The Hay Wain par John Constable

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John Constable, The Hay Wain (charrette de foin), 1821

John Constable, The Hay Wain (charrette de foin), 1821, National Gallery de Londres

 

Le peintre romantique et réaliste anglais John Constable (1776-1837) né dans le Suffolk, est connu pour ses peintures de paysages du Dedham Vale, la région entourant sa maison - aujourd'hui connue sous le nom de "Constable Country".

 

Constable n'a pas connu le succès de son vivant. Autodidacte, il n'est devenu membre de l'établissement qu'à l'âge de cinquante-deux ans, lorsqu'il a été élu à l'Académie royale. Par contre son talent fut reconnu et apprécié en France, où il a inspiré l'école de Barbizon.


Ce tableau The Hay Wain, un des plus célèbres a été achevé en 1821 et se trouve à la National Gallery de Londres.

 

La charrette de foin, ce tableau présente une vieille carriole traversant une rivière au milieu d’une boucle du cours d’eau près du Willy Lott's Cottage (encore debout aujourd'hui) visible à gauche. Le paysage est le sujet, les personnages dans la charrette, le pêcheur au bord du ruisseau, la lavandière sont à peine esquissés, de même le chien au premier plan à la façon des impressionnistes, la lumière se reflétant dans l’eau, les nuances de vert des près, des arbres et le ciel calme et serein occupant une grande partie du tableau révèlent la beauté de la nature.

Le tableau inspire une grande tranquillité, l’immuabilité de la nature, et du temps qui passe, les êtres humains sont englobés, absorbés par le paysage, par la nature, deviendra emblématique de la campagne anglaise.
Constable est célèbre pour ses études des nuages et du ciel anglais changeant par une observation attentive, minutieuse et réaliste de la luminosité en fonction des saisons.

 

The Hay Wain a été distingué par une médaille d'or décernée par Charles X en France, dont un moulage est maintenant incorporé dans le cadre du tableau en 1824.

 

 

 

 

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Aleksei Venetsianov : romantisme russe et insurrection du moi

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Aleksei Venetsianov romantisme russe Le berger endormi

Le berger endormi (1823-1824)

 

 

Calme paisible, couleurs pastel, position du dormeur, ces éléments nous invitent à la contemplation empathique de ce jeune homme à la paume de la main ouverte, repos dans une campagne verdoyante au bord d’une rivière calme sous un ciel clair. Le tableau fait partie du romantisme russe, l’individu est au centre du tableau, dans une nature réaliste.

 

Biographie d’Aleksei Venetsianov

Rome était le centre d’attraction pour les peintres russes. Le romantisme russe allait reléguer la peinture italienne. Le vrai tempérament russe trouve l’expression dans la peinture de genre. Alexis Venetsianov (1780-1847) était le meilleur représentant de ce style avec le calme et la douceur de ses tableaux peuplés de paysans dignes, dans un mélange de naturalisme, et de romantisme


Venetsianov Aleksei né à Moscou dans une famille de modeste marchand descendant d’immigrés grecques, commence sa vie comme fonctionnaire. Il apprend seul la peinture puis se forme auprès du portraitiste Borovikovski. En 1807 il sert comme officier à St Petersbourg.


Il est admis en 1812 à l’académie des Arts. En 1820, l’artiste se retire avec sa famille, dans sa propriété de Safonkovo, près de Tver, et se consacre sa peinture d’après nature, à la vie paysanne. Désormais, son activité picturale, doublée d’un enseignement dans l’école qu’il fonde en 1822 est orientée vers l’identité nationale russe et la peinture de paysage. Sous l’influence de poète Vassili Joukovski (1753-1852), il devient un des peintres du romantisme russe.
La Grange (1823, Saint-Pétersbourg, Musée russe), premier de ses travaux, suivront la série des saisons (au labour, le printemps ; À la moisson, l’été, v. 1830, Moscou, galerie Tretiakov).


Il forme plus de 70 artistes sur 20 ans. Les œuvres de l’école Venetsianov sont marquées par la poésie de la vie quotidienne. La créativité des artistes de l’école représente une étape importante dans le développement du réalisme dans la peinture russe de la première moitié du XIXe siècle.
Les travaux des élèves sont exposés en même temps que les siens lors des expositions.


À son initiative et sous l’impulsion des intellectuels de l’époque, la peinture russe prendra son essor reléguant la peinture d’inspiration et de style italien au second plan.
Le poète et musicien A. Oulybychev, exhortait les artistes de l’époque : « Il n’y a rien de plus gracieux que la femme russe ; les chansons russes sont les plus touchantes et les plus expressives ».
Venetsianov meurt en 1847, son école de peinture laisse sa famille ruinée. Il est enterré dans le cimetière du village de Doubrovskoïe (aujourd’hui Venetsianova) du district d’Oudomeski.

 

Le romantisme russe


La Russie de la première moitié du XIXe siècle fut saisie comme le reste de l’Europe par le romantisme, la mélancolie des ruines, le lyrisme du moi, l’exaltation de l’amour, la fascination par la nature.


Malgré un régime autocrate, les artistes ont su ajouter à la peinture à un haut niveau d’inspiration et de technique, dans les œuvres intimes, les portraits et les scènes de genre, réalisées avec un réalisme sincère, et délicat. Dans l’art du portrait, l’intérêt romantique se manifestait dans l’expression individuelle liée à la pureté d’esprit néoclassique. Cette double promotion de l’individu et de son environnement allait correspondre, sur le plan littéraire, à l’émergence d’une littérature russe flamboyante symbolisée par Pouchkine et Gogol.


Cependant le romantisme russe ne fut pas une copie du romantisme européen. Pour Pouchkine, la situation romantique russe est particulière, car la Russie, séparée du monde catholique romain par la tradition byzantine, est restée longtemps étrangère à l’Europe. La Renaissance, de même que l’esprit de la chevalerie et des croisades, n’y trouva aucun écho.
Le romantisme russe est un retour vers la nature, les couleurs des saisons, vers la terre et ses traditions. Si Pouchkine exaltait l’amour et les émotions de l’individu, Tolstoi appréciait les gens du peuple, la terre, les paysans et pas seulement les émotions ou l’individualisme d’une élite culturelle ou économique.


Les étapes de l’individualisation en Europe occidentale (Renaissance, Réforme, siècle des Lumières) ne sont apparues dans l’histoire russe que sous des formes indirectes et affaiblies. Les pratiques « autobiographiques » en Russie étaient mal considérées. Au moment où le romantisme est à l’ordre du jour partout en Europe, l’art et la littérature russes inventent d’autres moyens d’expression du Moi. L’époque romantique est un moment crucial pour l’affirmation de la subjectivité dans la culture russe.
En Russie, où la culture est traditionnellement plus holiste (la pensée qui tend à expliquer un phénomène comme étant un ensemble indivisible) qu’individualiste, les processus d’individualisation sont différents de ceux qui ont eu lieu en Europe occidentale, et ils ne suivent pas les mêmes étapes chronologiques

 

L’époque romantique constitue pour toute l’Europe et pour la Russie un moment « d’une immense affirmation du Moi » pour voir émerger une nouvelle subjectivité dans la littérature et dans l’art. Cependant, si le Moi russe tente de s’affranchir du collectif officiel (État, communauté, social, religieux ou politique) et de ses contraintes morales, il reste fondamentalement attaché à l’ensemble de son environnement naturel ; patrie, émotions, famille, etc.
plus tard, la critique soviétique considéra l’époque du romantisme en Russie comme une simple étape vers le réalisme, minimisant ainsi l’importance de cette naissance du moi, et le surgissement de l’intime et de l’individu.

 

La peinture d’Aleksei Venetsianov


Sa peinture, deux siècles plus tard, est toujours admirée par sa fraîcheur et sa grande spontanéité.
« Berger assis » (entre 1823 et 1826), « Aire de battage » (1821), « labour », « Été. Récolte » (début 1820), « Moissonneurs » (deuxième moitié de 1820). Il y crée une image poétique et idéalisée de la vie rurale. Les œuvres d’art Venetsianov séduisent les spectateurs par une perception innovante pour l’époque.
Travaillant en plein air, l’artiste a subtilement reproduit les effets de la lumière du jour. Sa palette est riche des teintes jaune-brun, vertes, bleuâtres, jouant rôle important dans les peintures de paysage et dans le jeu d’intérieur.

 

 

Aleksei Venetsianov romantisme russe portrait La jeune fille au fichu


La jeune fille au fichu 1820

Ce portrait met en scène une jeune fille au regard latéral et interrogateur, sa tête est couverte d’un fichu à carreaux qu’elle retient de la main, apparait d’une grande fraîcheur. Le buste n’est pas détaillé, le fond non plus. Seul le visage aux joues roses et au regard gris-bleu encadré par le tissu joliment coloré retient l’attention, elle va nous parler, nous dire son nom…
Le portrait est dans la peinture russe était réservé à une élite économique et politique. Dans ce portrait, il s’agit d’une jeune personne du peuple, belle, en bonne santé, habillée d’une façon modeste et qui ressemble à tout le monde, tableau fidèle aux principes du romantisme russe, et qui prépare calmement le réalisme à venir.
Dans d’autres parties de l’Europe, les peintres dessinaient également l’individu, comme le faisait Ingres en France, en choisissant des gens ordinaires, dans un environnement réaliste.

 

Aleksei Venetsianov romantisme russe Au labour le printemps 1820

 Au labour, le printemps 1820

Tableau romantique et réaliste, et allégorique du renouveau de la nature et des beaux jours, renouveau de la terre russe mère patrie.
La paysanne tire des chevaux, vêtements de fête comme c’était le cas pour les premiers labours, elle semble voler au-dessus du sol fait d’une terre meuble, fraichement retournée surveillant un bambin qui joue au premier plan, l’action se détache sur un ciel calme et serein qui occupe la moitié du tableau.

 

Aleksei Venetsianov romantisme russe A la moisson1830

À la moisson, l’été 1830

Le premier plan est occupé par une terrasse sur laquelle trône une faucille, la mère semi-assise nous tourne le dos tenant serré contre elle un enfant (allaitement ?), le deuxième plan montre le champ en partie fauché parsemé de meules et d’ombres de personnages, ici comme dans d’autres représentations le ciel occupe la moitié du tableau laissant le regard se perdre dans le lointain infini, donnant un sentiment de tranquillité sereine au spectateur.

 
Parmi les disciples de Venetzianov, deux peuvent être cités :

 

Grigori Soroka  romantisme russe Pecheurs

 Grigori Soroka (1823-1864) : Pêcheurs (1840)

 

Reprenant la même composition que son maitre, l’artiste nous montre l’immobilité paisible de la rivière où glisse silencieusement une barque près d’un pêcheur à la ligne, sur un ciel dégagé où se perd le regard.

 

Nikifor Krylor  romantisme russe Hiver russe 1827

 

Nikifor Krylor (1802-1831) : Hiver russe (1827)

Dans un style réaliste, ce tableau nous interpelle par cette vue d’une campagne figée dans la blancheur de l’hiver et le temps suspendu de l’immensité glaciale du ciel.

 

Réf

Huyghe: Larousse encyclopedia of modern art, Prometheus press, New York, 1961
David Cottington: modern Art, Very Short Introduction, Oxford press, 2005
Evgueny Kovtun : russian avant-garde, Parkstone Press International, New York, 2007

 

 

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Romantisme : Oui, l’individu existe

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romantisme Eugene Delacroix bouquet de fleurs

Eugène Delacroix , bouquet de fleurs

 

 

 

 

Le romantisme est avant tout, une crise de la conscience européenne au moment du basculement dans un Nouveau Monde.

 

Origines du romantisme européen

Les idées de philosophe irlandais Burke et de Rousseau ont alimenté l’art d’un nouveau mouvement, le romantisme.

Comme le néoclassicisme, le romantisme a commencé à la fin du XVIIIe siècle, mais, contrairement au néoclassicisme, il n’était pas un style avec ses règles et ses formes, il s’agissait d’un vaste mouvement culturel des arts visuels, de la philosophie, de musique et la littérature. Le terme romantisme reflète la nostalgie pour littérature médiévale et chevaleresque.
Les efforts de l’art romantique se concentraient sur la primauté de l’émotion sur la raison, la psychologie, l’imaginaire, mystères, paysage, rêves, un engagement en faveur de la justice sociale et de la liberté politique, et un attrait pour les temps anciens et pour des lieux lointains et exotiques.

 

Il commence au 18e siècle dans la peinture, en rejetant le néoclassicisme et l’influence de l’antiquité gréco-romaine dans les travaux des artistes. Le romantisme est une rupture avec les idées du passé en proclamant la prééminence de l’individu, sa personnalité, sa sensibilité, sa passion et son imagination.

À la Renaissance, la culture gréco-romaine était émancipatrice, aidant à modérer la théologie catholique.
La Révolution française s’accomplit au nom de la raison, sur des modèles républicains qui copiaient les dieux grecs et romains, dans un style classique. Le néoclassicisme fut un plaquage qui exaltait l’État, la raison, et les héros, il allait devenir un carcan.

Les guerres de la période révolutionnaire et de l’Empire, la culte de la nation, et la culte de personnalité prirent un tour autoritaire. En France, la mobilisation générale en faveur de la République, puis de l’Empire, refoulèrent le romantisme et l’individualisme jusqu’à Waterloo.

 

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Theodore Géricault : La retraite de la Russie

 

Progressivement, les abus de la Révolution, et de Napoléon, ses violences, ses déceptions allaient offrir au romantisme un caractère politique orienté contre les excès des idées des Lumières.

Antibourgeois, le romantisme n’est ni aristocratique ni catholique. Il chérit l’absolu, l’idéal. Les extrêmes de la droite à la gauche furent contre le romantisme, et contre l’individualisme naissant s’accompagnant d’une valorisation de la sensibilité, et du désir.
Le romantisme allait réévaluer la sensibilité et de l’authenticité à travers les œuvres de Diderot, de Rousseau, de Bernardin de Saint-Pierre et d’autres.

 

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Theodore Géricault : L’épave

 

En Allemagne et en Angleterre, ce courant prit une tournure antifrançaise, devint un instrument de lutte contre la domination de la culture classique française sur l’Europe entière.

 

 

Le romantisme dans la littérature

Le romantisme dans l’art a produit ses chefs d’œuvre, mais la vrai révolution a été dans la littérature. Des chefs d’œuvres littéraires parlent de gens, de justice, d’individus et d’émotions.


Les artistes romantiques ont cherché dans l’isolement et dans l’imagination des thèmes nouveaux, qui peuvent mener au bord de la folie et du mystère (les poètes maudits et les artistes maudits). Les sujets sont parfois pittoresques ou sublimes, pour établir une relation avec la nature, pour créer une émotion. La présence humaine n’est plus indispensable, le paysage devient un « état d’âme ».


Au tournant du siècle se développa en Angleterre, en réaction à une industrialisation plus précoce qu’en France, une littérature inquiète à tendance tantôt sociale (Blake, Wordsworth, Shelley), tantôt gothique (A. Radcliffe, Scott, H. Macpherson). Le moi s’exalte chez Keats ou dans la révolte comme chez Byron.

En Allemagne : Le mouvement « Sturm und Drang » (Tempête et stress) a souligné la primauté du sentiment et de l’imagination sur la raison et l’ordre adoptés par les académiciens.
Les principaux représentants allemands du Sturm und Drang furent ; Johann Wolfgang von Goethe 1749-1832 traitant les thèmes de l’existence et le sens de la vie, Friedrich Schiller 1759-1805 (sur les thèmes de la naïveté et de la poésie sentimentale, Johann Gottfried Herder 1744-1803 sur les thèmes du langage

En Angleterre : Les principaux poètes romantiques étaient William Wordsworth [1770-1850] et Samuel Taylor Coleridge [1772-1834]. Leurs Ballades lyriques, publiées en 1798, peuvent être considérées comme un manifeste du mouvement romantique européen. Leur poésie transmettait l’attrait romantique de la nature et des lieux lointains et exotiques. Les œuvres de Lord Byron [1788-1824] comme Don Juan, de John Keats [1795-1821] [La Belle Dame sans Merci], Percy Bysshe Shelley [1792-1822] [Ozymandias] ont exprimé la nostalgie romantique du passé et des ruines de la justice politique et sociale [Byron : Les îles de la Grèce], une fascination de la beauté et de la cruauté [Shelley : Sur la Méduse de Léonard de Vinci dans la Galerie Florentine).

 

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Caspar David Friedrich : Un homme et une femme contemplant la lune.

 

 

En France :
Le plus important précurseur français du Romantisme était François-René de Chateaubriand (1768-1848), qui a évoqué l'esprit médiéval dans son Génie du christianisme de 1802.
Les principaux poètes romantiques français du XIXe siècle sont Alfred de Musset (1810-1857), Gérard de Nerval (1808-1855), Alphonse de Lamartine (1790-1869) et Théophile Gautier (1811-1872).
Victor Hugo (1802- 1885) a été le chef de file du romantisme dans la France du XIXe siècle, et croyait que la liberté littéraire était aussi importante que la liberté politique et sociale.

 

Aux États-Unis
Les romans de James Fenimore Cooper (1789-1851) (le dernier des Mohicans) ont exprimé la notion, développée par Jean-Jacques Rousseau , de " nobles sauvages ", surtout dans son des histoires fictives d'Amérindiens. Les contes gothiques obsédants de Nathaniel Hawthorne (1804-1864) (The Scarlet Letter) et Washington Irving (1783-1859) (Tales of the Alhambra) transmettent le goût pour un passé médiéval et partager avec Edgar Allan Poe (1809-1849) (Le Corbeau) un penchant pour le macabre et le surnaturel.

 

 

Le romantisme dans l’art

On parle d’une mutation générale du goût et de la pensée qui bouleversa les esprits et la culture.
Le romantisme est si varié dans ses manifestations qu'une seule définition est
impossible, mais son discours principal est la croyance en la valeur de l'expérience individuelle, en réaction au rationalisme des Lumières qui refuse de considérer les émotions des individus.
Le romantisme est communément vu comme l'antithèse du néoclassicisme.
Le romantisme et le néoclassicisme partagent la préoccupation de l'idéal plutôt que du réel. Certaines œuvres du romantisme expriment une réponse romantique à l'antiquité.
Le romantique envisage l'inatteignable, au-delà des limites de la société et de l'adaptabilité humaine.

Le héros classique accepte le destin sur lequel il n'a aucun contrôle et triomphe noblement dans cet acquiescement, sinon il ne saurait pas être un héros. Le héros romantique s'est mis en tête de lutter contre un environnement hostile, et ne peut jamais se satisfaire même quand il atteint son but, car il cherche l’absolu.

Le romantisme représente une attitude plutôt qu'un ensemble d'éléments particuliers et implique l'expression d'une idée qui a tendance à avoir une approche verbale plutôt que visuelle. Il se prête plus facilement à l'expression par la musique et la littérature qu'à travers les arts visuels comme un sens de l'infini et le transcendance.

Les principaux artistes romantiques diffèrent largement les uns des autres : Blake et Turner en Grande-Bretagne, Delacroix et Géricault en France, Friedrich et Runge  en Allemagne.

Le mouvement s'est éteint dans le milieu du 19e siècle, mais dans un sens plus large l’esprit romantique a continué à vivre, représentant une révolte contre le conservatisme, la modération, le manque de sincérité insistant sur l’importance des rêves et de l'imagination dans l’expression culturelle.

romantisme Eugene Delacroix le sultan du Maroc et son entourage

 


Eugène Delacroix, le sultan du Maroc et son entourage

 

Le romantisme est une expression de l’inconscient, de ce qui est personnel, d’où la nécessité d’accepter la différence et d’affirmer la personnalité de chaque artiste.
En affirmant son statut dans la société, il travaille de moins en moins sur commande, car il veut choisir ses sujets lui-même.

Ce mouvement favorise l’idée d’une œuvre d’art autonome et unique, il entraine la création indépendante des grandes théories et réclame le droit à « l’art pour l’art ».

Ainsi l’art se débarrasse de toute dimension morale pour devenir création, et recherche plastique. Baudelaire définit ainsi l’œuvre d’art comme la production du beau.

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William Turner, un ange debout sur le soleil

 

Nous pouvons schématiquement citer quelques caractéristiques du romantisme dans l’art :
- inspiration à partir des œuvres littéraires romantiques.
- importance de l’imagination.
- perte de contrôle et rôle de l’inconscience.
- sujets nouveaux comme la liberté, le hasard, la mort, la solitude, le mal.
- évocation de la souffrance humaine, du vide, du silence, de l’infini.
- vision lyrique de la nature.
- un traitement particulier des couleurs grâce à une réflexion sur ses effets psychologiques.
- apprécier le goût exotique, et les choses différentes ( orientalisme )

 

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Francisco de Goya : Tempête de neige

 

Références
Lee Johnson: Delacroix,1963, Norton company, NY
Laurie Schneider Adams : 19e century art, 2014, Oneworld Publications
Ina Chilvers: The Concise Oxford Dictionary of Art and Artists, 1990, Oxford University press

 

 

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Jean Dominique Ingres, réformateur ou conservateur ?

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Ingres autoportrait

Ingres a 24 ans lorsqu’il peint un premier autoportrait conservé au musée de Chantilly (France).

 

 

 

 

Imaginer vous rendre à Paris pour une exposition de peinture au XIXe siècle. Vous allez discuter avec plusieurs artistes, ils vous diront tous que Dominique Ingres est un tyran, un conservateur qui défend sa propre carrière, la domination de la peinture officielle, et qu’il cherche à travers sa fonction de porte-parole de l’école et de l’académie, à combattre l’innovation, le changement et la nouveauté dans la peinture française.

Car pour de nombreux chercheurs, Dominique Ingres représente la fin d’une période dominée par Jacques Louis David, ce classiciste implacable, qui s’acharne à ressusciter sur la toile, les gloires disparues de la Grèce antique et des Romains, dans un style académique, figé.


Avec le recul, de nombreux chercheurs admettent qu’à bien des égards, les critiques vis-à-vis d’Ingres sont injustes. D’autres chercheurs plus récents aiment classer Ingres comme un peintre révolutionnaire. Un fait ironique, le peintre se considérait lui-même comme un « révolutionnaire innovateur ».


Voici ce que mentionne Gombrich dans son histoire de l’art : « Dans la première moitié du XIXe siècle, le chef de file des conservateurs fut Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867). Il avait été l’élève et un fidèle partisan de David, admirant comme lui l’art héroïque de l’Antiquité classique. L’enseignement d’Ingres soulignait l’importance d’une précision absolue dans l’étude du modèle vivant ; il méprisait l’improvisation et le désordre. On comprend que beaucoup d’artistes aient été séduits par cette technique infaillible et impressionnés par la personnalité d’Ingres, même quand ils ne partageaient pas ses idées. »

En dépit de sa formation rigide et classique, à l’école de David, il s’est finalement libéré de l’adhésion obsessionnelle au néoclassicisme figé des maniéristes du XVIIIe siècle. Son attitude envers les sculptures antiques, envers les écrits d’Homère, la peinture de Raphaël, et les règles de la perspective de la renaissance italienne, fut malgré tout différente du néoclassicisme et de la majorité des peintres son époque lui permettant de revendiquer sa place d’avant-gardiste avec d’autres talents comme Delacroix, Courbet et Géricault. Mais il a fallu un siècle pour admettre l’aspect innovant de sa peinture, d’autant que la qualité et l’intensité de son travail se sont manifestées progressivement.

 

Brève biographie d’Ingres dans ses œuvres


Jean Auguste Dominique Ingres est né à Montauban, dans le sud de la France, en 1780. On retrouve dans sa vie, le schéma classique d’un père sérieux ne comprenant pas le désir de son fils d’apprendre la peinture et de
consacrer sa vie à dessiner, une préoccupation futile et inutile.
Cependant, la relation entre le père et le fils semble joyeuse, ils dessinent et chantent ensemble, ils jouent du violon, se promènent ensemble l’été. Le père choisit de laisser la liberté à son enfant, croyant en son talent.
Selon Guégan, 2006 : « Ingres était l’aîné d’un clan déchiré entre un père
instable, mais protecteur à son égard, et une mère souvent aux abois. Après les années de nourrice, on le plaça chez les Frères des écoles chrétiennes, jusqu’à la fermeture de l’établissement de Montauban en décembre 1791. Bien que volage, son père lui avait donné l’amour des lettres et enseigné très tôt les premiers rudiments du dessin. »

À l’âge de huit ans, le garçon se produit en public et à neuf ans, il réalise un remarquable dessin (encore conservé) inspiré d’un buste classique.
Le voilà à 11 ans à Toulouse, étudiant à l’Académie des beaux-arts, commençant sa formation dans la peinture et dans la sculpture. En même temps, il suit des cours privés de dessin au crayon et à l’encre. Il devient, grâce à son talent musical, membre d’un orchestre local.
De ces années d’enfance, il gagne des prix pour son travail artistique jugé d’une qualité inhabituelle. Il quitte Toulouse avec les louanges de ses maîtres. Un de ses professeurs a prophétisé qu’un jour, le jeune Dominique ferait honneur à son pays, par son talent d’artiste.

 

Ingres chez David

 

À l’âge de 17 ans, le jeune Dominique arrive à Paris, pour étudier chez David, le grand maître, le chef incontesté de l’Académie française de la peinture, détesté par certains, adulé par d’autres. Sous le patronage du grand maître, Ingres va découvrir le caractère ombrageux exclusif et dictatorial de celui-ci.


Selon Vigne, 1995 : « Chez David : Les fréquentations du jeune élève à cette époque sont certainement à chercher parmi les nombreux apprentis sculpteurs, souvent étrangers, que comptait l’atelier de David, on connaît au moins deux croquis représentant l’espagnol Alverez dessinant au Louvre (musée Ingres) et son meilleur ami fut alors le Florentin Lorenzo Bartolini. David s’attachait plus particulièrement à certains de ses élèves, les préparant tout spécialement à l’épreuve du Prix de Rome. Les dons naturels d’Ingres ne pouvaient pas ne pas être rapidement remarqués. »

À l’école des beaux-arts de Paris, Ingres reçoit plusieurs prix et plusieurs récompenses pour son talent et son travail.
Selon (Vigne, 1995) : « La grande nouveauté de ces années d’études est évidemment le passage à la couleur et à la peinture. En effet, Ingres ne semble pas avoir réalisé de tableau véritable avant son arrivée à Paris. »
Ingres, poussé par David, va concourir pour le Prix de Rome. Il l’obtiendra lors de la session de 1801 avec son tableau sur les Ambassadeurs d’Agamemnon.

 

Ingres les Ambassadeurs d'Agamemnon  neoclassique 1801

Les Ambassadeurs d’Agamemnon.


Dans ce tableau, l’influence de David est sans appel, néoclassicisme, maîtrise, sens des détails et sujet antique.
Ingres fréquente une école artistique informelle, la Swiss Academy. Dans cette école, il peint à partir de modèles vivants, loin des fastidieux moulages de Grecs et de Romains. À cette époque, il commence à réaliser de charmants croquis au crayon, de modèles vivants. Le public reçoit ces croquis, pleins de vie avec enthousiasme. Plus tard, ces esquisses vont devenir pour Ingres une source de revenus.

Puis un événement majeur couronne son talent, il reçoit le très convoité prix de Rome. Les coffres de l’académie sont vides, Ingres ne peut partir immédiatement pour l’Italie. Il doit attendre cinq ans pour trouver les fonds nécessaires à son départ. Entre-temps, il travaille, il gagne sa vie en réalisant des portraits.

 

Ingres Napoleon Ier sur le trone imperial


Napoléon Ier sur le trône impérial


À l’âge de 23 ans, sa célébrité grandit, même Napoléon lui accorde sa confiance pour un portrait, actuellement préservé à Liège.
Guégan, 2006 : « Mais pour un portraitiste de ce temps-là, il n’était pas de modèle plus prestigieux et plus délicat que Bonaparte.
Dès l’époque du Consulat, la rivalité était grande entre les artistes susceptibles de donner une image flatteuse du général impétueux comme de l’homme d’État, héritier à la fois de la Révolution et des vieilles monarchies. »
Ce tableau est néoclassique, Ingres applique à la lettre les conseils de son maître David, à l’exception du fond foncé.

Ingres s’intéresse en premier aux lignes, au dessin. Un jour, Ingres dit : « Si je devais diriger une école, je serais une école de dessin ».


Pour Ingres, la couleur est un élément secondaire dans la peinture, un élément utile pour remplir les espaces définis par la ligne tracée. Il n’avait aucune théorie sur les couleurs, ou sur les relations entre les tons et les nuances comme les impressionnistes plus tard. Il se limite au temps réel des vêtements et des objets, sans chercher à créer des couleurs nouvelles, ou des nuances surprenantes.
Son style est constant, et a peu changé au cours de sa carrière, en dépit de l’évolution des théories artistiques, et des changements spectaculaires de la technique.

Il y a très peu d’autoportraits du peintre. Le portrait est un des genres qu’il va développer. Son auto portrait met en exergue la clarté de ses compositions, une rigueur dans la représentation du corps, et ce, dès la fin des années 1790.

Il peut reprendre une toile délaissée, inachevée, plusieurs années plus tard pour la compléter sans souffrir d’un changement ou une divergence.

 

Ingres en Italie

En arrivant en Italie, il est ébloui par les ruines romaines et le travail de Raphaël. Il a déjà vu quelques exemples de l’œuvre de Raphaël au Louvre, et à présent, il peut contempler au Vatican les prodigieuses peintures murales de Raphaël comme « la Disputa : la dispute du Saint-Sacrement » ou l’école d’Athènes, et à la villa Farnesina à Rome, les dieux et déesses de Raphaël à côté de Cupidon et Psyché.

Cette rencontre avec Raphaël est décisive pour Ingres. On retrouve l’influence de Raphaël dans les nus féminins idéalisés d’Ingres, dans les dessins des déesses ou des mortels. Le nu chez lui est classique, idéalisé, une sorte d’icône chargée toujours de beauté sans excès ni vulgarité.


Vigne, 1995 : « Les années passées par Ingres à la villa Médicis furent très studieuses et presque exclusivement consacrées à ses devoirs de pensionnaire. ».


Guégan, 2006 : « Ce séjour en Italie, Ingres l’avait attendu cinq ans ! Il aurait dû en durer quatre. Mais le pensionnaire de la villa Médicis, fin 1810, décida de ne pas rentrer. Paris l’avait malmené, Rome était riche de perspectives plus heureuses.

Que va-t-il peindre en Italie ?


Il va choisir un modèle féminin, rompant avec les usages, défiant les règles de l’académie considérant les figures masculines plus chastes et plus nobles.
Ainsi, il ose exposer la Baigneuse, une tonalité d’érotisme particulière, évidence charnelle, distance souveraine, un parfum de langueur orientale déjà. » (Guégan, 2006).

 

Ingres La Baigneuse Valpincon 1808

 

La Baigneuse Valpinçon, Ingres, 1808


Ce tableau donne une idée sur l’évolution du peintre, un sujet contemporain, un modèle vivant, un contexte réaliste. Nous sommes loin de son étape néoclassique.
Ingres a quitté Paris pour l’Italie avant l’ouverture du Salon de 1806. Les critiques ont mal reçu le travail d’Ingres, en le qualifiant de bizarre, et de gothique.

 


Dans son livre sur la vie de l’Ingres, Walter Pach, cite un extrait d’une lettre d’Ingres écrite à propos de ces critiques :
« Le Salon est donc le théâtre de ma honte. Du jour au lendemain, je suis passé d’un être distingué à un homme dont les œuvres suscitent la fureur et ne méritent pas d’être regardées. Tout Paris parle de mes œuvres d’une manière épouvantable ».


Plus tard, il devient le porte-parole de la peinture française, un membre respecté et influent de l’académie. À cette époque il écrit :
« Oui, il y a un grand besoin de réforme dans l’art, et je devrais être très heureux d’être le révolutionnaire qui encourage ses réformes. Je donnerai des coups de pied et mordrai jusqu’à ce que, un jour, le changement arrive.
Je concentre mon ambition sur la réalisation de ce changement. »


Parallèlement à ces travaux qui préfigurent l’orientalisme, Ingres va travailler sur l’Antiquité grecque, un sujet qu’il maîtrise bien, revisitant des scènes mythologiques. Il va notamment réaliser d’Oedipe :

Ingres oedipe

 

Selon Guégan, 2006
« L’Oedipe d’Ingres est hanté par la violence sans frein et les désirs interdits, autant que le texte homérique de l’Odyssée, et le théâtre grec dont le peintre avait bien connaissance. Afin de se conformer à la saveur archaïque du mythe, Ingres s’est sans doute tourné vers ce que l’on appelait les vases étrusques. Le profil parfait de jeune héros, qui dérangea l’Institut, semble se détacher d’une coupe attique. »

Dans ce tableau d’un style néoclassique allégé, Ingres s'inspire de l'art antique, en modifiant les visages pour apporter sa vision personnelle. La représentation n’est pas conforme aux «lois» de l'académie.

Guégan, 2006 : «les académiciens réservèrent à l'Oedipe leurs traits les plus acérés. Ingres, ce faisant, exécutait un vrai tableau d'histoire et non pas l'exercice anatomique qu'on attendait de lui. »

Ce type de réaction de la part des académiciens est une des raisons pour laquelle Ingres refusa de quitter l'Italie après les quatre années prévues à la villa Médicis.

 

Ingres  La Grande Odalisque 1814 Paris, musee du Louvre

La Grande Odalisque,1814, Paris, Musée du Louvre

Ingres a transposé dans un Orient imaginaire le thème du nu mythologique, hérité de la Renaissance. Le plus célèbre nu du maître est une com¬mande de Caroline Murat, soeur de Napoléon et reine de Naples. Ingres peint un nu aux lignes allongées et sinueuses sans tenir compte des exigences anatomiques. Les détails comme la texture de la peau, le velouté des tissus sont rendus avec une grande précision. Cette oeuvre a été violemment critiquée lors de son exposition au Salon de 1819.

 

Ingres continue à travailler et à apprendre en Italie. En 1813, ses amis pensant qu'il manque de compagnie féminine,ils le mettent en relation avec une jeune et séduisante fille : Madeleine Chapelle.

Étrange et heureuse rencontre, car Dominique Ingres et Madeleine Chapelle vont tomber amoureux, ils se marient et vont vivre heureux jusqu'à ce que la mort les sépare.
Pendant son séjour en Italie, Ingres envoie régulièrement des photos destinées au salon. En même temps, il gagne péniblement sa vie en réalisant des portraits. Madame Ingres décrit cette époque comme difficile, le couple manque de ressources, elle parle des jours passés sans pain quand le boulanger refuse de leur accorder un crédit supplémentaire.

Ingres rentre en France

Mais Ingres revient en France en 1824, avec un tableau exceptionnel qu’il présente lors du salon de la même année : le Voeu de Louis XIII.

Ingres Voeu de Louis XII  1824


Vœu de Louis XIII, Ingres, 1824

Vigne, 1995 « Ainsi, au travers d’un classicisme apparemment orthodoxe, certains avaient su reconnaître dans le Voeu de Louis XIII tout le cheminement du Montalbanais sur les marges du préromantisme : la couleur chaude du tableau, ses nuées dansantes d’angelots, le caractère théâtral de son apparition divine n’appartient pas, en effet, au vocabulaire strict de la peinture classique. »

Tout change en 1825. Les honneurs arrivent enfin à Ingres, il est élu membre à l’Académie des beaux-arts, on lui offre des commissions importantes, ses œuvres se vendent à nouveau. Il enseigne à l’école des beaux-arts, et il ouvre une école privée.


Ingres sera professeur à l’École des Beaux-Arts à partir de 1829.
Lors de la Révolution de 1830, la révolution de juillet, voyant notamment la fuite de Charles X, Ingres s’implique, s’engage pour protéger le palais du Louvre, seul « fait d’armes » de toute sa vie.

Ingres devient directeur de l’Académie de France à la villa Médicis. Mais, lors de cet emploi, « il faut reconnaître que le travail du maître connaît un ralentissement évident pendant la durée de son séjour romain, même si chacun des quatre tableaux qu’il y exécutera représente un jalon important de sa carrière. » (Vigne, 1995).

 

 

Ingres décide de revenir en France.


Selon Bajou, 1999 : « Ingres approuvait le concept que Louis-Philippe avait de la royauté, et sa fidélité à la famille d’Orléans ne fut jamais remise en cause. Mais son adhésion au régime était un choix privé sans rapport avec la politique artistique de la monarchie de juillet. » (Bajou, 1999).

Ingres l Age d Or


Le peintre accepte un travail titanesque : l’Âge d’Or, une demande du duc de Luynes qui possède le château de Dampierre. Le duc demande à Ingres la réalisation des peintures murales de ce château : « Inspiré de Raphaël par son format et ses dimensions, et de Watteau par son caractère sylvestre, l’Âge d’Or fut la grande aventure de toute la décennie, dont témoignent plus de quatre cents dessins au musée Ingres » (Vigne, 1995).


Ingres reçoit les critiques acerbes de ses rivaux parmi ceux-ci Delacroix.

En raison de ces critiques, Ingres devient irrité, caractériel, arrogant, cruel, n’admettant ni critique ni concurrence.
Austère et exigeant, il est craint pour sa langue caustique, et pour ses crises de colère. Étrangement il finit par ressembler, quelque peu, à son maître David.


En 1849, Madame Ingres tombe malade, et meurt quelques mois plus tard
laissant son mari désemparé. Emporté par le chagrin, il ne travaille plus, il fait plusieurs voyages, pendant un an et rentre à Paris en 1850.


Après la deuxième République (1848-1852), et l’avènement de Napoléon III, « avec l’âge, Ingres doit réduire sa production et adopter son mode de vie à une nouvelle situation ; passé 70 ans, l’artiste souhaitait changer d’état » (Bajou, 1999.
Il a 72 ans en 1852 quand il tombe amoureux d’une femme presque 30 ans sa cadette, Delphine Ramel. Le couple se marie, Ingres retrouve son appétit il s’enthousiasme à nouveau pour la peinture.


Lors de l’Exposition universelle de 1855, soixante-dix photos de lui sont accrochées dans une pièce séparée : «Salle Ingres» le point culminant de l’exposition.

 

Ingres La Source 1856


En 1856, Ingres peint La Source, probablement le tableau le plus aimé
de toutes ses peintures.

L’artiste poursuit ses travaux parisiens et termine son chef-d’œuvre : le bain turc en 1862.

 

Ingres  Le Bain turc 1862  paris  musee du Louvre

Jean-Auguste-Dominique ingres,  Le Bain turc, 1862, Paris, Musée du Louvre

 


À la fin de sa vie, Ingres crée la toile la plus érotique de son œuvre avec cette scène de harem associant le motif du nu et le thème de l’Orient. Des dizaines de femmes turques nues sont assises dans des attitudes variées sur des sofas, dans un intérieur oriental s’organisant autour d’un bassin. Beaucoup de ces baigneuses juste sorties de l’eau s’étirent ou s’assoupissent. D’autres discutent en sirotant leur café. Au fond une femme danse, au premier plan une autre, vue de dos, joue de la musique. L’érotisme de la toile réside dans la caresse que prodigue une des femmes au sein de sa voisine. Cette toile de 1862 associe le nu et le thème de l’Orient, chers au peintre depuis plus de cinquante ans. Contrairement à Delacroix, il n’est jamais allé en Orient : il a rêvé ces contrées lointaines à partir de lectures et de gravures.

 

Ses lettres de l’époque révèlent qu’il est heureux de son travail, plus qu’à tout autre moment de sa vie. En 1862 Napoléon III le nomme sénateur de l’Empire.


Jusqu’à la fin de sa vie, ses journées sont remplies de rendez-vous et de travail. En retrouvant le bonheur, il change d’attitude vis-à-vis des autres peintres. Delacroix est mort, Ingres ne le critique plus, au contraire, il formule des louanges sur son travail, essayant de mettre en valeur les tableaux et les dessins de son rival disparu.


Juste avant sa mort, un visiteur le trouve en train de copier une peinture du XIVe siècle de Giotto. Perplexe, il demande pourquoi le maître se donne la peine de faire une copie d’un tableau ancien. Ingres lui répond en souriant : pour apprendre, pour apprendre.
Il décède en 1867.
Entre révolutions et contre-révolutions, depuis son enfance Ingres va devenir l’une des figures du néoclassicisme, du romantisme et de l’orientalisme. Il impose son style de son vivant, un style fondé sur l’art grec, actualisé.

 

Réf :
- Bajou V., 1999, Mr Ingres, Adam Biro
- Gombrich E.H., 1998, Histoire de l'art, Gallimard, Paris,
- Guégan S., 2006, Ingres, « ce révolutionnaire-là », découverte Gallimard, Musée du Louvre, Paris.
- Vigne G., 1995, Ingres, Citadelle et Mazenod, Paris
- Dictionary oh the Art,1994, Helicon Publishing Limited
- Norbert Schneider 2002, the Art of the portrait, Taschen Edition

 

 

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