Table de matière
- Index de la masse corporelle
- Définir l’obésité
- IMC et risques liés à l’obésité
- Limites scientifiques d’ l’IMC
- Obésité, toujours néfaste ?
- Faible IMC et mortalité
- Obésité et bonne condition physique
- Maladies liées à l’obésité
- Diabète de type2 et obésité
- Obésité et cholésterol
- Obésité et hypertension artérielle
- Obésité et cancers ?
- Arthrose et obésité
- Grossophobie
- Apnée du sommeil et obésité
- Covid 19 et obésité
(IMC) est une méthode utilisée pour évaluer le poids et la surcharge pondérale. La surcharge pondérale est à l'origine des maladies sérieuses comme diabète type 2, maladie de coeur, hypertension, apnée du sommeil, varices, et autres maladies chroniques.
Index de la masse corporelle
La méthode ancienne d'évaluation du poids était :
Taille - 100 = poids idéal
L'index de la masse corporelle est un système plus précis et plus pratique
Le poids sain selon IMC :
Un IMC sain pour un adulte est entre 18.5 et 25 généralement.
IMC entre 25 et 30 : surcharge pondérale
IMC de 30-40 : obésité
IMC de plus de 40 : obésité sévère
Comment calculer son index de masse corporelle ?
Le calcul s'effectue selon la formule suivante :
IMC = poids / (taille X taille)
Exemple : Taille 1.68 M, poids : 68 kg
IMC = 68 / ( 1.68x 1.68) = 24.2
Exceptions:
IMC n'est pas toujours une méthode exacte pour déterminer le poids.
Voici quelques exceptions:
* Les sportifs et les culturistes (bodybuilding) ; La masse musculaire pèse plus de graisse, les gens musclés peuvent avoir un IMC élevé.
* Les personnes âgées: Chez les personnes âgées, l'IMC idéal est entre 25 et 27. Chez les personnes de plus de 65 ans, Un IMC entre 26-27 est utile pour lutter contre l'ostéoporose.
* Les enfants: l'IMC n'est pas applicable chez les enfants. Les médecins ont d'autres systèmes d'évaluation pour les enfanta moins de 14 ans.
Définir l’obésité
Comment définit-on l'obésité par rapport à l'indice de la masse corporelle ?
La surcharge pondérale correspond à un poids supérieur à la "normale". Bien qu'imparfait, le calcul de l'indice de masse corporelle (IMC, défini comme le poids en kilogrammes divisé par la taille en mètres carrés) est largement accepté pour déterminer l'insuffisance pondérale, le poids normal, le surpoids et l'obésité.
Le surpoids est défini comme un IMC de 25 à 29,9 kg/m2, l'obésité comme un IMC de > 30 kg/m2.
L'obésité sévère est définie par un IMC >40 kg/m2 ou 35 kg/m2 avec des maladies liées à l'obésité (co morbidité).
L'obésité des adultes est associée à une diminution de l'espérance de vie. De nombreuses études discutent si l'augmentation régulière de l'espérance de vie observée au cours des deux derniers siècles en Occident pourrait prendre fin en raison de l'augmentation de l'obésité [Olshansky 2005]. Les personnes obèses qui fument, ont une espérance de vie nettement plus réduite que les fumeurs qui ne sont pas obèses ou les non-fumeurs obèses [Peeters 2003].
Références
Olshansky SJ, Passaro DJ, Hershow RC, et al. A potential decline in life expectancy in the United States in the 21st century. N Engl J Med 2005; 352:1138.
Peeters A, Barendregt JJ, Willekens F, et al. Obesity in adulthood and its consequences for life expectancy: a life-table analysis. Ann Intern Med 2003; 138:24.
IMC et risques liés à l’obésité
Dans certaines publications, on décrit un lien entre l’IMC et la mortalité. Existe-t-il des études sérieuses sur ce sujet ?
Un indice de la masse corporelle (IMC) élevé est associé à une augmentation du taux de mortalité, toutes causes confondues, et de maladies cardiovasculaires.
La mortalité augmente lorsque l'IMC est > 25 kg/m2. Cela est particulièrement vrai pour les personnes souffrant d'obésité sévère [McTigue 2016]. L'excès de poids a contribué à quatre millions de décès dans le monde en 2015 et à plus de 320 000 décès aux États-Unis en 2014.
Des études épidémiologiques ont évalué la relation entre l'obésité et la mortalité. Sur 230 études incluant plus de 1,5 millions de personnes, l'obésité et le surpoids étaient associés à un risque accru de mortalité toutes causes confondues [Aune 2016].
La surcharge pondérale semble être associée à une augmentation de la mortalité.
Références
McTigue K, Larson JC, Valoski A, et al. Mortality and cardiac and vascular outcomes in extremely obese women. JAMA 2006; 296:79.
Aune D, Sen A, Prasad M, et al. BMI and all cause mortality: systematic review and non- linear dose-response meta-analysis of 230 cohort studies with 3.74 million deaths among 30.3 million participants. BMJ 2016; 353:i2156.
Limites scientifiques d’ l’IMC
Quand nous parlons d’IMC et mortalité, quelles sont les limites scientifiques de ce raisonnement. L’obésité augmente toujours la mortalité ? Dans certains cas, ne faut-il pas relativiser ?
Il faut relativiser effectivement. Dans certains cas, l’obésité est peu liée à la mortalité. Il existe des patients obèses selon l’IMC qui sont en bonne santé métabolique, sans problèmes cardiaques, sans diabète, et avec un faible taux de cholestérol.
Certaines études pensent qu’il s’agit d’un groupe à part, d’autres pensent que malgré l'absence d'anomalies métaboliques dans ce groupe, il existe des preuves d'une mortalité accrue. [Kramer 2013].
Chez les personnes en surpoids sans problèmes métaboliques, l'augmentation du risque de mortalité n'est pas statistiquement significative.
L'impact de l'obésité sur la santé varie, il faut souvent de nombreuses années pour que ses effets soient mesurables.
Références
Kramer CK, Zinman B, Retnakaran R. Are metabolically healthy overweight and obesity benign conditions?: A systematic review and meta-analysis. Ann Intern Med 2013; 159:758.
Obésité, toujours néfaste ?
Dans le passé, on parlait de bien-fait de l’obésité, existe-il encore des études dans ce sens ?
Sur le plan général, dans une majorité de cas, l’obésité n’est pas une bonne chose pour la santé.
Il existe cependant un paradoxe de l'obésité ; certaines études ont conclu qu'un IMC élevé pouvait améliorer la survie des personnes atteintes de maladies cardiaques comme l’insuffisance cardiaque.
Contrairement aux nombreuses études rapportant que le surpoids est associé à une mortalité plus élevée, certaines données suggèrent une mortalité plus faible pour les personnes dont l'IMC est compris entre 25 et 30 kg/m2 [Flegal 2013]. Ces données ont été remises en question par d’autres études.
Références
Flegal KM, Kit BK, Orpana H, Graubard BI. Association of all-cause mortality with overweight and obesity using standard body mass index categories: a systematic review and meta-analysis. JAMA 2013; 309:71.
Faible IMC et mortalité
Sur internet, on écrit qu’il existe une augmentation de la mortalité avec un faible IMC. Vrai ?
Oui, c’est vrai.
Dans une étude, les sujets dont l'IMC était inférieur à 22,5 kg/m2 présentaient une mortalité plus élevée que les sujets dont l'IMC était compris entre 22,5 et 25 kg/m2. La surmortalité était principalement due à des maladies liées au tabagisme (respiratoires et cancéreuses).
Dans d’autres études, le risque de mortalité est plus élevé en cas d’IMC inférieur à 22,5 kg/m2 [Berrington 2010]. L'augmentation du taux de mortalité chez les personnes ayant un IMC inférieur à 22,5 kg/m2 était plus faible chez les personnes en bonne santé et n'ayant jamais fumé.
Dans les études asiatiques, les sujets ayant un IMC <20,1 kg/m2 avaient une mortalité plus élevée que les sujets ayant un IMC de 22,6 à 25 kg/m2 [Zheng 2011].
Ces résultats, suggèrent que l'association entre un faible IMC et une mortalité accrue est probablement, en partie, un artefact statistique influencé par les maladies préexistantes ou par le tabagisme et démontrent en même temps les limites de l’IMC qui ne reflète pas l’ensemble des paramètres liés à l’obésité.
Références
Berrington de Gonzalez A, Hartge P, Cerhan JR, et al. Body-mass index and mortality among 1.46 million white adults. N Engl J Med 2010; 363:2211.
Zheng W, McLerran DF, Rolland B, et al. Association between body-mass index and risk of death in more than 1 million Asians. N Engl J Med 2011; 364:719.
Obésité et bonne condition physique
Pourquoi les médecins encouragent les personnes obèses à avoir une bonne condition physique alors qu’il faut les encourager à perdre du poids ?
Le niveau de condition physique est un facteur important chez les personnes obèses. Dans 10 études, les personnes en mauvaise forme physique avaient un risque de mortalité deux fois plus élevé, quel que soit l'IMC [Barry 2014]. Les personnes en bonne forme physique souffrant de surpoids et d'obésité présentaient des risques de mortalité similaires à ceux des personnes en forme et de poids normal.
Références
Barry VW, Baruth M, Beets MW, et al. Fitness vs. fatness on all-cause mortality: a meta- analysis. Prog Cardiovasc Dis 2014; 56:382.
Maladies liées à l’obésité
Quelles sont les maladies liées à l’obésité prouvées scientifiquement ?
En fait, l'obésité a dépassé le tabagisme comme première cause de maladie et d'invalidité évitables. [Rueda-Clausen 2015]. Dans une enquête menée auprès des personnes adultes aux États-Unis, les personnes en surpoids et obèses présentaient un risque plus élevé d'hypertension, d'hypercholestérolémie et de diabète que les personnes de poids normal [Nguyen 2008]. Le risque de développer une maladie chronique (calculs biliaires, hypertension, maladies cardiaques, cancer du côlon et accidents vasculaires cérébraux (chez les hommes uniquement) augmentait avec l'indice de masse corporelle (IMC).
Les données suggèrent qu'un IMC < 22,0 kg/m2 serait idéal, ce qui est difficile à atteindre.
Références
Rueda-Clausen CF, Ogunleye AA, Sharma AM. Health Benefits of Long-Term Weight-Loss Maintenance. Annu Rev Nutr 2015; 35:475.
Nguyen NT, Magno CP, Lane KT, et al. Association of hypertension, diabetes, dyslipidemia, and metabolic syndrome with obesity: findings from the National Health and Nutrition Examination Survey, 1999 to 2004. J Am Coll Surg 2008; 207:928.
Diabète de type2 et obésité
Est-ce que le diabète de type2 est toujours lié à l’obésité ?
Non mais le diabète de type 2 est fortement associé à l'obésité. Plus de 80 % des cas de diabète de type 2 peuvent être attribués à l'obésité. La prise de poids après l'âge de 18 ans chez les femmes et après l'âge de 15 ans chez les hommes est un facteur important.
La perte de poids est associée à une diminution du risque de diabète de type 2 [Knowler 2002]. Le risque de diabète de type 2 peut également être associé à des habitudes alimentaires spécifiques.
Références
Knowler WC, Barrett-Connor E, Fowler SE, et al. Reduction in the incidence of type 2 diabetes with lifestyle intervention or metformin. N Engl J Med 2002; 346:393.
Obésité et cholésterol
Les personnes obèses ont toujours un cholésterol et des triglycérides élevés ?
En général, oui.
L'obésité est associée à plusieurs changements du métabolisme des lipides : concentration sérique élevée des cholestérol, de cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDL), de cholestérol à lipoprotéines de très basse densité (VLDL), de triglycérides et une réduction d'environ 5 % du cholestérol à lipoprotéines de haute densité (HDL) [Poirier 2006]. Ce dernier effet est peut-être le plus important, car une faible concentration de cholestérol HDL sérique entraîne un risque relatif de maladie coronarienne.
L'adiposité centrale joue un rôle important dans les anomalies des lipides sériques.
Références
Poirier P, Giles TD, Bray GA, et al. Obesity and cardiovascular disease: pathophysiology, evaluation, and effect of weight loss. Arterioscler Thromb Vasc Biol 2006; 26:968.
Obésité et hypertension artérielle
Les liens entre l’obésité et l’hypertension artérielle sont-ils prouvés scientifiquement de même pour les maladies cardiaques?
Oui dans de nombreux cas, mais l’obésité n’est pas le seul facteur pour favoriser l’hypertension.
La pression artérielle est souvent augmentée chez les personnes souffrant d'obésité. Le risque d'hypertension est plus élevé chez les sujets présentant une obésité de la partie supérieure du corps et de l'abdomen. La perte de poids chez les personnes souffrant d'obésité est associée à une baisse de la tension artérielle. (Aune 2016)
L'obésité est associée à un risque accru de maladie coronarienne, d'insuffisance cardiaque. La perte de poids est associée à une amélioration des facteurs de risque cardiovasculaire [Klein 2004].
L'obésité est associée à un risque accru de maladies coronariennes. Le risque chez les personnes en surpoids et obèses est aggravé par la coexistence d'autres facteurs de risque tels que l'hypertension, et le diabète.
Références
Aune D, Sen A, Norat T, et al. Body Mass Index, Abdominal Fatness, and Heart Failure Incidence and Mortality: A Systematic Review and Dose-Response Meta-Analysis of Prospective Studies. Circulation 2016; 133:639.
Klein S, Burke LE, Bray GA, et al. Clinical implications of obesity with specific focus on cardiovascular disease: a statement for professionals from the American Heart Association Council on Nutrition, Physical Activity, and Metabolism: endorsed by the American College of Cardiology Foundation. Circulation 2004; 110:2952.
Obésité et cancers ?
Comment croire les gens qui écrivent que l’obésité provoque le cancer mais la cause du cancer est inconnue ?
L’obésité ne provoque pas le cancer directement, l'excès de poids est associé à un risque accru de plusieurs types de cancer. [Steele 2017].
L'obésité et le surpoids peuvent augmenter la probabilité de mourir d'un cancer. Les mécanismes contribuant à l'augmentation de l'incidence du cancer et de la mortalité peuvent inclure des altérations du métabolisme des hormones sexuelles, des niveaux d'insuline. [Gallagher 2015].
L'association et les types de cancers varient d'une étude à l'autre, mais il existe un lien prouvé entre l'obésité et le cancer du sein, le cancer d’ l’endomètre, le cancer colorectal, le cancer des voies biliaires. Il s’agit d’une association et non pas une cause directe.
Références
Steele CB, Thomas CC, Henley SJ, et al. Vital Signs: Trends in Incidence of Cancers Associated with Overweight and Obesity - United States, 2005-2014. MMWR Morb Mortal Wkly Rep 2017; 66:1052.
Gallagher EJ, LeRoith D. Obesity and Diabetes: The Increased Risk of Cancer and
Cancer-Related Mortality. Physiol Rev 2015; 95:727.
Arthrose et obésité
Le lien entre l’arthrose et l’obésité est un lien direct (question de poids) ou l’obésité modifie les articulations ?
Il s’agit d’un lien direct, le poids finit par altérer les articulations.
L'incidence de l'arthrose est accrue chez les sujets obèses et représente une composante majeure du coût de l'obésité. À l'inverse, la perte de poids est associée à une diminution du risque d'arthrose. C’est le cas également pour la goutte.
Références
Aune D, Sen A, Norat T, et al. Body Mass Index, Abdominal Fatness, and Heart Failure Incidence and Mortality: A Systematic Review and Dose-Response Meta-Analysis of Prospective Studies. Circulation 2016; 133:639.
Grossophobie
Pourquoi ne parle-t-on jamais de la grossophobie de nos sociétés ?
La stigmatisation de l'obésité est une réalité sociétale. Les personnes souffrant d'obésité sont exposées à la désapprobation du public en raison de leur poids. Cette stigmatisation se manifeste dans l'éducation, l'emploi, et dans les rencontres, entre autres.
La discrimination liée au poids chez les personnes après 25 ans est plus élevée chez les femmes [Dutton 2014]. Les personnes obèses font également l'objet de discriminations à l'embauche, et plus encore pour les professions plus exigeantes physiquement [Flint 2016].
Références
Dutton GR, Lewis TT, Durant N, et al. Perceived weight discrimination in the CARDIA study: differences by race, sex, and weight status. Obesity (Silver Spring) 2014; 22:530.
Flint SW, Čadek M, Codreanu SC, et al. Obesity Discrimination in the RecruitmentProcess: "You're Not Hired!". Front Psychol 2016; 7:647.
Apnée du sommeil et obésité
L'apnée du sommeil est-elle une manifestation de l’obésité ?
L'apnée du sommeil est le problème respiratoire le plus important associé à l'obésité et au diabète. De nombreuses études confirmant que l'obésité est un facteur de risque majeur pour le développement de l'apnée du sommeil. (Kwong 2011)
Références
Kwong JC, Campitelli MA, Rosella LC. Obesity and respiratory hospitalizations during influenza seasons in Ontario, Canada: a cohort study. Clin Infect Dis 2011; 53:413.
Covid 19 et obésité
Pourquoi le Covid 19 touche-t-il plus les personnes obèses ?
Des données d'observation établissent un lien entre l'obésité et l'augmentation de la mortalité dues à la maladie à coronavirus (COVID-19).
Dans une étude incluant 2500 patients hospitalisés pour une COVID-19 dans la ville de New York, l'obésité était associée à un risque accru d'intubation ou de décès chez les adultes de moins de 65 ans [Anderson 2020].
Dans une étude incluant 7000 adultes atteints de COVID-19, il existe une association entre l'IMC et le risque de décès à 21 jours.
Dans une analyse de 75 études, les personnes souffrant d'obésité avaient un risque 46 % plus élevé d'être positives au COVID-19, et une mortalité plus élevée de 48% [Popkin 2020].
L’effet de l'obésité sur le système immunitaire n’est pas défini, les études ne savent pas expliquer le lien entre l’obésité et la sévérité du COVID-19.
Références
Anderson MR, Geleris J, Anderson DR, et al. Body Mass Index and Risk for Intubation or Death in SARS-CoV-2 Infection : A Retrospective Cohort Study. Ann Intern Med 2020; 173:782.
Popkin BM, Du S, Green WD, et al. Individuals with obesity and COVID-19: A global perspective on the epidemiology and biological relationships. Obes Rev 2020; 21:e13128.