Il n'existe pas une définition consensuelle de la pornographie, chaque définition dépend de la culture dominante. La pornographie comme concept est une création occidentale car les images nues ou les histoires érotiques étaient une consommation courante au moyen orient, aux indes et en Asie, cette situation n'est plus d'actualité, et d'autres normes culturelles sont en vogue.
La consommation de la pornographie en général
En occident, durant la dernière décennie, la quantité des programmes dits pour adultes offerts au public a augmenté d'une façon notable incluant des programmes érotiques, pornographiques, documentaires, et reportages axés sur la sexualité et les pratiques sexuelles. C'est le cas de nombreux pays européens.
Selon les études récentes, la consommation de la pornographie est en augmentation. Cependant cette augmentation varie selon l'âge, la culture, et selon les pays. L'étude de Traeen 2002, a tenté d'analyser l'usage des matières pornographiques dans un échantillon représentatif de Norvégiens adultes. Cette étude montre que 90% des norvégiens ne sont pas des usagers fréquents de la pornographie, 76% ont rapporté avoir examiné un magazine pornographique, 67% ont regardé un film pornographique, et 24% avaient regardé un site pornographie sur Internet. Le pourcentage d'hommes et femmes qui ont rapporté un usage fréquent de pornographie est faible. Chez les adolescents, la situation est différente ; Les études comme celle de Weisskirch 2004 montrent que les jeunes sont de grands utilisateurs d'Internet pour visionner des produits pornographiques ou pour se lancer dans des discussions à caractères sexuels. Il est même possible de noter que les adolescents américains classent trois centres d'intérêt selon l'ordre suivant : les amis, la pornographie, puis la musique.
Les études sur la consommation pornographique parmi les femmes sont rares, une étude hollandaise a été publiée en 2001 sur ce sujet. Les études sur les motivations des femmes, leurs avis sur la pornographie sont très peu nombreuses (Brown, 2000).
La pornographie et les femmes
De rares études ont tenté d'associer examiner le visionnage des programmes sexuellement orientés et des aux attitudes sexuelles plus libérales, ou avec les expériences sexuelles de plus en plus précoces et approfondies parmi les adolescents (études de Brown & Newcomer,1991 ; Calfin, Carroll, & Shmidt,1993 ; Kalof,1999 ).
Ces conclusions proposent que les spectateurs modulent progressivement leur comportement selon les programmes visionnés, et que les personnes qui consomment ces programmes sexuellement orientés ont une attitude plus favorable envers la sexualité (Davis & Bauserman,1993).
Face à la pornographie
Pour qu'un comportement puisse être étiqueté comme une dépendance, il devrait être un dysfonctionnement autonome : quelque chose qui semble au-delà du contrôle volontaire de l'individu et qui interfère avec d'autres buts de la vie. Ces types de dépendances impliquent une perte de contrôle de soi. Si un patient répète à son médecin qu'il souhaite arrêter, il se définit lui même comme un accro. L'obsession par la pornographie pourrait se représenter comme une compulsion comme pour d'autres consommations accompagnée des douleurs émotionnelles. L'excès de la pornographie pourrait être problématique.
Les vrais problèmes résident dans l'interférence de la pornographie dans cette espace de nudité et d'intimité qui réunit le couple. En face d'un produit pornographique, c'est l'image de soi même qu'on regarde sur l'écran ou l'image de l'autre. La pornographie joue avec les fantasmes et explore l'aptitude de la personne à considérer ces fantasmes comme une partie de sa sexualité affectant par ce fait les limites psychologiques établies entre l'imaginaire et le réel. Certaines études insistent sur l'approche thérapeutique consistant à examiner avec un couple leurs vues d'eux-mêmes, leurs images du corps, ce qu'ils considèrent sexuel et non - sexuel en eux et leur aptitude à objectiver et à intérioriser les images.
D'autres approches thérapeutiques sont proposées, incluant la thérapie comportementale et la thérapie cognitive. Affronter cette douleur (que l'obsession peut engendrer) et mobiliser l'énergie à résoudre ces problèmes.
La porno : parfois un problème dans le couple
Ces problèmes arrivent parfois dans les cabinets médicaux ou chez les conseillers conjugaux, la règle d'or dans ce cas : il ne faut jamais insister sur la suppression de la pornographie car le problème est toujours ailleurs.
Le médecin peut suggérer au couple une "honnête et respectueuse" discussion. Si l'un des deux partenaires refuse la pornographie, il serait utile d'expliquer qu'un couple est une relation émotionnelle et sexuelle à la fois et non pas un jeu sexuel en permanence. Les motivations de la consommation comptent aussi ; curiosité, manque de stimulation, anxiété, difficulté d'érection, anorgasmie etc.
L'élimination de la pornographie peut engendrer la frustration de l'autre partenaire peut alimenter d'autres problème. Le couple devrait discuter et expliquer leur besoin. L'utilisation de la pornographie pourrait souligner la présence d'un déficit ou d'un problème dans les rapports sexuels.
Si le problème est moral, philosophique ou religieux, la solution réside dans le respect de l'autre, de ses croyances, et ses choses sacrées, et si certains problèmes se résolvent par un compromis, d'autres pourront être sans solution.
Réf:
1. Calfin, M. S., Carroll, J. L., & Shmidt, J. (1993). Viewing music-videotapes before taking a test of premarital sexual attitudes. Psychological Reports, 72, 475-481.
2. Davis, C. M., & Bauserman, R. (1993). Exposure to sexually explicit materials: An attitude change perspective. Annual Review of Sex Research, 4, 121-209.
3. Kalof, L. (1999). The effects of gender, and music video imagery on sexual attitudes. The Journal of Social Psychology, 139, 378-386.
4. Traeen B; Spitznogle K; Beverfjord A (2004) : Attitudes and use of pornography in the Norwegian population 2002. J Sex Res May;41(2):193-200
Weisskirch RS; Murphy LC ( 2004) : Friends, porn, and punk: sensation seeking in personal relationships, internet activities, and music preference among college students. Adolescence 2004 Summer;39(154):189-201
Commentaires