Intimidation en ligne : violence des spectateurs modernes

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Un récent fait divers d’un harcèlement en ligne en France a engendré de longues discussions sur le comportement agressif en ligne et l’absence des témoins, l’indifférence, le refus de témoigner et même d’aider la victime.

 

 

Les agressions non physiques

 

Les psychologues sociaux pensent que l'agression peut être aussi bien verbale que physique. Depuis l’antiquité, lancer des insultes et intimider verbalement, est considéré comme un acte agressif.
L'agression non physique est une agression qui n'entraîne pas de préjudice physique. L'agression non physique comprend l'agression verbale (cris, jurons et injures).
L'agression relationnelle ou sociale, est définie comme le fait de nuire intentionnellement aux relations sociales d'une autre personne, en médisant sur une autre personne, en l’excluant. L'agression non verbale se produit également sous la forme de blagues et d'épithètes sexuelles, raciales et homophobes, qui sont conçues pour blesser et nuire. La liste proposée par Archer et Coyne en 2005, englobe quelques exemples des agressions non physiques : médisance, répandre des rumeurs, critiquer les autres en leur absence, harcèlement, laisser les autres hors d'un groupe ou les ostraciser, monter les gens les uns contre les autres.
Les gens utilisent l'agression non physique pour ses caractères subtils. Ils peuvent être agressifs sans donner l'impression aux autres de l'être, et les conséquences sont moins graves que la violence physique.


Les filles ont tendance à s'engager dans des formes d'agression sociales et relationnelles indirectes telles que répandre des rumeurs, ignorer ou isoler socialement.
Les conséquences négatives de l'agression non physique peuvent nuire à la victime. Les enfants victimes d'intimidation manifestent plus de dépression, de solitude, de rejet par les pairs et d'anxiété que les autres enfants. En Grande-Bretagne, 20 % des adolescents déclarent avoir été harcelés par quelqu'un qui répand des rumeurs blessantes à leur sujet. Les filles victimes d'agressions non physiques sont plus susceptibles d’envisager de se suicider.

 

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Intimidation et Cyber intimidation: l’agression modernisée

 


L'intimidation est un ensemble d'interactions sociales négatives, répandue parmi les enfants et les adolescents, et au sein parfois de certaines communauté (sport, militaire, prison)
Depuis l’apparition des réseaux sociaux, de nouvelles formes d’intimidation et d’agression non verbale ont fait leur apparition. La cyberintimidation est une agression infligée par l'utilisation d'ordinateurs, de téléphones portables et d'autres moyens de communication. Il existe de rares cas de suicides dans les lycées et les universités après la diffusion de photos ou de vidéo intimes.


La cyberintimidation peut être dirigée contre n'importe qui. Les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) sont des fréquents, de même certaines minorités ethniques, culturelles ou religieuses. L’aspect physique peut favoriser ce genre d’agression, comme l’obésité.
Un incident ponctuel au cours duquel un enfant frappe un autre sur le terrain de jeu n’est pas une intimidation : l'intimidation est un comportement répété par définition. Le traitement négatif typique de l'intimidation est la tentative d'infliger un préjudice, ou une humiliation. L'intimidation peut être physique, verbale, ou psychologique.


L'intimidation implique trois parties : celui qui intimide, la victime et les témoins.
L'acte d'intimidation implique un déséquilibre de pouvoir avec l'intimidant qui cherche à gagner plus de pouvoir physique, émotionnel ou social sur la victime. L'expérience de l'intimidation peut être positive pour celui qui intimide peut avoir un regain d'estime de soi. Les victimes subissent stress, troubles psychologiques, dépression et manifestent de tendances suicidaires. Au-delà de son impact émotionnel, la cyber intimidation peut affecter sérieusement la réussite scolaire ou académique.


Il n’y a pas un profil de personnalité pour celui qui intimide ni pour les victimes. Les chercheurs ont identifié certains modèles chez les enfants qui sont plus à risque d'être intimidés :
Les enfants émotionnellement réactifs courent un plus grand risque d'être victimes d'intimidation. Ceux qui intimident sont attirés par les enfants qui se fâchent facilement parce que celui qui intimide peut obtenir rapidement la réaction émotionnelle recherchée.
Les enfants différents des autres sont susceptibles d'être la cible d'intimidation. Les enfants en surpoids, souffrant de troubles cognitifs ou différents sur le plan racial ou ethnique.
Les adolescents gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres courent un risque plus élevé d'être harcelés et blessés en raison de leur orientation sexuelle minoritaire.

 

L'effet Bystander (regarder et rien faire)

 

 

Un événement médiatisé a secoué les américains en 1964. Dans le Queens, New York, une femme de 19 ans nommée Kitty Genovese a été attaquée, le vendredi 13 mars, par une personne armée d’un couteau près de l'entrée de son immeuble, puis à nouveau dans le couloir de son immeuble. Lorsque l'attaque s'est produite, elle a crié à l'aide à plusieurs reprises. Elle est finalement décédée suite à ces coups de couteau.


Cette histoire intriguait et effrayait le public car de nombreux résidents de l'immeuble auraient entendu les appels à l'aide de Kitty Genovese et n’avaient rien fait, ni aider ni appeler la police.

 

À partir de ce cas, des chercheurs ont décrit un nouveau phénomène à l’époque appelé « effet de spectateur », où un témoin ou un spectateur ne se porte pas volontaire pour aider une victime ou une personne en détresse. Au lieu de cela, ils regardent simplement ce qui se passe.
Dans une série d'études, des chercheurs ont signalé que le temps nécessaire pour agir et demander de l'aide varie en fonction du nombre d’observateurs présents. Des expériences complémentaires ont révélé que 70 % des personnes aideraient une femme en détresse lorsqu'elles étaient seules. 40 % seulement proposaient de l'aide lorsque d'autres personnes étaient également présentes.


Deux facteurs contribuent à l'effet de spectateur selon ces études.

 

La présence d'autres personnes peut crée une diffusion de responsabilité.

 

La deuxième raison est la nécessité de se comporter de manière socialement acceptable. Lorsque les autres observateurs ne réagissent pas, les individus prennent souvent cela comme un signal qu'une réponse n'est pas nécessaire ou pas appropriée.


Dans le cas de Kitty Genovese, 38 témoins ont déclaré qu'ils pensaient assister à une « querelle d'amoureux » et ne se rendaient pas compte que la jeune femme était en fait en train d'être assassinée.


En cas de crise, les spectateurs pourraient se demander ce qui se passe exactement et hésitent d’intervenir. Quand ils voient que personne d'autre ne réagit, ils pensent qu'aucune action n'est nécessaire. Il existe des normes sociales qui renforcent l'indifférence. C'est un peu gênant, après tout, d'être celui qui perd son sang-froid alors qu'aucun danger n'existe réellement.
Il y a d’autres questions qui se posent. Quels sont les avantages d'aider? Quels sont les risques ? Dans cette situation, les passants craignaient probablement pour leur propre vie s'ils portaient secours, de se tromper, ou d’être accusés.


Le même phénomène existe en ligne, ceci explique une partie du problème. Mais il existe d’autres facteurs et autres fractures.


Sur les forums d’Internet, certaines réactions minoritaires reflètent des problèmes latents dans notre modèle de société. Le refus de la responsabilité n’est pas rare, chacun porte son propre fardeau. Les autres n’existent pas car personne ne partage les idées et les jugements des autres. Les autres sont des étrangers car ils pensent étrangement.
Des hommes ont intériorisé certains discours féminins dévalorisant les hommes . Des femmes ont intériorisé d’autres discours  que les hommes sont violents et qu’ils méritent ce qu’il leur arrive. D’autres refusent de témoigner parce la victime ne correspond pas à leurs propres critères (donc ne mérite pas la compassion), ou parce que la société n’aide personne, ou parce qu’il y a trop de victime dans notre société. Puis arrive l’individualisme : et moi, qui m’aide ?


Dilution de responsabilité, un individualisme qui provoque un sentiment d’isolement, une balance implacable des inconvénients dans une société judiciarisée, une confusion sur le rôle, ce qui mérite d‘être victime et qui mérite d’être aidé, le nombre des spectateurs passifs risquerait d’augmenter dans le monde réel comme en ligne.


Certains psychologues pensent que le fait d'être conscient de cette tendance est un bon moyen de briser ce cycle vicieux. Intervenir ou avertir sans attendre les autres, sans se mettre en danger, c’est devenir un spectateur actif.
Pour les victimes, il convient de personnaliser sa demande, de s’adresser à une personne, l’autorisant ainsi à apporter son aide, et ne pas attendre la réaction spontanée des gens.

 

Résumé

 


L'intimidation est un comportement répété qui vise à infliger un préjudice à la victime et peut prendre la forme d'abus physique, psychologique, émotionnel ou social. L'intimidation a des conséquences négatives sur la santé mentale des jeunes, y compris le suicide. La cyberintimidation est une nouvelle forme d'intimidation en ligne où les intimidants peuvent rester anonymes et les victimes sont impuissantes, entourés des spectateurs passifs. L’intimidation en ligne met en lumière certaines fractures qui traversent notre modèle de société.

 


Références
Taylor S : social psychology, Ed Pearson 2011
International Encyclopedia of the Social & Behavioral Sciences, ed: Neil J. Smelser and Paul B. Baltes 2001

 

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Numérique, virtuel et notre réalité

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En philosophie occidentale, la connaissance de la vérité et de la réalité est une problématique centrale. Vérité et réalité sont des notions qui se recoupent sans se confondre : la vérité touche à la logique et à la raison, la réalité touche aux choses, c’est-à-dire au matériel. La réalité est ce qu’un individu perçoit et comprend. Et le numérique ? Et le virtuel ?

 

Virtuel et réel : question philosophique au début


Selon Lacan, le virtuel n’est pas une forme du réel. Lacan considère une actualité non représentative comme une plénitude absente qui figure dans la langue comme un excès et un manque, mais qui ne peut jamais être représentée. Selon lui, le virtuel est un phénomène qui perturbe l’autorité, et altère les représentations de l’identité de soi.
Certains s’inquiètent de l’importance croissante du virtuel et de l’excès d’abstraction, qui pourraient entraîner une perte de la créativité de l’imagination (Baudrillard, 2000).
Hegel discute le retentissement de l’abstraction dans l’esprit collectif indispensable au maintien de l’État-nation politique. Selon lui, l’identité se réalise à travers un processus de négation des autres identités. Dans l’état nation, l’identité collective dépassant les autres identités est indispensable pour la survie d’une nation. L’abstraction est « indifférente » à tout autre objet, et ne prend en compte aucun autre élément. Il fournit une identité nouvelle et par définition individualiste. (Hegel, 1977).
Deleuze a suggéré que la virtualité inexistante est une impossibilité. Badiou pense que le réel inclut à la fois les formes et les objets concrets (Badiou, 2000). L’abstrait n’existe que dans le concept, mais pas dans la réalité.
Ce résumé affirme que l’évolution numérique a dépassé avec brio certaines critiques formulées par les philosophes et les sociologues, le modèle inventé ne ressemblait pas aux modèles pré existants.

Pour les personnes : Le média est le message

 

Il y a plus d’un demi-siècle, le canadien Marshall McLuhan Herbert, (1911 – 1980), professeur canadien de littérature anglaise et théoricien de la communication, a écrit l’un des livres les plus importants sur la théorie des médias « comprendre les médias » où il a forgé des concepts toujours actuels comme « le village global » et « le média est le message ».
Selon McLuhan, les termes « medium », « technologie », « médias » sont interchangeables. Le sous-titre de son livre, The Extensions of Man, postule que toute technologie est une extension de notre corps et de notre conscience. Quand vous prenez votre voiture, elle devient une extension de vous-même : ses limites sont vos limites, et votre conscience doit prendre en considération sa taille, ses angles, et sa puissance.
Selon McLuhan, le contenu du support n’est pas aussi important que le support lui-même, c’est le support qui change les sociétés, et non pas le contenu.
Nous pouvons noter l‘importance de Google et Facebook comme médium capable de changer nos sociétés. L’indexation des fichiers dépasse par son importance, le contenu des fichiers. Les liens de facebook sont plus déterminants que les textes et les images publiés. Dans le monde virtuel, les clics remplacent les briques, et les liens remplacent les bureaux.
Comme l’écrit de McLuhan, « le “contenu” de tout média nous aveugle sur le caractère du média ». On pourrait penser que la technologie progresse sans cesse, mais ce n’est pas nécessairement le cas. Remarquez l’autre terme que McLuhan attribue à nos créations quand il écrit : « Toute invention ou technologie est une extension ou une amputation de notre corps physique, qui exige de nouveaux rapports et nouveaux équilibres entre les autres organes et extensions du corps. »
Le GPS est une technologie qui modifie progressivement notre mémoire et nos systèmes visuels. Nous regardons une carte virtuelle pendant que nous roulons sur une route réelle. Notre cerveau agit autrement pour s’adapter. C’est le virtuel qui guide et non plus le réel.
Dans les domaines numériques, le réseau, son informatique, ses télécommunications et son infrastructure précèdent l’espace, et deviennent plus déterminants. C’est le sens de cette jolie phrase de Baudrillard (1990) : « La carte précède le territoire ».
Nos technologies définissent nos réalités. Ces outils permettent le meilleur et le pire, défendre la liberté et la démocratie ou s’isoler dans une réalité individuelle sans liens avec les autres.

 

Pour les sociétés : un modèle de liens

 

Comme les pages d’internet, le modèle numérique est un modèle de liens. Il dépasse les critiques philosophiques en créant des liens nouveaux dans le monde réel. Les clics ne remplacent pas les briques, mais orientent le public vers telle, ou telle brique. Avec le numérique, les annonces immobilières deviennent aussi rentables que les services de négociation. Le numérique devient l’intermédiaire indispensable pour la vente, la rencontre, le tourisme et les voyages. Il ne s’agit pas de réalité virtuelle, mais de liens entre des personnes réelles, et des biens matériels.
Ces liens permettent le développement d’un modèle nouveau. Les constructeurs automobiles ont compris que la voiture est un produit et une plate-forme de prestation de services. En fournissant les services de relation avec la clientèle tels que la navigation embarquée mise à jour, l’assistance routière d’urgence, les télécommunications, ou le partage des données peuvent approfondir leurs liens avec leurs clients et générer plus de revenus. C’est dans la combinaison des produits et du service que se génèrent des revenus et des profits. Le produit est important, le service aussi. Les pages des sites web de E-commerce sont transformées en liens de comparaison, d’évaluation et un forum d’opinion, une sorte de mosaïques d’informations personnalisées encore une fois, cette technologie change notre réalité.
Lorsque le produit est un objet matériel ou un service avec des résultats concrets, les marques sont virtuelles. Le virtuel devient réel, il n’a pas la tangibilité du réel, mais il existe. Les clients n’achètent pas une abstraction, mais un bien.
Les modèles commerciaux en ligne qui ont du succès sont axés sur les relations et non pas sur la transaction. Plutôt que de se concentrer sur la réduction des prix pour conclure une seule transaction, les relations et les collaborations et la valeur ajoutée pour les clients sont la clé pour fidéliser la clientèle.

 

Gestion du virtuel et du réel : société d’évaluation

 

La gestion de ce modèle repose sur des rapports complexes. L’absence de contact réel élimine tout compromis.
— L’éthique est indispensable
Ce modèle exige des devoirs éthiques indispensables. En cas de produit de mauvaise qualité, les critiquent font chuter les ventes ou décribilisent le vendeur.
— les services
Les relations avec le client impliquent des services continus, comme l’accompagnement, l’explication, le service après-vente, etc.
— Les services virtuels en ligne doivent bénéficier d’une relation de confiance, de courtoisie, d’économie, échange et une certaine exclusivité.
— Les services doivent répondre avec vitesse et justesse. Le temps est un facteur important dans ce modèle.

 

Virtuel et réel : Les briques comptent plus que les clics


Le modèle virtuel est créatif. Remplacer le réel par le virtuel est une absurdité, mais se lier au réel et imposer de nouvelles règles dans la gestion de ce réel a permis à ce modèle virtuel d’exister.


— Le réel d’abord
La crise du Covid 19 a démontré que le virtuel n’existe pas en cas de perturbations du monde réel, et a offert un éclairage sur les limites du modèle décrit par McLuhan. Si la technologie modifie notre réalité, elle est moins déterminante qu’on le pensait. Pendant la crise Covid 19, de nombreux produits manquaient. On découvre ce que la virtualisation tentait de faire oublier : la production réelle est indispensable à la survie individuelle et à la survie des nations. Les briques comptent plus que les clics.
Le public a découvert que l’économie virtuelle, bien que représentée comme un ensemble de lois réelles ne peut remplacer l’économie réelle. Si le média compte plus que le contenu, que vaut Google sans le contenu des sites et youtube sans les productions artistiques ?


Certains modèles tentent de répondre à ce dilemme, Netflix produit une certaine quantité de ces diffusions, associant le réel et le virtuel. Sa réussite peut indiquer le début d’un modèle fiable ?
C’est aussi le cas d’Amazon et de youtube qui commencent à produire un contenu.
La propriété intellectuelle et la valeur des connaissances accessibles continuent à être un problème important.
Lacan suggérait que le virtuel est un phénomène qui perturbe l’autorité, et altère les représentations de l’identité de soi.

 

 

Quand Hegel écrivait que l’abstraction altère l’esprit collectif indispensable au maintien de l’État-nation politique en cultivant des identités individuelles. Certains voient ces dangers apparaître déjà dans leurs sociétés, le Japon peut être un exemple de l’isolement et du retrait encouragés par le monde virtuel.

 

Références

Badiou, A. (2000) Deleuze (trans. L. Burchill). Minneapolis : University of Minnesota Press.
Baudrillard, J. (1990) The Precession of Simulacra. New York : Zone Books.
Baudrillard, J. (2000) The Vital Illusion. New York : Columbia University Press.
Beineix, J-J. (1999) Otaku : Les Enfants du virtuel. Paris : Denoel.
Blackwell, T. (2002) « Net hotline will allow wives to report “concerns” ». National Post, 27 February, p. 7.
Cappeliez, S. (2001) « McDonaldization » ? Food in a Globalized Culture. Ottawa
Deleuze, G. (1981) Difference and Repetition. New York : Columbia University Press.
Hegel, G. W. F. ((1977) Phenomenology of Spirit. trans. A. V. Miller. Oxford : Oxford University Press.
Lefebvre, H. [1981] La Production de L’Espace [2nd edn]. Paris : Anthropos.

 

 

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Deepfake : vidéos truquées par l’intelligence artificielle

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Un Deepfake est une vidéo produite ou modifiée, grâce à l’intelligence artificielle. Le terme désigne le contenu ainsi généré, et les technologies utilisées à cet effet.

Le mot Deepfake est une contraction entre Deep learning (apprentissage en profondeur et » Fake, « faux profond ». Il s’agit de contenus fallacieux, rendus parfaitement crédibles grâce à l’intelligence artificielle qui met en compétition deux algorithmes.

À partir d’images fournies en amont, le premier algorithme cherche à créer de fausses imitations aussi crédibles que possible. Le second algorithme cherche à détecter les faux le plus efficacement possible. Le premier continue à produire de fausses vidéos jusqu’à ce que le second ne puisse plus déceler la supercherie. Il en résulte, au final, des « fakes » suffisamment réalistes pour tromper même les humains.

Plus les données fournies à l’algorithme au début du processus sont nombreuses, plus celui-ci sera capable d’apprendre à créer des faux facilement. C’est la raison pour laquelle les anciens présidents américains et les stars d’Hollywood sont souvent utilisés pour créer des Deepfakes : de nombreuses vidéos d’archives sont en libre accès et peuvent être utilisées pour nourrir les modèles.

 

Pourquoi les deepfakes ?

Les humains ont une tendance à ne croire qu’en leurs propres yeux et oreilles. Lorsque l’illusion est trop belle, il est facile d’être victime d’une supercherie.

Depuis l’antiquité, les humains ont appris à croire ce que leurs sens identifient comme réalité. Au début de la photographie, certains ont eu peur de ce doublement. D’autres discutaient l’âme de la personne imprimée sur papier. Quelques années plus tard, le trucage des photos devient répandu, surtout dans les régimes totalitaires pour modifier ou embellir le réel.

Pendant la première projection cinématographique, l’illusion était si proche de la réalité que les spectateurs ont fui la salle de peur d’être écrasés par le train projeté sur le l’écran.

À l’ère numérique, les yeux et les oreilles ne suffisent plus pour détecter le réel. Le pourcentage de photos retouchées sur internet peut surprendre, de même dans les médias imprimés. La quantité de contrefaçons en ligne continue d’augmenter, la qualité aussi.

Le terme « deepfake » apparaît pour la première fois en 2017 pour décrire les vidéos et les images qui mettent en œuvre des algorithmes d’apprentissage pour créer des vidéos et des images qui semblent réelles.

Le phénomène Deepfakes a commencé en 2017, sur Reddit, lorsqu’un utilisateur s’est amusé à intégrer les visages de célébrités dans des films X. De son côté, la chaîne YouTube Deepfakes s’amuse à modifier des bandes-annonces de films grâce à l’IA.

Plus récemment, une vidéo diffusée sur Instagram montre Mark Zuckerberg, le créateur de Facebook, révéler » toute la vérité » sur son réseau social et sur son intention de contrôler l’humanité.

Un Deepfake hyperréaliste de Nixon rendant hommage à Neil Armstrong tombé au combat est apparu dans un film de 2019, In Event of Moon Disaster. Ce discours du président Nixon n’a jamais existé, tout comme le décès de Neil Armstrong au combat bien sûr.

D’autres dirigeants mondiaux actuels et anciens, tels que John F. Kennedy, Barack Obama et Vladimir Poutine ont fait l’objet de vidéos truquées. Bien que la montée des « deepfakes » ces dernières années ait fait l’objet de discussions dans les médias populaires, la littérature de recherche universitaire sur le sujet reste relativement rare.

Cependant, les chercheurs expriment leur inquiétude au sujet de ces images et vidéos trafiqués, car ils présentent un risque de sécurité, de plus en plus grand dans les années à venir. Un rapport prédit que les images truquées constitueront la menace la plus grave pour la sécurité au cours des 15 prochaines années, parmi toutes les autres technologies utilisant l’IA.

 

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Les risques liés aux Deepfakes ?

Grâce à l’IA, n’importe qui peut créer un Deepfake, même sans compétences techniques particulières en téléchargeant un simple logiciel, et produire un contenu pouvant servir ses intérêts en manipulant l’opinion des spectateurs.

Après les Fake News et leur impact sur les réseaux sociaux, la propagation des Deepfakes sur le web représente une nouvelle menace liée aux technologies.

Cette innovation pourrait être utilisée à des fins de propagande politique ou de criminalité.

Après les hommes politiques, et les personnes médiatisées, les femmes sont le sujet de la majorité des vidéos pornographiques truquées. Les actrices américaines et britanniques, ainsi que les musiciens sont un sujet commun de ces vidéos.

À court terme, ces vidéos truquées peuvent servir à semer la panique en utilisant une fausse vidéo d’alerte à la bombe ou faux sexe tape pour ruiner le couple ou la carrière, ou pour discréditer un candidat électoral, ou à créer une vague de panique économique ou sanitaire.

À long terme, la prolifération de ces vidéos trucages finit par convaincre les utilisateurs et les spectateurs de ne plus faire confiance.

 

Lutter contre les deepfakes

La première réponse est juridique. Dans certains états, comme la Californie, il est illégal de créer ou de distribuer les « deepfakes » pendant les 60 jours avant une élection. Dans d’autres états, la riposte est appliquée selon la nature des deepfakes et selon ses conséquences.

Pour lutter contre les deepfakes, Google vient de publier un vaste ensemble de données constituées de vidéos Deepfake pour apporter du soutien aux chercheurs qui développent des outils de détection contre ces contenus truqués. Les chercheurs pourront utiliser cet ensemble de données pour perfectionner des outils de détection automatisés reposant sur l’IA.

Récemment, Facebook a annoncé les résultats d’un concours où des experts ont construit de nouveaux algorithmes pour détecter les deepfakes. Le gagnant a pu détecter 82 % des médias altérés par l’IA. Dans l’état actuel, la majorité des vidéos truquées sont basées sur l’échange de visages, avec plusieurs degrés de sophistications en changeant la parole, le mouvement des lèvres, ou en jouant avec le gestuel.

 

Deepfake et porno

En 2019, la société Sensity a publié un rapport sur l’état des deepfakes sous le nom de Deeptrace, ils ont détecté 14 678 vidéos en ligne altérées par l’IA. Parmi celles-ci, 96 % étaient utilisées dans des contenus pornographiques.

Malgré la large couverture médiatique des « deepfakes » politiques, les deepfakes pornographiques sont le contenu le plus répandu sur le web. Le rapport de Sensity pour 2019 a révélé que 100 % des contrefaçons pornographiques détectées contenaient des femmes.

Après les hommes politiques, les célébrités, et les stars de l’industrie du divertissement, les faux créateurs ciblent des individus, souvent des femmes, qui mènent une vie active en ligne.

 

 

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Internet : nos mémoires et nos connaissances ?

internet savoir encyclopedie

 

Internet : relativiser nos connaissances, modifier nos mémoires


Internet est probablement le témoignage d'une révolution numérique sans précédent, une révolution qui est en train de changer notre société jour après jour, aussi profondément que les changements provoqués par la révolution industrielle.
Cette révolution numérique modifie nos approches de l'industrialisation et de la consommation, nos relations les uns avec les autres, mais également notre façon d'apprendre, de mémoriser, et de rechercher les informations nécessaires.

 

Nous sommes ignorants face à Google ??

Dans une étude publiée en 2015, dans le département de psychologie à l'université de Waterloo, les chercheurs ont demandé à 100 participants de répondre à une série de questions de culture générale comme par exemple : quelle est la capitale de la France. Les participants indiquent s'ils connaissent ou citent la réponse. La moitié de ces participants ont eu accès à Internet pour chercher la réponse.
5 % des participants qui ont accès à Internet ont répondu qu'ils ne savaient pas la réponse en dépit de leur accès à Internet. En discutant avec ces personnes, les chercheurs ont remarqué que dans certains contextes, les personnes ayant accès Internet déclarent se sentir plus ignorants par rapport à la population sans accès à Internet.
L'omniprésence d'Internet met à portée de main une quantité inimaginable d'information. Les gens semblent plus dépendants d'Internet que de leur propre connaissance. L'accès à Internet a  rendu le savoir un sujet discutable.  Si vous dites dans une réunion que vous connaissez un événement de l'histoire de Louis XIV, certains risquent de vous accuser d'avoir consulté Internet avant de répondre. En même temps, vous risquez une autocensure, car en cas d'erreur ou d'approximations, n'importe qui peut consulter Internet et trouver la réponse.
L'accès Internet affecte nos décisions. Les informations stockées dans nos mémoires sont mises en question, sont parfois dévalorisées par rapport aux informations disponibles sur internet.

 

internet memoire infomrations

 

Mémoire humaine modifiée par Internet ??


La facilité d'accès Internet avec ces informations nous rend dépendant. Cette facilité modifie progressivement nos mémoires, la quantité de connaissances stockées dans nos cerveaux, et notre façon d'apprentissage.
On le constate au quotidien, les études publiées confirment que nous utilisons Internet de plus en plus comme une aide mémoire. Le chercheur Benjamin Storm a réalisé une expérience simple : il opposait à deux groupes une série de questions difficiles, un groupe qui utilise Google, et un groupe qui compte sur sa propre mémoire. Un deuxième temps, les participants ont répondu à une série de questions faciles.
Les personnes ayant consulté Internet pour répondre aux questions difficiles ont consulté Internet également pour répondre aux questions faciles. 30 % des participants n'ont même pas essayé de répondre à une seule question facile en comptant sur leur propre mémoire.
Le chercheur Benjamin Storm formule sa conclusion : La mémoire humaine est en train de changer. Nous utilisons l'Internet pour soutenir et étendre notre mémoire, nous devenons dépendants de ce réseau. Nous n'essayons pas de nous rappeler quelque chose, on fait appel à nos ordinateurs et à nos Smartphones pour trouver la bonne réponse.
Comment va évoluer ses dépendances vis-à-vis de la technologie numérique ? Internet est de plus en plus sophistiqué, fiable, et rapide, capable de nous fournir des réponses utile. On peut imaginer que la mémoire humaine va se concentrer sur d'autres connaissances.

 

Concernant la vie de Louis XIV, il serait plus pratique de connaître le mot de passe, les liens Internet nécessaires pour trouver les réponses, et les connaissances utiles pour trouver et stocker l'information recherchée sur la vie du Roi-Soleil.

 

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Dr Google : trop de patients, trop de diagnostic impossible

sante web Esante

Si vous lisez un livre sur la santé, il est probable que vous passiez une après-midi agréable, que vous preniez quelques décisions utiles pour votre santé et pour votre bien-être. Si vous lisez un livre de médecine, vous allez suspecter la présence de plusieurs maladies qui menacent gravement votre organisme, et vous risquez de fermer le livre en regrettant ces heures de lecture qui engendrent doute et anxiété.

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