Encyclopédie: santé mentale

Trouble d'ajustement

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Trouble d'ajustement

Le stress est une réaction psychologique et physique normale aux situations positives ou négatives de notre vie : un nouveau travail, la mort d'un être cher, une séparation. Le stress en soi n'est ni anormal ni néfaste. Ce qui est important c'est de savoir comment la personne  réagit au stress.


Dans certains cas, la personne éprouve de réelles difficultés à s'adapter et à répondre à un stress particulier ou à un ensemble d'événements stressants, et développe ainsi un trouble d'ajustement.

« Vincent est un adolescent de 15 ans, sans problème dans sa scolarité ou dans son comportement social. Il vit avec sa mère depuis le divorce de ses parents. Il rend visite à son père une fois par mois ou pendant les congés scolaires.


Sa mère change de travail , et se trouve dans l'obligation de partir vers le sud de la France. Afin de ne pas perturber l'année scolaire de Vincent, les parents ont décidé que l'adolescent passera le reste de l'année scolaire chez son père.

Deux semaines après l'installation chez son père, l'adolescent change de comportement, il devient insolent avec son père et sa belle-mère, il ne dort plus et passe ses nuits à jouer sur Internet, son comportement est devenu violent avec ses camarades, les professeurs ont remarqué une altération profonde de ses résultats scolaires. Six semaines plus tard, il était hospitalisé suite une crise : pleurs,  cris et d'un discours parsemé d'idées suicidaires. »

Le trouble d'ajustement est une maladie mentale qui se manifeste en face d'une difficulté stressante, pouvant affecter la vie active, émotionnelle et le comportement. Le trouble d'ajustement peut se produire chez les adultes et les enfants.

Les symptômes les plus fréquents sont : tristesse, crise de pleurs, pensées suicidaires, soucis, troubles du sommeil, difficultés de concentration, comportements violents, parcours scolaires médiocres, et vandalisme.

Ce trouble a fait l'objet de plusieurs définitions, dans le passé il était considéré comme un trouble de personnalité. Dans d'autres écoles il était considéré comme un État transitoire entre anxiété et dépression. Actuellement il s'agit d'une maladie mentale définie par des critères précis.

L'association psychiatrique américaine ( 2000) définit ce trouble par une réponse psychologique à des forces et des facteurs stressants identifiés entraînant un état de détresse et un affaiblissement fonctionnel.

 

Trouble d'ajustement : symptômes

Le trouble d'ajustement est une maladie mentale qui se manifeste face d'une difficulté stressante, pouvant affecter la vie active, émotionnelle et le comportement. Le trouble d'ajustement peut se produire chez les adultes et les enfants.

Les symptômes les plus fréquents sont les altérations affectant les domaines professionnels, sociaux et scolaires. Les personnes affectées sont généralement jeunes, impulsives, et manifestent parfois d'autres troubles psychiatriques ou de troubles de la personnalité  (Jones, Yates, Williams, Zhou, et Hardman,1999).

Le trouble d'ajustement est associé à un risque de suicide plus élevé que le risque de suicide de la dépression de type principal  (Casey, 2001). Cependant, ce risque de suicide diminue rapidement après la disparition de l'événement stressant (Casey, 2001).

De nombreuses études suggèrent que le trouble d'ajustement avec humeur dépressive est un état distinct des troubles dépressifs. En raison de la présentation parfois spectaculaire et grave de ce trouble d'ajustement, comme comportement suicidaire, ce trouble mérite d'être recherché et diagnostiqué.

abs11.5-bleu1 Les critères de DSM-IV-TR pour le diagnostic du trouble d'ajustement :
A. Le développement des symptômes émotifs ou comportementaux en réponse à difficulté identifiable se produisant dans les 3 mois qui suivent le début de la difficulté.
B. Ces symptômes ou comportements sont médicalement significatifs :
1 détresse marquée dépassant la réaction prévue en face de la difficulté  
2 altération significative dans le parcours scolaire, social ou professionnel
D. Les symptômes sont différents de deuil.
E. Les symptômes ne durent pas au-delà de six mois après la résolution de la difficulté ou de ses conséquences.

Le trouble d'ajustement est aigu: si la perturbation dure moins de 6 mois
Le trouble ajustement est chronique: si la perturbation dure pendant 6 mois ou plus

 

Fréquence

Le trouble d'ajustement est fréquent dans les services d'urgence, peut compliquer d'autres maladies. Les femmes adultes sont deux fois plus diagnostiquées que les hommes alors que la maladie touche les deux sexes à égalité. La fréquence de ce trouble varie selon la population examinée.

Il est présent chez 10 à 30 % des patients qui consultent les services psychiatriques. Ce taux diminue à 12 % dans les consultations non psychiatriques. Une étude sur les personnes hospitalisées en services psychiatriques a constaté que 7,1 % des adultes et 34,4 % des adolescents souffrent d'un trouble d'ajustement diagnostiqué. (Greenberg et autres, 1995).

 

Causes :


Le stress a été décrit comme un facteur déclenchant de ce trouble d'ajustement. Cependant le stress varie selon chaque patient, ses réponses, ses réactions et le soutien de son environnement. La perte de travail peut être pour une personne un soulagement, et pour une autre personne une catastrophe. La séparation de son conjoint peut être une difficulté majeure en cas de grossesse par exemple.

D'autres recherches récentes ont signalé, dans le cas des soldats par exemple, un lien entre le trouble d'ajustement et certaine expérience durant l'enfance comme la présence d'un parent abusif ou sur protecteur, où la présence d' événements défavorables dans la famille. D'autres études ont signalé la fréquence d'un trouble de séparation entre l'enfant et sa mère chez ces jeunes adultes affectés par le trouble d'ajustement. (Hansen-Schwartz 2005).

 

Les types de trouble d'ajustement

 

trouble ajustement 

 

 

Trouble d'ajustement :traitement

 

Le traitement de trouble  d'ajustement  repose principalement sur les modalités psychothérapeutiques qui permettent la réduction du stress et  l'aide pour faire face à la difficulté qui a causé le trouble afin de maximiser l'adaptation.


Le premier but est d'aider le patient à retrouver son équilibre. Certaines difficultés peuvent être évitées comme un comportement  sexuel à risque , d'autres peuvent être nuancées comme une rupture amoureuse.

En cas d'idée suicidaire, le médecin peut aider le patient à orienter sa colère et la verbaliser, en transformant cette colère en mots et non pas en actes. La verbalisation ne peut être utile sans la réduction de la difficulté à l'origine du trouble.

Le médecin peut également clarifier les facteurs qui influencent la difficulté qui a engendré ce trouble. Après l'ablation du sein par exemple, il est utile de discuter l'image du corps, et  de rassurer la patiente,  sur sa beauté et sa désirabilité, et sur le fait que le traitement du cancer du sein  peut guérir un cancer sur deux voire plus.

Les buts du traitement sont selon les cas , exposer les soucis et les conflits que le patient éprouve, identifier les moyens de réduire la difficulté et d'augmenter la faculté du patient à faire face, et tracer une perspective pour résoudre la difficulté .  Le traitement devrait renforcer le MOI ( la confiance en lui-même ) du patient et son estime de soi.
D‘autres traitements comme le traitement cognitif ou les groupes de soutien peuvent être utilisés.
Les études ont démontré l'utilité des médicaments anti dépresseurs comme la fluoxetine  dans l'amélioration de trouble d'ajustement et dans l'allégement de la souffrance (Judd 2000).

 

Evolution

Les critères pour établir le diagnostic d'un trouble d'ajustement incluent une perturbation qui dure au moins trois mois en raison d'une difficulté, et qui persiste six mois après la résolution de cette difficulté.

La persistance des symptômes du trouble d'ajustement après la résolution de la difficulté est plus fréquente chez les enfants et les adolescents, s'accompagne des manifestations psychiatriques parfois graves comme les idées suicidaires.

Les études démontrent que 79 % des adultes et 57 % des adolescents vont bien dans un délai de cinq ans à partir du moment de diagnostic. Les autres patients développent des dépressions typiques , des maladies psychiatriques comme la schizophrénie ou le trouble schizoaffectif, ou un trouble de personnalité de type antisocial.

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