L'Anxiété : histoire d’une maladie

anxiete

 

 

 

 

 

Dans la société grecque classique, de nombreux mots ont été utilisés pour décrire des états émotionnels comme la manie, la mélancolie, hystérie, paranoïa. Chez les Grecs, il n'existe aucun mot pour décrire l'anxiété. Les Romains ont utilisé le terme anxietas pour désigner un état de peur. Ce mot avait une signification différente du mot angor, qui signifiait une crainte avec agitation.
En français, on utilisa des termes comme angoisse ou panique pour désigner ces états de peur

Pourquoi la définition de l'anxiété a été si difficile à établir ?


La définition actuelle de l'anxiété : il s'agit d’une inquiétude pathologique, une peur excessive isolée ou associée à d'autres maladies (dépression). L'anxiété est une souffrance mentale qui arrive par anticipation, peur anormale accompagnée généralement de manifestions physiques comme la transpiration, augmentation du rythme cardiaque, de la fréquence respiratoire, de douleurs musculaires et d'autres pour faire face à une menace.
L'anxiété est un pilier essentiel dans la psychiatrie moderne, la preuve de la capacité de la souffrance mentale à provoquer des symptômes réels comme l'augmentation du rythme cardiaque, l'insomnie, ou des maladies plus complexes comme l'hypocondrie où des douleurs réelles ont une origine psychologique comme par ex les douleurs de la somatisation.
Cela explique la difficulté de forger un tel concept, cela exige d'admettre le lien entre les émotions et le corps, entre la souffrance mentale et l'organisme. Il a fallu des siècles pour pouvoir faire le diagnostic par ex d'une jeune femme, qui consulte les services d'urgence pour des douleurs abdominales intenses, et dont le bilan clinique, biologique et radiologique ne révèle aucune anomalie. C'est un cas d'anxiété avec somatisation.

 

Anxiété : histoire ancienne et moderne

Le terme anxiété a été utilisé récemment. C'est un terme qui désigne à l'origine, un sentiment de pression sur le thorax ou sur l'abdomen (Littré et Robin 1858).
Berrios et Link (1995) ont précisé que les états anxieux sont présents dans de nombreux livres anciens, et comme "anatomies" de Burton (de la mélancolie) en 1621.
Les symptômes qui accompagnent l'anxiété étaient difficilement classables pour les médecins anciens car ces symptômes affectent plusieurs organes : difficulté à respirer, accélération du rythme cardiaque, douleur gastrique, vertige, etc.
La psychiatrie moderne identifie sans difficulté le lien entre l'anxiété et ces symptômes. Les médecins anciens n'arrivaient pas à trouver le lien entre la difficulté à respirer, les douleurs musculaires, et parfois les troubles de la personnalité. En 1621, Burton a suggéré qu'il existe un lien entre ces symptômes et une perturbation de l'esprit sans tracer un lien direct, sans mentionner le terme anxiété.


L'anxiété comme nous comprenons aujourd'hui, a été souvent associée au concept de mélancolie dans les périodes médiévales et pendant la renaissance. Le terme de mélancolie est utilisé aujourd'hui pour décrire des cas de patients ayant des troubles émotionnels légers.
La mélancolie au Moyen Âge représentait un grand chapitre des manuels de médecine et de psychiatrie, englobant un ensemble assez vaste de maladie et de symptômes. La passion, la maladie d'amour, était considérée comme une forme pathologique de mélancolie par exemple. La personne affectée par la passion était décrite comme fragile, agitée, ayant des troubles du sommeil avec manque d'appétit et perte d'envie de vivre.
Quand la personne affectée par la passion, la maladie d'amour, exhibe d'autres symptômes comme l'envie irrésistible de se laver les mains (désignée aujourd'hui comme troubles compulsifs), les médecins de la renaissance ne savaient plus s'il s'agissait d'une personne affectée par la passion, ou par la folie.


De même, les troubles liés à l'anxiété étaient inclassables, ou étaient étiquetés comme maladie à part, c'était le cas de la somatisation et de l'hypocondrie.
Au XVIIe siècle, d'autres termes ont été utilisés pour décrire l'anxiété, Younge (1638) a utilisé le terme de maladie mentale, (Flecknoe 1658) et Hunter et Macalpine (1963) ont préféré décrire la personne anxieuse comme une personne hésitante, sans volonté. En vérité, ils ont décrit ce que nous appelons aujourd'hui le comportement obsessionnel.

 

L'anxiété dans la littérature médicale

Les études sur l'anxiété n'ont jamais été le monopole de l'Occident. Par contre, les différences culturelles ont influencé la compréhension de l'anxiété à travers les sociétés, et son traitement. Cette influence culturelle continue à notre époque, même au sein du monde occidental : l'anxiété est vue différemment en Europe et aux États-Unis.


Le médecin arabe Avicenne (son nom arabe Ibn Sina d'Al-Husayn d'Ali 980-1037) a écrit au XIe siècle son encyclopédie médicale "les canons de la médecine". Dans ce fameux livre en trois tomes, les troubles mentaux sont traités, y compris la mélancolie et la manie.


Dans son étude, Hajal (1994) détaillait comment Avicenne était capable de diagnostiquer et de traiter les patients affectés par la dépression avec anxiété. Encore une fois, la passion amoureuse était considérée comme un cas pathologique nommé en arabe : ishk (passion). Avicenne a traité un jeune noble profondément amoureux d'une femme inaccessible. Il tombe malade d'une anxiété intense avec mélancolie. Avicenne décrit comment l'état mental de ce jeune patient influençait son corps, son rythme cardiaque, la fréquence de ces mouvements respiratoires. L'histoire se termine bien, les deux amoureux se marient, l'anxiété du jeune patient disparaissait progressivement. La description des symptômes ressemble plus ou moins à nos descriptions cliniques aujourd'hui de l'anxiété.


En Chine antique, l'accent était mis sur le lien supposé entre les émotions et les organes. La colère excessive était considérée nocive au foie, le bonheur excessif affecte le coeur, la crainte et l'anxiété étaient accusées d'altérer les fonctions rénales. La tristesse affectait les poumons.


Pour comparer, nous pouvons étudier la méthode chinoise de traitement de l'anxiété qui accompagne la passion amoureuse. On dénote déjà que les Chinois ont tracé un lien direct entre l'anxiété et la dépression. L'anxiété en Chine (yu-lü) s'écrit en associant deux caractères : le premier indique la peine, le deuxième indique l'anxiété. Il y avait plusieurs formes d'anxiété (lü-huan ) : ce qui signifie précautions contre une calamité (notion qui ressemble à l'anxiété par anticipation ) et blü-chi (pour prévoir).


Au Japon, l'anxiété ressemble dans ses définitions à l'anxiété en Chine. Le terme utilisé yu-ryo, signifiant impatience-pensée.


Les médecins chinois ont tenté, bien sûr sans succès, de traiter l'anxiété en traitant le rein, comme ils ont échoué à traiter la colère en traitant le foie.
Même de nos jours, la médecine chinoise traditionnelle utilise le terme générique neurasthénie. Ces mêmes patients qui consultent un médecin occidental sont diagnostiqués comme anxiété ou dépression.


Dans son étude, Zhang (1989) souligne la présence de variante importante de la neurasthénie en Chine contemporaine, celle appelée shenkui (littéralement : l'insuffisance de rein). Cette variante est censée être provoquée par une masturbation excessive accompagnée de lassitude et de faiblesse. Dans cette variante, l'anxiété est considérée comme à l'origine de cette maladie.


Une autre variété s'appelle toujours le neurasthenia du cerveau, provoqué par l'étude excessive accompagnée de vertige, insomnie et manque de concentration. Dans la description de cette variante, on découvre des symptômes d'anxiété accompagnés de symptômes somatiques qui ressemblent à l'anxiété classique des étudiants avant un examen.

En Corée, de nombreuses variantes d'anxiété ont été décrites, comme par exemple le hwa-byung. Dans cette variante (le terme signifie maladie du feu), la dépression s'accompagne de douleur de l'abdomen. Actuellement, avec l'occidentalisation de la Corée, le diagnostic et le traitement de l'anxiété suivent le schéma de la médecine occidentale.

 

L'anxiété au XVIIIe siècle

Le terme anxiété a été introduit dans la littérature médicale largement avant l'invention du terme psychiatrie par Johann Reil en 1808.
En Angleterre, Richard Blackmore (1653-1729), dans son traité sur les humeurs, a inventé le terme anxiété : « l'anxiété est une maladie, dont le traitement est l'apaisement et la tranquillité. » (Blackmore 1725).


Blackmore a souligné que les opiacés à doses modérées étaient utiles chez les patients affectés par l'hypocondrie, par l'hystérie, avec perte d'appétit.
Le premier manuel psychiatrique anglais a été écrit par William Battie (1703-1776). Son travail s'est concentré sur les troubles psychiatriques graves, cependant il a parfaitement distingué la folie de l'anxiété.


Sur le plan théorique, Battie pensait que l'anxiété devait être comprise en termes de corps plus que d'esprit, une sorte de sensations excessives.


James Vere (1700-1779) avait un point de vue différent, l'anxiété était pour lui un conflit entre l'ordre inférieur des instincts et l'ordre supérieur. Ce point de vue sera développé plus tard par Freud suggérant que l'anxiété peut être un conflit entre les désirs (libido), les besoins (le moi) et l'ordre moral (le surmoi).


Au XVIIe siècle, d'autres médecins vont tenter d'améliorer la définition et la conception de l'anxiété comme le neurologue écossais Robert Whytt (1714-1766) et John Bond en 1753.

En France, les états intenses d'anxiété ont été mentionnés dans le texte médical du médecin Sauvage de Boissier (1752), mais le terme anxiété ne figurait pas. À la place, il avait utilisé un autre terme : pantophobie pour décrire ce que nous appelons aujourd'hui le trouble d'anxiété généralisée.

 

L'anxiété au XIXe siècle

Encore une fois, l'état de passion amoureuse est l'exemple le plus populaire de l'anxiété, car cet état traduit l'influence de l'état mental sur le corps humain. Aujourd'hui, on appelle cela les symptômes d'une anxiété, ou la somatisation.


En 1774, Goethe publie les douleurs du jeune Werther, où il décrit l'état d'un jeune homme désespéré en raison de son amour pour une femme indisponible. Cet état de passion se termine par un suicide. Ce roman de Goethe a déclenché une vague de suicides en Europe. De nombreuses publications ont condamné Goethe.


Au début du 19ème siècle, les études sur l'anxiété étaient nombreuses :
De Spiess chrétien (1796) en Allemagne, John Haslam (1809) en Angleterre, , Karl Ideler (1841) à Berlin.
Le début du XIXe siècle coïncide avec l'entrée des États-Unis dans le concert des nations, sur le plan économique et scientifique.


Benjamin Cullen (1746-1813) publiait à Philadelphie ses ouvrages sur les maladies mentales, en citant pour la première fois que l'anxiété peut être raisonnable, comme la peur de la mort, et peu raisonnable comme la peur des insectes, des animaux ou de parler en public. Ainsi il a décrit ce que nous nommons aujourd'hui l'anxiété sociale, et les phobies.


Une année plus tard, Landre-Beauvais (1813) en France a préféré signer l'utilisation du terme très français de l'angoisse pour décrire l'anxiété en le définissant comme : « un certain malaise, une agitation excessive qui pourrait accompagner les maladies psychologiques ou les expressions somatiques. »


Durant la première moitié de XIXe siècle, l'école médicale allemande a dépassé l'empirisme français et anglais, pour décrire l'anxiété, et ces symptômes cardio-vasculaires, pulmonaires, musculaires d'une façon simple et scientifique, se débarrassant de la vague de romantisme et de l'influence des sciences humaines comme la philosophie ou la littérature ; ce sont les travaux d'Otto Domrich, et de Friedrich Beneke (1798-1854), Baron Ernst von Feuchtersleben (1806-1849).


Il est important de reconnaître également la contribution du français Jean-Etienne Esquirol (1772-1840). Dans sa description de l'anxiété en 1838, et sa description des symptômes surtout la description du trouble obsessionnel.


Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, on peut dire qu'il existe une réelle description de l'anxiété, comme entité, comme maladie bien distincte. Mais les Français ont continué à refuser le consensus, à parler d'angoisse, et de phobies.


En Allemagne, Wilhelm Griesinger (1817-1868) a décrit l'anxiété comme une neuropathologie, c'est-à-dire une lésion affectant le système nerveux, et non pas comme une maladie d'origine émotionnelle. Ce fut le début de la psychiatrie moderne.


Une théorie semblable a été embrassée par Heinrich Wilhelm Neumann (1814-1884), un contemporain de Griesinger. Neumann (1859) a considéré la maladie mentale comme un processus dynamique où la personne peut parfois perdre sa capacité de se maîtrise pour laisser apparaître l'anxiété.


En vérité, la théorie de Neumann va préparer la théorie freudienne de l'anxiété publiée en 1923 ceci 50 ans plus tard.

En France, Benoît de Morelle (1809-1873), à qui nous devons le concept de démence précoce (Morelle 1860) pensait que les émotions qui provoquent l'anxiété peuvent mener à des changements pathologiques dans le système nerveux autonome. Par cette théorie, il voulait expliquer les symptômes de l'accélération cardiaque ou de la fréquence respiratoire. Les données scientifiques modernes lui donnent raison.


Parmi les psychiatres de l'hôpital Bicêtre à Paris, Grand de la Saulle (1878) a publié plusieurs études sur les phobies, il préférait parler de craintes. Il a donné également de bonnes descriptions des troubles maniaques que nous préférons nommer aujourd'hui trouble obsédant compulsif.


Il décrivit le cas d'une femme, hantée par l'idée qu'une personne puisse lancer sur elle une pierre d'une fenêtre, pendant qu'elle traverse la rue. Cette patiente avait une idée très précise de ce qu'il l'attendait : un homme ou une femme lance sur elle une pierre, elle sera tuée, il y aurait du sang sur le trottoir. Grand de la Saulle décrivit d'autres cas comme celui d'un patient de 30 ans hanté par les couleurs et les nombres, passant son temps à faire des calculs, et se demandant pourquoi les mariés portent des vêtements blancs, pourquoi il y a 44 livres sur le bureau du médecin, pourquoi il y a sept boutons au gilet du médecin etc.
Grand de la Saulle considérait l'anxiété comme une névrose, c'est-à-dire comme une exagération de conscience.


Dagonet (1876), professeur de psychiatrie à l'École de Médecine de Strasbourg a décrit plusieurs formes d'anxiété et a détaillé l'hypochondrie et ses symptômes :
Le patient est impatient, inquiet, préoccupé, exprime de nombreuses craintes au sujet de sa santé. Il inspecte régulièrement son corps, observe scrupuleusement toutes les règles d'hygiène, désire toujours consulter, discuter son cas avec les médecins.


Dagonet a discuté également la dépression impatiente, un terme désuet, synonyme de panphobie morale (humeur anguished en anglais, Gemütsbeklemmung en Allemand ou angoisse existentielle en français).

Au XIXe siècle, le concept de neurasthénie était si populaire que beaucoup de praticiens de santé mentale ont préféré le garder, en refusant le terme anxiété.


Sigmund Freud (1856-1939) s'est opposé à ces tendances en distinguant les symptômes de l'anxiété de ceux de la neurasthénie en insistant sur le fait que la neurasthénie peut être d'origine organique comme par ex une lésion intracrânienne.


Freud a continué à décrire l'anxiété comme une entité à part, comme un concept. Dans la description de Freud, l'anxiété comportait plusieurs variétés : irritabilité générale, espérance impatiente, anxiété rudimentaire, anxiété avec effroi, vertige, et phobies.
Nous pouvons remarquer que la description de l'anxiété de Freud englobe un ensemble de symptômes de maladies liées à l'anxiété et aux phobies.

 

L'anxiété au XXe siècle

La tendance était forte, pendant les premières années du 20ème siècle, de supposer que les facteurs étiologiques principaux de l'anxiété étaient héréditaires ou biologiques.

Maurice De Fleury (1897) a divisé les émotions en deux groupes : « Doute, humilité, paresse, peur, tristesse et pitié : témoin d'un épuisement cérébral, et fierté, sottise, colère, égoïsme, courage, héroïsme, et cruauté sont les manifestations de l'exaltation de l'esprit »


La contribution de Freud a changé radicalement le concept de l'anxiété. Le Freud a introduit le concept de la Libido, cette énergie qui s'accumule progressivement dans le système nerveux, provoquant l'anxiété. Cette approche de Freud était influencée par les idées répandues à la fin de XIXe siècle. 20 ans plus tard, Freud modifiera radicalement sa conception de l'anxiété, elle devient le témoin d'une menace à l'équilibre et au bien-être de la personne. Il a défini, à sa façon plusieurs formes d'anxiété, réalisant l'exploit de faire une approche freudienne à part entière de l'anxiété.


Dans les années 1890, Freud a amélioré plusieurs fois ses concepts et ses théories concernant l'anxiété. Au début, Freud pensait que l'anxiété était un moyen de soulager l'énergie de la libido. Au début de sa carrière, il pensait l'anxiété comme un symptôme de conflit essentiellement sexuel, lié à la libido. Curieusement, ces idées continuent à être présentes dans la culture ambiante, popularisé par le cinéma et par la littérature.
Selon Freud, l'anxiété est la traduction symptomatique d'une pulsion sexuelle inacceptable pour la personne (moi, ou ego) ou pour les codes moraux (surmoi, ou superego).
Curieusement, Galien, le grand médecin grec pensait presque la même chose au IIe siècle, en liant l'anxiété à des pulsions sexuelles bloquées.


20 ans plus tard, Freud revoit ses concepts en abandonnant le lien entre anxiété et libido. En 1936, il ajoute à ses théories le concept de transfert. L'anxiété serait selon lui la traduction de pensées désagréables, et la non-expression de ces pensées. Ainsi, l'anxiété devient une anxiété normale en cas de réponse à la menace identifiée, l'anxiété devient névrotique en cas de réponse à une menace non identifiée. Quand le patient réagit à un danger identifié comme par ex une maladie, il exprime selon Freud une anxiété normale. Quand le patient réagit par l'anxiété à une menace qu'il n'arrive pas lui-même à identifier, il s'agit d'une anxiété névrotique qui peut être le fruit d'un conflit entre des pensées désagréables, impulsions libidineuses, et les codes moraux du patient et de la société. Dans ce cas, le patient subit la punition de son surmoi, par un sentiment de culpabilité. (Kalat et Shiota, 2007).


La distinction entre la peur et l'anxiété a été initiée par le philosophe Kierkegaard [1813- 1855]), et améliorée par Karl Jaspers en 1913.


Ce que nous appelons la phobie sociale, ou la phobie d'évitement, c'est-à-dire le cas d'une personne qui évite quelque chose de bien précis, a été décrite depuis Hippocrate.

Par contre il a fallu attendre le début du XXe siècle pour distinguer la timidité, de la phobie sociale. Paul Hartenberg (1901) a défini la timidité, en distinguant d'une façon scientifique satisfaisante cette timidité de la phobie sociale, et de la phobie d'évitement. Hartenberg pensait que les troubles psychologiques favorisant la phobie sociale étaient essentiellement héréditaires.


L'école française apportera au XXe siècle une importante contribution en quittant l'empirisme, et en adoptant les méthodes scientifiques.
Pierre longévital Janet (1859-1947) est le fondateur de la psychiatrie dynamique. Janet, était moins intéressé par les méthodes expérimentales ou par les statistiques en préférant la clinique et les symptômes.

Dans sa pratique, Janet aidait ses patients à exprimer les idées fixes qui provoquent leur détresse psychologique. Les sentiments pour Janet étaient secondaires, simple expression comportementale d'une détresse psychologique.


Dans son livre, Janet (1926) a décrit « la tension psychologique est la tendance d'une personne à utiliser son énergie à un niveau plus ou moins élevé que la moyenne. »
Selon Janet, le « dynamisme » d'une personne dépend de la qualité et quantité de cette énergie plutôt que des conflits internes et de leurs forces respectives. Ainsi Janet propose un modèle différent pour comprendre l'anxiété, de celui du modèle freudien.


Dans son livre (1926), le grand Janet a discuté longuement le cas de « Madeleine, » une femme seule de 40 ans.
Madeleine représente un cas d'Anxiété sévère avec des épisodes de dépression. Madeleine était physiquement handicapée, elle avait eu une enfance difficile, avec des expériences douloureuses pendant l'enfance. Janet ne cherche pas à mettre l'anxiété de Madeleine sur le compte de sa libido, ou de sa sexualité, il abandonne définitivement l'approche psychanalytique en considérant l'anxiété de Madeleine comme le résultat de ses propres difficultés et ses propres expériences.


À son tour, Janet a influencé Jean de Retard (1907-1987), qui a accompli des travaux d'une importance majeure sur les corrélations entre la neurochimie et l'anxiété, entre la dépression et la neurochimie. Ces travaux ont largement contribué à développer les anxiolytiques et les antidépresseurs par Deniker en 1952.


Un autre psychologue français Ribot (1896-1911) a largement contribué à la description des troubles de l'anxiété généralisée, nommée en France pantophobie.


Le théoricien principal du traitement comportemental de l'anxiété a été Burrhus Frederick Skinner (1904-1990). En reprenant les conclusions de Janet, il considère l'anxiété comme la manifestation d'une réponse conditionnée à une situation crainte. Cela l'amène à proposer un traitement comportemental de l'anxiété ou comment lutter contrer cette réponse conditionnée.


L'anglais Wilfred Bion (1897-1979) a mentionné que l'enfant en bas âge souffre dès sa naissance de peurs, et d'anxiété. Ces anxiétés peuvent être réactivées pendant la vie adulte. Il reprend ainsi les théories de Mélanie Klein (1882-1960), qui a spéculé sur le fait que les dépressifs et les anxieux ont été des enfants anxieux et dépressifs.


La théorie de Mélanie Klein sur l'apparition de l'anxiété et la dépression pendant l'enfance a été populaire, puis abandonnée progressivement par manque de preuves.


Dans l'état actuel, l'origine de l'anxiété est méconnue. Par contre, il existe, au moins dans le monde occidental, un consensus sur les critères de diagnostic, sur les symptômes, et sur les modalités thérapeutiques relatives à l'anxiété.

 

References
American Psychiatric Association: Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, Fourth Edition, Text Revision. Washington, DC, American Psychiatric Association, 2000
Angst J: History and epidemiology of panic. Eur Psychiatry 10:57–59, 1995
Battie W: A Treatise on Madness. London, J Whiston and B White, 1758
Beard GM: A Practical Treatise on Nervous Exhaustion (Neurasthenia). New York, W Wood, 1880
Beard GM, Rockwell AD: A Practical Treatise on the Medical and Surgical Uses of Electricity. New York, W Wood, 1875
Beauchesne EPC: De l'influence des affections de l'âme dans les maladies nerveuses des femmes. Paris, Mequignon, 1781
Benedikt M: Über Platzschwindel. Allgemeine Wiener Medizinische Zeitung 15:488–490, 1870
Beneke FE: Lehrbuch der pragmatischen Psychologie, oder der Seelenlehre in der Anwendung auf das Leben. Berlin, Germany, ES Mittler and Sons, 1853
Berrios G, Link C: Anxiety disorders, in A History of Clinical Psychiatry. Edited by Berrios G, Porter R. New York, New York University Press, 1995, pp 545–562
Bion W: Second Thoughts: Selected Papers on Psychoanalysis. London, Marsfield Reprints, 1967
Blackmore R: A Treatise of the Spleen and Vapours; or Hypochondriacal and Hysterical Affections. London, Pemberton, 1725
Boissier de Sauvages F: Pathologica methodica. Amsterdam, De Tournes, 1752
Bond J: An Essay on the Incubus, or Nightmare. London, Wilson and Durham, 1753
Brissaud E: De l'anxiété paroxystique. Sémaine Medicale 9:410–411, 1890
Burton R [as "Democritus Junior"]: Anatomy of Melancholy. Oxford, England, Lichfield and Short, 1621
Busch FN, Milrod BL, Singer MB: Theory and technique in psychodynamic treatment of panic disorder. J Psychother Pract Res 8:234–242, 1999
Cloninger CR: A unified biosocial theory of personality andits role in the development of anxiety states. Psychiatr Dev 3:167–226, 1986
Cullen W: First Lines on the Practice of Physic. Brookfield, MA, E Merriam, 1807
Dagonet H: Nouveau traité elementaire et pratique des maladies mentales. Paris, J-B Baillière et Fils, 1876
Dagonet H: Traité des maladies mentales. Paris, J-B Baillière et Fils, 1894
De Fleury M: Introduction a la médicine de l'esprit. Paris, Felix Alcan, 1897
Delay J, Deniker P: Trent-huit cas de psychoses traitées par la cure prolongée et continue de 4560RP, in Le Congres des Aliénistes et Neurologues de Langue Français: Contes Rendu du Congres. Paris, Masson, 1952, pp 497–502
Esquirol E: Des maladies mentales considerées sous les rapports médical, hygienique et médico-legal. Paris, J-B Baillière, 1838
Flecknoe R: Enigmaticall Characters, all taken to the life from severall persons, humours, and dispositions. London, 1658
Freud S: On the grounds for detaching a particular syndrome from neurasthenia under the description "anxiety neurosis" (1895), in Standard Edition of the Complete Psychological Works of Sigmund Freud, Vol 3. Edited by Strachey
J. London, Hogarth, 1962, pp 90–117 Freud S: The ego and the id (1923), in Standard Edition of the Complete Psychological Works of Sigmund Freud, Vol 19.Edited by Strachey J. London, Hogarth, 1961, pp 12–66
Georget EJ: De la folie: considérations sur cette maladie. Paris, Crevot, 1820
Goethe JW: Die Leiden des jungen Werthers. Leipzig,J Kiermeier-Debre, 1774
Griesinger W: Die Pathologie und Therapie psychischen Krankheiten für Aerzte und Studirende. Braunschweig,
Germany, F Wreden, 1861
Hajal F: Diagnosis and treatment of lovesickness: an Islamic medieval case study. Hosp Community Psychiatry 45:647– 650, 1994
Hartenberg P: Les timides et la timidité. Paris, Alcan, 1901
Haslam J: Observations on Madness. London, J Callow, 1809
Hecker E: Über larvirte und abortive Angstzustaende bei
Neurasthenie. Zentralblatt für Nervenheilkunde 16:565– 572, 1893
Hunter R, Macalpine I: Three Hundred Years of Psychiatry: 1535–1860. London, Oxford University Press, 1963
Ideler KW: Biographien Geisteskranken. Berlin, EH Schroeder, 1841
Janet P: De l'angoisse à l'exstase. Paris, Alcan, 1926
Jaspers K: Allgemeine Psychopathologie. Berlin, Springer- Verlag, 1913
Klein M: Love, Guilt and Reparation and Other Works: 1921–1945. New York, Delta, 1975
Landre-Beauvais AJ: Sémiotique ou traité des signes des maladies. Paris, Brosson, 1813
Le Grand du Saulle H: La folie du doute, avec délire du toucher. Paris, V Adrien Delahaye, 1875
Le Grand du Saulle H: Étude clinique sur la peur des espaces (agoraphobie, des allemandes). Paris, VAdrien Delahaye, 1878
LePois C: Selectiorum observatorium. Pont-a-Mousson, France, Carolus Mercator, 1618
Leroux P: Vertige, in Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales. Edited by Dechambre A, Lereboullet L. Paris, Masson, 1889, pp 146–188
Littre E, Robin C: Dictionnaire de médicine. Paris, Baillière, 1858
Moore C: A Full Inquiry Into the Subject of Suicide. London, FJ and C Rivington, 1790
Morel B: Traité des maladies mentales. Paris, Masson, 1860
Morrison A: Outlines of Lectures on Mental Diseases. London, Longman, Rees, Orme, Brown and Green, and S Highley, 1826
Neumann H: Lehrbuch der Psychiatrie. Erlangen, F. Enke,1859
Pichot P: History of the treatment of anxiety, in Handbook of Anxiety, Vol 4: The Treatment of Anxiety. Edited by Noyes R Jr, Roth M, Burrows GD. Amsterdam, Elsevier, 1990, pp 3–25
Pinel P: Traité médico-philosophique sur l'aliénation mentale et la manie. Paris, Richard, Caille and Ravier, 1801
Prichard JC: A Treatise on Insanity and Other Disorders Affecting the Mind. London, Sherwood, Gilbert and Piper, 1835
Reil J: Über den Begriff der Medizin und ihre Verzweigungen, besonders in Beziehung auf die Berichtgung der Topik in der Psychiaterie. In Beyträge zür Beförderung einer Kurmethode auf psychischem Wege. Halle, Curtsche Buchhandlung, 1808
Ribot T: The Psychology of Emotions. London, Walter Scott, 1896
Ribot T: The Psychology of Emotions, 2nd Edition. London, Walter Scott, 1911
Rush B: Medical Inquiries and Observations Upon the Diseases of the Mind. Philadelphia, PA, Kimber and Richardson, 1812
Skinner BF: The Behavior of Organisms: An Experimental Analysis. New York, Appleton-Century, 1938
Spiess CH: Biographien der Wahnsinnigen. Leipzig, 1796
Stone MH: Healing the Mind: A History of Psychiatry From Antiquity to the Present. New York, WW Norton, 1997a
Stone MH: The history of obsessive-compulsive disorder from the early period to the turn of the twentieth century, in Essential Papers on Obsessive-Compulsive Disorder. Edited by Stein D, Stone MH. New York, New York University Press, 1997b, pp 19–29
Sullivan HS: The meaning of anxiety in psychiatry and life. Psychiatry 11:1–13, 1948
Thackrah CT: The Effects of Arts, Trades, and Professions, and of Civic States and Habits of Living, on Health and Longevity. London, Longman, 1831
Vere J: A Physical and Moral Inquiry Into the Causes of That Internal Restlessness and Disorder in Man, Which Has Been the Complaint of All Ages. London, White and Sewell, 1778
von Feuchtersleben E: Zur Diätetik der Seele. Vienna, Carl Armbruster, 1838
von Feuchtersleben E: Lehrbuch aertzlicher Seelenkunde. Vienna, Gerold, 1845
Westphal C: Die Agoraphobie: eine neuropatische Erscheinung. Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten
3:138–161, 1872
Whytt R: Observations on the Nature, Causes and Cure of Those Disorders Which Have Commonly Been Called
Nervous, Hypochondriac or Hysteric, to Which Are Prefixed Some Remarks on the Sympathy of the Nerves. Edinburgh, Becket and du Hondt, 1765
Younge R: The Drunkard's Character. London, Latham, 1638
Zhang M-Y: Neurasthenia. Cult Med Psychiatry 13:147– 161, 1989


Lire la suite
1
  2187 lectures
  0 commentaires
2187 lectures
0 commentaires

Anxiété: concept philosophique dans la santé mentale

Salvator-Rosa-La-Tentation-de-Saint-Antoine

Salvator Rosa La Tentation de Saint Antoine

Salvator Rosa, La Tentation de Saint Antoine, 1645, Palais Pitti, Florence, Italie

 

 

 

 

Le concept de l’anxiété est un exemple sur les liens étroit entre la philosophie et la santé mentale. Comme en physique où la philosophie a réfléchi sur des notions incontournables comme le temps, l’atome, ou la matière, en analysant la peur, les philosophes ont offert aux médecins un concept précieux et utile pour comprendre et soulager les patients.
Pour de nombreuses personnes, l'anxiété est un problème.


La principale enquête sur la santé mentale aux États-Unis indique que 18 % des adultes ont connu un trouble anxieux d'un type ou d'un autre au cours des 12 derniers mois. Au royaume uni, 37 % des adultes disent se sentir plus anxieux que par le passé, et déclarent que le monde est devenu plus effrayant au cours des dix dernières années.

 

 

La peur, éternel thème culturel et religieux

Personne ne traverse la vie sans éprouver de l'anxiété de temps en temps, avant de prendre l'avion, de faire un discours, avant un examen, ou avant un rendez vous. La vie sans anxiété n'existe pas, l'anxiété est normale et parfois essentielle.

Les sentiments de panique et de peur, les changements physiques qui les accompagnent: tremblements, palpitations et respiration rapide, sont régulièrement décrits dans les textes littéraires, religieux, philosophiques et médicaux à travers les siècles. Ces sensations étaient expliquées comme le produit de fautes morales ou religieuses, les symptômes d’un problème d’organe ou d’une maladie.

Les discours religieux, depuis l’Egypte antique à nos jours ont utilisé la peur comme moyen pour convaincre les fidèles, la peur des dieux, de leurs châtiments. Si la peur de l’enfer était censée persuader les croyants à suivre le chemin désigné par les religions, d’autres peurs ont surgi dans la société. Certaines peurs ne sont plus métaphysiques comme la peur de Dieu, n’appartiennent plus au domaine de la croyance comme la peur des enfers. Il s’agit de peurs avec des symptômes, et des manifestations cliniques.

Aux 18e et 19e siècles, les symptômes de ce que nous qualifierions aujourd'hui d'anxiété étaient considérés d'origine physique.
Le débat scientifique était concentré sur la question de savoir quel problème physique particulier était responsable.

Le grand psychiatre français du milieu du XIXe siècle, Bénédict Morel (1809-73) soutenait que les symptômes de l'anxiété étaient déclenchés par une maladie du système nerveux.

L'oto-rhino-laryngologiste hongrois Maurice Krishaber (1836-83) pensait que l'anxiété était provoquée par des irrégularités cardiovasculaires.

Moritz Benedikt (1835-1920), professeur de neurologie à l'université de Vienne, attribuait les vertiges ressentis lors des crises de panique à des problèmes d'oreille interne.

 

Freud : Première révolution conceptuelle


Un terme nouveau pour un concept nouveau
Le terme anxiété a été créé pour désigner un concept récent. Ce terme trouve ses racines dans le mot grec angh qui signifie "serrer fort", ou "étrangler". En français, nous utilisons le terme Angoisse dérivé de la même racine grecque comme synonyme du terme anxiété. C’est le cas aussi en allemand, italien et en espagnol. En France, comme dans d'autres pays Européens ; le terme anxiété est un terme à usage médical.

Le terme anxiété est devenu plus populaire à la fin du 19e siècle, en raison de son usage dans les articles scientifiques.
L'ascension fulgurante du terme "anxiété" a commencé dès 1895 dans un article révolutionnaire de Sigmund Freud (1856-1939) où il affirmait que l'anxiété devait être distinguée des autres formes de maladies nerveuses. Freud modifie les concepts de son époque. L’anxiété n’est plus une maladie organique mais une névrose.

La traduction de cet article novateur écrit en allemand a remplacé le terme Angst par "anxiété", car le terme Angst peut être traduit par plusieurs mots anglais comme fear, fright, alarm.
A partir de cet article, le terme anxiété devient un terme de santé mentale car il reflète la pensée de Freud et désigne une entité nouvelle.

 

 

Søren Kierkegaard

Si la contribution de Freud est essentielle à la synthèse de ce concept et de ce terme, d'autres influences ont joué un rôle.

Les travaux du philosophe danois Søren Kierkegaard(1813-55) forgent le concept d'angoisse, ou de peur angoissée. Selon Kierkegaard, cette angoisse se déclenche par la conscience de notre liberté d'agir et de notre responsabilité de nos actions.
Kierkegaard trace un lien entre anxiété et liberté. On est responsable de nos actes quand on est libre.

 

                                                Nietzsche       "L'angoisse est le vertige de la liberté."                                                 

 

Kierkegaard et sa réflexion sur l'angoisse, ont eu une influence importante sur d’autres philosophes, comme sur Jean-Paul Sartre (1905-80) et sur Martin Heidegger (1889-1976), bien que la conception de chacun d'entre eux soit éloignée de ce que les psychologues définiraient aujourd'hui comme l'anxiété.

 

 

 

Jean-Paul Sartre: angoisse de la liberté

Dans son important ouvrage, l'être et le néant, Sartre discute la question importante de la liberté.

 

                                    Nietzsche    "

Que doit être la liberté humaine si le néant doit venir par elle au monde?

"                                       

 

Sartre pense que la liberté n'est pas une faculté, ni une propriété de l'être humain. C'est l’être de l'homme qui est liberté :

"Il n'y a pas de différence entre l’être de l'homme et son « être-libre »".

Sartre rappelle une distinction de Kierkegaard entre deux émotions : la peur (vis-à-vis des autres êtres du monde) et l’angoisse (vis-à-vis de soi-même). Selon Sartre, la forme que prend la conscience de la liberté est l'angoisse.
"C’est dans l’angoisse que l’homme prend conscience de sa liberté".

L’angoisse apparaît rarement, bien que l’homme soit toujours libre, car pendant l'action, on s'interroge rarement sur sa liberté.

Cela génère de l’angoisse car s’il n’y a pas d’autre fondement des valeurs que la liberté, il n’y a pas de raison de choisir tel comportement plutôt que tel autre. Et si notre liberté détruisait les autres ?

 

Martin Heidegger analyse la peur


La peur, l’angoisse et l’effroi sont des mots importants dans la philosophie de Heidegger. La philosophie de Heidegger a inspiré une école psychanalytique, la Daseinanalyse qui continue à être le fondement de pratiques de certains psychanalystes.

La peur, selon Heidegger dans son ouvrage "Être et temps" est un affect qui apparait devant ce qui nous menace. Un objet est menaçant quand il nous fait peur. La peur vient en premier suivie de notre raisonnement qui vient en deuxième temps pour modérer notre peur ou pour la valider. Dépasser sa peur, exige de modifier notre rapport à l’objet menaçant.


En face d'un serpent, notre première réaction est la peur. Nous évitons, nous affrontons ou nous partons. Notre raisonnement arrive pour nous fournir d’autres éléments. En changeant notre relation avec le serpent, nous n'avons plus peur. Certains sont même capables de capturer ou d'élever les serpents. Notre jugement peut modérer, alléger ou vaincre nos peurs.

 

                                    Nietzsche    "

L'angoisse est la disposition fondamentale qui nous place face au néant

"                                       

 

Heidegger définit l'angoisse par le fait d'être exposé à soi-même sans objet menaçant. Le propre de l’angoisse est que la personne retrouve les mêmes émotions de peur mais sans un objet menaçant. C'est une peur sans objet, où la personne est seule face à elle même, sans la possibilité d'agir. Quand on dit à la personne angoissée, ce n'est rien, Heidegger nous rappelle que ce « rien » est le problème, comme si la personne était hantée par sa propre mort, par ce rien, par ce vide.
Le motif de l’angoisse réapparaît dans la réflexion de Heidegger lorsqu’il y est question d'exister, de vivre.

 

Darwin et le deuxième changement conceptuel


Les émotions font l'objet d'une étude fascinante par Darwin, L'expression des émotions chez l'homme et les animaux. Publié en 1872, ce livre est éclipsé par l’important ouvrage de Darwin : On the Origins of Species (1859).

Darwin considère les émotions comme des comportements expressifs : des changements physiologiques, des expressions faciales et des comportements automatiques, inconscients et largement innés. Ces actions et expressions aident la personne qui les ressent et envoient des signaux à son entourage.

Comme le titre du livre l'indique, Darwin ne considère pas les émotions comme un attribut humain et consacre un effort considérable à mettre en évidence les continuités entre l'expérience et l'expression des émotions chez les animaux et aussi bien que chez les humains.

Le travail de Darwin permet de dire que la peur est une émotion, que l’anxiété est une émotion, les deux jouent selon lui un rôle expressif et adaptatif.

 

La biologie de l’anxiété


En 1915, un professeur de physiologie à Harvard, Walter Cannon (1871-1945) invente la formule suivante "le combat ou la fuite" pour décrire la réaction typique d'un animal face au danger.

Les psychologues ont utilisé le même terme pour démontrer comment l'anxiété a pour but de nous alerter d'une menace potentielle et de nous préparer à réagir de manière appropriée, d'envoyer un signal aux autres pour qu'ils soient aussi sur leurs gardes.

La contribution de la biologie au concept de l’anxiété se fera progressivement à partir des découvertes scientifiques. La théorie des trois systèmes qui participent à l'anxiété devient populaire durant la deuxième moitié du 20e siècle.

L'anxiété déclenche une série de changements physiologiques conçus pour nous aider à nous concentrer sur la gestion de la menace. Ces changements sont associés au système nerveux autonome qui supervise la respiration, la régulation de la température et la pression sanguine. Le système nerveux autonome se compose de deux parties complémentaires : le système nerveux sympathique qui prépare le corps à répondre au danger, et le système nerveux parasympathique qui contrôle et contrebalance l'activité du premier.

Le système nerveux sympathique nous prépare au combat, à la réaction, augmente notre rythme cardiaque, permettant au sang d'atteindre nos muscles plus rapidement. Nos pupilles se dilatent, pour mieux voir, le système digestif est mis en veilleuse, ce qui entraîne une réduction de la production de salive, et l’apparition de sécheresse buccale que nous ressentons lorsque nous avons peur. L'expression faciale peut être le résultat de ces réactions nerveuses. Après la peur, le système parasympathique fait le chemin inverse pour revenir à la normale : ralentir le coeur, baisser la tension, relaxer les muscles.

 

L’anxiété devient un concept en psychologie

Pendant la première guerre mondiale, une épidémie de troubles psychologiques se produisit. Les obus, la mort, les destructions massives, ont engendré de graves problèmes psychologiques.

Le psychologue Peter Lang a formulé le modèle des "trois systèmes" de l'anxiété. Selon lui, l'anxiété se manifeste de trois façons :
1. Ce que nous disons et comment nous pensons : par exemple, s'inquiéter d'un problème, ou exprimer sa peur ou son inquiétude.
2. La façon dont nous nous comportons : éviter certaines situations, ou être constamment sur ses gardes pour éviter le problème.
3. Changements physiques : accélération du rythme cardiaque ou de la respiration, et expression du visage.

Selon cette approche, si nous voulons savoir si une personne est anxieuse, nous ne pouvons pas fonder notre jugement uniquement sur ce qu'elle nous dit de ce qu'elle ressent : elle peut dissimuler ses véritables émotions, voire ne pas en avoir conscience.

Les psychologues pensent majoritairement comme Darwin, que l'anxiété est une émotion, et comme Freud, qu’il s’agit d’un problème psychologique.

La peur est considérée comme l'une des cinq émotions de base, avec la tristesse, le bonheur, la colère et le dégoût.

Le problème est que le concept d'émotion est peu précis. Les émotions sont des phénomènes complexes, qui affectent nos pensées, notre corps et notre comportement. Les psychologues définissent les états émotionnels en fonction de leur durée. Une émotion peut durer de quelques secondes à plusieurs heures. Si elle dure plus longtemps, on parle d'humeur.

Selon la pensée psychologique moderne, les émotions sont des sentiments forts déclenchés par notre évaluation ou notre appréciation d'un événement ou d'une situation particulière. Cette évaluation, consciente ou inconsciente, détermine l'émotion que nous ressentons. Si nous percevons un succès, nous sommes heureux. Si nous pensons que nous sommes en danger, nous ressentons de la peur.

En intégrant les pensées dans l’origine de l’anxiété, les psychologues reconnaissent le rôle important de la philosophie occidentale. Cette partie métaphysique ou philosophique permet de trouver certaines réponses, et ouvrent de vastes champs de réflexion.
Sommes-nous angoissés par nos responsabilités d’être libres comme dit Sartre ? Par notre existence ou notre mort comme dit Heidegger? Sommes-nous plus anxieux que nos parents parce que nous sommes plus individualistes, parce que le monde devient plus anxiogène? Parce que les menaces sont plus nombreuses?

 

La médecine psychiatrique accueille l’anxiété

La médecine s’intéresse à l’anxiété car elle répond à la définition précise des troubles qui engendrent une douleur ou une altération de la qualité de vie de la personne.
La méthode scientifique chère aux médecins est appliquée.
L’anxiété devient le « trouble anxieux » en médecine. Le terme trouble signifie l’absence de lésion organique (le terme maladie est réservé pour les lésions des organes ou des systèmes).

En deuxième temps, les médecins vont élaborer une définition. Selon le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) l'anxiété est : « anticipation appréhensive d'un danger ou d'un malheur futur, accompagnée d'un sentiment de dysphorie (sentiment désagréable) ou d'une sensation somatique (corporelle) de tension. Le danger anticipé peut être interne ou externe. »

Dans un troisième temps, la définition précise la durée moyenne des symptômes et de leurs intensités pour évoquer le diagnostic de trouble anxieux.
Si l'anxiété est normale, comment savoir quand elle devient incontrôlable ?
À quel moment l'anxiété ordinaire et banale devient-elle un problème clinique qui nécessite une attention particulière ?


Un professionnel de la santé prendra en compte certains éléments :
- le patient devient anxieux de manière inappropriée,
- l'anxiété est fondée sur une perception irréaliste ou excessive du danger
- depuis combien de temps l'anxiété affecte la personne
- à quel point c'est pénible pour l'individu
- et dans quelle mesure l'anxiété perturbe sa vie quotidienne.

L’anxiété en médecine permet de traiter les patients par les médicaments disponibles ou par les techniques de psychothérapie, d’éviter les maladies liées à l’anxiété comme l’hypertension, les troubles respiratoires ou musculaires, de valider la souffrance des patients.

 

Conclusion


Ce voyage de l’anxiété, du religieux vers le médical témoigne de l’importante contribution de la philosophie, de la psychanalyse, de la psychologie et de la médecine pour forger une idée nouvelle, un concept précis.

Il est assez aisé de trouver d’autres exemples de la contribution de la philosophie occidentale à la science en général, et à la médecine.

Mais il reste bien du chemin à parcourir pour comprendre les émotions, les peurs, ce qui nous rend anxieux, et comment rendre le traitement plus efficace.

Lire la suite
1
  2466 lectures
  0 commentaires
2466 lectures
0 commentaires

Phobie scolaire

fille-livre_20210704-145450_1


fille-livres

 

Il existe de nombreuses définitions. Nous allons choisir deux définitions.
Définition d'Ajuriaguerra:  "Enfants qui pour des raisons irrationnelles refusent d'aller à l'école et résistent avec des réactions très vives de panique, quand on essaye de les y forcer".

 


 

Définition de Berg (1969) : « très grande difficulté à être assidu à l'école, sévère bouleversement affectif, absence de troubles antisociaux, parents au courant » 

 

Qui parmi nous n'a pas tremblé avant un examen, qui n'a pas eu peur avant une interrogation écrite ? Combien de nuits blanches avons nous passé avant de le bac ?  Cette peur normale est un moteur dans le succès scolaire des enfants et des adolescents, un facteur de motivation et de succès.


Cette peur varie selon les personnes d'une simple sensation de malaise indéfinissable à une véritable peur panique, comme pour chez les adultes qui redoutent un entretien avec un supérieur hiérarchique par exemple, dans le milieu scolaire, dans un lieu d'apprentissage intellectuel et social. Cette peur peut engendrer une anxiété chez les enfants et chez les adolescents.

 

L'exemple le plus frappant de la phobie scolaire est visible le matin de la rentrée scolaire, les portes des écoles maternelles ne sont-elles pas les témoins de ces visages enfantins couverts de larmes ? Des enfants qui refusent de se séparer de leur mère. Qui d'entre nous n'a pas versé des larmes de séparation ??  Ces difficultés passagères ne sont pas exceptionnelles, et l'enfant s'habitue vite à son école, mais lorsque ces crises de pleurs et de refus perdurent, les médecins parlent d'anxiété de séparation. 

 


Léa raconte le moment où elle a découvert l'anxiété de séparation de sa fille Heïdi :
« je sors de la voiture, Heidi est toujours amusée à l'idée de passer la matinée avec des camarades où elle peut jouer et connaître d'autres copains. Nous en avons parlé pratiquement tous les jours. Nous avons fait le tour de l'école, puis devant la porte je l'embrasse et je lui dis : je passe à midi pour te récupérer.

Mon Dieu !!! Elle avait une telle terreur dans les yeux, elle pleurait, tremblait, et transpirait comme si elle avait la fièvre. Je lui répète qu'elle a cinq ans, et que les grandes filles n'ont pas peur, mais cela ne sert à rien. Après une heure de pleurs à l'école, l'institutrice a prononcé le terme anxiété de séparation. J'entends parler de cette maladie pour la première fois.»

 

Chez les adolescents, l'école peut créer une phobie scolaire.
Tout enseignant reconnaît que l'annonce d'un contrôle des connaissances, contrôle écrit ou oral peut mobiliser certains élèves, l'enseignant connaît le pouvoir déstabilisateur, anxiogène (capable de produire de l'anxiété ) d'une telle annonce.

La "peur" de l'examen est généralement plus grande chez les élèves studieux, les élèves anxieux sont souvent de bons élèves. Passer la nuit à réviser avant un examen, mais s'absenter le jour de l'examen de peur d'échouer devient alors un véritable handicap.
C'est la cas de Sophie, une fille de 14 ans  qui exprime cette peur de l'école à sa façon :

« Phobie scolaire !!! étrange et ridicule à la fois. Tous les jours, le lundi surtout, je simule une maladie pour ne pas aller à l'école, par peur. Si je reste une heure en classe, j'ai une sorte d'angoisse bizarre et difficile à décrire.
Alors pour y échapper, je vais donc toutes les heures aux toilettes. Je reste devant les WC en attendant que ça passe.
Je fréquente l'infirmerie une fois par semaine aussi. Le collège me rend malade, m'étouffe. j'ai doublé ma 4eme, et j'essaye de me faire virer de l'école mais le proviseur ne veut pas me lâcher. La dernière fois, j'ai laissé mes feuilles volontairement blanches aux examens, car le stress était indescriptible.
Ca va recommencer l'année prochaine, je le sais .»

Il s'agit sans doute d'une sorte de phobie scolaire qu'on rencontre durant l'enfance tardive (entre 10-12 ans ) ou chez les adolescents .

La question est de savoir ce qui se cache derrière, le pourquoi ?

La phobie scolaire (avec ou sans anxiété de séparation) reste un facteur prédominant pour expliquer l'absentéisme scolaire excessif. 
Le refus d'aller à l'école affecte la population d'âge scolaire et, sans traitement, peut contribuer à des problèmes psychologiques de longue durée (difficultés maritales, anxiété, dépression, alcoolisme et comportements anti-sociaux). 

 

 

 

Qu'est ce que c'est une anxiété de séparation


Jeune adolescent(e), qui a des difficultés à se séparer de ses parents ou des personnes qu'il (elle) connaît, ce qui entraîne une anxiété importante. Lors de l'arrivée en première année du secondaire, il peut y avoir une grande réticence, ou un refus total de se rendre à l'école; parfois cette peur de quitter la maison et ses parents, est masquée par de nombreuses plaintes somatiques.
À l'école, l'élève est souvent envahissant et "colle" à l'enseignant qui est surinvesti.
Les plaintes somatiques peuvent l'amener à passer beaucoup de temps au service de santé (infirmerie). Les parents acceptent souvent trop facilement les absences répétées, et/ou sont inquiets face à un adolescent qu'ils considèrent comme physiquement fragile.

 

 

Quels sont les différents types de phobie scolaire

On distingue différents types de phobies scolaires : précoces entre 5 et 7 ans essentiellement corrélées à l'angoisse de séparation, et plus tardives, après 10 ans, avec des mécanismes psychopathologiques plus complexes.

 

 

 

Selon certains auteurs on peut distinguer ces types de phobie scolaire selon l'âge :

 

A- phobie chez les jeunes enfants ou anxiété de séparation :

Début aigu, épisode unique ou peut fréquent mais généralement le lundi, début de la semaine après une légère fatigue exprimée durant la semaine
Peur de la mort exprimée par l'enfant qui pense que sa mère peut être malade et que sa vie est menacée.
Bonne communication entre les parents, le père est présent et actif dans le foyer.
Bonne entente entre les parents et l'équipe scolaire

 



B- Phobie chez les enfants plus âgés ou adolescents :

Enfant âgé ou pré-adolescent
Plusieurs épisodes
Absence de refus du lundi (refus sans modèle)
Début insidieux
Absence de peur de la mort
Santé maternelle non en question
Mauvaise communication entre les parents
Problème de santé mentale chez les parents (dépression, anxiété)
Père absent ou peu intéressé par la famille ou par le foyer
Difficultés entre les parents et l'équipe scolaire

 

 

 

Quelle est la différence entre phobie scolaire et école buissonnière ? 

Faire l'école buissonnière est différente de la phobie scolaire. L'enfant quitte son domicile et ses parents sans difficulté pour occuper son temps scolaire de façon variable le plus souvent agréablement et revenir ensuite en toute impunité.
L'enfant n'aime pas l'école, ou n'aime pas son école mais aucune anxiété n'est présente.

 

 

 

Quelle est la différence entre phobie scolaire et fugues ?

La fugue quelque soit son contexte, l'enfant part plus ou moins à l'aventure pour un temps qu'il n'a pas déterminé et qu'il souhaite parfois indéfini. L'école dans ce cas n'est qu'un élément dans un ensemble.

 

 

 

Quelle est la différence entre phobie scolaire et rupture scolaire ? 


La rupture scolaire c'est le cas où l'enfant ne porte aucun intérêt aux acquisitions scolaires. Il n'y a pas d'anxiété, et l'enfant n'a pas peur de quitter sa famille.

 

 

 

Comment se présente la phobie scolaire ?

Entre l'enfance et l'âge adulte, l'adolescence est un passage. Ce double mouvement,  reniement de son enfance d'une part, recherche d'un statut stable adulte de l'autre, constitue l'essence de la « crise », du processus psychique que tout adolescent traverse. Ce passage, bien négocié par la majorité d'entre eux, peut parfois présenter des impasses, des comportements pathologiques.

La présentation du trouble anxieux de séparation varie selon l'âge, les symptômes varient selon les enfants aussi, leur caractère, ou leur personnalité.  

a- Enfants moins de 8 ans : tendance à avoir des soucis irréalistes au sujet de leur parents, des problèmes relationnels et refus scolaire.
b- Enfants entre 9-12 ans : Détresse excessive face à la séparation comme dans le cas de voyage scolaire et refus scolaire.
c- Adolescents entre 12-16 ans : refus scolaire et plaintes somatiques qui impliquent des symptômes sympathiques : maux de tête, vertige, transpiration, symptômes digestifs comme mal de ventre, nausée, crampes, vomissement, et des manifestations musculaires.

L'anxiété peut être sévère perturbant les activités normales de l'enfant.
Le diagnostic n'est pas acceptable si ces symptômes accompagnent un autre trouble (par ex une psychose).

adolecents-gourpe-bande-amitite

 

Les causes de la phobie scolaire

Divers scénarios expliquent la phobie scolaire en termes d'anxiété infantile aiguë, d'anxiété maternelle et de relation mère-enfant envahissante. C'est la cas de la mère insatisfaite dans sa propre vie et qui profiterait de l'anxiété de l'enfant envers l'école pour le décourager d'y aller et le maintenir dans une relation de dépendance avec elle. C'est aussi une hostilité de la mère envers l'école.
D'autre part, un enfant qui se surestime mais qui est menacé par la réalité de l'école, pourrait bien éviter l'école et en être protégé par sa mère.
Les études ont montré le rôle des relations familiales sur-protectrices et le poids de l'anxiété de séparation dans la phobie scolaire.

 

 

 

Rôle de l'anxiété de séparation dans la phobie scolaire des enfants

Si l'anxiété de séparation paraît pertinente pour expliquer la phobie scolaire chez l'enfant jeune, Cette explication ne permet pas d'expliquer la phobie scolaire des adolescents.
De nombreux adolescents phobiques scolaires présentent des antécédents infantiles d'anxiété de séparation pathologique, mais il existe des cas de refus scolaire où l'adolescent accepte facilement toute séparation (sport, loisirs…) sauf celles relatives à l'école. Dans ce cas, l'anxiété de séparation ne joue pas un grand rôle.

 

 

 

Les causes de la phobie scolaires chez les adolescents

Jean-Jacques Rousseau évoquait dans Emile « cette orageuse révolution s'annonce par le murmure des passions naissantes, l'enfant devient sourd à la voix qui le rendait docile, c'est un lion dans sa fièvre, il méconnaît son guide, il ne veut être gouverné… il n'est ni enfant, ni homme et ne peut prendre le ton d'aucun des deux». L'adolescence est la problématique de la dépendance et de l'identité. L'adolescent est brusquement confronté à une contradiction qui lui semble insoluble : pour être soi il faut se nourrir des autres, les imiter, les comprendre, être avec, faire comme eux mais il faut aussi se distinguer d'eux pour exister.
Avec la puberté le corps change, les caractères sexuels secondaires apparaissent, la perte momentanée des repères entraîne une inquiétude. la pensée se sexualise, les conflits psychiques sont réactivés et le monde interne est bouleversé.

 

 

Les relations familiales

Les relations familiales sont importantes dans l'apparition de la phobie scolaire. De nombreuses enquêtes ont mis en évidence une augmentation des troubles anxieux chez les adolescents présentant des phobies scolaires.

 

 

Les personnalités des parents :


Les mères :
Anxieuses et sur-protectrices, entretenant une relation de dépendance avec l'adolescent.

Mère animée par un doute sur ses propres qualités de mère.
Mère en apparence indulgente et permissive mais inconsciemment rigide.
Mère incitant l'adolescent à s'éloigner d'elle, « va à l'école » mais distillant à l'adolescent des messages de genre « je ne supporterais pas que tu m'abandonnes »
Mères anxieuses

 


Dépendance mère-enfant.
Lien mère phobique et fille phobique
Etat dépressif chronique chez les mères d'adolescents phobiques scolaires
Dépression maternelle accompagnée d'une culpabilité (l'enfant intériorise une image maternelle fragile, incapable de lui assurer son autonomie psychique.)
Dépression maternelle activant chez l'adolescent des craintes de la mort de la mère

 

 

Les pères :
Le père dans la majorité des cas semble peu capable de tenir son rôle viril et paternel.
Père absent, divorcé, décédé, éloigné ou inaccessible
Père déchu de son rôle par la volonté maternelle.
Présent et dévalorisé par la mère,
Malade chronique ou invalide.
Père anxieux
Père dépressif
Démission du père
Père entrant en compétition avec la mère

 

 

Les adolescents :
Les adolescents phobiques scolaires évitent toute confrontation avec leurs pairs.
Ils entretiennent une relation amicale exclusive avec une personne du même sexe.
Lien de dépendance avec une mère dépressive et anxieuse.
Identification au parent du même sexe défaillante.
Sentir l'école comme un milieu persécuteur.

enfant-dessin

Le diagnostic de la phobie scolaire

Pour le parent qui doit intervenir avec un enfant qui refuse d'aller à l'école, la situation est délicate. La raison invoquée peut sembler banale mais pour l'enfant il s'agit d'un stress majeur.

 

 

Les symptômes
Le trouble anxieux de séparation se manifeste par des symptômes variés allant d'une détresse irréaliste et périodique relative au danger qui entoure les membres aimés de la famille jusqu'à la dépression sévère.

D'autres signes peuvent aider au diagnostic :
Refus de s'endormir sans être près du parent (dormir dans le lit parental)
Détresse excessive et crises de colère quand la séparation est imminente
Cauchemars au sujet de la séparation
Nostalgie excessive et désir de retourner à la maison

  • Symptômes psychosomatiques fréquents
  • Famille dysfonctionnelle : l'enfant n'est pas encouragé à achever son processus de séparation, et même parfois récompensé de son attachement, ouvertement ou secrètement (le cas des enfants placés au centre d'un conflit conjugal).
  •  
  • L'anxiété de séparation est souvent précurseur du refus scolaire.
  • Les garçons et filles ne sont pas différents dans la présentation du symptôme.

 

 


Les Directives diagnostiques européennes (F93.0)

Selon ICD-10 Classification des troubles Mentaux et comportementaux, OMS, Genève, 1992
Les médecins appliquent des critères établis selon les résultas des recherches pour faire le diagnostic.

Pour diagnostiquer la phobie scolaire, l'organisation mondiale de la santé a établi les critères suivants :
Préoccupation irréaliste au sujet d'un "possible" malheur survenant au parent ou de leur disparition définitive sans retour
Préoccupation irréaliste que l'enfant se perde, enlevé, soit admis à l'hôpital, ou tué.
Refus persistant d'aller à l'école motivé par la peur de la séparation
Refus persistant de dormir sans être proche ou à côté d'un parent.
Peur persistante d'être seul à la maison pendant le jour
Cauchemars répétés au sujet de la séparation
Apparitions répétées de symptômes physiques (nausée, mal au ventre, mal de tête, vomissement, etc.) en relation avec la séparation d'un parent.
Détresse excessive et périodique (pleur, crises de colère, indifférence, retrait social) dans l'anticipation de l'absence du parent ou pendant son absence.
Le diagnostic repose sur la démonstration que l'élément commun de ces symptômes est l'anxiété de séparation.
Le refus scolaire qui survient pour la première fois, ne devrait pas être étiqueté phobie scolaire sans éliminer les autres causes.

 

 

 

Quels sont les maladies qui peuvent imiter la phobie scolaire :


Trouble du stress post-traumatique.

Phobie Sociale (peur persistante d'être en public, des examens, avec action d'évitement).
Abus de substance (drogues, alcool).
Dépression (les enfants déprimés sont généralement mal traités et harcelés par les autres enfants).
Trouble du déficit d'attention
Réaction de deuil.

Attention : La peur de "l'ambiance scolaire" est un problème à prendre en considération avant de faire le diagnostic
La peur de l'ambiance scolaire suite à des violence, menaces ou chantage peut justifier que l'enfant refuse d'aller à l'école ou qu'il redoute sa scolarité.

Les symptômes suivants orientent vers le refus scolaire par peur de violence, et permettent de le distinguer de la phobie scolaire (anxiété de séparation) :
1- Retard et envie de rester à la maison
2- Résultats scolaires moyens
3- Enfant aimant l'école
4- Refus soudain d'aller à l'école
5- Plus de Signes somatiques que d'inquiétude
6- Enfant stable à la maison, sans histoire d'absence parentale.

 

 

 

Chez l'adolescent, le début de la phobie scolaire est plutôt progressif


Celui-ci se retire progressivement des activités de groupe, il sort de moins en moins et sa dépendance envers ses parents augmente, parallèlement à un autoritarisme parfois une tyrannie, voire une violence grave.
Un événement d'apparence insignifiante ou sans aucune mesure avec les conséquences entraînées (déménagement,  décès d'une personne à laquelle l'enfant ne semblait pas particulièrement attaché,...), peut être retrouvé dans les jours ou les semaines précédentes. Cet événement n'est en fait qu'un facteur déclenchant précipitant les troubles et non la cause des troubles.

L'expression aiguë est liée à l'école : lors du départ au collège, au  lycée, l'adolescent s'agite, manifeste une angoisse importante et démesurée. Cette angoisse apparaît parfois seulement dans la salle de classe. Si l'adolescent est forcé, des manifestations comportementales « bruyantes » apparaissent : cris, agitation, violence, fuite.

Des symptômes peuvent surgir ; L'adolescent peut se plaindre de nausée, vomissement, perte d'appétit, syncope, maux de tête, malaise, douleur abdominale, diarrhée, douleur des membres. Ces plaintes surviennent en général le matin, plutôt le lundi avant ou pendant l'école.

La phobie scolaire est rationalisée (justifiée par l'adolescent),  le plus souvent sur l'incompétence des enseignants, la crainte des examens, un désintérêt à l'égard des connaissances, crainte des autres adolescents (sentiment d'être le bouc émissaire, de ne pas être compris), et la fameuse inutilité des programmes.

On observe ensuite le retrait progressif des activités de groupe, l'isolement vis-à-vis des pairs. Il devient exigent, susceptible, agressif avec sa mère qui devient l'objet de ses colères, rage et parfois de violence.

 

 

 

Ce comportement s'accompagne de :


Comportements dépressifs,

Crises de larmes, idées tristes,
Baisse de l'estime de soi,
Pensées suicidaires,
Repli sur soi,
Troubles du sommeil,
Modification de l'appétit,
Anorexie ou boulimie,
Opposition au milieu familial.

 

 

 

Quels troubles se cachent derrière une phobie scolaire?


Identifier une phobie scolaire chez un élève est facile. Mais identifier les causes ou les troubles qui se manifestent par la phobie scolaire n'est pas aisé. 
La phobie scolaire est un des symptômes d'un malaise, d'un mal-être. L'anxiété de séparation correspond cliniquement à la description de la phobie scolaire chez le jeune enfant, alors que pour les plus âgés, il s'agit souvent d'agoraphobie (peur des endroits ouverts), ou d'un problème psychologique.

Dans de très rares cas, la phobie scolaire peut révéler une maladie psychiatrique telle une schizophrénie.

enfant-maman

Quel traitement pour la phobie scolaire

- L'évaluation médicale est essentielle pour dépister des problèmes organiques réels : épilepsie ou diabète.
- Une attitude ferme d'assurance des parents, du médecin et du milieu scolaire suffit bien souvent à rétablir la situation.
-  si les difficultés persistent, avec une fréquentation de l'infirmerie, et absences régulières, une évaluation psychiatrique de l'élève et du milieu familial est nécessaire.
- Il est primordial pour le milieu scolaire, de comprendre que les difficultés psychologiques de l'élève ne pourront pas être traitées, bien au contraire, par des cours par correspondance. Ces cours renforcent les difficultés et permettent aux symptômes de devenir chroniques.
-  Les changements répétés d'école ne font que déplacer sur une autre école les problèmes après une amélioration passagère.
- Après un bilan médical, le but à atteindre est non seulement le retour à l'école mais aussi la reprise d'une bonne insertion sociale.
- Le traitement associera une psychothérapie individuelle pour l'enfant, une psychothérapie familiale, une hospitalisation dans les cas extrêmes.
- La place des médicaments est limitée dans la phobie scolaire. 
- les études montrent que 33 % des élèves traités retrouvent une scolarité satisfaisante, 33 % parviennent à reprendre la scolarité mais avec difficultés psychologiques persistantes. Dans 33 % des cas, le retour vers une scolarité normale devient difficile et accompagné de troubles psychiatriques.

 

 

 

Phobie scolaire chez les jeunes enfants : 

Une  attitude ferme et de réassurance des parents, du médecin et du milieu scolaire suffit bien souvent à rétablir la situation. Si la situation s'empire, le traitement sera indispensable.  

Le but des soins chez le petit enfant est de faciliter le développement normal de l'enfant et de le soulager de son anxiété de séparation.  Les quatre points suivants sont à traiter:
comportement de fuite excessive et d'évitement
réactions physiologiques somatiques
manque de contrôle
régulation à travers un discours explicatif rationnel et ferme.

 

 

 

Approche psycho-dynamique :


ce traitement se base sur la théorie psychologique que l'enfant réagit à un conflit entre le conscient et l'inconscient en lui. La thérapie psycho dynamique individuelle utilise par exemple une pièce de théâtre pour les jeunes enfants avant l'âge de la parole deux fois par semaine. Les études montrent 70 % d'amélioration). Des séances plus fréquentes ( 3-4 fois par semaine durant 6 mois ) peuvent aider l'enfant ou l'adolescent à travers les sensations et les réactions aux situations à se comporter d'une manière différente.

 

La thérapie familiale


Insiste sur le traitement des troubles anxieux dans la famille (agoraphobie), dépression, et alcoolisme pour faciliter la communication et changer le modèle dysfonctionnel de la famille.

 

La thérapie sociale

Devrait déterminer si l'enfant refuse l'école en raison de trouble de séparation, ou pour d'autres raisons : tyrannie scolaire, violence, problèmes académiques, refus scolaire dû à une anticipation d'échec. Le rôle de l'assistante sociale est de trouver pour l'enfant le placement scolaire approprié.
Les médicaments ne devraient pas être utilisés en première ligne comme traitement pour le trouble anxieux de séparation.

 

 

Phobie scolaire chez les adolescents :

La psychothérapie individuelle basée sur la parole et la réflexion est insuffisante car l'adolescent ne coopère pas.
La nécessité de prise en charge « adaptée » est  justifiée, car la phobie scolaire s'accompagne de nombreux troubles comme : sociabilité difficile, dépendance familiale importante, relations émotionnelles et sexuelles perturbées.

Chez les adolescents, le traitement de la phobie scolaire nécessite une prise en charge semblable à celle des enfants souffrants de phobies.
L'approche thérapeutique devrait être adaptée à chaque situation et à chaque adolescent, en prenant en compte la structure familiale.
On peut imaginer par exemple, le retour progressif de l'adolescent sur les lieux où sa phobie se déclenche pour le désensibiliser avec une psychothérapie de l'adolescent et prise en charge parallèle des parents par un autre psychothérapeute.
Si la phobie est bien installée, le recours à l'hospitalisation est parfois nécessaire.
La prescription d'anti-dépresseur est possible chez les adolescents mais leur intérêt varie selon chaque cas.
Le retour progressif à l'école doit être le but du traitement. Le traitement basé sur la  relaxation, la réflexion, et l‘affirmation de soi peut faciliter la réinsertion en milieu scolaire.

 

 

 

Le traitement psychologique

L'essentiel au début de la prise en charge, est de reconnaître la souffrance des adolescents. Durant les séances de travail, le psychothérapeute ou le médecin va tenter de rassurer l'adolescent sur son identité, et revaloriser son estime de soi. Les activités  riches en «  plaisirs partagés » comme danse, théâtre permettent aux adolescents de retrouver leur équilibre, leur place dans un groupe.

Le traitement va tenter de convaincre l'adolescent de tolérer la contradiction, pour l'accompagner ensuite vers l'étape suivante : accepter ses pensées, se réconcilier avec sa pensée.
Il est inutile de demander à l'adolescent phobique de citer le contenu de sa pensée,  il est dans l'incapacité d'exercer une activité de ce genre,  et dans ce cas, ses réponses seront du genre : parce que, je ne sais pas, j'en ai marre, etc. En face de cette paralysie de  penser, le traitement sera basé sur l'expression des sentiments ressentis. La perte, la peur, la haine, la colère, la mort, la séparation. Ces émotions sont la traduction d'une pensée que l'adolescent ne peut pas exprimer. La participation à des ateliers de groupe est précieuse. On y apprend à repenser, à se consoler.

 

 

Le traitement permet aussi de redéfinir des liens avec les parents, de répondre à des questions inquiétantes :
Que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme ?
Comment je peux protéger ma mère alors qu'elle est fragile et dépressive ?
Mon père ne m'a jamais aimée, je ne suis pas comme les autres, comment faire ?

Dans ce cadre le travail thérapeutique devrait partager la pensée de l'adolescent, proposer une autre pensée  et élaborer avec l'adolescent une troisième pensée.
A la question, par exemple, que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme, l'adolescent exprime une anxiété liant la peur de la mort à la séparation. Le thérapeute peut répondre que maman est jeune, et ne risque pas de mourir demain.  Le schéma suivant tente d'expliquer un exemple

 

 

Adolescente dit

   

Thérapeute répond

Conclusion

   

que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme

Ta maman est jeune, elle ne va pas mourir demain

   

Maman peut mourir mais plus tard

Mais elle va mourir un jour

Ca sera triste, mais tu seras grande

La mort n'est pas pour demain

Mon père ne me prendra pas dans sa famille

Possible, mais tu auras déjà une maison et une famille

La séparation avec la mère ne menace pas la survie de l'adolescent

Mon père est un salaud, il a fait pleurer ma mère milles fois

Oui, les adultes sont compliqués

Le problème des parents ne doit pas être le problème d'enfants

Tu crois que je dois le revoir

Peut être un jour

Mais je n'aime pas l'école

On n'aime pas toujours son école

Normaliser les émotions de l'adolescent

Alors je suis comme les autres

Oui,  mais aussi tu es toi même

Renforcer l'identité de l'adolescent

 

La thérapie comportementale de courte durée (moyenne de 6 mois)

Cette thérapie donne des résultats positifs chez 83 % des enfants. Cette thérapie dite cognitive ( faisant appel aux émotions et à l'intelligence) essaie de restructurer les pensées de l'enfant et ses actions dans une structure plus adaptée. On inclut aussi la désensibilisation systématique et une réponse comportementale adéquate pour faciliter la séparation, et pour lutter contre les symptômes somatiques à travers des jeux de rôles, techniques de la relaxation, systèmes de récompense.

La méthode comportementale inclut
- Relaxation

- désensibilisation à travers une exposition au risque ( que fera-t-on si maman est morte ?)
- Elaboration des réponses préventives ou le “Flooding”
- Acquisition d'un nouveau comportement ou le « Modeling »

La méthode Cognitive-comportementale ; exemple le plan « FEAR » de (Kendall & Treadwell)
F=Feeling afraid : avoir le sentiment de peur
E=Expecting bad things: avoir des idées redoutant l'arrivée de mauvaises choses
A=Actions & attitudes that can help : connaître les actions et les comportements qui peuvent aider R=Results & rewards: Résultats et récompenses.

 

 

   

Adolescente dit

   

Thérapeute répond

Que ferai - je si maman meurt demain alors que mon père vit avec une autre femme

Tu  partiras  chez ton père ou chez ta grande mère

Mais elle va mourir un jour

Oui, mais tu ne seras pas seul

Mon père ne me prendra pas dans sa famille

Possible, tu sers alors chez une tante, ou chez ta grande-mère.

Mon père est un salaud, il a fait pleurer ma mère milles fois

Oui, les adultes sont compliqués

Tu crois que je dois le revoir

Si tu as envie

enfant_arbre

 

La prevéntion de la phobie scolaire s'articule sur : 

- Lutter contre les facteurs qui contribuent à l'apparition de trouble anxieux de séparation comme la fatigue, maladie mineure ou majeure, changements dans la routine de la maison, naissance, divorce, ou décès.
- Prévenir cette anxiété de séparation avant toute hospitalisation de l'enfant et adopter des stratégies pour l'alléger.
- La présence d'une baby-sitter à l'âge de six mois aide l'enfant à tolérer de courtes périodes de séparation et à faire confiance aux autres.
- Commencer l'école maternelle à âge de 3 - 4 ans. C'est particulièrement conseillé pour les enfants trop dépendants de leurs parents.
- Supporter l'enfant durant ces périodes d'anxiété.
- Aider l'enfant à se familiariser avec les nouveautés de son environnement avant de le laisser seul.
- respecter les rituels qui rassurent les enfants (l'heure du coucher, heure de réveil, rituel matinal)
- Rappeler à l'enfant les moments où il a montré du courage, et évoquer les pensées positives.
- Parler de l'acceptation de la séparation.
- Réduire la peur de l'enfant en luttant contre l'origine de cette peur
- Préparer l'enfant à travers les livres et les histoires aux périodes de séparation (école maternelle, voyages, éloignement d'un parent).
- Raccourcir les adieux avec l'enfant et ne pas montrer sa propre anxiété.
- Ne pas partir furtivement.

 

 

Les professeurs face au parent anxieux

Si le professeur se présente lui -même, à enfant et invite l'enfant à jouer, l'anxiété de l'enfant sera réduite.
Suggérer au parent de jouer avec l'enfant un jeu permettant d'améliorer l'acceptation de la séparation.
Permettre au parent de rester pour calmer l'enfant en cas de trouble panique.
Ne jamais critiquer un enfant triste ou inquiet.
Si l'enfant est inconsolable plus de 2 semaines, ou si plaintes physiques répétées le matin avant d'aller à l'école maternelle, une consultation médicale serait utile.

Prévention contre la phobie scolaire des adolescents
-         Comprendre la souffrance des adolescents phobiques
-         Soutenir l'autonomie de l'adolescent
-         Renforcer son estime de soi en évitant les critiques et les humiliations
-         Eviter de se plaindre devant les enfants et de se présenter comme victime
-         Garder l'image paternelle ou maternelle intacte en cas de divorce
-         Eviter de transmettre les phobies maternelles aux enfants
-         Encourager les résultats scolaires des adolescents
-      Ne pas accepter une rationalisation du genre : je n'aime pas le collège ou le professeur est incompétent.
-       Dans la phobie scolaire, dans la plupart des cas, l'école n'est pas coupable, le corps enseignant  non  plus.
-       En cas de phobie scolaire chez un adolescent, évitez les cours par correspondance et l'école à la maison, c'est un facteur important pour rendre cette anxiété chronique.

 

 

 

Prévention au sein du système éducatif :


Au Japon, la pression sociale et un système scolaire particulièrement compétitif génèrent un tel stress que les refus scolaires peuvent être d'une violence majeure avec auto et hétéroagressions.
Le suicide des écoliers japonais est assez répandu.
La personnalité de l'enfant, de l'adolescent, les réactions de sa famille et de ses camarades jouent un rôle important dans la phobie scolaire.
Le système éducatif n'est pas isolé de la société.
A nous tous de réfléchir ensemble sur une question toujours essentielle : Dans quelle société  voulons - nous  vivre ?

La phobie scolaire ou refus scolaire anxieux, bien que peu fréquente, est une manifestation d'anxiété, mais si l'école est impliquée dans cette anxiété, l'école n'est pas toujours responsable.

deux-enfants

Phobie scolaire

En 1913, Jung évoque pour la première fois une forme de "refus névrotique" d'aller à l'école. Broadwin en 1932 isole une variante de l'école buissonnière où l'enfant, par crainte de ce qui pourrait arriver à sa mère, se précipite chez lui pour soulager son angoisse. La peur de l'école représente donc la peur de quitter la maison.
En 1941, Johnson complète la première description de Broadwim et propose le terme de phobie scolaire qui différencie ces enfants, des "écoliers des buissons". Dès cette époque, la phobie scolaire se définit comme un symptôme ou un ensemble de symptômes.

 

 

L'école obligatoire

Les troubles psychologiques sont des troubles d'adaptation : sans école obligatoire, il n'existe pas de phobie scolaire.
L'obligation de la scolarité est un concept, qui depuis sa description, continue à soulever bien des questions. Dans la plupart des pays occidentaux, cette obligation remonte à la fin du XIXe siècle. L'école devient obligatoire par la loi et les parents se trouvent obligés d'envoyer leurs enfants à l'école. Cette obligation n'a pas été accompagnée par un règlement interne clair permettant par exemple de protéger l'enfant contre certains comportements autoritaires du corps enseignant. L'époque était pour l'école publique obligatoire.
Depuis cette obligation, l'école est devenue un lieu privilégié d'expression et d'observation de troubles psychopathologiques de l'enfant et de l'adolescent.

 

 

 

L'école entre éducation et instruction

L'école obligatoire n'était pas le fardeau des gens pauvres, mais un privilège. Les classes aisées avaient leurs écoles privées à la maison, qui étaient aussi obligatoires. Ces écoles ont été à travers l'histoire le témoin de l'évolution de la société. Les punitions physiques étaient la règle au début de 20ème siècle, sans oublier moquerie, humiliation, et frustration.
Ces pratiques ont accompagné l'école obligatoire. On pensait qu'il fallait éduquer les enfants scolarisés, alors on punissait, on faisait peur, on menaçait, on giflait, on frappait et on corrigeait les mauvais élèves en publique.

 

L'école comme lieu social

La société dans sa complexité est bien présente à l'école. Les classes sociales, la pauvreté ou la richesse, la violence et les habitudes. L'enfant affronte dans l'école une société d'enfants dont chacun porte en lui son éducation et son héritage culturel. La violence scolaire n'est pas marginale, et ne fait que refléter la violence de la société. Si la scolarité est un lieu d'apprentissage de la vie en société, c'est aussi pour l'enfant l'angoisse, la peur des autres, la force physique chez les garçons, l'aspect corporel chez les filles.

 

 

L'école, anti-chambre de la réussite sociale

Dans une société industrialisée où la réussite scolaire est de plus en plus valorisée, la phobie scolaire est plus fréquente. Il existe un parallélisme entre la valorisation des études sur plan individuel, familial,  social, et la fréquence des phobies scolaires. Au Japon où la compétition scolaire est maximale, les « refus scolaires anxieux » représentent 60 à 70 % des cas dans certains centres de consultation.
Un système scolaire exigeant dans une société de performance participe sans doute à déstabiliser les adolescents. L'entrée au collège en France est symbolique ; autonomie plus importante, nouvelles matières, pluralité des maîtres, et orientations différentes en fonction des résultats scolaires, et en arrière plan les ambitions familiales. Comment un enfant peut-il ignorer cette compétition scolaire ?

 

 

Lire la suite
0
  1944 lectures
  0 commentaires
1944 lectures
0 commentaires

Stress : définition, causes, solutions

honte-toxique

  

honte toxique

 

 

Le stress est un mot d'origine anglaise largement utilisé dans la langue française. Ce mot désigne un ensemble de perturbations physiques, biologiques, et psychiques provoquées par n'importe quelle agression sur l'organisme.

La langue française utilise un terme voisin : détresse qui désigne difficulté alarmante ou situation critique.

La traduction française exacte du mot stress est proche du terme : effort. Cependant, l'utilisation populaire en français de ce terme est synonyme de tension nerveuse.


Ainsi, le mot stress est devenu à l'origine de verbes, comme stresser et déstresser.

homme femme critique


abs11.5-orange Le terme stress est utilisé, hors du contexte psychologique, dans son sens premier, c'est-à-dire dans le sens de l'effort. En médecine, un terme comme test de stress cardiaque désigne un test d'effort durant lequel on mesure la réponse du coeur à l'effort demandé. Dans ce cas, la personne subite un test d'effort comme par exemple courir sur un tapis roulant pendant que l'équipe médicale examine les réactions du muscle cardiaque.

 



abs11.5-orange Le stress en général est un fait naturel, chaque personne répond aux pressions exercées sur elle par son environnement par un effort biologique et psychique, cette réponse est le stress.

Par conséquent, toutes les créatures vivantes sont dans un échange permanent avec leur environnement, un échange comportemental, physique et psychique. Les êtres vivants sont obligés de se défendre contre les agressions, de se protéger contre les perturbations de leur environnement pour assurer leur survie.

En raison de la surabondance de stress dans la vie quotidienne, nous avons tendance en Occident à considérer le stress comme une expérience négative et néfaste, cependant, le stress du point de vue biologique est une expérience neutre, négative ou positive.


abs11.5-orange Le stress est lié aux facteurs externes et internes, les facteurs externes incluent l'environnement physique comme le travail, les rapports avec les autres, les défis, compétition, les difficultés de la vie quotidienne. Les facteurs internes du stress sont liés à la capacité de notre corps à répondre à ces défis, et à s'adapter pour mieux assurer sa survie et son bien-être. Ces facteurs internes du stress influencent notre forme physique, notre sommeil et notre qualité de vie.



Sur le plan général, le stress joue un rôle dans la sélection naturelle, la capacité des créatures vivantes à s'adapter à répondre aux difficultés de leur environnement, à conditionner leur survie. L'approche évolutionniste suggère que ces modifications adaptatives ont joué un rôle dans le développement cérébral des êtres vivants.

Les facteurs internes du stress sont liés à la capacité de notre corps à répondre à ces défis, et à s'adapter pour mieux assurer sa survie et son bien-être. Ces facteurs internes du stress influencent notre forme physique, notre sommeil et notre qualité de vie.

 

Stress : étapes et progression

Le stress n'est pas toujours une réaction négative. Il existe un stress positif pour aider à relever le défi, à passer les épreuves, et à affronter l'adversité.
On peut schématiser l'apparition du stress selon le schéma suivant :

 

La réaction cognitive

Le terme cognition désigne l'ensemble des jugements, des événements mentaux, de la réflexion, de la mémoire, et du langage. La réaction cognitive est généralement présente au début du stress. Après notre perception de l'événement, nous comprenons le danger, nous évaluons le défi et ses conséquences. Le cerveau, par ses réactions cognitives, formule notre perception de l'enjeu, et du danger. Le corps réagit à ce stimulus en libérant des hormones capables d'améliorer nos performances. La réaction cognitive conditionne notre stress. Notre jugement peut être positif sous forme de défi, ou négatif sous forme de peur et de crainte.
Avant de passer un examen par exemple, notre cerveau prépare ce moment avec ses moyens cognitifs : mémorisation, préparation, délibération, recherche des meilleures solutions. Le stress serait la traduction physiologique de cette préparation. Le jour de l'examen, nous sommes tendus, attentifs, en état d'alerte cérébral et physiologique.
La réaction cognitive peut être longue, mais dans certains cas nous devons faire face à une stimulation inattendue. En face d'un événement imprévisible, le cerveau utilise ces moyens cognitifs, le plus rapidement possible, pour élaborer la réaction, et préparer l'organisme aux défis. C'est le cas d'un accident de voiture, d'un événement dramatique, nous devons agir vite.

 

La réaction physiologique

Ce terme désigne les réactions du corps humain quand il subit le stress. La stimulation extérieure entraîne des modifications du fonctionnement de l'organisme, où les fonctions sont mobilisées pour répondre aux défis et au danger. C'est une étape de résistance, et d'affrontement. De nombreuses substances participent à la réaction physiologique, des hormones comme l'adrénaline, et la cortisone. La dopamine est un neurotransmetteur impliqué dans la réaction corporelle face au stress. Ces substances maintiennent l'organisme dans un état de veille et d'alarme. Les endorphines sont impliquées pour alléger la souffrance, et améliorer la réaction de l'organisme.
Ces réactions physiologiques sont normales. Le problème peut apparaître après la disparition de l'événement stressant. Ces substances continuent à maintenir l'organisme dans un état d'alerte, produisant fatigue, augmentation de la tension musculaire, insomnie, hypertension artérielle, excitation et agitation. Ce sont les symptômes les plus fréquents du stress.

 

La réaction comportementale

Sous l'influence de ces hormones, le comportement devient tendu, parfois agressif. Si le phénomène s'installe et devient chronique, le comportement change aussi. La tension mentale et musculaire devient permanente, le comportement devient coléreux, témoin d'irritation et de surmenage. Pour combattre le stress, il est important de combattre les événements stressants, d'alléger les stimulations qui peuvent produire l'épisode stressant, de se relaxer, pour aider l'organisme à se détendre, et de se débarrasser des effets des substances hormonales, et les neurotransmetteurs secrétés pendant le stress.

 

Le stress : ses causes

En face d'un défi, une réaction en chaîne se déclenche pour chercher l'énergie nécessaire et la force, qui nous prépare à lutter en face de ce défi, ou à fuir pour assurer notre survie. Notre mode de vie se distingue par la multiplication des contraintes et des demandes, notre organisme est obligé de répondre à ces défis avec un coût plus ou moins élevé.

Le monde moderne engendre ses propres défis, et son propre stress. À la différence des siècles passés, les défis que nous devons affronter exigent plus d'effort mental et moins d'effort physique. Cela entraîne parfois des réponses inadéquates de notre organisme.
Lorsque nous sommes confrontés à des situations durables qui stimulent l'organisme, l'énergie dans notre organisme s'accumule, une sorte de tension physique et mentale s'installe comme une préparation préventive à ces défis, et à leur apparition. Cette tension physique s'accumule, peut parfois conduire à l'épuisement, et à la présence de certaines maladies. Il est donc utile pour éviter cette accumulation, de savoir se reposer, de relâcher cette tension, et de maîtriser son organisme.
Le stress est une réaction d'adaptation, une réaction physique et mentale qui s'accompagne de vrais changements dans le fonctionnement de notre organisme.
Une stimulation contrôlable positive ne peut nuire à l'organisme, ni à la qualité de vie, mais au moment où la stimulation se transforme en stress, cela signifie une stimulation non contrôlée. Notre personnalité et notre comportement, ainsi que notre mode de vie ont une influence primordiale sur nos réponses vis-à-vis du stress.
Le stress trouve ses causes dans l'agressivité, l'impatience, la colère, l'anxiété et l'angoisse. D'autre part, un mauvais régime alimentaire peut augmenter le stress ou fragiliser notre organisme pour contrôler les réactions engendrées par le stress. De même que le fait de fumer, de boire ou de se droguer augmente la tension physique.
Le stress peut apparaître n'importe où, peut être le résultat d'une adaptation exigée dans la vie personnelle ou professionnelle, peut être le résultat d'un conflit émotionnel, d'un régime alimentaire mal adapté, d'une maladie, ou d'une anxiété.
Nous ne sommes pas égaux devant le stress, certaines personnes s'adaptent parfaitement dans ces situations, d'autres avouent être terrifié par cette tension prolongée et par le stress. Le stress devient nuisible à la santé mentale et physique quand nous ne parvenons plus à contrôler les réponses qui se déclenchent dans notre organisme et dans notre cerveau.

 

Les signes physiques du stress

Le corps transmet le stress par différents canaux. Les réflexes nerveux inconscients et conscients déclenchent des signaux physiques. Certains signaux sont familiers, comme fatigue, lassitude, d'autres signaux sont plus graves prenant la forme de maladies liées au stress, qui se diffèrent sur l'organe ou le système affecté.

 

Les réflexes nerveux :

Le stress peut se manifester par de tics nerveux comme se ronger les ongles, serrer les poings, serrer les mâchoires, tapoter avec les doigts, grincements de dents, hausser les épaules, se gratter, frapper le sol du pied, s'arracher les cheveux, se mordre les lèvres et autres.

 

Les maladies liées au stress

Ces maladies sont nombreuses, provoquées ou encouragées par le stress. Les maladies liées au stress les plus fréquentes sont : l'asthme, mal de dos, troubles de digestion, douleurs gastriques, maux de tête, céphalées de tension, migraine, douleurs musculaires, problèmes sexuels comme l'éjaculation précoce, ou la perte de libido, problèmes cutanés comme l'eczéma, ou aggravation de certaines maladies cutanées comme le psoriasis.

 

 

stress au travail

Stress : réponse à un défi

Avant de passer un examen, on se motive, on se prépare. Cela veut dire que nous demandons à notre organisme de préparer la réponse à ce défi. Cette réponse aura une partie physique et physiologique, et une partie mentale et psychologique. Le stress en réalité est synonyme de réponse au stress, à l'effort.

 

Le stress : réponse et adaptation

La réponse engendrée par le stress consiste en une chaîne complexe de modifications physiologiques et biochimiques pouvant affecter une grande partie de l'organisme et de ces organes, dont le but est de mettre le corps en alerte. Que nous soyons à la veille d'un examen, de compétitions sportives, le stress est une ordonnance mentale qui invite l'organisme à se défendre, et à relever le défi.
Le stress commence dans le cerveau comme un état de menace, de défi, la stimulation commence dans un groupe de cellules situées à la base du cerveau dans une zone précise l'hypothalamus.


Le cerveau ordonne la libération de substances chimiques et de neurotransmetteurs comme l'adrénaline qui augmente la tension artérielle, le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, et l'apport de l'oxygène vers les muscles pour assurer à l'organisme des moyens adéquats à sa survie. L'augmentation de la fréquence respiratoire et l'accélération du rythme cardiaque améliorent l'oxygénation du cerveau cherchant une meilleure clarté d'esprit, et de meilleures dispositions du système nerveux.


Le système digestif se crispe, pouvant parfois être victime d'ulcères, la peau transpire, les muscles se contractent pour se préparer à l'action. Le rythme cardiaque chez un homme en bonne santé hors activité physique, peut varier de 60 à 75 pulsations à la minute. En cas de stress, le système nerveux réagira, en élevant ce rythme cardiaque à 190 ou à 200 pulsations à la minute pour assurer l'oxygénation de l'organisme et l'énergie nécessaire. On nomme cela la réaction du système nerveux sympathique responsable de la libération de l'adrénaline. À la fin du stress et donc à la fin du défi, un autre système nerveux prend la commande de l'organisme. C'est le système nerveux parasympathique qui va diminuer progressivement l'action de l'adrénaline, permettant à l'organisme se relâcher, en ralentissant le rythme cardiaque pour le remettre à son niveau de repos, de même pour la fréquence respiratoire et pour la rigidité musculaire.

 

 

Le schéma du stress

Le système nerveux autonome (sympathique) réagit aux défis de la même façon, c'est-à-dire d'une façon non graduée. La réponse à un défi ou à une menace est une chaîne de réactions. Cette réponse est utile à condition de savoir utiliser ces avantages, par ex pour échapper à un danger imminent comme le feu où il faut réagir et se protéger. Quand la réaction engendrée par le stress devient chronique, l'organisme continue à être inutilement en alerte, avec les méfaits sur la santé d'une tension artérielle augmentée, d'un rythme cardiaque accéléré et de muscles contractés. Parfois, notre système nerveux ordonne à notre corps d'être en état d'alerte d'une façon inconsciente, c'est le cas du stress engendré par les émotions incontrôlables comme l'impatience, angoisse, ou l'anxiété. Dans ces cas, l'hypothalamus continue à préparer l'organisme à l'action par anticipation, entraînant ainsi une accumulation de substances chimiques liées au stress, accompagnées d'une tension artérielle élevée, et d'une tension musculaire.


La réponse engendrée par le stress devrait donc s'estomper et disparaître avec la disparition du défi. Il est donc indispensable d'utiliser l'énergie libérée dans notre organisme pour se débarrasser de cette tension. Le meilleur exemple est l'activité physique ou les techniques de relaxation qui permettent à l'organisme de se reposer, d'apaiser le rythme cardiaque et la tension musculaire. Quand l'organisme n'arrive pas à se débarrasser de ces traces de stress, il est utile de faire du sport, ou d'écouter de la musique, ou de pratiquer une activité relaxante.

 

 

Stress et événements de vie


On peut dire d'une façon générale que la vie est un événement stressant. Être agressé ou pas dans une situation donnée varie selon nos réactions et de notre capacité à faire face à cette agression. Il est vrai que nous sommes généralement incapables d'empêcher la survenue de certaines agressions qui font partie par ailleurs des événements de la vie elle-même.

 

 

Stress et la vie quotidienne

Les crises inévitables de l'existence sont toujours là : divorce, séparation, deuil, problèmes financiers et conflits. Notre mode de vie a multiplié les événements stressants : le temps qui manque, les déplacements, la compétition professionnelle, etc. Dans la vie quotidienne, certains changements provoquent particulièrement des situations stressantes. Ces situations englobent angoisse, peur, ennui ou chagrin, mais le facteur déterminant demeure la satisfaction personnelle. Nous sommes plus menacés par le stress en cas d'insatisfaction personnelle, par exemple quand on a l'impression d'être piégé dans une vie sans sens, ou quand on perd la capacité d'adapter notre mode de vie.

 


Les causes les plus fréquentes de stress

 


Le changement
Le changement est un facteur stressant, exigeant une adaptation rapide, provoquant une peur de l'inconnu, pouvant engendrer un excès de stress surtout quand le changement exige une prise de risque. Une bonne santé physique et mentale aide à affronter le stress lié au changement.
Le stress lié au changement est plus présent chez les personnes rigides ayant des habitudes de vie strictes, ayant des difficultés d'adaptation. Ce stress est présent dès l'enfance, au premier changement d'école, et dans la vie adulte.

 

Les performances
Le stress devient positif, une réaction saine, pour affronter les défis correspondants à la performance comme le stress qui précède les examens, ou les compétitions. Ce stress est positif à condition de rester confiant, de savoir canaliser la tension pour assurer une meilleure réponse à ces défis.

 

Angoisse et peur
Les émotions anticipatrices et négatives peuvent prolonger et augmenter le stress. Ces émotions nous préparent à affronter des situations rares et menaçantes. Le stress dans certains cas peut augmenter nos peurs, et affecter la qualité de vie. La réponse nécessite l'autocontrôle, la relaxation, et la recherche d'une réaction raisonnée.

 

L'ennui
Le manque de stimulation, l'absence d'intérêt, l'isolement, le chômage, la retraite, la solitude peuvent engendrer l'ennui et le stress. Ce manque de stimulation peut affecter l'estime de soi, favoriser la dépression, engendrer stress et anxiété. Il est important de lutter activement contre l'isolement, et rechercher l'intérêt au quotidien.

 

Le chagrin
Le décès du conjoint par exemple est le premier facteur de stress selon les études. Le deuil, la perte d'un partenaire suite à un décès, ou suite à un divorce peuvent avoir un effet psychologique profond et durable. Le chagrin engendre un stress qui provoque des angoisses que la personne tente de réprimer. Ces situations favorisent également la dépression. En cas de deuil, il est important de chercher de nouvelles stimulations et de nouveaux projets.

 

 confiance

Stress : des solutions

Personne ne peut avoir la maîtrise totale de son temps, surtout dans une société qui exige de chacun, adaptation et organisation.

 

 

Le stress : gestion du temps


La manière dont vous divisez les heures de votre journée dépend essentiellement de la nature du travail, et de la structure de votre vie personnelle. L'équilibre consiste à passer environ huit heures de travail, huit heures de sommeil et de repos, et le reste du temps pour la distraction et la relaxation. En cas de pression, ou de stress, on perd le sens des priorités, certaines tâches prennent des proportions excessives. Se reposer, bien dormir et se relaxer sont des fonctions vitales, et non pas un luxe. Sans les heures de repos et de distraction, sans la relaxation, vous serez envahis par le stress, suivi par la fatigue, la démotivation, ou la dépression.


— Ne sous-estimez pas l'importance des passe-temps pour changer les idées, des pauses entre les tâches. L'organisation de votre temps influence votre santé, votre qualité de vie, votre optimisme, et votre vie personnelle.

— Il est important de trouver l'équilibre entre le temps de travail et le temps personnel. Commencer par réduire le temps consacré à une seule activité, pour éviter lassitude, et stress. Si vous avez un emploi de temps chargé, chercher une meilleure organisation, pour vous reposer, pour vous relaxer, pour faire de l'activité physique. Profiter du temps disponible à la maison pour faire des activités antistress comme la lecture, la peinture, écouter la musique, faire la cuisine, ou la méditation.

— Essayez d'avoir une programmation globale de votre temps. Insérer vos loisirs dans votre programme, insérer le temps de repos dans votre programme de travail.

— Si vous êtes débordé, prenez le temps pour changer l'organisation. Ne perdez pas votre énergie à chercher le moyen de rattraper le retard de travail. Ne cherchez pas à vous adapter, chercher à adapter le travail à votre rythme et à vos besoins. Cela s'applique également à la vie personnelle.

— Dans votre foyer, cherchez à équilibrer le temps consacré aux autres, et le temps consacré à vous-même. Il est important d'avoir un temps pour soi, pour lutter contre le stress, contre la fatigue.

 

— Éloignez-vous de temps en temps, durant la journée ou la semaine, de votre conjoint, ou de vos enfants, pour consacrer ce temps à vous-même, cela permet de soulager le stress, d'éviter les conflits, de garder le sens de l'humour et l'optimisme.

 

— Quand vous organisez votre temps personnel, n'oubliez pas l'importance du temps et la disponibilité dans la vie du couple, l'intimité est un besoin, est une nécessité dans le couple. Dégager le temps nécessaire pour animer votre vie de couple, votre vie sexuelle, et pour améliorer votre vie émotionnelle.

 

— Cherchez toujours à créer l'équilibre entre les besoins professionnels, familiaux, et vos besoins personnels. Donner la priorité à ce qui est urgent, puis changer cette priorité.

 

— Mieux vaut prévoir votre emploi de temps à l'avance, cherché à programmer votre emploi de temps à différents niveaux, vous pouvez changer au fur et à mesure. Programmer votre temps globalement, c'est-à-dire, programmer ce que vous allez faire dans un mois, dans six mois, et dans une semaine. Quand vous avez une tâche complexe, vous pouvez insérer cette tâche dans une programmation à long terme.

 

— De nombreuses professions requièrent des emplois du temps rigides. Dans ce cas, votre organisation du temps devrait être stricte. Pour contrer cette rigidité du temps professionnel, chercher à équilibrer votre temps familial ou votre temps personnel.

 

Changement : meilleure réponse au stress


Bien que nous soyons conscients des possibilités disponibles, nos inhibitions nous empêchent d'agir librement pour améliorer notre qualité de vie. Par exemple, les femmes sont conditionnées dans notre société pour jouer le rôle de femme dévouée, oubliant parfois leurs propres besoins.

La peur d'être rejeté ou jugé par la société ou par la communauté, l'incapacité d'exprimer ou d'identifier nos besoins finira par nous faire perdre notre estime de soi, et notre capacité à modifier notre comportement, et notre environnement.

 

Le changement : étape après étape

La première étape de tout changement consiste à mettre en question les idées et les jugements qui sont les références dans votre vie. Ce n'est pas une étape simple, il s'agit de chercher à modifier nos échelles de valeurs, pour sélectionner les plus importantes pour nous, pour nos besoins, et abandonner les valeurs imposées par les autres.
La deuxième étape exige le courage et la détermination pour réaliser les divers changements nécessaires, pour payer le prix de ces changements, et affronter les difficultés qui peuvent accompagner tout changement.
La troisième étape serait de développer les facultés d'affirmation de soi, de ses besoins, et de ses attentes. Ces facultés d'affirmation de soi peuvent vous aider à prendre le contrôle de vos émotions, et parfois de votre environnement.
Stress : se calmer
Le stress, une tension mentale et physiologique qui cherche à répondre à une urgence, à une agression, ou à formuler une adaptation avec une situation nouvelle. La force et le calme du mental accompagnés de la tranquillité permettent de se libérer du stress.

 

 

Le stress : savoir se reposer


En arrêtant la tension mentale, les idées stressantes, l'organisme se détend progressivement, et le stress disparaît. Se calmer, avoir la maîtrise sur vos pensées est la meilleure façon pour se relaxer.
Face à une situation stressante, vous avez des choix à faire pour affronter cette situation. Si vous êtes calme, si vous aimez la maîtrise de votre mentale, vous allez prendre le recul nécessaire, pour être plus objectif, et pour rationaliser la situation.
Si vous êtes en colère, si vous êtes frustré, si vous avez peur, il vous sera difficile de parvenir à une sérénité indispensable pour formuler une réponse adéquate. Par contre, si vous considérez le changement comme synonyme de vie, que les émotions négatives font partie de l'existence, vous êtes déjà en train de rationaliser, et vous aurez plus de facilité à surmonter votre stress.
Le plus important est d'essayer de valider ses besoins, de les accepter, d'exprimer ouvertement vos sentiments chaque fois que cela vous est possible, éviter de les étouffer et de les intérioriser, les transformant en idée fixe, stressante. En exprimant vos sentiments, vous serez mieux armé pour les dissiper, et pour les affronter.
Une fois ces sentiments exprimés, vous pouvez passer à l'étape suivante, le recul. Vous pourrez pratiquer le laisser tomber en face de vos pensées négatives et vos émotions chargées de colère. Laisser tomber finira par rendre ces émotions moins importantes et moins stressantes. Progressivement, vous pouvez comprendre le mécanisme de votre stress, et intercepter les pensées responsables de cet état pour les relativiser, pour les mettre à leur juste place.
Il s'agit en réalité de briser les schémas de stress. Malheureusement, il n'existe pas de méthode globale. La réponse est individuelle, chacun sa recette selon son schéma de stress. Certains pratiquent la méditation, d'autres préfèrent une activité artistique comme jouer de la musique ou participer à une activité de chant. Dans d'autres cas, la relaxation et ses méthodes sont des réponses adoptées.
Dans certains cas, les personnes choisissent des exercices de diversion. Une activité sportive ou physique peut débarrasser le cerveau de ses idées stressantes, et baisser le niveau de tension dans l'organisme en ajustant les taux des hormones de stress comme l'adrénaline ou la cortisone. Ces techniques de diversion peuvent être physiques, ou mentales, et parfois les deux. Il est possible de chercher la relaxation, dans l'obscurité, dans le silence, en réalisant une activité physique pour se détendre, en cherchant dans cet isolement de calmer le cerveau, et de chasser les idées stressantes de leur place prioritaire pour les mettre à leur juste place.

 

 

Le changement comme réponse au stress


Il est parfois difficile d'expliquer aux personnes stressées qu'il faut changer, d'autant que le changement est toujours une source de stress. Le changement peut engendrer effectivement une dose de stress, mais à la fin du processus, va diminuer le stress, et améliorer notre qualité de vie. Ces changements peuvent modifier l'image que nous avons de nous-mêmes, par exemple maigrir, changer de style vestimentaire, ou changer d'habitude. Dans certains cas, le changement est souhaitable pour des raisons logiques : cesser de fumer, réduire sa consommation d'alcool, faire un régime alimentaire ; ces changements sont souhaitables pour des raisons sanitaires hygiéniques. D'autres changements sont plus discutables, comme lutter contre vos phobies, faire du sport pour se détendre, essayer de dominer vos craintes, ou dépasser vos inhibitions.
Pour savoir si le changement est souhaitable ou non, remettez en question les idées que vous vous faites de vous. Vous êtes stressé, fatigué, posez-vous quelques questions : votre travail vous convient, la peur de l'échec vous empêche de prendre des risques, votre environnement personnel vous convient, votre couple améliore votre qualité de vie, etc.
Les réponses à ces questions peuvent vous aider à identifier les changements souhaitables. Par exemple, si vous savez quand et comment il faut dire non, vous êtes conscient de votre valeur et de vos capacités, sinon, vous allez découvrir qu'il y a un changement souhaitable à faire.

Essayez-vous constamment de plaire ? La réponse à cette question conditionne votre changement, évitez de vous épuiser à séduire les autres pour se concentrer sur ses propres besoins, et non pas sur les besoins désirés par les autres.

Généralement, la personne stressée est une personne perfectionniste, parfois hésitante. Le changement serait donc d'être moins perfectionniste, d'accepter ses propres défauts, en les mettant en comparaison avec ses propres qualités.
Cette évolution n'est pas toujours simple à faire, n'est pas toujours aisée à réaliser. Vous pouvez apercevoir dès le premier jour la difficulté de changer ce qui fait notre comportement, et nos systèmes de valeurs. Mais si vous êtes cohérent, vous pouvez remarquer dès les premiers jours que les nouvelles habitudes que vous cherchez à acquérir sont plus confortables, plus adaptées à vos besoins, moins stressantes. Le changement commence par le diagnostic, par le questionnement, puis par un petit geste jour après jour.
Pour sortir du stress, le changement est un mot clé, parfois un changement sans trop d'importance. Vous êtes stressé, car votre chambre n'est pas éclairée, vous pouvez tout simplement augmenter l'éclairage. Vous pouvez également améliorer le rangement de vos affaires si vous êtes stressé en raison du désordre. Si vous êtes stressé en raison de votre comportement, il est temps d'acquérir d'autres comportements. Si vous êtes stressé à cause de votre travail, il est temps d'ajouter une dose de loisirs, des passe-temps agréables, etc.

 

 

Stress : changeons de rôle


Le stress est un problème d'adaptation, un effort permanent. L'image que nous avons de nous, marque tout ce que nous faisons, l'estime que nous avons de nous-mêmes, influence nos décisions et notre confiance, et influence le stress que nous subissons.

 

 

Stress : se rendre compte

Sandrine se plaint régulièrement du stress, qui se manifeste par de la fatigue, >un sentiment de tension, des troubles du sommeil, et par des palpitations cardiaques. Le travail ne semble pas être à l'origine de ce stress. Par contre, la vie personnelle de Sandrine est « compliquée » selon ses termes. Une relation difficile avec ses parents divorcés. Bien qu'elle soit âgée de 28 ans, Sandrine n'a jamais pu admettre le comportement de son père, qui est parti avec une autre femme. Cette « trahison » selon Sandrine l'a rendue amère et méfiante vis-à-vis des hommes. Elle a vécu à 25 ans, la rupture d'une relation qui avait duré 18 mois. Son partenaire est parti après lui avoir dit qu'elle est étouffante, hésitante, trop fusionnelle. Aujourd'hui, Sandrine parle de l'amour de sa vie, Alex. Alex propose le mariage, elle hésite. Alex insiste, mais Sandrine se sent piégée, stressée, incapable de décider. L'image de son père, le divorce de ses parents, sa méfiance vis-à-vis des hommes, ses besoins émotionnels d'être avec un homme s'entremêlent dans sa tête.
Si vous avez confiance en vous, en votre valeur et en votre capacité de réussir. Vous aurez d'autant plus le sentiment de maîtriser vos actes, de savoir évaluer les risques. Le stress est rarement un problème majeur dans la vie, sauf quand vous n'avez pas le sentiment de maîtriser votre destinée, quand vous avez le sentiment d'être la proie de décisions prises par les autres ; le stress devient un ressentiment, angoisses, et peur.

Quand la vie devient stressante, on a tendance à blâmer les influences externes sur nos vies. Nous subissons de nombreuses influences extérieures, gouvernées par des relations personnelles, professionnelles et par des intérêts. Quand nous ne parvenons pas à maîtriser notre vie, nous sommes souvent les premiers responsables et les premières victimes.

Nous sommes responsables de notre façon de communiquer, et d'établir les liens avec les autres. Pour pouvoir établir des relations équilibrées et enrichissantes avec les autres, nous devons être nous-mêmes équilibrés, satisfaits, et autonomes. Il est important de comprendre nos motivations, nos besoins, de nous accepter comme nous sommes. C'est le seul moyen pour forger une personnalité qui répond à nos vrais besoins. Les perfectionnistes qui s'imposent des objectifs impossibles à tenir, les personnes trop altruistes qui donnent toujours la priorité aux besoins des autres en ignorant les leurs, sont souvent en échec, subissent rejet après rejet. Les personnes qui n'ont pas réussi à forger une autonomie personnelle et émotionnelle risquent d'être toujours en dépendance affective vis-à-vis des autres.

Se connaître soi-même, c'est apprendre à évaluer ses possibilités, son potentiel, et de ses besoins. Personne n'est éternellement piégé dans l'état présent, ou dans un environnement hostile. Nous avons toujours un choix possible pour modifier notre environnement, et pour forger une personnalité capable de répondre à nos besoins relationnels et émotionnels. Cela ne se fait pas en un jour. C'est un apprentissage pour reprendre le contrôle sur nos actes, ce qui nous transformera en êtres plus forts, et plus autonomes.

Évoluer n'est pas un processus aisé, au contraire, sortir d'un rôle est parfois pénible et douloureux, nécessitant de se défaire de ses habitudes, de certaines certitudes. Les aspects bénéfiques de ce genre de changement méritent l'aventure : nous sortons de ces changements avec plus d'assurance, plus d'estime de soi, plus de compréhension de nos motivations, et par conséquence moins de stress. N'exigez pas l'impossible de vous-même, ni des autres, vous risquez d'être déçu.

Soyez réaliste, en acceptant l'échec comme faisant partie de la réussite, en considérant le temps comme un allié, et non pas comme un ennemi.


Référence:
Michael H. Ebert, Peter T. Loosen, Barry Nurcombe , Current Diagnosis & Treatment in Psychiatry, Lange editor, 2009

 Elizabeth Des Chenes, ; Anxiety disorders, 2010 Greenhaven Press, a part of Gale, Cengage Learning

 

Lire la suite
1
  1437 lectures
  0 commentaires
Mots-clés :
1437 lectures
0 commentaires

Causes des troubles alimentaires

repas-comportement-alimenrtair_20210704-150712_1

repas-comportement-alimenrtaire

 

 

L'analyse de l'hystérie par Freud demeure un excellent exemple des liens entre la culture et les réactions psychopathologiques. On peut dire que les interventions de Freud ont permis d'analyser et de comprendre ce trouble qui affectait déjà les femmes à cette époque.

Dans les années 80, le public américian découvre les troubles du comportement alimentaire : la chanteuse Karen Carpenter décède après une utilisation excessive de laxatifs (pour se débarrasser de la nourriture).

 

Et dans les années 90, le grand public découvre que Diana Spencer (Lady Di) souffrait d'une boulimie accompagnée d'une profonde dépression avec des épisodes de purges et de vomissements. Il est possible que cette maladie ait existé depuis des siècles, mais sous des dehors non médicaux : spirituels ou sacrés ; actuellement , la mort spectaculaire d'une jeune adolescente se privant de nourriture ne se passe plus dans les couvents comme par le passé mais dans les cours d'écoles, et dans les hôpitaux.

 


 A. Facteurs psychologiques :

A. La personnalité : difficultés alimentaires durant la petite enfance. Quasi-constance d'une enfance sans histoire. Souci principal : correspondre à l'attente de la mère.
B. Facteurs familiaux : Absence d'autonomie des individus. Enchevêtrement des liens. Empiètement des générations. « Parentification » des enfants. Dérive incessante des relations triangulaires vers des relations duelles. Crainte des conflits.





  B. Rôle de l'adolescence

Le traumatisme essentiel demeure la puberté et le processus de l'adolescence lui-même. Rôle des changements physiologiques de la puberté. Pression psychosociale. Possibilité de réalisation sexuelle concrète. Conflits d'identification. Sexualisation des liens et des activités. Cet effet traumatique potentiel de la puberté peut se moduler très différemment selon les évènements et l'action de l'entourage.





C. Facteurs culturels :

Impact du modèle de la femme mince sur un narcissisme fragile ?
Idéal de civilisation qui prône l'affirmation de soi à travers un corps modelé, maîtrisé et contrôlé pour en faire un instrument de puissance et de conquête, d'avantages plus que de plaisir. Rôle du repas comme rite familial : seul moment où la famille est réunie. Les tensions familiales et les conflits de hiérarchie et de territoire s'y jouent préférentiellement.

Inscription de l'anorexie dans l'ensemble des conduites masochistes : augmentation de cette conduite dans une civilisation où les interdits sont limités.



 

Rôle de la dénutrition

Il ne s'agit pas d'un facteur étiologique mais son impact est important sur le plan somatique et physiologique : une bonne partie des troubles hypothalamiques et endocriniens peut lui être attribuée.

Sur le plan psychologique : la famine entraîne le développement de conduites alimentaires bizarres avec transformation du goût. Propension des sujets à être absorber par leur apparence, à centrer leurs intérêts sur l'image d'eux-mêmes et sur la nourriture. Modification de la perception du temps. Aggrave  les phénomènes de dépersonnalisation, les sensations de perdre le contrôle de soi. Rétrécissement du champ des intérêts avec centrage exclusif sur quelques préoccupations obsédantes. La vie imaginaire et les rêves s'appauvrissent et disparaissent.

 

 Psychopathologie : troubles psychologiques 

 

-  Psychopathologie individuelle


Le conflit pulsionnel : Evitement de la sexualité génitale, érotisation des conduites alimentaires. Un double mouvement affecte la sexualité : déplacement sur l'oralité conflictualisée faisant l'objet de dégoût, d'inhibition et de refoulement. Réactivation d'un érotisme qui appartient au stade antérieur de la libido anale et orale (rites alimentaires, pensées obsédantes, conduites de vérification, surinvestissement de la maîtrise, relations d'emprise et manipulations sur les objets).

-  Pathologie de la personnalité

Existence d'un profond sentiment de désespoir et d'abandon. Le conflit essentiel se situe au niveau du corps et non au niveau des fonctions alimentaires sexuellement investies. L'Anorexie exprime une incapacité à assumer le rôle génital et les transformations corporelles propres à la puberté.

- Troubles de l'image du corps

Ces troubles sont liés à un défaut de reconnaissance des sensations et des besoins du corps. Ce défaut est secondaire à des troubles des premiers apprentissages au cours desquels la mère impose ses propres sensations, ses propres besoins à l'enfant au lieu de l'aider à percevoir et à reconnaître les siens propres. L'identité de l'enfant est fragilisée et il reste profondément dépendant de son entourage.
La lutte pour l'autonomie et la reconquête d'un moi déficient, exercée par le contrôle du corps est le trait essentiel de l'Anorexie. Sensation de faim : sensation d'exister qui constitue une réassurance narcissique et rétablit un sentiment de continuité de soi en permanence menacée. La problématique de l'identité est au cœur de l'Anorexie mentale.

 

 Importance du conflit dépendance-autonomie

L'anorexique se détruit pour s'assurer de son « existence » (ce n'est pas une conduite suicidaire). Se développe chez l'anorexique une sensation mégalomaniaque liée à la maîtrise de ses besoins, aux sentiments d'autosuffisance et à la satisfaction d'auto engendrer une image idéale de soi. Au travers de la maîtrise du besoin c'est le corps qui est visé : corps machine, corps fétiche, écran qui protège l'anorexique des affects envahissants et incontrôlables qu'il est susceptible de provoquer.
Le regard occupe une place importante chez l'anorexique, et se nourrit de l'effet provoqué chez les autres par son corps exhibé. Parfois, au contraire, se dérobe au regard d'autrui.

 

 Psychopathologie familiale

a. Les mères : Elles sont décrites d'une façon qui peut apparaître contradictoire : Personnage fort, rigide, dominant et même tyrannique, peu chaleureux évitant l'expression de sentiments positifs et les manifestations réactionnelles. Fréquence des manifestations dépressives. La future anorexique occupe dans les fantasmes de sa mère une place particulière: nature narcissique de l'investissement maternel avec valorisation des performances reconnues socialement au détriment des formes d'expression plus personnelles (d'ordre pulsionnel et affectif).

b. Le père : Généralement décrit comme ayant un caractère effacé, soumis à la domination de sa femme, incapable de faire preuve d'autorité. Parfois au contraire, trop proche de sa fille.

c. La famille : Elle cherche à apparaître comme parfaite dans une caricature de normalité alors qu'elle montre des signes de retrait et d'isolement. Le repas est le temps organisateur de la vie familiale. Il s'y joue l'essentiel des échanges avec la recherche active de complicité et d'alliance de chacun des parents avec un des enfants. Ces familles sont aussi caractérisées par l'enchevêtrement entre les membres d'une même famille, la surprotection, la rigidité et l'intolérance aux conflits.

 

 

 Ce qu'elles pensent d'elles mêmes

Je suis obèse, horrible, c'est ma faute, je ne suis pas comme les autres. Les patients  anorexiques et boulimiques ont une perception déformée d'eux-mêmes, et ne sont pas indulgents envers eux-mêmes. Un bon exemple de perception déformée est la façon de juger, avec balancement d'un extrême à un autre. «Quand je mange je suis une personne affreuse horrible et je mérite de mourir ! » Une conversation, une personne quitte la table pour aller à la salle de bain, la patiente peut penser «il part parce que ma conversation est stupide, tout le monde me hait, ils sont là par pitié. » Les compliments sont vus comme gestes polis sans plus. Les patients peuvent sentir responsable de refaire le monde, et quand ils ne peuvent pas, ils se punissent, se haïssent. Il y a un besoin fort de contrôler leurs vies et la vie de gens autour eux. Tout semble négatif d'une manière ou d'une autre. La distorsion majeure de la perception s'exprime en des mots tels : « la vie sera meilleure et je serai heureux quand je perdrai du poids.»

 

 

La pensée : L'obsession de la nourriture, l'image dégradée de soi ; les gens souffrant de l'anorexie et de la Boulimie obtiennent souvent un sentiment de pouvoir en se privant. Il n'est pas rare de voir une Anorexique «fière» après des périodes de jeûne.

 

 

Culpabilité: Parce qu'ils déçoivent les autres, et ils sont moins brillants que les autres, ils sentent une culpabilité.

 

 

Pouvoir : Un besoin de contrôler les aspects émotionnels et physiques. Ils ont une fragilité devant les émotions, et jugent plus facile de penser à la nourriture que de gérer leurs émotions.

 

 

Deception. Mentir après manger, mentir pour ne pas manger, mentir pour vomir en cachette ou pour se faire des lavements ou prendre des laxatifs. La déception accompagne les mensonges et aide le patient à entretenir une sensation de contrôle.

 

Dépression. L'humeur balance, manque de motivation, désespoir, anxiété ou panique, claustrophobie, isolement, solitude, et suicide.

 

 

Le corps : Céphalées, tension artérielle basse, frilosité. La tension artérielle est basse par manque de potassium (surtout après laxatifs ou lavements). Picotement des mains, pieds, visage. vertige. Problèmes Dentaires : détérioration, décalcification, corrosion par l'acidité du vomissement, Ostéoporose, Aménorrhée, Problèmes cardiaques, Problèmes de sommeil, et Epuisement.

 

 

L'estime de soi : La perception de l'image de soi est médiocre avec sentiment de culpabilité : «je ne fais jamais rien de correct. Mes pensées sont stupides ». Il est fréquent chez les anorexiques et les boulimiques d'être perfectionnistes. Quand ils ne peuvent pas réaliser la perfection désirée, ils se détestent. Dans leur besoin d'affection ils remplissent le vide avec la nourriture.

 

Le trait commun des troubles du comportement alimentaire est le manque d'amour propre et d'estime de soi. Les patients pensent qu'ils ne méritent ni d'être heureux, ni les bonnes choses. Certaines patientes peuvent vivre une histoire d'amour mais à chaque difficulté émotionnelle, ces patientes ne peuvent pas voir les points positifs « la beauté que les autres aperçoivent en elle » et recommencent à nourrir de la haine vis à vis elles mêmes.

 

Lire la suite
0
  1252 lectures
  0 commentaires
1252 lectures
0 commentaires

Déprimé, triste, ou anxieux ?

femme-detente-reflexion-anxiete

  femme detente reflexion anxiete

 

Dépression, anxiété


L'anxiété est liée également à l'interrogation que chaque humain porte sur son origine, son devenir et ses projets de vie.
Ces deux formes d'anxiété, l'anxiété relative à ce qui nous entoure et l'anxiété relative à nos vies sont des anxiétés adaptatives, nécessaires à la survie humaine.


La tristesse normale est un état émotionnel douloureux, réversible, qui se manifeste en face à une situation négative de l'existence. Il existe une différence entre anxiété et tristesse.
La tristesse se manifeste lorsque la personne est confrontée à des événements douloureux comme la mort d'un proche ou une déception amoureuse. Il s'agit d'un état émotionnel peu fréquent dans la suite ou succédant à des événements dramatiques. Alors que l'anxiété est une situation banale et fréquente répondant aux changements de vie et d'environnement.

Il existe cependant une tension anxieuse qui accompagne la tristesse et vice versa. L'anxiété peut générer des doutes en mettant en question les certitudes, et peut entraîner une dévalorisation de soi qui se rapproche de la dépression.

 

 

Triste ou déprimé

C'est une question fréquente... Chaque personne peut subir des épisodes de tristesse, de découragement, qui s'accompagnent de pertes d'envie. Ces coups de déprime sont fréquents dans toute société. Deuil, absence, rupture font partie de la condition humaine.
La  différence entre tristesse, et dépression réside dans la sévérité des symptômes, dans la durée de ces symptômes. En général, le diagnostic de dépression est évoqué quand les symptômes durent plus de deux semaines, s'accompagnent de détresse, et influencent la capacité de la personne à suivre la routine de sa vie quotidienne.

 

La tristesse après un deuil ou une séparation peut être sévère au début, puis s'atténue progressivement avec le temps. Pendant cet épisode, la personne est affligée, incapable de poursuivre les rituels de sa vie quotidienne, puis retrouve son équilibre et ses capacités. Pendant cet épisode de tristesse ou de deuil, les symptômes ressemblent aux symptômes dépressifs, avec une sévérité moindre. L'insomnie par exemple peut être présente, de même que la fatigue ou les souffrances morales, l'insomnie est moins sévère dans un épisode de tristesse ou de deuil que dans la dépression, moins présente et moins durable.

 

La dépression est une maladie grave qui peut altérer profondément la qualité de vie. La dépression peut se présenter comme une maladie progressive, qui affecte jour après jour la qualité de vie du patient, en le privant de ses désirs puis de son enthousiasme, de ses plaisirs. En deuxième temps, les symptômes deviennent douloureux, caractérisés par insomnie, irritation, fatigue chronique, et parfois plus.

 

La dépression peut compliquer un épisode de tristesse ou de deuil, peut se déclencher après un divorce, ou une séparation. Dans ce cas, le diagnostic devient plus difficile.

 

Dans tous les cas, la durée des symptômes et leur sévérité devraient alerter le patient ou son entourage sur la possibilité d'une dépression. Après un deuil, un divorce, un échec scolaire, la personne peut être affectée par un épisode de tristesse, un moment de deuil, qui s'exprime selon chaque personne, son histoire, et selon sa culture : colère, agitation, abattement, retrait. Si cet épisode dure plus de deux semaines, s'il altère profondément la qualité de vie du patient, il est temps de consulter.

N'oublions pas que la dépression touche les femmes deux fois plus que les hommes. Il est important d'être plus attentif en cas d'épisode de tristesse prolongée chez une femme.

Les épisodes de tristesse et d'euphorie sont plus fréquents chez les adolescents qui passent par des oscillations d'humeur plus prononcées que chez les adultes. Il est important que l'entourage familial surveille attentivement ces épisodes de tristesse chez les adolescents, de les accompagner, pour détecter la présence d'éventuelle dépression.

La tristesse se manifeste lorsque la personne est confrontée à des événements douloureux comme la mort d'un proche ou une déception amoureuse. Il s'agit d'un état émotionnel peu fréquent dans la suite ou succédant à des événements dramatiques.

Alors que l'anxiété est une situation banale et fréquente répondant aux changements de vie et d'environnement.
Il existe cependant une tension anxieuse qui accompagne la tristesse et vice versa. L'anxiété peut générer des doutes en mettant en question les certitudes, et peut entraîner une dévalorisation de soi qui se rapproche de la dépression.

Chez les hommes, c'est plus difficile. Les hommes expriment leurs sentiments dépressifs d'une manière " comportementale ". Un homme attristé ou dépressif peut s'impliquer de façon intense dans une activité sportive, ou professionnelle. Dans ce cas, si un homme après un épisode de tristesse ou de deuil se consacre à une activité particulière, sportive, artistique ou professionnelle en excluant les autres activités quotidiennes, cela devrait alerter l'entourage sur un éventuel risque dépressif. Chez les hommes, la fureur ou la colère peuvent être également les symptômes d'une dépression.
La bonne réponse en cas de suspicion de dépression est d'encourager le patient à consulter le plus vite possible, pour soulager sa souffrance et pour améliorer sa qualité de vie.

 

homme deprime

 

La tristesse pathologique et l'anxiété 

De nombreux signes d'anxiété se retrouvent dans la dépression et vice versa. Nous pouvons utiliser des noms différents pour qualifier les aspects normaux ou  pathologiques de ces deux composantes émotionnelles.
Le terme médical utilisé pour définir l'anxiété pathologique est le trouble anxieux, le terme médical utilisé pour désigner la tristesse pathologique est la dépression.

L'anxiété pathologique ou le trouble anxieux n'est pas une exagération de l'anxiété normale adaptative, la dépression n'est pas, non plus, une exagération d'une tristesse ou une tristesse plus profonde et plus durable.

Le trouble anxieux et la dépression sont deux groupes de maladies différents, mais difficiles à distinguer l'une de l'autre en raison :

- La présence de certains nombres de symptômes communs. Par exemple la difficulté de dormir, la difficulté de s'alimenter, la difficulté à réfléchir sont des symptômes communs pour l'anxiété et la dépression. Il est donc nécessaire d'analyser avec minutie les symptômes décrits par le patient.

-  Ces troubles sont fréquemment présents en même temps, d'ailleurs certaines écoles en psychiatrie suggèrent qu'il s'agit réellement de la même maladie avec des expressions différentes, et symptômes qui varient selon les personnes.

-  La présence d'un des deux troubles favorise l'apparition de l'autre. Il existe une relation entre le trouble anxieux et le trouble dépressif. Dans un grand nombre de cas de dépression, l'anxiété existe sous forme de tension ou d'inquiétude diffuse. Parfois l'anxiété se manifeste par une phobie ou une peur non justifiée. L'anxiété peut apparaître comme un symptôme corporel comme l'accélération du rythme cardiaque, vertige, boule dans la gorge. Parfois les personnes dépressives souffrent d'anxiété, et cherchent à traiter leurs symptômes par des médicaments contre l'anxiété comme les anxiolytiques ou par l'alcool. En règle générale, les symptômes d'anxiété disparaissent lorsque la dépression s'améliore.

En cas de symptômes anxieux accompagnant la maladie dépressive, le traitement antidépresseur est le moyen le plus adapté pour traiter les symptômes d'anxiété. Les anxiolytiques sont peu efficaces dans ce cas.

Dans un grand nombre de cas de dépression, l'anxiété existe sous forme de tension ou d'inquiétude diffuse. Parfois l'anxiété se manifeste par une phobie ou une peur non justifiée. L'anxiété peut apparaître comme un symptôme corporel comme l'accélération du rythme cardiaque, vertige, boule dans la gorge. Parfois les personnes dépressives souffrent d'anxiété, et cherchent à traiter leurs symptômes par des médicaments contre l'anxiété comme les anxiolytiques ou par l'alcool. En règle générale, les symptômes d'anxiété disparaissent lorsque la dépression s'améliore.


En cas de symptômes anxieux accompagnant la maladie dépressive, le traitement antidépresseur est le moyen le plus adapté pour traiter les symptômes d'anxiété. Les anxiolytiques sont peu efficaces dans ce cas.

 


Références
* Michael H. Ebert, Peter T. Loosen, Barry Nurcombe , Current Diagnosis & Treatment in Psychiatry, Lange editor, 2009
* Michael G. Gelder, Juan J. Lopez-Ibor, Nancy Andreasen , Jaun J. Lopez-Idor : Oxford Textbook of Psychiatry, September 2003, Oxford University Press

Lire la suite
0
  1668 lectures
  0 commentaires
1668 lectures
0 commentaires

Suivez-nous !