" Une leçon clinique à la Salpêtrière ", par Boussais, 1887
Table de matière
Le tableau montre Charcot pendant ses cours. La patiente présente dans le tableau est Marie Wittman. Elle décède à l'âge de 53 ans après une hospitalisation de 27 ans à la Salpêtrière de Paris en raison de sa maladie : l'hystérie.
Jean Martin Charcot (1825-1893) fut le maître de l'école de médecine à la Salpêtrière.
Dès 1921, le vieil hospice de la Salpêtrière abrite dans ses vieux murs une pléiade de médecins éminents et de chercheurs intéressés par un terrain presque vierge de la médecine : la neurologie.
Il y avait de nombreux élèves célèbres comme Pinel, Géorget, Ferrus, et Foville. Des médecins comme Delaye et Foville tentaient de montrer que la substance corticale du cerveau était le siège de l'intelligence. À cette époque, les médecins refusaient la possibilité que les lésions du cortex cérébral pouvaient se traduire par des paralysies.
Fils d'un modeste carrossier parisien, Jean-Martin Charcot naquit le 29 novembre 1825, aîné de quatre frères. Son goût pour l'étude le poussa vers la médecine, en dépit de son âme d'artiste. Ce côté artiste, Charcot allait le garder toute sa vie. Il avait une curiosité pour la morphologie corporelle, un goût pour les formes et les jolies choses.
Dès 1848, il est nommé Interne des hôpitaux à la Salpêtrière où Il devient professeur jusqu'à sa mort.
Dès son arrivée, il est intéressé par les déformations corporelles. Il commença d'étudier l'immense variété des maladies rhumatismales chroniques, et consacra sa thèse à l'étude des maladies rhumatismales dans leur forme chronique.
Progressivement, il maîtrise la description des difformités articulaires, et va décrire une maladie spécifique caractérisée par une arthropathie liée à l'ataxie locomotrice. Cette maladie est toujours nommée la maladie de Charcot.
En 1858, Charcot devient médecin des hôpitaux. Il a 31 ans. En 1860, Charcot est nommé professeur agrégé, puis chef de service deux ans plus tard en 1862.
À partir de cette nomination, Charcot s'intéresse à la neurologie, c'est-à-dire à la spécialité médicale concernant les maladies du système nerveux, et allait créer un enseignement des maladies nerveuses à la Salpêtrière. Au début, il s'agit d'un modeste centre. Les auditeurs se groupaient autour du maître dans une salle étroite où le jeune professeur interrogeait et examinait ses patients. Pour chaque cas, Charcot s'efforçait à dépister la nature exacte de la lésion et ses liens avec le système nerveux. Grâce à cette méthode, Charcot se garda de ne jamais tomber dans les erreurs des autres médecins de son époque.
Grâce à l'enseignement de Charcot, la neurologie n'est plus une science clinique ou anatomique, elle devient une discipline médicale associant l'anatomie à la physiologie, la clinique à la pathologie. Avec Charcot, un symptôme ne peut être séparé de la cause qui l'a engendré. Le traitement doit donc s'adresser à la lésion, et non plus aux symptômes.
Après ses études sur les maladies rhumatismales, il étudie les liens entre les maladies musculaires et les lésions nerveuses. En 1878, il est nommé professeur en anatomie pathologique. Encore une fois, il va décrire avec précision le lobule pulmonaire et le lobule hépatique qui portent toujours son nom.
La maladie de Charcot
Ou sclérose latérale amyotrophique. Il s'agit d'une maladie neurodégénérative paralysante, rare. C'est une maladie de nerfs moteurs, qui dégénèrent progressivement pour faire perdre aux patients le contrôle de leurs muscles : perte de la capacité à bouger les bras, les jambes, puis perte de la capacité respiratoire.
Parmi les patients célèbres présentant la maladie de Charcot, on peut citer l'astrophysicien anglais Stephen Hawking, qui a continué son travail de brillant chercheur en fauteuil roulant. Hawking lui continuait à s'exprimer publiquement, équipé d'un système d'aide à la communication pour parler de l'univers, ou des trous noirs.
La longévité de Stephen Hawking est exceptionnelle. Les patients affectés par la maladie de Charcot décèdent 24 à 36 mois après le diagnostic en raison de leurs problèmes respiratoires.
Et la santé mentale
Vers la fin de sa carrière, Charcot s'intéresse aux maladies psychosomatiques, et singulièrement à l'hystérie. Après avoir maîtrisé les maladies à base organique, Charcot tenta de réussir où tant d'autres avaient échoué avant lui.
Lorsque Charcot prit ses fonctions au début de 1862, l'hystérie était médicalement, parlant " une terre sans homme ". À La Salpêtrière, ces malades chroniques étaient largement délaissés. Ce fut Bourneville, à être l'un des premiers étudiants de Charcot, à être convaincu et à convaincre son patron de prendre soin de ces patients. Par la suite, les études de Charcot avec Paul Richer, Joseph Babinski, Georges Gilles de la Tourette, Paul Sollier, Pierre Janet, et bien d'autres ont permis de créer les conditions nécessaires pour traiter ces patients.
À cette époque, on ne distinguait pas les épileptiques des hystériques. Les patients étaient traités de la même façon, et généralement sans résultat. Charcot commença son travail par séparer les deux maladies selon des critères cliniques précis.
L'hystérie est une maladie qui se manifeste par des lésions fonctionnelles comme la paralysie ou la perte de la vue sans lésion organique. La patiente est paralysée sans lésion nerveuse, musculaire ou osseuse. Le problème est avant tout psychologique.
Jean Martin Charcot est célèbre pour ses études sur la " construction " de l'hystérie. Charcot pensait avoir isolé l'hystérie comme une pathologie particulière et universelle. Afin de traiter cette maladie, il a utilisé l'hypnose avec une certaine réussite.
Ses travaux sur l'hystérie et l'utilisation de l'hypnose en médecine allaient attirer un large public à ses conférences.
Au printemps 1885, Jean-Martin Charcot, commence ses travaux sur l'hystérie traumatique, notamment chez l'homme, qui dureront jusqu'en 1891. Six mois, plus tard, en octobre 1885, Freud arrive à Paris, suit les conférences de Charcot et fait un séjour dans le service du professeur Charcot, jusqu'en mai 1886.
Charcot souligne, dans ces cas d'hystérie, qu'il existe un problème mental ou psychologique, une idée fixe, une douleur, un deuil, ou une dépression.
Freud a été impressionné par le professeur. Charcot semble porter une attention particulière au jeune Freud, alors âgé de 29 ans. Il lui propose de traduire en Allemand le tome III de ses leçons sur les maladies du système nerveux.
Parmi les leçons du tome III, on trouve les premières leçons de Charcot sur l'hystérie chez l'homme, et plus particulièrement six cas d'hystérie traumatique. Freud assiste aux leçons du mardi.
Freud écrit dans sa lettre du 24 novembre 1885 adressée à Martha Bernays " aucun autre homme n'a jamais eu autant d'influence sur moi. "
Freud va compléter les travaux de son maître.
Les techniques d'hypnose, employées par Charcot et Freud, sont connues aujourd'hui sous le nom d'hypnose classique qui constitue la forme la plus simple de la pratique hypnotique basée sur la suggestion directe.
Aujourd'hui, l'hystérie est considérée comme un trouble de santé mentale sans lien avec l'utérus, le sexe féminin, ou avec la sexualité.