Esthétisme, l‘art pour l‘art

olympia-manet

L’esthétisme français était théorisé par Théophile Gautier dans son affirmation que l'art est inutile, en refusant l'engagement de l'écrivain, et en déclarant que la beauté est la seule fin de l'art.

Dans son traité latin intitulé Aesthetica (1750), le philosophe allemand Alexander Baumgarten a appliqué le terme "aesthetica" pour les arts, dont
«La fin de l’esthétisme est la perfection de la connaissance sensible, de la beauté".
Dans l'usage actuel, l'esthétique (du grec : se rapportant à la perception sensorielle) désigne la recherche de la beauté dans les beaux-arts, et dans objet, naturel ou artificiel.

olympia manet

 

 

Le mouvement esthétique, était un phénomène européen répandu au cours de la dernière partie du XIXe siècle. Il est né en France par opposition à la domination de la pensée scientifique, et au mépris et à l'indifférence voire l'hostilité de la société de classe moyenne de cette époque à tout art jugé inutile ou sans valeurs morales.
Les écrivains français ont pensé que l'œuvre d'art est la valeur suprême parmi toutes les productions humaines, l’art est autonome, sans but moral ou autre en dehors de sa propre existence. La fin d'une œuvre d'art est tout simplement d'exister pour être beau.
Un cri de ralliement de l’esthétisme est devenu l'expression « l'art pour l'art ».
On trouve les racines historiques de l’esthétisme dans les écrits d’Emmanuel Kant dans sa Critique de la raison pure (1790), où il analyse que l'expérience esthétique consiste en une contemplation «désintéressée» d'un objet qui peut plaire sans référence à la réalité, à une utilité ou à une valeur morale.

L’art pour l’art

L’esthétisme français était théorisé par Théophile Gautier dans son affirmation que l'art est inutile, en refusant l'engagement de l'écrivain, et en déclarant que la beauté est la seule fin de l'art.

Théophile Gautier dans la préface de Mademoiselle de Maupin annonce : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid. » L’art est gratuit est inutile. Certains pourraient se demander quel est son intérêt : l’intérêt de l’art est l’art lui-même...
Cette préface fit scandale quand il affirme que « penser une chose, en écrire une autre, cela arrive tous les jours, surtout aux gens vertueux.» Il établit le droit de l'artiste à traiter n'importe quel sujet, en mettant de côté la morale bourgeoise.
Benjamin Constant note dans son Journal le 11 février 1804 : « L'art pour l'art, et sans but ; tout but dénature l'art. »
Gautier proclame le culte d'une beauté pure ne renvoyant qu'à elle-même, reflétant dans ses formes le triomphe du créateur. Il exprime ainsi son refus de la poésie politique ( l'art est indifférent au progrès social), de la poésie philosophique (l'art n'a pas à transmettre des idées ou une morale ) et de la poésie sentimentale à la façon de Lamartine, car le lyrisme est un laisser-aller qui peut altérer forme.

Après le romantisme, l'éclatement de l'écriture chez Lautréamont et Rimbaud, le courant esthétique de l’art pour l’art inspire Baudelaire où la poésie devient un exercice et le poème un objet précieux, un produit de virtuosité et de maîtrise.

L’esthétisme était cultivé par Baudelaire dans sa revendication, dans le Principe poétique de 1850, que l'œuvre suprême est un «poème en soi », un «poème écrit uniquement pour l'amour de la poésie». Ces principes ont été repris par Flaubert, Mallarmé, et par d'autres écrivains.
Dans sa forme extrême, la doctrine l'art pour l'art devient chez Flaubert «la religion de la beauté."

Les points de vue français sur l’esthétisme ont été introduits en Angleterre par Walter Pater, qui conseillait de vivre avec des sensations exquises, et par  son plaidoyer en faveur de la beauté comme valeur suprême et de «l'amour de l'art pour la beauté de l’art."

Les points de vue artistiques de l’esthétisme ont été exprimés par Charles Swinburne, par Oscar Wilde, Arthur Symons, et Lionel Johnson.

Ces idées vont engendrer d‘autres concepts importants comme l’autonomie d'une œuvre d'art, un poème, un roman ou un tableau devient une fin en soi, sa valeur est intrinsèque. Ces concepts vont être présents dans la littérature et la critique au 20ème siècle.

Lire la suite
1
  1598 lectures
  0 commentaires
1598 lectures
0 commentaires

Suivez-nous !