Le symptôme hystérique le plus décrit dans ses écritures anciennes était la suffocation et les difficultés respiratoires, accompagnées de perte de la voix (aphonie).
En étudiant ces descriptions, on peut les classer selon nos schémas actuels comme symptômes d’anxiété ou d’anxiété-panique.
Le terme hystérie était largement utilisé dans le passé pour décrire une variété d’angoisse, et des symptômes dépressifs accompagnés de manifestations physiques comme le stress émotionnel, évanouissements, perte de conscience, et parfois un déficit moteur (paralysie partielle, incapacité à marcher, incapacité de mouvoir à membre).
Par le passé, ces symptômes ont été expliqués par la religion, par l’intervention du démon ou par des puissances supra naturelles.
Au XVIIe siècle, le terme sorcellerie accompagnait le diagnostic d’hystérie, avec son cortège de tribunaux, et d’exécution.
Les hommes d’église rivalisaient les uns avec les autres pour montrer leur capacité à guérir ou à détecter ces symptômes démoniaques, et la force de leur foi capable de lutter contre le démon.
En 1697, des exécutions pour sorcellerie ont eu lieu à Salem, Massachusetts, aux États-Unis. Les symptômes mentionnés comme démoniaques ressemblent à des symptômes de somatisation provoqués par un stress émotionnel.
Au début de XVIIIe siècle, le diagnostic de l’hystérie était fréquent englobant de nombreuses maladies y compris la jaunisse inexpliquée, l’œdème, mais également l’anxiété et la dépression.
Les neurologues du XIXe siècle ont refusé les explications surnaturelles, en insistant sur l’implication des émotions dans l’apparition de ces symptômes.
Russell Reynolds a décrit trois cas de paralysie provoquée par les émotions.
La contribution de Jean-Martin Charcot à la compréhension de l’hystérie a modifié le concept de ce trouble, en insistant sur le lien entre les émotions, les pensées, et les symptômes cliniques, et sur leur traitement par l’hypnose.
Reynolds et Charcot ont reconnu que l'hystérie dépendait d'une idée ou d’une émotion sans pouvoir expliquer le fonctionnement et le mécanisme de ce lien.
Selon Freud, il s’agit d’un conflit entre deux objectifs, entre deux besoins, entre deux pulsions, le conflit étant refoulé, car le patient refuse ou ne peut de suivre ces pulsions, le symptôme devient la traduction physique de ce conflit intrapsychique.
La théorie freudienne est toujours dominante, pour expliquer l’hystérie en dépit de nombreuses critiques, ou le trouble somatoforme de conversion.
Cette dernière théorie est présente dans les théories des aspects psychologiques de la psychiatrie, mais elle a été fortement remise en question.
Au début de la Première Guerre mondiale, le trouble de conversion et les troubles dissociatifs étaient fréquents chez les femmes. A cette époque, le trouble de conversion était considéré comme le résultat d’un conflit psychique quand le patient ne pouvait pas admettre consciemment ses besoins et ses pulsions. Selon Freud, une femme peut développer des symptômes hystériques en cas de désir sexuel inapproprié ou interdit comme quand on désire son père (désir œdipien). Ce refus d’admettre ce désir entraîne culpabilité, et symptômes physiques comme la paralysie. Freud parle du gain principal de la maladie.
La notion de gain principal prend une place importante dans la théorie de Freud, qui distingue ce gain principal par rapport au gain secondaire que représente les avantages liés au rôle des malades, comme être au centre de l’attention, avoir une considération spéciale, ou une indemnisation financière.
En théorie, le concept du bien (gain) secondaire est une partie importante des mécanismes agissants dans le maintien des symptômes hystériques.
Selon cette théorie, le sentiment inconscient se convertit en symptômes physiques.
Le mot conversion est traditionnellement lié aux symptômes somatiques motivés par une idée ou une émotion.
Parfois, le symptôme peut être psychologique ou mental comme la perte de mémoire, ou une hallucination, dans ce cas, on applique le terme dissociation, comme il peut être physique comme la perte de fonctions, la perte de la vue, paralysie, ou douleur, dans ce cas il s’agit d’un trouble de conversion.
Quand le symptôme est psychologique, il est considéré comme dissociatif.
En théorie, les troubles de la conversion, et de la dissociation sont similaires.
La théorie Freudienne selon laquelle, les symptômes hystériques découlent de la conversion de l’énergie émotionnelle en symptômes physiques demeurent d’actualité. Dans les classifications internationales utilisées en psychiatrie « DSM- V », les troubles de conversion sont classés dans la catégorie " troubles somatoformes ", dont la caractéristique commune est la présence de symptômes physiques qui ressemble à une maladie organique, et qui provoquent une détresse clinique et une altération de la vie sociale ou professionnelle du patient.
Le trouble de somatisation est caractérisé par de multiples symptômes physiques. Le trouble somatoforme comprend plusieurs variétés : trouble de conversion, trouble somatoforme douloureux, hypochondrie et le trouble dysmorphique corporel.
La différence entre le trouble de conversion et le trouble de somatisation réside dans le nombre de symptômes et dans le fait que les troubles de conversion sont principalement limités à la fonction motrice ou sensorielle sans douleur, et ressemblent à une maladie neurologique.
Dans le trouble dissociatif, il y a une perturbation des fonctions cognitives et des fonctions liées à la conscience. Plusieurs types sont énumérés : amnésie dissociative, fugue dissociative, trouble de l'identité dissociative ou trouble de dépersonnalisation et trouble dissociatif non spécifique.
Référenes
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7. Charcot, J.M. (1889). Clinical lectures on diseases of the nervous system delivered at La Salpetriere, 1872, Vol. 3 (ed. T. Savill). New Sydenham Society, London.
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