Ludwig Borchardt a 38 ans quand il prend le chemin de Tell al Amarna ce jour de 1912. Il réside au Caire depuis 1895. Quoi de plus naturel que de résider au Caire quand on est égyptologue.
Ludwing n'est pas un égyptologue débutant. Il a bénéficié d'une excellente formation auprès de son maître Adolf Erman à Berlin. Ensemble, ils ont créé l'Institut allemand d'archéologie au Caire en 1907. Il collabore avec le célèbre Gaston Maspero à la rédaction du Catalogue du Musée Égyptien du Caire.
Au début du 20ème siècle, le service des antiquités égyptiennes partage les découvertes archéologiques réalisées par les missions étrangères travaillant en Egypte. Cette idée encouragea Borchardt à entamer des fouilles dans une zone encore non explorée, celle de Tell al-Amarna.
A 320 km au sud du Caire, le site archéologique d'Amarna occupe une grande baie de désert près du Nil. Pour l'œil mal informé, ce n'est qu'un demi-cercle de terre stérile, avec d'énormes falaises de calcaire, qui ne ressemble à rien : un puits de poussière immense d'environ 10 km de long et 6 km de large, éparpillé parmi des collines sablonneuses.
Mais il y a 33 siècles, cet endroit était une ville de dizaines de milliers d'Egyptiens, au service d'un seul homme puissant : le pharaon Akhenaton.
Le 6 décembre 1912, pendant la visite du prince Jean-Georges De Saxe, les fouilles découvrent dans les ruines d'un atelier un buste, travail inachevé d'un sculpteur talentueux. Une statue sculptée en calcaire et agrandie de plâtre, joliment peinte. On appela Borchardt. Il lut le nom d'un sculpteur dont il ne connaissait pas l'existence ; Thoutmosis. La date était plus importante que le nom : 14ème siècle av JC. Borchardt comprit alors que cette région contenait des traces de la 18ème dynastie, du nouvel empire.
Et il fut déçu de n'avoir pas trouvé une tombe royale ou la sépulture d'une famille noble.
Il était intrigué par la beauté de cette œuvre d'art. Le prince De Saxe immortalisa la scène en photographe amateur. La rumeur se propagea qu'il s'agissait d'une mise en scène.
Borchardt contempla longuement cette pièce exceptionnelle, un buste polychrome, sculpté au 14ème siècle avant JC, représentant la tête d'une femme avec un long cou, aux sourcils arqués, aux pommettes hautes avec un nez fin et un sourire peint en rose foncé. La beauté de cette femme était saisissante.
La statuette était réalisée dans un bloc de calcaire recouvert de stuc peint, haut de 47 cm, pesant 20 kg. Le visage était intact, à l'exception de l'œil gauche qui ne possédait pas l'incrustation de quartz peint en noir représentant la pupille, comme dans l'œil droit. Le fond des yeux était calcaire brut.
Cette femme portait une couronne bleue formée de rubans horizontaux se rejoignant à l'arrière, avec un diadème d'or et un cobra sacré, symbole de divinité. Les cheveux sous la couronne, étaient ornés d'un collier aux motifs floraux.
Pour la première fois, un nom surgit : Néfertiti. Un nom mystérieux qui signifie : une belle est venue
Borchardt ne partagea pas cette découverte avec l'autorité égyptienne. Il fit sortir la pièce illégalement vers son pays. Le buste fut remis à Henri James Simon, marchand d'antiquités et commanditaire des fouilles de Tell el-Amarna. En 1913, il prêta sa collection aux musées de Berlin.
Le buste fut définitivement donné au musée de Berlin en 1920.
Enfin, en 1923, le buste fut dévoilé au public avec un écrit de Borchardt et exposé en 1924 au Neues Museum sur l'Île aux musées de Berlin.
Les autorités égyptiennes continuent de réclamer le retour du buste dans son pays d'origine.
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