On peut définir l'anxiété comme une peur sans objet, peur réelle, potentielle ou même imaginée. L'anxiété peut être déclenchée par un fait réel ou provenir de l'intérieur quand la personne redoute ce qui va se passer ou ce qui pourrait se passer. Le degré de cette peur ne varie pas en fonction de sa provenance réelle ou imaginaire et ses conséquences sont similaires ou presque dans les deux cas.
Selon plusieurs auteurs l'anxiété joue un rôle important dans la sexualité masculine. Certains comportements sont façonnés par ces peurs internes, de même que certains troubles de la sexualité masculine comme l'éjaculation précoce ou il est admis que le rôle de l'anxiété est notable.
Si l'anxiété est une maladie bien définie en médecine, le journalisme américain a crée des termes vagues et sans précisions pour simplifier le rôle de l'anxiété dans la sexualité, ces termes sont désabusés, espèce de fourre tout (comme anxiété de performance) et ne possèdent qu'une utilité journalistique dont le but est de simplifier et d'impressionner le public.
Freud parle de l'angoisse réelle et de l'angoisse névrotique. L'angoisse réelle quand il y a un objet réel de cette peur tandis que l'anxiété névrotique est plus abstraite et l'objet est moins identifiable. Un homme qui va vers une femme. Il se sent intimidé. Il craint ne pas être à la hauteur et il se dit comme discours intérieur latent : «Mon petit pénis ne sera jamais assez gros pour plaire à cette femme idéalisée. Si j'échoue, je ne serai plus un homme. »
C'est une forme d'angoisse névrotique selon Freud.
Cette approche est rudimentaire. La sexologie clinique moderne identifie de nombreuses formes d'anxiété, dont chacune possèdent ses propres caractéristiques.
Sexualité masculine et anxiété d'étouffement
Salma n'arrive pas à comprendre pourquoi son couple va mal. A 27 ans, elle a enfin trouvé le partenaire qui cherche un couple et veut bien fonder une famille. Après deux semaines de vie commune, Nathan commence à lui dire qu'elle l'étouffe, qu'il se sent avalé par elle, qu'elle est trop collante. Elle s'éloigne en pensant qu'il était stressé, mais deux jours plus tard, Nathan retrouve son sourire. Cette situation recommence quelques semaines plus tard. Après de nombreuses querelles, Nathan quitte l'appartement, il s'étouffait
Même à l'âge 15-16 ans les filles conseillent les filles de ne pas l'étouffer, "ne sois pas collante ", "il va avoir peur et se casser "
C'est une anxiété (peur excessive ) si répandue chez les hommes que les femmes sont averties dès leur jeune âge de ne pas exacerber cette peur.
La peur d'être avalé par l'autre, disparaître dans l'autre, perdre son autonomie et son individualité.
un garçon craint de se retrouver dans une situation où on lui dit : " Ne fais pas ceci ! " Ou "ne fais pas cela ! ". La mère qui jouait ce rôle marque son garçon, il fait des efforts pénibles pour se séparer de cette mère.
Les filles qui n'ont aucun problème avec les rapports fusionnels peuvent recommencer le jeu de faire et ne pas faire, sortir ou pas sortir, etc le garçon va avoir peur d'être contrôlé. Il se révolte, il s'en va, il s'éloigne.
Cette crainte est, de loin, la plus importante et la plus répandue chez les hommes. L'homme à l'âge adulte craint les situations (échange, douceur, tendresse) où il juge qu'il a des risques de perdre ses acquis masculins de liberté et d'autonomie, il garde ses distances avec les femmes même en ayant des sentiments. Une mère étouffante peut marquer à jamais un garçon.
Aujourd'hui, la société offre l'autonomie aux femmes aussi, on commence à voir la même anxiété d'étouffement chez les femmes, et les hommes sont invités à la prendre en considération.
Sexualité masculine et anxiété de démasculinisation
Chez l'homme, l'identité générale et l'orientation sexuelle sont souvent confondues. Le garçon apprend progressivement à se conformer selon l'image et le rôle du masculin, ce qui nécessite une réorganisation mentale et comportementale. Afin de se distinguer de filles, la société le pousse à adopter certains comportements. Le garçon peut craindre qu'il soit, d'une façon ou d'une autre, privé de ce qui le rend homme. Il craint de devenir un non-homme ou devenir une femme. L'homme craint d'être contaminé par la féminité, et tolère mal l'élasticité des rôles sexuels.
L'homme ayant cette anxiété se sent plus à l'aise dans la sécurité du stéréotype et la rigidité des rôles. Dans cette anxiété, il y a l'utilisation d'une pseudo forme d'agressivité masculine qui peut aller vers l'agressivité de destruction ou aller vers ce qui est populairement dénommé : macho.
Le macho doit contrôler son entourage ainsi que lui-même. L'anxiété peut être facilement observée chez l'homme qui affiche qu'il est bel et bien un homme.
Cet homme redoute la féminité, il n'aime pas se maquiller, ou se soigner à la façon des femmes, n'aime pas pleurer, et préfère rester fidèle à rôle masculin bien établi. Certains hommes ayant cette anxiété sont sexuellement infantiles et attachés à leurs mères ou ont une peur de la puissance sexuelle des femmes.
Ce comportement devient une sorte de rôle que l'homme pratique chaque jour pour s'éloigner du monde des femmes et garder sa distance avec la féminité.
Sexualité masculine et anxiété de destruction
L'agressivité pose de nombreuses questions aux hommes. Cette agressivité masculine est encouragée quand il faut entrer en compétition avec les autres ( hommes , garçons), considérée par l'entourage et les paires comme signe de courage, mais combattue par certaines femmes et certains courants féministes en raison du danger que peut engendrer l'agressivité masculine dans les relations hommes femme, la tentative des garçons d'être victorieux, et avoir un plaisir à dominer.
L'anxiété joue un rôle important dans la sexualité. Certains comportements sont façonnés par ces peurs internes.
L'anxiété peut être déclenchée par un fait réel ou provenir de l'intérieur quand la personne redoute ce qui va se passer ou ce qui pourrait se passer. Le degré de cette peur ne varie pas en fonction de sa provenance réelle ou imaginaire et ses conséquences sont similaires ou presque dans les deux cas. L'anxiété joue un rôle important dans la sexualité
L'anxiété de destruction est un désir de contrôler, d'avilir l'objet de ses désir, de dépersonnaliser pour pouvoir maîtriser. Elle est parfois le fruit de l'agressivité masculine mal dosée ou mal interprétée de la part de l'homme.
La condamnation ambiante et généralisée de toute sorte d'agressivité même défensive peut engendrer chez les hommes une anxiété au sujet du contrôle de leur propre agressivité.
Ce comportement se traduit par une idéalisation excessive de la femme, la considérant supérieure aux hommes, ou par un investissement dans un rôle masochiste où l'homme accepte de souffrir pour une femme de peur de réagir (il redoute son agressivité et sa capacité à détruire). L'homme n'ose pas se laisser aller à son plaisir sexuel. Il peut avoir des problèmes sexuels d'abandons, d'orgasme, d'éjaculation précoce ou incapacité d'érotiser l'autre et perte du désir sexuel.
Sexualité masculine et anxiété d'abandon
La relation entre l'enfant et ses parents est une source de sécurité pour l'enfant ce qui pousse l'enfant à craindre l'abandon. L'enfant tente de séduire sa mère, et de fusionner avec elle.
L'anxiété peut être déclenchée par un fait réel ou provenir de l'intérieur quand la personne redoute ce qui va se passer ou ce qui pourrait se passer. Le degré de cette peur ne varie pas en fonction de sa provenance réelle ou imaginaire et ses conséquences sont similaires ou presque dans les deux cas. L'anxiété joue un rôle important dans la sexualité. Certains comportements sont façonnés par ces peurs internes.
Les êtres fragiles ont besoin des autres pour exister. Le garçon qui redoute l'abandon applique ces peurs sur ses relations amoureuses. Dans ce genre de relation, ce n'est pas la perte de l'autre qui fait souffrir mais la blessure narcissique, la blessure de sa propre dignité. L'individu abandonné est à nouveau confronté à son anxiété de solitude. (Schnarch, 1991). L'anxiété d'abandon est la peur de ne plus être aimable ou aimé.
En réalité, l'anxiété de l'abandon peut devenir aussi une réponse à d'autres anxiétés. Le garçon qui a peur de jouer le rôle masculin, il va devenir le gentil garçon qui ne fait pas de mal, qui n'aime pas pénétrer les femmes car il ne veut pas faire mal à sa mère, et être abandonné. L'idée de faire du mal est accompagnée du risque de perdre l'amour, et sera privé, de l'autre et donc abandonné.
Cette anxiété d'abandon est fréquente dans notre société en raison des familles dysfonctionnelles (familles à problèmes) existe aussi bien chez les garçons que chez les filles. L'homme peut répondre à cette anxiété par de nombreuses façons: accepter une relation même dévalorisante pour ne pas rester seul, devenir éjaculateur précoce en tentant de faire plaisir à l'autre ou en acceptant des relations abusives.
Toutes les solutions sont envisageables pour ne pas être seul, dans ce vide qui redoute depuis son enfance : l'abandon.
Sexualité masculine et Anxiété de l'inceste
Avoir des désirs incestueux est souvent vécu comme très déstabilisant. Cependant, le nombre des jeunes adolescents qui désirent leurs mères est impressionnant. C'est un passage presque normal dans le développement de la sexualité masculine. Le garçon désire cet être féminin parfait et unique : sa mère.
Normalement, ce désir est refoulé. On ne cultive pas ce genre de désir. Mais les parents sont les premiers objets d'identification et d'amour : Je veux quelqu'un comme ma mère. Ou : Je ne veux pas quelqu'un comme ma mère. . Un jour je veux être comme mon père. Je ne veux pas ressembler à mon père.
Dans ce rapport à la mère et au père il n'est pas rare d'observer chez certains hommes des fantasmes sexuels avec du contenu incestueux ou carrément incestueux. Certains désirs refoulés durant l'enfance refont surface à l'âge adulte, ce qui devient anxiogène.
Les hommes ayant ce genre de fantasmes et des désirs ont parfois un fort sentiment de culpabilité surtout si ces fantasmes sont si présents ou utilisés pendant l'acte sexuel ou durant ma masturbation. Ces pensées peuvent entraîner de l'anxiété chez la plupart des gens si les pensées sont trop près de la réalité. Si la partenaire est considérée mentalement comme symbole, l'homme peut chercher dans un comportement passif ou masochiste une sortie de cette anxiété. La rencontre sexuelle devient une souffrance. Les préliminaires déclenchent l'anxiété et l'inconfort en mettant l'homme face à la nudité féminine, et l'homme peut chercher à raccourcir la rencontre sexuelle en devenant un éjaculateur précoce ou en perdant son érection pour abréger la durée de l'excitation sexuelle.
La sexualité masculine et anxiété d'être homosexuel
Chez l'homme, l'identité générale et l'orientation sexuelle sont souvent confondues. Le garçon apprend progressivement à se conformer selon l'image et le rôle du masculin, ce qui nécessite une réorganisation mentale et comportementale. Afin de se distinguer de filles, la société le pousse à adopter certains comportements.
Le garçon redoute tout ce qui puisse sembler féminin et encore pire féminisant. Il fait des efforts pour se distinguer, et cherche à prouver qu'il fait partie du groupe des hétérosexuels, le groupe majoritaire. Il accuse et dénonce souvent ceux qui manquent d'hétérosexualité en fonction selon ses critères d'évaluation. Cette identité masculine sera exprimée par exemple par une consommation excessive de relation sexuelle ou par le choix des partenaires très féminines.
Dans certains cas, un comportement de ce genre, basé sur la consommation sexuelle, sur un fond de machisme affiché, et même d'homophobie dissimule une anxiété d'être homosexuel mais ce n'est pas toujours le cas. Certains hommes ont des fantasmes homosexuels qui les inquiètent surtout si le contenu de ces fantasmes appartient à une homosexualité passive.
Certains psychanalystes décrivent cette anxiété comme les séquelles de manque de père ou d'image paternelle.
Ce comportement peut pousser l'homme à prouver son hétérosexualité : consommation sexuelle, comportement masculin excessif, et manque de confiance en soi.
Sexualité masculine et l'anxiété d'être Masculin
Cette anxiété est nommée l'anxiété de masculin. C'est une forme de peur interne qui peut altérer la sexualité masculine.
Le rôle masculin est de plus en plus contesté dans notre société au non de la non violence, et de l'acceptation des valeurs hérités de féminisme. Dans ce cadre, l'homme peut hésiter ou redouter de jouer un rôle plus masculin car il associe le rôle masculin à la violence par exemple. La relation entre sa force physique, et l'image du masculin dans la société peut devenir déstabilisante. Ainsi il a peur de devenir un homme, de rejouer le rôle du père brutal qui a causé de tort à la bonne et douce maman. Cette hésitation est anxiogène et peut se traduite sur le comportement sexuel masculin. L'homme devrait dans ce cadre tempérer son agressivité sexuelle, l'agressivité prétendue de son pénis. Si la partenaire lui dit qu'elle a mal pendant la pénétration et qu'il doit se calmer, il va vivre ces remarques d'une façon anxiogène et peut d'une façon inconsciente redouter de trahir l'image de sa mère. Il est le bon et gentil garçon et ne peut pas être trop pénétrant ou trop masculin car il ne veut pas faire mal à sa mère qui est si fragile.
De cette anxiété, résulte un évitement de l'acte sexuel, de la pénétration ou une éjaculation précoce afin de terminer vite un acte pouvant être agressif pour sa partenaire.
Références
- American Psychiatric Association (2000). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders; 4ème éditon avec texte revisé (DSM-IV-TR). Auteur. Washington D. C. 886 p.
- Crépault, C. (2001). Éros en sexoanalyse dans Éros au féminin, au masculin, Presses de l'Université du Québec. Montréal.
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