James M. Cain : Le facteur sonne deux foisjavascript:void(0);

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La naissance du polar est située au milieu du dix-neuvième siècle, aux États-Unis et en Europe.

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La naissance du polar est située au milieu du dix-neuvième siècle, aux États-Unis et en Europe. L'arrivée de ce genre nouveau répond à un contexte socio-économique lié à la naissance des grandes métropoles. À Paris, à Londres ou à New York se côtoient les catégories sociales les plus diverses dans un espace urbain en pleine mutation: naissance des faubourgs, des quartiers pauvres en marge du centre-ville et des ghettos ethniques.
L'expansion rapide et la diversification de la population urbaine auront de fortes répercussions sur la littérature et la presse. Si la grande littérature, est l'apanage des catégories aisées de la bourgeoisie, les classes populaires ont désormais accès à une alphabétisation de masse et cherchent leurs romans.
La génération précédente a connu James M. Cain à travers les films réalisés à partir de ses romans comme  le facteur sonne deux fois, ou Mildred Pierce. Des critiques le qualifient d'écrivain facile et commercial de roman noir.  Les analyses de ses romans avaient permis d'apprécier la valeur de ses textes. Dans ces dernières années de vie, Cain a connu un regain d'intérêt. Il devient un des grands écrivains américains du roman noir avec Hammett , Chandler et Macdonald, un écrivain enseigné et étudié dans les lycées et les universités aux États-Unis.


Une rapide biographie

Journaliste, écrivain et scénariste américain, James Mallahan Cain est né le 1er juillet 1892 à Annapolis (Maryland, États-Unis). Après avoir envisagé de devenir chanteur professionnel comme sa mère, bien que son amour de la musique reste vif,  il embrasse la carrière de journaliste et débute dans la presse de Baltimore.
Pendant la Première Guerre mondiale, James M. Cain sert dans le corps expéditionnaire américain en France et rédige le journal de la 79e division : Lorraine Cross. De retour à Annapolis, il donne des cours de journalisme à Saint John College et commence à écrire articles et nouvelles pour le journal de H. L. Mencken, The American Mercury. Il collabore au New York World, dirigé par Walter Lippman, devient, pour une brève période le directeur du New Yorker, avant de se rendre à Hollywood où il écrit des scénarios, comme beaucoup de romanciers de l'entre-deux-guerres y compris Fitzgerald et Faulkner.
James M. Cain, romancier de mélodrames violents, sexuels et implacablement incarnés dans de personnages forts, il représente un écrivain de l'école américaine des romans noirs des années 1930 - 1940 avec d'autres maîtres du genre. Trois classiques de l'écran américain ont été réalisés à partir de ses romans : Double Indemnité (1936, 1944), Mildred Pierce (1941, 1945, TV miniséries 2011) et le facteur sonne toujours deux fois (1934, 1936, 1946, 1981).
À l'époque, James M. Cain fut poursuivi en justice pour " obscénité ". Le facteur sonne toujours deux fois sera plusieurs fois porté à l'écran, entre autres par Tay Garnett (1946, avec Lana Turner et John Garfield) et Bob Rafelson (1981, avec Jessica Lange et Jack Nicholson). Parmi ses autres livres, citons notamment Assurance sur la mort (1936) et Sérénade (1937), dont le héros est chanteur d'opéra.
James M. Cain rédigeait son autobiographie lorsqu'il est mort le 27 octobre 1977 à University Park (Maryland, États-Unis), à l'âge de 85 ans.

 

Le facteur sonne toujours deux fois


Son premier roman," The Postman Always Rings Twice" , publié à l'âge de 42 ans, a connu un succès spectaculaire. Son milieu sordide, personnages qui cherchent à atteindre leurs fins par la violence, dans un style de prose tendue et rapide. Ce roman sera le modèle d'autres romans de Cain comme Serenade (1937) où il avait osé traiter la bisexualité, Double Indemnity et The Magician " s Wife (1965)


À sa parution en 1934, ce roman reçut de nombreuses critiques élogieuses. Novateur par son écriture concise et rythmée, le livre l'est tout autant par le choix de son sujet. Cette passion banale entre deux êtres communs débouche sur un crime dont les mobiles sont l'argent et le sexe. D'un regard distancié, sans porter le moindre jugement moral sur ses personnages, James Cain met en évidence leurs motivations et montre comment l'obsession de la réussite aboutit au naufrage d'individus fascinés par le rêve américain. Ce récit a donné lieu à nombreuses adaptations cinématographiques, notamment en 1946 avec Lana Turner, puis en 1981, avec Jack Nicholson et Jessica Lange.
Ce roman décrit un beau jeune vagabond chômeur à vingt-quatre ans. Frank Chambers arpente les routes, à la recherche d'un emploi. Il s'arrête à une station-service restaurant. Le patron, Nick Papadakis, qui exploite l'établissement avec son épouse Cora. Après avoir apprécié la beauté de la jeune femme, Frank accepte de rester et devient rapidement son amant. Ils décident de se débarrasser du mari.

 

 


Cora vit aux côtés de Nick qu'elle trouve puant.  Ayant travaillé pendant deux ans dans une cantine de Los Angeles, Cora a gagné un concours de beauté organisé par l'école. Cora réalise que Franck peut lui offrir de nouvelles perspectives. Elle séduit Franck et le décide à l'aider à se débarrasser de Nick en l'assommant avec un sac à sucre chargé de roulements à billes pendant son bain dominical dans la baignoire puis lui plonger la tête sous l'eau, le noyer, se débarrasser du sac, appeler un docteur et faire constater le décès par noyade accidentelle

 

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Le Grec en réchappe avec un traumatisme crânien. Cora et Franck organisent un faux et banal accident de la route. La police mène l'enquête. Franck et Cora répètent entre eux,  plusieurs fois, les réponses qu'ils doivent donner aux enquêteurs, mais ceux-ci les opposent. Franck ne sera pas accusé d'homicide par imprudence, ce sera un accident. En contrepartie, il n'y aura pas de dommages et intérêts. Cora et Franck s'en tirent par un non-lieu. Mais Cora enceinte depuis plusieurs semaines, se sent mal alors qu'elle sort d'une baignade prolongée en mer : Franck l'emmène aux urgences. Paniqué, il roule trop vite et tente un dépassement malheureux : c'est l'accident. Franck en réchappe par miracle, mais Cora est tuée. Franck est condamné pour le meurtre de Cora.
Cain décrit une relation perverse que les personnages entretenaient avec la morale et la religion. Leur intimité est marquée par la profanation. Par exemple, quand

Cora essaie de défendre l'idée que le meurtre de son mari est juste, elle dit :
" Qui va savoir si c'est bon ou pas, sauf toi et moi. "
" Toi et moi ? "
" C'est tout ce qui compte, n'est-ce pas ? "
Ce relativisme est le fondement moral de leur relation. Les deux amants passent leurs temps à discuter comment éviter les soupçons des autorités, tout en restant indifférents à ce qu'ils ont fait. Cora refuse de reconnaître un moral universel en dehors d'elle et de son amant. Le meurtre devient la seule option pour le couple. Le passage final de cette scène se termine sur une note particulièrement intéressante :
" C'est ce que nous allons faire. Embrasse-moi, Frank. Sur la bouche. "
Je l'ai embrassée. Ses yeux brillaient sur moi comme deux étoiles bleues. C'était comme être à l'église.
Cette référence à " être dans l'église " au moment où ils échafaudent leur plan pour tuer Nick est une profanation supplémentaire qui était à l'origine de l'interdiction de ce roman à Boston.
Ils vont rompre leur pacte, se trahissent, " comme des animaux sauvages " quand ils sont jugés pour le meurtre de Nick. Ils sont finalement exonérés grâce à la cupidité de compagnies d'assurance. Ils étaient sur une " montagne " intouchable :
" Regarde-nous maintenant. Nous étions sur une montagne. Nous étions si haut, Frank. Nous avons tout eu, là-bas, cette nuit-là. Je ne savais pas que je pouvais ressentir quelque chose comme ça. Il n'existe que deux personnes dans ce monde. Nous sommes ici ensemble. "
Cora voyait dans l'assignat de son mari, un pacte avec son amant béni par Dieu. Elle continue :
" Dieu nous a embrassés sur le front cette nuit-là. Il nous a donné tout ce que deux personnes peuvent avoir. "

 

facteur sonne deux fois turner

 


Dieu devient la justification de leur bonheur et de leur amour dans l'immédiat après le meurtre dans une vision faussée de tout ordre moral. pendant le procès. Le mal n'a rien à voir avec la mort de Nick, mais avec leur trahison pendant le procès. Le meurtre n'est pas source de tourments psychologiques comme la culpabilité ou la honte. La capacité de Frank et Cora de se défaire de ce genre d'émotions représente l'élément le plus surprenant de ce roman noir.
Comme d'autres œuvres de Caïn, l'histoire suit le cheminement de personnages vers l'autodestruction, motivée par de désirs profonds. La luxure et la cupidité mènent au meurtre. Pas le meurtre organisé, mais désordonné et inefficace de meurtriers sans talents, mais d'une funeste détermination.

 


La sexualité directe dans ce roman était choquante à l'époque, un mélange novateur dans le roman noir entre le sexe banalisé, immoralité et violence. Caïn ne s'éloigna pas de ces thèmes : crime et l'obsession sexuelle abondent dans ses romans.
Cain modernise le genre en sortant les criminels de leurs mondes pour indiquer aux lecteurs que n'importe qui peut être coupable. Le crime devient une entreprise qui implique n'importe quelle personne. Assassins et victimes sont des gens banals. Les enquêteurs aussi.   
Le style narratif de Caïn implique une histoire simple, un triangle d'amour présenté à un rythme rapide. Son économie d'expression dépassait celle des écrivains de son époque. Ses personnages et ses situations exprimaient des thèmes sociologiques et philosophiques nouveaux pour l'époque. Inévitabilité du malheur humain, destructivité du rêve.


Ce premier roman, le facteur sonne toujours deux fois, connaît un succès immédiat après avoir été refusé par deux éditeurs. Un style direct comme celui d'Ernest Hemingway qui offre à ce roman dominé par la violence et le désir sexuel un ton. Pureté de structure, économie de narration, aucune sentimentalité, discussion sur la condition humaine, qui a valu à Caïn un public fidèle et aux USA et en Europe et l'admiration des grands écrivains comme Albert Camus qui déclara s'en être inspiré pour son chef d'œuvre : L'Étranger

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Suzan Minot: Lust (luxure) et relations hommes femmes

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Susan Minot est née à Boston aux États-Unis en 1956, romancière diplômée en 1983 de l'université Columbia en création littéraire.

Lust and Other Stories est un recueil de 12 nouvelles publié en 1988, traitant les relations hommes femmes. Les personnages affrontent les problèmes provoqués par une relation compliquée où un partenaire est plus investi dans la relation que l'autre partenaire. Cet autre partenaire n’est pas mis en évidence dans les nouvelles, il est indifférent, son manque d'intérêt pour la relation est présenté comme un point de discorde dans les récits.

Les nouvelles de ce recueil sont intimes et personnelles. Les personnages sont sympathiques, parfois attachants dans des situations crédibles.

Certaines nouvelles décrivent une ambiance, sans intrigue, d'autres utilisent les pensées ou le flux de conscience à la première ou à la troisième personne. Les nouvelles manquent d'intrigue et de fins. Les actes importants sont décrits comme des généralités, les événements les plus importants de la vie, comme la mort, sont relatés avec distance, de manière détachée.

Les deux nouvelles sont divisées en trois sections. Les premières traitent les relations dans leur premier stade, les suivantes traitent les relations en crise, et les dernières traitent les fins et les conséquences des relations.

Suzan Minot a créé dans sa nouvelle Lust (luxure) un personnage devenu emblématique pour toute une génération dans les pays anglophones.

« Lust» est une histoire profonde qui décrit une adolescente, sans visage et sans nom, qui erre, sexuellement, pendant trois ans, ayant des relations sexuelles avec plus de quinze garçons et plusieurs autres sans nom.
La fille pense qu'elle donne de l'amour aux garçons alors qu'ils sont là pour le plaisir sexuel. La relation de la protagoniste avec les autres personnages de l'histoire fait ressortir son caractère unique, contrairement à son apparence physique.

La narratrice de Lust est adolescente, fréquente une école religieuse située loin de chez elle. Elle est active sexuellement, comme elle décrit :


« Il embrasse ma paume et dirige ma main vers sa braguette » (page6).

 

Ses escapades sexuelles avec différents garçons déterminent l'intrigue de l'histoire. Le lecteur peut deviner son comportement et ses relations, ce qui met en lumière les jeux de pouvoir entre les hommes et les femmes, en particulier lorsqu'il s'agit de sexe.

La narratrice utilise la première et la deuxième personne tout au long de l'histoire. Dans certains cas, elle utilise le « je » lorsqu'elle parle de ses expériences de vie.


« J'avais goûté la langue de Bruce» (page 3),

 

Dans d'autres, elle utilise « vous », qui représente toutes les femmes en général ; par exemple, elle dit :


« Vous commencez à vous sentir comme un morceau de veau pilé» (page 16).

 

La narratrice expose ses rencontres sexuelles, chaque rendez-vous est détaillé comme une liste d'achats émotion. Elle prend ses distances avec ses 15 rencontres sexuelles, en essayant d'imiter le comportement sexuel masculin.

Elle admet que le fait de coucher à droite et à gauche est une chose normale qui ne l'inquiète pas du tout. Elle révèle plus tard ses craintes en avouant :


« Le lendemain, on est dans un brouillard total, on délire, on est distrait, on traverse le stress et on manque de se faire écraser» (page 10).

 

Malgré l'intention de garder ses distances, la narratrice entre subtilement dans l'autoréflexion. Le ton devient honnête révélant sa douleur et sa solitude.

Elle poursuit en disant que pour un garçon, coucher avec plusieurs filles est une bonne chose, alors que pour une fille, c'est un mauvais présage. Ce n'est qu'à la fin de l'histoire que la narratrice fait ressortir ses peurs et ses inquiétudes.

La narratrice met en évidence le détachement émotionnel du personnage principal vis-à-vis des figures d'autorité, comme ses parents. Il n'existe aucun lien émotionnel entre elle et ses parents.

Elle écrit :

 

« Mes parents n'avaient aucune idée... les parents ne savent jamais vraiment ce qui se passe, surtout quand vous êtes à l'école la plupart du temps » (page 5).

 

Ses parents l'ont inscrite dans un pensionnat éloigné pour ne pas faire face aux problèmes provoqués par leur fille adolescente. Savoir que sa famille n'est pas dans le coin lui permet d'avoir toute liberté d’action.

Le médecin de l'école donnait aux élèves la pilule d'urgence sans poser de questions comme le note la narratrice :


« La blague était que le médecin de l'école donnait la pilule comme de l'aspirine » (page 8).

 

La plupart des filles de l'école utilisent la pilule, pour prévenir les grossesses non désirées lorsqu'elles s'engagent dans des escapades sexuelles. Elle pouvait prendre la pilule le matin, juste avant de se rendre à la chapelle de l'école.

La narratrice montre que même si elle voulait mettre fin à son comportement, elle ne trouvera ni soutient ni conseils. La directrice de l'internat Mme Gunther ne fournit aucune instruction sur la vie sexuelle des adolescentes, et préfère formuler des conseils sur les façons de trouver le véritable amour, car elle était tombée amoureuse de son seul petit ami, M. Gunther, avant de se marier avec lui

La narratrice n'a pas confiance en elle-même, elle se sent faible avec les hommes qu'elle fréquente, obligée de dire oui aux avances sexuelles.


Elle admet :


« Donc, si vous flirtiez, vous deviez être prête à aller jusqu'au bout » (page 9).

 

Elle déclare ensuite que les garçons se mettaient en colère si une fille refuse de céder aux avances sexuelles. Minot dessine un personnage comme quelqu'un qui souffre d’une faible estime de soi, qui se déguise en faisant la fête, en buvant l'alcool ou prenant des drogues.

C'est un personnage social, extraverti, agréable à côtoyer, mais en réalité, elle est fragile. Elle est consciente de son comportement problématique, et de ses conséquences :


« Après le sexe, vous vous recroquevillez comme une crevette, quelque chose de profond en vous est détruit » (page 16).

« Je pensais que la pire chose qu'on pouvait dire de vous était un suceuse de bites» (page 9).

 

Minot décrit les difficultés des jeunes filles occidentales à l'adolescence, en raison de la pression exercée sur elle par la société, par les garçons et par les autres filles.
Elle montre comment les filles cèdent aux avances sexuelles des garçons au début de leur apprentissage, avant de distinguer l'amour du sexe :


« on ouvre ses jambes, mais on ne peut pas, ou on n'ose plus, ouvrir son cœur » (page 17).

 

« Lust» se concentre sur la difficulté des jeunes de la société moderne à nouer des relations saines.
L'adolescente parle principalement des hommes qu'elle rencontrait plutôt que de se concentrer sur ses propres pensées et sentiments.
Elle décrit une rencontre sexuelle avec un personnage nommé Roger. Elle dit :


« Roger était rapide. Dans sa voiture,  la radio retentissait, parlant vite, vite, vite. Il recherchait toujours ma fermeture éclair. Il a été expulsé de sa deuxième année » (page17).

 

Au début, on a l'impression qu'elle se vante, mais de temps en temps, elle glisse des commentaires tels que :


« À la seconde où un garçon a mis son bras autour de moi, j'ai oublié de vouloir faire quoi que ce soit d'autre, ce qui a d'abord été un soulagement jusqu'à ce que cela devienne comme s'enfoncer dans la boue (page 6) ».

« Vous distinguez la forme floue des fenêtres et vous vous sentez devenir une grotte, absolument remplie d'air, ou d'une tristesse qui ne voulait pas s'arrêter (page 6) ",

« Si vous sortez avec eux, vous devez en quelque sorte faire quelque chose (page 6) ».

L'adolescente reçoit une satisfaction émotionnelle temporaire, mais comme elle le dit :


« Mais alors vous commenceriez à vous échapper et l'obscurité entrerait et il y aurait une caverne » (page 7).

 

Cette référence de caverne est la réalisation qu'elle n'est rien de plus qu'un objet, que sa place avec ces garçons n'est rien ; ils la voient comme un objet sexuel.

 

 "...Tout se remplit finalement de mort. Après la vivacité de l'amour, l'amour s'arrête... tu ne demandes même pas quelque chose ou tu n'essaies pas de lui dire quelque chose parce que c'est évidemment ta propre foutue faute. »
« Tu es partie. Leur regard vide vous dit que la fille qu'ils baisaient n'est plus là. On dirait que tu as disparu (11). »

 

Minot décrit brièvement les actes sexuels des filles avec chaque garçon.


« Vous feriez des promenades pour sortir du campus. Il pleuvait comme un enfer, mon pull trempé comme un mouton mouillé. Tim m'a serrée contre un arbre, les bois bruns clair et brun foncés, une maison blanche à moitié cachée avec des lumières déjà allumées. L'eau était aussi bruyante qu'un sifflement de foule. Il a fait certains commentaires sur mon front, sur mes joues. »

 

Dans un autre passage, elle passe la nuit avec un homme trop timide pour faire des avances jusqu'à ce que, lorsqu'ils s'endorment, il met son bras autour d'elle, et c'est tout. Un autre passage décrit une romance lors d'un voyage en camping, les sacs de couchage étant fermés ensemble. Dans une autre section, notre protagoniste parle sans détour de tous les types de pénis qu'elle a vus, en remarquant :


« Tim a la forme d'une banane, avec une courbe gracieuse. Ils sont tous différents. Willie est comme un tas de noix quand il ne se passe rien, un autre est aussi mince qu'un hot-dog mince. Mais c'est comme des visages ; on n'est jamais vraiment surpris ».

C'est à travers ces différentes histoires, qui font partie de la même histoire, que « Lust» progresse. Il se termine à un endroit différent de celui où il a commencé.

 

Technique de Suzan minot

Suzan minot utilise un langage précis, bien maîtrisé, minimaliste, préférant les mots simples et les phrases courtes. Les nouvelles sont atypiques, manquent de nombreux éléments de la fiction traditionnelle comme le développement des personnages, la description des lieux, ou l'évolution de l'intrigue.

Cette écriture minimaliste est devenue dans une certaine mesure un modèle stylistique courant dans la fiction courte américaine moderne.
Ce texte de Minot demeure populaire, il témoigne du dénigrement émotionnel que les femmes subissent malgré les progrès de la condition féminine.

 

Les années 80

C’est une nouvelle des années 80. À notre époque, la sexualité féminine est plus libre, moins stigmatisée, de même que la contraception.
Par contre, ce texte de Minot relate une autre vérité sur la différence entre l’amour et le sexe:


« C'est comme si un pétale était arraché à chaque fois. »

 

Les années de libérations sexuelles n’ont pas changé les règles de l’attirance, du désir sexuel. Les besoins sexuels des femmes ne sont pas toujours satisfaits dans un comportement sexuel féminin qui copie le comportement masculin. La liberté sexuelle devrait être modérée par la conscience, par identifier ses réels besoins.
Cette histoire traite du silence et le manque de respect, implicite et explicite ressenti par certaines femmes dans leurs relations amoureuses avec les hommes. Minot ne parle pas des hommes, n’explique pas leurs motivations ou leurs difficultés. Elle se concentre sur les femmes.
Dans ce sens, c’est un texte féministe des années 80 qui garde son intérêt pour comprendre le point de vue féminin des ces années sur les relations sexuelles.

 

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Arthur Miller : all my sons, Ils étaient tous mes fils

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Le dramaturge Arthur Miller est né en 1915 et mort en 2005. Ses pièces célèbres : Ils étaient tous mes fils (All My Sons), Mort d’un commis voyageur (Death of a Salesman), Les Sorcières de Salem (The Crucible) sont devenues des textes classiques

Grand nom du théâtre et du cinéma américain, auteur de pièces toujours jouées dans le monde entier, Arthur Miller décrit une Amérique déchirée entre l’exigence d’efficacité et de rentabilité, le matérialisme effréné, l’espérance de liberté, le conflit entre homme et femme, la famille, la loyauté, le mal : tels sont, parmi tant d’autres, les thèmes de son œuvre, ancrée dans la modernité.
Arthur Miller est un dramaturge américain majeur, qui a remporté de nombreux prix comme le prix Pulitzer.

 

 

 

Résume de la pièce « ils étaient tous mes fils » (all my sons)


Joe et Kate Keller ont eu deux fils, Chris et Larry. M. Keller possède une usine de fabrication métallurgique avec Steve Deever, et leurs familles sont proches. La fille de Steve, Ann était la petite amie de Larry. Quand la guerre est arrivée, les garçons Keller et George frère d’Ann ont été enrôlés.
Pendant la guerre, l’usine de Keller et Deever obtient un contrat très rentable avec l’armée américaine, fournissant des pièces d’avion. Un matin, des pièces défectueuses sont produites et prêtes à être livrées. Sous la pression de l’armée à maintenir la production, Steve Deever appelle Keller chez lui ce matin-là, pour lui demander ce qu’il devait faire. Keller lui recommande de souder les fissures des pièces et de les expédier. Keller a déclaré plus tard qu’il avait la grippe et qu’il ne pouvait pas travailler ce jour-là. Steve a expédié lui-même les pièces défectueuses et réparées sommairement.
Plus tard, on découvre que les pièces défectueuses avaient causé le crash de vingt et un avions et la mort de leurs pilotes. Steve et Keller ont été arrêtés et condamnés, Keller a réussi à gagner en appel et à faire annuler sa condamnation. Il a affirmé que Steve ne l’avait pas prévenu ni appelé et qu’il n’était absolument pas au courant de l’envoi. Keller rentre chez lui libre, tandis que Steve est resté en prison, méprisé par sa famille.
Pendant ce temps, Larry a été informé de la première condamnation. Rongé par la honte et le chagrin, il écrit une lettre à Ann lui disant qu’elle ne devait pas l’attendre. Larry est ensuite parti en une mission, au cours de laquelle il a écrasé son avion. Et Larry est porté disparu.
Trois ans plus tard, l’action de la pièce commence. Chris a invité Ann à la maison Keller. Ils sont restés en contact au cours des dernières années quand Ann vivait à New York. Ils doivent faire attention, car la Mère de Chris insiste sur le fait que Larry est toujours en vie. Sa conviction est renforcée par le fait que l’arbre commémoratif de Larry a explosé dans une tempête ce matin-là, ce qu’elle considère comme un signe positif. Sa superstition l’a également amenée à demander au voisin de faire l’horoscope de Larry afin de déterminer si le jour de sa disparition était un jour astrologiquement favorable. Tout le monde a accepté que la disparition de Larry, sauf elle. La Mère exige de son mari qu’il croie que Larry soit encore vivant.


Le frère d’Ann, George, arrive pour arrêter le mariage entre Ann et Chris. Il était allé rendre visite à son père Steve en prison pour lui dire que sa fille allait se marier, puis il est parti convaincu que son père était innocent. Il accuse Keller. George écoute Keller encore une fois et se rappelle l’amitié de leurs deux familles. Mais Mme Keller dit accidentellement que son mari n’a pas jamais été une seule fois malade depuis quinze ans. Keller essaie de couvrir ce lapsus en ajoutant « à l’exception de sa grippe pendant la guerre », mais il est trop tard. George est certain de la culpabilité de Keller.


La confiance de Chris dans l’innocence de son père est ébranlée. Lors d’une confrontation avec ses parents, la mère lui dit qu’il doit continuer à croire que Larry est vivant. Si Larry est mort, affirme la Mère, cela signifie que Keller l’a tué en expédiant ces pièces défectueuses. Chris crie sa colère à son père, l’accusant d’être inhumain et meurtrier.
Chris dévasté s’enfuit pour éviter une deuxième confrontation avec son père. La mère dit à son mari qu’il devrait avouer, se porter volontaire pour aller en prison, si Chris le décide. Elle parle à Ann, lui dit qu’elle devrait attendre Larry et ne pas se marier. Ann est forcée de montrer la lettre que Larry lui a écrite avant sa mort, où il annonce son intention de se suicider. La lettre confirme la conviction de la Mère que si Larry est mort, alors son mari est responsable, non pas parce que l’avion de Larry avait des pièces défectueuses, mais parce que Larry s’est suicidé en réponse à la responsabilité familiale et à la honte due aux pièces défectueuses.


La mère supplie Ann de ne pas montrer la lettre ni à son mari ni à son fils, mais Ann n’obéit pas. Chris revient et dit qu’il n’enverra pas son père en prison, parce que cela n’apporterait rien. Il dit qu’il va partir sans Ann, car il craint qu’elle ne lui demande un jour de dénoncer son propre père aux autorités.
Keller entre pendant que la mère tente d’empêcher Chris de lire la lettre de Larry à haute voix. Keller comprend enfin qu’aux yeux de Larry, tous les pilotes morts étaient ses fils. Keller dit qu’il va chercher sa veste, pour se rendre et aller en prison. Un instant plus tard, un coup de feu se fait entendre. Keller s’est suicidé.

 

 

 

Ils étaient tous mes fils : analyses rapides


All My Sons est une pièce qui affronte l’histoire américaine de la réussite, du rêve américain à n’importe quel prix et la dévastation du succès qui détruit tout y compris les humains et les relations. Cette pièce traite du pouvoir, de la famille, du rêve américain, de l’argent, et des limites de l’individualisme. Ils étaient tous mes fils (All My Sons) est une pièce de théâtre écrite par Arthur Miller en 1947.
Avec cette pièce, Miller s’est imposé comme un dramaturge américain majeur du 20e siècle, comme une voix critique de la conscience.
La pièce est une étude sur l’échec de la famille, sur la responsabilité sociale, sur la responsabilité morale.
C’est une pièce importante, remarquable par la rigueur de sa structure et par l’honnêteté avec laquelle elle aborde le problème de l’action de l’homme dans le monde moderne.
Dans certaines études, on la décrit comme une pièce ibsénienne. La méthode d’Ibsen consiste à montrer d’abord une scène domestique ordinaire, dans laquelle, par infiltration progressive, le crime et la culpabilité pénètrent et s’accumulent jusqu’à l’éruption critique.
Ce processus de cette infiltration destructrice est soigneusement élaboré par Miller pour mettre en lumière les conséquences et la culpabilité.

Le drame réaliste de Miller, All My Sons, implique son concept fondamental de responsabilité morale au sein de la famille, en le reliant à la lutte intérieure.
La famille, pendant la guerre.
À travers le cas d’un dirigeant qui a permis que des pièces d’avion défectueuses soient envoyées à l’armée plutôt que de ruiner son entreprise et de perdre un contrat, le dramaturge a cherché à montrer les conséquences d’un acte justifié par l’amour de son entreprise, et du bien-être matériel de sa famille.

Miller est connu pour la qualité de ses dialogues. Il n’y a pas beaucoup de poésie dans la langue, mais un ton naturel de gens ordinaires.

Joe Keller était un profiteur de guerre, avec son associé Steve Deever, il a créé sa propre entreprise pour expédier des cylindres pour les avions de chasse. Steve Deever, père d’Ann Deever (fiancée à Chris, le fils de Joe) est en prison, après avoir été reconnu coupable d’avoir expédié des pièces défectueuses pour des avions de chasse, ce qui a entraîné la mort de 21 pilotes. Les pièces ont été expédiées en l’absence de Joe Keller, qui était malade et en congé ce jour-là. Son associé Steve affirma qu’il avait expédié les cylindres sur les ordres de Joe lors d’un appel téléphonique.

Lorsque George (le fils de Steve) va à sa rencontre pour lui parler du mariage d’Ann et de Chris, Steve Deever affirme encore une fois à son fils qu’il est innocent. Cela suscite des sentiments de malaise et de suspicion dans l’esprit de George, devenu avocat.
Ann montre à Kate la dernière lettre de Larry. Chris condamne le comportement de son père. Chris lit à haute voix la lettre de Larry et Joe apprend que son acte a poussé Larry à se suicider. Acceptant enfin le fardeau de sa culpabilité, Joe se tue.

Chris s’impatiente avec son père : « Tu n’as pas de pays ? Tu ne vis pas dans le monde ? Qu’est-ce que tu es ? Tu n’es même pas un animal, aucun animal ne tue le sien, qu’est-ce que tu es ? »

 

Arthur Miller a délibérément essayé de destiner cette pièce à un large public.
Il était préoccupé par la relation entre l’individu et les grandes forces de la politique et de l’industrie.
L’écriture d’Arthur Miller dans All My Sons témoigne d’un respect pour les grandes tragédies grecques. Dans ces pièces, le héros commet une faute, souvent à son insu, faute qui revient le hanter, parfois de nombreuses années plus tard. Le protagoniste se rend compte de sa faute et en souffre, voire en meurt.

L’action d’All My Sons se déroule en vingt-quatre heures. Ann Deever, la fille du condamné Steve Deever, peut être comparée à un messager, car la lettre qu’elle apporte est une preuve de la mort de Larry.
Kate, la femme de Joe, mi-émue, mi-terrifiée, annonce : « Tout ce qui s’est passé semble revenir ».
Chez Miller comme chez Ibsen, le présent interroge le passé et le passé infiltrant le présent progressivement.

 

 

 

Une pièce de gens ordinaires


Contrairement aux tragédies grecques et shakespeariennes, il ne s’agit pas de question de loyauté ou de pouvoir. Arthur Miller qualifie la pièce de « tragédie de l’homme ordinaire », de la même manière que les fantômes d’Ibsen (Miller était un grand fan d’Ibsen). Les deux auteurs utilisent la famille nucléaire pour explorer des problèmes sociaux beaucoup plus importants. Dans All My Sons, Miller enquête sur la myopie de la classe moyenne à travers l’histoire de Joe Keller.

Joe semble avoir réalisé le rêve américain. Selon lui, ses seules réalisations sont ses fils et son entreprise. Il a lutté et a nourri l’entreprise pendant la Grande Dépression, puis l’a bâtie pendant la guerre. Mais le seul but de son travail a été de bien faire vivre sa famille et de faire un cadeau à ses fils. Joe a déjà perdu un de ses garçons pendant la guerre et donc, pour Joe Keller, tout dépend de Chris.

On peut voir Joe Keller comme diabolique, même si le public doit ressentir une certaine sympathie pour lui. Il a fait ce qu’il fallait pour protéger sa famille et les années investies dans l’entreprise. À la fin de la pièce, Joe Keller se révèle un homme cynique qui ment, triche, échappe à ses responsabilités, joue la victime et détruit la vie des autres, afin de se protéger et protéger l’argent qu’il transmettra à ses fils.

Miller laisse ouverte la question de savoir pourquoi Keller se tue.
Il aurait pu se suicider à cause de son angoisse d’être la cause de la mort de son fils Larry. Il aurait pu se suicider parce que ses deux fils ont rejeté sa vision de la vie. Joe aurait pu se suicider parce qu’il ne pouvait pas souffrir de la honte et de la perte de son statut. Il aurait pu se suicider parce qu’il a réalisé l’énormité de son crime. Ou cela aurait pu être une combinaison de tous ces facteurs empilés les uns sur les autres.

L’insistance de la mère sur le fait que Larry est vivant reflète sa conviction que Larry ne peut pas être mort, car si Larry est mort à la guerre, il y a un lien entre le crime de Joe et la mort de Larry. Elle a ressenti cela avant de connaître le suicide de Larry. D’une manière intuitive, la mère comprend que si la guerre peut toucher sa famille et emporter son fils, les gens ont la responsabilité, envers la société au sens large, d’agir de manière éthique afin que cela arrive le moins possible. Et en acceptant le crime de Joe, elle abandonne son fils.

La meilleure façon de comprendre le personnage de la mère est d’analyser ses conflits psychologiques. Elle est liée à son mari par amour, et complice de son crime. À plusieurs moments de la pièce, elle aide son mari. En même temps, Kate déteste Joe pour son crime et elle se déteste pour sa complicité en l’aidant à s’en sortir. Elle sait que Larry est mort, une partie d’elle se déteste, et méprise son mari et l’autre a besoin de pleurer son fils mort. Elle peut pleurer pour son fils et mettre sa mémoire au repos.

Arthur Miller a qualifié la mère d’une force sinistre et puissante dans la pièce, une femme utilisant la vérité comme une arme contre un homme qui a fait du mal à leur fils. La mère est un personnage tragique, qui à la fin de la pièce, est obligé de reconnaître la mort de Larry.

Comme suggérée précédemment, la mère joue le rôle du chœur dans cette tragédie. Regardez l’Acte III, page 150, « . . . Asseyez-vous, arrêtez d’être fou. Tu veux vivre ? Tu ferais mieux de comprendre ta vie. C’est une autre double affirmation, car elle montre qu’elle se soucie de l’homme dont la relation avec son fils, relation la plus importante de sa vie, vient d’être détruire. Cela préfigure également ce qui arrivera à Joe.

Le fils chéri Chris Keller est plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Il a trente-deux ans, solidement bâti, un homme capable d’une immense affection et loyauté. Chris est un homme bien et un bon fils. Il pense toujours au meilleur des gens. Quand la pièce commence, Joe est le héros de Chris. Après avoir appris la culpabilité de son père, Chris dit à Joe : “Je sais que tu n’es pas pire que la plupart des hommes, mais je pensais que tu étais meilleur. Je ne t’ai jamais vu comme un homme. Je t’ai vu comme mon père”. (Acte III)

Chris a toujours soupçonné que son père était coupable, mais l’a ignoré. Son amour pour son père l’empêche de décider. La rage de Chris contre son père est en partie dirigée contre lui-même pour avoir trahi la mémoire des hommes morts à la guerre.

Certains critiques considèrent Chris Keller comme le héros tragique de la pièce. Son défaut serait son incapacité à reconnaître la vérité quand il la voit. Il devient un hypocrite et perd son père. Dans cette pièce, Chris a perdu son innocence et a appris à connaître son père comme un homme imparfait.

Ann représente ce qui est gracieux dans la vie. Elle est la beauté dans la vie que les enfants Keller, Larry et Chris, recherchent. Ann représente la “nouvelle femme”. Elle est indépendante, volontaire et brillante.

La présentation des femmes par Miller dans “All My Sons” est montrée à travers la relation entre Kate et Ann. Kate, contrôle, exerce son pouvoir sur Ann, et la manipule. Elle veut s’accrocher au passé, car elle a peur d’oublier son fils Larry. Ann la jeune génération est l’avenir.

Le passé et le futur divisent Kate et Ann. Dans le passé, Larry est mort, mais Kate croit qu’il est toujours vivant. Quant au futur, Ann doit aller de l’avant et épouser Chris. Kate et Ann sont les victimes de la famille Keller. Ces deux femmes cherchent à survivre dans un monde de conflits entre hommes à la réalisation de la réussite et du rêve américain.

Ann, comme Kate, est présentée comme une personne sans méchanceté et sans sentiment de fragilité. La relation entre Kate et Ann commence à devenir tendue, car leurs personnalités et leurs émotions s’opposent, alors que la vérité sur Joe commence à surgir. Miller est intelligent, il présente des individus forts et à l’esprit opposé, à une époque où les femmes subissent les conséquences de la guerre.

 

 

 

 

Références


Raymond Williams, Drama From Ibsen to Bretch (London: Chatta and Windows,
1968) 268.
C.W.E. Christopher Bigsby ed., Arthur Miller’s All My Sons : A Drama in three Acts
(NY : Penguin Classics 1971) 9.
Robert A. Martin, ed., “Introduction” Arthur Miller : New Perspectives. (Prentice Hall
Inc., 1982) 34.
Samuel York’s. Modern Critical Interpretations. : Arthur Miller’s All My Sons ed.,
Harold Bloom. (New York : Chelsea House Publishers, 1988)
Harold Clurman, “Thesis and Drama” Modern Critical Interpretations. : Arthur Miller’s
All My Sons ed., Harold Bloom. (New York : Chelsea House Publishers, 1988)

 

 

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Émilie Dickinson série, la poésie en images

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Émilie est une poétesse américaine du début du siècle (1830- 1886), un personnage qui serait resté oublié sans la publication de ces textes retrouvés par hasard et qui révélèrent une grande valeur poétique. Dickinson, la femme aux 1775 poèmes, dont à peine une dizaine de poèmes seront publiés de son vivant, est une véritable légende, une institution américaine. Tous les lycéens anglophones, surtout américains et canadiens connaissent ses poèmes à travers leurs manuels scolaires.


La poésie d'Emily Dickinson a intrigué et captivé des générations depuis sa mort en 1886. Les poèmes d'Emily Dickinson couvrent un large éventail de sujets. Elle est considérée comme une poète innovante et pré-moderniste. Ses poèmes sont uniques, contiennent des lignes courtes, manquent de titres et utilisent souvent des rimes obliques ainsi que des majuscules et des signes de ponctuation non conventionnels. Beaucoup de ses poèmes traitent des thèmes de la vie et l'immortalité, deux sujets récurrents dans les lettres à ses amis.


Cette femme vécut toute sa vie dans la petite ville d’Amherst (Nouvelle-Angleterre) dans une communauté protestante peu ouverte sur le monde extérieur. Elle passa sa vie entre son père, un homme autoritaire et sa mère invalide dont il fallait s'occuper. Elle finit par réduire sa vie sociale à sa correspondance à ses amis refusant de recevoir des visites.
Emily se décrit elle-même comme une femme sensible, pleine de vie, spontanée et parfois éruptive.


« Et quand je souris, une lumière aussi cordiale
luit sur la vallée
que c'est comme si le visage du Vésuve
laisser sourdre son plaisir »

Elle sera en opposition à son père, à la religion puritaine et à son milieu social.
Elle écrivait des lettres et des poèmes pour elle-même et de ce fait elle était libre et voyait la vie avec lucidité et profondeur.


« L'espoir porte un costume de plumes, se penche dans l'âme et chante inlassablement un air sans paroles. Mais c'est dans la tempête que son air est le plus doux. »

Les poèmes d'Emily Dickinson ont été qualifiés de métaphysiques, philosophiques. On a inventé de nombreuses formules pour décrire son style de pensée : ses ellipses cryptiques, sa compression, ses sujets énigmatiques, ses centres absents et son abstraction.


Il y a une autre qualité qui est tout aussi intrinsèque à ses vers, et c'est l'invention par Dickinson de structures poétiques qui imitent la structure de la vie telle qu'elle la conçoit à chaque instant.


Elle écrivait chaque jour au gré de son humeur devant sa fenêtre sur la nature, l’amour, la vie, la mort ou l'immortalité. Cet isolement fournit une approche de méditation sur le monde et sur soi même.


« Ce monde n'est pas conclusion
Un ordre existe au-delà -
Invisible, comme la musique
Mais réel, comme le son
Il attire, et il égare »


Vivant dans une communauté religieuse rigoureuse, et au sein d’un milieu familial bourgeois (son père fut représentant à la chambre) elle refusa la vision du monde imposée par la religion avec un scepticisme moderne pour l'époque et pour son entourage.
Elle publia anonymement quelques poèmes mais son style avec majuscules et tirets, jugé peu conventionnel, déconcerta les lecteurs.

"La Nuit est mon Jour préféré - j'aime tant le silence - et je ne parle pas d'une simple trêve (cessation) du Bruit - mais de ceux qui parlent de rien à longueur de journée et prennent cela pour de l'allégresse..."


Elle écrivit sur la mort, elle perdit de nombreuses personnes de son entourage de maladie, notamment la tuberculose sévissait à l’époque et pendant la guerre civile de sécession. Elle ne voyait pas la mort comme une fin.

« J’étais morte pour la Beauté – mais à peine
M’avait-on couchée dans la Tombe
Qu’un Autre – mort pour la Vérité
Etait déposé dans la Chambre d’à côté –
Tout bas il m’a demandé « Pourquoi es-tu morte ? »
« Pour la Beauté », ai-je répliqué
« Et moi – pour la Vérité – C’est Pareil –
Nous sommes frère et sœur », a-t-Il ajouté –
Alors, comme Parents qui se retrouvent la Nuit –
Nous avons bavardé d’une Chambre à l’autre –
Puis la Mousse a gagné nos lèvres –
Et recouvert – nos noms -»

 

emily dickinson  serie


Série Émilie Dickinson Apple TV


Il fallait oser, s'attaquer au monument que représente Emily Dickinson, et parler de la poésie, en ajoutant une dose de comédie et de musique, il faut une sacrée dose d'audace pour filmer le mythe de la poétesse, caricaturée en vieille fille recluse. La biographie de Dickinson relate une autre vie, de création, de méditation et de rébellions contre son milieu social, et contre dogme de l'Église calviniste.


La série, créée par Alena Smith, se déroule dans et autour de la maison de la famille Dickinson à Amherst au milieu du 19e siècle. Emily est une adolescente, irritée par le refus d'Edward de la laisser publier sa poésie, et sa mère (également nommée Emily, interprétée par Jane Krakowski) la poussant à maîtriser les tâches ménagères comme sœur Lavinia (Anna Baryshnikov), tandis que leur frère Austin (Adrian Blake Enscoe) s'en tire avec tout.


Cette série nous parle de sa vie entre ses parents, son frère Austen et sa sœur Vinnie.
Elle nous montre comment elle s’affirmera une grande poétesse malgré l'absence de public, de notoriété car la plupart de ces nombreux textes et poèmes (1700) ne seront publiés qu'après sa mort.

 

 


La série d’Apple TV, tente d’expliquer le génie souvent incompris d’Emily, la première saison insiste l’enfance, sur l’opposition au père et sur la relation avec sa belle soeur et amie intime Sue.


On se doute que l’Emily imaginée et interprétée par la jeune actrice Hailee Steinfeld est loin de l’Emily originale mais le but est de transmettre ce qu’elle exprimait dans ses textes.


A sa sortie, la série essuie de nombreuses critiques surtout pour la première saison où les anachronismes choquent les littéraires et les fans de la poète. La relation supposée intime avec son amie Sue est longuement exposée.
Par ailleurs certains épisodes manquent de rythme laissant le spectateur dubitatif sur les intentions du réalisateur.

Alena Smith la réalisatrice nous expose une Emily adolescente rebelle et fantasque incomprise de sa propre famille dans un environnement léger et plein de gaiété. L’actrice, Hailee Steinfeld qui a joué dans le film New York melody, réinvente une Emily à la fois sauvage et exaltée.


Dans la deuxième saison, la réalisatrice améliore le scénario et ce sont des épisodes rythmés, plus joyeux, musicaux autour de ses textes. Chaque épisode présente un thème, Emily à l’opéra, se rend à un concours de pâtisserie, Emily en cure thermale, Emily rencontre le directeur du Journal etc. En cela, «Dickinson» a choisi de ne pas changer, en soi, mais d'approfondir. Si la saison 1 était prometteuse, mais inégale, la saison 2 est divertissante, mais inégale.


Au début de la saison 2, Emily se sent découragée, Sue - son ancienne amie intime, puis belle-sœur la pousse à élargir son champ de lecture et à poursuivre la publication de poèmes via un journaliste prometteur Samuel. Le frère d'Emily (mari de Sue) Austin cherche un sens à sa vie de jeune marié, la sœur Lavinia repousse l'hypothèse qu'elle se mariera bientôt et réévalue sa vie. Le changement est à l'horizon pour tous, et pas seulement parce qu'une guerre civile se prépare dans le sud.

 

 


Chaque épisode s’ingénie, à présenter un poème, et son contexte d’une façon joyeuse, comique, musicale et pleine de charme. Cette série cible la jeunesse, et les excentricités qui s’y rattachent, affichant l’opposition des jeunes aux aînés rigides et gardiens des mœurs, et fait découvrir d’une manière joyeuse, l’art la poésie dont la valeur s’est un peu perdue ; seuls quelques chanteurs et mélodistes nous en rappellent parfois l’existence si précieuse et en même temps si douce à nos oreilles et à notre esprit.


Malgré ses défauts, «Dickinson» a du charme à revendre. C'est inégal, oui, mais la série mérite l’attention par son univers délicieusement bizarre. Nous entrons dans le monde d’Emilie qui n’aimait ni la célébrité, ni les louanges.


«J'habite le Possible-
Maison plus belle que la Prose-
Aux plus nombreuses Fenêtres-
Et mieux pourvue -en Portes-»

 

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