Encyclopédie: santé mentale

Etre volontaire

 confiance

Etre volontaire


La décision volontaire est une résolution mentale et intellectuelle qui peut entraîner une action en assumant les conséquences de cette action et ses résultats.

 

 

 

Volonté n'est pas la motivation
Le problème d'Alan est ancien, selon ses dires. Il n'aime pas l'ambiance de son lycée où plusieurs lycéens profitent de sa timidité pour se moquer de lui et pour le ridiculiser. Il a discuté avec un professeur qui lui a demandé d'être courageux et volontaire, de savoir s'adapter et de se défendre. Alan n'est pas contre mais il pose la question : comment faire ?


La consultation chez le psychologue n'a pas fait de miracles. La timidité est la cause selon le psy. Comment s'en sortir ? La volonté d'abord, lui répond le psy.

 

La volonté est difficile à définir.  Notre culture en Occident est largement imprégnée par le discours philosophique qui a fondé notre conception de l'humain, et de son comportement. Nous parlons de la volonté comme un moyen indispensable pour dépasser l'obstacle, pour devenir meilleur. Cependant, l'histoire d'Alan démontre l'incapacité de ce concept, la volonté, à aider un garçon timide, martyrisé par l'ironie d'autres lycéens. En regardant de près, le conseil du professeur ainsi que le conseil de psychologue sont fondés sur cette conception culturelle et philosophique occidentale de la volonté. Sur le plan psychologique, il ne s'agit pas réellement de volonté, le conseil d'être courageux, de savoir s'adapter, de savoir affronter, répond en psychologie plutôt au concept de la motivation que de la volonté.


Pour aider ce lycéen, la motivation devient un accompagnement à la patience, et à la capacité psychologique et émotionnelle à tolérer l'inconfort pour atteindre un but. Dans ce cas, le meilleur travail pour aider Alan est d'expliquer nettement l'importance des résultats scolaires pour sa vie professionnelle et personnelle, autrement dit, la motivation commence par bien identifier les buts. En deuxième temps, élaborer une stratégie pour renforcer cette motivation : se patienter jusqu'à la fin des années, en insistant sur les résultats scolaires, et non pas sur les querelles avec les autres lycéens, changer de lycée, apprendre à se défendre verbalement, à pratiquer un sport etc.
Il ne s'agit pas dans ce cas d'une volonté dans le sens philosophique du terme, mais d'une motivation. Ainsi le terme motivation existe bel et bien en psychologie, le terme volonté est rarement utilisé en psychologie en raison de son ambiguïté et de son inutilité sur le plan pratique.

 

 

La décision volontaire
La décision volontaire peut être provoquée par des facteurs extérieurs, ou par des facteurs intérieurs. Il s'agit parfois d'une décision sans importance comme répondre à l'invitation d'un ami pour boire un verre, ou parfois une décision plus importante comme faire un voyage, ou accepter le mariage avec une femme. Dans les deux cas, la décision est volontaire motivée par l'invitation d'un ami, ou par un ensemble complexe de motivation, d'attirance, avec projet de vie pour dire oui à la cérémonie de mariage.

 


La décision volontaire n'est pas toujours aisée. Chaque décision volontaire est précédée par une délibération, mettant en face arguments et contre arguments. Les motivations varient, les conséquences influencent lourdement nos décisions volontaires.

 

 

Après sa rencontre avec Vincent, Alicia, 29 ans, rentre chez elle, soucieuse et troublée. Elle sort avec Vincent depuis six mois. La relation a commencé par un contact sur un site de rencontre, suivi de plusieurs rencontres. Après un mois, Alicia et Vincent passent un week-end ensemble. Elle avoue qu'elle est attirée par Vincent, par son corps, par sa façon d'être, par le désir sexuel qu'il invite à passer plus de temps avec lui. Ce soir, Vincent lui dit d'une façon claire qu'il ne cherche pas une maîtresse, ou une relation de plaisir, mais un couple, une épouse, un projet de long terme, et même un enfant. Tout simplement, entre le fromage et le dessert, Vincent lui propose le mariage.
Après plusieurs heures de réflexion, Alicia n'a pas pu prendre de décision. Elle ne pense pas au mariage, sa relation actuelle avec Vincent lui convient parfaitement : amitié et sexualité.

Le problème, Vincent était ferme dans sa proposition, il a 31 ans, il cherche un couple, et non pas une amitié sexuelle. Le lendemain, Alicia discute avec une amie qui lui donne un conseil, une autre amie l'invite à être réaliste et volontaire, une troisième amie utilise des arguments du genre : 29 ans, bientôt la trentaine, tu as de la chance d'avoir une proposition de mariage, arrête d'hésiter. Sur un forum d'experts en psychologie, Alicia pose la question : comment faire une décision volontaire quand il y a autant de paramètres en jeu.

 


Dans le cas d'Alicia, il ne s'agit pas de parler de volonté. Elle peut être volontaire, résolue, courageuse, mais incapable de décider. La psychologie parle dans ce cas d'un processus de décision, de délibération, et non pas de volonté.


La décision volontaire n'est pas toujours facile, la délibération peut être longue accompagnée d'hésitation, et de crainte sur les conséquences, les avantages et les inconvénients. Dans notre vie moderne, nous sommes de plus en plus seuls, nos décisions entraînent des conséquences que nous devons assumer dans la solitude, et sans le soutien des autres. La volonté dans ce cas n'existe pas, elle prend la forme d'une motivation engendrée par nos besoins et aux attentes, contrariée par les inconvénients, les conséquences, et par nos craintes.
La décision d'Alicia dépendra de ses motivations, de son désir de partager ses émotions et sa sexualité avec Vincent, en assumant les inconvénients d'une relation à long terme, en bénéficiant des avantages du couple. Alicia prendra sa décision après avoir étudié le pour et le contre. Certaines de ses motivations peuvent être difficilement avouables socialement comme son désir sexuel pour Vincent, d'autres motivations peuvent être moins claires comme son désir de maternité.


Dans les deux cas, il ne s'agit pas de volonté dans le sens philosophique, mais d'un processus de décision.
Cela explique pourquoi un psychologue parle rarement de volonté, laissant ce concept au philosophe, préférant parler de motivation, d'action, et des décisions.

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