation en plein hiver), exercice compulsif (courir 20 km plusieurs fois par semaine) ou le jeûne complet périodique.
Ma fille a été hospitalisée pour oesophagite sévère, le médecin découvre qu'elle était boulimique, elle vit avec nous depuis toujours, personne n'a rien remarqué.
Il n'est pas rare que les anorexiques, boulimiques, et hyperphagiques se présentent comme des adultes normaux. Ce type de patient peut attendre avec patience le moment de solitude pour se purger ou pour jeûner complètement. Il ne s'agit ni de ruse ni de méchanceté mais d'un comportement compulsif et obsessionnel.
Je suis prof de lycée, j'ai entendu dire que ces comportements ne sont qu'une étape dans l'évolution de la vie des adolescents. Le nombre d'obèses dépasse 25 % dans mes classes, ce n'est pas possible que tout le monde soit malade !
L'anorexie, Boulimie et Suralimentation Compulsive (hyperphagie) ne sont pas des phases du développement. Ces maladies évoluent par poussées (régime, jeûne, obésité). L'obésité enfantine est un signe d'un comportement alimentaire troublé. Votre remarque est pertinente, l'opposition entre culture et images véhiculées par les médias et obésité des adolescents peut engendrer une souffrance ou des cas d'anorexie.
Je sais que je suis anorexique, je n'arrive pas à m'en sortir. Je prends des vitamines et des suppléments minéraux. Cela peut empêcher le danger de mort.
Malheureusement, les suppléments, les vitamines ne protégeront personne des séquelles d'un trouble du comportement alimentaire. Les vitamines et les Minéraux sont absorbés dans la nourriture d'une façon continue et harmonieuse. Les vitamines et les suppléments ne peuvent pas empêcher la mort subite par crise cardiaque ou par arythmie, l'insuffisance rénale, l'œdème cérébrale (par manque de protéine), le diabète, perte du cycle menstruel (aménorrhée), stérilité, dépression et suicide.
Je crois que vous dites n'importe quoi, je suis dans l'éducation nationale, je passe ma journée avec des adolescents, tout le monde est obèse, puis cela s'arrange avec l'âge ; en plus je ne connais pas une adolescente qui ne soit pas touchée par ce que vous appelez hyperphagie compulsive ou suralimentation compulsive. Messieurs les médecins, impossible d'admettre que nous sommes tous malades.
Ce qui définit la Suralimentation Compulsive n'est pas le poids du patient mais le sentiment de culpabilité ou de soulagement qui accompagne la nourriture : Remplir un vide, image dégradée de soi, isolement, dépression. En face d'un adolescent obèse, le médecin ne cherche pas en premier un trouble du comportement alimentaire mais une maladie organique (thyroïde, maladie génétique, métabolique). Il se dirige ensuite vers les maladies psychologiques, et tentent de classer cette maladie en fondant son diagnostic sur la psychopathologie de l'adolescent et non pas sur son poids. Les enfants obèses sont malades de leur obésité et n'ont pas tous un trouble du comportement alimentaire. De même pour l'anorexie, le médecin élimine des maladies organiques (leucémie, cancer, diabète, maladies endocrines) avant de poser le diagnostic de trouble du comportement alimentaire.
Toutes les personnes qui souffrent de désordres alimentaires sont extrêmement maigres. C'est vrai ??
Bien des anorexiques, des boulimiques et des personnes souffrant d'alimentation compulsive ont un poids au-dessus de la moyenne. La dépression, le peu d'estime de soi et le besoin de se trouver un moyen de défense contre le stress n'ont rien à voir avec le poids! Les aliments et le poids sont des symptômes de conflits émotionnels. Cette idée est fausse, comparée à quelque chose du genre «tous les alcooliques tombent toujours d'ivresse». La vérité est que les personnes souffrant de troubles alimentaires ne sont pas maigres en général aussi bien que les personnes ivres ne sont pas toujours des alcooliques.
J'ai noté que les personnes souffrant de la suralimentation compulsive sont paresseuses, sans volonté, et ne savent que manger et faire des tentatives de suicide.
Ceci est une fausse idée d'appliquer sur les patients des jugements moraux. Le corps médical se défait de tout jugement durant l'exercice de l'art médical. Les personnes souffrant de compulsions alimentaires utilisent la nourriture comme moyen de remplir un "vide" intérieur. La nourriture est un moyen de défense contre le stress, la souffrance. Pour quelques personnes (surtout les adolescentes) c'est aussi une façon de ne pas être fragile. En restant obèses, personne ne voudra se rapprocher d'elles, le poids devient un bouclier contre les autres. La paresse n'a rien à voir avec le poids. Votre jugement est personnel et non médical.
Les médecins devraient savoir mais notre médecin généraliste, excellent par ailleurs, n'a pas détecté l'anorexie de notre fille Sophie. Le psy a fait le diagnostic après un entretien d'une heure avec Sophie.
Malheureusement, les cas débutants (limites, borderline) ne sont pas faciles à détecter. Les médecins généralistes se concentrent, en premier, sur les problèmes physiques possibles, puis adressent la patiente chez un psychiatre. Si vous consultez un psychiatre directement, il sera obligé de faire un bilan pour éliminer des maladies anorexiques tel le cancer, l'anémie, et le SIDA. De plus, le corps humain apprend à s'adapter à la malnutrition et aucun examen biologique ( analyse ) ne permet de faire le diagnostic du premier coup.
Si j'arrive à faire manger ma fille anorexique (par la force ou par la persuasion), cela résoudra t il son problème ?
Se concentrer sur la nourriture est une erreur. Les victimes de ces troubles alimentaires utilisent la nourriture comme moyens de défense contre les émotions. Il faudrait guérir la cause de cette souffrance avant tout, apprendre à vivre ses émotions, apprendre à manger sainement. Apprendre à ne pas utiliser la nourriture comme moyen de défense. Priver une patiente de nourriture ou l'obliger à manger ne règle rien, et ces stratégies de traitement ne font qu'augmenter la souffrance et donc, la sévérité des troubles alimentaires.
Je suis homosexuel. A l'age de 17 ans, je suis devenu boulimique. Est-ce une maladie des femmes et des homos seulement ?
Non. Les médias ont commencé à parler de la «population cachée» d'hommes souffrant de troubles alimentaires. L'image du corps prend un intérêt excessif dans la population homosexuelle (beauté des partenaires, séduction, magazines spécialisées) imitant ainsi l'image du corps féminin. Plusieurs hommes sont victimes de troubles du comportement alimentaire, certains danseurs, sportifs, hommes de médias. Lorsque l'image du corps est perçue comme faisant partite d'une identité, les troubles alimentaires peuvent surgir. Les chiffres démontrent qu'une victime sur dix est un homme.
Quelle est la distribution de ces maladies dans les autres pays du monde autre que l'Europe et les USA ?
Les études montrent que le nombre de cas est en nette augmentation dans les zones urbaines au japon, et que la diffusion d'images de corps féminins et des produits de régime commence à augmenter le nombre de cas en Chine et en inde. Un article sur la situation de ces maladies en Argentine relate : « Le pourcentage de patients est presque trois fois plus grand qu'aux USA. Les femmes Argentines sont obsédées par leurs corps ».