Intimidation en ligne : violence des spectateurs modernes

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Un récent fait divers d’un harcèlement en ligne en France a engendré de longues discussions sur le comportement agressif en ligne et l’absence des témoins, l’indifférence, le refus de témoigner et même d’aider la victime.

 

 

Les agressions non physiques

 

Les psychologues sociaux pensent que l'agression peut être aussi bien verbale que physique. Depuis l’antiquité, lancer des insultes et intimider verbalement, est considéré comme un acte agressif.
L'agression non physique est une agression qui n'entraîne pas de préjudice physique. L'agression non physique comprend l'agression verbale (cris, jurons et injures).
L'agression relationnelle ou sociale, est définie comme le fait de nuire intentionnellement aux relations sociales d'une autre personne, en médisant sur une autre personne, en l’excluant. L'agression non verbale se produit également sous la forme de blagues et d'épithètes sexuelles, raciales et homophobes, qui sont conçues pour blesser et nuire. La liste proposée par Archer et Coyne en 2005, englobe quelques exemples des agressions non physiques : médisance, répandre des rumeurs, critiquer les autres en leur absence, harcèlement, laisser les autres hors d'un groupe ou les ostraciser, monter les gens les uns contre les autres.
Les gens utilisent l'agression non physique pour ses caractères subtils. Ils peuvent être agressifs sans donner l'impression aux autres de l'être, et les conséquences sont moins graves que la violence physique.


Les filles ont tendance à s'engager dans des formes d'agression sociales et relationnelles indirectes telles que répandre des rumeurs, ignorer ou isoler socialement.
Les conséquences négatives de l'agression non physique peuvent nuire à la victime. Les enfants victimes d'intimidation manifestent plus de dépression, de solitude, de rejet par les pairs et d'anxiété que les autres enfants. En Grande-Bretagne, 20 % des adolescents déclarent avoir été harcelés par quelqu'un qui répand des rumeurs blessantes à leur sujet. Les filles victimes d'agressions non physiques sont plus susceptibles d’envisager de se suicider.

 

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Intimidation et Cyber intimidation: l’agression modernisée

 


L'intimidation est un ensemble d'interactions sociales négatives, répandue parmi les enfants et les adolescents, et au sein parfois de certaines communauté (sport, militaire, prison)
Depuis l’apparition des réseaux sociaux, de nouvelles formes d’intimidation et d’agression non verbale ont fait leur apparition. La cyberintimidation est une agression infligée par l'utilisation d'ordinateurs, de téléphones portables et d'autres moyens de communication. Il existe de rares cas de suicides dans les lycées et les universités après la diffusion de photos ou de vidéo intimes.


La cyberintimidation peut être dirigée contre n'importe qui. Les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) sont des fréquents, de même certaines minorités ethniques, culturelles ou religieuses. L’aspect physique peut favoriser ce genre d’agression, comme l’obésité.
Un incident ponctuel au cours duquel un enfant frappe un autre sur le terrain de jeu n’est pas une intimidation : l'intimidation est un comportement répété par définition. Le traitement négatif typique de l'intimidation est la tentative d'infliger un préjudice, ou une humiliation. L'intimidation peut être physique, verbale, ou psychologique.


L'intimidation implique trois parties : celui qui intimide, la victime et les témoins.
L'acte d'intimidation implique un déséquilibre de pouvoir avec l'intimidant qui cherche à gagner plus de pouvoir physique, émotionnel ou social sur la victime. L'expérience de l'intimidation peut être positive pour celui qui intimide peut avoir un regain d'estime de soi. Les victimes subissent stress, troubles psychologiques, dépression et manifestent de tendances suicidaires. Au-delà de son impact émotionnel, la cyber intimidation peut affecter sérieusement la réussite scolaire ou académique.


Il n’y a pas un profil de personnalité pour celui qui intimide ni pour les victimes. Les chercheurs ont identifié certains modèles chez les enfants qui sont plus à risque d'être intimidés :
Les enfants émotionnellement réactifs courent un plus grand risque d'être victimes d'intimidation. Ceux qui intimident sont attirés par les enfants qui se fâchent facilement parce que celui qui intimide peut obtenir rapidement la réaction émotionnelle recherchée.
Les enfants différents des autres sont susceptibles d'être la cible d'intimidation. Les enfants en surpoids, souffrant de troubles cognitifs ou différents sur le plan racial ou ethnique.
Les adolescents gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres courent un risque plus élevé d'être harcelés et blessés en raison de leur orientation sexuelle minoritaire.

 

L'effet Bystander (regarder et rien faire)

 

 

Un événement médiatisé a secoué les américains en 1964. Dans le Queens, New York, une femme de 19 ans nommée Kitty Genovese a été attaquée, le vendredi 13 mars, par une personne armée d’un couteau près de l'entrée de son immeuble, puis à nouveau dans le couloir de son immeuble. Lorsque l'attaque s'est produite, elle a crié à l'aide à plusieurs reprises. Elle est finalement décédée suite à ces coups de couteau.


Cette histoire intriguait et effrayait le public car de nombreux résidents de l'immeuble auraient entendu les appels à l'aide de Kitty Genovese et n’avaient rien fait, ni aider ni appeler la police.

 

À partir de ce cas, des chercheurs ont décrit un nouveau phénomène à l’époque appelé « effet de spectateur », où un témoin ou un spectateur ne se porte pas volontaire pour aider une victime ou une personne en détresse. Au lieu de cela, ils regardent simplement ce qui se passe.
Dans une série d'études, des chercheurs ont signalé que le temps nécessaire pour agir et demander de l'aide varie en fonction du nombre d’observateurs présents. Des expériences complémentaires ont révélé que 70 % des personnes aideraient une femme en détresse lorsqu'elles étaient seules. 40 % seulement proposaient de l'aide lorsque d'autres personnes étaient également présentes.


Deux facteurs contribuent à l'effet de spectateur selon ces études.

 

La présence d'autres personnes peut crée une diffusion de responsabilité.

 

La deuxième raison est la nécessité de se comporter de manière socialement acceptable. Lorsque les autres observateurs ne réagissent pas, les individus prennent souvent cela comme un signal qu'une réponse n'est pas nécessaire ou pas appropriée.


Dans le cas de Kitty Genovese, 38 témoins ont déclaré qu'ils pensaient assister à une « querelle d'amoureux » et ne se rendaient pas compte que la jeune femme était en fait en train d'être assassinée.


En cas de crise, les spectateurs pourraient se demander ce qui se passe exactement et hésitent d’intervenir. Quand ils voient que personne d'autre ne réagit, ils pensent qu'aucune action n'est nécessaire. Il existe des normes sociales qui renforcent l'indifférence. C'est un peu gênant, après tout, d'être celui qui perd son sang-froid alors qu'aucun danger n'existe réellement.
Il y a d’autres questions qui se posent. Quels sont les avantages d'aider? Quels sont les risques ? Dans cette situation, les passants craignaient probablement pour leur propre vie s'ils portaient secours, de se tromper, ou d’être accusés.


Le même phénomène existe en ligne, ceci explique une partie du problème. Mais il existe d’autres facteurs et autres fractures.


Sur les forums d’Internet, certaines réactions minoritaires reflètent des problèmes latents dans notre modèle de société. Le refus de la responsabilité n’est pas rare, chacun porte son propre fardeau. Les autres n’existent pas car personne ne partage les idées et les jugements des autres. Les autres sont des étrangers car ils pensent étrangement.
Des hommes ont intériorisé certains discours féminins dévalorisant les hommes . Des femmes ont intériorisé d’autres discours  que les hommes sont violents et qu’ils méritent ce qu’il leur arrive. D’autres refusent de témoigner parce la victime ne correspond pas à leurs propres critères (donc ne mérite pas la compassion), ou parce que la société n’aide personne, ou parce qu’il y a trop de victime dans notre société. Puis arrive l’individualisme : et moi, qui m’aide ?


Dilution de responsabilité, un individualisme qui provoque un sentiment d’isolement, une balance implacable des inconvénients dans une société judiciarisée, une confusion sur le rôle, ce qui mérite d‘être victime et qui mérite d’être aidé, le nombre des spectateurs passifs risquerait d’augmenter dans le monde réel comme en ligne.


Certains psychologues pensent que le fait d'être conscient de cette tendance est un bon moyen de briser ce cycle vicieux. Intervenir ou avertir sans attendre les autres, sans se mettre en danger, c’est devenir un spectateur actif.
Pour les victimes, il convient de personnaliser sa demande, de s’adresser à une personne, l’autorisant ainsi à apporter son aide, et ne pas attendre la réaction spontanée des gens.

 

Résumé

 


L'intimidation est un comportement répété qui vise à infliger un préjudice à la victime et peut prendre la forme d'abus physique, psychologique, émotionnel ou social. L'intimidation a des conséquences négatives sur la santé mentale des jeunes, y compris le suicide. La cyberintimidation est une nouvelle forme d'intimidation en ligne où les intimidants peuvent rester anonymes et les victimes sont impuissantes, entourés des spectateurs passifs. L’intimidation en ligne met en lumière certaines fractures qui traversent notre modèle de société.

 


Références
Taylor S : social psychology, Ed Pearson 2011
International Encyclopedia of the Social & Behavioral Sciences, ed: Neil J. Smelser and Paul B. Baltes 2001

 

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Sommes-nous des êtres agressifs et violents ?

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Agression est un mot que nous utilisons tous les jours pour caractériser le comportement des autres et parfois le nôtre. Nous disons que les gens sont agressifs, s’ils crient, hurlent ou frappent, s’ils conduisent dangereusement, ou s’ils se fracassent leurs poings sur la table de frustration. Depuis l’antiquité, l’agressivité et la violence font partie des problèmes de toute société humaine.

 

 

 

Difficultés de définition

 

 

L’agressivité varie d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre et d’une personne à l’autre. Il est important de comprendre qu’il s’agit d’une question culturelle, sociétale, juridique et psychologique à la fois.


Certains actes violents, tels les blessures durant un match sportif ou le meurtre de soldats ennemis lors d’une guerre, pourraient ne pas être considérés comme une agression. Aux états Unis, une certaine dose de violence interpersonnelle (les bagarres) est tolérée, en France, une certaine dose de violence contestataire est culturellement tolérée (violence des manifestants).
L’agression est difficile à définir. Psychologues sociaux, juges, législateurs et avocats passent beaucoup de temps pour déterminer ce qui devrait et ne devrait pas être considéré comme de l’agression. Les psychologues sociaux définissent l’agression comme un comportement qui vise à nuire à une autre personne qui ne souhaite pas être agressée.


Le même comportement est agressif ou non, selon l’intention, et le contexte. Les dommages intentionnels sont plus punissables que les dommages non intentionnels, même lorsque les dommages sont identiques.
Cette définition exclut certains comportements agressifs. Par exemple, un joueur de rugby qui casse accidentellement le bras d’un autre joueur ou un conducteur qui heurte accidentellement un piéton. Pas d’agressivité, car il n’y pas d’intention.


Les psychologues sociaux utilisent le terme violence pour désigner l’agression qui a pour objectif des dommages physiques, tels que des blessures ou la mort. La violence est un sous-groupe de l’agression. Les actes violents sont agressifs, mais seules les agressions qui visent à causer des dommages sont violentes.


Le niveau d’intention crée la distinction juridique et parfois psychologique entre deux types d’agression.

 

L’agressivité doit être distinguée de la colère, qui est une réaction émotionnelle à un événement, mais qui peut demeurer une émotion. Ce n’est pas parce que quelqu’un est en colère qu’il agira et adoptera un comportement agressif.

 

Les types d’agression

 

-Agression émotionnelle ou impulsive

 


L’agression émotionnelle ou impulsive se produit avec une petite dose de méditation ou d’intention et qui est déterminée par des émotions impulsives. L’agressivité émotionnelle est le résultat des émotions négatives du moment. L’agression n’est pas vraiment destinée à créer des résultats positifs. Exemple : L’amant jaloux qui se déchaîne de rage ou les fans de sport qui vandalisent les magasins et détruisent les voitures autour du stade après la défaite de leur équipe.

 

 

- Agression instrumentale ou cognitive

 


L’agression instrumentale ou cognitive est une agression intentionnelle et planifiée. L’agressivité instrumentale est plus cognitive (plus penser) qu’affective (émotionnelle) et peut être froide et calculatrice. L’agression instrumentale vise à nuire à quelqu’un pour gagner quelque chose : attention, récompense, ou pouvoir.
Il est parfois difficile de faire la distinction. L’agression émotionnelle est traitée différemment dans le système juridique (avec des conséquences moins graves) de l’agression cognitive préméditée.


Toute agression est en partie cognitive parce qu’elle sert certains besoins de l’auteur. Il est plus utile de considérer l’agression émotionnelle et instrumentale comme un continuum.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini la violence dans son rapport de 2002 comme « L’usage intentionnel de la force ou du pouvoir physique, réel ou sous forme de menace, contre soi-même, contre une autre personne, ou contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou a une forte probabilité d’entraîner des blessures, la mort, un préjudice psychologique, ou une privation ».

 


Agression relationnelle

 


Cette agression se produit lorsque des efforts sont déployés pour nuire aux relations d’une autre personne et peuvent inclure : propagation de rumeurs, les injures, l’ignorance d’une personne ou l’exclusion sociale. Cette agression englobe d’autres formes d’agression qui sont apparues comme la cyber intimidation, et le harcèlement en ligne, sur médias sociaux, e-mails, forums de discussion, ou SMS, pour humilier, embarrasser, intimider ou menacer quelqu’un pour obtenir le pouvoir et le contrôle.


Si toutes les cultures punissent l’agression préméditée ou involontaire, dans certains pays, l’agression en ligne est punie, c’est le cas en France depuis plusieurs mois. Cette notion ne fait pas consensus dans les autres cultures considérant que la victime peut échapper en changeant de forum ou de site ou arrêter son internet.

 

Origine de l’agressivité : inconnue

 


Se demander ce qui cause l’agressivité ou la violence revient donc à se demander ce qui cause réellement le cancer.
Il n’existe aucune réponse valable et scéniquement prouvée sur l’origine de l’agressivité et de la violence, individuelles ou collectives. Les analyses et les réponses proposées sont généralement influencées par l’idéologie et par la culture. La recherche révèle des influences biologiques, psychologiques et socioculturelles sur le comportement agressif.

 

Facteurs psychologiques et socioculturels de l’agressivité

 


— La souffrance et la frustration

 


Dans les expériences de laboratoire, les personnes rendues malheureuses cherchent à rendre les autres malheureux. Ce phénomène est explicable par le principe de frustration-agression : la frustration engendre la colère, qui peut déclencher l’agression. Le lien entre la frustration et l’agression a été illustré par une analyse des compétitions sportives. Les joueurs frustrés sont plus agressifs. La douleur physique rend les personnes agressives aussi.

 

 

— La température

 


Les taux de criminalité violente et de violence conjugale sont plus élevés pendant les jours les plus chauds.
Des études d’archéologie, d’économie, de géographie, de sciences politiques et de psychologie convergent pour constater que, tout au long de l’histoire de l’humanité, des températures plus élevées ont prédit une augmentation de la violence individuelle, des guerres et des révolutions.
Selon certains, un réchauffement planétaire de 2 degrés Celsius pourrait induire des dizaines de milliers d’agressions et de meurtres supplémentaires, ajoutés à la violence provoquée par la sécheresse, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la migration climatique.

 

 

— Surpeuplement

 

Le surpeuplement se produit lorsque nous pensons que nous n’avons pas suffisamment d’espace et peut entraîner du stress. Cela peut à son tour conduire à l’agression, comme l’ont montré des études sur les boîtes de nuit, et les prisons.

 

 

— Imitation

 


L’apprentissage peut modifier les réactions naturelles. Le comportement est renforcé en observant les autres. Les enfants dont l’agressivité a réussi à intimider d’autres enfants peuvent devenir des enfants cruels et agressifs. Pour favoriser l’émergence d’un monde moins violent, il est préférable de récompenser la sensibilité et la coopération dès le plus jeune âge.

 

 

— Insatisfaction

 


Les taux de criminalité sont plus élevés en cas d’insatisfaction. Les époques et les sociétés marquées par une grande disparité entre riches et pauvres sont plus violentes. Aux États-Unis, les familles dans lesquelles les pères sont peu impliqués présentent des taux de violence plus élevés. Les jeunes hommes américains issus de foyers sans père sont deux fois plus incarcérés que leurs pairs.

 

 

— Honneur viril, et culture de l’honneur

 


Dans certaines cultures, on attend des individus qu’ils protègent leur réputation, leur famille ou leurs biens en répondant aux menaces, aux insultes et aux affronts par la violence. C’est ce qu’on appelle une culture de l’honneur. Ce genre de culture est interdépendant, le regard des autres compte, et l’insulte devient une affaire collective. Aux états unis, les villes riches de traditions écossaises et irlandaises, mettant l’accent sur l’honneur viril, sont plus violentes ont des taux d’homicide trois fois plus élevés que les autres et sont plus favorables à la punition physique des enfants, aux guerres et à la possession d’armes à feu.

 

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Facteurs génétiques, hormonaux et nerveux

 

 

— Système nerveux

 


La zone cérébrale la plus impliquée dans l’agressivité est l’amygdale. Les personnes agressives ont une réduction de 16 à 18 % du volume de l’amygdale. L’amygdale est une région du cerveau responsable de la régulation de nos perceptions et de nos réactions à l’agressivité et à la peur. L’amygdale a des liens avec d’autres systèmes corporels liés à la peur, notamment le système nerveux sympathique, les expressions faciales, le traitement des odeurs et la libération de neurotransmetteurs liés au stress et à l’agressivité.


L’amygdale est activée par des stimulations que nous considérons comme menaçants et suscitant la peur. Lorsque nous vivons des événements dangereux, l’amygdale stimule le cerveau à se souvenir des détails afin que nous apprenions à les éviter à l’avenir.
Bien que l’amygdale nous aide à percevoir et à réagir face au danger, cela peut aussi nous conduire à l’agression, d’autres parties du cerveau servent à contrôler et à inhiber nos tendances agressives comme le cortex préfrontal. Ces interactions sont peu comprises.

 

 

— Génétique

 


Il n’existe pas de corrélation directe entre la génétique et le comportement agressif. C’est l’interaction entre les facteurs biologiques et environnementaux qui rend plus ou moins enclin à l’agressivité.
L’hérédité semble jouer un rôle. La relation exacte entre les gènes et l’environnement dépend du type d’agression étudié.
Le gène de la monoamine oxydase A (MAOA), qui contribue à la dégradation de neurotransmetteurs tels que la dopamine et la sérotonine, est appelé « gène du guerrier ». Les personnes qui ont une faible expression du gène MAOA ont tendance à se comporter de manière agressive lorsqu’elles sont provoquées. Ce constat est inconstant et contre dit par d’autres expériences.

 

 

— La testostérone

 


Des niveaux élevés de testostérone, de faibles niveaux de cortisol pourraient avoir un lien un comportement agressif. Les niveaux de sérotonine ont un rôle à jouer dans le contrôle du comportement.
La testostérone, lorsqu’elle est présente à des niveaux élevés, ainsi qu’une masse corporelle importante, entraîne des niveaux plus élevés d’agressivité physique en particulier dans les situations où l’agressivité physique mène à la domination sociale.
Des recherches menées sur une variété d’animaux ont trouvé une forte corrélation entre les niveaux de testostérone et l’agressivité. Cette relation est plus faible chez les humains. Des études ont montré une relation positive entre la testostérone et l’agressivité et les comportements associés (tels que la compétitivité) chez les femmes.
Il faut garder à l’esprit que les relations observées entre les niveaux de testostérone et le comportement agressif ne prouvent pas que la testostérone provoque une agression.

 

 

— Consommation d’alcool

 


La consommation excessive d’alcool est impliquée dans de nombreux actes et crimes violents. L’alcool perturbe les capacités cognitives qui aident à planifier, à organiser, à raisonner, et à contrôler les émotions. Lorsque les gens sont ivres, ils deviennent plus centrés sur eux-mêmes et moins conscients de la situation sociale, un état connu sous le nom de myopie alcoolique. Ils sont moins susceptibles de remarquer les limites et contraintes sociales. L’alcool est un désinhibiteur. Sous son influence, les gens peuvent mal interpréter les actes et réagir en conséquence. L’alcool conduit à l’agressivité non pas en « appuyant sur l’accélérateur », mais en « paralysant les freins »

 

 

 

Des théories, des théories

 

— Théorie évolutionniste

 


Du point de vue de la psychologie évolutionniste, l’agressivité des humains, comme celle des primates, sert probablement à afficher une domination, à protéger un partenaire, et ses petits. Selon cette théorie, l’agressivité féminine est plus réfléchie, visant à parvenir à une fin. Par contre, en cas de défenses des petits, les femelles manifestent des niveaux d’agressivité assez élevés.

 

 

— Théorie cognitive

 

L. Berkowitz a développé sa théorie cognitive de l’agression basée sur les travaux de Freud. Sa théorie propose que l’incapacité d’atteindre l’objectif souhaité déclenche l’impulsion agressive. Selon cette approche, un état émotionnel négatif est à l’origine d’un comportement agressif.

 

— Théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura

 

La théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura propose que les influences extérieures deviennent une partie de notre répertoire comportemental à cause de l’imitation. En d’autres termes, vous commencez à vous comporter de manière agressive parce que vous voyez d’autres personnes le faire. Cela est particulièrement vrai si l’observateur s’identifie à la personne qu’il regarde et la considère comme un pair.

 

 

— Théorie d’Anderson et Bushman

 

Cette théorie prend en compte des facteurs biologiques, environnementaux, psychologiques et sociaux pour expliquer les comportements agressifs. Elle soutient que l’agressivité se produit en raison d’une interaction entre les traits personnels de l’individu et les stimuli externes qui activent une série de processus cognitifs et émotionnels.

 

 

— Théorie de l’instinct

 

Freud croyait que la motivation était pilotée par les instincts. Les instincts agressifs ont tendance à être réprimés dans l’inconscient en raison des normes sociétales. Freud a théorisé le concept de déplacement, c’est le cas quand nous canalisons un sentiment ou une pensée vers une cible de substitution. Par exemple, nous sommes en colère contre le patron. Au lieu de nous en prendre à ce patron, nous rentrons chez nous et adoptons un comportement agressif envers notre partenaire.

 

 

— Théorie de l’apprentissage

 

Selon cette approche, les enfants apprennent l’agressivité des parents. Un enfant utilise la force pour prendre le jouet d’un autre enfant. Il est heureux après, parce que le jouet lui plaît. À l’avenir, l’enfant adoptera le même comportement pour obtenir ce qu’il veut.

 

 

— Théorie de frustration-agression

 

 

La frustration, ou lorsqu’une personne est empêchée d’atteindre un objectif parce que quelque chose ou quelqu’un fait obstacle. La théorie frustration-agression est l’idée que l’apparition de la frustration conduit à l’agression. D’autant plus l’objectif est important, la frustration est grande lorsque les tentatives pour l’atteindre seront contrecarrées. La frustration provoque une pulsion d’agression et le passage à l’acte réduit la pulsion et rétablit l’équilibre.

 

 

— Théorie de l’excitation-transfert

 

 

Si en conduisant, vous avez failli avoir un accident, vous risquez de rester plusieurs heures tendu et en état de vigilance. Pendant ces heures, vous pouvez devenir agressif en raison d’une certaine frustration.

Cette théorie de l’excitation-transfert déclare que l’excitation physiologique se dissipe lentement, de sorte que nous pouvons être légèrement tendus quelques temps après l’événement. L’excitation résiduelle a conduit à des niveaux plus élevés d’agressivité ultérieure.

 

 

Personnalité et Agression

 

Il n’existe pas de personnalité type. Les psychologues utilisent la personnalité comme une explication du comportement agressif dans trois traits en particulier : le narcissisme, le machiavélisme et la psychopathie.
Le narcissisme est la tendance à rechercher l’admiration et un traitement spécial. Les personnes élevées avec ce trait sont centrées sur elles-mêmes, montrent beaucoup d’amour-propre et ont une faible empathie pour les autres.
Deuxièmement, le machiavélisme est un trait reflétant la volonté d’une personne de manipuler les autres.
La psychopathie fait référence à la tendance d’une personne à être insensible et impulsive et à exercer une mauvaise maîtrise de soi.

 

 

Rumination

 

La rumination est le fait de penser constamment à quelque chose. En matière d’agression, on peut s’attarder sur certains affronts contre nous, comme une insulte ou une agression physique. La recherche montre que la rumination augmente les chances de s’engager dans un comportement agressif. Une étude a révélé que ruminer une provocation provoquant de la colère, réduit la maîtrise de soi et peut entraîner une augmentation de l’agressivité.

 

 Rejet social

 

 

Les êtres humains ont un besoin fondamental d’appartenance et lorsqu’ils ne peuvent pas être satisfaits, cela devient douloureux et préjudiciable. Quand une personne est rejetée socialement, elle peut afficher des niveaux d’agressivité élevés. Les narcissiques sont plus en colère et plus agressifs contre quelqu’un qui les rejette, mais aussi contre des tiers innocents. Le rejet par les pairs et l’agressivité dans la petite enfance sont également un prédicateur de troubles ultérieurs de la conduite.

 

 

Les émotions négatives 

 

 

Si vous deviez essayer de vous rappeler les moments où vous avez été agressif, vous signaleriez probablement que beaucoup d’entre eux se sont produits lorsque vous étiez en colère, fatigué, souffrant, malade ou frustré. L’agression est encouragée par les émotions négatives que nous ressentons à la suite d’événements hostiles et par nos pensées négatives qui les accompagnent. Bien que la frustration soit une l’émotion négative principale dans l’agression, tout ce qui conduit à l’inconfort ou aux émotions négatives peut augmenter l’agressivité : douleur, l’ennui, échec.

 

 

Réduire les émotions négatives par un comportement agressif ?

 


Si nous sommes conscients que nous ressentons ces émotions négatives, nous pourrions essayer de trouver une solution pour nous empêcher de nous en prendre aux autres. L’idée que s’engager dans des actions agressives moins nocives réduira la tendance à agresser plus tard d’une manière plus nocive, connue sous le nom de catharsis, est une idée ancienne, mentionnée comme un moyen de diminuer la violence, Aristote parle de « purgation des passions » et c’est une partie importante des théories de Sigmund Freud.
La réduction des émotions négatives peut réduire la probabilité d’agression. Par exemple, si nous sommes capables de nous distraire de nos émotions négatives ou de notre frustration en faisant autre chose, plutôt que de ruminer, nous nous sentirons mieux et serons moins susceptibles d’agresser, mais selon les psychologues, cette technique ne fonctionne pas quand il s’agit de frustration profonde et sérieuse.
Adopter un comportement lié à la violence, comme frapper un oreiller, ou casser des assiettes augmente l’excitation. Il est préférable de simplement laisser la frustration se dissiper progressivement avec le temps ou de s’engager dans d’autres activités non violentes, mais distrayantes.

 

 

Châtiment pour faire face ? 

 

 

Les avantages de la punition sont multiples :
1) Si vous punissez chaque fois que la personne adopte un comportement indésirable ou problématique, elle cessera d’avoir ce comportement
2) La punition peut être incontestablement efficace et dissuader certains criminels de répéter leurs crimes.
3) Après que la punition ait été administrée plusieurs fois, elle n’est plus nécessaire, car la simple menace suffit pour induire le comportement souhaité.
4) La gravité n’a pas d’importance. Le simple fait d’être puni suffit la plupart du temps, pour tous.
5) Enfin, vous n’avez pas nécessairement à subir une punition de première main. Voir les autres punis pour avoir adopté un comportement que vous aviez envisagé de faire peut être suffisant.

 


Les inconvénients de la punition sont multiples aussi :
1) elle est souvent administrée de manière inappropriée, surtout dans un état de colère ou rage.
2) Le destinataire de la punition répond souvent par l’anxiété, la peur ou la rage et ces effets secondaires émotionnels se généralisent à l’ensemble de la situation.
3) L’efficacité de la punition est souvent temporaire, en fonction de la présence de la personne qui punit ou des circonstances.
4) La plupart des comportements sont difficiles à punir immédiatement et pendant le retard, le comportement peut être renforcé
5) La punition véhicule peu d’informations ; il ne dit pas à la personne comment agir.
6) Enfin, une action destinée à punir peut être renforçante.
Verdict final sur la punition ? La liste des inconvénients est beaucoup plus longue que la liste des avantages. Ceci explique pourquoi la punition seule ne réduit pas l’agressivité ni la violence.

 

 

S’éduquer, autodistanciation

 

La rumination après une provocation alimente la colère et peut conduire à des comportements agressifs. Une solution consiste à prendre de la distance. L’autodistanciation se produit lorsque notre expérience égocentrique est réduite. D’autres recherches ont montré que l’autodistanciation peut conduire à une autoréflexion adaptative sur les expériences de colère, de sorte que la personne se concentre moins sur ce qui lui est arrivé et davantage sur la reconstruction de l’expérience.

 

Solutions ?

 

Étant donné que de nombreux facteurs contribuent au comportement agressif, il existe de nombreuses façons de modifier ce comportement, notamment en apprenant à gérer la colère et à communiquer. Les solutions générales sont incapables de résoudre le problème de l’agressivité et de la violence qui trouve leur racine dans la personne : son enfance ; sa culture, son environnement, et sa personnalité.

 

 

Conclusion

 


Une note de conclusion heureuse : les tendances historiques suggèrent que le monde devient moins violent avec le temps. Les gens changent à travers le temps, l’espace et l’environnement. Les Vikings pillards et violents d’hier sont devenus les Scandinaves pacifistes et civilisés d’aujourd’hui. L’humanité est de moins en moins violente et les humains sont moins agressifs.

 

 

Références

 

Anderson, C. A., & DeLisi, M. (2011). Implications of global climate change for violence in developed and developing countries. In J. Forgas, A. Kruglanski, & K. Williams (Eds.), Social conflict and aggression. New York, NY : Psychology Press.
Anderson, C. A., Anderson, K. B., Dorr, N., DeNeve, K. M., & Flanagan, M. (2000). Temperature and aggression. In M. P. Zanna (Ed.), Advances in experimental social psychology (Vol. 32, pp. 63–133). San Diego, CA : Academic Press.
Banks, T., & Dabbs, J. M., Jr. (1996). Salivary testosterone and cortisol in delinquent and violent urban subculture. Journal of Social Psychology, 136(1), 49–56.
Bartholow, B. D., & Heinz, A. (2006). Alcohol and aggression without consumption: Alcohol cues, aggressive thoughts, and hostile perception bias. Psychological Science, 17(1), 30–37.
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