Encyclopédie: santé mentale

Anxiété et insomnie

 insomnie

Anxiété et insomnie

La peur empêche le sommeil, c’est bien connu.


L’insomnie qui accompagne l’anxiété est un phénomène fréquent, connu dans toutes les cultures. Pourtant, c’est un problème médical sur le plan du diagnostic et du traitement.

Les personnes anxieuses n’arrivent pas à dormir, les liens entre insomnie et anxiété sont difficiles à expliquer.

L’insomnie est considérée par certains médecins comme un symptôme qui complique et aggrave l’anxiété. Cependant, l’insomnie ne fait pas partie des symptômes exigés pour faire le diagnostic de l’anxiété. L’insomnie n’est pas présente dans toutes les phases de l’anxiété. D’autres médecins considèrent l’insomnie et l’anxiété comme deux maladies différentes qui peuvent coexister.

 

Qu’est-ce que l’insomnie ?

On parle d’insomnie primaire en cas d’insomnie sans troubles médicaux ou mentaux. L’insomnie est un problème médical et social, qui s’accompagne d’une dégradation de la qualité de vie, qui augmente le nombre d’accidents du travail, d’accidents de la circulation, l’abus de substances, la consommation de médicaments, et engendre un coût non négligeable.

 

L’insomnie chez les personnes âgées est présente dans 57 % des cas, et peut être à l’origine d’une dépression, de chutes graves, et de consommation excessive de médicaments.

 

L’insomnie primaire fait partie des maladies mentales, présente dans le Manuel diagnostique des maladies psychiatriques. Les critères diagnostiquent exigent une plainte concernant le sommeil, retard de sommeil, difficultés de faire de nuits longues, et sommeil non réparateur. On considère qu’il y a insomnie en cas de plainte d’un trouble du sommeil qui dure depuis au moins un mois, ou d’un temps de réveil au début du sommeil supérieur à 30 minutes.

 

L’évaluation de la qualité du sommeil est généralement subjective et personnelle. La perturbation du sommeil peut engendrer une détresse personnelle, une altération significative du fonctionnement social, ou une altération des capacités professionnelles. L’insomnie s’accompagne de fatigue, malaise, perte de concentration, irritabilité, incapacité professionnelle et sociale, mauvais résultats scolaires, de symptômes organiques comme maux de tête, tension musculaire, symptômes gastro-intestinaux. Sur le plan comportemental, l’insomnie s’accompagne de manque d’énergie, de manque de motivation et d’initiative.

 

Le diagnostic de l’insomnie primaire exige, par définition, l’absence d’autres maladies comme la narcolepsie, troubles respiratoires, sclérose en plaques, ou des maladies mentales comme la dépression. Le diagnostic de l’insomnie primaire exige également l’absence de consommation de substances capables d’altérer le sommeil comme le café, les drogues, l’alcool ou d’autres substances euphorisantes.

 

Premier cas : l’insomnie précède l’anxiété

Monsieur T, âgé de 43 ans, professeur de collège, consulte pour une insomnie qui dure depuis plusieurs années. Il y a huit ans, il a consulté pour crise de panique. Selon lui, il y a un lien direct entre les attaques de panique et son insomnie. Il affirme qu’il est plus sujet à une attaque de panique après une mauvaise nuit de sommeil. Son traitement a réussi à stopper les crises de panique, mais l’insomnie persiste. Récemment, il a subi plusieurs crises de panique, ceci après sa rupture avec son épouse. Actuellement, il souffre de trouble anxieux avec crise de panique accompagné d’insomnie.

 

 

Deuxième exemple : insomnie qui entraîne l’anxiété

Mlle S est une étudiante de 23 ans, elle termine ses études en littérature comparée. Au début de l’été, elle commence à avoir des épisodes d’insomnie. Elle a cru qu’il s’agissait d’insomnie passagère en raison de la chaleur excessive des nuits d’été de son petit studio mal ventilé. En septembre, elle consulte pour une insomnie accompagnée de fatigue, et de brûlures gastriques. Le diagnostic d’insomnie primaire a été proposé. Deux mois plus tard, elle consulte pour un trouble anxieux généralisé qui justifie un traitement médicamenteux et comportemental.

 

 

Ces deux cas illustrent la relation complexe entre l’insomnie et l’anxiété. L’insomnie peut causer l’anxiété, l’insomnie peut accompagner l’anxiété, et en aggraver les symptômes. L’insomnie peut persister après le traitement efficace de l’anxiété.

L’insomnie peut précéder l’apparition de l’anxiété, elle peut être efficacement traitée sans améliorer l’anxiété. On parle parfois d’insomnie résiduelle après le traitement de l’anxiété ou la dépression, il s’agit d’une insomnie qui persiste après la rémission l’anxiété ou de la dépression. Le taux d’insomnie résiduelle est de 53 % chez les patients dépressifs.

 

 

Troisième cas : anxiété généralisée et insomnie

Mme H. âgée de 36 ans consulte pour une insomnie, un trouble qui retarde son sommeil, avec difficulté à maintenir son sommeil durant toute la nuit. Elle ne sait pas ce qui a provoqué l’insomnie. Actuellement, elle souffre d’une anxiété généralisée. En discutant avec elle, on découvre que la tendance à se coucher vers 23 h, à se réveiller à 7 h 30. Mais elle passe 2 h allongée dans son lit avant de s’endormir. Et elle se réveille 1 h plus tard. L’efficacité de son sommeil est considérée à 54 % d’un sommeil normal. Selon elle, aucune somnolence dans la journée, par contre, elle se plaint d’une fatigue sévère dans la journée. Elle nie toutes mauvaises habitudes de sommeil, aucune consommation de caféine d’alcool, ou de tabac. Le médecin fait le diagnostic d’anxiété généralisée, et adresse la patiente pour une psychothérapie.

 

 

Anxiété et insomnie : même maladie ?

Selon de nombreuses études, il existe un trouble neurobiologique qui provoque l’insomnie et l’anxiété. Selon cette approche, l’insomnie et l’anxiété provoquent les mêmes symptômes, affectent les mêmes personnes.

On peut aussi considérer l’insomnie et l’anxiété comme deux maladies distinctes, ayant des causes et des évolutions différentes. Ces deux maladies peuvent parfois provoquer les mêmes symptômes, et les mêmes complications. L’insomnie peut aggraver l’anxiété, et provoquer des complications supplémentaires.

 

Les rapports de l’Organisation mondiale de la Santé soulignent que le trouble d’anxiété de séparation peut commencer à l’âge de 7 à 14 ans. L’apparition du trouble panique, de l’anxiété généralisée ou de l’anxiété post-traumatique apparait de 25 à 53 ans. L’âge moyen pour l’apparition de l’anxiété est de 11 ans.

Il existe peu d’études sur l’âge d’apparition de l’insomnie. Dans une étude en 2006, l’âge moyen de l’apparition de l’insomnie est aussi 11 ans.

 

L’anxiété est presque deux fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. L’insomnie est également plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.

L’insomnie est une plainte subjective de troubles du sommeil chez de nombreux patients souffrant d’anxiété. La fréquence de cette association entre insomnie et anxiété a permis à certains médecins de penser qu’il s’agit d’une même maladie. Le traitement des symptômes de l’anxiété peut améliorer l’insomnie chez les patients.

 

Certains troubles d’anxiété semblent être associés plus fréquemment à l’insomnie comme par exemple le trouble panique, et le trouble d’anxiété généralisée plus que d’autres formes d’anxiété.

Les patients affectés par l’anxiété généralisée formulent souvent des plaintes d’insomnie. Ces patients anxieux sont soucieux de leur qualité de sommeil, ils ont du mal à rester endormis, à dormir des nuits entières. Ces patients n’arrivent pas à dormir, car préfèrent rester vigilant pour faire face à des menaces qu’ils pensent imminentes.

 

Les patients atteints d’insomnie primaire ont pratiquement les mêmes plaintes. Chez les adultes souffrant d’insomnie sans troubles psychiatriques, on retrouve cinq fois plus de risque d’anxiété, surtout le risque de troubles anxieux — panique. Cette apparition de l’anxiété chez les patients insomniaques est documentée par de nombreuses études.

Dans une étude publiée en 2003, l’insomnie précède l’anxiété dans 18 % des cas. Le trouble anxieux augmente le risque de l’insomnie de trois fois.

 

 

Comment faire en cas d’insomnie

    — Comprendre que l’insomnie peut être passagère. Se coucher à heures fixes et se lever à heures fixes. En cas d’insomnie qui persiste au-delà de quelques semaines, il faut consulter.
    — L’insomnie primaire, sans maladies, peut provoquer une anxiété, un stress, ou des symptômes organiques comme la fatigue, l’irritation, le manque de concentration, des symptômes digestifs ou une hypertension artérielle. Il ne faut pas négliger l’insomnie.
    — En cas d’anxiété ou de dépression, l’insomnie fait partie des symptômes. Si votre insomnie persiste après le traitement de l’anxiété, le médecin peut vous proposer un traitement de cette insomnie résiduelle.
    — Chercher autant que vous pouvez une bonne qualité de sommeil (pièce fraîche, à lumière tamisée, sans bruit, lit confortable, etc.).
    — Ne négligez pas les symptômes d’anxiété ou de la dépression. Ils peuvent favoriser l’apparition de l’insomnie.
    — Évitez l’automédication en cas d’anxiété ou d’insomnie. Il s’agit de maladies complexes qui justifient un diagnostic minutieux et un traitement spécifique.
    — Suivez votre traitement contre l’anxiété, même en cas d’amélioration de votre insomnie.

 

 

Conclusion

Il existe une certaine difficulté à évaluer l’insomnie et de la qualité du sommeil, il s’agit d’une évaluation personnelle et subjective.

L’anxiété et le stress modifient notre rapport au sommeil, modifient notre perception de la qualité du sommeil. Après un accident ou un traumatisme, on peut avoir des troubles du sommeil, de l’efficacité et de la qualité du sommeil sans anxiété.

 

Les personnes anxieuses dénoncent un mauvais sommeil, non pas par manque de durée de sommeil, mais par une perte de qualité de leur sommeil.

 

Le traitement de l’anxiété devrait prendre en compte l’insomnie. Le rôle du médecin est de distinguer les deux maladies, d’analyser les habitudes de sommeil, et d’éliminer les causes possibles de l’insomnie avant d’associer l’insomnie à l’anxiété.

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