Depuis de nombreux siècles, on redoute la disparition de Venise sous les eaux. Venise est heureusement toujours là, mais, comme pendant les siècles de son histoire, elle est entourée de danger et d'incertitudes.
En oubliant les articles de journaux, les déclarations alarmantes, si vous effectuez un séjour à Venise, vous allez rencontrer une ville propre, sécurisée, organisée, modernisée, des monuments protégés et restaurés, et un transport efficace. Les musées sont entretenus, les trésors bien exposés, restaurés et entourés par les moyens de conservations et de sécurité les plus modernes.
Certaines traditions sont respectées. Pendant les messes, les églises sont fermées aux touristes. Les commerces existent en dépit des hordes de touristes, pour vendre les spécialités locales (pâtisserie, mercerie).
À Venise, on mange bien, on rencontre des touristes du monde entier, on peut se promener même la nuit et même demander aux habitants le nom d'une rue ou une adresse.
Si la France reçoit 80 millions de touristes par an, Venise accueillait 28 millions touristes en 2015 et autour de 30 millions en 2017. La Cité des Doges voit son histoire, son architecture, et la vie quotidienne de ses habitants, bousculés.
Les Vénitiens sont assiégés par les touristes. La population du centre-ville s'est réduite d'un tiers, 250.000 en 1900, à 190.000 habitants en 1946 puis 55 000 habitants actuellement.
Le tourisme génère 1,5 milliards d'euros par an, mais les inconvénients sont là : les commerces de proximité laissent place à une étrange association entre magasins de luxe, et boutiques de pacotilles. Les Vénitiens résistent malgré tout. À quelques mètres des vitrines élégantes de Chanel ou Prada, vous admirez la vitrine d'un boulanger ou d'un traiteur proposant des spécialités italiennes.
Le tourisme fait vivre 30.000 personnes et rapporte à la municipalité deux milliards d'euros par an : 65 % de la population survit grâce aux millions de touristes. Il y a 400 hôtels sur la lagune et 250 restaurants de toutes catégories.
L'Unesco a accordé deux ans, jusqu'en 2019, avant de classer Venise dans le patrimoine mondial de l'humanité à la condition de mesures pour contenir les hordes insouciantes de touristes.
La mairie a promis à l'UNESCO de gérer le flux touristique en deux ans : cent policiers supplémentaires, blocage des ouvertures de points de vente de restauration rapide, limitation des chambres d'hôtes, accès prioritaire des résidents sur les vaporetti (90 stations), pas de circulation en vélo, plus de pique-nique sur les ponts, interdiction de nourrir les pigeons.
Venise ne devrait pas devenir une nouvelle Disneyland, discutent les habitants. Les visiteurs d'un jour exploitent les charmes intemporels de Venise, se bornant aux quartiers proches de Saint-Marc et négligeant les autres sites et les galeries d'art.
Comme disait Mary MacCarthy :
"la Venise des touristes est un accordéon de cartes postales ", sans oublier les 400 gondoles noires, " un divertissement pour crétins ", écrivait Paul Morand.
Les autorités n'hésitent plus à sanctionner les touristes qui nagent ou qui se jettent dans les canaux, qui attachent des " serrures amoureuses " aux ponts, qui pique-niquent l'été dans les lieux publics, qui font du vélo en ville. Les amendes peuvent aller jusqu'à 500 €.
Le tourisme demeure primordial pour Venise pour des raisons économiques et culturelles. Venise désire jouer encore son rôle de première place de rencontre culturelle en Europe.
Les choix s'orientent-ils pour le moment, à privilégier la sélection par le coût. Venise devient une destination touristique coûteuse. Les prix élevés (20 euros pour visiter monuments, ou musées). Un touriste qui séjourne deux ou trois jours à Venise se doit de disposer d'un pouvoir d'achat qui dépasse la moyenne.
D'autres pistes peut-être ; Inviter à modifier le comportement des visiteurs. Insister sur le fait qu'il s'agit d'une ville d'art et de culture et non pas d'une plage sur la mer Adriatique. Venise multiplie les expositions permanentes d'art moderne au voisinage de ses prestigieuses collections d'écoles vénitiennes : Tintoret, Véronèse, Bellini, Canova.
Suffisant ?
Les opinions divergent. Si les prix et les taxes peuvent réduire le nombre des envahisseurs. La question des touristes qui passent quelques heures à Venise à faire des photos et à fréquenter les lieux les plus célèbres demeure sans réponse, de même les paquebots de croisières qui traversent le canal.
Réserver l'entrée de Venise ? Faut-il limiter l'accès des touristes au centre-ville ? Ou suivre les traces de Barcelone, dont le maire a ouvertement appelé les touristes de ne plus venir sans réelle efficacité.
Éviter le voyage pendant la pleine saison devient un geste utile et pratique pour préserver cette ville.
En attendant, passer quelques jours à Venise est un plaisir pour les yeux, et hors saison, loin des hordes de touristes, assure un séjour réussi.
By accepting you will be accessing a service provided by a third-party external to https://causam.fr/