Table de matière
Les réponses formulées dans cet article proviennent exclusivement des analyses des études médicales publiées jusqu’au 30 juin 2021.
Immunité et efficacité du vaccin
Une immunité protectrice se développe-t-elle après une infection par le SRAS-CoV-2 ? Une réinfection est-elle possible ?
Après l’infection, des anticorps spécifiques du SRAS-CoV-2 et des réponses à médiation cellulaire (lymphocytes T et macrophages) sont induits. Il semble que certaines de ces réponses soient protectrices et qu’elles durent généralement au moins plusieurs mois. On ne sait pas si tous les patients infectés développent une réponse immunitaire protectrice ni combien de temps durent les effets protecteurs au-delà des premiers mois après l’infection.
Le risque de réinfection à court terme (dans les premiers mois suivants, l’infection initiale) semble faible, bien que la réinfection se produise sporadiquement pour des raisons mal comprises pour le moment.
Quelle est l’efficacité de la vaccination pour prévenir la COVID-19 symptomatique ?
L’efficacité du vaccin varie selon le type. Sur la base des données des essais de phase III publiées :
- BNT162b2 (vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech) présentait une efficacité de 95 % dans la prévention du COVID-19 symptomatique à partir du 7e jour suivant l’achèvement d’une série de deux doses.
- L’ARNm-1273 (vaccin Moderna COVID-19) présentait une efficacité de 95 % dans la prévention des COVID-19 symptomatiques à partir du 7e jour suivant l’achèvement d’une série de deux doses.
- Ad26.COV2.S (vaccin COVID-19 de Janssen/Johnson & Johnson) présente une efficacité de 66 % contre le COVID-19 modéré à sévère et une efficacité de 85 % contre le COVID-19 sévère à ou après 28 jours après l’administration d’une dose unique.
- ChAdOx1 nCoV-19/AZD1222 (vaccin COVID-19 d'AstraZeneca) présente une efficacité de 70 % dans la prévention du COVID-19 symptomatique à deux semaines ou plus après l’achèvement d’une série de deux doses.
La vaccination prévient-elle la transmission asymptomatique ?
Les données suggèrent que la vaccination réduit l’infection asymptomatique et symptomatique et ainsi la transmission. Avec les vaccins à ARNm COVID-19 que ce phénomène a été le mieux étudié, bien qu’il ait été démontré que d’autres vaccins réduisent également l’infection asymptomatique.
La protection des vaccins n’étant pas complète, il est recommandé aux personnes vaccinées de continuer à prendre des mesures préventives personnelles et de santé publique lorsqu’elles se trouvent dans des lieux publics intérieurs ou en présence de personnes non vaccinées à risque de maladie grave, afin de réduire le risque de transmission.
Des infections ont-elles été signalées après la vaccination ?
Oui, des infections graves ont été signalées chez des personnes vaccinées, mais elles semblent être peu fréquentes. Aux États-Unis, au 30 avril 2021, 10 262 cas d’infection ont été signalés parmi 101 millions de personnes entièrement vaccinées (deux doses).
Parmi les personnes ayant contracté une infection, 10 % ont été hospitalisées et 2 % sont décédées, bien que toutes les hospitalisations et tous les décès ne soient pas liés à COVID-19. 27 % des infections étaient asymptomatiques. Parmi les infections, le taux des variants n’étaient pas différent des taux de circulation de ces variants en général. Il n’existe aucune explication de ces infections après vaccin dans l’état actuel des connaissances ?
Disponibilité des vaccins et indications de vaccination
Quels sont les vaccins actuellement disponibles en France, et dans le monde ?
En France (et en Europe), les vaccins suivants sont validés et disponibles :
- BNT162b2 (vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech).
- mRNA -1273 (vaccin COVID-19 de Moderna).
- Ad26.COV2.S (vaccin COVID-19 de Janssen/Johnson & Johnson).
- AZD1222 (vaccins de l’Université d’Oxford, d’AstraZen eca
BNT162b2 et mRNA-1273 sont des vaccins à ARNm et sont délivrés dans des nanoparticules lipidiques. Une fois injecté et absorbé par les cellules musculaires, l’ARNm exprime la protéine spike de surface du SRAS-CoV-2. La protéine spike assure la médiation de l’attachement viral aux cellules humaines. L’expression de la protéine spike induit des réponses de immunitaires et la production des anticorps neutralisants.
Ad26.COV2.S de Janssen/Johnson & Johnson est basé sur un vecteur adénovirus 26 inactivé qui exprime une protéine spike stabilisée. La disponibilité de ce vaccin a été plusieurs fois interrompue pour évaluer les rares rapports de thrombose cérébrale avec thrombocytopénie associés à la vaccination.
AZD1222, vaccin de l’Université d’Oxford et d’AstraZeneca est un vaccin ADN à base de vecteur adénovirus qui exprime la protéine de pointe de surface. Des cas rares mais graves de thromboembolie associés à ce vaccin ont également été signalés.
Quelles sont les indications et les contre-indications de la vaccination ?
En France, on vaccine actuellement par le BNT162b2 [vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech], mRNA -1273 [ vaccin COVID-19 de Moderna ] et parfois par Ad26.COV2.S [vaccin COVID-19 de Janssen/Johnson & Johnson].
- Les individus âgés de ≥12 ans sont éligibles pour BNT162b2 de Pfizer.
- Les individus ≥18 ans sont éligibles pour mRNA -1273 de Moderna et Ad26.COV2.S de Janssen/Johnson.
Ad26.COV2.S de Janssen/Johnson est associé à un risque faible de thrombose avec thrombocytopénie. Bien que les avantages du vaccin l’emportent sur ce risque dans la plupart des cas, les receveurs potentiels [en particulier les femmes âgées de moins de 50 ans] doivent être conscients de ce risque.
Les contre-indications à ces vaccins sont :
- Pour les vaccins à ARNm COVID-19 :
- Des antécédents de réaction allergique grave, telle qu’une anaphylaxie, après une dose précédente d’un vaccin ARNm COVID-19 ou à l’un de ses composants [y compris allergie à la polyéthylène glycol].
- Une réaction allergique immédiate, quelle que soit sa gravité [y compris de l’urticaire], après l’administration d’une dose antérieure d’un vaccin à mARN COVID-19. Ces personnes ne doivent pas recevoir le vaccin ARNm COVID-19 à moins d’avoir été évaluées par un expert en allergies qui devrait déterminer si le vaccin peut être administré en toute sécurité.
Les composants des vaccins à ARNm COVID-19 sont énumérés sur les sites des autorités sanitaires en France, des pays européens et sur les sites de center for Disease Control and Prevention [CDC] des États-Unis.
Les antécédents de réaction allergique grave à tout autre vaccin devraient être évalués par un médecin. Ils sont considérés comme un risque et non pas comme une contre-indication, à la vaccination mRNA COVID-19.
Pour Ad26.COV2.S de Janssen/Johnson, des antécédents de réaction allergique grave, telle qu’une anaphylaxie, sont des contre-indications.
Les personnes présentant un risque, ainsi que toute personne ayant des antécédents d’anaphylaxie ou d‘allergie sévère doivent être surveillées pendant 30 minutes après la vaccination.
Tous les autres receveurs doivent être surveillés pendant 15 minutes après la vaccination.
Effets indésirables des vaccins contre le COVID-19
Quels sont les effets indésirables associés à la vaccination ?
Les effets indésirables les plus courants pour tous les types de vaccins sont les réactions locales au site d’injection [douleurs, inconfort], la fièvre, les maux de tête, la fatigue, les frissons, les myalgies et les arthralgies. Ces réactions sont plus fréquentes chez les personnes jeunes et après la deuxième dose.
L’anaphylaxie est un événement rare rapporté après la réception de vaccins à mARN. Aux États-Unis, 21 cas d’anaphylaxie ont été signalés après l’administration de 1 893 360 doses. L’anaphylaxie est plus fréquente chez les personnes ayant des antécédents d’allergies.
De rares cas de myocardite et de péricardite ont été signalés après l’administration des vaccins ARNm BNTb162b [vaccin Pfizer] et ARNm-1273 [vaccin Moderna], mais pas après l’administration du vaccin Ad26.COV2.S [vaccin Janssen/Johnson & Johnson]. La plupart des cas signalés étaient bénins et sont survenus plus fréquemment chez les hommes, les adolescents et les jeunes adultes. Ils sont généralement apparus au cours de la première semaine suivant l’administration du vaccin, et plus fréquemment après la deuxième dose.
Les vaccins COVID-19 sont-ils associés à des complications thrombotiques ? Si oui, quels vaccins ?
De rares cas d’événements thrombotiques [par exemple, thrombose artérielle, thrombose du sinus veineux cérébral] associés à une thrombocytopénie ont été rapportés 5 à 30 jours après la vaccination avec le vaccin COVID-19 d’AstraZeneca et le vaccin COVID-19 de Janssen/Johnson & Johnson. Le mécanisme est similaire à celui de la thrombocytopénie auto-immune induite par l’héparine [TIH].
La prise en charge implique une anticoagulation à dose thérapeutique avec un anticoagulant non héparinique et des immunoglobulines intraveineuses.
En raison de la rareté de ces événements thrombotiques et de la gravité potentielle de la COVID-19, le bénéfice global de la vaccination l’emporte probablement sur le risque thrombotique. Néanmoins, plusieurs pays ont suspendu l’utilisation du vaccin COVID-19 d’AstraZeneca dans l’attente de données supplémentaires.
Le 11 juillet 2021, les autorités sanitaires aux états unis annoncent l’apparition de cas de maladie Gillain Barré [maladie neurologique] en lien avec la vaccination par le vaccin Ad26.COV2.S [vaccin Janssen/Johnson & Johnson]
Peut-on prendre des analgésiques ou des antipyrétiques en cas d’effets secondaires après la vaccination ?
Les analgésiques ou les antipyrétiques [par exemple, les anti-inflammatoires non stéroïdiens [AINS], paracétamol ou l’acétaminophène] peuvent être pris en cas d’effets secondaires locaux ou systémiques après la vaccination. Cependant, l’utilisation préventive de ces agents avant la vaccination n’est pas recommandée en raison de l’impact incertain sur la réponse immunitaire au vaccin.
Administration du vaccin
Peut-on administrer d’autres vaccins avec le vaccin COVID-19 ?
Bien qu’il n’y ait pas de données concernant la sécurité et l’efficacité lorsque les vaccins COVID-19 sont co - administrés avec d’autres vaccins, les études suggèrent que les vaccins COVID-19 peuvent être administrés à tout moment par rapport à d’autres vaccins non COVID-19, et si nécessaire, peuvent être administrés le même jour que d’autres vaccins. On ne sait pas si les effets secondaires locaux et systémiques sont plus fréquents ou plus intenses en cas de co - administration le même jour. D’autres autorités comme le Comité américain consultatif sur les pratiques de vaccination avait précédemment suggéré que les vaccins ne soient pas administrés dans les 14 jours suivant la vaccination par le COVID-19, mais cette recommandation a été révisée en raison des inquiétudes concernant les retards de vaccination.
Que se passe-t-il si la deuxième dose d’un vaccin à mARN ne peut être administrée en raison d’une réaction antérieure ?
Pour les personnes qui ont reçu une première dose d’un vaccin à mARN mais qui ne peuvent pas recevoir l’un ou l’autre de ces vaccins pour la seconde dose [par exemple, en raison de contre-indications], Ad26.COV2.S [vaccin COVID-19 de Janssen/Johnson & Johnson] peut être administré tant qu’il n’y a pas de contre-indication.
Les autorités sanitaires américaines suggèrent d’administrer Ad26.COV2.S [vaccin COVID-19 de Janssen/Johnson & Johnson] au moins 28 jours après la dose de vaccin à mARN.
Les personnes qui ont eu une infection par le SRAS-CoV-2 doivent-elles être vaccinées ? Si oui, quand ? Que se passe-t-il si un patient acquiert le COVID-19 après la première dose ?
Oui, la plupart des personnes ayant des antécédents d’infection par le SRAS-CoV-2 devraient être vaccinées. Cependant, pour les personnes qui ont eu une infection par le SRAS-CoV-2 compliquée par un syndrome inflammatoire sévère, la décision de vacciner doit mettre en balance le risque d’exposition, la réinfection et la possibilité d’une maladie grave et la sécurité incertaine de la vaccination chez ces personnes.
En général, la vaccination peut être administrée dès que la personne s’est rétablie de l’infection aiguë [si elle est symptomatique] et qu’elle répond aux critères de cessation des précautions d’isolement. Le dépistage sérologique avant la vaccination n’est pas recommandé. Si l’infection est diagnostiquée après la réception du premier vaccin d’une série de deux doses [par exemple, avec les vaccins COVID-19 à mARN], la deuxième dose doit quand même être administrée.
Il est raisonnable de retarder la vaccination de 90 jours à compter du moment de l’infection ; le risque de réinfection pendant cette période est faible, et le fait de retarder la vaccination permet à d’autres personnes de recevoir le vaccin. Retarder la vaccination de 90 jours est suggéré pour les personnes qui ont été traitées avec des anticorps monoclonaux ou du plasma « convalescent ».
Références
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