Encyclopédie: sexologie et couple

Chine : la sexualité dans la Chine classique

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Chine : la sexualité dans la Chine classique

 

La civilisation classique a émergé en Chine, avec l'évolution de la dynastie de Zhou autour de 1050 Av-JC, et avec l'arrivée des formes politiques évoluées et l'apparition des structures durables pour gouverner et organiser l'Empire chinois.
L'introduction de confucianisme sous la dynastie Zhou et sa grande acceptation sous la dynastie de Han (200 Av-JC) modifiant progressivement les valeurs sociales, politiques et personnelles.


Sur le plan de la sexualité, l'évolution de la Chine classique a engendré un mouvement de tolérance de l'expression sexuelle surtout dans l'intérêt de la hiérarchie sociale et celui de la famille.
Comme dans toutes les sociétés classiques, la Chine en modifiant ses structures sociales et politiques modifie les relations entre les hommes et les femmes, et la sexualité en général. Comme toujours, la Méditerranée était le foyer de civilisation la plus ancienne, la civilisation de la Méditerranée influencerait les autres civilisations, même éloignées.

Les documents disponibles de l'époque de la dynastie de Zhou suggèrent une forte appréciation du désir sexuel, au-delà de la fonction reproductrice de la sexualité. La prouesse sexuelle, surtout pour les hommes, était appréciée. Les hommes avaient de multiples épouses, de nombreuses concubines. Le désir sexuel féminin était respecté, mais considéré comme profondément différent du désir sexuel masculin. On peut retrouver de nombreuses publications de l'époque détaillant la différence entre les orgasmes féminins et les orgasmes masculins, en terme du feu, et de l'eau. De nombreuses poésies anciennes utilisaient ces métaphores pour distinguer le sexuel féminin de sexuel masculin.

 

La Chine a produit des manuels de sexualité sophistiquée, riches en dessin et en reproductions graphiques pour expliquer la sexualité humaine, assistant sur les métaphores, et les descriptions poétiques, soit par pudeur, soit par souci de sang sur. Ainsi le pénis devient la tige de dragons, ou la tige de jade, le clitoris devient la perle de jade, les préliminaires et l'orgasme : les nuages et la pluie. Ce genre documentation pouvait être qualifié selon la norme occidentale de pornographique (le terme pornographie et la pornographie sont une création occidentale).

 

En dépit de la permissivité, on peut imaginer que la plupart de ces manuels étaient disponibles pour une minorité instruite, pour une élite sociale et économique. Les informations été transmise d'une façon orale au sein de la population moins aisée et moins instruite.
La sexualité en Chine classique était influencée par des principes philosophiques qui ont gouverné longtemps la culture chinoise. L'activité hétérosexuelle était l'union de yin et yang ; les hommes après un rapport sexuel vont épuiser leur yang pendant l'orgasme, mais ils vont absorber le yin, l'énergie présente dans la réponse sexuelle féminine.

 

Le déséquilibre entre le yin et yang a été vu comme un problème de santé. Pour la même raison, la masturbation masculine a été critiquée, parfois interdite, mais autorisée chez les femmes, car elles ne risquent pas de perdre pendant cet acte leur énergie vitale, à condition de ne pas utiliser des objets étrangers.
Dans la période de Zhou, le sexe prénuptial a été condamné, considéré comme la destruction de la famille, est un danger pour la filiation. Le confucianisme, le comportement sexuel est devenu un objet important, méritant les études et les examens minutieux, car comportement sexuel devient le reflet d'un comportement humain.

 

Ainsi, les Chinois ont développé des manuels décrivant la défiance sexuelle. L'inceste était utilisé comme un moyen de vengeance, ou d'accusation pour des buts politiques, en particulier sous la dynastie des Han.
Les épouses étaient multiples, ainsi que les concubines, pour les hommes capables financièrement, seulement dans les classes aristocratiques. Les hommes sont très désireux de démontrer leur prouesse sexuelle, et dans de nombreux cas, l'urgence d'avoir un fils multipliait les mariages.

Comme chez les musulmans plus tard, la société chinoise a organisé la polygamie d'une façon stricte et hiérarchisée, entre la première épouse et les autres, entre les épouses et les concubines, pendant cette organisation sur les principes de Confucius.
Des rituels bien sophistiqués et raffinés ont vu le jour autour de la vie sexuelle de l'empereur. Des fonctionnaires s'occupaient des nombreuses concubines présentes dans le palais, les rencontres sexuelles entre l'empereur et ses concubines ont été répertoriées. L'empereur honoré sa première épouse, l'impératrice, régulièrement, parfois dans une date précise.

En dehors de la vie impériale, le nombre de concubines a été vu comme le reflet de décence économique, de la classe sociale. Pour les hommes hors de ces classes, les prostituées étaient disponibles, leur fréquentation était acceptée socialement pour les hommes mariés ou célibataires, considérant la sexualité avec les prostituées comme sexualité d'amusement, une sexualité récréative. Les maisons " des filles chanteuses " étaient nombreuses, ces bordels fournissaient nourriture, poissons, divertissement, et actes sexuels.

 

Pour les femmes de la haute société, désirant se marier, la virginité hyménale était appréciée, soigneusement protégée par les parents ; sa perte était synonyme de célibat de la fille. Le mariage était essentiellement l'affaire des jeunes, autant après la puberté.

La Chine classique était une société agricole, les règles économiques exigeaient une famille stable, une filiation pour assurer la transmission des biens. Cela explique l'importance du mariage, mais également l'importance de la première épouse et ses enfants. La pensée confucéenne insistait sur le danger de la sexualité désordonnée sur la famille, et sur les enfants. La fidélité des femmes a été encouragée, la fidélité des hommes était conseillée.

La société chinoise classique s'intéressait très peu à l'homosexualité masculine. Des aventures amoureuses entre les hommes ont été décrites comme anecdotiques, comme exception, et parfois comme épopée romantique. Le terme " partager la pêche " désignait le sexe anal entre deux hommes.

Ce désintérêt de la société chinoise pour l'homosexualité masculine pouvait être expliqué par plusieurs théories : l'homosexualité masculine a été admise, banalisée, ou l'homosexualité masculine était considérée comme anecdotique sans importance, ne menaçant pas la famille ni la filiation.
Il n'existe pas des références valables sur l'incidence ou la fréquence de l'homosexualité masculine dans ces civilisations.

 

La société chinoise à créer un groupe important d'hommes castrés, les énuques, assurant un rôle particulier dans la société chinoise. Sous la dynastie Zhou, la castration était une punition des personnes condamnées de trahison. En raison de l'importance culturelle du sperme, et de la puissance masculine, la castration était considérée comme l'acte plus dégradant pour un homme.
Avant la dynastie de Han, on comptait 5000 énuques dans la cour impériale. L'acte dégradant de la castration est devenu une tradition pour servir les harems impériaux, pour garantir l'impossibilité de ces hommes de séduire ou d'en brosser les épouses ou les concubines. Ces eunuques sont devenus avec le temps des hommes d'un redoutable pouvoir au sein de l'empire, les conseillers de l'empereur, les confidents des épouses et les concubines.

 

En dépit des pressions confucéennes, moralisantes est généralement ennuyeuse, en ce qui concerne l'organisation de la sexualité au sein de la société, les classes aristocratiques et les classes aisées ont continué à pratiquer une sexualité permissive et récréative.
Sous la dynastie de Han, les manuels sexuels fleurissent, utilisant parfois le yin et le yang comme un système philosophique pour expliquait la sexualité, accompagné d'illustrations. Ces manuels étaient accessibles à une élite. On les glissait dans la trousse des mariés comme un moyen d'instruction et d'amusement.

Ces manuels sont parfois chargés de détails surprenants sur les actes sexuels et sur la recherche du plaisir masculin et féminin
À la fin de la période classique de la Chine, comme toujours dans les sociétés agricoles, la société perdait progressivement ces tendances libérales, et sa permissivité. Les crises économiques, l'organisation de la société transformaient l'approche de la société, pour attacher la sexualité à la morale, à la bonne santé, à la préservation de la famille. Ainsi, comme  toujours dans les sociétés agricoles avancées, les femmes de bonne société ont été séparées des femmes non respectables comme les prostituées et les concubines. La vie des femmes respectables a été organisée, limitant leur sexualité avant le mariage, les protégeant des hommes autant que possible. Les hommes riches et aristocratiques choisissaient leur épouse parmi ces femmes respectables.

Les soucis concernant la limitation de nombre d'enfants existaient dans la société chinoise. Les documents disponibles reflètent la vie des classes aisées, où ce soucie été moins présent. La limitation de nombre d'enfants était le souci des classes pauvres. Les menaces de surpeuplement et d'épuisement de ressources disponibles existaient depuis longtemps en Chine. En cas d'échec, l'avortement, et l'infanticide étaient présents dans cette société.

 

Ref
E.L. Shaughnessy, ed., China : Empire and Civilization (New York: Oxford University Press, 2000) ;
C. Benn, Daily Life in Traditional China (Westport, CT: Greenwood Press, 2002);
P.R. Goldin, The Culture of Sex in Ancient China (Honolulu: University of Hawaii Press, 2002) ;
R.H. Gulik, Sexual Life in Ancient China: A Preliminary Survey of Chinese Sex and Society from ca. 1500 BC till 1644 AD (Boston, MA : Brill, 2003) ;
V. Hansen, The Open Empire : A History of China to 1600 (New York : W.W. Norton and Co., 2000) ;
M.E. Lewis, The Early Chinese  Empires : Qin and Han (Cambridge, MA: Harvard University Press, 2007).

 

 

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