Notre communication de chaque jour

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La communication est la transmission par les moyens disponibles (verbaux ou non verbaux) d’un ou de plusieurs messages dans des buts variés.

 

 

La communication

Nous communiquons dès de la naissance. Le cri d’un bébé informe sur son état ou sur ses besoins : il a faim, il a mal ou il est tout simplement de mauvaise humeur.
Durant nos vies, nous consacrerons une quantité considérable de notre temps à communiquer, pour assurer nos besoins et nos réussites, pour séduire, pour convaincre, pour travailler, pour réussir, et pour se faire aimer. La communication humaine englobe un ensemble de moyens et de comportements pour accomplir ces buts au sein de groupe, au sein de la famille, et dans la société.
Les buts primaires de la communication humaine sont indispensables pour la survie humaine dans le groupe : exprimer l’affiliation et l’appartenance à un groupe, et influencer les autres.

 

La communication chez les enfants : modèle rudimentaire


Chez les enfants, le modèle de communication est rudimentaire et efficace. Nous utilisons ce modèle pendant toute notre vie, ajoutant des variations pour rendre ce modèle plus sophistiqué.
Le modèle de communication enfantine repose sur la communication non verbale, pendant quelques années, puis s’enrichit progressivement par la communication verbale. Les gestes deviennent chez l’enfant un moyen de communication non verbale essentielle, il utilise son corps, ses doigts, sa tête, et ses expressions faciales pour communiquer ses besoins et ses émotions. Les enfants en bas âge développent un comportement adaptatif selon les personnes en face, l’enfant communique plus avec sa mère qu’avec les autres, communique différemment avec sa mère, qu’avec les autres membres de sa famille.

Le modèle de communication enfantine se caractérise aussi par l’absence de frontière, c’est une communication tous azimuts, au-delà des conventions sociales qui régissent le comportement des adultes.

Le modèle de communication enfantine est rudimentaire exprime les émotions avec le corps, par un gestuel riche. Cette communication devient plus austère chez les adultes, qui évitent l’utilisation du corps dans la communication pour éviter la confusion entre communication et excitation.

Le modèle de communication enfantine utilise généreusement les expressions faciales pour exprimer les émotions.
La communication enfantine s’enrichit progressivement grâce aux fonctions cognitives (fonction de réflexion et de décision) et par l’apprentissage de la communication orale. Cependant ce modèle de communication enfantine est le premier modèle que nous apprenons pour transmettre nos besoins et nos messages.

 

Une communication efficace


- Parler signifie une communication efficace ? La réponse est non. La parole est un moyen parmi d’autres pour transmettre les informations et les messages. La communication par la parole n’est pas une garantie d’une efficacité. Qui d’entre nous ne se souvient pas d’un professeur ennuyeux, incapable, désorganisé, qui finissait toujours par endormir la moitié des élèves ? Pour communiquer efficacement, nous devons avoir des idées claires à communiquer, en utilisant les autres moyens comme le silence, l’écoute, et d’autres moyens que les mots.

- Les mouvements du corps, appelés parfois langage du corps sont-ils un vrai langage ? assurent-ils une vraie communication ? La communication non verbale est importante, utile pour la transmission des idées et des messages. Par contre s’il existe un lien réel entre le mouvement du corps et la communication, ces mouvements ne sont pas un langage, car ils varient d’une culture à une autre, d’une personne à une autre, et peuvent être interprétés différemment. Ainsi le terme langage du corps est imprécis et abusif.
- Le contrôle est-il nécessaire pour mieux communiquer ?

Garder son sang-froid, avoir une économie de gestes de parole peut aider à mieux communiquer, sans garantir le résultat. L’essentiel dans la communication réside dans le message, et pas seulement dans les moyens de transmission.

- Les gens qui communiquent bien ont un talent de communication ? C’est une idée fausse. À la naissance, nous avons le même modèle de communication rudimentaire, celui que nous avons utilisé quand nous étions enfants en bas âge. Les gens qui communiquent bien ont appris à communiquer, parfois dans leur milieu familial, mais ils ont amélioré leurs modèles de communication à travers leur apprentissage et expérience.

- Maîtriser la parole est plus utile en communication que la recherche de l’écoute ? C’est encore une fausse idée. Si un arbre tombe dans les bois ? Personne n’est là pour l’entendre, il fait du bruit ? La parole est un moyen important dans la communication à condition d’être reçu. L’écoute fait partie de la communication. Pour bien communiquer, il ne suffit pas de parler, il ne suffit pas de chercher l’écoute, il est important de se souvenir que la communication est un chemin bidirectionnel, c’est parler, écouter, et d’être écouté.

 

Communication humaine : ses buts

La communication humaine est une fonction de survie, indispensable dans les relations de société, et dans les relations interpersonnelles. La communication humaine n’est pas gratuite, elle vise globalement les mêmes objectifs.

 

 

- Exprimer l’appartenance, exprimer les émotions

Pour appartenir à un couple, à un groupe, chaque humain est invité à exprimer, à sa façon, ses émotions d’appartenance. Exprimer son amour à son conjoint, comme exprimer son respect, ou alternativement son mépris ou sa haine. Ce continuum entre un amour et haine est le fondement des relations humaines. (Wiemann, 2009).

L’appartenance est indispensable pour la vie humaine, car chaque personne souhaite être aimée, désirée, et respectée. L’appartenance à un groupe, une famille, ou à un couple est un besoin pour avoir la protection, le soutien, et une bonne qualité de vie. Cette appartenance devrait être exprimée par la communication de sentiments, et de ses émotions à travers une communication verbale du genre : je vous aime, ou non verbale du genre embrassades, baisers ou étreintes. La communication vise à renforcer le lien d’appartenance, et à consolider les liens interpersonnels.

 

 

- Atteindre certains buts

La communication vise à atteindre certains buts sur le plan personnel pour séduire son partenaire, convaincre l’autre de s’engager dans une relation amoureuse, ou dans une relation de couple, ou sur le plan professionnel comme : obtenir un travail, convaincre les autres de ses projets pour avoir un avancement, ou pour améliorer sa situation professionnelle.
L’accomplissement de certains buts est une fonction importante de la communication humaine. Ces buts peuvent changer selon le projet de vie, les responsabilités et les besoins. La communication pour atteindre un but n’est pas toujours positive, elle peut englober une variété de techniques de simple séduction, à la ruse, au mensonge, ou à l’intimidation.

 

 

- Influencer les autres

Une des fonctions les plus importantes de la communication est la capacité d’influencer les gens. Pratiquement chaque communication influence, d’une manière ou d’une autre, le comportement des autres, et leurs réactions. Tenter d’influencer les autres est indispensable dans la vie personnelle pour expliquer ses motivations, essayer d’adapter les décisions des autres, indispensable dans la vie publique pour les mêmes raisons. Sur le plan collectif, la communication politique est le meilleur exemple de l’utilisation de la communication pour influencer les autres, séduire, les convaincre de prendre une décision.

 

 

 - Distinguer la communication des émotions

Pour bien communiquer, il faut avoir un contenu valable à communiquer, une stratégie adaptée à cette communication.
Il est important de distinguer le fait de convaincre ou d’influencer les autres des émotions, la communication est différente de l’affection par exemple dans le contenu, dans le but recherché. La communication demeure une action unilatérale, alors que l’affection est une émotion à double sens.

La communication interpersonnelle, comme la séduction par exemple, peut favoriser l’affection et l’intimité, peut consolider les liens dans un couple ou dans une communauté, mais ne peut créer un lien, une affection ou une intimité en raison de différence de contenu, de stratégie, et d’implication personnelle.

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Communication : améliorer Nos capacités

Nous utilisons la communication pour transmettre un message par voie orale aux gens qui nous entourent, dans notre environnement familier, professionnel ou social. Nous utilisons également la communication écrite dans nos lettres, nos mails et nos comptes-rendus.

 

 

Mieux communiquer

On peut avoir des difficultés à l’expression orale en cas de timidité ou de phobie sociale, on peut avoir des difficultés à comprendre les messages des autres par ex au téléphone, ou encore il est possible de rencontrer certaines difficultés dans l’expression écrite par manque d’instruction ou d’apprentissage.

 

 

La communication est un apprentissage

La commutation rudimentaire est innée, pour transmettre les émotions, comme la peur ou la joie, mais la communication interpersonnelle est un apprentissage en fonction du contexte social et culturel. Dans ce sens, il est toujours possible d’améliorer nos capacités de communication en vérifiant si les personnes reçoivent bien nos messages, s’ils demandent des clarifications. En général, nous pouvons parfaire notre communication quand les autres interprètent mal nos messages.

 

Dans une communication : l’idée n’est pas la personne

Le rejet d’une idée ou d’une proposition n’est pas le rejet de la personne. Si vous êtes vulnérables au rejet de vos idées, vous avez à parfaire votre communication, car le but essentiel de la communication est d’exprimer ses idées, et d’influencer les autres. Si vous n’acceptez pas le rejet de vos idées, vous êtes probablement une personne autoritaire qui mélange les idées avec les personnes. Le rejet d’une idée est un droit sur le plan personnel comme sur le plan professionnel, exprime une perception et une évaluation, et non pas un jugement.

En cas de refus d’une idée, une communication efficace devrait se baser sur une clarification de cette idée, sur la recherche d’un consensus, ou d’une idée intermédiaire, en évitant de personnifier le rejet.

En cas de refus, il est important d’accepter ce droit. Mais il est important d’avoir une idée alternative en cas de rejet. Il ne suffit pas de dire non pour établir une communication, il faut savoir aussi dire oui, ou proposer d’autres pistes et d’autres idées.

 

 

Comment établir une conversation efficace ?

Ce n’est pas une tâche facile pour n’importe qui d’établir une conversation efficace avec les personnes non familières, ou avec des personnes hiérarchiquement mieux placées. Une conversation efficace est un apprentissage qui peut être compliqué par une personnalité introvertie, avec manque de confiance en soi, timidité, ou phobie sociale.

— Dans une conversation efficace, soyez plus intéressé qu’intéressant. Savoir écouter améliore notre capacité à communiquer.

— Savoir attirer l’attention de l’autre en écoutant, en discutant ses points de vue, est largement plus efficace que la tentation facile d’imposer votre point de vue.


— N’oubliez pas, les gens aiment parler de leur point de vue, de leur vie, de leur expérience. Inutile de mépriser l’influence du vécu, des expériences personnelles, et des opinions de chacun.


— Pour mener une conversation efficace, vous devez intéresser l’autre, en adoptant une attitude civilisée, courtoise, bienveillante, en choisissant les sujets et les approches les plus adaptées à votre interlocuteur.

— Essayer d’organiser vos points de vue d’une façon simple, en préparant les plans de votre conversation. Avec le temps et l’apprentissage, cette préparation devient presque automatique, chacune de vos conversations sera guidée par un plan raisonnable et simple.

— Soyez toujours patient, soyez toujours un bon auditeur. Pour converser, écouter les points de vue des autres, modérez-les progressivement, en alternant l’écoute et la parole.

— Ne sous-estimez pas la difficulté de mener une communication verbale efficace. Cherchez à parfaire votre capacité à communiquer, en améliorant votre capacité d’écoute, de transmission, et d’expression. La confiance en soi est indispensable pour une bonne conversation, pour une bonne transmission, pour une bonne communication orale. L’apprentissage améliore également votre confiance en vous, cependant, il est toujours important d’éviter les positions autoritaires qui refusent les idées des autres, qui dénigrent les arguments des autres.

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Communication : l’assurance orale

La communication verbale est fondée sur deux composantes : les mots que nous utilisons, et le port de la voix. Ces deux composantes exercent une influence profonde, parfois inconsciente, sur celui qui reçoit, qui nous écoute.

 

 

Communication verbale

Une respiration calme, normale, non saccadée, un relâchement de la mâchoire et des muscles faciaux contribuent à la stabilité de la voix, et a améliorer votre capacité à exprimer votre assurance à travers votre communication orale.

 

 

Mieux communiquer

Ne pas parler trop vite pour éviter les malentendus, ne pas avoir une voix aiguë pour éviter d’irriter, voilà une recette simple pour exprimer une assurance dans la communication orale. Élever la voix sous l’effet de la colère, interrompre ses interlocuteurs, utiliser la menace est signe d’agressivité et ou de manque de sang-froid. Essayez d’éviter de perdre votre sang-froid pendant une communication orale, car cela dénote un manque de confiance en soi.

Si vous êtes timide, prenez de l’assurance en saluant, en s’engageant quotidiennement dans des conversations, et dans des discussions avec les gens qui ne vous sont pas familiers ou intimes, cela vous permettra d’avoir de l’assurance par l’apprentissage.
Essayez de vous habituer à faire des compliments, et aussi à les accepter poliment quand vous en êtes l’objet. N’ayez pas peur de dire « je », au contraire ayez confiance en vous en exprimant votre propre avis même si on ne vous le demande pas. En même temps, n’insistez pas trop sur le côté personnel exclusif dans votre communication orale. Évitez de donner un avis personnel quand il s’agit d’un problème scientifique, ou logique, ou quand il s’agit d’une question d’expertise.

Si certains ne sont pas d’accord avec ce que vous dites, ne le prenez pas pour un rejet personnel. Il s’agit d’une différence de point de vue, et non pas une différence entre deux personnes.

Il est préférable de demander des informations supplémentaires plutôt que d’avoir un avis tranché sur un sujet polémique, ou sur un sujet complexe. En demandant des informations, vous montrerez ainsi que vous le souhaitez ou que vous avez besoin d’être informé pour mieux juger. Si vous le demandez calmement, cela ne sera pas ressenti comme une menace ni même comme un défi.

Vous pouvez demander en utilisant des formules neutres du genre « pourriez-vous détailler ce point de vue ? », ou « qu’est-ce qui vous fait dire cela ? ». L’interrogation détaillée est une formule polie dans la langue française, largement plus courtoise que le simple « pourquoi » qui peut apparaître parfois lapidaire ou menaçante.

En cas de désaccord, dites que vous n’êtes pas d’accord avec calme et fermeté, en évitant de personnifier le désaccord. Encore une fois, c’est une divergence de point de vue, ce n’est pas un duel entre deux personnes.

Quand vous exprimez votre point de vue, ne soyez ni arbitraire ni hésitant. Essayez d’exprimer spontanément et directement vos sentiments quand il s’agit d’un événement, n’attendez pas des jours ou des semaines pour exprimer ce que vous ressentez.
Prenez conscience de vos maniérismes verbaux, de vos habitudes inconscientes, des formules que vous utilisez dans votre langage, évitez les formules vides de sens, qui n’ajoutent rien à la conversation comme « quoi », « vous comprenez », ou « voyez-vous ».

Pour exprimer l’assurance dans votre communication verbale, essayez d’être positif.


Vous pouvez remplacer la phrase négative « je pense que vous voulez aller au cinéma avec moi ce soir » par une phrase plus positive du genre « je vais au cinéma ce soir, ce serait gentil de m’accompagner ». Vous pouvez noter la différence entre les deux phrases : la première est une phrase négative dévalorisante, la deuxième phrase est positive, riche en assurance.

Vous pouvez également être plus précis quand vous parlez, par ex la phrase « je m’ennuie » peut être facilement remplacée par un terme plus précis en ajoutant le complément « je m’ennuie quand vous répétez sans cesse la même chose », ou « je m’ennuie quand je n’ai pas un livre intéressant à lire ».

 

 

Communication paralinguistique

Il s’agit d’étudier les moyens utilisés dans la communication verbale, l’étude de la voix, le ton, comment les mots sont dits, comment les mots sont choisis. L’apprentissage de la communication par linguistique commence dès l’enfance, où l’on apprend de ne pas crier pendant une discussion, de ne pas choisir les mots blessants, de bien savoir écouter.

 

 

Communication : au-delà des mots

Dans la communication para linguistique, on pratique une communication non verbale pour habiller votre communication verbale, pour l’accompagner et la présenter. Un message, c’est un contenu, une idée exprimée par des mots choisis, dans un style choisi, dit avec une voix, d’un ton, d’un débit et d’une intensité qui varient, et qui peuvent influencer l’efficacité de la communication.


Les facteurs déterminant la communication para linguistique
— la qualité : la voix est une identité comme une autre, qui influence notre capacité à communiquer. Une petite voix, une voix féminine, une voix timide, une voix nasale, une voix aiguë ; ces combinaisons modifient la qualité de la communication.


— l’intensité : il s’agit de savoir comment appuyer certains mots, et comment alléger d’autres, à la façon des acteurs. La même phrase peut avoir une signification différente selon l’intensité qui accompagne sa prononciation.


— le silence : c’est un choix important dans la communication par linguistique, qui permet d’offrir le temps de réfléchir, d’éviter la communication, de ralentir la communication, de créer une distance personnelle. Le silence dans la communication devrait être manié avec prudence, le trop de silence peut provoquer une inquiétude, peut être méprisant, un peu de silence bien placé permet une discussion moins saccadée, plus distante.


— le débit : le nombre des mots prononcés par minute varie selon l’héritage culturel, les hommes parlent plus rapidement que les femmes, les gens émus prononcent plus de mots par minute que les gens sans émotion. Pendant une communication par linguistique, chercher un débit modéré, pour donner l’impression de calme et de l’assurance. Un débit modéré permet également de bien structurer se s idées, de bien choisir ses mots.


— volume ou ton : pendant la communication par linguistique, le volume de la voix joue un rôle dans la transmission. La confiance s’accompagne d’un volume plus prononcé.


— lancement : c’est un point important, rarement pris en considération. Le lancement c’est le début de communication, influencé par le débit de la parole, le ton et l’intensité. En général, un lancement calme, apaisé est associé à une certaine crédibilité, un lancement saccadé ou perturbé reflète un manque de crédibilité.


— inflexion : il s’agit d’une variation dans le lancement des phrases, et pour préparer la fin des phrases. En règle générale, trop d’inflexion est synonyme d’un discours enfantin, qui manque de crédibilité. L’absence d’inflexion rend le discours monotone et soporifique.

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Communication dans les milieux professionnels

Quels que soit votre métier, votre situation personnelle ou professionnelle, la communication est un élément essentiel. Si vous êtes timide, si vous manquez de confiance en vous, si vous êtes incapable de vous affirmer, vous serez frustré quand il sera nécessaire de transmettre aux autres vos émotions, et vos besoins.

Si vous vous montrez trop agressif, trop extrémiste, vous serez ignoré. Dans les deux cas, vous risquez d’avoir un ressentiment, une frustration.


1— Si vous avez un problème dans votre équipe par exemple, adoptez une ligne de conduite, notez les points essentiels que vous désirez soulever dans votre communication. Si vous n’êtes pas à l’aise avec votre supérieur par exemple, et vous devez organiser une réunion, essayez de gagner la confiance d’autres personnes que votre supérieur, pour pouvoir organiser cette réunion. Autrement dit, si vous avez une difficulté à communiquer avec une personne, ne vous effacez pas, tenter de communiquer avec d’autres.


2— Dans une discussion, ne prenez jamais l’offensive. Cela ne mène à rien. Vous êtes là pour parler, non pas pour batailler. Une attitude détendue, souriante, non agressive empêche la discussion de tourner à la confrontation. C’est la deuxième règle : la communication est le contraire de la confrontation.


3— Évitez d’interrompre votre interlocuteur, de terminer les phrases avant lui. Laissez-le terminer, lui parler en l’empêchant à votre tour, de vous interrompre. C’est la troisième règle d’une communication efficace : écouter avant de communiquer.


4— Évitez d’élever la voix, d’adopter des gestes menaçants ou méprisants. La communication est une transmission de messages dont le but est de convaincre, et non pas de vaincre.


5— Essayez de ne pas mélanger raisonnement et émotion, ainsi votre point de vue aura une meilleure chance d’être pris en considération, c’est une règle de communication efficace : la logique avant les émotions.


La structure hiérarchique est faite pour créer des barrières. Au sommet de la pyramide se trouve un patron qui prend toutes les décisions, qui porte également toutes les responsabilités de ces décisions. La structure professionnelle n’est pas un État démocratique, c’est une structure qui cherche l’efficacité économique.

La communication ne peut être libre dans les entreprises, cela ressemble à l’absence de communication libre dans les structures militaires. Dans ces structures, la communication est canalisée selon des règles bien précises, une communication hiérarchisée, limitée, et surtout utilitaire. Cependant, un employeur qui se préoccupe de son personnel, peut développer l’esprit d’équipe, peut améliorer la productivité de son entreprise. Une unité militaire qui comprend mieux ses missions à travers une communication plus libre peut être une unité plus efficace.

Dans ces structures où la communication n’est pas libre, si un conflit surgit, il faut chercher les réponses selon les règlements internes. En d’autres termes, la communication limitée n’est pas manque de liberté, c’est un choix d’organisation. Dans ce cas, la communication disponible devrait être mieux utilisée en raison de sa rareté.

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Communication des hommes, communication des femmes


C’est le cas également quand il s’agit de différence de communication entre les hommes et les femmes. Les stéréotypes nous font attendre que les hommes soient sans émotion dans leurs communications, neutres et froids, et que les femmes soient douces et souriantes.


Le syndrome de communication sans émotion ou le syndrome du visage souriant sont de préjugés, fondés sur une réalité simple : les expressions faciales varient réellement entre les hommes et les femmes, cela peut rendre la communication non verbale compliquée entre ces deux sexes.

Dans certains cas, quand la femme ne peut interpréter les expressions faciales de son homme, elle doute de sa sincérité, peut devenir nerveuse et troublée. Parfois, les femmes provoquent (communication agressive) un homme pour produire d’une réaction interprétable, pour sortir l’homme de son modèle de communication.

L’homme peut interpréter cette communication féminine comme émotionnelle, excessive, et donc sans réelle crédibilité. Dans ce cas, la discussion devient stérile, la communication est inutile, qui laissera place à la colère, ou à la différence.

Il existe réellement un modèle d’expression non verbale féminin, et un modèle d’expression non verbale masculin. La bonne communication exige l’utilisation de la communication verbale, et non pas l’interprétation des expressions faciales. Il est utile de penser qu’un homme est indifférent quand il pratique une communication non verbale neutre. Pour aller au-delà de ce masque de pierre, il suffit d’utiliser la communication verbale directe et éviter les interprétations.


La neutralité masculine dans la communication non verbale semble exister dans de nombreuses cultures, et à travers les âges. On peut penser qu’il s’agit d’un comportement lié à l’identité masculine, ou au rôle masculin. Les hommes apprennent dès leur enfance avoir une communication non verbale maîtrisée, dissimulant leurs émotions, dissimulant également leur peur ou leurs craintes. En dépit d’importantes modifications de la condition féminine en Occident et dans le monde, le comportement masculin, et le rôle masculin dans la société ont peu changé.


De nombreuses femmes, surtout les courants féministes expriment leur désir d’un changement réel du rôle masculin dans le couple et dans les relations, souhaitant ainsi que les hommes communiquent mieux, ou communiquent plus.


La neutralité masculine dans la communication non verbale est jugée négativement par de nombreuses femmes, qui utilisent leur expression faciale comme une communication non verbale fréquente. Le visage impassible d’un homme ne fait pas plaisir à la femme en face, qui interprète cette impassibilité comme absence d’émotions. C’est une interprétation fausse de la communication masculine non verbale. Les hommes ont appris, et continuent à apprendre d’éviter l’exposition de leurs émotions dans leurs communications non verbales. Ils expriment leurs émotions verbalement.

Une bonne communication entre un homme et une femme passe par une conversation, par une communication verbale précise, à double sens, accompagnée d’écoute bienveillante. Un homme peut exprimer ses émotions en répondant à des questions convenables, posées avec courtoisie et élégance, quand les réponses sont reçues avec intérêt. Chez certains hommes, l’expression verbale des émotions, sincère et réelle, et rarement reflétée sur le visage, ou sur les expressions faciales.

Le langage du corps est peu efficace dans une communication réelle, ce sont des réactions comportementales qui varient selon la culture et l’éducation. Toute lecture du langage du corps est une interprétation personnelle. Les expressions faciales sont des signes réels de communication. L’expression faciale de la peur par exemple est identique dans toutes les cultures, de même que l’expression faciale de la joie. Cependant, les hommes utilisent rarement l’expression faciale pour exprimer leurs émotions. Il suffit de leur offrir l’occasion d’une communication verbale précise pour comprendre leurs attentes, et sonder leurs émotions.

D’autre part, l’expression faciale chez les hommes et chez les femmes ne peut transmettre des émotions complexes, comme la jalousie, ou la déception, fruits de l’association de plusieurs émotions.

 

 

Communication : résoudre les conflits

La communication est la transmission d’un message dans un but précis comme démontrer ses émotions ou ses sentiments, influencer les autres ou atteindre certains buts.

La communication est le moyen idéal pour résoudre les conflits d’une façon pacifique, civilisée et sans conséquence grave. Cependant, l’utilisation de la communication pour résoudre un conflit suit certaines règles.

N’oubliez pas pour désamorcer un conflit ou pour résoudre un problème, la communication devrait être bidirectionnelle, associant l’argument à l’écoute active et bienveillante, en évitant de mettre les émotions au sein du conflit, les émotions affectent la capacité de communiquer et d’écouter.

 

 

Éviter les jugements absolus

Dans une communication, l’utilisation des termes comme « vous », « toujours », « chaque fois » ou des termes semblables, peut créer un obstacle majeur rendant la communication caduque.

Cela ne veut pas dire que vous n’avez pas raison dans votre argument, cela veut dire que généraliser la situation, rendre le jugement absolu, cela ne peut qu’augmenter la tension, sans résoudre le problème.

La communication exige toujours deux conditions : avoir un bon argument à communiquer, et réussir à être écouté. Mais si vous généralisez, vous ne serez pas écouté.

 

 

Utiliser le « je » à la place de « vous »

C’est une erreur fréquente dans les communications interpersonnelles. Si vous dites : « vous ne savez pas de quoi vous parlez ». Votre message ne transmet pas une communication, mais un jugement absolu. Dans ce cas, vous rendez votre communication caduque. À la place de cette phrase accusatrice et sans argument, vous pouvez dire « je n’arrive pas à comprendre ce que vous voulez dire ». Cette dernière phrase ouvre un chemin supplémentaire à votre interlocuteur pour s’expliquer, et pour vous, vous permettre d’écouter la suite. Cette phrase est également sans accusation.

L’utilisation de « je » devrais être évitée dans la communication. Si vous avez un adolescent par exemple, vous lui dites : « j’ai peur quand tu rentres tard à la maison », vous transmettez un message personnel, alarmant, anxieux qui montre votre peur. Si vous dites : « c’est mieux pour nous tous si tu rentres un peu plus tôt à la maison, » vous transmettez un message courtois, sans jugement et sans anxiété.

L’utilisation du pronom « je » est agressive dans la communication interpersonnelle, utilisation qui attaque votre interlocuteur sans lui laisser une occasion de s’expliquer.

 

 

Éviter d’associer communication et émotions

Ce n’est pas toujours facile d’éviter d’associer les émotions ou de les exprimer dans un conflit verbal. Le but de la communication est de transformer le conflit verbal en discussion, car les conflits verbaux sont contre-productifs, s’agissant d’un conflit verbal personnel ou professionnel.
Au lieu de laisser les émotions moduler vos expressions et votre communication, la question essentielle est : comment pouvez-vous aider à résoudre ce problème, comment transformer le conflit en discussion pour aboutir à une solution. Cela passe par un recul nécessaire, par éviter les expressions imprégnées d’émotion, et par l’écoute active et bienveillante.

 

 

Critiquer le jugement, le comportement, et jamais la personne 

Dans un conflit, il y a plusieurs points de vue, autour d’un jugement ou d’un comportement. La communication devrait éviter les jugements, pour éviter les réponses défensives. Vous pouvez critiquer le jugement de la personne, ou son comportement, en évitant soigneusement de personnifier les critiques. Il s’agit d’un conflit autour d’un sujet, celui-ci ne devrait pas se transformer en conflit personnel. Les attaques personnelles peuvent rendre la communication caduque, et engendrer des réponses agressives nuisibles à l’amour-propre de chacun, et compliquer la recherche d’une solution.

 

 

Comprendre que chaque personne est précieuse

Dans un conflit verbal, vous ne pouvez pas pratiquer une écoute active et bienveillante, vous ne pouvez pas transformer le conflit en discussion si vous considérez la personne en face de vous comme inférieure ou indigne de la discussion.

En respectant l’opinion de l’autre, en préservant sa valeur personnelle, vous pouvez comprendre les motivations, et obliger la personne en face à vous respecter, à respecter votre opinion, et à chercher la meilleure solution.

 

Réf
* Dan o'haIr, Real Communication, An Int roduction, 2012, 2009 by Bedford/St. Martin’s, 2012
* Wiemann, M. O. (2009). Love you/hate you: Negotiating intimate relationships. Barcelona, Spain: Editorial Aresta.

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Empathie : Nouvelle idéologie culturelle ?

Good doctor aurtisme empathie

 

La série télévisée «Good doctor» met en scène un médecin autiste, son intelligence dépasse celle des autres, mais son manque d’empathie le rend étrange. Deux troubles mentaux sont associés au manque d’empathie : l’autisme et la psychopathie.


Si vous lisez le nom de Sherlock Holmes, vous pensez à une personne froide peu chaleureuse, qui refuse les émotions pour garder ses capacités de déduction. Un vrai sociopathe, selon le goût de notre époque. Il manque d’empathie.

 

Le concept d'empathie est l’un de ces concepts valises qui circulent dans la culture occidentale, de la philosophie à la psychologie, puis à la culture populaire, pour perdre son authenticité et finir source de confusion.

L'empathie, le partage de sentiments avec une autre personne, la « règle d'or » pour traiter les autres comme nous voudrions être traités. Et lorsque nous ressentons de l'empathie, nous sommes enclins à faire de bonnes, mais aussi des mauvaises choses.


Faut-il utiliser l'empathie comme guide de la façon dont nous vivons nos vies ?

Le manque d'empathie de Marie-Antoinette justifie-t-il le jugement à la peine de mort ?.
Si l'utilisation de l'empathie devait jouer un rôle important dans la vie personnelle, sociale et politique, le chemin deviendrait glissant, car l'empathie est un concept nomade, qui évolue et change selon les cultures et les contextes.

 

L’Origine de l’empathie

Le concept d’empathie apparait au XVIIIe siècle, sous l'influence des écrits de David Hume et d'Adam Smith. Il s’agit d’une contribution anglo-saxonne aux idées des Lumières.

David Hume (Hume 1739-1740) a formulé à l’époque ce célèbre dicton : « les esprits des hommes sont des miroirs les uns pour les autres ». Selon Hume, les humains peuvent recréer les pensées et les émotions.

Le psychologue Edward Titchener (1867-1927) introduit le terme « empathie » en anglais en 1909 comme traduction du terme allemand «Einfühlung » (se sentir dans).

Einfühlung est un concept de l'esthétique allemande du XIXe siècle, les philosophes du siècle XIXe ont jugé nécessaire de faire appel à ce concept esthétique pour expliquer notre capacité à apprécier de manière esthétique les objets naturels et oeuvres artistiques. Selon la conception positiviste et empiriste (elle n'est pas universellement acceptée), les données sensorielles constituent la base fondamentale de notre investigation du monde, c'est-à-dire nous percevons le monde à travers nos sens.


Dès l’origine, les philosophes de la tradition phénoménologique rejettent ce concept catégoriquement. D'un point de vue phénoménologique, notre rencontre avec des objets esthétiques, notre admiration d'un beau coucher de soleil, est un raisonnement mental qui dépasse les sens, car nos yeux ne voient qu’un cercle rouge plongeant dans le bleu de la mer.

Utilisé à l'origine dans l'art, le terme a été adopté par le philosophe et psychologue Lipps, qui l'a décrit comme la capacité de saisir les sentiments de l'autre dans et avec l'autre. Ce terme générique a depuis pris de nombreuses significations selon le contexte.

Dans le récit de Verducci, il existe trois types d'empathie :

 

-Empathie esthétique :

« Je suis capable de « ressentir » les œuvres d'art et la nature ». L'empathie esthétique peut être considérée comme la définition originelle de l'empathie et concerne le lien entre celui qui perçoit et l'œuvre d'art elle-même. Par exemple, nous apprécions un objet parce que l'empathie nous permet de le voir par analogie avec un corps humain ou une fleur ou une étoile. L'empathie dans ce contexte est plus spécifiquement comprise comme un phénomène d'« imitation intérieure ».

 

-Empathie sympathique :

Je comprends les sentiments des autres, mais il y a encore une certaine distance émotionnelle'. Cette empathie est centrée sur la compréhension et tente de garder l'émotion à distance. C’est l’empathie des médecins et du corps soignant : adopter une « préoccupation détachée » pour le patient. Cette empathie implique trois caractéristiques clés : comprendre ce qu'une maladie signifie pour un patient ; communiquer cette compréhension; et agir sur cette compréhension pour partager d'une manière utile. Pour être utile, l'empathie thérapeutique nécessite à la fois une résonance affective et une distance émotionnelle .

-Empathie compassionnelle :

"Je perçois et j'intériorise l'état de l'autre". Il y a moins de distance entre les sujets, c’est une empathie problématique qui offre un rôle central aux sentiments et émotions.

 

L'empathie : problème philosophique

Theodor Lipps (1851-1914) a transformé l'empathie d’un concept de philosophie esthétique liée à notre expérience de la beauté à un concept de vie et de chaque individu. Selon lui, nous aimons la beauté comme un «plaisir de soi objectivé », puisque nous sommes impressionnés par la « vitalité » et la « potentialité de vie » qui résident dans l'objet perçu.


Il va plus loin, Lipps suggère que la nature de l'empathie esthétique est toujours « l'expérience d'un autre humain ». L'empathie devient une imitation intérieure. Mon esprit reflète les activités mentales ou les expériences d'une autre personne sur la base de l'observation de ses activités corporelles ou de ses expressions faciales.

 

empathie

 

Les critiques de l’empathie comme concept philosophique reposent sur plusieurs points.


- Si ma compréhension de la tristesse d’une victime vient exclusivement de ce que je me mets à sa place, il m'est impossible de concevoir comment je me comporterais en étant moi-même victime, je ne peux pas tester les états mentaux de quelqu'un d'autre, car chacun a sa façon de penser et a ses propres réactions.


- Je ne peux pas concevoir comment une autre personne peut-être dans le même état mental que moi, cela est conceptuellement impossible.


La tradition phénoménologique n'accepte pas l'explication de Lipps de l'empathie comme étant basée sur des mécanismes de résonance interne et de projection. Les auteurs de la tradition phénoménologique pensent qu’il s’agit d’une explication qui n’explique rien.


L'empathie dans la tradition phénoménologique n'est pas conçue comme un phénomène de résonance obligeant l'observateur à recréer les états mentaux de l'autre personne dans son propre esprit, mais comme un acte perceptif particulier ou comme une imitation. En d’autres termes, l’empathie est une imitation émotionnelle.

 

L'empathie en psychologie


En quittant la philosophie vers la psychologie, le concept s’élargit pour entrer dans le champ de la culture populaire sous l’influence des médias et de l’industrie du développement personnel.

Cette empathie, définie comme la tendance à se mettre dans la peau d’autrui, est célébrée comme un trait aimable et humaniste de l’esprit humain. Mais certains critiques soulignent que cette empathie à la mode se focalise sur les souffrances d’une personne particulière en nous laissant indifférents aux autres, et conduit à des jugements biaisés, et pousse à prendre de mauvaises décisions.


Il y a une attitude générale dans la culture occidentale actuelle selon laquelle les émotions représentent une forme de sagesse: il faudrait écouter son cœur, les dirigeants devraient être portés par de grands sentiments, et doivent exposer leur empathie, quitte à minimiser l’importance de l’intelligence et de la rationalité.

L'intérêt des psychologues pour les phénomènes liés à l'empathie remonte plutôt à la philosophie morale du XVIIIe siècle, en particulier à David Hume et Adam Smith. L'empathie, ou ce qu'on appelait alors la sympathie était considérée comme jouant un rôle central dans la constitution des êtres humains en tant que créatures sociales et morales nous permettant de nous connecter émotionnellement à nos compagnons humains et de veiller à leur bien-être.


À la fin des années 1940, l'empathie a été un sujet de recherche répandu en psychologie.
On définissait l'empathie comme un phénomène cognitif (de réflexion) et désignant l'empathie en termes généraux comme « l'appréhension intellectuelle ou imaginative de la condition ou de l'état d'esprit d'autrui.»


Quiconque lit la littérature sur l'empathie en psychologie doit être frappée par les tendances à définir l’empathie d’une manière de plus en plus large.


Stotland, par exemple l'a définie comme "la réaction émotionnelle d'un observateur parce qu'il perçoit qu'un autre éprouve ou est sur le point d'éprouver une émotion".
Selon la définition de Stotland, des réponses émotionnelles très diverses telles que l'envie, l’ennui, se sentir affligé, être soulagé, ressentir de la pitié sont des réactions empathiques. Stotland propose une définition qui ressemble à celle des émotions en psychologie.

Depuis les années 1980, les psychologues ont distingué les différents aspects de la réaction émotionnelle envers une autre personne.


1- Contagion émotionnelle :

Vous devez vous sentir joyeux, parce que les autres personnes autour de vous sont joyeuses ou vous devez paniquer parce que vous êtes dans une foule de personnes qui paniquent, car on ressent l’émotion des autres comme notre propre émotion.

 

2-Empathie affective:

L'empathie au sens affectif est le partage indirect d'un affect. Pour Hoffman, il s'agit d'une réponse émotionnelle ne nécessitant que « l'implication de processus psychologiques qui font qu'une personne éprouve des sentiments plus adaptés à la situation d'autrui qu'à la sienne. »
Selon cette définition, contrairement à la simple contagion émotionnelle, une véritable empathie exige la capacité de se différencier de l'autre. Cela nécessite que l'on soit conscient du fait que l'on vit une expérience émotionnelle due à la perception de l'émotion de l'autre, ou plus généralement à l'attention portée à sa situation.
Mon bonheur que mon enfant soit heureux ne serait pas un état émotionnel, c'est une réponse émotionnelle à ma propre perspective du monde.

 

3-Sympathie :

La sympathie est considérée comme une émotion qui a pour objet la situation négative de l'autre, du point de vue de quelqu'un qui se soucie du bien-être de l'autre personne. En ce sens, la sympathie consiste à « ressentir de la peine ou de l'inquiétude pour l'autre en détresse ou dans le besoin », un sentiment pour l'autre à partir d'une « conscience accrue de la souffrance.

 

4-Détresse personnelle :

La détresse personnelle dans le contexte de la recherche sur l'empathie est comprise comme une émotion réactive en réponse à la perception de l'émotion ou de la situation négative d'un autre. La détresse d'une autre personne ne me fait pas me sentir mal pour elle, cela me fait juste sentir mal, ou "alarmé, affligé, bouleversé, inquiet, dérangé, perturbé, affligé et troublé."

 

 

 

Empathie, et morale


Les jugements moraux sont censés imposer des exigences à la volonté et sont censés nous fournir des raisons et des motivations pour agir d'une certaine manière.
Les jugements moraux sont fondés sur des normes normatives qui, contrairement aux simples normes conventionnelles, ont une portée universelle et sont valables indépendamment des caractéristiques des spécificités sociales : ne pas tuer, ne pas mentir, ne pas trahir etc .

Slote (2010) va si loin, il défend l'empathie comme le seul fondement du jugement moral. Waal (2006) conçoit l’empathie comme l'unique base de moralité, Rifkin (2009) la considère comme une force de la culture pour transformer un monde en crise.
Un tel enthousiasme empathique a rencontré des critiques sévères.

Les normes morales sont généralement jugées plus importantes que les normes conventionnelles dans la mesure où leur validité normative est conçue comme étant indépendante de l'autorité sociale ou de pratiques et accords sociaux spécifiques. Ne pas tuer est une norme morale, être sympathique avec les autres est une norme conventionnelle (qui varie d’une culture à une autre).

Psychopathie et autisme pathologies peuvent entraîner des déficits d'empathie. Seuls les psychopathes ont des difficultés à accepter les normes morales de la société.

Les psychopathes présentent un déficit d'empathie émotionnelle, et contrairement aux personnes autistes, ils ne présentent pas de déficits dans la prise en compte du contexte.

D'autres chercheurs ont préféré considérer l'immoralité d'un psychopathe comme un déficit spécifique d'empathie. Un psychopathe pourrait comprendre que certaines choses sont moralement répréhensibles, mais il ne se soucie pas de la moralité, du bien-être des autres personnes ou même de lui-même.

Les autistes ont des difficultés à se mettre à la place d'une autre personne, mais peuvent avoir une certaine capacité à capter les états émotionnels des autres. Si les sujets autistes peuvent faire la distinction entre les normes morales et conventionnelles, ils semblent manquer d'une certaine souplesse dans l'évaluation de la gravité lorsqu'ils réfléchissent à des dilemmes moraux.

 

Sherlock holmes empathie

 

Phénoménologie de l'empathie

La phénoménologie - une tradition philosophique- est utile pour comprendre l'empathie. Au sein de la vaste production de Husserl, il est possible de trouver de nombreuses définitions – ou tentatives de définitions – de ce concept.
L’empathie devient une décentralisation de soi : « Je me rends compte que ma perspective n'est pas unique, mais une parmi tant d'autres ». Donc, on valide les réactions des autres face à la souffrance, au deuil, à la maladie, etc.

Selon la phénoménologie, l’empathie est une expérience liée à une dimension vécue. La rencontre avec l'autre nous rappelle nos expériences, mais nous sommes deux entités différentes, deux corps vécus différents avec des perspectives uniques. Après l'acte d'empathie, on est déstabilisé et on doit retrouver la distance.

 

citation whitman empathie

 

Les émotions : tendon d’Achille de l’empathie


Sherlock Holmes avait raison : voir à travers les yeux d'un autre nécessite un esprit détaché et pas seulement un cœur chaleureux ou émotif.


L’empathie devient problématique quand on laisse nos émotions prendre le dessus et que nous décidons d’agir par émotion et non pas un raisonnement.
C’est un argument utilisé par les anti-empathie.


D’autres pensent que l'empathie est biaisée parce que nous nous concentrons sur quelqu'un en raison uniquement d'émotions et ne sommes pas toujours capables de voir l’ensemble du problème. Quand nous y réfléchissons, nous sommes manipulés, car nous considérons par empathie que les autres sont comme nous.


Nos empathies permettent d’être solidaires avec ceux que nous considérons, par empathie et émotions, comme victimes. Ceci finit par hiérarchiser les victimes selon nos empathies et créer d’autres problèmes comme la concurrence des victimes et la compétition victimaire.

Nous vivons dans un monde hétérogène et diversifié. Il est plus facile de croire aux stéréotypes et d’offrir son empathie à ceux qui nous ressemblent sans prendre en compte la détresse réelle.

Les émotions sont un produit culturel, qui varient d’une culture à une autre, l’empathie fondée sur les émotions ne facilite pas notre relation avec les autres cultures ni à réagir à leur détresse, au risque que personne ne réagisse à notre propre détresse quand on en a besoin.

L'empathie engendre l'empathie, la société invite plus facilement à l’empathie qu’à la solidarité. Plus nous utilisons l’empathie, plus les autres autour de nous l'utiliseront. Tout le monde veut être entendu et compris. Chaque groupe veut être reconnu et valorisé.


Références

Aharoni,E., Sinnott-Armstrong, W., and Kiehl, K.A., 2012. “Can Psychopathic Offenders Discern Moral Wrong? A New Look at the Moral/Conventional Distinction,” Journal of Abnormal Psychology, 121
Allen, C., 2010. “Miror, Mirror in the Brain, what’s the Monkey Stand to Gain?” 441.
Baron-Cohen, S, 2011. The Science of Evil: On Empathy and the Origins of Cruelty, New York: Basic Books.
Batson, C.D, 2009. “ These Things Called Empathy: Eight Related But Distinct Phenomona,” The Social Neuroscience of Empathy, J. Decety and W. Ickes (eds.), Cambridge, MA: MIT Press
Bloom, P., 2016. Against Empathy: The Case for Rational Compassion, New York: Ecco.
Coplan, A., 2011. “Understanding Empathy: Its Features and Effects,” in Empathy: Philosophical and Psychological Perspectives, A. Coplan and P. Goldie (eds.), Oxford: Oxford University Press
Darwall, S., 1998. “Empathy, Sympathy, and Care,” Philosophical Studies, 89
Hollan, D.W., 2012. “Emerging Issues in the Cross-Cultural Study of Empathy,” Emotion Review, 4.
Lanzoni, S., 2018. Empathy: A History, New Haven: Yale University Press.
Lipps, T., 1903a. “Einfühlung, Innere Nachahmung und Organempfindung,” Archiv für gesamte Psychologie 1: 465–519; translated as “Empathy, Inner Imitation and Sense-Feelings,” in A Modern Book of Esthetics, 374–382. New York: Holt, Rinehart and Winston, 1979.
Persson, I., and J. Savulescu, 2018. “The Moral Importance of Reflective Empathy,” Neuroethics, 11
Simmons, A., 2014. “In Defense of the Moral Significance of Empathy,” Ethical Theory and Moral Practice, 17

 

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La somatisation

 

somatisation

 

Il s’agit des symptômes sans lésions identifiables après les examens réalisés.

Notre état d’esprit a une influence importante sur  la façon dont nous vivons la maladie physique.
Notre état d’esprit a un impact sur notre système immunitaire et sur les niveaux d’hormones telles que le cortisol dans notre corps.
Environ un quart des personnes consultant un médecin ne peuvent pas être immédiatement Sur une période de suivi d’un an, environ deux tiers des patients signalent une amélioration de  diagnostiqués.
Les symptômes médicalement inexpliqués sont le problème présenté par 35 à 53% des patients.

Les symptômes les plus courants sont les suivants : maux de tête, douleurs dorsales, articulaires, abdominales,
thoraciques et des membres, fatigue, vertiges, ballonnements, palpitations, sueurs chaudes ou froides, nausées,
tremblements ou secousses et sensations d’engourdissement ou de picotement.

La plupart des symptômes médicalement inexpliqués s’estompent avec le temps ; moins de la moitié persiste sur un an et deux tiers s’estompent sur une période plus longue.

Les symptômes douloureux médicalement inexpliqués peuvent persister pendant de nombreuses années chez environ 8 % de la population générale, principalement des femmes.

Table des matières
Symptômes médicallement inexpliqués 2
Somatisation : définition, généralités 5
La somatisation comme accompagnement d’une maladie physique 5
La somatisation comme présentation courante de la maladie dépressive 5
La somatisation comme élément central 5
La somatisation comme présentation courante de la maladie dépressive 6
La somatisation comme modèle de comportement 6
Somatisation : 7
Hypochondrie : 7
Conversion : 7
Dissociation : 7
Dysmorphophobie : 7
Somatisation douloureuse : 7
Prise en charge générale de la Somatisation 7
Évaluation des patients atteints de somatisation 8
Somatisation: fréquence, causes, symptômes 10
Causes possibles 10
Aspects cliniques 10
Du point de vue pratique : 11
Fréquence des troubles de somatisation chez l’enfant 12
Somatisation chez les enfants 12
Les symptômes 13
trouble somatoforme indifférencié : 13
trouble douloureux : 13
trouble de conversion 14
trouble dysmorphique corporel 14
Le diagnsotic 14
Prise en charge et traitement de somatisation chez l’enfant 15
Stratégies générales de la prise en charge 15
Stratégies spécifiques de la prise en charge 16
Somatisation douloureuse chez les enfants 16
1-Trouble de somatisation pure: 18
2- Trouble de somatisation indifférenciée: 18
3-Trouble de conversion : 18
Le trouble somatoforme 18
4- Trouble somatique douloureux 19
5- Hypochondrie : 19
6- Le trouble factice : 19
7-Trouble factice par procuration : 19
8- Trouble des fabricants de maladies (malingering) : 19
Aspects cliniques 21
Somatisation pure, clinique, traitement 21
Traitements 22
Aspects cliniques 24
Traitements 24
Somatisation indifférenciée 24
Traitements 26
Somatisation de conversion 26
Hypochondrie, trouble hypochondriaque 28
Définir l’hypochondire 28
Symptômes de l’Hypochondrie 29
Traitements 29
Hystérie ou somatisation? 31
Trouble factice par procuration 33
Négligence 33
Munchausen: Trouble factice par procuration 33
Traitements 34

Association avec troubles psychiatriques : 35
Association dépression - Somatisation : 35
Association anxiété - Somatisation : 35
Traitements 35 

 

Nombre de pages: 40
Année: 2022
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L'Anxiété : histoire d’une maladie

anxiete

 

 

 

 

 

Dans la société grecque classique, de nombreux mots ont été utilisés pour décrire des états émotionnels comme la manie, la mélancolie, hystérie, paranoïa. Chez les Grecs, il n'existe aucun mot pour décrire l'anxiété. Les Romains ont utilisé le terme anxietas pour désigner un état de peur. Ce mot avait une signification différente du mot angor, qui signifiait une crainte avec agitation.
En français, on utilisa des termes comme angoisse ou panique pour désigner ces états de peur

Pourquoi la définition de l'anxiété a été si difficile à établir ?


La définition actuelle de l'anxiété : il s'agit d’une inquiétude pathologique, une peur excessive isolée ou associée à d'autres maladies (dépression). L'anxiété est une souffrance mentale qui arrive par anticipation, peur anormale accompagnée généralement de manifestions physiques comme la transpiration, augmentation du rythme cardiaque, de la fréquence respiratoire, de douleurs musculaires et d'autres pour faire face à une menace.
L'anxiété est un pilier essentiel dans la psychiatrie moderne, la preuve de la capacité de la souffrance mentale à provoquer des symptômes réels comme l'augmentation du rythme cardiaque, l'insomnie, ou des maladies plus complexes comme l'hypocondrie où des douleurs réelles ont une origine psychologique comme par ex les douleurs de la somatisation.
Cela explique la difficulté de forger un tel concept, cela exige d'admettre le lien entre les émotions et le corps, entre la souffrance mentale et l'organisme. Il a fallu des siècles pour pouvoir faire le diagnostic par ex d'une jeune femme, qui consulte les services d'urgence pour des douleurs abdominales intenses, et dont le bilan clinique, biologique et radiologique ne révèle aucune anomalie. C'est un cas d'anxiété avec somatisation.

 

Anxiété : histoire ancienne et moderne

Le terme anxiété a été utilisé récemment. C'est un terme qui désigne à l'origine, un sentiment de pression sur le thorax ou sur l'abdomen (Littré et Robin 1858).
Berrios et Link (1995) ont précisé que les états anxieux sont présents dans de nombreux livres anciens, et comme "anatomies" de Burton (de la mélancolie) en 1621.
Les symptômes qui accompagnent l'anxiété étaient difficilement classables pour les médecins anciens car ces symptômes affectent plusieurs organes : difficulté à respirer, accélération du rythme cardiaque, douleur gastrique, vertige, etc.
La psychiatrie moderne identifie sans difficulté le lien entre l'anxiété et ces symptômes. Les médecins anciens n'arrivaient pas à trouver le lien entre la difficulté à respirer, les douleurs musculaires, et parfois les troubles de la personnalité. En 1621, Burton a suggéré qu'il existe un lien entre ces symptômes et une perturbation de l'esprit sans tracer un lien direct, sans mentionner le terme anxiété.


L'anxiété comme nous comprenons aujourd'hui, a été souvent associée au concept de mélancolie dans les périodes médiévales et pendant la renaissance. Le terme de mélancolie est utilisé aujourd'hui pour décrire des cas de patients ayant des troubles émotionnels légers.
La mélancolie au Moyen Âge représentait un grand chapitre des manuels de médecine et de psychiatrie, englobant un ensemble assez vaste de maladie et de symptômes. La passion, la maladie d'amour, était considérée comme une forme pathologique de mélancolie par exemple. La personne affectée par la passion était décrite comme fragile, agitée, ayant des troubles du sommeil avec manque d'appétit et perte d'envie de vivre.
Quand la personne affectée par la passion, la maladie d'amour, exhibe d'autres symptômes comme l'envie irrésistible de se laver les mains (désignée aujourd'hui comme troubles compulsifs), les médecins de la renaissance ne savaient plus s'il s'agissait d'une personne affectée par la passion, ou par la folie.


De même, les troubles liés à l'anxiété étaient inclassables, ou étaient étiquetés comme maladie à part, c'était le cas de la somatisation et de l'hypocondrie.
Au XVIIe siècle, d'autres termes ont été utilisés pour décrire l'anxiété, Younge (1638) a utilisé le terme de maladie mentale, (Flecknoe 1658) et Hunter et Macalpine (1963) ont préféré décrire la personne anxieuse comme une personne hésitante, sans volonté. En vérité, ils ont décrit ce que nous appelons aujourd'hui le comportement obsessionnel.

 

L'anxiété dans la littérature médicale

Les études sur l'anxiété n'ont jamais été le monopole de l'Occident. Par contre, les différences culturelles ont influencé la compréhension de l'anxiété à travers les sociétés, et son traitement. Cette influence culturelle continue à notre époque, même au sein du monde occidental : l'anxiété est vue différemment en Europe et aux États-Unis.


Le médecin arabe Avicenne (son nom arabe Ibn Sina d'Al-Husayn d'Ali 980-1037) a écrit au XIe siècle son encyclopédie médicale "les canons de la médecine". Dans ce fameux livre en trois tomes, les troubles mentaux sont traités, y compris la mélancolie et la manie.


Dans son étude, Hajal (1994) détaillait comment Avicenne était capable de diagnostiquer et de traiter les patients affectés par la dépression avec anxiété. Encore une fois, la passion amoureuse était considérée comme un cas pathologique nommé en arabe : ishk (passion). Avicenne a traité un jeune noble profondément amoureux d'une femme inaccessible. Il tombe malade d'une anxiété intense avec mélancolie. Avicenne décrit comment l'état mental de ce jeune patient influençait son corps, son rythme cardiaque, la fréquence de ces mouvements respiratoires. L'histoire se termine bien, les deux amoureux se marient, l'anxiété du jeune patient disparaissait progressivement. La description des symptômes ressemble plus ou moins à nos descriptions cliniques aujourd'hui de l'anxiété.


En Chine antique, l'accent était mis sur le lien supposé entre les émotions et les organes. La colère excessive était considérée nocive au foie, le bonheur excessif affecte le coeur, la crainte et l'anxiété étaient accusées d'altérer les fonctions rénales. La tristesse affectait les poumons.


Pour comparer, nous pouvons étudier la méthode chinoise de traitement de l'anxiété qui accompagne la passion amoureuse. On dénote déjà que les Chinois ont tracé un lien direct entre l'anxiété et la dépression. L'anxiété en Chine (yu-lü) s'écrit en associant deux caractères : le premier indique la peine, le deuxième indique l'anxiété. Il y avait plusieurs formes d'anxiété (lü-huan ) : ce qui signifie précautions contre une calamité (notion qui ressemble à l'anxiété par anticipation ) et blü-chi (pour prévoir).


Au Japon, l'anxiété ressemble dans ses définitions à l'anxiété en Chine. Le terme utilisé yu-ryo, signifiant impatience-pensée.


Les médecins chinois ont tenté, bien sûr sans succès, de traiter l'anxiété en traitant le rein, comme ils ont échoué à traiter la colère en traitant le foie.
Même de nos jours, la médecine chinoise traditionnelle utilise le terme générique neurasthénie. Ces mêmes patients qui consultent un médecin occidental sont diagnostiqués comme anxiété ou dépression.


Dans son étude, Zhang (1989) souligne la présence de variante importante de la neurasthénie en Chine contemporaine, celle appelée shenkui (littéralement : l'insuffisance de rein). Cette variante est censée être provoquée par une masturbation excessive accompagnée de lassitude et de faiblesse. Dans cette variante, l'anxiété est considérée comme à l'origine de cette maladie.


Une autre variété s'appelle toujours le neurasthenia du cerveau, provoqué par l'étude excessive accompagnée de vertige, insomnie et manque de concentration. Dans la description de cette variante, on découvre des symptômes d'anxiété accompagnés de symptômes somatiques qui ressemblent à l'anxiété classique des étudiants avant un examen.

En Corée, de nombreuses variantes d'anxiété ont été décrites, comme par exemple le hwa-byung. Dans cette variante (le terme signifie maladie du feu), la dépression s'accompagne de douleur de l'abdomen. Actuellement, avec l'occidentalisation de la Corée, le diagnostic et le traitement de l'anxiété suivent le schéma de la médecine occidentale.

 

L'anxiété au XVIIIe siècle

Le terme anxiété a été introduit dans la littérature médicale largement avant l'invention du terme psychiatrie par Johann Reil en 1808.
En Angleterre, Richard Blackmore (1653-1729), dans son traité sur les humeurs, a inventé le terme anxiété : « l'anxiété est une maladie, dont le traitement est l'apaisement et la tranquillité. » (Blackmore 1725).


Blackmore a souligné que les opiacés à doses modérées étaient utiles chez les patients affectés par l'hypocondrie, par l'hystérie, avec perte d'appétit.
Le premier manuel psychiatrique anglais a été écrit par William Battie (1703-1776). Son travail s'est concentré sur les troubles psychiatriques graves, cependant il a parfaitement distingué la folie de l'anxiété.


Sur le plan théorique, Battie pensait que l'anxiété devait être comprise en termes de corps plus que d'esprit, une sorte de sensations excessives.


James Vere (1700-1779) avait un point de vue différent, l'anxiété était pour lui un conflit entre l'ordre inférieur des instincts et l'ordre supérieur. Ce point de vue sera développé plus tard par Freud suggérant que l'anxiété peut être un conflit entre les désirs (libido), les besoins (le moi) et l'ordre moral (le surmoi).


Au XVIIe siècle, d'autres médecins vont tenter d'améliorer la définition et la conception de l'anxiété comme le neurologue écossais Robert Whytt (1714-1766) et John Bond en 1753.

En France, les états intenses d'anxiété ont été mentionnés dans le texte médical du médecin Sauvage de Boissier (1752), mais le terme anxiété ne figurait pas. À la place, il avait utilisé un autre terme : pantophobie pour décrire ce que nous appelons aujourd'hui le trouble d'anxiété généralisée.

 

L'anxiété au XIXe siècle

Encore une fois, l'état de passion amoureuse est l'exemple le plus populaire de l'anxiété, car cet état traduit l'influence de l'état mental sur le corps humain. Aujourd'hui, on appelle cela les symptômes d'une anxiété, ou la somatisation.


En 1774, Goethe publie les douleurs du jeune Werther, où il décrit l'état d'un jeune homme désespéré en raison de son amour pour une femme indisponible. Cet état de passion se termine par un suicide. Ce roman de Goethe a déclenché une vague de suicides en Europe. De nombreuses publications ont condamné Goethe.


Au début du 19ème siècle, les études sur l'anxiété étaient nombreuses :
De Spiess chrétien (1796) en Allemagne, John Haslam (1809) en Angleterre, , Karl Ideler (1841) à Berlin.
Le début du XIXe siècle coïncide avec l'entrée des États-Unis dans le concert des nations, sur le plan économique et scientifique.


Benjamin Cullen (1746-1813) publiait à Philadelphie ses ouvrages sur les maladies mentales, en citant pour la première fois que l'anxiété peut être raisonnable, comme la peur de la mort, et peu raisonnable comme la peur des insectes, des animaux ou de parler en public. Ainsi il a décrit ce que nous nommons aujourd'hui l'anxiété sociale, et les phobies.


Une année plus tard, Landre-Beauvais (1813) en France a préféré signer l'utilisation du terme très français de l'angoisse pour décrire l'anxiété en le définissant comme : « un certain malaise, une agitation excessive qui pourrait accompagner les maladies psychologiques ou les expressions somatiques. »


Durant la première moitié de XIXe siècle, l'école médicale allemande a dépassé l'empirisme français et anglais, pour décrire l'anxiété, et ces symptômes cardio-vasculaires, pulmonaires, musculaires d'une façon simple et scientifique, se débarrassant de la vague de romantisme et de l'influence des sciences humaines comme la philosophie ou la littérature ; ce sont les travaux d'Otto Domrich, et de Friedrich Beneke (1798-1854), Baron Ernst von Feuchtersleben (1806-1849).


Il est important de reconnaître également la contribution du français Jean-Etienne Esquirol (1772-1840). Dans sa description de l'anxiété en 1838, et sa description des symptômes surtout la description du trouble obsessionnel.


Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, on peut dire qu'il existe une réelle description de l'anxiété, comme entité, comme maladie bien distincte. Mais les Français ont continué à refuser le consensus, à parler d'angoisse, et de phobies.


En Allemagne, Wilhelm Griesinger (1817-1868) a décrit l'anxiété comme une neuropathologie, c'est-à-dire une lésion affectant le système nerveux, et non pas comme une maladie d'origine émotionnelle. Ce fut le début de la psychiatrie moderne.


Une théorie semblable a été embrassée par Heinrich Wilhelm Neumann (1814-1884), un contemporain de Griesinger. Neumann (1859) a considéré la maladie mentale comme un processus dynamique où la personne peut parfois perdre sa capacité de se maîtrise pour laisser apparaître l'anxiété.


En vérité, la théorie de Neumann va préparer la théorie freudienne de l'anxiété publiée en 1923 ceci 50 ans plus tard.

En France, Benoît de Morelle (1809-1873), à qui nous devons le concept de démence précoce (Morelle 1860) pensait que les émotions qui provoquent l'anxiété peuvent mener à des changements pathologiques dans le système nerveux autonome. Par cette théorie, il voulait expliquer les symptômes de l'accélération cardiaque ou de la fréquence respiratoire. Les données scientifiques modernes lui donnent raison.


Parmi les psychiatres de l'hôpital Bicêtre à Paris, Grand de la Saulle (1878) a publié plusieurs études sur les phobies, il préférait parler de craintes. Il a donné également de bonnes descriptions des troubles maniaques que nous préférons nommer aujourd'hui trouble obsédant compulsif.


Il décrivit le cas d'une femme, hantée par l'idée qu'une personne puisse lancer sur elle une pierre d'une fenêtre, pendant qu'elle traverse la rue. Cette patiente avait une idée très précise de ce qu'il l'attendait : un homme ou une femme lance sur elle une pierre, elle sera tuée, il y aurait du sang sur le trottoir. Grand de la Saulle décrivit d'autres cas comme celui d'un patient de 30 ans hanté par les couleurs et les nombres, passant son temps à faire des calculs, et se demandant pourquoi les mariés portent des vêtements blancs, pourquoi il y a 44 livres sur le bureau du médecin, pourquoi il y a sept boutons au gilet du médecin etc.
Grand de la Saulle considérait l'anxiété comme une névrose, c'est-à-dire comme une exagération de conscience.


Dagonet (1876), professeur de psychiatrie à l'École de Médecine de Strasbourg a décrit plusieurs formes d'anxiété et a détaillé l'hypochondrie et ses symptômes :
Le patient est impatient, inquiet, préoccupé, exprime de nombreuses craintes au sujet de sa santé. Il inspecte régulièrement son corps, observe scrupuleusement toutes les règles d'hygiène, désire toujours consulter, discuter son cas avec les médecins.


Dagonet a discuté également la dépression impatiente, un terme désuet, synonyme de panphobie morale (humeur anguished en anglais, Gemütsbeklemmung en Allemand ou angoisse existentielle en français).

Au XIXe siècle, le concept de neurasthénie était si populaire que beaucoup de praticiens de santé mentale ont préféré le garder, en refusant le terme anxiété.


Sigmund Freud (1856-1939) s'est opposé à ces tendances en distinguant les symptômes de l'anxiété de ceux de la neurasthénie en insistant sur le fait que la neurasthénie peut être d'origine organique comme par ex une lésion intracrânienne.


Freud a continué à décrire l'anxiété comme une entité à part, comme un concept. Dans la description de Freud, l'anxiété comportait plusieurs variétés : irritabilité générale, espérance impatiente, anxiété rudimentaire, anxiété avec effroi, vertige, et phobies.
Nous pouvons remarquer que la description de l'anxiété de Freud englobe un ensemble de symptômes de maladies liées à l'anxiété et aux phobies.

 

L'anxiété au XXe siècle

La tendance était forte, pendant les premières années du 20ème siècle, de supposer que les facteurs étiologiques principaux de l'anxiété étaient héréditaires ou biologiques.

Maurice De Fleury (1897) a divisé les émotions en deux groupes : « Doute, humilité, paresse, peur, tristesse et pitié : témoin d'un épuisement cérébral, et fierté, sottise, colère, égoïsme, courage, héroïsme, et cruauté sont les manifestations de l'exaltation de l'esprit »


La contribution de Freud a changé radicalement le concept de l'anxiété. Le Freud a introduit le concept de la Libido, cette énergie qui s'accumule progressivement dans le système nerveux, provoquant l'anxiété. Cette approche de Freud était influencée par les idées répandues à la fin de XIXe siècle. 20 ans plus tard, Freud modifiera radicalement sa conception de l'anxiété, elle devient le témoin d'une menace à l'équilibre et au bien-être de la personne. Il a défini, à sa façon plusieurs formes d'anxiété, réalisant l'exploit de faire une approche freudienne à part entière de l'anxiété.


Dans les années 1890, Freud a amélioré plusieurs fois ses concepts et ses théories concernant l'anxiété. Au début, Freud pensait que l'anxiété était un moyen de soulager l'énergie de la libido. Au début de sa carrière, il pensait l'anxiété comme un symptôme de conflit essentiellement sexuel, lié à la libido. Curieusement, ces idées continuent à être présentes dans la culture ambiante, popularisé par le cinéma et par la littérature.
Selon Freud, l'anxiété est la traduction symptomatique d'une pulsion sexuelle inacceptable pour la personne (moi, ou ego) ou pour les codes moraux (surmoi, ou superego).
Curieusement, Galien, le grand médecin grec pensait presque la même chose au IIe siècle, en liant l'anxiété à des pulsions sexuelles bloquées.


20 ans plus tard, Freud revoit ses concepts en abandonnant le lien entre anxiété et libido. En 1936, il ajoute à ses théories le concept de transfert. L'anxiété serait selon lui la traduction de pensées désagréables, et la non-expression de ces pensées. Ainsi, l'anxiété devient une anxiété normale en cas de réponse à la menace identifiée, l'anxiété devient névrotique en cas de réponse à une menace non identifiée. Quand le patient réagit à un danger identifié comme par ex une maladie, il exprime selon Freud une anxiété normale. Quand le patient réagit par l'anxiété à une menace qu'il n'arrive pas lui-même à identifier, il s'agit d'une anxiété névrotique qui peut être le fruit d'un conflit entre des pensées désagréables, impulsions libidineuses, et les codes moraux du patient et de la société. Dans ce cas, le patient subit la punition de son surmoi, par un sentiment de culpabilité. (Kalat et Shiota, 2007).


La distinction entre la peur et l'anxiété a été initiée par le philosophe Kierkegaard [1813- 1855]), et améliorée par Karl Jaspers en 1913.


Ce que nous appelons la phobie sociale, ou la phobie d'évitement, c'est-à-dire le cas d'une personne qui évite quelque chose de bien précis, a été décrite depuis Hippocrate.

Par contre il a fallu attendre le début du XXe siècle pour distinguer la timidité, de la phobie sociale. Paul Hartenberg (1901) a défini la timidité, en distinguant d'une façon scientifique satisfaisante cette timidité de la phobie sociale, et de la phobie d'évitement. Hartenberg pensait que les troubles psychologiques favorisant la phobie sociale étaient essentiellement héréditaires.


L'école française apportera au XXe siècle une importante contribution en quittant l'empirisme, et en adoptant les méthodes scientifiques.
Pierre longévital Janet (1859-1947) est le fondateur de la psychiatrie dynamique. Janet, était moins intéressé par les méthodes expérimentales ou par les statistiques en préférant la clinique et les symptômes.

Dans sa pratique, Janet aidait ses patients à exprimer les idées fixes qui provoquent leur détresse psychologique. Les sentiments pour Janet étaient secondaires, simple expression comportementale d'une détresse psychologique.


Dans son livre, Janet (1926) a décrit « la tension psychologique est la tendance d'une personne à utiliser son énergie à un niveau plus ou moins élevé que la moyenne. »
Selon Janet, le « dynamisme » d'une personne dépend de la qualité et quantité de cette énergie plutôt que des conflits internes et de leurs forces respectives. Ainsi Janet propose un modèle différent pour comprendre l'anxiété, de celui du modèle freudien.


Dans son livre (1926), le grand Janet a discuté longuement le cas de « Madeleine, » une femme seule de 40 ans.
Madeleine représente un cas d'Anxiété sévère avec des épisodes de dépression. Madeleine était physiquement handicapée, elle avait eu une enfance difficile, avec des expériences douloureuses pendant l'enfance. Janet ne cherche pas à mettre l'anxiété de Madeleine sur le compte de sa libido, ou de sa sexualité, il abandonne définitivement l'approche psychanalytique en considérant l'anxiété de Madeleine comme le résultat de ses propres difficultés et ses propres expériences.


À son tour, Janet a influencé Jean de Retard (1907-1987), qui a accompli des travaux d'une importance majeure sur les corrélations entre la neurochimie et l'anxiété, entre la dépression et la neurochimie. Ces travaux ont largement contribué à développer les anxiolytiques et les antidépresseurs par Deniker en 1952.


Un autre psychologue français Ribot (1896-1911) a largement contribué à la description des troubles de l'anxiété généralisée, nommée en France pantophobie.


Le théoricien principal du traitement comportemental de l'anxiété a été Burrhus Frederick Skinner (1904-1990). En reprenant les conclusions de Janet, il considère l'anxiété comme la manifestation d'une réponse conditionnée à une situation crainte. Cela l'amène à proposer un traitement comportemental de l'anxiété ou comment lutter contrer cette réponse conditionnée.


L'anglais Wilfred Bion (1897-1979) a mentionné que l'enfant en bas âge souffre dès sa naissance de peurs, et d'anxiété. Ces anxiétés peuvent être réactivées pendant la vie adulte. Il reprend ainsi les théories de Mélanie Klein (1882-1960), qui a spéculé sur le fait que les dépressifs et les anxieux ont été des enfants anxieux et dépressifs.


La théorie de Mélanie Klein sur l'apparition de l'anxiété et la dépression pendant l'enfance a été populaire, puis abandonnée progressivement par manque de preuves.


Dans l'état actuel, l'origine de l'anxiété est méconnue. Par contre, il existe, au moins dans le monde occidental, un consensus sur les critères de diagnostic, sur les symptômes, et sur les modalités thérapeutiques relatives à l'anxiété.

 

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Sommes-nous des êtres agressifs et violents ?

Evard-munch-le-cri

Evard munch le cri

 

 

Agression est un mot que nous utilisons tous les jours pour caractériser le comportement des autres et parfois le nôtre. Nous disons que les gens sont agressifs, s’ils crient, hurlent ou frappent, s’ils conduisent dangereusement, ou s’ils se fracassent leurs poings sur la table de frustration. Depuis l’antiquité, l’agressivité et la violence font partie des problèmes de toute société humaine.

 

 

 

Difficultés de définition

 

 

L’agressivité varie d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre et d’une personne à l’autre. Il est important de comprendre qu’il s’agit d’une question culturelle, sociétale, juridique et psychologique à la fois.


Certains actes violents, tels les blessures durant un match sportif ou le meurtre de soldats ennemis lors d’une guerre, pourraient ne pas être considérés comme une agression. Aux états Unis, une certaine dose de violence interpersonnelle (les bagarres) est tolérée, en France, une certaine dose de violence contestataire est culturellement tolérée (violence des manifestants).
L’agression est difficile à définir. Psychologues sociaux, juges, législateurs et avocats passent beaucoup de temps pour déterminer ce qui devrait et ne devrait pas être considéré comme de l’agression. Les psychologues sociaux définissent l’agression comme un comportement qui vise à nuire à une autre personne qui ne souhaite pas être agressée.


Le même comportement est agressif ou non, selon l’intention, et le contexte. Les dommages intentionnels sont plus punissables que les dommages non intentionnels, même lorsque les dommages sont identiques.
Cette définition exclut certains comportements agressifs. Par exemple, un joueur de rugby qui casse accidentellement le bras d’un autre joueur ou un conducteur qui heurte accidentellement un piéton. Pas d’agressivité, car il n’y pas d’intention.


Les psychologues sociaux utilisent le terme violence pour désigner l’agression qui a pour objectif des dommages physiques, tels que des blessures ou la mort. La violence est un sous-groupe de l’agression. Les actes violents sont agressifs, mais seules les agressions qui visent à causer des dommages sont violentes.


Le niveau d’intention crée la distinction juridique et parfois psychologique entre deux types d’agression.

 

L’agressivité doit être distinguée de la colère, qui est une réaction émotionnelle à un événement, mais qui peut demeurer une émotion. Ce n’est pas parce que quelqu’un est en colère qu’il agira et adoptera un comportement agressif.

 

Les types d’agression

 

-Agression émotionnelle ou impulsive

 


L’agression émotionnelle ou impulsive se produit avec une petite dose de méditation ou d’intention et qui est déterminée par des émotions impulsives. L’agressivité émotionnelle est le résultat des émotions négatives du moment. L’agression n’est pas vraiment destinée à créer des résultats positifs. Exemple : L’amant jaloux qui se déchaîne de rage ou les fans de sport qui vandalisent les magasins et détruisent les voitures autour du stade après la défaite de leur équipe.

 

 

- Agression instrumentale ou cognitive

 


L’agression instrumentale ou cognitive est une agression intentionnelle et planifiée. L’agressivité instrumentale est plus cognitive (plus penser) qu’affective (émotionnelle) et peut être froide et calculatrice. L’agression instrumentale vise à nuire à quelqu’un pour gagner quelque chose : attention, récompense, ou pouvoir.
Il est parfois difficile de faire la distinction. L’agression émotionnelle est traitée différemment dans le système juridique (avec des conséquences moins graves) de l’agression cognitive préméditée.


Toute agression est en partie cognitive parce qu’elle sert certains besoins de l’auteur. Il est plus utile de considérer l’agression émotionnelle et instrumentale comme un continuum.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini la violence dans son rapport de 2002 comme « L’usage intentionnel de la force ou du pouvoir physique, réel ou sous forme de menace, contre soi-même, contre une autre personne, ou contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou a une forte probabilité d’entraîner des blessures, la mort, un préjudice psychologique, ou une privation ».

 


Agression relationnelle

 


Cette agression se produit lorsque des efforts sont déployés pour nuire aux relations d’une autre personne et peuvent inclure : propagation de rumeurs, les injures, l’ignorance d’une personne ou l’exclusion sociale. Cette agression englobe d’autres formes d’agression qui sont apparues comme la cyber intimidation, et le harcèlement en ligne, sur médias sociaux, e-mails, forums de discussion, ou SMS, pour humilier, embarrasser, intimider ou menacer quelqu’un pour obtenir le pouvoir et le contrôle.


Si toutes les cultures punissent l’agression préméditée ou involontaire, dans certains pays, l’agression en ligne est punie, c’est le cas en France depuis plusieurs mois. Cette notion ne fait pas consensus dans les autres cultures considérant que la victime peut échapper en changeant de forum ou de site ou arrêter son internet.

 

Origine de l’agressivité : inconnue

 


Se demander ce qui cause l’agressivité ou la violence revient donc à se demander ce qui cause réellement le cancer.
Il n’existe aucune réponse valable et scéniquement prouvée sur l’origine de l’agressivité et de la violence, individuelles ou collectives. Les analyses et les réponses proposées sont généralement influencées par l’idéologie et par la culture. La recherche révèle des influences biologiques, psychologiques et socioculturelles sur le comportement agressif.

 

Facteurs psychologiques et socioculturels de l’agressivité

 


— La souffrance et la frustration

 


Dans les expériences de laboratoire, les personnes rendues malheureuses cherchent à rendre les autres malheureux. Ce phénomène est explicable par le principe de frustration-agression : la frustration engendre la colère, qui peut déclencher l’agression. Le lien entre la frustration et l’agression a été illustré par une analyse des compétitions sportives. Les joueurs frustrés sont plus agressifs. La douleur physique rend les personnes agressives aussi.

 

 

— La température

 


Les taux de criminalité violente et de violence conjugale sont plus élevés pendant les jours les plus chauds.
Des études d’archéologie, d’économie, de géographie, de sciences politiques et de psychologie convergent pour constater que, tout au long de l’histoire de l’humanité, des températures plus élevées ont prédit une augmentation de la violence individuelle, des guerres et des révolutions.
Selon certains, un réchauffement planétaire de 2 degrés Celsius pourrait induire des dizaines de milliers d’agressions et de meurtres supplémentaires, ajoutés à la violence provoquée par la sécheresse, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la migration climatique.

 

 

— Surpeuplement

 

Le surpeuplement se produit lorsque nous pensons que nous n’avons pas suffisamment d’espace et peut entraîner du stress. Cela peut à son tour conduire à l’agression, comme l’ont montré des études sur les boîtes de nuit, et les prisons.

 

 

— Imitation

 


L’apprentissage peut modifier les réactions naturelles. Le comportement est renforcé en observant les autres. Les enfants dont l’agressivité a réussi à intimider d’autres enfants peuvent devenir des enfants cruels et agressifs. Pour favoriser l’émergence d’un monde moins violent, il est préférable de récompenser la sensibilité et la coopération dès le plus jeune âge.

 

 

— Insatisfaction

 


Les taux de criminalité sont plus élevés en cas d’insatisfaction. Les époques et les sociétés marquées par une grande disparité entre riches et pauvres sont plus violentes. Aux États-Unis, les familles dans lesquelles les pères sont peu impliqués présentent des taux de violence plus élevés. Les jeunes hommes américains issus de foyers sans père sont deux fois plus incarcérés que leurs pairs.

 

 

— Honneur viril, et culture de l’honneur

 


Dans certaines cultures, on attend des individus qu’ils protègent leur réputation, leur famille ou leurs biens en répondant aux menaces, aux insultes et aux affronts par la violence. C’est ce qu’on appelle une culture de l’honneur. Ce genre de culture est interdépendant, le regard des autres compte, et l’insulte devient une affaire collective. Aux états unis, les villes riches de traditions écossaises et irlandaises, mettant l’accent sur l’honneur viril, sont plus violentes ont des taux d’homicide trois fois plus élevés que les autres et sont plus favorables à la punition physique des enfants, aux guerres et à la possession d’armes à feu.

 

agressivite homme agressif

 

Facteurs génétiques, hormonaux et nerveux

 

 

— Système nerveux

 


La zone cérébrale la plus impliquée dans l’agressivité est l’amygdale. Les personnes agressives ont une réduction de 16 à 18 % du volume de l’amygdale. L’amygdale est une région du cerveau responsable de la régulation de nos perceptions et de nos réactions à l’agressivité et à la peur. L’amygdale a des liens avec d’autres systèmes corporels liés à la peur, notamment le système nerveux sympathique, les expressions faciales, le traitement des odeurs et la libération de neurotransmetteurs liés au stress et à l’agressivité.


L’amygdale est activée par des stimulations que nous considérons comme menaçants et suscitant la peur. Lorsque nous vivons des événements dangereux, l’amygdale stimule le cerveau à se souvenir des détails afin que nous apprenions à les éviter à l’avenir.
Bien que l’amygdale nous aide à percevoir et à réagir face au danger, cela peut aussi nous conduire à l’agression, d’autres parties du cerveau servent à contrôler et à inhiber nos tendances agressives comme le cortex préfrontal. Ces interactions sont peu comprises.

 

 

— Génétique

 


Il n’existe pas de corrélation directe entre la génétique et le comportement agressif. C’est l’interaction entre les facteurs biologiques et environnementaux qui rend plus ou moins enclin à l’agressivité.
L’hérédité semble jouer un rôle. La relation exacte entre les gènes et l’environnement dépend du type d’agression étudié.
Le gène de la monoamine oxydase A (MAOA), qui contribue à la dégradation de neurotransmetteurs tels que la dopamine et la sérotonine, est appelé « gène du guerrier ». Les personnes qui ont une faible expression du gène MAOA ont tendance à se comporter de manière agressive lorsqu’elles sont provoquées. Ce constat est inconstant et contre dit par d’autres expériences.

 

 

— La testostérone

 


Des niveaux élevés de testostérone, de faibles niveaux de cortisol pourraient avoir un lien un comportement agressif. Les niveaux de sérotonine ont un rôle à jouer dans le contrôle du comportement.
La testostérone, lorsqu’elle est présente à des niveaux élevés, ainsi qu’une masse corporelle importante, entraîne des niveaux plus élevés d’agressivité physique en particulier dans les situations où l’agressivité physique mène à la domination sociale.
Des recherches menées sur une variété d’animaux ont trouvé une forte corrélation entre les niveaux de testostérone et l’agressivité. Cette relation est plus faible chez les humains. Des études ont montré une relation positive entre la testostérone et l’agressivité et les comportements associés (tels que la compétitivité) chez les femmes.
Il faut garder à l’esprit que les relations observées entre les niveaux de testostérone et le comportement agressif ne prouvent pas que la testostérone provoque une agression.

 

 

— Consommation d’alcool

 


La consommation excessive d’alcool est impliquée dans de nombreux actes et crimes violents. L’alcool perturbe les capacités cognitives qui aident à planifier, à organiser, à raisonner, et à contrôler les émotions. Lorsque les gens sont ivres, ils deviennent plus centrés sur eux-mêmes et moins conscients de la situation sociale, un état connu sous le nom de myopie alcoolique. Ils sont moins susceptibles de remarquer les limites et contraintes sociales. L’alcool est un désinhibiteur. Sous son influence, les gens peuvent mal interpréter les actes et réagir en conséquence. L’alcool conduit à l’agressivité non pas en « appuyant sur l’accélérateur », mais en « paralysant les freins »

 

 

 

Des théories, des théories

 

— Théorie évolutionniste

 


Du point de vue de la psychologie évolutionniste, l’agressivité des humains, comme celle des primates, sert probablement à afficher une domination, à protéger un partenaire, et ses petits. Selon cette théorie, l’agressivité féminine est plus réfléchie, visant à parvenir à une fin. Par contre, en cas de défenses des petits, les femelles manifestent des niveaux d’agressivité assez élevés.

 

 

— Théorie cognitive

 

L. Berkowitz a développé sa théorie cognitive de l’agression basée sur les travaux de Freud. Sa théorie propose que l’incapacité d’atteindre l’objectif souhaité déclenche l’impulsion agressive. Selon cette approche, un état émotionnel négatif est à l’origine d’un comportement agressif.

 

— Théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura

 

La théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura propose que les influences extérieures deviennent une partie de notre répertoire comportemental à cause de l’imitation. En d’autres termes, vous commencez à vous comporter de manière agressive parce que vous voyez d’autres personnes le faire. Cela est particulièrement vrai si l’observateur s’identifie à la personne qu’il regarde et la considère comme un pair.

 

 

— Théorie d’Anderson et Bushman

 

Cette théorie prend en compte des facteurs biologiques, environnementaux, psychologiques et sociaux pour expliquer les comportements agressifs. Elle soutient que l’agressivité se produit en raison d’une interaction entre les traits personnels de l’individu et les stimuli externes qui activent une série de processus cognitifs et émotionnels.

 

 

— Théorie de l’instinct

 

Freud croyait que la motivation était pilotée par les instincts. Les instincts agressifs ont tendance à être réprimés dans l’inconscient en raison des normes sociétales. Freud a théorisé le concept de déplacement, c’est le cas quand nous canalisons un sentiment ou une pensée vers une cible de substitution. Par exemple, nous sommes en colère contre le patron. Au lieu de nous en prendre à ce patron, nous rentrons chez nous et adoptons un comportement agressif envers notre partenaire.

 

 

— Théorie de l’apprentissage

 

Selon cette approche, les enfants apprennent l’agressivité des parents. Un enfant utilise la force pour prendre le jouet d’un autre enfant. Il est heureux après, parce que le jouet lui plaît. À l’avenir, l’enfant adoptera le même comportement pour obtenir ce qu’il veut.

 

 

— Théorie de frustration-agression

 

 

La frustration, ou lorsqu’une personne est empêchée d’atteindre un objectif parce que quelque chose ou quelqu’un fait obstacle. La théorie frustration-agression est l’idée que l’apparition de la frustration conduit à l’agression. D’autant plus l’objectif est important, la frustration est grande lorsque les tentatives pour l’atteindre seront contrecarrées. La frustration provoque une pulsion d’agression et le passage à l’acte réduit la pulsion et rétablit l’équilibre.

 

 

— Théorie de l’excitation-transfert

 

 

Si en conduisant, vous avez failli avoir un accident, vous risquez de rester plusieurs heures tendu et en état de vigilance. Pendant ces heures, vous pouvez devenir agressif en raison d’une certaine frustration.

Cette théorie de l’excitation-transfert déclare que l’excitation physiologique se dissipe lentement, de sorte que nous pouvons être légèrement tendus quelques temps après l’événement. L’excitation résiduelle a conduit à des niveaux plus élevés d’agressivité ultérieure.

 

 

Personnalité et Agression

 

Il n’existe pas de personnalité type. Les psychologues utilisent la personnalité comme une explication du comportement agressif dans trois traits en particulier : le narcissisme, le machiavélisme et la psychopathie.
Le narcissisme est la tendance à rechercher l’admiration et un traitement spécial. Les personnes élevées avec ce trait sont centrées sur elles-mêmes, montrent beaucoup d’amour-propre et ont une faible empathie pour les autres.
Deuxièmement, le machiavélisme est un trait reflétant la volonté d’une personne de manipuler les autres.
La psychopathie fait référence à la tendance d’une personne à être insensible et impulsive et à exercer une mauvaise maîtrise de soi.

 

 

Rumination

 

La rumination est le fait de penser constamment à quelque chose. En matière d’agression, on peut s’attarder sur certains affronts contre nous, comme une insulte ou une agression physique. La recherche montre que la rumination augmente les chances de s’engager dans un comportement agressif. Une étude a révélé que ruminer une provocation provoquant de la colère, réduit la maîtrise de soi et peut entraîner une augmentation de l’agressivité.

 

 Rejet social

 

 

Les êtres humains ont un besoin fondamental d’appartenance et lorsqu’ils ne peuvent pas être satisfaits, cela devient douloureux et préjudiciable. Quand une personne est rejetée socialement, elle peut afficher des niveaux d’agressivité élevés. Les narcissiques sont plus en colère et plus agressifs contre quelqu’un qui les rejette, mais aussi contre des tiers innocents. Le rejet par les pairs et l’agressivité dans la petite enfance sont également un prédicateur de troubles ultérieurs de la conduite.

 

 

Les émotions négatives 

 

 

Si vous deviez essayer de vous rappeler les moments où vous avez été agressif, vous signaleriez probablement que beaucoup d’entre eux se sont produits lorsque vous étiez en colère, fatigué, souffrant, malade ou frustré. L’agression est encouragée par les émotions négatives que nous ressentons à la suite d’événements hostiles et par nos pensées négatives qui les accompagnent. Bien que la frustration soit une l’émotion négative principale dans l’agression, tout ce qui conduit à l’inconfort ou aux émotions négatives peut augmenter l’agressivité : douleur, l’ennui, échec.

 

 

Réduire les émotions négatives par un comportement agressif ?

 


Si nous sommes conscients que nous ressentons ces émotions négatives, nous pourrions essayer de trouver une solution pour nous empêcher de nous en prendre aux autres. L’idée que s’engager dans des actions agressives moins nocives réduira la tendance à agresser plus tard d’une manière plus nocive, connue sous le nom de catharsis, est une idée ancienne, mentionnée comme un moyen de diminuer la violence, Aristote parle de « purgation des passions » et c’est une partie importante des théories de Sigmund Freud.
La réduction des émotions négatives peut réduire la probabilité d’agression. Par exemple, si nous sommes capables de nous distraire de nos émotions négatives ou de notre frustration en faisant autre chose, plutôt que de ruminer, nous nous sentirons mieux et serons moins susceptibles d’agresser, mais selon les psychologues, cette technique ne fonctionne pas quand il s’agit de frustration profonde et sérieuse.
Adopter un comportement lié à la violence, comme frapper un oreiller, ou casser des assiettes augmente l’excitation. Il est préférable de simplement laisser la frustration se dissiper progressivement avec le temps ou de s’engager dans d’autres activités non violentes, mais distrayantes.

 

 

Châtiment pour faire face ? 

 

 

Les avantages de la punition sont multiples :
1) Si vous punissez chaque fois que la personne adopte un comportement indésirable ou problématique, elle cessera d’avoir ce comportement
2) La punition peut être incontestablement efficace et dissuader certains criminels de répéter leurs crimes.
3) Après que la punition ait été administrée plusieurs fois, elle n’est plus nécessaire, car la simple menace suffit pour induire le comportement souhaité.
4) La gravité n’a pas d’importance. Le simple fait d’être puni suffit la plupart du temps, pour tous.
5) Enfin, vous n’avez pas nécessairement à subir une punition de première main. Voir les autres punis pour avoir adopté un comportement que vous aviez envisagé de faire peut être suffisant.

 


Les inconvénients de la punition sont multiples aussi :
1) elle est souvent administrée de manière inappropriée, surtout dans un état de colère ou rage.
2) Le destinataire de la punition répond souvent par l’anxiété, la peur ou la rage et ces effets secondaires émotionnels se généralisent à l’ensemble de la situation.
3) L’efficacité de la punition est souvent temporaire, en fonction de la présence de la personne qui punit ou des circonstances.
4) La plupart des comportements sont difficiles à punir immédiatement et pendant le retard, le comportement peut être renforcé
5) La punition véhicule peu d’informations ; il ne dit pas à la personne comment agir.
6) Enfin, une action destinée à punir peut être renforçante.
Verdict final sur la punition ? La liste des inconvénients est beaucoup plus longue que la liste des avantages. Ceci explique pourquoi la punition seule ne réduit pas l’agressivité ni la violence.

 

 

S’éduquer, autodistanciation

 

La rumination après une provocation alimente la colère et peut conduire à des comportements agressifs. Une solution consiste à prendre de la distance. L’autodistanciation se produit lorsque notre expérience égocentrique est réduite. D’autres recherches ont montré que l’autodistanciation peut conduire à une autoréflexion adaptative sur les expériences de colère, de sorte que la personne se concentre moins sur ce qui lui est arrivé et davantage sur la reconstruction de l’expérience.

 

Solutions ?

 

Étant donné que de nombreux facteurs contribuent au comportement agressif, il existe de nombreuses façons de modifier ce comportement, notamment en apprenant à gérer la colère et à communiquer. Les solutions générales sont incapables de résoudre le problème de l’agressivité et de la violence qui trouve leur racine dans la personne : son enfance ; sa culture, son environnement, et sa personnalité.

 

 

Conclusion

 


Une note de conclusion heureuse : les tendances historiques suggèrent que le monde devient moins violent avec le temps. Les gens changent à travers le temps, l’espace et l’environnement. Les Vikings pillards et violents d’hier sont devenus les Scandinaves pacifistes et civilisés d’aujourd’hui. L’humanité est de moins en moins violente et les humains sont moins agressifs.

 

 

Références

 

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Le libre choix en psychologie

libre choix

 

Le concept de "libre choix" est apprécié en philosophie, presque dans toutes les cultures. Ce concept est bien présent et bien étudié dans la philosophie occidentale

 

 

Liberté et libre choix : de la philo à la psy

 

La psychologie moderne évite ce concept, admettant que l'humain est gouverné par de nombreuses forces et doit toujours choisir entre ce qui est disponible et ce qui répond le plus à ses besoins et à ses attentes.
Il n'est pas rare de lire dans les livres de psychologie que le libre choix n'est qu'une illusion, une façon philosophique de voir les choses sans application pratiques ou réelles.

 


L'approche simpliste de ce concept de libre choix néglige les nombreuses et sérieuses dissertations philosophiques sur les limites et les contraintes qui entourent le libre choix.

 


De nombreuses écoles psychologiques rejoignent ces philosophies pour mettre en lumière les limites du libre choix dans le comportement humain en insistant sur l'influence de la famille, de l'éducation, de la société, des moyens économiques, et des traditions sur le choix de chacun. En d'autres termes, la liberté dans le sens philosophique n'existe pas en psychologie. Le déterminisme en psychologie préfère mentionner les règles qui influencent les choix humains : les besoins, le désir, les attentes, les peurs, les craintes, sans oublier des motivations plus complexes, parfois inconscientes.

L'approche psychologique ne prétend pas que les humains sont sans libre choix, sans liberté ou sans volonté, l'approche psychologique surtout le déterminisme, souligne la complexité des choix, la multiplication des facteurs influençant la délibération du choix et de nos décisions.


En face de ce concept de libre choix, la psychologie pose la question : vous avez combien de choix valables, combien de choix considérez-vous comme acceptables, quelles sont les facteurs qui influencent votre choix. En d'autres termes, le libre choix devient un choix partiel, complexe, parfois pénible. Mais le choix existe bel et bien.

Nous sommes libres dans le sens où nous pouvons modifier les règles et les lois qui gouvernent nos comportements. Sur ce point, de nombreuses études psychologiques valident les approches philosophiques sur la liberté, et le libre choix.

 
Nous pouvons devenir plus libres en modifiant les facteurs qui influencent non choix. En se débarrassant de nos peurs, en donnant moins de priorité à nos désirs, nous avons des choix plus libres. Cela rejoint l'approche culturelle de certaines écoles religieuses : moins de désirs, plus de liberté, ou certaines écoles de psychologie : moins de peur, plus de liberté, ou certaine école de psychanalyse : moins de conflit avec soi-même, plus de liberté.

 

 

 homme volonte

 

Volonté : psychologie et philosophie de vie

 

La notion de volonté désigne un phénomène psychologique difficile à distinguer des autres phénomènes comme le désir, la décision, et la motivation. Notre héritage philosophique nous invite à cultiver la volonté, sans expliquer comment, sans nous donner la recette.


Ainsi, après son accident de moto, Enzo s'est retrouvé à l'hôpital. Sa jambe gauche avait souffert pendant l'accident : plusieurs fractures complexes. Après deux interventions, Enzo commence sa rééducation avec le kinésithérapeute de l'hôpital. Voilà sa quatrième semaine d'hospitalisation mais il n'arrive toujours pas à marcher. Malgré la force de ses 16 ans, en dépit de plusieurs tentatives, il lui suffit de toucher le sol avec son pied pour hurler de douleur, et pour demander l'arrêt de la séance de kinésithérapie.  Le médecin orthopédiste conseille aux parents de ne pas être pressés, de donner à Enzo le temps nécessaire pour retrouver sa capacité à résister aux douleurs, en affirmant que ces douleurs sont d'origine musculaire, conséquence prévisible de l'accident.

 


Les parents d'Enzo découvrent pour la première fois les limites de leur fils comme ils disent. Le père se montre étonné du caractère " mou " de son fils, de son incapacité à être volontaire et courageux. Les parents ont demandé de consulter le psychologue de l'hôpital afin d'élaborer la meilleure stratégie pour ne pas prolonger l'hospitalisation d'Enzo, et pour sauver son année scolaire. Le conseil du psychologue est simple : contacter le lycée, assurer la scolarité d'Enzo à l'hôpital pendant les semaines de rééducation. Mais les parents restent étonnés. Ils ont parlé de volonté, "celui qui veut peut, on doit être courageux en face de difficultés", car Enzo devrait se montrer plus déterminé.


Ils ont répété ce discours à leur fils. Il a essayé de marcher, la douleur était toujours là, la volonté ne suffit pas. Ce terme volonté n'est pas facilement utilisable en médecine et en psychologie, c'est un terme philosophique. Une grande partie des philosophes en Occident ont insisté sur ce terme. Cependant, la volonté en philosophie occidentale n'a pas oublié de théoriser les limites de la volonté. Nous trouvons dans les discussions importantes sur les limites de la volonté dans les traités philosophiques : les limites du corps, les limites du temps, les limites de l'environnement. En philosophie occidentale, on tente de sortir l'humain de sa condition, de l'encourager à dépasser ses limites, pour devenir meilleur, plus performant, et plus conscient.


Dans le cas d'Enzo, le discours philosophique sur la volonté trouve ses limites, il s'agit des limites du corps humain, de ses capacités physiologiques. Nietzsche, était-il capable en dépit de ses discours sur l'humain, et sur le surhomme, de marcher facilement malgré la douleur après quatre semaines d'un effroyable accident de moto ?

 

 

Faut-il laisser Nietzsche se promener dans les hôpitaux?

 

C'est une question complexe. Le discours philosophique sur la volonté est utile pour motiver les personnes malades à suivre le traitement, patiemment dans l'espoir de guérir. Le discours philosophique sur la volonté peut être un moyen de motiver un lycéen. Dans ce cas, ce discours devient une motivation, un conseil de bon sens, un outil supplémentaire.


En parlant de la volonté en philosophie, n'oublions pas la complexité du sujet, ni les limites de la volonté discutées par les mêmes philosophes.

 

Notre utilisation de cet héritage philosophique est parfois troublante : demander à une personne souffrant d'une dépression d'être volontaire, c'est oublier les limites de ce concept, c'est demander aux patients des efforts surhumains, généralement inutiles en cas de dépression, et de retarder l'intervention thérapeutique en insistant sur la volonté et la capacité de l'humain à se dépasser.


Probablement, la philosophie sur la volonté, le dépassement, la détermination peut être un élément positif dans le développement personnel, pour obtenir une sérénité, et un courage nécessaire dans la vie, mais l'utilisation de ce concept en médecine et en psychologie semble délicate, en raison de sa complexité et des nuances et limites de ce concept.

 

 

La volonté dans la psychologie moderne



Carl a décidé de consulter un psychologue pour discuter avec lui sa faiblesse de volonté. Il définit cette faiblesse de volonté par son incapacité à prendre une décision ou à terminer un projet. Carl raconte comment il abandonne ses projets car il s'ennuie, il perd l'enthousiasme, pour passer à autre projet qu'il abandonne à nouveau. Il a changé plusieurs fois de parcours universitaire, il a fini par faire des études courtes, et quand il a investi dans une petite entreprise, il commence à s'ennuyer, à penser de tout laisser tomber pour faire autre chose.

 

Cette fois, Carl avoue qu'il a un problème de volonté, il craint de ruiner son projet. D'abord, en psychologie moderne, le concept de la volonté est pragmatique. Certains psychologues utilisent ce concept quand ils ont besoin, avec prudence et parcimonie, d'autres psychologues préfèrent utiliser d'autres concepts pour aider leurs patients. Ce concept de volonté est bien présent dans les parcours professionnels, et dans les parcours scolaires. Le corps enseignant parle parfois le manque de volonté chez certains élèves, dans le milieu professionnel, on dit que l'apprentissage exige de la volonté.
Dans le cas de Carl le diagnostic n'est pas exactement une faible volonté, car il a consulté pour demander l'aide. Il s'agit plutôt de manque de motivation, et de consistance.

 


Le psychologue ne peut faire des miracles. Il peut partager avec son patient certaines discussions :
* - pour réussir un projet difficile, il est préférable de fixer des buts éloignés, d'une exigence élevée, et des principes relativement imprécis. Autrement dit, il est préférable pour garder la motivation et la concentration de viser globalement, d'aller dans le sens du projet, sans se perdre dans les détails, surtout au début d'un projet important.
* -les décisions devraient être prises après réflexion et délibération, pour servir ce but à atteindre, ces décisions devraient être progressives, fixant limite après limite, objectif après objectif. Les décisions importantes sont en réalité des petites décisions allant dans le même sens.
* -lutter contre les habitudes qui altèrent la concentration. Seulement les personnes qui maîtrisent leur sujet peuvent faire plusieurs choses à la fois. Un conducteur expérimenté peut écouter la radio sans être troublé sur une autoroute, un jeune conducteur aura plus de difficultés à bien conduire en conversant ou en écoutant la radio. Pour garder la concentration, il est important de s'offrir des moments de repos et de distractions.
* -apprendre à garder son optimisme est la clé de toute persévérance. Avoir une idée vague sur un projet, une idée précise sur le but, et un optimisme inébranlable ; voilà les fondements de la persévérance.
* - en cas d'incapacité de choisir, ou de prendre des décisions en raison d'une délibération compliquée, choisir de minimiser le risque, il est préférable de faire des petites décisions ne pas faire de décision.
* -chercher le risque à éviter, identifier ce risque, bâtir sa délibération et ses décisions en fonction de ce risque. Autrement dit, éviter le risque en gagnant moins permis de continuer le projet.
* -savoir résister à ses impulsions et à ses désirs est un apprentissage ; réussir exige une concentration, qui ne doit pas être troublée ; chaque chose en son temps peut être la règle d'or : se concentrer pendant le travail, se reposer hors du travail.

 

En réalité, le psychologue n'a pas utilisé le concept de volonté en travaillant avec Carl, il a préféré un concept plus familier en psychologie, la motivation, un concept apparenté à la volonté en philosophie.

 

 

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Emotions : définitions, fonctions, expressions

homme-miroir

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En dépit de la présence de nombreuses publications et sites Internet qui classent et détaillent les émotions, et de nombreux livres qui prétendent aider à contrôler ses émotions, la notion même d'émotion est l'une des matières les plus controversées en psychologie, une source de discussions intenses. Les publications qui prétendent que les émotions sont des définitions fixes ou bien définies ne sont pas sérieuses et manquent de fondement scientifique. 

Un état mental qui surgit spontanément sans effort conscient, souvent accompagné par des manifestations physiologiques comme le sourire, le rire, ou l'accélération du rythme cardiaque en cas de colère.

 -       L'émotion est une expression culturelle


Il existe des liens complexes entre l'émotion et la culture, la tristesse en tant qu'émotion varie selon les cultures, la joie ou la colère aussi. Si la civilisation occidentale devient de plus en plus hostile à la colère, il est normal de voir de moins en moins des gens coléreux car ils tentent de dissimuler cette émotion alors que la colère peut être légitime dans d'autres cultures et donc plus fréquemment exprimée.
La définition même de tristesse varie selon les cultures.

 -       L'émotion est une expression de langage


L'expression de la tristesse ou de l'amour ou de la colère varie en fonction des structures de chaque langue et selon les dictionnaires. Il existe des termes français spécifiques pour décrire l'état mental de la mélancolie par exemple, qui n'existe pas dans d'autres langues, sans pourvoir conclure de cet état mental n'existe pas hors du monde francophone.  D'autre part, chaque langue décrit un ensemble d'émotion dont le nombre et l'expression  varient de façon notable.

Comprendre l'émotion

Ainsi, en l'absence de consensus possible, il existe quatre approches possibles pour comprendre les émotions :

1- Réalisme ontologique


Cette approche considère les émotions comme indépendantes, universelles, sans lien avec culture ou langue. Le réaliste ontologique suppose que des mots tels colère et tristesse sont simplement des étiquettes pour les entités pré-existantes. Les émotions donc existent dans le monde comme fleuves ou lacs, dont les noms seulement varient selon la culture.

Selon cette approche, la langue fournit simplement les noms et les étiquettes pour décrire ces états mentaux qui existent d'une façon universelle de par le monde.

2- Le Nominalisme


Le Nominalisme est une approche développée par le philosophe médiéval Ockham qui pense que les noms ne font que traduire des événements ou des choses ainsi, le mot colère décrit un état qui existe dans n'importe quel groupe social et dans n'importe quelle culture de la même façon. L'approche moderne de nominalisme pense que les mots diffèrent d'une société à une autre, et que par exemple le terme colère décrit le phénomène de la colère dans la culture française, le mot amour décrit ainsi l'émotion amoureuse selon la culture française alors que le mot love désigne l'émotion amoureuse selon la culture anglaise.
D'autres approches dans le nominalisme pensent que les mots décrivant les émotions font partie d'un discours à interpréter au sein de la société.

3- Conceptualisme


L'approche du conceptualisme partage avec le réalisme ontologique sa prétention que les mots des émotions se rapportent à une réalité non linguistique et non culturelle en ajoutant que la réalité est toujours conceptualisée. C'est-à-dire quand les gens utilisent un mot pour décrire une émotion, ils décrivent un état physiologique et comportemental lié à cette émotion. En d'autres termes, la colère devient un concept qui résume plusieurs données dans un seul mot.

 4- Formalisme


L'approche formelle traite des mots décrivant les émotions comme des objets formels, comme les nombres ou comme les chiffres, en considérant que les mots font partie d'un ensemble culturel. Dans cette approche, le mot amour est un amour bien précis pour décrire une émotion celle-ci bien définie dans la langue française.

couple conflit

Emotions : l'expression émotive

Selon certaines théories, l'expression émotive est considérée comme un aspect intégral du processus d'émotion. Certains pensent que l'expression émotive est basée sur des expériences. William James, un professeur à Harvard à la fin du 19ème siècle pensait que les changements corporels pendant l'émotion constituent " l'expérience émotive ".

Comment se manifeste l'émotion

 

James pensait que le corps agissait comme une plate-forme frappée par des impulsions neurales pour créer les vagues du changement qui pourraient alors être senties par le cerveau comme " sentiment émotif ".  Aucune expérience scientifique n'a permis de valider cette approche.

Un autre aspect de la théorie de James est que les changements corporels sont réalisés par le système nerveux selon un processus qui ressemble à une réaction réflexe ou instinctive. Les études plus récentes indiquent que les changements émotifs peuvent être très complexes, si la colère peut entrainer une réponse rapide, cette réponse est déjà modérée selon de nombreux facteurs. Quant aux émotions complexes comme une appréciation esthétique de la beauté ou de la musique, il est évident qu'il s'agit d'un processus complexe.

Silvan Tomkins, un psychologue du 20ème siècle a développé la théorie de James en proposant que les sensations fournies par des expressions émotives, des changements vasculaires, et d'autres changements du visage sont la source de sentiments différents de l'émotion : par exemple, être heureux, la tristesse, ou la crainte, la colère. Et il a décrit des catégories spécifiques d'émotion liées aux expressions faciales.

Selon Tomkins, les émotions liées au dégoût est une variante de l'émotion liée au rejet de la nourriture nocive ou dangereuse, avec une ouverture de la bouche et des lèvres, l'élimination de la nourriture avec la langue. Ensuite, cette réaction de dégoût a généré d'autres scénarios de rejet, tels que l'émotion du mépris où l'objet est une autre personne, et l'émotion de la honte où l'objet est soi-même. Tomkins a énuméré des catégories d'émotion selon leurs expressions.

Ce nouveau regard de Tomkins sur les expressions faciales des émotions a largement influencé la psychologie des émotions durant le 20 ème siècle et a ouvert le chemin à d'autres théories et à d'autres concepts.

   homme en souffrance

Emotions : leurs expressions

Le terme " expression " implique l'existence de quelque chose qui est exprimée. Certains psychologues nient l'existence d'une émotion hors de son expression faciale et corporelle.

Exprimer ses émotions

Des psychologues pensent que l'expression fait partie de la réponse émotive. Pour certains, les expressions faciales ont principalement une fonction communicative et traduisent l'état mental de la personne.


Certaines expressions faciales sont associées aux émotions humaines spécifiquement.
Les études prouvent que les gens classent les expressions du visage par catégorie d'émotion d'une manière semblable à travers les cultures, et que des expressions faciales identiques tendent à se produire en réponse à une émotion identique.


Les recherches scientifiques récentes ont tenté de grouper les expressions faciales en sept catégories. Le développement récent des outils scientifiques pour l'analyse faciale, telle que le système de codage d'action faciale a aidé à améliorer cette classification : Heureux, Triste, Colère, Crainte, Dégoût, Surprise, autres.

Certaines classifications par souci de simplification, sans réel fondement scientifique tentent de classer les émotions selon leur contenu en :

-Émotions simples : Expression simple comme colère, joie, etc.
-Émotions mixtes : expression de plusieurs émotions à la fois. Dans d'autres études, ce genre d'émotion est classé comme sous-émotion ou émotion secondaire.

Par exemple, la jalousie est une émotion qui regroupe plusieurs émotions à la fois : colère, dégout, envie, rage.
- Émotions repoussées : Ce sont des émotions traduites essentiellement par une expression physiologique, comme les douleurs gastriques en cas de colère refoulée et non exprimée.
Ils existent d'autres classifications pour catégoriser les émotions selon le besoin exprimé, ou selon leur caractère positif ou négatif, etc.

 timidité femme cheveux en bataille sur fond bleu

Emotions : ses composantes

Il n'existe pas de définition consensuelle ou scientifiquement admise des émotions. Il n'existe pas non plus de consensus concernant les composantes des émotions, les analyses des émotions selon l'approche utilisée.

De quoi se compose une émotion

D'une façon générale, l'émotion s'accompagne d'un changement d'état d'esprit, une sorte de changement mental stimulé par des idées ou par des images.
Ce changement de l'état d'esprit s'accompagne par des modifications physiologiques. La colère par exemple s'accompagne d'une augmentation de la tonicité musculaire, par accélération du rythme cardiaque et respiratoire, et parfois par une transpiration. Ces modifications sont les résultats des sécrétions hormonales provoquées par le cerveau comme réponse à l'émotion.


En cas de colère, l'organisme se prépare à se défendre et a exprimé cette colère. Certains voient dans ces modifications physiologiques une fonction adaptative, c'est-à-dire une simple expression physiologique de l'émotion, d'autres considèrent ces modifications physiologiques comme faisant parties de l'émotion. En d'autres termes, la colère est une émotion qui se traduit par un état physiologique bien précis.


L'expression de l'émotion est un point important en psychologie. Par exemple, les expressions faciales et corporelles nommées expression d'émotion sont des indicateurs de la présence de cette émotion. L'expression de l'émotion varie selon les personnes, les cultures, et les époques.


Il existe également des modifications physiologiques moins visibles comme par exemple la réaction des muscles lisses du tube digestif qui provoque des douleurs gastriques ou des diarrhées, ou la réaction des muscles lisses du système circulatoire qui provoque une augmentation de la tension artérielle. D'autres modifications vont compléter le tableau de la colère, de la peur, de la jalousie, etc.


Il existe une autre composante importante dans l'expression de l'émotion : le langage. Les pensées vont être formulées dans des mots qui peuvent transmettre aux autres une idée de l'état mental triste, joyeux ou en colère.

Les circonstances qui provoquent les émotions font parties de l'émotion également. Ainsi l'événement qui provoque la colère peut être considéré comme universel selon certaines approches (les humains se mettent en colère devant les mêmes circonstances), et culturels selon d'autres approches (les humains se mettent en colère selon leurs cultures).

Les émotions comme le dégoût semblent culturelles et personnelles, certaines personnes aiment certains aliments d'autres les jugent dégoûtants.

Références
* Ekman, P., Friesen, W. V., & Ellsworth, P. (1982). What emotion categories or dimensions can observers judge from facial behavior? In P. Ekman (Ed.), Emotion in the human face (pp. 39-55). New York: Cambridge University Press.
* Frijda, N. H. (1986). The emotions. New York: Cambridge University Press.
* Gray, J. A. (1985). The whole and its parts: Behaviour, the brain, cognition and emotion. Bulletin of the British Psychological Society. 38, 99-112.
* Izard, C. E. (1977). Human emotions. New York: Plenum Press
* James, W. (1884). What is an emotion? Mind, 9, 188-205.
* Oatley, K., & Johnson-Laird, P. N. (1987). Towards a cognitive theory of emotions. Cognition & Emotion, 1, 29-50.

* Ortony, A., & Turner, T. J. (1990). What's basic about basic emotions? Psychological Review, 97, 315-331.
* Parrott, W. (2001), Emotions in Social Psychology, Psychology Press, Philadelphia

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Une bonne santé mentale !! C’est quoi ?

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Une bonne santé mentale !! C’est quoi ?

La définition classique de la santé mentale était synonyme de psychiatrie, englobant une longue liste de maladies comme la dépression, l’anxiété, les troubles de l’alimentation, la schizophrénie, trouble bipolaire, entre autres.

Actuellement, les chercheurs et cliniciens ont élargi la signification de ce terme, qui s’éloigne progressivement de la psychiatrie, et ont cessé de considérer la santé mentale en termes de présence ou d’absence de symptômes. Ils cherchent à déterminer ce que signifie être en bonne santé mentale et ce que nous pouvons faire pour favoriser notre propre bien-être mental.
En d‘autres terme, la santé mentale ne désigne plus l’absence de maladie mentale, mais le bien-être mental.
La santé mentale est un terme large.

 

Certains l’utilisent comme simple synonyme de santé du cerveau (la neurologie), d’autres incluent notre état psychologique (la psychologie). D’autres ajouteront les émotions, ou le bien-être sexuel.
Il est possible d’écrire que la santé mentale décrit nos états sociaux, émotionnels et psychologiques, nos relations avec nous même et avec les autres.
Une personne qui a une « bonne » santé mentale a trouvé l’équilibre dans sa vie sociale, émotionnelle et psychologique, pour vivre une vie équilibrée et satisfaisante, une vie qui répond aux besoins.


Qu’est-ce qu’une bonne santé mentale selon la psychiatrie ?

Selon le livre de psychiatrie de l’université d’Oxford, une bonne santé mentale, c’est plus que l’absence de troubles mentaux, c’est une nécessité, c’est un ensemble d’éléments :
Un sentiment d’autosuffisance, d’estime de soi.
La capacité de faire confiance aux autres.
La capacité de donner et de recevoir l’amitié, l’affection et l’amour.
La capacité de créer des liens affectifs durables.
La capacité d’éprouver des émotions profondes.
La capacité de pardonner aux autres et à soi-même.
La capacité de s’examiner et d’envisager le changement.
La capacité d’apprendre de l’expérience.
La capacité de tolérer l’incertitude et de prendre des risques.
La capacité de s’engager dans la rêverie et la fantaisie.

Cette définition large tente d’inclure dans la santé mentale de nombreux concepts indispensable à la qualité de vie comme l’estime de soi, la confiance, les relations interpersonnelles, les émotions, l’adaptation, et la bonne santé sexuelle.

bonne sante mentale but  citation

 

La bonne santé mentale et la psychologie positive

La psychologie positive tente de valoriser les réussites, les ambitions, et les projets de vie à la recherche du bonheur et de la satisfaction.
Selon le psychologue Martin Seligman, un des fondateurs de psychologie positive, la notion de bonne santé mentale se résume à cinq points clés qui forment l’acronyme (en anglais) PERMA : émotions positives, engagement, relations, sens et objectif, et réalisations.

 

Cependant, d’autres chercheurs pensent que d’autres facteurs jouent également un rôle.
Selon WellBeing Institute de l’Université de Cambridge, la santé mentale est un continuum. D’un côté il y a les troubles mentaux courants comme l’anxiété, la dépression et de l’autre côté, la santé mentale positive.
Selon cette définition, le but de la santé mentale est de s’épanouir. La bonne santé mentale s’oppose aux facteurs qui altèrent la qualité de vie émotionnelle, sexuelle, relationnelle et sociale.


Les attributs importants d’une bonne santé mentale positive inclut les cinq éléments « PERMA » de Martin Seligman, en ajoutant cinq éléments nouveaux , comme la stabilité émotionnelle, l’optimisme, la résilience, l’estime de soi, et la vitalité. La santé mentale selon la psychologie positive devient synonyme de bien-être et de satisfaction.

bonne sante mentale psychologie positive

 

 

Voici une définition rapide de ces 10 éléments considérés actuellement comme élément clé pour une bonne santé mentale selon la psychologie positive
• Émotions positives : satisfaction, degré de bonheur
• Engagement : s’intéresser à son travail ainsi qu’aux activités de loisir
• Relations : avoir des liens avec les personnes qui vous tiennent à cœur et qui se soucient de vous
• Sens et but : sentir que ce que vous faites dans la vie est précieux, valorisant et utile
• Accomplissement : réussir des projets, avoir le sentiment d’être compétent et capable
• Stabilité émotionnelle : se sentir calme, paisible, serein vis-à-vis de soi et vis-à-vis des autres
• Optimisme : avoir une vision positive de la vie et de l’avenir
• Résilience : être capable de rebondir face à l’adversité
• Estime de soi : se sentir bien dans sa peau
• Vitalité : se sentir énergique.

 


Pourquoi une bonne santé mentale est-elle importante ?

Dès le moyen âge, le médecin Averroès avait défini la bonne santé par l’association de la bonne santé mentale à la bonne santé physique.

Être en bonne santé mental, c’est comme un état amoureux. Quand nous atteignons un bon niveau de bien-être mental, nous sommes enthousiastes, créatifs, capables de produire un meilleur travail, un meilleur apprentissage, avoir de meilleures relations, une meilleure productivité et également une bonne santé physique.

L’étude de Huppert en 2007 réalisant une méta-analyse sur 150 études confirme qu’une bonne santé mentale peut affecter la santé, et que certains aspects de la santé sont plus susceptibles d’être influencés par le bien-être. Une bonne santé mentale semble avoir un impact positif sur le système immunitaire, sur la tolérance à la douleur, et sur certaines maladies cardio-vasculaires comme l’hypertension.
Les personnes qui se sentent heureuses et satisfaites ont plus de chances d’être courtoises, aimables, tolérantes, et optimistes.

 

bonne sante mentale et bien etre

 

Comment favoriser une bonne santé mentale

Certaines pratiques sont supposées améliorer la santé mentale. Il ne s’agit pas de technique validée scientifiquement, mais d’approche culturelle, psychologique et philosophique.

 

— être conscient, rechercher la pleine conscience.
La pleine conscience fait partie des traditions de méditation bouddhiste, consiste à attirer l’attention sur le moment présent, pour se concentrer sur ses pensées, sur ses sensations, et sur ses émotions sans porter de jugement.
Rechercher la pleine conscience peut être efficace pour améliorer le bien-être mental.
Cette technique n’est pas éloignée de la technique de la méditation proposée par la philosophie occidentale. Le but est de donner au cerveau conscient, la possibilité de dominer le cerveau instinctif, c’est-à-dire dominer ses peurs et ses émotions par la raison et par la réflexion. Être conscient d’être en colère permet de modérer et de s’interroger sur cette émotion.
La prise de conscience de nos émotions et de nos pensées peut favoriser une vision optimiste de la vie, en plaçant nos comportements et nos idées dans un contexte général. Adopter la pleine conscience ou méditer permet d’évaluer ses pensées, de les modérer, et de contrer les émotions négatives et les peurs par des jugements conscients et raisonnables.

 

- célébrer les réussites
il s’agit d’exprimer à soi-même une sorte de gratitude, où chaque réussite est célébrée comme un événement heureux. Cet exercice peut favoriser l’optimisme.

 

- optimisme
Regarder le bon côté des choses est un conseil de bon sens développé dans toutes les cultures et dans la philosophie occidentale depuis longtemps. C’est un moyen de renforcer l’estime de soi, de trouver l’optimisme et la motivation.
Être optimiste en permanence est irréaliste, ne fonctionne pas. Pendant les périodes difficiles de la vie, nous avons le droit de faire notre deuil et de ressentir toute une gamme d’émotions, car cela fait partie du processus de guérison naturelle. Le véritable optimisme invite à se concentrer sur le positif réel pour encourager les pensées qui peuvent nous aider à nous adapter en face de changement, et à nous défendre devant les difficultés.
L’optimisme réaliste est l’optimisme aux yeux ouverts, un état d’esprit réaliste et optimiste face aux défis, en exploitant ses forces et ses capacités. Dans les situations à haut risque, il est préférable de s’engager dans un pessimisme défensif.

 

- attentes réalistes

Une bonne santé mentale exige une compréhension de la réalité, et que personne n’est heureux tout le temps, et que personne ne peut avoir une attitude positive à n’importe quels moments de la vie.
Les événements négatifs de la vie font partie de la condition humaine, le décès d’un être cher, perte financière, perte professionnelle, ce genre d’événement peuvent nuire à notre bien-être mental. Dans ce cas, les attentes devraient être réalistes. Aucune volonté au monde ne peut lutter contre la mort, ou contre une maladie grave, une attente réaliste dans ce cas exige une adaptation, un deuil raisonnable, et la capacité d’une résilience profonde et rapide. Cherchez quel genre d’objectif vous souhaitez atteindre puis demandez-vous quel genre de pensées, de sentiments et de comportements vous devez avoir pour atteindre cet objectif.
Ce moyen peut être utile pour éviter l’anxiété, les pensées négatives avant de se lancer dans un projet.

 

Références 
Ryan T. Howell , Margaret L. Kern : Health benefits: Meta-analytically determining the impact of well-being on objective health outcomes, Health Psychology Review, Volume 1, 2007 — Issue 1

Pyschology of life satisfaction, editor, Matt Vassar., 2012

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8 Raisons pour lire ou relire Proust cet été

 

PROUST


 

 

Si vous cherchez un grand livre à lire cet été, nous vous proposons de lire à la recherche de temps perdu de Proust, ce grand classique de la langue française, publié, réédité, analysé, et traduit, est devenu avec le temps un livre à la fois intimidant et jouissif.

 


Nous allons vous s’exposer nos raisons de ce choix. Commençons déjà par le célèbre passage de la madeleine :

 


« La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté... Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses..., l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »

 

 

Si vous aimez le modernisme

Proust raconte la société française en action, la fin de la classe aristocratique qui s’achève avec la première Guerre mondiale, la libération progressive des mœurs, les changements des relations au sein des couples, et au sein des groupes sociaux, les habitudes et les coutumes d’une époque qui n’existe plus. Il relate la fin du XIXe siècle, et le début de la modernité. Ce voyage à travers des personnages attachants offre au lecteur un panorama riche en couleurs.

 

 

citation proust 1

 

 

Si vous aimez la littérature sociale


Proust est le romancier social par excellence. Il dessine avec la minutie d’un peintre les portraits de classes sociales variées, en prenant le soin de décrire leur psychologie, pour arriver à un résultat rarement égalé en littérature. Proust décrit avec la même perfection, et avec le même intérêt la vie d’une duchesse, et la vie de sa femme de ménage Françoise, leurs défauts, leurs désirs, et leurs espoirs. Il ne s’agit pas d’un roman élitiste, ou une collection de souvenirs concernant l’aristocratie. La recherche du temps perdu est un roman qui traite tous les personnages, de toutes classes sociales avec la même attention, et avec le même amour.

Progressivement, vous allez connaître chaque personnage, comme s’il s’agit d’un cousin ou d’un voisin, sa famille, ses habitudes, ses opinions politiques, ses ambitions, ses tentatives d’ascension sociale, ou ses douleurs de solitude ou de maladie.

 

 

Si vous êtes amoureux


La recherche du temps perdu est un roman d’amour, un livre consacré au sentiment amoureux dans ses racines profondes. Proust se sert des mots pour décrire les différentes manières d’aimer, les motivations du sentiment amoureux, l’échec amoureux, et les menaces qui fragilisent ce lien sentimental. Le chagrin amoureux a une place importante dans la recherche du temps perdu. Proust explore la douleur et la tristesse spécifique à l’abandon, et à la perte de l’être aimé. Chaque étape sur le chemin du pèlerinage amoureux est analysée avec le même talent et le même intérêt par Proust, dans le contexte social et psychologique du personnel du personnage.

 

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Si vous aimez la romance et l’érotisme


si vous êtes un lecteur de romance, et si vous appréciez le parfum érotique dans la littérature, vous allez trouver dans l’histoire du narrateur avec Albertine une belle histoire d’amour, une romance qui commence par analyser la séduction, l’attirance, le passage émotionnel vers le charnel, les difficultés relationnelles de la cohabitation, puis la rupture et l’absence de l’être aimé. La relation du narrateur avec Albertine est complexe, jalonnée de doutes et de questions, de désir et d’érotisme. La sexualité chez Proust est multiple, hétérosexuelle et homosexuelle, les relations amoureuses évoluent, subissent les changements de leur environnement, et de la société.

 

 

 

Si vous aimez la psychologie


un grand écrivain peut nous aider à déchiffrer le monde, comme un traducteur qui nous ouvre les yeux sur une autre réalité. Nous trouvons chez les grands écrivains comme Dostoïevski, Shakespeare, ou Proust, cette capacité à analyser la psychologie, à inventer la psychologie positive avant les psychologues, à traiter l’anxiété avant la psychologie moderne.


En lisant Proust, vous allez voir des personnages anxieux, des personnages ambitieux, voire arrivistes, certains ont des troubles d’orientation sexuelle, d’autres ont des problèmes de racines culturelles. Le voyage de ses personnages à travers le roman permet au lecteur d’accéder à l’intelligence qui anime la grande littérature, de comprendre un point de vue différent, de suivre l’acheminement psychologique d’un personnage, et ces interactions avec les autres, et avec lui-même.

 

 

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Si vous voulez comprendre les familles


Si vous tentez l’aventure de comprendre vos parents et votre famille, une lecture de Proust peut être utile. Dès le début de ce roman, dès les premières lignes, le narrateur, le jeune Marcel, déplore la perspective d’une nuit sans le baiser de sa maman. Il va élaborer un plan astucieux pour obtenir ce baiser, il va réussir, mais aussi il va s’interroger sur le chagrin de l’enfant, sur la tendresse, sur la frustration, sur l’irritation, sur le manque de compréhension qui accompagne les relations parents- enfants. À travers d’autres personnages, Proust raconte les relations entre les couples, les dynamiques qui s’imposent au sein des familles, les rapports de force dans le couple, les trahisons, et la loyauté.

 

 

Si vous aimez la langue française


La langue française est à son apogée chez Proust, à travers un style, un choix judicieux de mots, de métaphores et de descriptions. La richesse du vocabulaire donne aux descriptions une belle précision accompagnée de comparaisons et de métaphores parfois surprenantes. C’est une langue travaillée anoblie par une succession de correction et de mise en forme.

 

 

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Si vous aimez rire


Chez Proust, en dépit d’une croyance populaire, les textes sont simples, accessibles qui fonctionnent, et provoquent l’émotion, et entraînent parfois le sourire. Certains personnages sont ridicules, comme les personnages de Molière, certains dialogues sont comiques. Après quelques pages, on devient familier de la tribu de Proust, on sourit, car on devine la réplique de tels ou tels personnages, et ses réactions.

 

Par contre, si vous décidez de lire Proust, vous courez deux risques à la fois. Vous pouvez commencer par le premier tome de la recherche, pour finir accro, avec une étagère consacrée à Proust, des traductions, des biographies, des ouvrages analysant ce roman.

 

Le deuxième risque est de se demander à la fin de cette lecture : que lire après un tel roman ?

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Le sens de la vie selon la psychologie moderne

sens de la vie

 

 

Nous vivons dans une société individualiste qui offre à chacun la possibilité d'organiser, autant que possible, son parcours personnel.
La question sur le " sens de la vie " devient de plus en plus présente en Occident sans idéologies ni religions où chacun devrait créer son propre projet au sein de la collectivité.
Une existence prend son sens quand elle mène à quelque chose, lorsque le présent mène à l'avenir.
Il appartient à chacun de prendre le temps de découvrir ses idéaux profonds, ses passions et ses besoins.


Selon le psychologue Viktor Frankl :

La recherche d'un sens à la vie est parfois remplacée par la recherche du pouvoir, incluant sa forme la plus primitive, soit le désir de gagner toujours plus d'argent. Dans d'autres cas, c'est la recherche du plaisir qui y est substituée.


Viktor Frankl en est convaincu : c'est en cherchant ce sens profond de leur vie que ses patients retrouveront progressivement volonté et joie de vivre.
Héritière de la philosophie du bien-être, la psychologie moderne tente de formuler des conclusions utiles sur le sens de la vie, et sur les moyens les plus appropriés pour y arriver.

 

citation sens de la vie nietzsche

La passion


Kierkegaard disait : on a plus perdu, quand on a perdu sa passion que quand on s'est perdu dans sa passion.

Pour d'autres philosophes, la passion est problématique, car elle perturbe notre rationnement. Pour les philosophes de la liberté, la passion est une " maladie de l'âme " (Kant), pour les philosophes rationalistes comme Descartes, elle brouille le jugement et empêche l'accès aux vérités.
La psychologie moderne tente de trouver une réponse utile à ces oppositions. Existe-t-il une différence entre avoir une passion harmonieuse et une passion obsédante ? La réponse est oui. En 2003, le psychologue canadien Robert Vallerand a fait une nette distinction entre passion harmonieuse et obsédante. Si votre passion vous dépasse, devient hors de votre contrôle, si votre bonheur et votre estime de vous-même dépendent de cette passion, vous êtes dans une passion obsédante, qui risque de vous mener vers l'anxiété et la tristesse. Si votre passion est sous contrôle, raisonnée par votre esprit et par votre plan de vie ou par vos principes éthiques, vous êtes dans une passion harmonieuse. Vous pouvez imaginer que le travail ou l'argent peuvent faire votre bonheur.


Cette passion est saine, sauf quand l'argent ou le travail deviennent indispensables à votre bonheur, ou pire, quand ils sont en contradiction avec vos principes ou vos attentes. En cas de passion obsédante, il est plus difficile de trouver le sens de sa vie.
Hegel préférait dire : Rien de grand ne s'est accompli dans le monde, sans passion.

 

citation sens de la vie shakespeare

Les projets pour donner du sens à notre vie

Pour donner un sens à votre vie, ne laissez pas mourir vos projets et vos ambitions. Cultivez vos rêves et gardez-les précieusement. Si vous avez une ambition, n'attendez pas longtemps pour transformer cette ambition en projet. Les chercheurs à l'université de la Floride du Sud ont examiné les réponses de centaines de personnes qui se plaignent de l'absence de sens à leur vie et le retentissement de cette absence sur leur carrière professionnelle, sur leur santé, et sur leur qualité de vie. Les chercheurs ont remarqué que les personnes qui négligent leurs ambitions et leurs projets perdent plus que les autres le sens et la qualité de leur vie. La recherche du sens dans notre vie dépend de nos projets, de leur réalisation, et de leurs relations avec nos besoins, et nos vraies attentes.

 

citation sens de la vie twain

 

Endurance et autodiscipline

Dans de nombreuses publications, les psychologues semblent s'accorder sur un point : la vie sans endurance et courage ne peut être une vie satisfaisante. La psychologue Angela Duckworth de l'Université de Pennsylvanie écrit dans son livre publié en 2016 " tomber 7 fois, se relever à la huitième " que les personnes endurantes sont capables de réussir leurs projets, d'améliorer leur qualité de vie. Ces personnes sont consciencieuses, autodisciplinées, courageuses et travailleuses. Ces critères semblent s'associer avec la réussite professionnelle, et une meilleure qualité de vie. Se relever après un échec exige une passion pour recommencer, du courage pour se remettre au travail, et une endurance pour réussir.

 

citation sens de la vie Williams

Persévérance pour réussir

Jon Jachimowicz de l'école de commerce de New York a étudié le sentiment des personnes qui font leur travail avec passion. Il a noté que les personnes qui apprécient leur travail bénéficient de cette association passion/travail. Ces personnes sont plus heureuses, et plus douées pour réussir sur le plan professionnel et personnel. Ces résultats suggèrent que la persévérance est indispensable pour transformer une passion en projet, pour trouver un sens à la vie, et pour chercher une bonne satisfaction.

 

citation sens de la vie Yoshikawa

L'investissement peut transformer le travail en passion

Certains auteurs pensent que l'investissement profond dans une tâche peut parfois transformer cette tâche en passion.
Duckworth suggère que personne ne rencontre sa passion et le sens de sa vie spontanément, et qu'il ne suffit pas de réfléchir ou de méditer pour changer les conditions de notre vie. Il est important d'explorer, d'essayer différentes activités, d'étudier différents projets, d'affronter les défis pour trouver le sens de sa vie. Il est parfois utile de chercher le conseil chez les autres, à travers le contact personnel, ou à travers la lecture et les études.


Exécuter consciencieusement une tâche, maîtriser cette tâche, perfectionner l'exécution peut devenir une passion. Dans une étude publiée en 2014, les entrepreneurs allemands ont remarqué qu'une tâche répétée pendant huit semaines peut être exécutée d'une façon satisfaisante pour les employés à partir de la neuvième semaine. Les employés ont exécuté cette tâche, ont perfectionné leur approche, ont fini par transformer cette exécution en passion. Les tâches exécutées étaient librement choisies par les employés, les procédures d'exécution également. Cet investissement qui transforme le travaille en passion exige le libre choix de son travail, et la compréhension de l'intérêt de ce travail.

Quelques suggestions

Certaines écoles de psychologie proposent quelques conseils pour aider chacun à trouver le sens de sa vie. Nous trouverons les mêmes conseils dans les livres de philosophie, dans les conseils de nos parents et dans la culture populaire
1. Ne négligez pas vos rêves et vos projets
2. Cultiver ce que vous trouvez agréable
3. Penser à ce que vous aimez avant de penser à ce que vous n'aimez pas
4. Analyser vos sentiments et vos besoins
5. Ne pas gaspiller son temps (être raisonnable avec les jeux et les distractions)
6. Savoir distinguer le bonheur de la satisfaction
7. Ne pas être passif dans la vie
8. Trouver le temps pour réfléchir à vos propres problèmes
9. Être patient.
10. Vous devez faire ce que vous aimez.

 

References:
Dave Isay : Callings: The Purpose and Passion of Work 2016, Penguin Press.
Wilhelm REICH, " L'analyse caractérielle ", Paris, Payot
Viktor Frankl, découvrir un sens à sa vie, Montréal, Actualisation, 1988

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Psychologie positive, pensées positives

sport pense positive

Un humain devrait s'adapter à son environnement, et répondre aux défis de la vie : santé, économie, couple, deuil, etc.  Si vous voulez atteindre un objectif, la sagesse populaire vous invite à être positif.
Nos pensées fondent notre capacité à formuler notre conscience, nos sentiments et notre volonté puis nos actions.


Dans ses études sur l'intelligence, Julie Norem a comparé les opportunistes stratégiques et les pessimistes défensifs. Si vous êtes un opportuniste stratégique, vous envisagez le meilleur résultat possible et vous planifier pour atteindre ce résultat. Si vous un pessimiste défensif, même si vous avez été couronné de succès par le passé, vous allez décrire toutes les choses qui pourraient aller mal et vous risquez de ne rien faire.
Nous sommes en réalité l'ensemble de nos pensées. La qualité de nos pensées conditionne nos actions et notre qualité de vie. C'est l'un de principes de la psychologie positive.
Les grands hommes des différentes époques ont compris la capacité de l'esprit à engendrer créativité, détermination, résistance et endurance.

 

Matisse pensee positive

 

Les pensées nourrissent notre esprit


Les mots et les idées sont notre nourriture psychologique et morale. Ce que nous entendons (parole, sons, musique), ce que nous voyons (livres, image), ce que nous discutons deviennent la nourriture de notre esprit et la base de nos pensées.
Lorsque nous entendont constamment des mots négatifs, des pensées négatives ou anxiogènes, nos pensées deviennent moins positives, et doivent lutter contre cette atmosphère négative. Quand nous sommes confrontés à des situations qui suscitent la réflexion, certaines idées nous aident dans nos décisions, d'autres nous ralentissement en semant peur et hésitation.
Notre esprit se nourrit à travers ce que nous recevons de notre environnement : famille, amis, émotions, musique, livres, films, art, etc.


C'est une banalité, de mentionner que notre famille et nos amis affectent notre point de vue et nos pensées. Ceci explique pourquoi nous sommes encouragés à nous entourer de gens qui augmentent notre estime de soi et rehaussent notre lucidité et notre capacité à formuler des pensées positives et utiles.
Les personnes défaitistes, pessimistes, ou nihilistes ont quelque chose en commun, ils influencent nos décisions et nos pensées, puis nos réactions et nos comportements. Combien de fois, est-on déprimé ou démoralisé après une discussion avec un rabat-joie, ou avec une personne cynique ?
L'influence des livres, de la musique, de la culture, est primordiale. Nous gagnons à travers ces productions intellectuelles un esprit plus apaisé et plus harmonieux. En lisant un livre, ou en regardant un film, nous bénéficions d'un discours structuré et soigné capable de nous aider à produire des pensées positives.
La prudence et le pessimisme sont parfois utiles pour affronter la complexité d'un sujet et ses conséquences. Ces approches négatives, en sachant maîtriser la dose, peuvent modérer nos actions, améliorer notre défense et accroitre notre capacité d'analyse.

 

Derain pensee positive


De nombreuses études confirment que les émotions positives sont une force déterminante pour avoir des pensées positives et incontournables dans la recherche de l'épanouissement de tout être humain.

Il serait utile de réduire les situations qui empoisonnent l'esprit par leur négativité, comme on peut constater parfois dans les discussions sur les réseaux sociaux, ou en écoutant les personnes trop anxieuses, ou cyniques et de chercher des situations qui encouragent la pensée positive.
Les livres, l'art, la culture, la musique, la méditation et les amis optimistes peuvent nous rendre plus heureux, plus positifs et nous aider dans notre réussite et notre épanouissement.  
La psychologie positive est fondée sur les pensées positives : penser positivement pour produire des conséquences positives.

 

Réf :
Wiley Periodicals, Inc. J Clin Psychol 58: 993-1001, 2002.
Fredrickson, B. L. (2001). The role of positive emotions in positive psychology: The broaden-and-build theory of positive emotions. American Psychologist, 56(3), 218-226.

 

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Alain et la psychologie positive : le bonheur est une action

Psychologie postitive bonheur

 

 

La psychologie positive est une nouvelle branche de la psychologie en pleine expansion. Martin Seligman est un pionnier de la psychologie positive (terme lui-même inventé par Abraham Maslow).

Depuis les années 2000, cette science humaine propose de s'intéresser non plus à ce qui fonctionne mal chez les individus mais ce qui fonctionne le mieux. Cette branche de la psychologie tente de réunir les avantages de la philosophie, de la psychologie, et du développement personnel pour célébrer l'épanouissement, le bonheur et le bien-être.
Les chercheurs en psychologie positive examinent ce ce qui rend les êtres humains heureux, épanouis et satisfaits dans le but de comprendre et de favoriser les facteurs qui permettent aux individus, et à la société de prospérer.


La psychologie positive repose sur trois piliers :
-  l'étude des émotions positives,
-  l'étude des traits de personnalité positive, en particulier nos forces et nos vertus mais aussi nos aptitudes, et enfin
-  l'étude des intuitions positives.

Martin Seligman définit la psychologie positive comme devant permettre de se concentrer sur les forces des individus plutôt que sur leurs faiblesses et de développer les talents pour atteindre l'épanouissement plutôt que guérir les pathologies.

 

citation seligman

 

Il distingue trois niveaux de bonheur :
1.    La vie plaisante (pleasant life), basée sur le plaisir, dont l'objectif est de vivre de nombreux plaisirs et d'en amplifier les effets. Ce type de bonheur instantané ne dure pas puisque l'effet des plaisirs décroît avec l'usage.
2.    La bonne vie  (good life) basée sur l'engagement, dont l'objectif est de connaître ses forces pour se maintenir dans un état de bien-être optimal. Le plaisir profond génère des émotions positives dont la durée est plus longue que celles générées par des plaisirs éphémères. La personne est dans un état de satisfaction.
3.    Le sens de la vie  (meaningful life) basée sur le don de soi où l'individu connaît ses forces et les met au service d'une cause plus grande que lui-même. Le sentiment d'accomplissement est alors profond et durable.

 

 

La pensée d'Alain avant la psychologie positive

Émile Chartier, dit Alain (1868-1951), est né dans la petite ville de
Mortagne-au-Perche, en Normandie, qui lui consacre aujourd'hui un musée.
Il est dans l'histoire littéraire le créateur d'un genre particulier : "  le propos  ",  forme de développement de la pensée dans une écriture précise.  Le propos n'est pas la maxime ni l'aphorisme, le Propos chez Alain est concis, affirmatif, porteur d'une pensé et d'une réflexion. On peut classer Alain comme un essayiste et moraliste de la pure tradition française.

 

citation Alain bonheur


Selon le philosophe Alain, apprécier le bonheur est une question d'action et de savoir vivre.
Dans son livre, toujours publié et lu dans de nombreux pays, Propos sur le bonheur, Alain fonde les principes de la psychologie positive, et du développement personnel.
Au coeur de sa pensée, il y a l'idée que vivre, c'est déjà être heureux. "Comme la fraise a goût de fraise, la vie a goût de bonheur", écrit-il.
Prenons quelques exemples de son best-seller Propos sur le bonheur. Alain pense que nous pensons nos émotions, et que notre cerveau peut les contrôler.   


" Sentir, c'est réfléchir, c'est se souvenir. Ceux qui ont trop pensé à leurs peines, lorsqu'ils les racontent à faire pleurer les autres, trouvent encore à cette action un petit soulagement. "

Concernant l'avenir, il conseille de faire appel à la raison et à la volonté pour choisir l'optimisme.

" j'aime bien mieux ne pas penser à l'avenir, et ne prévoir que devant mes pieds. Non seulement je n'irai pas montrer au mage le dedans de ma main, mais, bien plus, je n'essaierai pas de lire l'avenir dans la nature des choses ; car je ne crois pas que notre regard porte bien loin, si savants que nous puissions être. J'ai remarqué que tout ce qui arrive d'important à n'importe qui, était imprévu et imprévisible. Lorsqu'on s'est guéri de la curiosité, il reste sans doute à se guérir aussi de la prudence. "

Dans un autre passage il écrit sur l'importance d'agir, de se jeter dans l'action :  

" La destinée est instable ; une chiquenaude crée un monde nouveau. Le plus petit effort entraîne des suites sans fin. Celui qui a planté ces ormes n'a pas délibéré sur la brièveté de la vie. Jetez-vous comme lui dans l'action sans regarder plus loin que vos pieds, et vous sauverez vos ormeaux. "


Concernant l'action, il demande d'y mettre les moyens pour y arriver  

" Dès que l'on veut gagner, il faut vouloir les moyens, c'est-à-dire faire des sommes de petits profits. Ou bien c'est grimper sans regarder à chaque pas que l'on fait ; or toute pierre n'est pas bonne, et la pesanteur ne nous lâche jamais. Ruine est un beau mot ; car la perte est accrochée au marchand et le tire toujours. Qui ne sent pas cet autre genre de pesanteur perd sa peine."

Selon lui, un projet commence par l'idée, par l'imagination et progresse par l'action :

" L'imagination mène le monde des hommes, par ceci qu'elle ne peut s'affranchir
de coutume et il faudrait dire que l'imagination ne sait pas inventer ; mais c'est l'action qui invente. "

En matière de sentiments, il appelle à la raison, à la réflexion, pour lui, l'amour est un projet qui nécessite d'agir :  
" L'amour n'est pas naturel ; et le désir lui-même ne l'est pas longtemps. Mais les sentiments vrais sont des œuvres. On ne joue pas aux cartes pour les jeter au premier mouvement d'impatience ou d'ennui ; et personne n'a jamais eu l'idée de jouer au hasard sur un piano. "


Psychologie postitive

 

Le bonheur est une action

La philosophie et la psychologie positive se rejoignent pour constater que les personnes les plus satisfaites et optimistes sont celles qui ont découvert et exploité leurs forces et leurs  moyens. Le bonheur exige une vie agréable, un sens et une signification. Le bonheur exige de faire face au passé, d'être optimiste à propos de l'avenir, de profiter du présent, de cultiver les émotions positives, de chercher la connaissance, l'amour, la justice et d'avoir le courage et le sens de l'action.


Une vie agréable est une vie qui poursuit avec succès les émotions positives sur le présent, le passé et l'avenir, qui laisse à l'imagination les soins de proposer et l'action courageuse l'occasion de réaliser.
Le bonheur n'est pas le résultat de rebondir d'une joie à une autre ; atteindre le bonheur implique le fait de tolérer des périodes d'inconfort. Les psychologues sont d'accord avec les philosophes comme Alain qui disait qu'une partie importante du bonheur dépend de nos actions.   
Dans son livre sur Alain, Thierry Leterre écrit en 2006:

 

"Pour Alain, le bonheur ne dépend pas de ce que l'on a mais de ce que l'on fait, de notre capacité à agir. Le bonheur est une façon de faire."  

 

Bibliographie:
Alain : propos sur le bonheur, 1925
Seligman, Martin E.P. (2002). Authentic Happiness: Using the New Positive Psychology to Realize Your Potential for Lasting Fulfillment. New York, NY: Free Press.
Seligman, Martin E.P. (2004). "Can Happiness be Taught?" Daedalus, Spring 2004.

 

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Je me réjouis des malheurs des autres !

femme boxe

 

Dans un mail, Patricia avoue qu'elle se réjouit des malheurs des autres. Ce sentiment intime la met mal à l'aise. Elle avoue qu'elle jalouse les autres, se réjouit de leur malheur, et se sent parfois coupable.

 

"Pourquoi les gens ne peuvent s'empêcher de sentir un plaisir quand le malheur frappe les autres? Je ne vous cache pas que ce sentiment m'étonne, je n'arrive pas à savoir ce qui alimente mon intérêt pour le désastre et le malheur. Il m'arrive parfois de regarder à la télévision la vie des gens riches et célèbres, et lorsqu'un présentateur de télé passe devant les juges, je suis plutôt joyeuse, et quand un grand patron d'entreprise est viré, je suis contente en me répétant : il mérite.

 

Mon voisin a fait installer une jolie piscine bleue dans son jardin. J'en étais jalouse, presque malade mais récemment, ce voisin divorce.

La maison est mise en vente. J'ai eu un sentiment de joie à ma grande honte!! . Je ne gagne rien à ces malheurs, mais cela me fait plaisir, c'est curieux. Comment analyser ma " méchanceté?"

 

Les humains s'évaluent en fonction des gens qui les entourent, comme dans un jeu de miroir. Si les gens autour de nous trébuchent, notre estime personnelle augmente.

 

Schopenhauer décrivait ce sentiment comme " la réjouissance méchante : schadenfreude". Certains pensent que l'humain serait programmé pour jouir du malheur des autres.

 

Comment réagit un groupe qui observe deux étudiants? Le premier: privilégié, voiture, copine, bonnes notes, famille riche, et un autre jeune homme pauvre, sans copine, sans voiture, notes moyennes. Il y a une forte chance que le groupe d'observateurs envie le sort du premier mais se réjouit de sa chute. Comme si l'envie constituait un puissant déclencheur de la jouissance méchante " schadenfreude ".

 

D'autres pensent que c'est le ressentiment qui agit dans ces cas; Plus on jugeait que les gens ne méritaient pas leur statut, plus on a plaisir à leur chute". Vous ne les croyez pas méritants, et vous ressentez la schadenfreude. !!!

 

Les personnes que nous envions le plus sont celles qui nous sont les plus proches. Mais l'âge de l'information, la télévision, et Internet, ont compliqué la situation en nous mettant en concurrence avec des personnes que nous ne connaissons pas. Il est risible de passer son temps à regarder à la télévision les malheurs d'un homme riche jugé à l'autre bout de la terre et pourtant c'est ce que nous faisons, comme si la piscine bleue était dans nos têtes avant d'être dans la réalité.

 

Lorsqu'un puissant est condamné par la justice, certains ressentent les mêmes émotions ou lorsqu'un collègue surpayé est mis à la porte. Lorsqu'un voisin riche divorce, on se réjouit. Cela nous rassure, les riches divorcent, les piscines sont vendues, et nous avons notre bonheur familial même sans piscine. Donc, la piscine si convoitée n'a plus d'intérêt.,

 

L'augmentation de l'estime de soi diminue l'intensité du ressentiment. Une bonne estime de soi permet de ne jalouser personne ni d'envier les piscines bleues !!!

 

Que voulez-vous Patricia, les humains sont comme ça !!! Mais entre-nous, pensez-vous que la piscine fait le bonheur?

 

T

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