rimbaud roche

 

 

 

Le directeur du collège de Charleville, Jules Desdouet disait de son élève Arthur Rimbaud : « Rien d’ordinaire ne germe en cette tête, ce sera le génie du mal ou celui du bien. »(1)

Ce fut le génie. 

 

 

Rimbaud partageait plusieurs points communs avec Mozart, les deux détestaient leurs terres natales, les deux se révélèrent des prodiges et des génies sans effort, et les deux étaient de vrais sales gosses. Les deux ont quitté leurs villes pour vivre ailleurs.

Arthur Rimbaud est né à la fin du XIXe siècle. Un siècle de guerre, de capitalisme sans limites, de révolution, et de mutation.

 

À travers quelques textes poétiques, Rimbaud accède à l’immortalité en raison d’un talent et d’une lucidité peu commune. Dans son livre, une saison en enfer, il propose un parcours initiatique : refuser le réel, chercher un autre monde, chercher l’absolu et revenir pour formuler une conclusion. Mais pour quoi faire ?

 

 

 rimbaud citation

L’or de Rimbaud : L’absolu

Une légende veut qu’à son retour d’Abyssinie, Rimbaud ait enterré dans le jardin de la maison de famille à Roche, de l’or. Huit kilos d’or évoqués dans la correspondance du poète, les travaux n’ont pas découvert de l’or dans les environs de la maison familiale. Mais pour certains, ces terres renferment un trésor, l’or de Rimbaud qui reste à découvrir.

Le vrai « or » de Rimbaud est ailleurs. 

« Nous avons un instinct qui nous élève et que nous ne pouvons réprimer », affirme Blaise Pascal (1623-1662) dans ses Pensées.

 

 

Le mouvement poétique de Rimbaud dirige cet instinct, vers un ailleurs, vers cet « inconnu » à explorer. 

 

 

Dans son texte alchimie du verbe, il écrit :

« Pleurant, je voyais de l’or, et ne pus boire. »

Le poète regrettait de ne pouvoir accéder à cet or visible, à  la portée de main. L’or est le but de l’alchimiste, dans la tradition ancienne. La soif est impossibilité de boire, alors qu’il y a de l’eau partout, car le texte cite (fleuve, orage), Rimbaud nous raconte l’échec à saisir l’idéal, ou l’absolu qui s’offrait, cet échec si douloureux le fait pleurer.

Il termine son texte l’alchimie du verbe en écrivant :

« Cela s’est passé. Je sais aujourd’hui saluer la beauté. »

 

 

Après avoir tenté, Rimbaud découvre l’inaccessible, accepte, se contente de vivre parmi les humains.

La poésie de Rimbaud est une invitation à la recherche de l’absolu, sans nier le réel, pour répondre au besoin humain essentiel : la transcendance. En langage moderne, la psychologie positive préfère parler de l’auto réalisation comme un besoin humain légitime et incontournable.

 

 

 

Le déni du réel est de courte durée

Pour Rimbaud, désirant atteindre l’absolu, la réalité paraît discutable, relative, y compris la morale, l’éducation, la science, le travail. Tout semble contestable.

Cette négation de la réalité provoque le désir de fuir, de voyager. Rimbaud fait plusieurs voyages irréels ou imaginaires, avant de commencer son vrai voyage. Le thème du voyage est présent dans de nombreux textes.

Rimbaud refuse la réalité en recherchant l’inaccessible.

 

 

Il refuse la réalité et va chercher la vérité hors du monde. Il entreprend une évasion hors de la réalité et s’enfuit vers le monde irréel. Il rêve de la révolution des mœurs et de l’amour, en croyant détenir un pouvoir surnaturel. Il s’imagine avoir trouvé la vérité qu’il cherche, mais ce n’est qu’une vérité illusoire.

 

 

rimbaud citation amour

 

L’amour est la solution ?

Rimbaud ne trouve pas la solution dans l’amour, ne pense pas que l’amour est la solution, sauf à réinventer l’amour. À chacun son amour pour être heureux, satisfait, et pour réaliser ses rêves. 

 

 

 

rimbaud citation retour au reel

Vers une nouvelle modernité

Les humains n’échappent pas à la terre, à ses réalités, à ses lois et à sa morale. Les textes de Rimbaud sont un rappel à cette réalité, sans oublier de parler de modernité. À chacun de moderniser son monde.

 

 

La fameuse expression « être absolument moderne » définit la modernité par la coexistence de la modernité et de l’ancienneté, l’association de l’ancien avec le récent.

 

 

 

Le révolté : ni deuil ni résilience  

Rimbaud était révolté contre la société, ses inégalités, ses codes et ses lois. Il était un résistant. Il a toujours refusé la réconciliation et la résilience. Il se montrait un réaliste, incapable de changer le monde, sans l’accepter et sans chercher à s’adapter. Il a fait avec.

 

La prise de risque est indispensable selon lui pour accéder à l’auto réalisation, le risque de refuser l’amour pour le réinventer, le risque de refuser le réel pour le changer, le risque d’être inconsolable pour ne pas oublier ses objectifs, le risque de ne jamais faire le deuil de ses rêves.

 

A l’adolescence, la prise de risque est une façon d’échapper et d’explorer le monde adulte. Pour les adultes, la prise de risque devient un moyen pour vivre, découvrir le monde, et chercher l’absolu.

 

 

Bibliographie

1— Louis Pierquin, « Sur Arthur Rimbaud », Courrier des Ardennes, 24 décembre 1893, dans J.-J. Lefrère, p. 54.