Relire Dostoïevski et Tolstoï pendant la guerre d'Ukraine ?

dostoivsky marioupol

 

L'armée russe mène une guerre atroce en Ukraine, massacre de civils à Bucha, dévaste les campagnes et rase les villes. Le débat sur ce qu'il fallait faire de la littérature russe a émergé comme le débat sur la culture germanique pendant la Deuxième Guerre mondiale.

La décision prise par l'Université Bicocca de Milan en annonçant le retrait des livres de Dostoïevski de ses programmes dans le cadre d'un ensemble de sanctions prises par l'Occident cherche à isoler la Russie après l’invasion de l'Ukraine.
De nombreuses critiques ont été adressées vis-à-vis de cette décision de par le monde et en Italie même, après que plusieurs hommes politiques italiens se soient affrontés pour condamner cet acte, critiques menées par Matteo Renzi, ancien Premier ministre, qui considère que « Le roman des frères Karamazov est l'un des joyaux de la littérature. »

En raison de cette vague de critiques, l'Université italienne est revenue sur sa décision, après avoir soulevé de nombreuses questions :
Dostoïevski mérite-t-il l’oubli ?
L’éminent écrivain russe aurait-il soutenu la guerre ?

Après la Seconde Guerre mondiale, le critique allemand Theodore Adorno a décrit les atrocités perpétrées pendant la guerre comme un coup dur porté à la culture allemande et à la philosophie occidentale.


En suivant l’orientation morale d'Adorno, nous pouvons nous demander si la violence aveugle des forces russes peut affecter l'opinion des lecteurs sur les grands écrivains russes, si le bombardement brutal de Marioupol, de Bucha, de Kharkiv et Mykolaïv peut laisser une place à la culture russe dans l’esprit occidental.
Peut-on croire à l’humanisme ou à la noblesse de la culture russe en regardant les détails de cette guerre ?

 

 

Dostoïevski : messianique et humaniste à la fois

Lorsque Dostoïevski apprit que l'écrivain russe Tourgueniev avait détourné le regard à la dernière minute alors qu'il assistait à l'exécution d'un homme, il expliqua :
« L'être humain qui vit à la surface de la Terre, n'a pas le droit de fermer les yeux et d'ignorer ce qui se passe sur terre, il y a des impératifs moraux plus élevés pour cela. »

En 1875, plusieurs révoltes chrétiennes orthodoxes contre la domination turque ont éclaté en Herzégovine (Bosnie), en Serbie, au Monténégro et en Bulgarie. Les Russes soutenaient les Serbes dans leur lutte contre les Turcs ; les corps de volontaires russes ont afflué dans les Balkans pour contribuer aux combats. Une bataille de presse féroce a eu lieu dans les journaux pour savoir s'il fallait affronter les Turcs dans les Balkans.

 


Contrairement à Tolstoï, Dostoïevski a fortement soutenu la guerre pour plusieurs raisons révélées dans ses écrits : son désir de mettre fin aux atrocités, que selon lui les chrétiens subissent, son rêve de la conquête de Constantinople par la Russie et du retour en tant que centre mondial du christianisme orthodoxe.


Le soutien de Dostoïevski à cette guerre est cohérent avec ses convictions que le christianisme est une « nécessité politique par laquelle les politiciens peuvent réformer le monde et le débarrasser du chaos » qui a gagné le cœur des Russes.

 

Dans son Journal d'un écrivain, Dostoïevski considérait la guerre comme le moyen le plus efficace d'unir les classes sociales fracturées en Russie et de faire un monde meilleur pour les "faibles et opprimés".


L'État russe a validé la vision de Dostoïevski et a déclaré la guerre à l'Empire ottoman, et Moscou a orchestré une série d'attaques contre les musulmans et les juifs dans le Caucase, et à diaboliser les musulmans de Bosnie-Herzégovine.


La Serbie et la Bosnie-Herzégovine ont obtenu leur autonomie et les restrictions imposées aux chrétiens ont été assouplies, mais à la fin, l'impact de cette guerre a été horrible sur les deux empires et les a poussés au bord du gouffre.


Alexandre Soljenitsyne soutient que la guerre de 1877 a ébranlé la force militaire et financière de la Russie et a sapé le moral du peuple. Ces détériorations ont été le début de la propagation de l'esprit de mécontentement dans l'empire russe du Tzar marquant le déclenchement de la révolution bolchevique de 1917.

 

 

Poutine et Dostoïevski


Comme Dostoïevski, St Petersburg a transformé Poutine en homme politique. Il a commencé son parcours politique par un petit poste à la mairie puis adjoint au maire en 1994.
Andrew Kaufman, expert de la littérature russe, dit que la question qui préoccupe Poutine ces jours-ci, et qui pourrait être la principale cause de la crise ukrainienne, est la même question répétée à plusieurs reprises dans la littérature russe du XIXe siècle.


Tolstoï et Dostoïevski avaient deux approches différentes ; Tolstoï aimait le peuple russe, mais il n'était pas un nationaliste qui croyait à la nécessité de la supériorité de la race russe sur les autres, il préservait l'humanité des personnages présentés dans ses romans, qu'ils soient russes, turcs ou occidentaux.


Dostoïevski au contraire, était méfiant, voire hostile à l’Occident, le considérant « sans âme, et un modèle à combattre à tout prix.» En même temps, en dépit de sa lucidité, il rêvait d'un nouvel empire chrétien d'Orient dont le noyau principal serait une Russie ressuscitée pour combattre l'Occident corrompu et mauvais.


Poutine a choisi de suivre la voie de Dostoïevski, pas celle de Tolstoï.
Le président russe adhère aux mêmes idées qui considèrent que la Russie est un pays choisi par Dieu pour s'opposer aux intentions corrompues de l'Occident et ne semble pas prendre en compte les autres idées de Dostoïevski sur la justice, la punition, et les impératifs moraux.

Cette grande identification dans les idées des deux hommes a incité Henry Kissinger à déclarer dans les années en 2017 que Poutine "est un homme tout droit sorti du ventre de la littérature de Dostoïevski".

Dans une déclaration en 2014, Poutine conseille de lire 3 livres : "Justification du bien" de Vladimir Soloviev, "La philosophie de l'inégalité" de Nicholas Berdyev et "Tâches" d'Ivan Ilyin. Ces trois écrivains prônent l'idée de la "nation russe immortelle", que Dieu a destinée à jouer un rôle unique dans le contrôle de l'équilibre du monde. Par contre, la nation russe demeure une idée vague, chez Dostoïevski comme chez les autres.

Ivan Ilyin croyait que l'Ukraine est la pierre angulaire de la Russie imaginée, s'approcher de l'Occident sous prétexte de « liberté » et « d'indépendance » serait un des plus grands dangers pour la Russie.


Poutine n'a pas hésité plus d'une fois à exprimer son admiration pour la littérature de Dostoïevski et a déclaré dans une interview que ce qu'il aimait le plus parmi les romans de l'écrivain décédé était "Les Frères Karamazov" et "Crime et châtiment".
Il y a quelques mois, Poutine a visité le Musée Fiodor Dostoïevski de Moscou à l'occasion du bicentenaire de l'éminent écrivain russe.

 

Dostoivsky

 

Dostoïevski aurait-il été favorable à la guerre de Poutine ?

Observant les ruines d'un théâtre à Marioupol, en écoutant les histoires des citoyens de Marioupol affamés par les frappes aériennes russes, on se demande ce que Dostoïevski, dont l'attitude morale perçante se concentrait sur la question de la souffrance des enfants dans son roman de 1880 Les Frères Karamazov, ferait en réponse au bombardement russe d'un théâtre utilisé comme refuge et le mot "Enfants" est écrit en gros caractères sur le toit.


Ivan Karamazov, le principal protagoniste des Frères Karamazov, s'est concentré principalement sur les questions de responsabilité morale plus que sur les questions d'acceptation chrétienne ou de tolérance et de réconciliation. Dans ses conversations, Ivan cite des exemples d'enfants maltraités et supplie d'autres personnages de reconnaître les atrocités qui se sont produites sous leurs yeux. Il était déterminé à punir.


Le bombardement délibéré de Marioupol est quelque chose que Dostoïevski n’aurait pu détourner le regard. Peut-il défendre une vision de la morale russe en voyant des civils innocents, hommes, femmes et enfants gisant dans les rues de Bucha ?


Certaines opinions de Dostoïevski, son sens d’une prétendue exception russe, ou d’un aspect messianique de l’âme russe, la grandeur et la mission de la Russie ont alimenté les idées colonialistes de la Russie, qui ont engendré la même violence que la destruction actuelle de l’Ukraine.


La France, l’Angleterre ont cherché au 19e siècle des justifications à leur colonialisme, et de nombreux penseurs et écrivains français et anglais n’ont pas hésité à soutenir le colonialisme à cette période.

Quand les pays non occidentaux parlent de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ils ne manquent pas de rappeler que la Russie fait comme l’occident il y a siècle et qu’il s’agit d‘une guerre d’intérêts entre l’occident et la Russie et non pas d’une guerre morale.

Dostoïevski aurait-il soutenu la guerre de Poutine ? Impossible de répondre à cette question.
Il est vrai que certaines des idées nationalistes défendues par Dostoïevski se reflètent aujourd'hui dans l’idéologie russe contemporaine, mais le contexte est différent.

L'écrivain russe était un partisan du règne d'un seul homme (le tsar tyrannique), un farouche opposant à la démocratie occidentale, qu'il considérait comme conduisant à l'extrémisme révolutionnaire.


Les écrits de Dostoïevski, dans lesquels il critique l'Occident lors de tournées en Europe en 1862, ne sont pas différents de ce que Poutine mentionne dans ses discours sur la bataille entre la Russie et l'Occident.


Mais la Russie qui existe aujourd'hui n'est pas la Russie de Dostoïevski, et l’occident n’est plus celui du 19e siècle.


Dostoïevski était un penseur humaniste, reliant sa vision de la grandeur de la Russie à la souffrance et à la foi russes, une vision alimentée par son envoi dans un camp de travail sibérien pendant cinq ans pour sa participation club socialiste. Dostoïevski est messianique, mais il n’avait jamais accepté le terrorisme parrainé par l'État.
Le plus grand rebelle métaphysique de Russie se serait-il révolté contre la violence russe en Ukraine ?

 

Tolstoi

 

 

Tolstoï la paix d‘abord

Aucun écrivain n'a dépeint la guerre de manière aussi poignante que Léon Tolstoï l'ancien soldat devenu pacifiste.


Dans son dernier ouvrage, Haji Murad, Tolstoï examine l'exploitation de la colonisation russe du Caucase du Nord et montre comment la violence russe injustifiée envers un village tchétchène a provoqué une haine profonde des Russes. Tolstoï pensait que la Russie comme pays est une colonisation qui force les autres pays à s’unir à la Russie.


Les Russes ont lu le plus grand ouvrage de Tolstoï sur la guerre russe, Guerre et paix. Dans ce roman, Tolstoï affirme que le moral de l'armée russe est la clé de la victoire. Les batailles dans lesquelles les Russes ont le plus de chance de réussir sont défensives, lorsque les soldats comprennent pourquoi ils se battent et qu'ils protègent dans ce combat, qui est leur patrie.
Il a pu transmettre les expériences déchirantes de jeunes soldats russes qui ont été confrontés directement aux armes de mort et de destruction sur le champ de bataille, et à quel point la perte d'un individu est dévastatrice pour les familles et les proches.


Après avoir publié Guerre et Paix, Tolstoï dénonce publiquement plusieurs campagnes militaires russes. À tel point qu'il lui fut interdit de publier la dernière partie de son roman "Anna Karénine" en 1878, car il y critiquait les actions de la Russie dans la guerre russo-turque. Le personnage de "Konstantin Levin" que Tolstoï a créé dans ce roman, et dans lequel il a exprimé certaines de ses idées, a qualifié l'intervention russe dans la guerre de "meurtre" et a jugé inapproprié que le peuple russe y soit entraîné.


Dans ses propres mots, il dit :
« Les gens se sacrifient et sont toujours prêts à se sacrifier pour leur âme, pas pour tuer les autres » .

En 1904, Tolstoï publie dans la presse une lettre condamnant la guerre russo-japonaise, qui est actuellement parfois comparée à la guerre russe en Ukraine. Où il écrit :
« La guerre à nouveau, la douleur à nouveau, utile pour personne et absolument injustifiée. Encore la fraude, et encore la stupeur générale et la déshumanisation des hommes. »

Dans l'un de ses écrits pacifistes les plus célèbres de 1900, Ne tuez pas, Tolstoï a judicieusement caractérisé le problème de la Russie d'aujourd'hui:

 


« La misère des nations n'est pas causée par des personnes particulières, mais par l'ordre spécial de la société, sous lequel les hommes sont si liés les uns aux autres, qu'ils se trouvent tous sous le pouvoir de quelques-uns, ou souvent sous le pouvoir d'un seul homme : un homme si profondément perverti par sa condition contre nature en tant que maître du destin et de la vie de millions de personnes, au point qu'il est toujours dans un état malsain et souffre toujours dans une certaine mesure d'une obsession de l'auto-agrandissement. »

 

 

 

L'importance d'agir

Il ne s’agit pas d’écrits seulement. Pendant la famine russe de 1891-1892, Tolstoï a commencé à construire des cuisines pour les pauvres afin d'aider ses compatriotes affamés, abandonnés par le gouvernement russe. Il a aidé les soldats russes à échapper à la conscription dans l'Empire russe, visitant et soutenant les soldats emprisonnés qui ne souhaitaient pas se battre.


En 1899, il vend son dernier roman, La Résurrection, afin d'aider un groupe de chrétiens russes, les Doukhobors, à immigrer au Canada pour qu'ils n'aient pas à combattre dans l'armée.
Si la culture s'aligne partiellement sur l'armée russe qui bombarde et massacre les Ukrainiens sans discernement, les grands auteurs russes classiques doivent être lus de nos jours, de manière critique.


Poutine a mal compris Dostoïevski ? L’auteur russe porte dans ses textes les germes de la colonisation russe ?


Nous avons un héritage peuplé d’écrivains colonialistes et des auteurs qui ont choisi une position ambiguë sur ce sujet, et nous les lisons aujourd’hui avec un regard critique, et leurs justifications de la colonisation ne semblent plus agir sur la société européenne.

Combien de discussions animent nos salles de classe quand il faut analyser aujourd’hui, les écrits de Camus ?


Le chef de l'opposition russe Alexei Navalny a noté lors de son procès en mars 2022 que Tolstoï avait exhorté ses compatriotes à combattre à la fois la tyrannie et la guerre, car l'un renforce l'autre.

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Amour et sexualité à la renaissance

Enfant prodigue chez les courtisanes

 

 

La renaissance, en Europe, fut lente et progressive. L'Europe continua pendant le XVe et le XVIe siècle à bénéficier de données scientifiques et médicales héritées de l'empire gréco-romain et de la médecine arabe. Ces données médicales influencent à leur tour le jugement sociétal sur les femmes, sur le couple, sur la contraception, et sur la sexualité en général. En même temps, ce continent européen de XVe siècle est un continent chrétien, profondément influencé par le discours religieux de l'Église catholique.

 

 

Amour et couple en 1500

L'amour au XVe et au XVIe siècle était bien différent de notre conception actuelle de ce sentiment. Notre jugement actuel sur l'amour est influencé par notre profond individualisme, l'amour actuellement pour notre génération est une affaire privée entre deux personnes. L'amour au XVIe siècle était une affaire publique, privée, collective, individuelle, sociétale, religieuse, profane et divine à la fois.


L'amour au XVIe siècle était un contrat, accompagné de sacrifice, pour l'amour de la famille, pour le bien et le pire. Le couple était synonyme de mariage dans les classes aisées, et aussi synonyme de concubinage dans les classes défavorisées. Les états européens tentaient d'organiser autant que possible le couple sur le plan économique et juridique, le discours religieux organisait les relations intimes et personnelles dans le couple, la filiation, et l'éthique au sein de la famille.


La famille en 1500 était élargie, aux servantes et autres domesticités dans les classes aisées. La cellule familiale était un lieu de vie, un lieu d'éducation, et d'instruction en raison de manque ou de l'absence d'écoles. La famille était également un lieu de contrôle social ; le comportement social était codifié, surveillé. Le bien-être de la cellule familiale exigeait des époux, sacrifice et loyauté. Les grandes familles en Europe avaient leur éthique et leur tradition. L'honneur de la famille était plus valorisé dans les cultures de la Méditerranée. Cet honneur exigeait sacrifice, hospitalité, vertu et générosité.

Le rôle de la femme dans le couple était complexe, le discours religieux l'invitait à la chasteté, à la vertu, à maîtriser son désir sexuel, à ne pas séduire, alors que le discours sociétal exigeait d'elle de satisfaire son mari, de faire de son mieux pour engendrer. Après la maternité, le rôle principal devient l'éducation et les soins des enfants.

La famille était également un lieu de protection, chaque famille devrait assurer sa sécurité dans un siècle de voleurs, de bandits, et des guerres.


La sexualité féminine était à la fois reconnue, encouragée par un discours relatif à la procréation, considérant le désir sexuel féminin comme un élément favorable à la fertilité, et contrôlée par un discours religieux popularisé par les textes de Saint-Augustin sur la chasteté même au sein du mariage.


En dépit d'un discours mettant l'accent sur l'amour ou sur l'attirance sexuelle, le mariage et le couple étaient essentiellement une affaire économique, principalement dans les familles aisées. Le couple étant avant toute une organisation des biens, de leur transmission et de leur protection.


Le sentiment amoureux au XVIe siècle n'est pas apprécié, mais plutôt redouté, car considéré comme une maladie ou une souffrance. L'amoureux est décrit comme un malade qui perd sa santé, et son appétit, son esprit, il souffre par manque et par jalousie. Ainsi on favorisait le couple de raison et le mariage arrangé. Il faudra attendre la moitié du XVIIe siècle, l'apparition des lumières pour commencer à discuter le rôle des sentiments dans le couple et dans le mariage.

 

Le couple : plusieurs formes

À la renaissance, le mariage n'est pas la règle en dépit des conseils d'église encourageant les fidèles à célébrer leur union devant Dieu. Le concubinage est largement présent dans les classes populaires sous forme de relations conjugales accompagnées d'habitat commun, sans officialisation de cette union devant l'église ou devant les autorités civiles. Ce système de concubinage était bien toléré comme un système alternatif au mariage. Le statut de la concubine variait d'une région à une autre.

La courtisane est une prostituée exclusivement ou presque, mais bien éduquée, belle, maîtrisant une certaine forme d'art, jouissant d'une indépendance économique et personnelle dépassant l'indépendance des autres femmes célibataires ou mariées. Les courtisanes étaient plus présentes en Asie qu'en Europe. Elles jouaient un rôle qui dépassait le rôle de la prostituée ordinaire, un rôle à la fois sexuel et émotionnel, une sorte de " compagne " raffinée et compréhensive.

La nature du mariage au XVIe siècle distinguait l'amour de la sexualité, invitant ainsi les hommes dans les bras de femmes en dehors du couple. L'essor économique modifia profondément la société et favorisa le les contacts avec d'autres cultures.


À la renaissance, la courtisane avait plus d'indépendance que les épouses, avec plus d'habilité sexuelle et de culture que les femmes mariées. Les hommes puissants exhibaient leurs courtisanes. Ces dernières avaient la même aisance financière que les femmes mariées.
La courtisane va disparaître progressivement en Europe puis plus tardivement en Asie au XXe siècle.

La maîtresse était présente comme dans les autres civilisations. Les maîtresses étaient nombreuses dans les classes dirigeantes. Il s'agissait de relations conjugales sans lien de mariage, une sorte de relation extraconjugale exclusive. La maîtresse avait une place différente de la courtisane, était parfois mariée, et partageait une fidélité sexuelle entre son mari et son amant.

En France, on utilisait le terme " la favorite " quand il s'agit de la maîtresse du roi. On peut citer l'exemple de Diane de Poitiers (1499-1566) qui fut la maîtresse du roi Henri II à l'âge de 15 ans, épouse Louis de Brézé, 40 ans son aîné et époux à qui elle donna deux fils. Après le décès de son mari, à l'âge de 31 ans elle a une relation avec le prince d'Orléans qui va épouser Catherine de Médicis et va devenir Henri II. Diane de Poitiers avait 38 ans quand elle devient la maîtresse du roi, alors âgé de 19 ans. On rapporté que le roi de France passait le tiers de sa journée chez Diane de Poitiers. Il a été vu plusieurs fois assis sur ses genoux en train de caresser les seins de sa favorite.

On pouvait dire que l'Europe de la renaissance est peuplée de relations polygames semi-officielles. On retrouve les mêmes formes de relation dans l'Europe du Nord comme dans l'Europe du Sud, dans le harem oriental, comme dans le système de concubinage en Asie.
Il est difficile d'évaluer l'importance de la multiplication de ces formes de couple sur l'expression ou sur la validation du désir sexuel masculin ou féminin dans une Europe tiraillé entre la chasteté avec les écritures de Saint-Augustin, et la frivolité des relations sexuelles avec les maîtresses, les courtisanes ou les prostituées.


Le corps et le sexe à la renaissance

Les manuels de conseil sexuel n'étaient pas rares en Europe pendant le XVIe siècle, des manuels anciens comme celui d'Aristote conseillaient le mari d'amuser sa femme, de trouver les mots et les gestes pour augmenter son désir, pour améliorer la vie sexuelle du couple, comme le manuel sexuel d'Ovide. L'utilisation de Manuels sexuels si anciens révèle la stagnation du discours général sur la société, sur le couple, sur la sexualité. L'Europe de la renaissance reste fidèle aux acquis scientifiques et médicaux de l'empire gréco-romain.

À cette époque, avant l'imprimerie, bien que les connaissances en médecine soient rares, elles étaient réservées à l'usage des classes aisées, et instruites. La diffusion de ces manuels sexuels anciens confirme la présence d'une sexualité ludique et récréative dans l'Europe de la renaissance, une sexualité où l'expérience sensorielle avait sa place, où la confiance dans la nature et dans l'humain était le mot clé. Il faut attendre les siècles de lumières pour sortir de ce schéma, pour acquérir d'autres connaissances médicales et scientifiques, et pour changer d'approche, pour que le l'humain domine la nature et non pas de la subir.

La vie intime au XVIe siècle est influencée par plusieurs discours, par le discours scientifique et médical, par le discours religieux formulé par l'église, et par un discours sociétal insistant sur le rôle de la famille.
En 1417, Poggio Bracciolini va publier pour la première fois en Europe les poèmes de Lucrèce, sur la nature des choses, révélant pour la première fois la présence d'une philosophie épicurienne dans la Grèce antique. Les trois lettres d'Épicure vont être publiées en 1533. La philosophie épicurienne insistant sur l'importance du désir et des plaisirs dans la vie influencera progressivement la renaissance.


Lorenzo Valla publie son livre " de voluptate " pour défendre les idées épicuriennes. La philosophie épicurienne sera un prétexte pour discuter l'importance des plaisirs dans la qualité de vie, et dans la société par rapport à la vertu. Les poèmes de Lucrèce consacrant les plaisirs sensuels furent l'occasion de critiquer la philosophie épicurienne, car rejetant le divin et l'immortalité de l'âme.

 
En dépit de discours religieux austères à la renaissance, la sexualité continuait à être débattue et discutée. L'arrivée en Europe des travaux de la médecine arabe va révéler aux Européens de la renaissance l'existence de grands médecins comme Galien, Hippocrate, ou de grands médecins arabes comme Avicenne ou Averroès.  Cette modernité médicale va modifier profondément la sexualité à la renaissance, on parle ainsi de double semence, la rencontre entre la semence féminine et la semence masculine comme l'explication de la procréation humaine. Ainsi, le plaisir physique engendré par la sexualité fut validé et encouragé, selon le texte de Galien et d'Avicenne, car ce plaisir sexuel, surtout féminin, était supposé améliorer la fertilité, et la procréation.
On discuta longuement le désir sexuel masculin, et la jouissance féminine.  Hildegarde de Bingen a insisté que les hommes ont un plaisir concentré, tandis que les femmes ont une expérience plus diffuse.

L'adultère

Dans l'Europe de la renaissance, l'adultère était considérée comme une corruption, une faute grave, une agression contre la famille, et contre la société. Cependant, si l'église et les moralisateurs considéraient l'adultère comme un crime, la société était plus indulgente. Les punitions ne dépassaient pas une amende, ou une demande publique de pardon. Mais il est important de distinguer l'adultère féminine, de l'adultère masculine.

L'infidélité des femmes était lourdement punie, surtout quand il s'agit des femmes épouses de puissants comme les deux épouses du roi d'Angleterre Henri VIII. Le divorce étant non possible, l'adultère était utilisée comme un moyen efficace d'annulation du mariage. Cela pourrait expliquer la multiplication des affaires d'adultère en Europe à la renaissance.

 

La prostitution

Au XVIe siècle, il est fréquent que chaque municipalité assure la gestion de ses bordels, de Paris à Toulouse, de Francfort à Londres. Le désir sexuel masculin était considéré comme un élément de trouble. La prostitution était considérée comme une solution acceptable.

Ces bordels à la renaissance étaient gérés par des hommes d'affaires, organisés, surveillés par les autorités sanitaires, pour lutter contre les maladies vénériennes d'autant que le XVIe siècle fut le siècle de la syphilis. L'apparition de cette maladie a réduit nettement le nombre des bordels en Europe à l'époque, a accentué la surveillance sanitaire. Cependant les états européens étant faibles, les bordels illégaux étaient fréquents.

 

La chasteté

Le terme chasteté était synonyme de personnes vierges ou célibataires, se référant spécialement à une abstinence sexuelle. La chasteté était encouragée même au sein du couple et au sein du mariage. C'était l'époque des moralisants néoplatoniciens qui ont eu leur succès à la renaissance. Le corps traduit l'état d'esprit selon Saint-Augustin, la chasteté était aussi bien une affaire d'actes qu'une affaire d'idées.

Selon Saint-Augustin, la chasteté traduite une vertu de l'esprit, c'est une exigence morale à l'intérieur de l'église, à l'intérieur du couple et à l'intérieur de la société. La théorie médicale de l'époque pensait que la femme était plus chaude que l'homme, plus disposée à tomber malade et à devenir hystérique. Le désir sexuel féminin devrait être encouragé selon les idées de l'époque pour améliorer la fertilité de la femme. En face de qui, les idées moralisantes encourageaient une chasteté qui évite la parole déplacée, les idées impures, le maquillage, et les yeux trop flâneurs. Il s'agit d'une tendance moralisante interdisant toute expression sexuelle, même au sein du couple.

 

La sexualité à la renaissance

Il est possible de dire que le plaisir sexuel féminin pendant l'acte sexuel était devenu un sujet important et valorisé, même recherché durant la renaissance européenne, sous l'influence des travaux médicaux et philosophiques diffusés à l'époque.


Les croyances au Moyen Âge s'alignaient sur croyances de l'empire gréco-romain, et les théories médicales et philosophiques de Galien et d'Hippocrate. La théorie de double semence était incontournable pour expliquer la procréation, l'embryon était le résultat d'une semence masculine et d'une semence féminine. Le sperme masculin était facilement identifiable, les spéculations allaient bon train sur la nature de la semence féminine.


1- Le plaisir féminin

L'héritage médical de l'Empire romain a lié progressivement la procréation au désir sexuel féminin. Les époux étaient conseillés de rechercher le désir sexuel autant que possible, pour améliorer leurs chances d'avoir un enfant. La médecine arabe, bien que brillante sur de nombreux points, ne pouvait modifier réellement la théorie d'Hippocrate et de Galien. Le lien entre le plaisir sexuel féminin et la procréation était admis, validé. Au XIIIe siècle, des livres médicaux confirmaient qu'une prostituée, ou qu'une femme violée ne pouvait tomber enceinte, car coucher pour de l'argent ou par la force ne pouvait produire un désir sexuel, ne pouvait produire une grossesse. En cas de viol, une femme qui tombe enceinte était considérée comme non violée. Le plaisir sexuel féminin et surtout l'orgasme avaient deux fonctions précises dans les documents scientifiques de l'époque : émettre la semence féminine, et recevoir la semence masculine.
Hildegarde de Bingen (1179) a largement discuté l'importance des jeux sexuels préliminaires sur les cuisses, sur les seins, le périnée, sur le nombril pour améliorer l'excitation de la femme, et faciliter, par conséquent, la grossesse. La notion des zones érogènes était inconnue, on parlait plutôt de zones sensibles.

Plusieurs anatomistes de la renaissance ont découvert le clitoris, on peut même parler d'une redécouverte, Charles Estienne a identifié le clitoris en 1545 ; Gabriele Fallope avait décrit le clitoris en 1550 ; Realdo Colombo a publié une autre description en 1559. La question n'était plus la description du clitoris, mais ses fonctions. On pensait que le clitoris est un pénis miniature et sans fonction, ou que les femmes sont hermaphrodites.

La théorie d'Aristote sur la conception par une seule semence celle de l'homme, trouve assez d'adeptes parmi les philosophes, ou les penseurs, mais la théorie de double semence était la plus admise parmi les médecins.
À la renaissance, on jugeait l'orgasme bénéfique pour la santé féminine. On pensait que les vierges et les veuves étaient exposées au risque de suffocation de l'utérus. Les sages-femmes massaient la vulve des femmes stériles pour améliorer leurs chances d'avoir un enfant. Le droit des femmes au plaisir sexuel était admis, reconnu par les canons de l'église, et dans les lois. Ce droit était parfois un motif de rupture du mariage à l'église en cas d'impuissance masculine par exemple. À Londres, les prostituées se chargeaient d'éduquer les futurs mariés sur la sexualité des hommes, et sur leurs droits à la satisfaction sexuelle dans le couple.

 
2 - le pénis d'abord

En dépit d'indéniables avancées scientifiques et médicales, l'Europe de la renaissance ignorait plus ou moins tout sur le désir sexuel féminin, par manque de données précises sur l'anatomie et sur la physiologie du corps féminin. La sexualité en général était été axé sur le pénis, l'érection et l'éjaculation,  des phénomènes faciles à identifier à l'oeil nu. On pensait que les femmes ne pouvaient pas avoir de désir sexuel sans le pénis. Cela explique l'approche de l'Europe de la renaissance vis-à-vis de l'homosexualité féminine. Le lesbianisme ne pouvait avoir un intérêt quelconque pour une femme, car, entre deux femmes, il manque le pénis, l'instrument principal du désir et du plaisir sexuels.

Au-delà de ces discussions philosophiques et médicales, la littérature populaire était en avance, comme d'habitude, sur le discours officiel. Cette littérature s'amusait à mettre en scène des amants sans culpabilité, dans des jeux sexuels impliquant la vulve et le clitoris. Si la littérature médicale doit attendre encore cinq ou six siècles (la littérature populaire parlait déjà de cunnilingus, fellation) pour comprendre l'importance du désir féminin et masculin.

 
On retrouve dans la littérature populaire, comme celle des fabliaux (déformation en argot picard du mot fabuleux) des passages érotiques pour décrire les sensations féminines et masculines pendant l'acte sexuel. Ces passages dépassaient largement par leurs précisions les textes médicaux de l'époque.

 

Hystérie : maladie présente à la renaissance

Le XVIe siècle a bénéficié des avancées scientifiques et médicales élaborées par des médecins talentueux comme André Vésale et comme le chirurgien français Ambroise Paré (1510-1590). Ces études scientifiques sont le fondement de la science moderne, associant une approche philosophique nouvelle formulée par des philosophes importants comme René Descartes (1596-1650). Il s'agit d'une avancée spectaculaire de la pensée scientifique et médicale.

 Cependant, en dépit de ces avancées, des médecins brillants comme Thomas Willis (1621-1675) continuaient à théoriser sur l'hystérie. Willis pensait que l'utérus jouait un rôle important dans le fonctionnement du cerveau et du système nerveux.


En 1680, un autre médecin anglais, Thomas Sydenham (1624-1689), a édité un traité : une dissertation épistolaire sur les affections hystériques qui prétend que les symptômes hystériques peuvent simuler n'importe quel symptôme de maladie organique. Sydenham démontre que l'utérus n'est pas la cause primaire de la maladie, mais il existe une composante psychologique nommée hypocondrie. La sexualité féminine a  un lien avec l'hystérie à la renaissance.

 
References:  

Roy Porter and Lesley Hall, The Facts of Life: The Creation of Sexual Knowledge in Britain, 1650- 1950, New Haven, CT: Yale University Press, 1995, pp. 33-64, discusses the textual history of Aristotle's Masterpiece.


Lorenzo Valla, On Pleasure. De voluptate, trans. A. Kent Hieatt and Maristella Lorch, intro. Maristella de Panizza Lorch, New York: Abaris Books, 1977. Originally published in 1431 and reworked under different titles and with variations thereafter.

 

Jacqueline Holler, 'The Spiritual and Physical Ecstasies of a Sixteenth-Century': Oxford University Press, 1999, pp. 77-100.

Hildegard of Bingen, Causae et curae, ed. Paul Kaiser, Liepzig: Teubner, 1903, pp. 76-77.


Theo van der Meer, 'Tribades on Trial: Female Same-Sex Offenders in Late Eighteenth-Century Amsterdam', Journal of the History of Sexuality 1:3, 1991, pp. 424-45.


Tasca. C and all: Women And Hysteria In The History Of Mental Health. Clin Pract Epidemiol Ment Health. 2012; 8: 110-119.

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Couture

Infidelite

Ne laissez jamais l'amour vous fermer les yeux sur de petites choses.
dimanche 29 mai 2022 13:17
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Le deuil dans la société occidentale actuelle

deuil papiion et fleures

 

 

 

C’est quoi le Deuil ?

L’ expérience du deuil est une expérience universelle à laquelle sont confrontés un jour ou l’autre la plupart des individus, souvent mêmes à plusieurs reprises. C’est une expérience inhérente à la condition humaine.

Quand on évoque les mots perte et deuil, on pense à la mort qui est assurément une des plus grandes pertes possible, irréversible et incontournable.

Au cours de sa vie, l’  être humain subit de nombreuses pertes, qui l’entraînent sur le chemin du deuil. Une voie que chacun vit à sa manière, qui passe par des étapes largement partagées par les personnes endeuillées.

Le deuil est une réponse à la perte d’une personne significative dans votre vie, d’un être cher, une réponse psychologique et culturelle  à cette  perte qui retentit sur de nombreux aspects de votre vie, sur le plan physique, émotionnel ou relationnel.

Le deuil peut affecter les émotions, la santé mentale, le bien-être, les croyances, les valeurs et  même les repères culturels. La santé physique peut également en souffrir.

Les endeuillés sont une population, dont la morbidité et la mortalité sont majorées. A. Sauteraud le rappelle : « les veuves et veufs ont un risque de mortalité qui double dans les 12 premiers mois. »

Sauteraud A : Vivre après ta mort : psychologie du deuil, Odile-Jacob, 2012

 

 

                            Nietzsche     " 

Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l’heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.
– Te souvient-il de notre extase ancienne ?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ?
– Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ?
– Non.
– Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignons nos bouches ! – C’est possible.
– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir !
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Paul Verlaine, Fêtes galantes                  

                                                                                        

 "

 

Evolution du terme Deuil : plus de psychologie

Le mot deuil, ce terme dérive du mot latin « dolus », de « dolore » (souffrir) qui désigne au Xème siècle la douleur ou l’affliction.

Aujourd’hui, ce terme est utilisé dans le langage courant et par extension métaphorique. On l’applique à l’ensemble des pertes et des frustrations, réelles ou symboliques. La définition de ce terme a évolué au cours du temps avant d’arriver à cette définition populaire actuelle.

Au départ, il ne s’appliquait qu’au vécu d’une douleur physique et morale. Au moyen-âge, il désigne l’affliction provoquée par la disparition d’un être cher. Plus tard, Freud fait entrer dans le langage commun la notion de travail de deuil, développée par l’anthropologue Hertz, dans son ouvrage « Deuil et mélancolie » paru en 1917.

Hertz, donne la définition suivante :

« Le deuil est, d’ordinaire, la réaction à la perte d’un être aimé ou bien d’une abstraction qui lui est substituée, comme la patrie, la liberté, un idéal, etc. ».

Lagache, psychiatre et psychanalyste français, élargit en 1938, la notion de deuil à l’ensemble des rites de passage imposés par la vie collective.

Pour les anthropologues, le terme deuil se limite à l’expression publique du deuil. Les psychanalystes désignent le deuil comme l’ensemble des processus qui amèneraient à une diminution de l’intensité de la douleur liée à la perte dans une certaine limite de temps et de conséquences.

Le psychiatre anglais, J. Bowlby, en 1984, s’est opposé à cette définition en disant que le deuil désigne un grand nombre de processus psychologiques déclenchés par la perte d’une personne aimée, quel qu’en soit le résultat.

Bowlby  J., Attachement et perte/3 : la perte. Paris : presses universitaires de France ; 1984. p.32

 

Hanus souligne la transformation des usages, le deuil devient un évènement de plus en plus individuel alors qu’il était auparavant surtout un évènement social. À présent le terme deuil reflète l’aspect intérieur de la perte et le travail intime qu’elle entraîne. Le deuil devient synonyme de ce travail psychique nécessaire pour accepter la réalité de la perte et y faire face.

Hanus Les deuils dans la vie, 1994, Maloine p.20

 

Certaines langues ont gardé des vocables différents pour traduire ces significations multiples. Les anglo-saxons ont un terme pour désigner la perte elle- même « bereavement », un autre terme pour parler de la douleur « grief » et un terme pour parler du processus de deuil proprement-dit « mourning ».

En français, le mot deuil désigne l’événement aigu que représente le décès d’un être cher, les signes extérieurs du deuil consacrés par la coutume, la période aiguë après le décès (appelée « travail du deuil ») et les sentiments et les émotions.

En français, on utilise plusieurs termes pour désigner ce processus : affliction pour désigner la perte, le deuil pour désigner l’aspect social, culturel ou émotionnel. D’autres termes sont parfois utilisés comme la peine qui indique la douleur d’autres pertes que les êtres humains, ou le  chagrin.

 

deuil lumires

 

Le deuil dans la société occidentale actuelle

Chaque deuil est unique selon l’âge, selon les liens avec le défunt, selon les cultures.

 

                            Nietzsche   

 "

Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo, «Les Contemplations» (1856)

 "     
                 

 

Pas de deuil  sans rites

La mort et le deuil ont toujours fait l’objet d’un traitement social. Les premières sépultures ont vu le jour avec la possibilité de symbolisation de l’individu autour de 100 000 ans avant J.C et les premiers squelettes ensevelis avec des fleurs remontent à 50 000 et 10 000 faisant remonter les premiers rites funéraires à cette période.

Au moyen Âge, on prône l’expression de la douleur ; les acteurs de la mort sont nombreux : clercs, crieurs, embaumeurs, dépeceurs, veilleuses, pleureuses, couturières de linceuls, médecins. On retrouve un abondant héritage de prières, de textes et de musiques tels chants et requiem.

Au XVe siècle, l’Église va limiter les manifestations du deuil pour prôner plus de discrétion en conseillant, de se cacher derrière un chaperon noir ou d’éponger ses larmes à l’aide d’un mouchoir. Les traditions religieuses assignent des rituels précis et des lieux précis pour les morts.

 

                            Nietzsche      "

L’enfant dont la mort cruelle
Vient de vider le berceau,
Qui tomba de la mamelle
Au lit glacé du tombeau ;
Tous ceux enfin dont la vie
Un jour ou l’autre ravie,
Emporte une part de nous,
Murmurent sous la poussière :
Vous qui voyez la lumière,
Vous souvenez-vous de nous ?

Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses

 "                     

 

L’ évolution des rites

Le vocabulaire qui entoure la question de la mort s’est modifié au cours du siècle dernier. Les expressions comme « se faire tailler un costume en sapin », « se rendre au royaume des taupes » ou « remercier son boulanger»  ne sont plus des expressions courantes. Ce vocabulaire fleuri ne semble plus convenir à notre époque. 

Aujourd’hui on ne badine plus avec la mort. Notre culture ne cherche plus à apprivoiser ni à accepter la mort, On l’évite, on essaie de ne pas y penser, et on exprime volontiers le désir de l’expurger. Cette censure de la question de la mort se retrouve dans le discours culturel, et dans la simplification des rites.

Aujourd’hui, les rituels sont présents, mais de moins en moins dans notre société occidentale.

On retrouve encore certains rituels de levée du corps et des obsèques, un code vestimentaire respectueux avec des couleurs foncées, la possibilité socialement reconnue d’interrompre son activité professionnelle, un comportement réservé, mais plus de veilleuses, plus de pleureuses, les condoléances présentées à la famille sont  remplacées par un registre, les faire-part de décès ne sont plus systématiques, les funérailles se déroulent le plus souvent dans la stricte intimité.

L’Église s’est adaptée, en acceptant la cérémonie religieuse pour un défunt divorcé, remarié, homosexuel ou suicidé. En l’absence de prêtre, un membre laïque peut proposer une prière.

Les pompes funèbres sont de plus en plus présentes, remplaçant le noir traditionnel et imposant par des costumes bleu marine foncé s  et des véhicules gris ou bleu foncé.

Le religieux quitte les rites progressivement, remplacé par le profane, et la musique qui accompagne les cérémonies, est parfois une musique classique ou une chanson, on ne cherche plus l’apaisement dans les paroles d’un prêtre bienveillant,  ou  dans  l’écoute d’un requiem, mais chez  un  ami, chez le médecin ou le psychologue.

C’est également le cas pour les autres religions.

En occident, les rites funéraires sont destinés à soutenir les vivants et à leur permettre une expression respectée et partagée de leur douleur.

Une autre fonction du rite serait de permettre au sujet de dépasser plus facilement la première phase du travail de deuil à savoir le déni.

Les rites du deuil étaient plus rigides par le passé, d’aspect formel ne facilitant aucune expression émotionnelle ou affective. L’essoufflement de la ritualisation de la mort et du deuil s’accompagne d’une personnalisation grandissante.

 

deuil chadelle

 

 

Le rôle des rites

Les rites sont un ensemble de règles de caractère symbolique, une expression collective réglée par une mise en scène.

Pour les anthropologues, les rites funéraires ont essentiellement 3 fonctions :

1) Accompagner le corps et l’esprit du défunt durant ces périodes transitoires

2) Aider les survivants endeuillés dans l’expression de leur douleur

3) Ressouder la cohésion sociale mise en cause par la disparition d’un de ses membres

 

           
                   Nietzsche  "

Drapée en noir, la Mort
Cassant, entre ses mains, le sort
Des gens méticuleux et réfléchis
Qui s’exténuent, en leurs logis,
Vainement, à faire fortune,
La Mort soudaine et importune
Les met en ordre dans leurs bières
Comme en des cases régulières.
Et les cloches sonnent péniblement
Un malheureux enterrement,
Sur le défunt, que l’on trimballe,
Par les églises colossales.
La mort

Emile Verhaeren

       
        "  

 

Le deuil comme événement

Être endeuillé n’est pas seulement la tristesse ou le chagrin que tout sujet peut ressentir à l’annonce de la mort d’une personne, mais un processus qui survient lors de la perte d’un lien affectif, ce qui explique qu’au cours de sa vie chaque sujet sera amené à subir plusieurs deuils.

Le deuil est une blessure,  pour  certains une perte, pour d’autres une amputation d’une partie de soi. Il exige un long moment de cicatrisation et d’adaptation, car il est impossible de retourner à la situation antérieure.

Chaque personne vit l’expérience du deuil de façon unique, influencée par l’âge, la personnalité, la relation avec la personne défunte, les circonstances entourant la mort de l’être cher, le soutien ou le manque de soutien de l’entourage, les deuils antérieurs et les différentes expériences de vie.

Chaque individu vit le deuil différemment selon ses besoins pour faire face et s’adapter à cette perte, sans limite de temps.  

Un deuil peut durer des semaines, des mois ou s’étaler sur plusieurs années. Certaines personnes vont vivre toutes les réactions courantes du deuil, d’autres n’en vivront que quelques-unes. Ce sont des situations difficiles à vivre, particulièrement lorsqu’il s’agit de la perte de son conjoint, d’un parent proche ou d’un ami.

 

Être endeuillé

Être endeuillé, c’est vivre en dépit de l’absence, de la perte et du sentiment d’abandon. Absence de l’autre, de sa chaleur, de ses bruits, de ses conseils.

L’endeuillé est comme une personne anesthésiée qui se plaint d’une perte sensorielle, d’une sensation étrange.

Selon les personnes  , on parle de perdre un morceau de soi, d’un traumatisme difficile, d’une rupture qui exige une profonde adaptation.

Cette perte, cette blessure peut prendre un long moment de cicatrisation pour accepter que rien ne sera comme avant, l’impossibilité de retourner à la situation antérieure.

Le deuil peut provoquer un stress violent. Sur l’échelle des stress, la mort du conjoint arrive en tête. L’endeuillé peut se retrouver seul, sans protection, sans partenaire.

Ce stress peut révéler les points faibles de nos psychologies, mais aussi les points forts. Les réactions de la personne en deuil peuvent surprendre, ou déranger.

Après une perte de l’équilibre psychique liée au deuil, la personne met en place ses propres mécanismes de défense, et cherche ses propres points de repère dans une réaction légitime de survie.

L’endeuillé va suivre un processus de cicatrisation psychique, physique, sociale et émotionnelle, et une remise en cause spirituelle ou existentielle. Il faut tout ré organsier, le quotidien, les sentiments, les images et la mémoire en passant par des moments tolérables et par des moments sombres et tristes. Ce processus se termine un jour, mais la cicatrice sera toujours présente dans la mémoire, de moins en moins douloureuse.

Chaque individu vit le deuil différemment ; vous et vos proches pouvez avoir des besoins différents pour vous adapter à cette perte. Il n’y a pas de limite de temps pour faire son deuil. Il peut durer des semaines, des mois ou même s’étaler sur plusieurs années.

 

             
                            Nietzsche     "

Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;
Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

La Mort des amants- Charles Baudelaire

 "                           
             

 

Modification de la mort dans notre société

La modification principale du rapport au deuil et à la mort actuellement dans notre société irait dans le sens d’un glissement du caractère collectif du deuil vers un caractère individuel

- Nous sommes créatifs

Le rapport à nos proches ne s’est pas rationalisé après le recul des traditions religieuses, par contre, le vivant semble faire preuve d’une très grande inventivité au sujet des morts : Enterrement avec musiques et chansons, enterrement virtuel, etc.  Nous avons des idées nouvelles vis-à-vis de la mort influencée par notre vision de la mort, des soins palliatifs et de la fin de vie. La mort quitte le religieux, le vivant compte plus que le défunt, le souvenir devient plus important que le corps .

- Inventer des Rites

Les rites de deuil duraient longtemps dans le passé, suivant des règles rigides. En occident, l’expression émotionnelle et affective du chagrin n’était pas encouragée.

L’essoufflement de la ritualisation de la mort et du deuil a laissé place à une personnalisation des rituels, une disparition et simplification des rites d’hier. Cependant, les usages nouveaux restent peu codifiés, et culturellement mal assimilés. On aperçoit une fusion lente entre l’ancien et le nouveau.

- Questions d’époques

La simplification actuelle du deuil peut être une réponse au deuil pénible et rigide du XIXe siècle qui plaçait le mort avant les vivants et le social avant l’émotionnel.

- Professionnalisation de la mort

À notre époque, la mort n’est plus une affaire de famille, elle est sous l’influence d’institutionnalisation et professionnalisation : 70 % des décès en France ont lieu en milieu institutionnel après le développement des soins palliatifs. Par le passé, les médecins et le corps soignant avaient une relation brève avec la mort, ils se retrouvent maintenant en première ligne.

L’émergence des soins palliatifs témoigne de notre désir de supprimer au maximum la souffrance, la douleur physique et morale.

Le progrès de la médecine a fait croire à des progrès sans fin, le désir d’immortalité s’accompagne d’un rejet de la mort.

En face de l’impossible immortalité, la société médicalise, institutionnalise et professionnalise la mort, à la recherche d’une « bonne mort à défaut d’une belle mort».

 

deuil rose

 

- Moins de religieux

La baisse de l’influence de la religion change notre rapport à la mort, et entraine une diminution des rites funéraires.

L’absence de rites funéraires était autrefois réservée aux suicidés et aux criminels, il devient à notre époque un choix assumé et accepté. La religion ne joue plus un rôle déterminant dans les rites.

-  Individualisation de la société

L’individualisation a joué un rôle dans la modification de notre rapport à la mort. La société voit la mort comme un événement de plus en plus maitrisé.

Cependant, l’individualisme peut engendrer isolement, déresponsabilisation et même une relative rupture des solidarités familiales.

Nous voyons aussi  des solutions hybrides, cultiver l’individualisme et réagir « à l’ancienne » face à la mort, offrant sa solidarité et son empathie.

Impact de la perte du caractère social du deuil

Le sens de la vie  est une question existentielle, philosophique incontournable pour les endeuillés.

Cette confrontation à la mort pour l’endeuillé sans une prise en charge du groupe, peut compliquer le travail de deuil.

Par exemple, les deux jours de congé suite au décès d’un conjoint ou d‘un enfant, ou un seul jour pour le décès d’un parent sont en contradiction avec le temps nécessaire pour le deuil.

 

             
                            Nietzsche     "

Voici trois ans qu’est morte ma grand’mère,
La bonne femme, – et, quand on l’enterra,
Parents, amis, tout le monde pleura
D’une douleur bien vraie et bien amère.
Moi seul j’errais dans la maison, surpris
Plus que chagrin ; et, comme j’étais proche
De son cercueil, – quelqu’un me fit reproche
De voir cela sans larmes et sans cris.
Douleur bruyante est bien vite passée :
Depuis trois ans, d’autres émotions,
Des biens, des maux, – des révolutions, –
Ont dans les murs sa mémoire effacée.
Moi seul j’y songe, et la pleure souvent ;
Depuis trois ans, par le temps prenant force,
Ainsi qu’un nom gravé dans une écorce,
Son souvenir se creuse plus avant !

La grand’mère - Gérard de Nerval

"                         
             

 

Différents types de deuil

La manière dont la personne a disparu peut avoir une répercussion sur la manière de vivre le deuil. Il existe de nombreuses sortes de deuil.

 

La mort subite

La mort qui survient de façon subite est un événement particulièrement difficile. Les personnes n’ont pas eu le temps de s’y préparer ou de faire leurs adieux. Les réactions et les sentiments peuvent être intenses, et difficiles à vivre.

Ressentir de la culpabilité, se sentir inutile, en colère, pleurer, avoir le sentiment d’être désorganisé, se sentir engourdi.

De nombreuses familles qui ont vécu l’expérience de la perte soudaine

d’un être cher, ont confié avoir eu besoin de soutien de la part de leur famille, leurs amis et leur entourage.

Pouvoir partager ses sentiments avec une personne en qui on a entièrement confiance, ou pouvoir obtenir de l’aide supplémentaire [individuellement ou en groupe] peut faire toute une différence.

 

La maladie chronique

Après le décès d’un être cher au terme d’une maladie chronique, l’expérience du deuil sera différente.

Le deuil se fait sur une longue période au fur et à mesure que la maladie progresse : perte de l’idéal de santé, changements de l’image corporelle du malade, perte de la liberté et de l’indépendance.

Au fur et à mesure que la maladie progresse, l’entourage commence à accepter que la mort est inévitable. Parfois, le déni d’une fin inévitable peut s’installer, et lorsque la mort arrive, c’est alors tout de même un choc.

Mais le plus souvent, les familles sont surprises de ressentir un sentiment de libération lorsque l’être cher décède, accompagné d’un sentiment de solitude.

 

La mort d’un enfant

Perdre un enfant est l’une des pertes les plus difficiles à vivre. Les réactions et les sentiments sont d’une grande intensité.

De nombreuses familles qui ont vécu la perte d’un enfant ont fait part de leur besoin d’avoir un soutien de leur famille, leurs amis et leur entourage. Il n’y a sans doute pas d’expérience plus difficile pour un parent que de perdre un enfant, quel que soit l’âge de l’enfant, quelle que soit la cause de son décès, cela semble injuste, même irréel.

La perte d’un enfant dans notre société est perçue comme un événement des plus tragiques, et cette perte peut affecter tous les rapports avec l’entourage, que ce soit avec le conjoint, avec les autres enfants et aussi avec l’entourage.

 

Lhomicide

Perdre un être cher suite à un acte criminel ou violent est dévastateur. Dans de telles circonstances, le deuil peut être perturbé par un certain nombre de facteurs [par exemple, la couverture médiatique, les réactions des autorités responsables de l’application de la loi, la manière dont la famille et les amis réagissent].

Colère, frustration, incompréhension, injustice.

Dans le cas d’un homicide, il faut surmonter le deuil, et affronter des éléments qui rappellent constamment la manière dont l’être cher est décédé : procès, peine de prison ou libération conditionnelle du meurtrier, etc.

 

Le suicide

Le suicide d’un être cher peut être source d’un fardeau supplémentaire pour les amis et la famille.

Des émotions intenses surgissent comme la culpabilité, la honte, la colère, mais aussi de la frustration ; chacun cherche à comprendre les motivations de ce suicide. Il est difficile de se rappeler les bons moments vécus dans ce questionnement.

Pour beaucoup de personnes, le suicide est déshonorant ou un acte suspect, certains évitent les familles de suicidés, d’autres les blâment, ou les jugent.

 

Les pertes multiples

La personne peut être submergée par les émotions en cas de perte de  plusieurs êtres chers en peu de temps, ayant l’impression de ne pas encore avoir eu le temps de faire son deuil.

Les sentiments et les réactions semblent se confondre. Elle se sent vidée, incapable de se concentrer. Une deuxième perte devient difficile à comprendre.

 

             
                            Nietzsche   


Puisque je ne pouvais m'arrêter pour la Mort —
Ce Gentleman eut la bonté de s'arrêter pour moi —
Dans la Voiture il n'y avait que Nous —
Et l'Immortalité.
En réponse à sa Civilité ,

Nous passâmes l'École, où les Enfants s'efforçaient
De faire la Ronde — à la Récréation —
Nous passâmes les Champs de blé en nous dévisageant —
Nous passâmes le Soleil Couchant —

Ou plutôt — c'est Lui qui Nous dépassa —
Les Rosées tombèrent frissonnantes et Froides —
Car ma Robe n'était que de Gaze —
Mon Étole — de Tulle —
Nous fîmes halte devant une Maison qui semblait
Un Gonflement du Sol —
Le Toit était à peine visible —
La Corniche — Enterrée —
Depuis — ça fait des Siècles — et pourtant
Cela paraît plus court que le Jour
Où je me suis doutée que la Tête des Chevaux
Était tournée vers l'Éternité

Emilie Dickinson

"                         
             

 

Le processus de deuil

Les expériences du deuil ne sont pas toutes vécues de la même façon. Il n’existe pas de modèle unique, mais un processus propre à chaque individu. On peut esquisser schématiquement les étapes les plus présentes dans ces expériences douloureuses.

 

- Après le choc, la sidération

La sidération est l’impossibilité d’analyser l’information. La personne est figée par l’inattendu.

Elle est la première phase lors de l’annonce du décès. La personne reste comme hébétée, figée, incapable de présenter une quelconque réaction. À l’annonce de la nouvelle de la perte, la personne ressent un choc dont l’intensité sera liée à l’imprévisibilité de l’événement, à sa proximité avec le décédé. On est comme tétanisé ou on peut ressentir une sensation de froid et même être pris d’un rire ou d’une crise de larmesincontrôlables.

La sidération est un processus de sauvegarde pour échapper aux émotions et à la mort. Cette phase de sidération permet d’accueillir mentalement cette information au goutte-à-goutte.

 

- Le déni cognitif, le déni de la mort

Après l’effet paralysant du choc se met généralement en place, sur le plan psychologique, un processus de déni cognitif, qui protège l’endeuillé d’un envahissement émotionnel trop intense et se manifeste par la négation de la réalité de la perte, comme les blessés physiques graves (par exemple amputés d’un membre) : l’impact du traumatisme ne permet pas de ressentir la douleur immédiatement, et ce n’est que graduellement que la sensibilité revient.

Le déni s’apparente à une forme d’anesthésie émotionnelle qui permet de prendre les choses en main et de parer au plus urgent comme organiser les rites funéraires ou faire face aux conséquences immédiates.

C’est le refus complet de reconnaître la réalité d’une perception traumatisante.

 

- Incrudilité

L’incrédulité suit les deux premières phases, qui passent souvent très rapidement. La personne est partagée entre le réel et le fait de ne pas y croire (travail de ses affects qui refusent cette nouvelle)

 

- La colère

Progressivement, les émotions vont revenir, et c’est la colère [ou protestation] qui risque de se manifester en premier, induite par un senti ment d’abandon, de manque, d’injustice et de solitude.

La douleur créée par cette annonce devient de plus en plus intense. Beaucoup de personnes ressentent de la colère après la mort d’un être cher. Certaines sont en colère contre la personne décédée, surtout en cas de suicide ou de comportement risqué.

D’autres en veulent à Dieu, à un pouvoir d’une force supérieure ou à un être spirituel selon leur foi.

Certains vont exprimer leur colère à travers des mots, d’autres à travers des actes. Par exemple, ils peuvent s’en prendre aux amis, à la famille, aux professionnels de santé ou à d’autres personnes comme les survivants d’un accident.

 

- L’ agressivi

L’individu va réagir avec agressivité envers tout son environnement immédiat et particulièrement vis-à-vis de celui ou de celle qui vient annoncer le décès. Les premiers moments de stupeur passés, l’individu va essayer de repousser la réalité hors de lui par une réaction violente, espérant que cette information ne l’atteindra pas ou ne le submergera pas.

Il arrive que la personne ayant subi la perte cherche un bouc émissaire et dirige sa colère contre le responsable du décès, contre le médecin, ou contre soi-même. Elle peut aussi éprouver de la peur, voire une angoisse et un sentiment d’incapacité à affronter la situation, car son monde vient brusquement de se modifier.

 

Sentiments de culpabilité

La personne peut exprimer un sentiment de culpabilité vis-à-vis de la personne disparue, par des reproches adressés à elle-même ou des regrets. Je suis coupable du décès, je suis coupable de ne pas l’avoir empêché. Je me rends compte que je suis coupable, responsable.

Le sentiment de culpabilité est l’élément central autour duquel peut se fixer tout le travail de deuil. Ce sentiment peut être destructeur, car, dès qu’il survient, il se nourrit très facilement de tous les reproches entendus.

La personne peut se faire des reproches lorsqu’elle pense qu’elle est sortie de la règle morale imposée par l’environnement, intériorisée à travers les interdits culturels, religieux et sociaux.

Certaines personnes pourraient vouloir blâmer une personne [par exemple, un ami, un membre de la famille, un professionnel de santé] ou autre chose [comme le système de santé] pour tout ce qui est arrivé.

Le sentiment de culpabilité peut être créé par les reproches adressés par l’environnement, par des phrases accusatrices ou par des comportements.

 

La dépression réactionnelle

S’ensuit une période plus ou moins longue de dépression qui se caractérise par une réaction émotionnelle intense et profonde de tristesse, de chagrin, de désolation et d’impuissance, avec l’impression que le deuil ne finira jamais.

Humeur négative, inhibition de l’élan vital, anxiété exacerbée, labilité du caractère,  troubles du sommeil [insomnie ou hypersomnie], rêves, cauchemars, fantômes, idées bizarres, somatisation.

Cette étape est décisive, difficile à supporter tant pour la personne que pour l’entourage.

Dans ce type de dépression, l’état de tristesse est prédominant alors que le ralentissement psychique et physique est peu marqué, à la différence de la dépression ordinaire.

L’anxiété est intense, mais la réactivité aux événements extérieurs persiste. La dépression va durer de nombreuses semaines ou mois avec de grandes variations dans l’intensité.

Il s’agit d’accepter et d’intégrer la perte, d’accepter et de faire face.

Durant cette étape, la personne endeuillée a besoin de soutien, de l’affection de ses proches qui devraient l’écouter et de l’inciter à prendre soin de sa santé. Le stress provoqué par le deuil peut engendrer des complications graves.

 

Les changements physiques

Le deuil peut drainer toute votre énergie. Il peut modifier le sommeil, provoquant de l’insomnie, de la lassitude, de l’épuisement, et même des cauchemars. L’endeuillé peut perdre ou prendre du poids à cause de variation dans l’appétit. Certaines personnes peuvent souffrir de problèmes digestifs [nausées, vomissements, diarrhée ou constipation].

D’autres personnes se plaignent de maux de tête, de douleurs, ou de manque d’énergie.

 

Acceptation

S’installent d’abord une acceptation intellectuelle où l’endeuillé réalise que ce qui s’est passé est inéluctable, puis une acceptation globale au moment où la perte est complètement intériorisée. L’acceptation n’est pas une démission, mais le franchissement d’un seuil nouveau, se pardonner à soi-même ou aux autres de ne pas avoir pu empêcher la perte. C’est une création d’une identité différente, un lien nouveau permettant la  ré alliance avec le défunt et avec sa mémoire.

 

Fin du deuil

On identifie le terme ou fin du deuil quand des désirs de renouveau sont acceptés consciemment et même recherchés et que la personne est à nouveau disponible pour de nouveaux attachements ou de nouveaux projets.

Il n’existe pas réellement de fin du deuil. On peut parler d’étape nouvelle quand l’endeuillé a trouvé un nouvel équilibre sans trop de tristesse. Cette étape sera atteinte quand le sentiment de culpabilité sera levé. L’être perdu prendra une place nouvelle. Son souvenir s’intégrera dans la mémoire historique de la famille.

Une fois le processus de deuil achevé, la perte peut prendre sens à nouveau. C’est le fait de prendre conscience de tout ce qu’on a reçu de la relation avec la personne disparue.

Il peut arriver que certains deuils soient plus difficiles à réaliser.

 

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Robots dans nos lits, l'avenir du désir et des couples ?

femme robot ashley madison

 

 

La France, après Londres et d'autres grandes villes, ouvre depuis février dans le XIVe arrondissement un établissement de location de poupées sexuelles. Cette nouvelle a fait bondir les élus du groupe communiste et du Front de gauche, qui réclament sa fermeture, arguant qu'il s'agit d'une nouvelle forme de " lieu de prostitution ".
Opter pour la facilité d'interdire ?  Comment faire quand ces robots seront en ventre libre (c'est déjà le cas) ou quand ils vont envahir nos lits et nos maisons ?

sexe robot lit

 

 

Le robot conjugue technique, beauté, et neutralité

Depuis dix ans, la société Real Doll s'est spécialisée dans la production de poupées réalistes. Au Japon, les entreprises de fabrication de poupées à taille humaine se multiplient, puis un business se crée : Doll No Mori, le bordel de poupées. Le client paie, choisit son modèle et fait ce qu'il veut d'elle. Le robot japonais féminin Aïko parle anglais et japonais, distingue couleurs et visages, elle sourit, elle peut cligner des yeux, servir à manger, reconnaître s'il pleut ou s'il fait beau. En plus elle est belle, séduisante, et peut faire plus.
Avec le silicone de haut de gamme, l'intelligence artificielle semble modifier encore plus l'efficacité de ces robots. Capteurs sensoriels sous la peau, des signes corporels pour imiter l'excitation sexuelle : seins se dressent, le clitoris durcit, pénis en érection, la poupée réagit, émet des bruits etc.


À Nuremberg, un ingénieur invente une poupée dotée à la fois d'un système circulatoire qui la rend tiède au toucher, de mouvements de la cage thoracique qui donnent l'illusion de la respiration, et capable de répondre aux stimulations sexuelles en remuant le bassin. La société True Companion commercialise Roxxxy, a présenté le premier authentique robot sexuel. " Pas un robot, mais une compagne ", précisent ses concepteurs. Roxxxy ne bouge pas encore seule, mais elle est censée pouvoir parler et interagir avec son propriétaire grâce à ses différentes " personnalités " qu'on peut télécharger.

 

sexe robot relation


La société Harmony a présenté en 2017 son robot. L'utilisateur peut contrôler les mouvements de la tête, les expressions du visage, la parole, et certaines réactions.
 D'ici à 2050, des humains seront-ils amoureux et se vont-ils se marier avec des robots " humanoïdes " ?  " Bien-sûr C'est inévitable " selon le chercheur britannique David Levy.
Les progrès sont si rapides. En Corée du Sud, le ministre du Commerce, de l'Industrie et de l'Énergie a lancé la rédaction d'un code d'éthique destiné à réguler et à moraliser les rapports entre les personnes et ses créatures. La première loi autorisant le mariage entre humain et robot sera votée aux États-Unis dans le Massachusetts cet été.

 

wrestworld anthony hopkins

 

Comment comprendre ?


On peut être optimiste et penser qu'une vaste majorité de gens allaient préférer l'amour avec les humains, et que ces robots vont accompagner les personnes solitaires seulement. On peut dire que l'amour est un sentiment de proximité, une réciprocité, un échange et une intimité. Le vibromasseur n'a pas remplacé les hommes après tout.  
On peut imaginer des robots sexuels pour aider à l'éducation sexuelle, pour enseigner le consentement et le plaisir sexuel masculin et féminin.
Le président fondateur de la société Doll USA, pense que ces robots poupées pourraient apprendre aux humains à mieux faire.

 

sexe robot baudrillard


Nous pouvons être pessimistes, et prétendre que l'humain cherche son plaisir et fuit les difficultés. Le robot sexualisé propose une relation sexuelle sans difficulté, sans suite, sans conséquence. Le sexe pour le sexe, à volonté, et sans limites. On peut imaginer que l'érotisme avec les androïdes sera normalisé, et accepté comme nous avons normalisé les autres pratiques sexuelles et les jouets sexuels. Selon Kathleen Richardson, chercheur en robotique, l'existence de robots sexuels peut augmenter le risque d'agression sexuelle en rendant la femme-objet sans traiter la question relative aux robots masculins. L'homme devient - il objet ?


Les robots mâles se vendent aussi bien que les poupées femmes selon les fabricants. Les clientes peuvent choisir entre plusieurs modèles de corps, de muscles et de pénis. Ni maladies sexuellement transmissibles, ni grossesse non désirée, ni infidélité, ni scène de ménage. Selon les études publiées, deux tiers des hommes sont en faveur des robots sexuels, contre 30 % des femmes aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Pays-Bas.

Selon deux chercheurs de l'Université Victoria de Wellington en Nouvelle-Zélande : En 2050, le quartier chaud d'Amsterdam sera l'affaire de prostituées robotisées. "
Pourquoi craindre les robots sexuels ? Peut être, parce que les robots sexuels semblent exprimer le pire de notre culture sexuelle : les hommes se sentent en droit de vivre leurs fantasmes sans limites, et les femmes trouveront un corps masculin rêvé, sans exigence, une machine à érection parfaite sans état d'âme.  

 

Conclusion


Le robot sexuel a toujours été présent dans l'imagination humaine. Le mythe de Pygmalion, qui tombe amoureux d'une de ses sculptures. C'est le titre d'une pièce de George Bernard Shaw en 1913. On trouve la même idée chez Ovide, Dante, et Shakespeare.
Les progrès de la robotique et l'intelligence artificielle ont soulevé une préoccupation pour les femmes : si les robots-femmes deviennent tellement réalistes et habiles, vont-ils détourner les humains des véritables relations humaines ?
Si nos besoins sexuels peuvent être satisfaits par des aides automatiques intimes, les hommes et les femmes vont-ils changer de comportement ? C'est possible.  
Nous allons sans doute vivre des débats intenses sur ces robots et sur les relations des humains avec eux. Ils sont déjà dans les hôtels et les aéroports dans certains pays asiatiques comme hôtesse d'accueil. Nous allons cohabiter avec ces humanoïdes dans les bureaux, les hôpitaux et à la maison. Ils seront sans doute dans nos unités militaires. Ils seront également dans nos lits.
Le prix d'un robot sexuel actuellement varie entre 5000 et 50 000 euros, les clients hommes et femmes ne manquent pas, il existe des sociétés de location pour tester les différents modèles et personnalités.


Le sexe entre humains finira-t-il par être réservé aux curieux, aux nostalgiques de la chair ou aux hippies du sexe ? Est-ce qu'ils ne seront pas pris pour des inconscients du risque de grossesse, de maladies, et du risque judiciaire qui semble actuellement compliquer les relations hommes femmes en occident, pour un plaisir bien moindre à celui que procurera une machine ?
Aux générations futures d'en décider.


Réf
Jason Lee : Sex Robots,The Future of Desire , palgrave Macmillan, 2017

 

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Pornhub n’est le nouveau rapport Kinsey

 

poruhub

 

Les études sur le comportement sexuel humain ont été difficiles en raison des liens entre la sexualité et l’intime, et de la relation entre la sexualité et la société.

Après la Deuxième Guerre mondiale, la publication des résultats des recherches du Dr Alfred Kinsey  (Alfred Charles Kinsey 1894 — 1956) fut un événement scientifique majeur. Après de nombreuses années d’étude, il publie deux livres sur le comportement sexuel humain masculin Sexual Behavior in the Human Male (1948) et féminin Sexual Behavior in the Human Female (1953).

 

kinsey citation

 

Après des années de travail, il donne pour la première fois un aperçu chiffré et statistique du comportement sexuel des Américains, sur leur préférence, et sur leurs limites. La publication étonna le grand public, en révélant la fréquence de certaines pratiques sexuelles considérées comme tabou à l’époque comme l’homosexualité, ou les pratiques sexuelles anales, sans négliger les déviances sexuelles et l’adultère.

 

Les critiques furent sévères à l’encontre de ces résultats. D’autres chercheurs ont réalisé depuis, la même enquête pour arriver au même résultat. Les critiques dirigèrent leurs flèches contre Kinsey le traitant de menteur, ou de pervers, et discutant sur son homosexualité latente, ou la possibilité d’avoir été victime d’abus sexuels pendant son enfance. Dans ces années-là, discuter le comportement sexuel humain était tabou. Kinsey fut à l’époque, traité de pervers et de pornocrate.

 

Rapport Pornhub 2017 – 2018

Depuis plusieurs années, le site de pornographie Pornhub a pris l’habitude de publier un certain nombre d’études à la fin de l’année, portant sur la fréquentation du site, moyen de se faire de la publicité, et d’enthousiasmer les annonceurs. 

En 2017, le site annonçait de records impressionnants : 75 millions de visiteurs par jour, le 40e site le plus visité au monde, le plus grand site au Canada, le 20e site aux États-Unis, dépassant le New York Times et Washington Post réunis. En 2018 : 92 millions/jour. En 2018, le site affiche  : 33,5 milliards de visites en 2018.

On découvre que le nombre de femmes qui fréquentent ce site est considérable. Les femmes privilégient les vidéos de massages sexualisés. Toutes les pratiques sexuelles sont sollicitées.

Les vidéos mettant en scène blancs et noirs sont populaires, ainsi que les scènes jouées par des vedettes asiatiques.

 

Pornhub france

 

La catégorie familiale mettant en scène des relations entre beau-père et belle-fille, entre belle-sœur et beau-frère sont populaires.

Les amateurs de dessins animés japonais sexualisés «   hentai » sont nombreux, sur le site, comme les fétichistes.

Les mots qui reviennent le plus souvent sont : love, hot, like, good et sexy. Les termes lesbian, hentai et milf sont en tête. Les États-Unis sont les premiers sur Pornhub et ils devancent le Royaume-Uni, l’Inde, le Japon, le Canada et la France.

Les femmes : 29 % en moyenne de femmes soit trois points par rapport à l’année 2017. Avec 35 % de femmes, la France est un de pays où Pornhub est le plus visité par la gente féminine.

Les femmes recherchent en priorité les contenus lesbiens, les vidéos mettant en scène des Japonaises et les Hentaï. Les hommes sont attirés en premier lieu par les Japonais, les milf et les Hentaïs.

Une visite en moyenne sur Pornhub en France dure 10 minutes et 11 secondes, avec un âge utilisateur type de 37 ans. Le jour ayant connu le moins de visites en France est le 14 juillet.

Le terme « française » restant le plus recherché cette année, par les visiteurs français devant « french » et « maman française ». Cette année, la France a été le 6e consommateur de contenu pornographie sur ce site.

 

Pornhub : reflet du comportement sexuel planétaire ?

En juin 2017, New York Magazine posa la question sous la forme d’une boutade : « Pornhub Is the Kinsey Report of Our Time ? »

Les chiffres affichés par Pornhub sont impressionnants, mais ne reflètent pas le comportement sexuel, en dépit d’un échantillon planétaire. Ces chiffres reflètent des préférences, des fantasmes, et inclinations pour certaines pratiques sexuelles. Les travaux scientifiques sur le comportement sexuel s’intéressent aux pratiques réelles dans un contexte donné.

Comme dans les travaux du Kinsey, les chiffres affichés par les sites de pornographie confirment que la sexualité humaine continue à être multiple, et complexe.

Dans son rapport, Kinsey soulignait l’influence de la biologie (hormones), et de la culture dans le comportement sexuel. En lisant ces chiffres, sur un échantillon planétaire, nous pouvons nous interroger si l’humanité n’est pas en train d’acquérir la même culture, d’apprécier les mêmes goûts, d’érotiser les mêmes préférences. Il n’existe pas de réponse à cette question actuellement.

La pornographie est un sujet difficile. S’agit-il d’une pratique sexuelle à part entière comme la masturbation, ou d’un comportement sexuel comme le fétichisme ou d’un reflet de préférences et des attirances ?

 

Ces chiffres ne reflètent en aucun cas le comportement sexuel des humains ni le comportement sexuel des pays ou par tranches d’âge. Ces chiffres rappellent en premier lieu l’importance de la pénétration pornographique dans nos sociétés.

 

La pornographie sur Internet a favorisé l’exposition de minorités sexuelles, normalisé les pratiques sexuelles minoritaires ou marginales et engendré de problèmes, liés à la masturbation, au rapport sexuel violent, et à l’image du corps féminin et masculin.

De chercheurs craignent que la pornographie n’influence culturellement le comportement sexuel en insistant sur l’importance de l’orgasme, sur l’aspect technique des rapports sexuels, et sur l’incapacité de la pornographie à transmettre des émotions.

 

La pornographie continue à irriter au nom de la condition féminine, de la morale, de la protection des mineurs, mais les publications annuelles de Pornhub ne suscitent ni émoi ni critique. Nous sommes loin de Kinsey.   

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La perfection, addiction problématique de nos sociétés

Perforrrance

 

 

La perfection est un concept ambigu, qui peut s’avérer dangereux et problématique sur le plan individuel et collectif.
Nous vivons dans une société de perfection, une société où les normes ne cessent de se multiplier, une société où l’erreur n’est plus admise. Pour nous adapter à notre société, nous devenons perfectionnistes, et nous exigeons des autres un certain degré de perfectionnisme.
La perfection devient dépendance, une épidémie dans le monde de travail et dans nos vies privées. Les banquiers sont exigeants, les actionnaires, les clients, les juges, l’administration, les médecins, les patients, et même les amoureux dans les couples. Nous vivons dans une société de normes, qui fixe des objectifs de performance parfois irréalistes, qui ne tolèrent plus les erreurs, société d’attentes perfectionnistes sans lien avec le réel.

 

bergson citation perfection

La perfection, une vieille illusion

Le perfectionnisme est le besoin d’être parfait, de croire qu’il est possible d’atteindre la perfection.
Sur le plan individuel, le perfectionnisme est perçu comme un trait positif qui augmente les chances de réussite, mais il peut conduire à des pensées négatives ou à des comportements autodestructeurs qui rendent plus difficile la réalisation des objectifs. Les gens déprimés, les gens anxieux sont perfectionnistes. La perfection à son tour peut causer du stress, de l’anxiété, de la dépression et d’autres problèmes de santé mentale.
Le perfectionnisme n’est pas la même chose que s’efforcer d’être le meilleur possible. La perfection n’est pas une question de réussite et de croissance.

 

Alain citation agreable

Le côté obscur de la perfection

Les humains sont imparfaits, ils vivent dans un monde imparfait aussi.
La recherche de la perfection peut s’avérer sans issue. La perfection est inaccessible. Cette recherche est la garantie d’un échec. En souhaitant être parfaits, nous pouvons perdre la hiérarchie de nos priorités en consacrant notre énergie pour améliorer des détails. Nous pouvons être plus productifs en formulant de nouvelles idées, ou en élaborant de nouvelles approches.
En désirant la perfection, nous perdons la capacité de déléguer et de nous faire aider. Les relations de travail deviennent exigeantes et tendues. La perfection entraîne un état de pression, de stress et d’anxiété qui se terminent par l’épuisement.

 

Dépasser la perfection

Le point important est de remplacer le concept de la perfection par un autre : la précision. Nous pouvons exiger de médecins, des juristes, ou des banquiers de la précision, sans aller vers la perfection illusoire. Dans une étude menée en 2014 par l’Université York, l’exigence imposée dans certains métiers, comme juristes, professionnels de la santé et architectes, était associé à de taux élevés de déprime, de stress et à un risque plus élevé d’automutilation et de suicide que la moyenne.
Nous pouvons nous concentrer sur ce qui doit être fait et non pas sur la façon dont cela doit être fait. Nous pouvons nous concentrer sur le résultat final plutôt que sur un processus exigeant, normatif, ou imposé par la contrainte. Nous pouvons établir avec les autres des relations honnêtes et sincères pour trouver la meilleure solution, sans chercher la solution parfaite, car elle n’existe pas ou elle est irréaliste.

 

Rousseau citation perfection

La perfection de la société : Attention utopie

Les utopies sont des visions idéalisées d’une société parfaite. Thomas More a inventé le terme utopie en 1516 comme synonyme de « pas de place pour les êtres imparfaits. »
Le perfectionnisme en un terme utilisé dans la philosophie morale et politique chez Aristote, Thomas d’Aquin, Spinoza, Marx et Green, qui pensaient que l’humain est perfectible.
Le perfectionnisme ressemble à un idéal qui identifie un modèle de vie comme idéal pour tous. La théorie de valeurs perfectionnistes identifie ce qui est bien pour les humains. Cela implique que certains modes de vie ne sont pas utiles même s’ils sont pleinement adoptés. La doctrine perfectionniste n’apprécie pas la pluralité.


L’éthique perfectionniste a souvent été associée à des doctrines élitistes. Un certain nombre d’écrivains perfectionnistes ont affirmé que la perfection qui importe le plus est celle de ceux qui sont capables d’atteindre le maximum. Cette version « superman » du perfectionnisme, une vision associée à Nietzsche, donne un poids absolu à l’excellence que peut être atteint par certains.
Les critiques de la politique perfectionniste rejettent souvent l’idée qu’il existe de façons de vivre meilleures que d’autres et alertent sur les dangers de ce genre de théories sur la liberté individuelle.
La conviction que les êtres humains sont perfectibles peut conduire à tenter de les éduquer, de les convaincre, ou conduit à des drames et des sociétés totalitaires utilisant la punition pour changer le comportement individuel ou collectif.


Il est important de défendre l’idée que la démocratie soit la gestion raisonnable de gens imparfaits dans un monde imparfait. Pour améliorer les comportements, le pouvoir politique peut inciter ou faire de la pédagogie. Interdire, ou punir devient problématique, au risque d’une société autoritaire.

 

Références
1. Flett, G. L., Heisel, M. J., & Hewitt, P. L. (2014). The destructiveness of perfectionism revisited: Implications for the assessment of suicide risk and the prevention of suicide. Review of General Psychology, 18(3), 156-172.
2. Hasse, A. M., Prapavessis, H., & Owens, R. G. (2013, June 24). Domain-specificity in perfectionism: Variations across domains of life. Personality and Individual Differences, 55(2013), 711-715.
3. Arneson, R., 2000, « Perfectionism and Politics », Ethics , 111 : 37-63.

 

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Technique de séduction : sous culture des bad boys

bad boy

 

C'était en 2004. Un ami me conseille un forum de célibataires et aussi un forum de techniques de séduction. Ce passage était mon premier contact avec cet étrange concept : la technique de séduction. Les membres de ce forum discutaient conseils et stratégies, certains garçons y croyaient pendant que les filles exprimaient leur étonnement ou leur regret de cette étrange idée. J'ai appris depuis qu'il existe des livres, des films, et des stages de formation organisés par des entreprises spécialisées ou par des sites de rencontres.

L'industrie de la séduction a vu le jour aux États-Unis dans les années 2000, sous forme de forum, de sites en ligne qui allaient engendrer des produits commerciaux et des services. Nous pouvons lire les écrits d'experts en séduction qui offrent aux hommes hétérosexuels des conseils sur l'art de séduire les femmes, des hypothèses, des méthodes, des stratégies et des expertises. Le net français, nos forums a suivi le même chemin. Cette sous-culture persiste toujours, minoritaire, inquiétante, sujette aux analyses et aux critiques.
Dans son livre, Séduction : Les hommes, la masculinité et l'intimité négociée, 2018, Rachel O " Neill souligne que cette sous-culture prolifère et s'auto-alimente sans que le discours féminin ou féministe ne puisse l'influencer ou la modérer.

 

 

femmes darwin

 

Darwin, ou comment évaluer l’humain

Dans les années 2000, l'apparition d'internet a modifié la notion de séduction entre homme et femme. Cette technologie privilégie l'image et les échanges, a favorisé la proximité, l'individualisme, et la recherche d'un bonheur sur mesure.

La pensée dominante de l'industrie de la séduction est fondée sur une interprétation scientifique et empirique de la théorie évolutionniste de Darwin, et sur d'autres raccourcis et préjugés sur les hommes et les femmes.

La société est considérée par la théorie évolutionniste comme une jungle, les humains sont des animaux obsédés par leur survie, réagissant selon leurs besoins, et selon leur instinct.
L'homme le plus fort, le plus riche, le plus puissant devient l'homme alpha, le fournisseur qui répond aux besoins des femmes, et qui peut avoir le harem le plus peuplé et les plus belles femmes. Le mâle alpha choisit les femmes les plus jeunes (les plus fertiles), les plus belles, pour engendrer les plus beaux enfants.
De leur côté, les femmes sont obsédées par la beauté, la force, et l'argent. Elles choisissent l'homme le plus fort, le plus protecteur, et le meilleur fournisseur.

Cette interprétation de la théorie évolutionniste de Darwin, semble dessiner une société qui ressemble un peu à la société néolibérale.
Dans son livre ; A Lab of One's Own. 2018, Patricia Fara explique comment Darwin a rendu la femme inférieure. Charles Darwin bénéficie d'un énorme prestige en Occident, il est présent dans nos manuels scolaires. Charles Darwin inventa le concept de sélection naturelle comme moteur De l'évolution. Darwin a proclamé que l'égalité entre le sexe était scientifiquement impossible, et souligna l'infériorité féminine dans la nature où les mâles étaient plus beaux, plus forts et les plus capables de survivre. Pour attirer le mâle puissant, les femelles entrent dans une compétition acharnée. L'évolution darwinienne implique une hiérarchie naturelle immuable.

On explique le fonctionnement féminin, interprété selon l'approche évolutionniste, en conseillant aux hommes de connaître la psychologie, le langage du corps féminin, les techniques de manipulation émotionnelle, et les stratégies pour vaincre la résistance des femmes.

À partir de cette interprétation empirique et personnelle de Darwin, les participants à ces stages apprennent à séduire les femmes dans les cafés, dans les rues, dans les lieux de travail, à manipuler, à ruser pour convaincre. Le but de ces produits (livres, sites Internet, stages de formation) est d'améliorer la capacité des hommes à séduire, à rencontrer les femmes qu'ils désirent.

En lisant les récits de réussite, on découvre une étrange déshumanisation de la séduction, dans une succession de consommation. Les hommes qui ont réussi, sont félicités, encouragés, et invités à donner des conseils et à partager leurs expériences. La réussite n'est pas de trouver une femme, ou de coucher seulement, mais de trouver et de coucher avec la femme qui répond aux critères, une femme bien placée.

Pour quelques hommes, la séduction devient une consommation, une compétition. Certains plongent dans un monde de manipulation, et de consommation sans lendemain.
En général, ce n'est pas une question de misère sexuelle ou de solitude. Le fait de coucher avec une prostituée est considéré comme un échec.

beaute grece antique

 

Anomalie ou phénomène de société

Cette évolution coïncida avec l'apparition des sites de rencontre. Sur de nombreux forums, des hommes se plaignaient de l'indifférence et de l'exigence féminine. Il suffisait d'une réponse grossière ou ironique pour généraliser les jugements : les femmes sont vénales, changeantes, infidèles, etc.

De leur coté, les filles se plaignaient de l'insistance de certains hommes, de leurs mensonges, ou de leur manque de sérieux.

A cette époque, les deux premiers romans de Michel Houellebecq
ont bien tracé ces changements de la condition masculine dans une société de consommation, y compris la consommation émotionnelle et sexuelle.

Plusieurs courants féministes critiquèrent ces techniques de séduction. Une industrie qui aide et forme les hommes à maîtriser et à dominer les femmes. De nombreuses féministes anglo-saxonnes et françaises parlèrent du risque de harcèlement sexuel, de coercition et de violence. Les hommes croyant à ses concepts sont traités de sadiques et manipulateurs, les romans de Michel Houellebecq traités de cyniques, et ou de réactionnaires.

Ces critiques ne prennent pas en compte le changement qui s'opère dans la pensée de certains hommes, et sous-estiment la résonnance populaire de ses concepts.

Un nombre relativement réduit d’hommes accorde un crédit à ces concepts, ou assiste aux stages de séduction, mais certains signes méritent réflexion : le nombre de visiteurs des forums spécialisés, leurs activités et leurs commentaires, le nombre d’articles et de vidéos disponibles sur Internet, la vente des livres et des produits liés à cette industrie.

Dans cette sous-culture, les hommes ne sont plus isolés, ils contactent d'autres hommes et partagent avec eux les mêmes soucis et les mêmes expériences. Ils trouvent dans ses concepts un moyen d'auto développement, devenir meilleur, se sentir mieux, de se rassurer.

Dans son livre, pourquoi l'amour blesse (2012), le sociologue Eva Illouz souligne comment la déception romantique - perçue comme une expérience personnelle - devient une expérience culturelle et commerciale dans notre société. La culture va créer des attentes, le commerce va consoler.
Pour comprendre ce qui amène des hommes à adopter ces techniques de séduction, nous devons comprendre leur déception.

Cette industrie de séduction met en lumière la réussite sexuelle comme le but ultime, invite les hommes à accepter la compétition, à améliorer leurs performances. Les relations avec les femmes deviennent un champ d'expertise, d'expérimentation et de chasse. L'autre n'existe pas. Le féminin devient la récompense à consommer. Dans certaines publications, on invite les hommes à cultiver une éthique sexuelle pour transformer la séduction en projet de relations. Dans d'autres, on conseille de consommer puis passer de à autre chose.

Culture dominante

La culture dominante dans notre société semble incapable de contrer ce type de sous-culture. En face des critiques, les adeptes de cette culture répondent: les femmes font la même chose, elles consomment, elles divorcent, elles ne cherchent pas le couple, mais le sexe, société de rapports de force, le sexe est une méritocratie, le mâle dominant aura de toute façon la femelle la plus jeune, la plus fertile, la plus sexy. Les romans de romance, qui ciblent un public féminin, cultivent les mêmes critères. L'homme le plus désiré est beau, riche, puissant, dominateur et un peu « bad boy ».

Le point commun entre ces hommes est qu'ils sont insatisfaits de leur vie intime sur le plan relationnel, émotionnel et sexuel. Ils cultivent les valeurs de la société de consommation.

Internet a permis aux hommes et aux femmes d'avoir des critères de plus en plus uniformes. En lisant les forum de célibataires, vous pouvez avoir l'impression de vivre dans la Grèce antique, où la beauté et les critères esthétiques sont plus importants, voire uniques.

Les femmes partagent entre elles les conseils nécessaires pour être plus attirantes, et les hommes partagent entre eux les conseils pour être plus performants en séduction et plus attirants. Les hommes améliorent leurs techniques de séduction pour monter dans la hiérarchie des femmes disponibles, en intégrant le concept de l'offre et de la demande dans leurs démarches. Comme dans les romans de Michel Houellebecq,
le corps de l'homme est observé comme des cuisses de poulet au supermarché, le corps des femmes n'est pas mieux traité ; la beauté, l'âge, et la désirabilité classent la femme sur le marché de la séduction. Les hommes améliorent leur séduction pour accéder aux femmes plus jolies, plus jeunes, et plus séduisantes. Le sexe est réduit à une série d'exploits techniques. L'intimité devient le fruit d'un effort, la récompense d'un stage. L'érotisme est argument secondaire à utiliser en cas de besoin. Les promesses engagent ceux qui y croient.

 

Crise de Masculinité ou consommation ?


Le terme crise de la masculinité irrite certaine féministes et ceux qui pensent que les hommes se victimisent pour garder leurs avantages. Ce terme est adopté par d'autres, sociologues ou journalistes, pour désigner un changement problématique du rôle masculin.
Les techniques de séduction sont devenues depuis plusieurs années une sous-culture. Un homme adhère selon ses besoins à un point, à un concept ou à l'ensemble de cette sous-culture. L'approche féministe de cette industrie n'est pas efficace. Ces hommes ne cherchent pas en adoptant ces nouveaux rôles à consolider leur domination, mais à s'adapter dans une société individualiste, une société de consommation et d'auto réalisation.
Critiquer, pour quoi. Le plus important est de comprendre les causes culturelles qui cultivent cette hostilité entre les hommes et les femmes, le rôle de notre modèle culturel dans la construction de ce que nous pouvons nommer intimité.

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Faut-il interner les cyniques modernes

cynisme comic


 

 

Vous les trouvez partout. Dans la société, en politique, et presque partout sur les réseaux sociaux, ces personnes cyniques qui jouent le Voltaire de comptoirs. Ils sont là pour vous répondre toujours que le monde est fini, que tout est mensonge, et que l'action ne mène à rien. Ils n'aiment pas la contradiction, ils n'ont pas d'arguments sauf le doute et la méfiance travestis en masque de lucidité.   


Le cynisme n'est pas une idée récente, il a commencé comme une école et un mode de vie philosophique dans l'antiquité grecque, pour se transformer pendant les Lumières et au XIXe siècle et prendre au début du 21e siècle une forme moderne associant désenchantement, incrédulité et surtout méfiance.
Selon les dictionnaires, le cynique est une personne méfiante, incrédule de la bonté humaine et de sa sincérité, un sceptique, un moqueur et un sarcastique. Au sens contemporain, le cynisme est une faible confiance dans les motifs ou les justifications d'autrui. Le cynisme devient une forme de lassitude, scepticisme  et de pessimisme aussi.  


Le cynique moderne est méfiant à l'égard des valeurs morales de la société, refuse de s'impliquer dans les mouvements de société, opposé à l'optimisme, il pense que la société est naïve, manipulée et cherche à travers son attitude défensive à prouver que le monde est faux, plein de complots, et de masques.

 

cynisme moderne arlette laguiller


Dans son livre, la Critique de la raison cynique, le philosophe Peter Sloterdijk trace un portrait des cyniques modernes :
" À la limite de la mélancolie, ils peuvent garder sous contrôle leurs propres symptômes de dépression et maintenir leur aptitude au travail, quoiqu'il puisse arriver.".
Selon lui, le cynisme social résulterait d'attentes trop élevées concernant la société, les institutions et les autorités ; déçues, ces attentes se convertiraient en sentiments de désillusion, de jalousie, et de trahison.
Les cyniques modernes décrivent une vie en exil, une vie d'hypervigilance pour détecter les complots, une passivité, et une indifférence morale.


Dans son livre " The Making of Modern Cynisme ", David Mazella pose la question : est - il juste d'utiliser le nom de cynique selon la philosophie à ces comportements modernes ?
David Mazella commence par Diogène pour arriver à Rousseau, décrivant cette transformation d'une idée ancienne à une version moderne. Les liens entre la version ancienne et les cyniques modernes ont commencé avec Rousseau, et les lumières. Cette transformation semble indiquer des moments de changements importants dans la société occidentale comme le développement d'une forme de cynisme à la fin du XIXe siècle en Europe.

cynisme moderne


Faut-il rejeter le cynisme moderne et les cyniques ?

Les cyniques rejetaient les normes sociales. Diogène se masturbait en public, Crates vivait dans la rue portant un manteau usé.
Les cyniques modernes cherchent à provoquer les réactions des autres, en insistant sur le désespoir, sur le jeu faussé, sur l'absence d'issue. Tout est fini, fichu, le jeu est truqué, les gens sont des naïfs.    
Parfois, les cyniques modernes associent lucidité et méfiance, un terrain fertile pour la théorie du complot. Ainsi, ils justifient leur retrait, leurs inactions et leurs conditions de vie.
Ce genre de cynisme moderne est moins fréquent dans les réseaux sociaux asiatiques ou en Amérique latine.  

Nous ne devons pas rejeter entièrement l'approche de ces cyniques modernes. Leurs alliés et leurs arguments principaux sont l'inefficacité des politiques menées dans nos sociétés occidentales.

La seule réponse valable à une personne cynique moderne est la réussite d'une action, et les changements dans la société. Nous pouvons poser la question : qui est plus cynique, les citoyens qui sont méfiants ou les hommes politiques dépassés, et incompétents.
Le cynique moderne cultive sa méfiance vis-à-vis des motivations des autres. Personne ne peut être heureux dans cette société, toute personne qui se dit heureuse est un menteur qui s'invente une vie. Personne ne peut être moral, il y a derrière chaque action un intérêt caché.


En mettant en question les motivations, les cyniques modernes représentent à la fois l'une de nos meilleures défenses contre la manipulation et les mensonges, et un appel permanent au désespoir, et à l'inaction.

Le cynisme moderne cultive l'esprit d'une retraite accompagnée d'un discours philosophique sur l'inutilité de l'action, et la méfiance comme défense. En même temps, ces personnes cyniques sont un élément important pour cultiver l'optimisme dans la société. Leur discours motive les personnes positives et remet ces personnes dans le monde réel, en insistant sur les résultats, et sur les difficultés (pour obtenir un résultat).
Les personnes cyniques sont utiles à la société, pour lutter contre l'optimisme excessif et rêveur.
Comme le faisait Diogène, le cynisme n'est pas un caractère de personnalité, mais une attitude intellectuelle. Le but est d'un cynique classique ou moderne est d'écarter le brouillard et la confusion pour voir la réalité avec lucidité et clarté.

Le cynique moderne est utile pour vous réveiller, pour vous inviter à vous méfier, mais ne comptez pas sur lui pour trouver une solution. Il est par définition attaché à l'inaction, c'est aussi sa raison d'être.

 

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Bon baiser du Japon et joyeuse saint Valentin

couple mariage japon noce

 


Le japon est à la fois un pays modèle sur le plan de l'organisation et de la prospérité, et un anti-modèle dans son refus de la globalisation économique et dans sa lutte pour préserver son modèle culturel et sociétal. Et pour un occidental, les relations hommes-femmes au japon sont pour le moins pour le moins étranges.
Les hommes occidentaux déclarent apprécier la femme japonaise, en faisant les louanges de ces sirènes. Les hommes qui apprécient le couple avec la femme japonaise, citent la grâce et la beauté de ces femmes japonaises, leur diversité, et leur grande sophistication. Ceci explique que de nombreux hommes occidentaux installés au Japon sont mariés avec des femmes japonaises.

 

couple japon kokuhaku

 

Confession d'amour à la saint Valentin : kokuhaku

La confession d'amour est une tradition japonaise bien sympathique. Les filles japonaises commencent leurs histoires d'amour par un kokuhaku ou la confession d'amour. Au Japon, il n'est pas rare qu'une femme demande à l'homme de sortir avec elle. Une femme qui fait cette demande est rare en occident en dépit de l'évolution de nos sociétés. Le st Valentin devient au Japon, comme toujours, un mélange de tradition japonaise et étrangère. Chocolat, fleurs, et kokuhaku.
Le " kokuhaku " ou la confession amoureuse s'effectue au début de la relation. Cette déclaration donne une idée sur une autre différence. La femme japonaise semble franche et directe dans l'annonce de ses désirs et besoins.

 

couple mariage japon

 

Mais le couple au Japon aujourd'hui  

La société japonaise est de plus en plus ouverte quand il s'agit de l'amour, et des relations, pourtant les relations entre les hommes et les femmes sont très compliquées depuis les années 80. Chaque sexe semble vivre dans un monde qui s'éloigne progressivement de l'autre sexe. La séparation entre les hommes et les femmes, dans les transports, dans le travail, et même dans les lieux publics comme les restaurants est une réalité au Japon. Dans une réception, vous pouvez remarquer un groupe de femmes, et un groupe d'hommes. Vous pensez qu'à la fin de la soirée, ils vont se mélanger, discuter ensemble. Mais cela n'arrive que rarement.
Au Japon, la rencontre dépend de l'âge pour les femmes et du salaire pour les hommes. Les femmes après un certain âge, autour de la trentaine, ont du mal à trouver un partenaire. Les hommes moins aisés devraient de se contenter du célibat ou de relations virtuelles.
Le plus souvent, l'amour au Japon de nos jours se définit par l'aisance du partenaire masculin. Dans une agence matrimoniale comme dans les annonces en ligne, le revenu et le statut social sont affichés en premier.
Sur les forums de rencontre, il est fréquent de lire des phrases du genre : " A38 ans, je ne peux plus être exigeante, je cherche juste un homme avec un revenu annuel de plus de 7 millions de yens, et qui n'est pas chauve ". On peut lire des phrases du genre : je ne peux pas faire confiance à un homme pauvre.
L'homme pauvre devient synonyme de manque de talent, de chance et de réussite. Quant à la personnalité de l'homme, ses opinions politiques, son comportement, il semble qu'il s'agit de questions secondaires.

Il est probable que les femmes japonaises aient perdu confiance dans les hommes après avoir vécu des siècles dans l'ombre d'un mari ou d'un père, et les hommes actuels semblent eux-aussi de moins en moins attirés par ces femmes " nouvelles ".

 

estampe shunga


Selon le journal Nippon.com, une enquête effectuée en 2016 par l'Association japonaise du planning familial a révélé que 47,2 % des personnes mariées n'avaient pas eu de relations sexuelles depuis un mois. Ce pourcentage constitue un record, il a progressé de 2,6 et 15,3 points par rapport à 2014 et 2004.
Interrogés sur les raisons de cette absence totale de relation, 35,2 % des hommes mariés l'ont attribuée à la " fatigue due au travail ", 12,8 % au fait qu'ils ne considèrent plus leur épouse que comme une " personne proche ", et 12 % à la " naissance d'un enfant ". Du côté des femmes, 22,3 % ont imputé leur comportement au côté " ennuyeux " du sexe, 20,1 %, à " la naissance d'un enfant " et 17,4 %, à la " fatigue due au travail ".
La comparaison des résultats des quatre enquêtes effectuées par la JFPA depuis 2010 montre une progression rapide du nombre d'hommes qui attribuent l'absence de relations sexuelles à la " fatigue due au travail ". Elle met aussi en évidence la propension des femmes à expliquer  volontiers cette situation par le fait que, pour elles, leur époux n'est pas assez proche, n'est pas assez intime.


Dans l'enquête de 2016, le pourcentage des Japonaises ayant qualifié le sexe d'" ennuyeux " est supérieur de 15,1 % à celui des hommes.
Les résultats de l'enquête de 2016 ont inspiré le commentaire suivant à Kitamura Kunio, le président de cette association : " Quand les hommes et les femmes ne font plus assez d'efforts pour communiquer et qu'ils ne gardent pas une attitude positive vis-à-vis du sexe, la tendance à l'absence de relations sexuelles tend à s'accentuer. "
Selon cette enquête, l'âge le plus fréquent du premier rapport sexuel est de 18 - 20 ans. L'âge moyen de la première expérience sexuelle est de 19 ans et la différence entre les hommes et les femmes à cet égard est minime. Plus de 50 % des hommes ont fait l'amour pour la première fois à 20 ans, tandis que, chez les femmes, ce moment se situe à 19 ans.  
Les sept enquêtes réalisées par la JFPA depuis 2002 montrent que les hommes accusent un certain retard par rapport aux femmes en termes d'âge de la première relation sexuelle. Par ailleurs, le pourcentage des hommes n'ayant jamais eu aucune expérience sexuelle est de 21,5 % alors que, chez les femmes, il est seulement de 16,6 %.
40 % des jeunes célibataires n'ont jamais eu de rapport sexuel
83,9 % de célibataires âgés de 18 à 34 ans ont exprimé le désir de se marier. 15,2 % des hommes et 19,4 % des femmes âgées de 30 à 34 ans ne sont pas tentées par le mariage.
42 % des hommes et 46 % des femmes célibataires de 18 à 34 ans n'ont jamais eu de rapport sexuel.

 

Et nous ??

La société japonaise va traverser cette crise comme elle l'a toujours fait depuis des siècles.  
Les Américains et les Occidentaux se montrent plus passionnés par leur partenaire dans le couple que les Japonais. Selon les études, comme celle de Junko Yamada et professeur Masaki Yuki de l'université de Hokkaido, les Américains et les occidentaux vivent dans une société plus dynamique, plus mobile sur le plan sociétal. La passion dans le couple en occident tente de rassurer le partenaire, et d'éviter son attachement à l'extérieur du couple dans une société monogame, qui souffre d'une crise de l'engagement. Ce phénomène coïncide également avec le caractère collectif et interdépendant de la société asiatique en général, et Japonaises en particulier, et s'oppose à la société individualiste occidentale.
Il suffit de lire les forums de célibataires en France et en Europe, les critiques de chaque sexe vis-à-vis de l'autre, pour être navré. Il suffit de voir la guerre actuelle entre les hommes et les femmes sur les réseaux sociaux pour se demander :

Quel modèle veut-on ? Quel couple ? Quelles relations entre les deux sexes ?
Arriverons-nous à sauver notre modèle de couple et de relations ?

Joyeuse Saint Valentin à vous

 


Reference :
https://www.nippon.com/en/features/h00161/
Junko Yamada, Mie Kito, Masaki Yuki. Passion, Relational Mobility, and Proof of Commitment: A Comparative Socio-Ecological Analysis of an Adaptive Emotion in a Sexual Market. Evolutionary Psychology, 2017; 15 (4) : 147 470 491 774 605

 

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Intelligence artificielle : la troisième révolution

inetlligence artificielle risque

 

 

 

Pour aboutir, l'intelligence artificielle (IA) simule les procédures de l''intelligence humaine dans l'apprentissage (acquisition d'informations et règles d'utilisation), dans le raisonnement (appliquer les règles pour parvenir à des conclusions) et dans l'auto-amélioration. Les programmes de l'IA comprennent les systèmes experts, la reconnaissance de la parole et la vision artificielle.
L'invention de cette expression appartient à John McCarthy, un informaticien américain, durant une conférence à Dartmouth 1956. Aujourd'hui, ce terme générique qui englobe tout, de l'automatisation à la robotique réelle. Après les années de théorie, l'évolution technique et matérielle des ordinateurs permet de mettre l'AI en application, surtout dans les gestions des données volumineuses (Big data) et dans la
concrétisation des tâches complexes.  

 

inetlligence artificielle robot mignon

 

Les Types d'intelligence artificielle


Il n'existe pas de consensus sur les catégories de l'IA (intelligence artificielle). Nous pouvons grouper l'IA selon sa capacité.   
L'IA faible, ou " IA étroite " : il s'agit d'un ensemble d'IA conçu et entraîné pour une tâche précise comme les assistants personnels virtuels, traducteurs, calculatrices. L'intelligence artificielle forte, ou " intelligence générale artificielle " est un ensemble doté de capacités généralisées, lui permettant face à une tâche inconnue, de trouver une solution.


Un autre système de classement, celui d'Arend Hintze, professeur au Michigan State University groupe l'IA en quatre types :
abs11.5 rose  Type 1 : Machines réactives : comme le programme Deep Blue, le programme d'échecs IBM qui a battu Garry Kasparov dans les années 90. Deep Blue peut identifier des pièces sur l'échiquier et formuler des prédictions. Il n'a pas de mémoire, ne peut pas exploiter les expériences passées. Il analyse et choisit le mouvement le plus stratégique. Deep Blue comme AlphaGO de Google ne s'applique pas à une autre situation.
abs11.5 rose Type 2 : mémoire limitée : Ces systèmes d'IA peuvent utiliser ses expériences pour éclairer les décisions à venir. Les utilitaires installés dans les avions ou dans les voitures fonctionnent sur ce principe. Les véhicules autonomes présentent un exemple pratique sur cette forme d'IA. Pour le moment, ces observations ne sont pas stockées en permanence.
abs11.5 rose Type 3 : Théorie de l'esprit. Ce terme lié à la psychologie se réfère à la compréhension de croyance, de désirs et d'intentions qui peuvent impacter la décision. Ce genre d'IA n'existe pas encore.
abs11.5 rose Type 4 : Conscience de soi. Dans cette catégorie, l'IA possède un sens de soi. Les machines avec une conscience de soi comprennent leur état et peuvent utiliser l'information pour évoluer, se protéger et pour déduire, ce que ressentent et ou envisagent les autres personnes ou les autres machines. Ce type d'IA n'existe pas encore.

 

inetlligence artificielle

 

Exemples de technologie AI


abs11.5 orange L'automatisation pour faire fonctionner automatiquement un système. L'automatisation robotique, par exemple, peut exécuter des tâches répétées avec rapidité et précision. Cette automatisation, déjà en application dans les entreprises, diffère de l'automatisation informatique qui permet à une machine de s'adapter aux circonstances changeantes.
abs11.5 orange L'apprentissage automatique désigne la science pour faire fonctionner un ordinateur sans programmation. Il existe plusieurs types d'algorithmes d'apprentissage automatique : l'apprentissage supervisé, dans lequel les ensembles de données sont étiquetés afin que les modèles puissent être détectés et utilisés ; apprentissage non supervisé, dans lequel les ensembles de données sont triés en fonction d'analogies ou de différences ; l'apprentissage par renforcement, où après l'exécution d'une action, le système AI reçoit un retour d'information.
abs11.5 orange La vision artificielle, science qui permet à des ordinateurs en captant et analysant les informations à l'aide d'une caméra et de traitement du signal numérique. La vision artificielle peut voir à travers les barrières ou les murs, par exemple. Ces applications sont exploitées dans la reconnaissance visuelle et dans l'imagerie médicale.
abs11.5 orange Le traitement automatique du langage : application assez ancienne utilisée dans la détection de spam, en examinant le texte d'un e-mail. La traduction automatique d'un texte devient un enjeu commercial et culturel important, de même la traduction simultanée et la reconnaissance de la parole.
abs11.5 orange La robotique est un domaine d'ingénierie axé sur la conception et la fabrication de robots pour effectuer des tâches difficiles ou dangereuses. Les robots fonctionnent déjà sur les chaînes de montage des machines, et des voitures. Les chercheurs utilisent l'apprentissage automatique, la vision artificielle et le traitement du langage pour construire des robots capables d'interagir dans des contextes sociaux différents.

 

robot starstek

 

Avantages de l'intelligence artificielle

Impossible de citer les avantages de l'intelligence artificielle dans la société, sur le plan individuel, collectif, économique ou culturel. Les robots munis d'intelligence artificielle sont partout et continuent à modifier le système de production et de fabrication. La Production accélérée avec diminution indirecte des coûts favorise la multiplication des robots dans les chaînes de montage, pour réduire les erreurs, et le risque.
L'intelligence artificielle perfectionne chaque jour la sécurité individuelle et collective, par la reconnaissance vocale ou faciale, la sécurisation des transactions bancaires.
Le traitement du langage, et la traduction instantanée peuvent parfaire la communication, et l'échange interculturel.


Des machines adaptées, enrichies d'une intelligence artificielle remplacent les humains dans les situations périlleuses, en résistant au feu, à l'eau, aux éléments radioactifs, et en fonctionnant dans les endroits confinés.
Les personnes âgées bénéficient des robots intelligents capables d'assurer les tâches du quotidien.
Le système de transport sera enrichi par les voitures autonomes, et par les avions autonomes.

Les tâches manuelles effectuées par les humains peuvent être remplacées par des robots, offrant aux humains l'opportunité d'avoir une autre qualité de vie.

 


L'intelligence artificielle a déjà modifié en profondeur notre société, chaque profession témoigne de ces changements, dans tous les domaines. Les entreprises jouent en première ligne, pour intégrer cette révolution.
L'intelligence artificielle dépasse les robots spectaculaires. L'intégration de l'intelligence artificielle est progressive, constante, changeant en profondeur les entreprises, et la vie individuelle et collective.

 

big data

 

Risques de l'intelligence artificielle


Les progrès de la technologie ont aussi des résultats négatifs. La révolution de la numérisation s'accompagne déjà de profonds changements, à l'exemple des ordinateurs capables de produire des résultats précis, qui remplacent les humains.


Stephen Hawking, Elon Musk, Steve Wozniak, Bill Gates et de nombreux autres grands noms de la science et de la technologie ont exprimé leur inquiétude sur les risques posés par l'IA. Les chercheurs déclarent que la quête de l'IA forte finirait par entrainer l'humanité dans des scénarios dignes de la science-fiction. À à la Conférence de Porto Rico 2015, les experts parient qu'une IA forte pourrait voir le jour avant 2060.
L'intelligence artificielle met en question le concept même du travail humain. Dans les scénarios optimistes, les humains peuvent déléguer aux machines intelligentes les tâches nécessaires pour la production, et bénéficier d'une vie meilleure. Dans le scénario pessimiste, les personnes perdront leur capacité de travailler, et le taux de chômage pourrait grimper.

L'apparition de l'intelligence artificielle dans notre société suscite des questions juridiques sur la responsabilité. Un robot est-il responsable de ses actes ? Est-ce la responsabilité du fabricant ou la responsabilité de celui qui dirige la machine intelligente ?
À court terme, l'IA occupera une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne avec son cortège de risques relatifs à la sécurité et au contrôle : piratage d'un portable, d'une voiture, d'un avion, d'un pacemaker, d'un réseau électrique ou d'un système bancaire.

Que se passera-t-il quand un système d'AI devient meilleur que l'homme ? Comme l'a souligné Good en 1965, une telle structure pourrait profiter d'une auto-amélioration, déclenchant une explosion d'intelligence laissant l'intellect humain loin derrière. L'apparition d'un ensemble d'IA forte serait un grand événement de l'histoire de l'humanité, pourrait aider à éradiquer la guerre, la maladie et la pauvreté, ou mettre les humains en réelle difficulté par l'apparition d'armes autonomes intelligentes, par le chômage de masse ou par les ravages de notre écosystème.


Les médias à sensation exploitent la peur de l'avenir, et la peur des machines. Les articles sur ce sujet sont impressionnants accompagnés d'une photo d'un robot maléfique muni d'une arme. En réalité, ce scénario que les chercheurs en AI désignent comme le moins inquiétant. Un robot ne peut être ni méchant ni agressif, il ne peut être que compétent ou pas, il ne portera jamais une arme, ne risque pas d'effrayer les enfants pour se faire plaisir. Une voiture autonome ne quittera pas la route pour voler les nains de jardin des voisins ni pour harceler leurs chats.
La principale préoccupation ne devrait pas être les robots, mais l'intelligence. L'intelligence permet le contrôle, c'est le vrai danger. Le problème du contrôle de la super intelligence est difficile à résoudre, c'est une question scientifique, philosophique et éthique à la fois, d'autant qu'il s'agit d'un problème global intéressant toute l'humanité.
Le contrôle, et la sécurité, voilà les deux sujets inquiétants concernant l'apparition de l'intelligence artificielle.
L'intégration de l'intelligence artificielle exigera de notre société des réponses difficiles, et de profonds changements. Dès l'apparition de la première machine dotée d'une intelligence artificielle forte, une révolution se mettra en place.


Les questions posées par l'AI sont légitimes, loin des mythes et de la science-fiction : quel genre de futur voulons-nous ? Devrions-nous développer des armes autonomes ? Qu'aimeriez-vous faire avec l'automatisation intelligente ? Quel conseil de carrière donnez-vous aux enfants de demain ? Préférez-vous que de nouveaux emplois remplacent les anciens, ou une société sans emploi où tout le monde profite d'une vie de loisirs et de la richesse produite par les machines ?

 

 Allons-nous contrôler les machines intelligentes ou vont-elles nous contrôler ?
Que signifie l'être humain à l'ère de l'intelligence artificielle ?
Comment pouvons-nous faire pour que les humains connaissent un avenir meilleur ?

 

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Voir Venise et mourir ! Oui mais plutôt hors saison

noel venise

 


Depuis de nombreux siècles, on redoute la disparition de Venise sous les eaux. Venise est heureusement toujours là, mais, comme pendant les siècles de son histoire, elle est entourée de danger et d'incertitudes.

 

Venise va plutôt bien en dépit des touristes

En oubliant les articles de journaux, les déclarations alarmantes, si vous effectuez un séjour à Venise, vous allez rencontrer une ville propre, sécurisée, organisée, modernisée, des monuments protégés et restaurés, et un transport efficace. Les musées sont entretenus, les trésors bien exposés, restaurés et entourés par les moyens de conservations et de sécurité les plus modernes.
Certaines traditions sont respectées. Pendant les messes, les églises sont fermées aux touristes.   Les commerces existent en dépit des hordes de touristes, pour vendre les spécialités locales (pâtisserie, mercerie).

À Venise, on mange bien, on rencontre des touristes du monde entier, on peut se promener même la nuit et même demander aux habitants le nom d'une rue ou une adresse.  
Si la France reçoit 80 millions de touristes par an, Venise accueillait 28 millions touristes en 2015 et autour de 30 millions en 2017. La Cité des Doges voit son histoire, son architecture, et la vie quotidienne de ses habitants, bousculés.


Les Vénitiens sont assiégés par les touristes. La population du centre-ville s'est réduite d'un tiers, 250.000 en 1900, à 190.000 habitants en 1946 puis 55 000 habitants actuellement.


Le tourisme génère 1,5 milliards d'euros par an, mais les inconvénients sont là : les commerces de proximité laissent place à une étrange association entre magasins de luxe, et boutiques de pacotilles. Les Vénitiens résistent malgré tout. À quelques mètres des vitrines élégantes de Chanel ou Prada, vous admirez la vitrine d'un boulanger ou d'un traiteur proposant des spécialités italiennes.

Le tourisme fait vivre 30.000 personnes et rapporte à la municipalité deux milliards d'euros par an : 65 % de la population survit grâce aux millions de touristes. Il y a 400 hôtels sur la lagune et 250 restaurants de toutes catégories.

 

Tourisme : richesse et problème à la fois

L'Unesco a accordé deux ans, jusqu'en 2019, avant de classer Venise dans le patrimoine mondial de l'humanité à la condition de mesures pour contenir les hordes insouciantes de touristes.  
La mairie a promis à l'UNESCO de gérer le flux touristique en deux ans : cent policiers supplémentaires, blocage des ouvertures de points de vente de restauration rapide, limitation des chambres d'hôtes, accès prioritaire des résidents sur les vaporetti (90 stations), pas de circulation en vélo, plus de pique-nique sur les ponts, interdiction de nourrir les pigeons.


Venise ne devrait pas devenir une nouvelle Disneyland, discutent les habitants. Les visiteurs d'un jour exploitent les charmes intemporels de Venise, se bornant aux quartiers proches de Saint-Marc et négligeant les autres sites et les galeries d'art.
Comme disait Mary MacCarthy :

"la Venise des touristes est un accordéon de cartes postales ", sans oublier les 400 gondoles noires, " un divertissement pour crétins ", écrivait Paul Morand.

 

gondole venise tourisme masse

 

Venise : un joyau inégalé au monde

Les autorités n'hésitent plus à sanctionner les touristes qui nagent ou qui se jettent dans les canaux, qui attachent des " serrures amoureuses " aux ponts, qui pique-niquent l'été dans les lieux publics, qui font du vélo en ville. Les amendes peuvent aller jusqu'à 500 €.


Le tourisme demeure primordial pour Venise pour des raisons économiques et culturelles. Venise désire jouer encore son rôle de première place de rencontre culturelle en Europe.
Les choix s'orientent-ils pour le moment, à privilégier la sélection par le coût. Venise devient une destination touristique coûteuse. Les prix élevés (20 euros pour visiter monuments, ou musées). Un touriste qui séjourne deux ou trois jours à Venise se doit de disposer d'un pouvoir d'achat qui dépasse la moyenne.


D'autres pistes peut-être ; Inviter à modifier le comportement des visiteurs. Insister sur le fait qu'il s'agit d'une ville d'art et de culture et non pas d'une plage sur la mer Adriatique. Venise multiplie les expositions permanentes d'art moderne au voisinage de ses prestigieuses collections d'écoles vénitiennes : Tintoret, Véronèse, Bellini, Canova.

 

venise canova


Suffisant ?
Les opinions divergent. Si les prix et les taxes peuvent réduire le nombre des envahisseurs. La question des touristes qui passent quelques heures à Venise à faire des photos et à fréquenter les lieux les plus célèbres demeure sans réponse, de même les paquebots de croisières qui traversent le canal.         


Réserver l'entrée de Venise ? Faut-il limiter l'accès des touristes au centre-ville ? Ou suivre les traces de Barcelone, dont le maire a ouvertement appelé les touristes de ne plus venir sans réelle efficacité.  


Éviter le voyage pendant la pleine saison devient un geste utile et pratique pour préserver cette ville.


En attendant, passer quelques jours à Venise est un plaisir pour les yeux, et hors saison, loin des hordes de touristes, assure un séjour réussi.

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Après l'affaire Weinstein

harcelement travail

 

 


Quand j'entends l'épouse d'un ami médecin lui conseillant de faire attention avec sa secrétaire et avec ses patientes, je ne savais pas quoi répondre ;  dommage collatéral de l' affaire Weinstein ?

Fin d'un modèle de relation homme- femme ?

A travers l'histoire, le contrôle de la sexualité était confié à la religion, et à la culture.
Depuis de nombreuses années, la société occidentale optant pour la liberté individuelle a changé de modèle. Amour, intimité et sexualité ne sont plus un sujet tabou, mais des idées précieuses pour une bonne qualité de vie, pour le bonheur individuel.
Au premier regard, on peut penser que la femme semble avoir gagné le pouvoir de piloter sa sexualité en occident. Elle choisit ses partenaires, sa grossesse, son plaisir sexuel, et son destin individuel. Les femmes sont à égalité avec les hommes, ont le droit à une expression libre jamais aussi présente, que par le passé.
 
Au début de ce 21ème siècle, le désir féminin serait la métaphore du pouvoir des femmes dans la société moderne (rapports Hite des années 2000).  Cette nouvelle libération de la sexualité féminine est le symbole de ce nouveau pouvoir féminin, dépassant la honte du corps, revendiquant le droit au plaisir.
Cette sexualité " nouvelle " permet même, un sens personnel du bien et du mal, les seules limites sont le libre choix et le libre consentement sans moralité pré-établie comme on le peut lire dans les livres de la nouvelle romance ou voir dans certaines séries télévisées. Puis une affaire!!

 

Affaire Weinstein


Le retentissement de cette affaire démontre une première nouveauté : la fin de la spécificité française vis-à-vis des faits divers américains.
La deuxième nouveauté est que les réseaux sociaux peuvent avoir leurs avantages et leurs inconvénients, y compris sur le plan collectif. La parole féminine s'est répandue par les réseaux sociaux sans contrôle ni restriction.  Certains médias voyaient dans cette parole une libération, d'autres ont jugé cette parole dangereuse et contre- productive en raison de l'anonymat, de l'impossibilité de vérifier.     

Cette parole anonyme peut avoir une vertu thérapeutique, mais comme écrit le RTBF le 06 novembre 2017 :
" Il y a aussi un danger derrière ces révélations en cascade. Aujourd'hui, en un tweet, l'on peut condamner un homme sur Internet, en quelques phrases, sans procès, sans défense, sans jugement. Catherine Deneuve, l'une des plus grandes actrices françaises, a même qualifié de "terribles" ces dénonciations publiques. "

De nombreuses journalistes-femmes ont signalé le danger de ces accusations anonymes, insistant qu'il ne s'agissait pas d'une agression contre les hommes, et qu'un harceleur ne devrait pas faire oublier les milliers d'hommes décents et respectueux des femmes.  

Si la condamnation de viol et de harcèlement était sans nuance ; la confusion, et la généralisation peuvent déjà être intériorisés par certains hommes.
Une journaliste dans The Irish times écrit le 13 octobre :  
" Je comprends que des hommes peuvent se plaindre de ces réactions exagérées. Ces femmes personnalisent les problèmes pour pouvoir en discuter. "
Des médias français ou anglo-saxons se montraient compréhensifs vis-à-vis de ces réactions ; en face on trouve des médias hostiles qui titrent, à la façon de Fox news le 7 décembre 2017 : " les hommes sont tous à la merci d'accusatrices anonymes. "  

Nouveau modèle à inventer  

Cette affaire Weinstein et ses retentissements médiatiques risque de laisser des traces sur les relations hommes-femmes dans notre société.
Après le temps médiatique et les messages anonymes, vient, légitiment, le temps judiciaire pour juger les coupables d'agression, de harcèlement, et les fausses accusations.  On peut faire confiance à la neutralité et au professionnalisme de notre système judiciaire.  

Hors du champ judiciaire, de nombreux médias se posent la question si la réaction à ses affaires aura une incidence sur les femmes au travail.
Selon le New York Times, il peut y avoir des " conséquences involontaires ", les hommes évitant les réunions à huis clos ou les réunions d'affaires en dehors des heures de bureau avec des collègues féminines. Les hommes peuvent hésiter à employer ou à engager des femmes pour éviter toute apparence d'inconvenance.

D'autres pensent que les hommes peuvent avoir une réaction d'hypervigilance,  s'éloignant des femmes,  évitant leur présence ou s'entourant d'un témoin pendant un examen médical ou une réunion,  ou refusant toute activité avec une femme, même sportive ou sociale.

Certains hommes influents évitent déjà toutes interactions avec les femmes par précaution.  Le journal the The Atlantic souligne " le progrès des femmes dans la société risque de souffrir et aucune loi ne peut remettre la confiance entre les hommes et les femmes en marche ".

 

Faut changer quelques choses

Un article du journal Ouest France du 24/10/2017 tente une conclusion utile :


" C'est un constat de faillite en matière d'éducation à la relation à l'autre sexe. Dans notre société qui se dit - à travers les médias audiovisuels, les journaux et les magazines - "?sexuellement libérées?", les victimes qui prennent la parole témoignent de la perpétuation d'une aliénation profonde : celle des femmes (mais pas uniquement) comme objet de satisfaction sexuelle, et celle des hommes (mais pas uniquement) comme manipulés par leurs pulsions. "


Le modèle de relation homme-femme présent dans notre société depuis les années 2000 mérite d'être analysé et corrigé.  


Espérons que ces analyses ne mèneront pas vers un modèle répressif ou moralisant,  et que ces épisodes ne se terminent pas par une hostilité croissante entre les deux sexes comme dans certains pays avec une traduction sociétale ou même électorale.

 

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Le bonheur d'être adolescent aujourd'hui

tanguy film Chatiliez


 

 

Dans son étude de 2015, l'Inserm nous offre une image différente des adolescents, loin de l'image fainéante et désinvolte d'une génération désenchantée et égoïste. Selon cette étude, les adolescents sont confiants dans l'avenir, pour 50 % d'entre eux, étude réalisée sur 15.000 jeunes de 13 à 18 ans.
Cette étude dessine les contours d'une génération loin du cliché de l'ado matérialiste et égoïste, 88 % d'entre eux considèrent que leur bonheur passe par la créativité et par de bons résultats scolaires.

Dans cette étude, les adolescents s'interrogent sur eux-mêmes. 38 % pensent que la vie ne vaut pas d'être vécue, 75 % des filles et 57 % des garçons préfèrent l'isolement et le repli sur soi en cas de mal-être. 7,8 % des ados ont déjà tenté de se suicider en raison de leur mal de vivre. La dépression touche une adolescente sur cinq.


L'image du corps reste problématique pour 40 % des adolescents. La partie du corps la plus dévalorisée chez les garçons et les filles est le ventre, suivi des cuisses, du nez et des seins.

Cette étude réaffirme que les adolescents sont généralement en bonne santé, prennent soin de leur hygiène, ils sont à l'aise dans leurs relations avec leurs parents, soucieux de leur scolarité, et responsable dans leur sexualité.

La société véhicule une image caricaturale des adolescents, matérialistes, accros à leurs portables, déconnectés de la réalité, désabusés, et décérébrés. Les résultats des études confirment que les filles apparaissent matures et lucides plus tôt que les garçons, et que l'adolescence demeure une période de bouleversement psychologique et physiologique. Cependant 48 % des adolescents expriment une confiance dans l'avenir, surtout les garçons 58,6 %, et 38,9 % des filles. Les adolescents français privilégient dans leurs loisirs, le sport, la musique, Internet, et les jeux sur ordinateur. 88 % des adolescents sont actifs sur les réseaux sociaux. Pour une grande majorité, l'école est jugée fatigante, stressante et pénible, mais essentielle.

Au contraire des clichés, 90 % des filles et 85 % des garçons considèrent que leur propre valeur ne dépend pas du nombre d'objets qu'ils possèdent, mais de leurs résultats scolaires et de leur créativité. Parmi les adolescents français, le laxisme n'est pas sollicité. 75 % des adolescents reconnaissent avoir besoin d'une autorité et de limites.

Concernant leur santé, 89,9 % des jeunes sont satisfaits, le médecin fait partie de leur environnement. La santé mentale des adolescents semble moins satisfaisante que la santé physique. La dépression touche 16,8 % des filles et 7 % des garçons. Le risque suicidaire est plus élevé que la génération précédente, les tentatives de suicide sont plus fréquentes, leur taux s'élève à 7,8%.

Le tabac, alcool, cannabis ce sont les substances les plus citées dans la consommation des adolescents.
À 12 ans, la moitié des adolescents se déclare avoir déjà été amoureux, à 18 ans, 37 % affirment avoir déjà eu des rapports sexuels. La sexualité adolescente est responsable, en ce qui concerne l'utilisation des moyens de protection, et de contraception, dans 86 % des cas.

 

phenomene tanguy

 

Sortie tardive de l'adolescence : Tanguy


Comment oublier le film Tanguy d'Étienne Chatiliez en 2001 ?
Cette comédie devient de plus en plus une tendance selon les études actuelles.   Pour Paul et Edith Guetz, un riche couple de cinquantenaire, Tanguy, leur grand fils modèle de 28 ans, qui vit toujours au domicile familial, devient un problème.


Dans la société occidentale, les adolescents semblent prendre leur temps pour devenir adultes, et acquérir leurs autonomies. Si les adolescents actuels sont plus responsables et plus raisonnables que la génération précédente, ils sont moins préoccupés par leur autonomie, et leur entrée dans le monde adulte selon les études actuelles. Cette tendance a été étudiée par de nombreux sociologues américains comme David Finkelhor.

Selon certains chercheurs, les adolescents paresseux, cherchent à éviter les charges de la vie adulte, pour d'autres les adolescents sont plus vertueux que leurs parents, mais cherchent à éviter les problèmes autant que possible.


Cette tendance à prolonger l'adolescence s'accompagne par de phénomènes étranges comme ne pas boire de l'alcool, ou d'éviter les relations sexuelles pour éviter le risque sanitaire ou émotionnel.
L'adolescent actuel consacre moins de temps aux devoirs scolaires que les adolescents des années 90. Il ne s'agit pas réellement un problème de manque de temps.

Travailler, conduire, boire de l'alcool, avoir des relations sexuelles et des rencontres sont des activités adultes que la jeune génération essaye de retarder. On peut parler des adolescents qui ne veulent pas grandir. Ce phénomène est présent dans tous les milieux socio-économiques.
Peut-on trouver l'explication dans notre mode de vie, où les adolescents sont protégés, surveillés par les parents ? Le terme adulte ne semble pas séduire les adolescents, au contraire, pour certains, le terme adulte signifie problèmes et risques. Dans notre mode de vie actuel, où les enfants et les adolescents sont protégés, l'entrée dans le monde adulte devient plus difficile. L'apprentissage à la consommation d'alcool devient différent que la génération précédente. Les adolescents d'aujourd'hui souffre d'une consommation alcoolique excessive et subite, ils ont plus de mal à ajuster leur consommation par manque d'apprentissage.


Aux États-Unis, on note que les adolescents évitent de conduire, ou de sortir, pour éviter d'avoir un accident, pour éviter d'être responsable. Le corps enseignant souligne également un phénomène récent où les adolescents sont incapables de prendre une décision, se réfèrent systématiquement à leurs parents. Dans certains cas, les directeurs des établissements scolaires sont obligés d'appeler les parents pour prendre des décisions concernant leur adolescent même quand il s'agit du choix d'une simple activité scolaire.
Certains auteurs pensent que le développement physique et émotionnel des adolescents d'aujourd'hui est plus lent, et que la protection parentale retarde le contact de l'adolescent avec le monde extérieur.
Si le séjour prolongé de l'adolescent dans le foyer parental peut le protéger de nombreux risques, cette protection parentale peut le priver de développer certaines compétences indispensables pour la vie adulte, comme l'autonomie, les compétences sociales, et les compétences décisionnelles.


Le rôle des parents est toujours primordial, savoir protéger, comme savoir inviter l'adolescent à développer ses compétences et son autonomie.


Pour les parents, cela pourrait signifier faire un effort concerté pour pousser nos adolescents à chercher leur autonomie.

 

Réf :
https://presse.inserm.fr/le-nouveau-visage-de-nos-adolescents/18400/
Jean Twenge, Why today's teens aren't in any hurry to grow up, San Diego University, sept 2017

 

 

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Quand le social-libéralisme à la française échoue

hollande bourget 2012

 

 

 

20 ans après Tony Blair, Hollande a tenté d'introduire une dose de social-libéralisme au sein de la famille socialiste. A la différence du Parti travailliste anglais, les guerres internes des socialistes français, leur indiscipline, et le manque de leadership de Hollande ont fini par un échec sans précédent. Le parti socialiste est dans un état de mort clinique.


Quand Hollande décide, dans l'espoir d'éviter l'échec économique, de s'éloigner du socialisme à la française pour appliquer les recettes du social-libéralisme, il lui a manqué le travail indispensable de théorisation et d'explication.


L'ère Hollande se caractérise par une désintellectualisation du parti. Il n'y a plus d'idées au PS ?  Si, mais des idées surannées qui n'ont pas intégré l'individualisme, le mode de vie actuel, et les mutations culturelles et économiques engendrées par la mondialisation et la numérisation.


Le discours socialiste fondé sur la justice sociale, sur la redistribution, et sur les droits individuels se trouve piégé dans une société individualiste, dont la majorité réclame de en plus de droits. Le parti socialiste a abandonné le travail intellectuel indispensable pour donner un sens à ces propositions politiques. La justice sociale devient un slogan et n'est plus la réalité, l'égalité devient une égalité entre les hommes et les femmes, égalité dépassant l'orientation sexuelle.

Ce discours schizophrène est loin de la synthèse prétendue de François Hollande, c'est un discours de division et de contradictions intellectuelles. Les socialistes ne pouvaient dépasser leurs fractures idéologiques, par conviction, et aussi par clientélisme.

Après le discours du Bourget 2012, on découvre un François Hollande qui refuse la synthèse, qui refuse de théoriser sa politique, et qui se lance dans un discours vide de sens, inapplicable en désignant la finance comme son adversaire. Ce discours électoraliste laisse penser à la première lecture que la France allait refuser l'austérité, allait faire plier l'Europe (l'Allemagne) sur les questions de rigueur budgétaire.
Rapidement, Hollande oublie ses promesses, pas de renégociation du traité de stabilité budgétaire européen, aggravation sans précédent de la pression fiscale, aucune réforme, puis crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE).  
Il est difficile de savoir si le changement d'orientation économique à partir de la fin de 2013 traduit une conviction libérale chez François Hollande, où il s'agit d'une réponse à l'absence de résultats économiques, et à l'échec traduit par un taux de chômage record.


Pour stimuler l'activité économique, les socialistes vont appliquer des recettes anciennes comme les contrats de génération, les emplois jeunes, cela pour masquer l'absence de réformes économiques structurelles. En sous-estimant la réaction des Français à la hausse de la fiscalité basée sur la classe moyenne, le gouvernement se voit obligé de faire des réformes structurelles de type socio-libérale sans préparation, et sans le dire.


L'écart entre le discours de campagne et les politiques publiques de plus en plus nettement sociales-libérales a entériné le divorce des classes populaires mais aussi d'une partie des classes moyennes avec le PS.


Le social-libéralisme à la française échoue par manque d'efficacité, par manque de conviction, par manque de préparation, et de réflexion, par manque de leadership au sein du parti socialiste.

 

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Avez vous pensé au Brexit en votant Macron ?

brexit

Selon les médias anglais, comme le journal Independent ou le Guardian, le brexit semble difficile, en supposant qu'il soit possible, va entraîner un coût important, et des complications politiques pour la Grande-Bretagne. L'échec des conservateurs au pouvoir dans les élections de 8 juin donne une idée sur le doute qui commence à gagner les citoyens britanniques.
Sur le continent, la victoire des eurosceptiques en Angleterre a déclenché l'alarme dans les autres pays européens, y compris en France. Les Français ont décidé le 7 mai d'envoyer à l'Élysée un président europhile avec 66 % du vote, en s'éloignant nettement des partis populistes anti-européens, et en confirmant leur attachement à l'Europe. D'autre part, les Français ont manifesté pendant l'élection du 7 mai leur refus d'abandonner l'Euro.


Le Brexit a joué probablement un rôle, en exposant aux peuples européens les difficultés de la politique britannique à trouver une solution valable en cas de sortie de l'union européenne. Après le Brexit, les mouvements populistes anglais comme Ukip désertent progressivement la scène politique, ni député élu, ni tête d'affiche, leurs discours populistes électoralistes aussi.


Le gouvernement britannique actuel est affaibli après les élections du 8 juin. La commission britannique n'a pas encore donné son point de vue sur ses relations futures avec l'europe. Vont-ils rester dans l'union douanière pour préserver les intérêts des entreprises britanniques, dans ce cas, la Grande-Bretagne doit accepter les traités européens, et le Brexit sera sans valeur, ou avec des unions douanières particulières comme pour la Turquie, ou choisiront-ils le modèle norvégien d'affiliation à l'espace économique européen, ou le modèle suisse à travers des accords bilatéraux ?


En prenant l'option de la Turquie, l'union européenne pourrait signer des accords de libre-échange au nom de la Grande-Bretagne. En prenant l'exemple norvégien, l'Angleterre devrait accepter les lettres du marché unique, la liberté de circulation, la juridiction européenne et la contribution au budget de l'union.


Aucun de ces modèles ne peut répondre aux discours des eurosceptiques qui cherchaient à travers le Brexit une souveraineté retrouvée. Les Britanniques découvrent la complexité de la souveraineté à l'ancienne dans un monde économiquement globalisé.


Le Brexit est qualifié par de nombreux journalistes britanniques et par des hommes politiques comme une aventure, une sorte de coup de tête encouragé par les populistes et les eurosceptiques soutenus par certains médias. Les Français ont refusé cette aventure, donnant à l'Europe une deuxième chance. Les Français savent que l'Europe aura du mal à exister sans la France.


Le lendemain de l'élection française, l'ambiance en Europe était au soulagement. Les Français ont donné un coup d'arrêt à cette vague populiste, ont choisi la patience et la colère.


Est-ce que les lecteurs français pensaient à ces difficultés du Brexit en votant pour le président Macron à 66 % ? C'est probable.

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Présidence Hollande : échec économique

hollande echec

 

 

Deux dates résument la présidence de François Hollande : le 15 mai 2012 et 1er décembre 2016.
Pourtant, tout avait pourtant bien commencé en ce jour du 15 mai 2012. Les Français avaient décidé de choisir un président qui n'avait jamais eu de fonctions ministérielles, et de mettre fin à la présidence impopulaire de Nicolas Sarkozy.


Les français saluaient également la réussite des élections primaires socialistes en pensant qu'il s'agissait d'un acte démocratique. Ils n avaient pas deviné l'étendue de la guerre interne au sein du parti socialiste, entre son aile gauche et son aile droite, cette guerre allait emporter François Hollande et le parti socialiste en 2017.
Le 1er décembre 2016, François Hollande apparaît à la télé pour annoncer aux Français sa décision de ne pas briguer un second mandat en 2017. Lucide, digne, il avoue ainsi son échec personnel et politique. En effet cet échec économique et social l'entraîne dans des abîmes d'impopularité insurmontable, et paralysante.

Echec économique : manque d'efficacité et idéologie  


L'échec de François Hollande est avant tout économique, chômage trop élevé et ras-le-bol fiscal.  Il est injuste d'incriminer un homme seul, c'est l'échec des socialistes, des cadres du parti comme des députés. Au début du quinquennat, la gestion économique du pays fut hasardeuse et surannée. La gauche arrive au pouvoir avec des idées fausses, sur l'économie et sur la finance, des idées de 1990.


Ils pensaient qu'il suffisait d'augmenter les impôts pour redresser les comptes publics, injecter de l'argent public et refaire des emplois aidés pour mettre la croissance sur les rails.
Pression fiscale sans précédent, la France de François Hollande est devenue parmi le pays le plus imposé en Europe. Les socialistes ont parlé idéologie et justice sociale sans apercevoir le vrai problème de l'économie française : sa compétitivité.
Il a fallu plusieurs mois, presque un an, avant d'ajuster la politique gouvernementale pour aider les entreprises et réduire l'hémorragie des emplois. Mais le diagnostic n'était pas partagé ; lorsque le gouvernement tente d'améliorer la compétitivité des entreprises, les frondeurs socialistes font pression pour continuer la politique de redistribution sociale et de pression fiscale sans réformer le pays.


Pendant sa présidence, l'équipe de François Hollande a démontré son manque d'expérience du pouvoir, et son manque de décision : flottements, hésitations, politique économique en échec.
La politique économique de François Hollande manquait de clarté, et d'efficacité. Les relations du gouvernement socialiste avec les entreprises étaient mal engagées, en raison de mesures politiques, et fiscales destinées à satisfaire un électorat de gauche, qui réclamait en même temps la baisse du chômage.


Après le changement de cette politique, les solutions furent peu efficaces et bureaucratiques. Par exemple, le paiement du crédit d'impôt destiné à aider les entreprises était différé, les entreprises ont différé la décision d'embauche en raison de contraintes de trésorerie. Pourquoi créer ce système de crédit d'impôt et ne pas baisser les cotisations sociales ? La réponse est à la fois idéologique et pratique. L'État cherchait à gagner un an avant que l'abattement ne se fasse sentir sur les comptes publics, et de baisser les cotisations selon une orientation idéologique, précise (lutter contre le temps partiel et la précarité).
Le choc de simplification est un échec, après le départ de Hollande, le bulletin de paie en France demeure l'un des plus complexes en Europe.        


François Hollande comme Nicolas Sarkozy avait une vision ancienne, surannée de l'économie, fondée sur le budget et la fiscalité, oubliant la compétitivité, et les mutations de l'économie.
Pour certains socialistes, l'échec du quinquennat s'explique par le refus d'assumer l'orientation sociale-libérale pour d'autres, cette orientation est la cause du rejet des Français de la gauche. C'est une discussion théorique si on omet le mot clé en économie : l'efficacité.


Les français ont jugé sévèrement cet échec pendant les dernières élections de 2017. 

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Bonheur individuel ou bonheur collectif

crise individualisme

Les débats de la dernière élection présidentielle française peuvent être interprétés comme un questionnement sur notre modèle de société, sur le bonheur individuel ou bonheur collectif. Le modèle social français est la traduction de cet équilibre recherché entre l'individuel et le collectif.

individualisme nacrissisme

Plusieurs siècles d'individualisme


" Le bonheur terrestre est où je suis" disait Voltaire dans son poème ", Le mondain" en 1736.


Les égyptiens et les Grecs privilégiaient l'harmonie collective au bonheur individuel. Le bonheur individuel pour Platon, Confucius ou bouddha ne peut être conçu en dehors d'une cité, d'une communauté.
Pour les philosophes du XVIIIe siècle, le bonheur individuel promis dans la déclaration d'indépendance américaine, et dans la déclaration universelle des droits de l'homme devenait un grand projet. Améliorer le bien-être individuel dans une société plus juste et plus respectueuse des personnes.


Au début du XXe siècle, le retour du bonheur collectif réapparait sous forme d'idées communistes galvanisant les personnes qui croient que le bonheur collectif devrait être un idéal pour chaque humain.
À la fin des années 60, on note une extension des libertés individuelles dans une société de compétition et de consommation. Les individus deviennent occupés par eux-mêmes, par la satisfaction de leurs propres désirs, par l'espoir de s'enrichir et de réussir. Pour la première fois, le lien entre le bonheur individuel et le bien commun est rompu.

individualisme

Les critiques de l'individualisme


Dans son essai " L'Ère du vide " Gilles Lipovetsky analyse cette seconde révolution individualiste. L'individu qui était imprégné de grands idéaux collectifs, devient progressivement individualiste occupé par la quête d'un plaisir immédiat, d'une réussite personnelle, et de la défense de ses propres intérêts.
Dans les années 2000, Michel Houellebecq ne se montre pas tendre non plus, avec des personnages individualistes, égoïstes, apathiques, frustrés, cyniques, hédonistes, narcissiques et désabusés. Dans ses romans, Houellebecq cherche les limites de cet individualisme, qui risquerait, selon son approche, de mettre les liens humains en danger, y compris les liens les plus intimes, les liens du couple et de la cohabitation entre hommes et femmes. Avec un pessimisme excessif, il décrit une société dangereuse où les désirs instinctifs sont libérés produisant un nihilisme sans précédent.
Dans ces années, d'autres courants de pensée ont commencé à gagner leur place en Occident, comme les courants du développement personnel, la psychologie positive, le retour d'une certaine sagesse orientale. La conscience écologique est parfois utilisée pour montrer les limites de ces courants individualistes.
Depuis quelques années, certains courants politiques de gauche comme de droite, nationalistes, souverainistes critiquent l'individualisme au nom de la solidarité ou au nom de l'état-nation.      

egos moi individualisme egotisme facebook

Le bonheur collectif et le modèle social


Aujourd'hui les catégories sociales sont bousculées, les ouvriers sont moins nombreux, privant le communisme de sa classe laborieuse, les femmes travaillent de plus en plus, les rôles sociaux éclatent, les institutions de socialisation comme la famille ou l'école se transforment. Les politiques sociales se déplacent vers l'individu.
Les liens primaires (famille, village, travail) ont disparu. Les liens sociaux, liés aux solidarités de classes et d'appartenance religieuse et sociale, sont fragiles. L'égalité s'oppose à l'autorité, l'ouverture s'oppose à la fermeture, le droit au devoir.  La société moderne est paradoxale : l'individu est célébré pour son autonomie, mais l'individualisme est perçu comme un vice, comme un égoïsme, comme une destruction du lien social.  


L'individualisation est devenue une valeur, la démocratie doit considérer sérieusement cette donne, au risque de perdre le soutien des électeurs.


Comment faire quand l'individu préfère la propriété, le parcours individuel à la contribution collective ? Les décisions autoritaires comme augmenter les impôts au nom de la solidarité ou de l'égalité, finissent par rendre le pouvoir impopulaire, et les sanctions électorales suivent.


Comment l'Etat-providence peut-il demeurer garant du bien-être commun et individuel quand l'individu contemporain se montre sceptique à l'endroit de l'Etat et de son efficacité. Les Français critiquent l'état et tissent désormais des réseaux sociaux où l'affectivité et l'entre-soi prévaudraient sur le grand collectif sous forme d'associations, et de réseaux d'entre-aide.

Pour se développer dans nos sociétés, l'individu a besoin d'être soutenu par un système politique personnalisé. Les droits sociaux ne peuvent plus être vus comme des formes d'assistanat généralisé ou égalitaire, mais plutôt comme des leviers de reconnaissance et d'expression individualisés. L'Etat social pourrait fournir un cadre collectif propice au développement de l'individu : formation professionnelle, accompagnement, médiation, aide en cas d'accidents etc.

Le modèle social pose la question de l'individuel et du collectif. Quelles sont les limites entre l'individualisme et la solidarité ?
Comment le modèle social pourra-t-il prendre en compte la vie personnelle, et ses aléas, comme les problèmes liés à la séparation des couples, et la nécessité pour les parents de trouver des solutions sur le plan personnel et professionnel. Le modèle social devrait également répondre aux besoins grandissants en formation et apprentissage dans une société en constante évolution.


Dans une société individualiste, il est important de personnaliser la solidarité, et de mieux fixer les limites entre l'individu et le collectif.

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Se laisser gagner par l'optimisme, l'espoir de réussir

macron optimiste

 

L'optimisme est une attitude mentale, sociale et culturelle qui prévoit sans raison valable des conséquences positives. Le pessimisme est le contraire, c'est une attitude mentale, sociale et culturelle qui redoute, sans raison valable des conséquences négatives et ou désastreuses.     
Une attitude optimiste peut améliorer la santé, en réduisant l'anxiété et le stress, peut améliorer les résultats scolaires et académiques, et peut favoriser de meilleures relations avec les autres. Les étudiants optimistes bénéficient de résultats académiques plus favorables que les pessimistes, et sont capables d'élaborer des projets et de réussir plus que les autres.

Espoir ou optimisme ?

Dans de nombreuses études, on pose la question sur la différence entre espoir et optimisme. Dans une étude, qui va être publiée en octobre 2017, dans le journal Personality and Individual Differences, les chercheurs psychologues à l'université de médecine de Chicago, ont tenté de déterminer si l'espoir et l'optimisme étaient deux constructions mentales différentes.
Pour aborder l'espoir, ils ont utilisé le questionnaire développé par le psychologue Rick Snyder dans les années 1990.
Rick Snyder considérait l'espoir comme un processus cognitif, comme une réflexion capable d'aider les gens à planifier et à poursuivre leurs buts. Pour Snyder, l'espoir est une construction mentale et psychologique qui précède l'acte, en élaborant des chemins et des plans réalisables pour atteindre les objectifs. L'espoir dans ce cas produit de la motivation, cette force motrice indispensable pour réaliser les objectifs désirés.

optimisme motivation


Les chercheurs ont utilisé des tests d'orientation pour mesurer l'optimisme, considéré comme une vision positive de l'avenir, une attitude mentale et philosophique qui ne dépend pas nécessairement d'un projet.
Les résultats de l'étude confirment la présence d'un tronc commun entre optimisme et espoir, cependant, il existe de nombreuses différences entre ces deux attitudes. Les personnes participant à l'étude semblent utiliser les deux composantes selon des stratégies personnelles.


Par exemple, quand une personne sollicite un stage dans une entreprise, il croit à ses capacités et à sa chance d'obtenir ce stage. En cas de refus, une personne optimiste peut poursuivre son projet en sollicitant d'autres stages dans d'autres entreprises. Cette personne a utilisé deux stratégies différentes : en premier temps, elle avait l'espoir d'obtenir le stage, et en deuxième temps, elle avait l'espoir d'obtenir un stage dans une entreprise différente.
Le résultat de cette étude suggère que l'espoir et l'optimisme sont différents, et partiellement comparables. Notre interprétation personnelle modifie notre définition de ces deux entités. Certaines personnes insistent sur la différence de ces deux entités, d'autres personnes préfèrent mettre en premier la similitude de ces deux entités.

citation henry ford

Optimisme et culture : Voltaire, cet incurable pessimiste  

En sortant du plan individuel, domaine privilégié de la psychologie, nous pouvons poser la question sur la société, et sur son manque d'optimisme.
Il existe peu de pays qui sont définis par leurs écrivains. La France est le pays de Voltaire.  
Cependant, Voltaire avec ses doutes et son incurable cynisme, a fini par rendre l'optimisme suspect, en prétendant que l'optimisme est un manque de lucidité et d'intelligence.

Dans Candide, Voltaire ridiculise les thèses du philosophe allemand Leibniz, fervent de l'optimisme comme attitude mentale et philosophique.
Candide, jeune Allemand à l'esprit simple, de naissance noble mais illégitime, a été recueilli par le baron de Thunder-ten-Thronck. Au château, il est l'élève du docteur Pangloss, partisan comme Leibniz d'une attitude optimiste. Voltaire caricature l'optimisme en parlant d'un candide naïf dans son optimisme, qui va être expulsé de son paradis après avoir été surpris par le baron en train d'embrasser Cunégonde, sa fille légitime. Les ennuis commencent pour Candide.
Voltaire s'amusait dans une critique acerbe des optimistes, en envoyant Candide dans des aventures cruelles, exotiques de Buenos Aires à Constantinople, pour démontrer à son lecteur comment la vie éduque les naïfs optimistes. Candide finira par abandonner ses croyances optimistes, en se retirant pour cultiver son petit jardin.


Voltaire, au moment de rédiger Candide, était bouleversé par le tremblement de terre de Lisbonne qui détruisit la ville en 1755, ainsi par la guerre de sept ans. Banni par le roi, il fut sujet d'un profond pessimisme. C'est lui qui écrivait :


 " Un jour, tout sera bien, voilà notre espérance. Tout est bien aujourd'hui, voilà l'illusion. "

Certains philosophes critiquent l'optimisme en disant qu'il semble se référer à quelque chose en dehors de l'homme, que l'optimisme est lié à une notion de possibilité. Certains pensent que l'optimisme peut dépendre des circonstances et de l'environnement.

L'optimisme gagne parfois

En dépit de nos penchants pessimistes naturels, utilisés parfois pour justifier nos peurs, en dépit du fait que nous critiquions plus facilement les optimistes que les pessimistes, les études sociologiques confirment que les gens optimistes attirent les autres. On critique les optimistes par jalousie ou par frustration envers ces gens heureux, ou encore parce que nous trouvons l'attitude optimiste trop limitée dans un monde complexe. La volonté de voir le monde de manière positive est souvent comparée un aveuglement, à une cécité qui ne veut apercevoir que le côté sombre de la réalité.
Dans une société individualiste, l'humain est responsable de plus en plus de son destin. Il est important de se souvenir que l'optimisme et l'espoir sont des attitudes vides de sens sans l'élaboration de plans pour réussir et sans la motivation nécessaire.
Pour échapper au cynisme excessif de Voltaire, et pour ne pas être candide, on peut accepter la définition proposée par nombreuses écoles psychologiques :


" Face à l'incertain, l'optimiste suppose qu'il existe une issue favorable pour agir ".


Référence :  
Drew Fowler, Emily Weber, Scott Klappa,  Steven A. Miller: Replicating future orientation: Investigating the constructs of hope and optimism and their subscales through replication and expansion.
Personality and Individual Differences , 116:22-28 · October 2017

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Hommes blancs en colère votent Trump

trump colere

 

 

Pendant  huit ans, l'Amérique a eu un président afro-américain. Aujourd'hui l'Amérique vient d'élire un président avec un projet et des revendications radicales.


Le sociologue Michael S. Kimmel est l'un des meilleurs spécialistes de la masculinité dans le monde anglo-saxon, il a déjà publié plusieurs livres sur les hommes aux États-Unis et en Angleterre, sur la condition masculine actuelle, le statut des hommes dans la société, dans le couple, et dans le milieu professionnel. À travers plusieurs entrevues, il avait déjà publié des études sur la masculinité, sur la virilité, sur l'homme occidental contemporain, ses problèmes et ses frustrations. Il est connu du monde universitaire, et récemment du grand public, pour ses appels à l'égalité entre les deux sexes en respectant les droits et les besoins de chaque sexe.
En 2013, Michael Kimmel publie un livre de sociologie,  Angry White Men ,  " des hommes blancs en colère " pour analyser la colère qui animent un certain nombre d'hommes  blancs de la classe moyenne, principalement de la classe moyenne inférieure. Il cherche à comprendre pourquoi cette rage, cette violence verbale et cette radicalité. Il commence son étude en refusant l'image donnée de ces hommes par les médias, des perdants violents et racistes. Il détaille les colères d'hommes aux USA, colères contre un système social, économique et culturel, leurs arguments et leurs projets.  

Trump hommes blancs colere

Depuis l'élection de Trump, de nombreux médias cherchent dans ce genre d'études sociologiques de quoi expliquer ce virage. Certains intellectuels avaient déjà prévu le phénomène Trump, comme la conclusion d'une lente accumulation de colères et de frustrations.  Sommes-nous à la conclusion ou au début d'une traduction politique d'un réel mouvement sociologique ?  Si le livre est une étude purement sociologique, il est tout à fait d'actualité dans l'Amérique du président Trump.    


Ces hommes en colère

Les fusillades collectives et les agressions par armes à feu aux États-Unis impliquent généralement de jeunes hommes blancs. Après les fusillades, les médias américains ont discuté les problèmes liés à l'accès aux armes à feu, aux maladies mentales, aux histoires familiales, sans jamais analyser les motivations de ces tueurs, et les points communs entre ces hommes blancs violents et meurtriers. Pourquoi ces hommes blancs de la classe moyenne sont-ils en colère contre la société, le féminisme, le modèle économique, et la culture ambiante ?
Michael Kimmel, par l'intermédiaire d'entrevues, et de rencontres étudie la colère de ses hommes, les motivations, les revendications et leurs points communs. Il formule une première conclusion : ces hommes sont en colère contre un modèle qui les marginalise dans le travail, dans le couple, dans la parentalité. Il dit dans son livre la masculinité américaine (et probablement occidentale) est en train de se transformer, de changer d'époque.
D'où vient cette colère ? Michael Kimmel écrit :

" La colère d'hommes blancs est réelle, profonde et sincère. "

En face d'une société qui les marginalise, ils deviennent conservateurs ou réactionnaires. Ils votent à droite, ou à l'extrême-droite.
Dans son étude, il cherche les motifs de ces colères collectives chez les hommes de la classe moyenne. Il découvre qu'ils ont la nostalgie d'une époque où " être homme " représentait un devoir et un privilège. Ces hommes ne trouvent plus leur place dans la société actuelle, par manque de travail, par manque de perspectives, par les crises économiques successives, par délocalisation, et par déclassement social. Sur le plan sociétal, ces hommes ne trouvent plus leur place dans le couple, dans le rôle de parents. Ils ne sont plus chefs de famille, ils n'ont presque aucun droit dans le couple, et doivent s'adapter continuellement avec un mouvement féministe sans limite.


À la différence de l'approche générale des médias en Occident, l'auteur ne considère pas ces hommes en colère comme une aberration, comme un comportement individuel, mais plutôt comme un groupe ayant certains points en commun. Ces hommes blancs expriment leur colère dans une radicalité vis-à-vis du modèle économique et vis-à-vis du modèle sociétal. Ils sont contre les homosexuels, les considérant comme une atteinte à l'image et au rôle de l'homme dans la société, ils sont contre le féminisme, le considérant comme un facteur de destruction du couple, un moyen de marginaliser les hommes, de les priver de leurs droits dans le couple, et sur les enfants. Ces hommes n'expriment aucun désir de lutte sociale ou syndicale, se drapent dans une radicalité défensive contre les étrangers, contre les multinationales, et contre les changements. Dans ce sens, ils sont conservateurs, individualistes, cherchant dans le passé des solutions pour les problèmes d'aujourd'hui.

Trump hommes


Kimmel souligne l'importance de cette colère masculine, qui gagne de plus en plus les hommes de la classe moyenne inférieure, en raison des transformations économiques et sociales, politiques et culturelles. Presque tous les hommes interviewés dans son livre parlent de " droits bafoués ".  Ces hommes ne croient pas que la politique actuelle est dans le sens de l'histoire et cherchent par les moyens disponibles à influencer la société, y compris par leurs cartes d'électeur.   

Kimmel couvre dans ce livre un certain nombre de motivations de colère, les pères et les droits après la séparation, les lois jugées favorables aux femmes, le chômage, le déclassement social, la situation de l'homme sans emploi dans la famille, la culture médiatique favorable aux minorités et aux femmes, les lois contre la violence conjugale ne prenant en compte que la violence masculine. Dans le cas américain, on trouve également des motivations raciales comme la supériorité de la race blanche ou le port des armes.

Kimmel reconnaît que certaines de ces réclamations sont légitimes. La vie des hommes qui ont participé à son étude était balayée par d'interminables ondes de réformes économiques néolibérales, par des usines fermées ou délocalisées. Ils ont subi des réformes de la société favorables aux femmes sans se soucier des problèmes masculins dans le couple. Ces hommes déclassés perdent leur travail, leur rôle dans la famille, et même leurs couples. Ils ont du mal à voir leurs enfants une fois par semaine, gardés par l'ordre des juges chez leurs ex-femmes.

Ces hommes se sentent bafoués, ignorés et abandonnés. Leurs discours sur les médias sociaux est un terrain fertile pour les théories extrêmes. Ce discours radical joue un autre rôle, il contamine les autres, et transforme l'angoisse des hommes en colère en révolte. C'est visible dans les médias, les forums, les radios et la presse écrite.

Cette colère ignorée, mal interprétée et caricaturée par les médias se transforme en ressentiment qui se traduit de plus en plus par une demande de politique réactionnaire qui bloque la société et freine les changements jugés injustes et inéquitables.

Pour certains hommes, le vrai problème a commencé avec le capitalisme financier qui a lésé la classe moyenne inférieure, qui a privé ces hommes de travail et d'avenir, pour d'autres, le problème a commencé par les lois favorisant les femmes en cas de divorce, en cas litige avec les hommes. Pour d'autres, il s'agit du même mouvement, le féminisme de consommation allié du capitalisme financier, de même que les minorités et les immigrés qui " volent les emplois."

Trump homme blanc colere


Etre un homme occidental aujourd'hui

On a fini avec les scènes de ménage, avec les discussions entre les hommes et les femmes, passons à l'action, encourageons politiquement toute radicalité. Selon ces hommes, être un homme en Occident aujourd'hui est un synonyme de déclassement, d'effondrement de la classe moyenne, de culture féministe dominante, de crises économiques avec raréfaction d'emploi, de cohabitation avec les minorités. Être un homme aux États-Unis devient problématique, sans rôle défini dans la société, sans rôle dans le couple, sans rôle dans la vie de ses propres enfants.
Ces hommes avouent être éduqués à subir silencieusement, la masculinité occidentale n'aime pas les émotions, n'aime pas les hommes qui pleurent ou qui se plaignent. Par contre, ces hommes disent qu'ils ont compris en imitant les mouvements féministes qu'il faut se victimiser, et utiliser le droit de vote pour changer la société.
M. Kimmel parle réellement aux gens. Il sort pour trouver des groupes d'hommes fâchés et discute avec eux pour entendre leur version de l'histoire. Il écoute les activistes des droits des hommes, des masculinistes, et les hommes qui soutiennent ce mouvement.

Kimmel souligne que de nombreuses revendications de ces hommes sont légitimes en ce qui concerne le chômage, déclassement social, les droits des pères, les droits des hommes pendant les procédures de divorce et mentionne combien les revendications sociétales sans limite peuvent engendrer de la colère.


Il indique en même temps que cette colère masculine est parfois mal orientée, épargnant les vrais responsables.
Par contre, certains hommes blancs en colère formulent des revendications anachroniques et mêmes nuisibles à la société comme les partisans de la suprématie blanche.


Est ce que les hommes blancs en colère sont du côté perdant de l'histoire ou finiront-ils par gagner progressivement les esprits et le pouvoir ? 

L'auteur est plutôt optimiste et pense que la société égalitaire pourrait répondre à certaines revendications légitimes.
Trois ans après ce livre, l'Amérique choisit le président Trump.
A chacun de formuler sa propre conclusion.
A noter que le livre est bien écrit, amusant, facile à lire surtout si vous aimez la sociologie et les études du genre. 

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L'Homme sensible est-il plus attirant ?

homme virilite

 

 


En règle générale, les hommes semblent considérer une femme sensible à leur besoin comme une femme sexuellement attirante. Cela peut expliquer l'attirance des hommes pour les femmes qui les accompagnent pendant leurs moments de fragilité ou de détresse.

Cette étude publiée dans le journal de psychologie et de personnalité tente de répondre à l'autre partie de la question : comment les femmes jugent-elles la sensibilité masculine ? Est-ce que la réactivité ou sensibilité masculine rend l'homme plus désirable ?


Les chercheurs de plusieurs universités américaines, l'université de Rochester et de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign, ont collaboré dans cette étude pour évaluer le lien entre la réactivité / la sensibilité masculine, et l'attirance exercée sur les femmes. Une personne sensible est une personne favorable aux besoins objectifs et réalistes de l'autre.
Les résultats de cette étude ne confirment pas le cliché qui circule habituellement dans la presse populaire selon lequel les hommes "sensibles" attirent et séduisent les femmes.


Dans l'étude, les participants ont choisi une photographie de quelqu'un du sexe opposé qui leur semble physiquement attirant. Une rencontre en ligne a été organisée entre la femme et le partenaire choisi, jugé sexuellement attirant par l'intermédiaire d'une photographie.
Pendant ces rencontres en ligne, les échanges ont été évalués, pour étudier le lien entre l'expression de la sensibilité masculine, et l'attirance sexuelle féminine.

homme rose


Les hommes "sensibles" ont été jugés plus attirants que les hommes distants et insensibles.
Par contre, on retrouve dans les réponses féminines une variété de jugements. Certaines femmes ont dit se sentir mal à l'aise avec un homme "étrange" qui exprime une sensibilité, et une disponibilité. D'autres femmes ont déclaré que cette sensibilité masculine ne favorise pas l'attirance sexuelle.


De nombreuses femmes ont déclaré qu'un partenaire sensible est un bon choix pour une relation à long terme, par contre, cette sensibilité réduit la capacité de l'homme à séduire la femme pour une relation à court terme ou au début de rencontres.
Une autre partie de l'étude a évalué le lien entre la sensibilité masculine et l'attirance sexuelle à court terme ou à long terme. La sensibilité féminine est perçue par les hommes comme un signe d'attirance sexuelle. La sensibilité féminine encourage les hommes à considérer la femme attirante dans une relation à court terme, comme dans les relations à long terme.
La réactivité et la sensibilité masculines ont été moins importantes pour les femmes dans cette étude. Les femmes ne perçoivent pas un homme sensible comme moins masculin, ou moins virile. Mais les femmes ne perçoivent pas un homme sensible non plus comme un homme plus attirant, ou plus désirable.


Il n'existe pas une explication valable sur le fait que les femmes soient moins attirées sexuellement par un homme sensible.
Certaines femmes peuvent considérer cette personne sensible comme inappropriée, ou comme une personne manipulatrice qui cherche à obtenir une rencontre sexuelle, ou une personne qui cherche à plaire, ou une personne désespérée, donc moins attirante sexuellement. Certaines femmes peuvent percevoir un homme sensible comme vulnérable et moins dominant donc moins rassurant.


La conclusion de l'étude est simple, si un homme cherche à susciter le désir, cherche à transformer une rencontre en relations sexuelles ou plus, il est conseillé de moins insister sur la sensibilité et sur l'empathie. Ces qualités peuvent avoir leur chance dans une relation à long terme, mais pas dans une relation qui débute.


Réf:
Birnbaum, G. E., Ein-Dor, T., Reis, H.T., Segal, N. Why do Men Prefer Nice Women? Gender Typicality Mediates the Effect of Responsiveness on Perceived Attractiveness in Initial Acquaintances. Personality and Social Psychology Bulletin, July 2014

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La morale entre hommes et femmes

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Certaines études comme celles de Carol Gilligan qui a étudié l'idée morale chez les femmes ou comme celles de Kohlberg qui a tenté d'étudier l'idée morale chez les hommes et de vérifier si les réponses des femmes et des hommes à des questions relatives aux valeurs sont semblables ou pas,  sont relativement contradictoires.

Freud pensait que les femmes sont moins « morales » que les hommes selon sa définition de la morale, d'autres auteurs ont partagé également son point de vue.

Le développement de la condition féminine, et les changements de statut des femmes ont modifié profondément  cette vision.

Les études confirment qu'il existe une différence dans le développement de la morale entre les sexes ; ces différences ne sont pas négligeables.

 

Kohlberg a noté que les garçons cherchent pendant leur enfance à satisfaire les autres en étant dans le sens du devoir. Gilligan a noté que les filles cherchent, pour satisfaire les autres, le gain personnel : faire plaisir, et obtenir le plaisir.

 

La morale des femmes semble se développer différemment  que celle des hommes.

Dans la société occidentale, les hommes continuent à être plus impliqués dans les questions concernant la justice collective, en discutant religion, lois et politiques, alors que les femmes privilégient majoritairement le règlement de divergences de points de vue par les arguments logiques, et par l'intermédiaire des structures légales comme les tribunaux. En d'autres termes, les hommes aiment agir pour régler un problème même en dehors des règles établies, les femmes préfèrent régler le même problème selon les règles établies.

Les hommes semblent évoluer pour être indépendants, pour avoir la liberté de faire ce qu'ils ont envie de faire.

Les femmes évoluent majoritairement dans le sens logique pour assurer à chacun ses droits et ses besoins. Quand un homme parle de droits à acquérir, la femme risque dans une majorité des cas de parler des moyens pour acquérir ces droits.

Par exemple, hommes et femmes sont pour la justice et la compréhension dans 90 % des cas, cependant 93 % des hommes sont pour la justice et 7 % seulement pour la compréhension, alors que 62 % des femmes sont pour la compréhension et 38 % seulement pour la justice, selon l'étude de Carol Gilligan.

Les études dénotent que les hommes et les femmes voient le monde d'une façon différente dès leur première enfance, et leurs réactions varient en face des dilemmes moraux.

 

 

Dans une salle de classe, les garçons de onze ans ont répondu majoritairement qu'un père peut parfaitement voler un médicament si la vie de sa fille est en danger quand il n'a pas les moyens de payer ce médicament. Les filles ont répondu que le pharmacien devrait avoir plus de sensibilité, mais en même temps, le père n'a pas le droit de voler de médicaments.
Les théoriciens de la morale ont considéré longtemps ce genre de réponses féminines comme  « subordonnées », expliquant ainsi l'incapacité des femmes à avoir une morale collective.

Cependant, les études récentes voient les choses autrement : les deux réponses sont valables car les garçons utilisent la force et la puissance  (ils ont la force physique), alors que les filles tentent de trouver les intermédiaires et les moyens d'arriver au même but (car elles ne possèdent pas la force physique.)

 

 

D'autre part, les garçons semblent considérer cette idée morale comme une question de besoins personnels. Le père a besoin de ce médicament pour sauver sa fille. Les filles voient ce dilemme moral comme un conflit impersonnel de droits individuels, et cherchent des solutions qui ne heurtent personne.
D'autres facteurs semblent jouer un rôle dans le développement de la morale entre les deux sexes.  Les garçons gagnent leur identité masculine en se séparant de leurs mères, alors que les filles gagnent leur identité féminine en imitant leurs mères.

Cela peut expliquer que les garçons voient le lien et l'attachement comme un danger, alors que les filles voient le danger dans la solitude, l'isolement et la déconnexion d'avec les autres.
L'intimité est effrayante pour les garçons, sécurisante et vitale pour les filles. De même, l'autonomie est une fierté pour les garçons, effrayante pour les filles.

 


L'accomplissement et le succès font partie de l'identité masculine, alors que les relations et le succès au sein du groupe sont appréciés par les filles pour leurs caractères sécurisants.


Les hommes valorisent plus ouvertement leur interdépendance aux autres, jugent le pouvoir comme moyen pour consolider leurs relations avec les autres, les femmes voient le pouvoir comme la capacité de commander les autres.


En dépit des modifications parfois spectaculaires de la condition féminine, la différence de réaction, en face d'un dilemme moral, entre les hommes et les femmes demeure visible. Cependant, la société moderne semble avoir besoin de points de vue, masculin et féminin, car si le père vole le médicament , la société entre dans un monde violent où les besoins personnels sont prioritaires, et si nous ne trouvons pas ensemble une solution pour que le père puisse avoir le médicament et sauver sa fille, il finira par voler le médicament et déclencher un cercle de violence.

 

En conclusion, il existe une différence dans l'évolution de l'idée morale chez les garçons et chez les filles. Cette différence ne devrait pas être instrumentalisée pour formuler des conclusions sur la supériorité ou l'infériorité de la morale des femmes ou des hommes, mais plutôt pour avoir un point de vue englobant les deux moitiés de la société.

D'autre part, il est difficile d'expliquer la différence de l'évolution de la morale chez les garçons et les filles, sans oublier la grande variété des réactions individuelles influencées par l'expérience, le vécu, l'héritage culturel, et les besoins personnels.

 

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dimanche 29 mai 2022 13:21
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Sommes-nous des êtres agressifs et violents ?

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Evard munch le cri

 

 

Agression est un mot que nous utilisons tous les jours pour caractériser le comportement des autres et parfois le nôtre. Nous disons que les gens sont agressifs, s’ils crient, hurlent ou frappent, s’ils conduisent dangereusement, ou s’ils se fracassent leurs poings sur la table de frustration. Depuis l’antiquité, l’agressivité et la violence font partie des problèmes de toute société humaine.

 

 

 

Difficultés de définition

 

 

L’agressivité varie d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre et d’une personne à l’autre. Il est important de comprendre qu’il s’agit d’une question culturelle, sociétale, juridique et psychologique à la fois.


Certains actes violents, tels les blessures durant un match sportif ou le meurtre de soldats ennemis lors d’une guerre, pourraient ne pas être considérés comme une agression. Aux états Unis, une certaine dose de violence interpersonnelle (les bagarres) est tolérée, en France, une certaine dose de violence contestataire est culturellement tolérée (violence des manifestants).
L’agression est difficile à définir. Psychologues sociaux, juges, législateurs et avocats passent beaucoup de temps pour déterminer ce qui devrait et ne devrait pas être considéré comme de l’agression. Les psychologues sociaux définissent l’agression comme un comportement qui vise à nuire à une autre personne qui ne souhaite pas être agressée.


Le même comportement est agressif ou non, selon l’intention, et le contexte. Les dommages intentionnels sont plus punissables que les dommages non intentionnels, même lorsque les dommages sont identiques.
Cette définition exclut certains comportements agressifs. Par exemple, un joueur de rugby qui casse accidentellement le bras d’un autre joueur ou un conducteur qui heurte accidentellement un piéton. Pas d’agressivité, car il n’y pas d’intention.


Les psychologues sociaux utilisent le terme violence pour désigner l’agression qui a pour objectif des dommages physiques, tels que des blessures ou la mort. La violence est un sous-groupe de l’agression. Les actes violents sont agressifs, mais seules les agressions qui visent à causer des dommages sont violentes.


Le niveau d’intention crée la distinction juridique et parfois psychologique entre deux types d’agression.

 

L’agressivité doit être distinguée de la colère, qui est une réaction émotionnelle à un événement, mais qui peut demeurer une émotion. Ce n’est pas parce que quelqu’un est en colère qu’il agira et adoptera un comportement agressif.

 

Les types d’agression

 

-Agression émotionnelle ou impulsive

 


L’agression émotionnelle ou impulsive se produit avec une petite dose de méditation ou d’intention et qui est déterminée par des émotions impulsives. L’agressivité émotionnelle est le résultat des émotions négatives du moment. L’agression n’est pas vraiment destinée à créer des résultats positifs. Exemple : L’amant jaloux qui se déchaîne de rage ou les fans de sport qui vandalisent les magasins et détruisent les voitures autour du stade après la défaite de leur équipe.

 

 

- Agression instrumentale ou cognitive

 


L’agression instrumentale ou cognitive est une agression intentionnelle et planifiée. L’agressivité instrumentale est plus cognitive (plus penser) qu’affective (émotionnelle) et peut être froide et calculatrice. L’agression instrumentale vise à nuire à quelqu’un pour gagner quelque chose : attention, récompense, ou pouvoir.
Il est parfois difficile de faire la distinction. L’agression émotionnelle est traitée différemment dans le système juridique (avec des conséquences moins graves) de l’agression cognitive préméditée.


Toute agression est en partie cognitive parce qu’elle sert certains besoins de l’auteur. Il est plus utile de considérer l’agression émotionnelle et instrumentale comme un continuum.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a défini la violence dans son rapport de 2002 comme « L’usage intentionnel de la force ou du pouvoir physique, réel ou sous forme de menace, contre soi-même, contre une autre personne, ou contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou a une forte probabilité d’entraîner des blessures, la mort, un préjudice psychologique, ou une privation ».

 


Agression relationnelle

 


Cette agression se produit lorsque des efforts sont déployés pour nuire aux relations d’une autre personne et peuvent inclure : propagation de rumeurs, les injures, l’ignorance d’une personne ou l’exclusion sociale. Cette agression englobe d’autres formes d’agression qui sont apparues comme la cyber intimidation, et le harcèlement en ligne, sur médias sociaux, e-mails, forums de discussion, ou SMS, pour humilier, embarrasser, intimider ou menacer quelqu’un pour obtenir le pouvoir et le contrôle.


Si toutes les cultures punissent l’agression préméditée ou involontaire, dans certains pays, l’agression en ligne est punie, c’est le cas en France depuis plusieurs mois. Cette notion ne fait pas consensus dans les autres cultures considérant que la victime peut échapper en changeant de forum ou de site ou arrêter son internet.

 

Origine de l’agressivité : inconnue

 


Se demander ce qui cause l’agressivité ou la violence revient donc à se demander ce qui cause réellement le cancer.
Il n’existe aucune réponse valable et scéniquement prouvée sur l’origine de l’agressivité et de la violence, individuelles ou collectives. Les analyses et les réponses proposées sont généralement influencées par l’idéologie et par la culture. La recherche révèle des influences biologiques, psychologiques et socioculturelles sur le comportement agressif.

 

Facteurs psychologiques et socioculturels de l’agressivité

 


— La souffrance et la frustration

 


Dans les expériences de laboratoire, les personnes rendues malheureuses cherchent à rendre les autres malheureux. Ce phénomène est explicable par le principe de frustration-agression : la frustration engendre la colère, qui peut déclencher l’agression. Le lien entre la frustration et l’agression a été illustré par une analyse des compétitions sportives. Les joueurs frustrés sont plus agressifs. La douleur physique rend les personnes agressives aussi.

 

 

— La température

 


Les taux de criminalité violente et de violence conjugale sont plus élevés pendant les jours les plus chauds.
Des études d’archéologie, d’économie, de géographie, de sciences politiques et de psychologie convergent pour constater que, tout au long de l’histoire de l’humanité, des températures plus élevées ont prédit une augmentation de la violence individuelle, des guerres et des révolutions.
Selon certains, un réchauffement planétaire de 2 degrés Celsius pourrait induire des dizaines de milliers d’agressions et de meurtres supplémentaires, ajoutés à la violence provoquée par la sécheresse, la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la migration climatique.

 

 

— Surpeuplement

 

Le surpeuplement se produit lorsque nous pensons que nous n’avons pas suffisamment d’espace et peut entraîner du stress. Cela peut à son tour conduire à l’agression, comme l’ont montré des études sur les boîtes de nuit, et les prisons.

 

 

— Imitation

 


L’apprentissage peut modifier les réactions naturelles. Le comportement est renforcé en observant les autres. Les enfants dont l’agressivité a réussi à intimider d’autres enfants peuvent devenir des enfants cruels et agressifs. Pour favoriser l’émergence d’un monde moins violent, il est préférable de récompenser la sensibilité et la coopération dès le plus jeune âge.

 

 

— Insatisfaction

 


Les taux de criminalité sont plus élevés en cas d’insatisfaction. Les époques et les sociétés marquées par une grande disparité entre riches et pauvres sont plus violentes. Aux États-Unis, les familles dans lesquelles les pères sont peu impliqués présentent des taux de violence plus élevés. Les jeunes hommes américains issus de foyers sans père sont deux fois plus incarcérés que leurs pairs.

 

 

— Honneur viril, et culture de l’honneur

 


Dans certaines cultures, on attend des individus qu’ils protègent leur réputation, leur famille ou leurs biens en répondant aux menaces, aux insultes et aux affronts par la violence. C’est ce qu’on appelle une culture de l’honneur. Ce genre de culture est interdépendant, le regard des autres compte, et l’insulte devient une affaire collective. Aux états unis, les villes riches de traditions écossaises et irlandaises, mettant l’accent sur l’honneur viril, sont plus violentes ont des taux d’homicide trois fois plus élevés que les autres et sont plus favorables à la punition physique des enfants, aux guerres et à la possession d’armes à feu.

 

agressivite homme agressif

 

Facteurs génétiques, hormonaux et nerveux

 

 

— Système nerveux

 


La zone cérébrale la plus impliquée dans l’agressivité est l’amygdale. Les personnes agressives ont une réduction de 16 à 18 % du volume de l’amygdale. L’amygdale est une région du cerveau responsable de la régulation de nos perceptions et de nos réactions à l’agressivité et à la peur. L’amygdale a des liens avec d’autres systèmes corporels liés à la peur, notamment le système nerveux sympathique, les expressions faciales, le traitement des odeurs et la libération de neurotransmetteurs liés au stress et à l’agressivité.


L’amygdale est activée par des stimulations que nous considérons comme menaçants et suscitant la peur. Lorsque nous vivons des événements dangereux, l’amygdale stimule le cerveau à se souvenir des détails afin que nous apprenions à les éviter à l’avenir.
Bien que l’amygdale nous aide à percevoir et à réagir face au danger, cela peut aussi nous conduire à l’agression, d’autres parties du cerveau servent à contrôler et à inhiber nos tendances agressives comme le cortex préfrontal. Ces interactions sont peu comprises.

 

 

— Génétique

 


Il n’existe pas de corrélation directe entre la génétique et le comportement agressif. C’est l’interaction entre les facteurs biologiques et environnementaux qui rend plus ou moins enclin à l’agressivité.
L’hérédité semble jouer un rôle. La relation exacte entre les gènes et l’environnement dépend du type d’agression étudié.
Le gène de la monoamine oxydase A (MAOA), qui contribue à la dégradation de neurotransmetteurs tels que la dopamine et la sérotonine, est appelé « gène du guerrier ». Les personnes qui ont une faible expression du gène MAOA ont tendance à se comporter de manière agressive lorsqu’elles sont provoquées. Ce constat est inconstant et contre dit par d’autres expériences.

 

 

— La testostérone

 


Des niveaux élevés de testostérone, de faibles niveaux de cortisol pourraient avoir un lien un comportement agressif. Les niveaux de sérotonine ont un rôle à jouer dans le contrôle du comportement.
La testostérone, lorsqu’elle est présente à des niveaux élevés, ainsi qu’une masse corporelle importante, entraîne des niveaux plus élevés d’agressivité physique en particulier dans les situations où l’agressivité physique mène à la domination sociale.
Des recherches menées sur une variété d’animaux ont trouvé une forte corrélation entre les niveaux de testostérone et l’agressivité. Cette relation est plus faible chez les humains. Des études ont montré une relation positive entre la testostérone et l’agressivité et les comportements associés (tels que la compétitivité) chez les femmes.
Il faut garder à l’esprit que les relations observées entre les niveaux de testostérone et le comportement agressif ne prouvent pas que la testostérone provoque une agression.

 

 

— Consommation d’alcool

 


La consommation excessive d’alcool est impliquée dans de nombreux actes et crimes violents. L’alcool perturbe les capacités cognitives qui aident à planifier, à organiser, à raisonner, et à contrôler les émotions. Lorsque les gens sont ivres, ils deviennent plus centrés sur eux-mêmes et moins conscients de la situation sociale, un état connu sous le nom de myopie alcoolique. Ils sont moins susceptibles de remarquer les limites et contraintes sociales. L’alcool est un désinhibiteur. Sous son influence, les gens peuvent mal interpréter les actes et réagir en conséquence. L’alcool conduit à l’agressivité non pas en « appuyant sur l’accélérateur », mais en « paralysant les freins »

 

 

 

Des théories, des théories

 

— Théorie évolutionniste

 


Du point de vue de la psychologie évolutionniste, l’agressivité des humains, comme celle des primates, sert probablement à afficher une domination, à protéger un partenaire, et ses petits. Selon cette théorie, l’agressivité féminine est plus réfléchie, visant à parvenir à une fin. Par contre, en cas de défenses des petits, les femelles manifestent des niveaux d’agressivité assez élevés.

 

 

— Théorie cognitive

 

L. Berkowitz a développé sa théorie cognitive de l’agression basée sur les travaux de Freud. Sa théorie propose que l’incapacité d’atteindre l’objectif souhaité déclenche l’impulsion agressive. Selon cette approche, un état émotionnel négatif est à l’origine d’un comportement agressif.

 

— Théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura

 

La théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura propose que les influences extérieures deviennent une partie de notre répertoire comportemental à cause de l’imitation. En d’autres termes, vous commencez à vous comporter de manière agressive parce que vous voyez d’autres personnes le faire. Cela est particulièrement vrai si l’observateur s’identifie à la personne qu’il regarde et la considère comme un pair.

 

 

— Théorie d’Anderson et Bushman

 

Cette théorie prend en compte des facteurs biologiques, environnementaux, psychologiques et sociaux pour expliquer les comportements agressifs. Elle soutient que l’agressivité se produit en raison d’une interaction entre les traits personnels de l’individu et les stimuli externes qui activent une série de processus cognitifs et émotionnels.

 

 

— Théorie de l’instinct

 

Freud croyait que la motivation était pilotée par les instincts. Les instincts agressifs ont tendance à être réprimés dans l’inconscient en raison des normes sociétales. Freud a théorisé le concept de déplacement, c’est le cas quand nous canalisons un sentiment ou une pensée vers une cible de substitution. Par exemple, nous sommes en colère contre le patron. Au lieu de nous en prendre à ce patron, nous rentrons chez nous et adoptons un comportement agressif envers notre partenaire.

 

 

— Théorie de l’apprentissage

 

Selon cette approche, les enfants apprennent l’agressivité des parents. Un enfant utilise la force pour prendre le jouet d’un autre enfant. Il est heureux après, parce que le jouet lui plaît. À l’avenir, l’enfant adoptera le même comportement pour obtenir ce qu’il veut.

 

 

— Théorie de frustration-agression

 

 

La frustration, ou lorsqu’une personne est empêchée d’atteindre un objectif parce que quelque chose ou quelqu’un fait obstacle. La théorie frustration-agression est l’idée que l’apparition de la frustration conduit à l’agression. D’autant plus l’objectif est important, la frustration est grande lorsque les tentatives pour l’atteindre seront contrecarrées. La frustration provoque une pulsion d’agression et le passage à l’acte réduit la pulsion et rétablit l’équilibre.

 

 

— Théorie de l’excitation-transfert

 

 

Si en conduisant, vous avez failli avoir un accident, vous risquez de rester plusieurs heures tendu et en état de vigilance. Pendant ces heures, vous pouvez devenir agressif en raison d’une certaine frustration.

Cette théorie de l’excitation-transfert déclare que l’excitation physiologique se dissipe lentement, de sorte que nous pouvons être légèrement tendus quelques temps après l’événement. L’excitation résiduelle a conduit à des niveaux plus élevés d’agressivité ultérieure.

 

 

Personnalité et Agression

 

Il n’existe pas de personnalité type. Les psychologues utilisent la personnalité comme une explication du comportement agressif dans trois traits en particulier : le narcissisme, le machiavélisme et la psychopathie.
Le narcissisme est la tendance à rechercher l’admiration et un traitement spécial. Les personnes élevées avec ce trait sont centrées sur elles-mêmes, montrent beaucoup d’amour-propre et ont une faible empathie pour les autres.
Deuxièmement, le machiavélisme est un trait reflétant la volonté d’une personne de manipuler les autres.
La psychopathie fait référence à la tendance d’une personne à être insensible et impulsive et à exercer une mauvaise maîtrise de soi.

 

 

Rumination

 

La rumination est le fait de penser constamment à quelque chose. En matière d’agression, on peut s’attarder sur certains affronts contre nous, comme une insulte ou une agression physique. La recherche montre que la rumination augmente les chances de s’engager dans un comportement agressif. Une étude a révélé que ruminer une provocation provoquant de la colère, réduit la maîtrise de soi et peut entraîner une augmentation de l’agressivité.

 

 Rejet social

 

 

Les êtres humains ont un besoin fondamental d’appartenance et lorsqu’ils ne peuvent pas être satisfaits, cela devient douloureux et préjudiciable. Quand une personne est rejetée socialement, elle peut afficher des niveaux d’agressivité élevés. Les narcissiques sont plus en colère et plus agressifs contre quelqu’un qui les rejette, mais aussi contre des tiers innocents. Le rejet par les pairs et l’agressivité dans la petite enfance sont également un prédicateur de troubles ultérieurs de la conduite.

 

 

Les émotions négatives 

 

 

Si vous deviez essayer de vous rappeler les moments où vous avez été agressif, vous signaleriez probablement que beaucoup d’entre eux se sont produits lorsque vous étiez en colère, fatigué, souffrant, malade ou frustré. L’agression est encouragée par les émotions négatives que nous ressentons à la suite d’événements hostiles et par nos pensées négatives qui les accompagnent. Bien que la frustration soit une l’émotion négative principale dans l’agression, tout ce qui conduit à l’inconfort ou aux émotions négatives peut augmenter l’agressivité : douleur, l’ennui, échec.

 

 

Réduire les émotions négatives par un comportement agressif ?

 


Si nous sommes conscients que nous ressentons ces émotions négatives, nous pourrions essayer de trouver une solution pour nous empêcher de nous en prendre aux autres. L’idée que s’engager dans des actions agressives moins nocives réduira la tendance à agresser plus tard d’une manière plus nocive, connue sous le nom de catharsis, est une idée ancienne, mentionnée comme un moyen de diminuer la violence, Aristote parle de « purgation des passions » et c’est une partie importante des théories de Sigmund Freud.
La réduction des émotions négatives peut réduire la probabilité d’agression. Par exemple, si nous sommes capables de nous distraire de nos émotions négatives ou de notre frustration en faisant autre chose, plutôt que de ruminer, nous nous sentirons mieux et serons moins susceptibles d’agresser, mais selon les psychologues, cette technique ne fonctionne pas quand il s’agit de frustration profonde et sérieuse.
Adopter un comportement lié à la violence, comme frapper un oreiller, ou casser des assiettes augmente l’excitation. Il est préférable de simplement laisser la frustration se dissiper progressivement avec le temps ou de s’engager dans d’autres activités non violentes, mais distrayantes.

 

 

Châtiment pour faire face ? 

 

 

Les avantages de la punition sont multiples :
1) Si vous punissez chaque fois que la personne adopte un comportement indésirable ou problématique, elle cessera d’avoir ce comportement
2) La punition peut être incontestablement efficace et dissuader certains criminels de répéter leurs crimes.
3) Après que la punition ait été administrée plusieurs fois, elle n’est plus nécessaire, car la simple menace suffit pour induire le comportement souhaité.
4) La gravité n’a pas d’importance. Le simple fait d’être puni suffit la plupart du temps, pour tous.
5) Enfin, vous n’avez pas nécessairement à subir une punition de première main. Voir les autres punis pour avoir adopté un comportement que vous aviez envisagé de faire peut être suffisant.

 


Les inconvénients de la punition sont multiples aussi :
1) elle est souvent administrée de manière inappropriée, surtout dans un état de colère ou rage.
2) Le destinataire de la punition répond souvent par l’anxiété, la peur ou la rage et ces effets secondaires émotionnels se généralisent à l’ensemble de la situation.
3) L’efficacité de la punition est souvent temporaire, en fonction de la présence de la personne qui punit ou des circonstances.
4) La plupart des comportements sont difficiles à punir immédiatement et pendant le retard, le comportement peut être renforcé
5) La punition véhicule peu d’informations ; il ne dit pas à la personne comment agir.
6) Enfin, une action destinée à punir peut être renforçante.
Verdict final sur la punition ? La liste des inconvénients est beaucoup plus longue que la liste des avantages. Ceci explique pourquoi la punition seule ne réduit pas l’agressivité ni la violence.

 

 

S’éduquer, autodistanciation

 

La rumination après une provocation alimente la colère et peut conduire à des comportements agressifs. Une solution consiste à prendre de la distance. L’autodistanciation se produit lorsque notre expérience égocentrique est réduite. D’autres recherches ont montré que l’autodistanciation peut conduire à une autoréflexion adaptative sur les expériences de colère, de sorte que la personne se concentre moins sur ce qui lui est arrivé et davantage sur la reconstruction de l’expérience.

 

Solutions ?

 

Étant donné que de nombreux facteurs contribuent au comportement agressif, il existe de nombreuses façons de modifier ce comportement, notamment en apprenant à gérer la colère et à communiquer. Les solutions générales sont incapables de résoudre le problème de l’agressivité et de la violence qui trouve leur racine dans la personne : son enfance ; sa culture, son environnement, et sa personnalité.

 

 

Conclusion

 


Une note de conclusion heureuse : les tendances historiques suggèrent que le monde devient moins violent avec le temps. Les gens changent à travers le temps, l’espace et l’environnement. Les Vikings pillards et violents d’hier sont devenus les Scandinaves pacifistes et civilisés d’aujourd’hui. L’humanité est de moins en moins violente et les humains sont moins agressifs.

 

 

Références

 

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Intimidation en ligne : violence des spectateurs modernes

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Un récent fait divers d’un harcèlement en ligne en France a engendré de longues discussions sur le comportement agressif en ligne et l’absence des témoins, l’indifférence, le refus de témoigner et même d’aider la victime.

 

 

Les agressions non physiques

 

Les psychologues sociaux pensent que l'agression peut être aussi bien verbale que physique. Depuis l’antiquité, lancer des insultes et intimider verbalement, est considéré comme un acte agressif.
L'agression non physique est une agression qui n'entraîne pas de préjudice physique. L'agression non physique comprend l'agression verbale (cris, jurons et injures).
L'agression relationnelle ou sociale, est définie comme le fait de nuire intentionnellement aux relations sociales d'une autre personne, en médisant sur une autre personne, en l’excluant. L'agression non verbale se produit également sous la forme de blagues et d'épithètes sexuelles, raciales et homophobes, qui sont conçues pour blesser et nuire. La liste proposée par Archer et Coyne en 2005, englobe quelques exemples des agressions non physiques : médisance, répandre des rumeurs, critiquer les autres en leur absence, harcèlement, laisser les autres hors d'un groupe ou les ostraciser, monter les gens les uns contre les autres.
Les gens utilisent l'agression non physique pour ses caractères subtils. Ils peuvent être agressifs sans donner l'impression aux autres de l'être, et les conséquences sont moins graves que la violence physique.


Les filles ont tendance à s'engager dans des formes d'agression sociales et relationnelles indirectes telles que répandre des rumeurs, ignorer ou isoler socialement.
Les conséquences négatives de l'agression non physique peuvent nuire à la victime. Les enfants victimes d'intimidation manifestent plus de dépression, de solitude, de rejet par les pairs et d'anxiété que les autres enfants. En Grande-Bretagne, 20 % des adolescents déclarent avoir été harcelés par quelqu'un qui répand des rumeurs blessantes à leur sujet. Les filles victimes d'agressions non physiques sont plus susceptibles d’envisager de se suicider.

 

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Intimidation et Cyber intimidation: l’agression modernisée

 


L'intimidation est un ensemble d'interactions sociales négatives, répandue parmi les enfants et les adolescents, et au sein parfois de certaines communauté (sport, militaire, prison)
Depuis l’apparition des réseaux sociaux, de nouvelles formes d’intimidation et d’agression non verbale ont fait leur apparition. La cyberintimidation est une agression infligée par l'utilisation d'ordinateurs, de téléphones portables et d'autres moyens de communication. Il existe de rares cas de suicides dans les lycées et les universités après la diffusion de photos ou de vidéo intimes.


La cyberintimidation peut être dirigée contre n'importe qui. Les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) sont des fréquents, de même certaines minorités ethniques, culturelles ou religieuses. L’aspect physique peut favoriser ce genre d’agression, comme l’obésité.
Un incident ponctuel au cours duquel un enfant frappe un autre sur le terrain de jeu n’est pas une intimidation : l'intimidation est un comportement répété par définition. Le traitement négatif typique de l'intimidation est la tentative d'infliger un préjudice, ou une humiliation. L'intimidation peut être physique, verbale, ou psychologique.


L'intimidation implique trois parties : celui qui intimide, la victime et les témoins.
L'acte d'intimidation implique un déséquilibre de pouvoir avec l'intimidant qui cherche à gagner plus de pouvoir physique, émotionnel ou social sur la victime. L'expérience de l'intimidation peut être positive pour celui qui intimide peut avoir un regain d'estime de soi. Les victimes subissent stress, troubles psychologiques, dépression et manifestent de tendances suicidaires. Au-delà de son impact émotionnel, la cyber intimidation peut affecter sérieusement la réussite scolaire ou académique.


Il n’y a pas un profil de personnalité pour celui qui intimide ni pour les victimes. Les chercheurs ont identifié certains modèles chez les enfants qui sont plus à risque d'être intimidés :
Les enfants émotionnellement réactifs courent un plus grand risque d'être victimes d'intimidation. Ceux qui intimident sont attirés par les enfants qui se fâchent facilement parce que celui qui intimide peut obtenir rapidement la réaction émotionnelle recherchée.
Les enfants différents des autres sont susceptibles d'être la cible d'intimidation. Les enfants en surpoids, souffrant de troubles cognitifs ou différents sur le plan racial ou ethnique.
Les adolescents gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres courent un risque plus élevé d'être harcelés et blessés en raison de leur orientation sexuelle minoritaire.

 

L'effet Bystander (regarder et rien faire)

 

 

Un événement médiatisé a secoué les américains en 1964. Dans le Queens, New York, une femme de 19 ans nommée Kitty Genovese a été attaquée, le vendredi 13 mars, par une personne armée d’un couteau près de l'entrée de son immeuble, puis à nouveau dans le couloir de son immeuble. Lorsque l'attaque s'est produite, elle a crié à l'aide à plusieurs reprises. Elle est finalement décédée suite à ces coups de couteau.


Cette histoire intriguait et effrayait le public car de nombreux résidents de l'immeuble auraient entendu les appels à l'aide de Kitty Genovese et n’avaient rien fait, ni aider ni appeler la police.

 

À partir de ce cas, des chercheurs ont décrit un nouveau phénomène à l’époque appelé « effet de spectateur », où un témoin ou un spectateur ne se porte pas volontaire pour aider une victime ou une personne en détresse. Au lieu de cela, ils regardent simplement ce qui se passe.
Dans une série d'études, des chercheurs ont signalé que le temps nécessaire pour agir et demander de l'aide varie en fonction du nombre d’observateurs présents. Des expériences complémentaires ont révélé que 70 % des personnes aideraient une femme en détresse lorsqu'elles étaient seules. 40 % seulement proposaient de l'aide lorsque d'autres personnes étaient également présentes.


Deux facteurs contribuent à l'effet de spectateur selon ces études.

 

La présence d'autres personnes peut crée une diffusion de responsabilité.

 

La deuxième raison est la nécessité de se comporter de manière socialement acceptable. Lorsque les autres observateurs ne réagissent pas, les individus prennent souvent cela comme un signal qu'une réponse n'est pas nécessaire ou pas appropriée.


Dans le cas de Kitty Genovese, 38 témoins ont déclaré qu'ils pensaient assister à une « querelle d'amoureux » et ne se rendaient pas compte que la jeune femme était en fait en train d'être assassinée.


En cas de crise, les spectateurs pourraient se demander ce qui se passe exactement et hésitent d’intervenir. Quand ils voient que personne d'autre ne réagit, ils pensent qu'aucune action n'est nécessaire. Il existe des normes sociales qui renforcent l'indifférence. C'est un peu gênant, après tout, d'être celui qui perd son sang-froid alors qu'aucun danger n'existe réellement.
Il y a d’autres questions qui se posent. Quels sont les avantages d'aider? Quels sont les risques ? Dans cette situation, les passants craignaient probablement pour leur propre vie s'ils portaient secours, de se tromper, ou d’être accusés.


Le même phénomène existe en ligne, ceci explique une partie du problème. Mais il existe d’autres facteurs et autres fractures.


Sur les forums d’Internet, certaines réactions minoritaires reflètent des problèmes latents dans notre modèle de société. Le refus de la responsabilité n’est pas rare, chacun porte son propre fardeau. Les autres n’existent pas car personne ne partage les idées et les jugements des autres. Les autres sont des étrangers car ils pensent étrangement.
Des hommes ont intériorisé certains discours féminins dévalorisant les hommes . Des femmes ont intériorisé d’autres discours  que les hommes sont violents et qu’ils méritent ce qu’il leur arrive. D’autres refusent de témoigner parce la victime ne correspond pas à leurs propres critères (donc ne mérite pas la compassion), ou parce que la société n’aide personne, ou parce qu’il y a trop de victime dans notre société. Puis arrive l’individualisme : et moi, qui m’aide ?


Dilution de responsabilité, un individualisme qui provoque un sentiment d’isolement, une balance implacable des inconvénients dans une société judiciarisée, une confusion sur le rôle, ce qui mérite d‘être victime et qui mérite d’être aidé, le nombre des spectateurs passifs risquerait d’augmenter dans le monde réel comme en ligne.


Certains psychologues pensent que le fait d'être conscient de cette tendance est un bon moyen de briser ce cycle vicieux. Intervenir ou avertir sans attendre les autres, sans se mettre en danger, c’est devenir un spectateur actif.
Pour les victimes, il convient de personnaliser sa demande, de s’adresser à une personne, l’autorisant ainsi à apporter son aide, et ne pas attendre la réaction spontanée des gens.

 

Résumé

 


L'intimidation est un comportement répété qui vise à infliger un préjudice à la victime et peut prendre la forme d'abus physique, psychologique, émotionnel ou social. L'intimidation a des conséquences négatives sur la santé mentale des jeunes, y compris le suicide. La cyberintimidation est une nouvelle forme d'intimidation en ligne où les intimidants peuvent rester anonymes et les victimes sont impuissantes, entourés des spectateurs passifs. L’intimidation en ligne met en lumière certaines fractures qui traversent notre modèle de société.

 


Références
Taylor S : social psychology, Ed Pearson 2011
International Encyclopedia of the Social & Behavioral Sciences, ed: Neil J. Smelser and Paul B. Baltes 2001

 

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Hemingway, et la question du consentement sexuel

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Hemingway, et la question du consentement sexuel  

Pendant son séjour à Paris en 1921, Hemingway termine sa première nouvelle : Up in Michigan. Quand il montre cette nouvelle à ses amis, la polémique apparait, nouvelle difficile à publier. "Up In Michigan" est une nouvelle d'une simplicité trompeuse, presque sans intrigue, qui traite un sujet délicat : la zone grise de l’attirance sexuelle et du consentement sexuel. Up in Michigan sera révisée et publiée seulement en 1938.

 

 

Résumé de la nouvelle : Up in Michigan

Jim Gilmore, jeune forgeron, s’installe à Hortons Bay et achète la boutique de l’ancien forgeron. Liz Coates est une jeune fille qui travaille comme serveuse chez les Smith. Liz tombe amoureuse de Jim, qui la remarque à peine.

Liz aime Jim, la façon dont il sort de chez lui, de son magasin. Elle se rend souvent à la porte de la cuisine pour le surveiller. Elle aime sa moustache, ses dents blanches quand il sourit.

Jim, Smith et Charley Wyman partent en excursion pour chasser. Liz attend le retour de Jim.

Pendant l’absence de Jim, Liz pense à lui. C’est  une longue et douloureuse absence. Elle n’arrive pas à dormir, elle découvre aussi que c’est amusant de penser à lui.

Lorsque les chasseurs reviennent, ils boivent quelques verres pour célébrer leur expédition.

Jim aime le goût et la sensation du whisky. Il a bu plusieurs verres. Liz s’est assise à la table après avoir servi le souper et mangé avec la famille. Après le dîner, Liz assise dans la cuisine à côté du poêle, fait semblant de lire en pensant à Jim. Elle ne veut pas aller au lit, car elle sait que Jim va s’en aller et elle veut le voir au moment de son départ, pour lui emboiter le pas.

Jim s’apprête à sortir. Ses yeux brillent, ses cheveux un peu froissés. Au moment de sortir, Jim s’approche d’elle. Elle peut le sentir respirer. La poitrine de Liz est ronde et ferme, ses mamelons dressés sous les mains de Jim. Liz a peur, car personne ne l’a jamais touchée avant lui, mais elle pense :  Il est enfin venu à moi.

Jim l’a serrée contre lui et l’a embrassée. Une sensation aiguë, si douloureuse qu’elle pense qu’elle ne peut pas la supporter.

Jim chuchote : « viens faire un tour. »

Ils vont au bout du quai où les mains de Jim explorent le corps de Liz. Elle a peur et le supplie de s'arrêter, mais lui permet de continuer.

Il n’y a pas de lune. Ils marchent jusqu’au quai vers l’entrepôt de la baie. Il fait froid, mais Liz a chaud depuis qu’elle est avec Jim. Ils se sont assis. Jim a serré Liz auprès de lui. Sa main s’est faufilée sous la robe pour caresser la poitrine de Liz. 

Elle a peur et ne sait pas comment s'y prendre. L’autre main de Jim glisse le long de sa jambe.

— Non, Jim, » dit Liz. Jim glisse sa main plus haut.

— Tu ne dois pas, Jim. Tu ne dois pas faire ça.

— Je vais le faire. Tu sais qu’on doit le faire.

— Non, Jim, oh, c’est si grand, ça fait mal. Oh, Jim. Jim. Oh.

Il la prend sur les planches dures et froides du ponton puis sassoupit sur elle.

Plus tard elle s’assoit, ajuste sa jupe et son manteau et est tente d’arranger ses cheveux. Jim dort la bouche entrouverte. Liz se penche, l’embrasse sur la joue. Mais il dort et Liz se met à pleurer. Elle se dirige vers le bord du quai et regarde l’eau. Le brouillard arrive.

Liz enlève son manteau, et en couvre Jim, puis elle traverse le quai pour remonter la route sablonneuse escarpée pour aller se coucher. Une brume froide s’échappe de la baie à travers les bois.

 

 

 

Hémingway discute le consentement sexuel

Cette nouvelle est la première incursion d’Ernest Hemingway dans la psychologie féminine. Ce sujet va passionner l’écrivain. Cette nouvelle est écrite du point de vue de Liz. Jim dit cinq phrases seulement. Le lecteur ne rentre jamais dans la tête de Jim. Liz est tombée amoureuse des "choses" de Jim : sa moustache, ses dents blanches, sa promenade. Elle ne sait rien de lui en tant que personne. Hemingway explore ces émotions contradictoires, les fantasmes sexuels qui invitent à l’action, voire à une conclusion brutale. Jim, au contraire, lorsqu’il se réveillera et ne se souviendra de rien.

Après la dissection de Liz, après la désillusion du monde réel par rapport au monde des fantasmes, au-delà d'un consentement sexuel fragile, Liz couvre Jim de son manteau après l’avoir embrassé sur la joue.

Hemingway traite le désir sexuel des femmes le considérant comme complexe et imprévisible.

Historiquement, cette hypothèse a contribué à une réglementation excessive des capacités sexuelles et reproductives des femmes. L'ambiguïté de ce désir, et de ses expressions ont été rarement prises en compte par le passé, dans la littérature, dans la culture, ou dans le domaine juridique.

Selon Hemingway, l'activité sexuelle signifie des choses différentes, selon le moment, le contexte, le partenaire. La sexualité peut être une expérience utopique, unique, variable selon les personnes

 

 

 

Le consentement sexuel 100 ans plus tard

Le consentement sexuel ressemble au consentement éclairé proposé avant les interventions médicales. C'est un concept évolutif dans le temps, qui dépend de la culture dominante, et des relations interpersonnelles.

Le consentement à l'activité sexuelle représente le point de référence pour décider ce qui constitue une activité sexuelle légalement admissible. Nous avons, comme les anciens, les mêmes difficultés à traiter ce sujet, car les détails du désir, son expression, et la satisfaction sexuelle sont souvent découverts et produits au moment du contact intime et pas avant.

100 ans après cette nouvelle d’Hemingway, on découvre encore que l'acte sexuel n'est pas un acte comme les autres, il peut s'accompagner d’un certain degré de peur, de répulsion, d'incertitude, d'excitation, et d'intrigue, d'un jeu de pouvoir, et de découverte. L'acte sexuel peut dévoiler une vulnérabilité personnelle, qui construit avec l'autre une confiance mutuelle. Cette confiance n'est pas entièrement fondée sur le consentement, mais sur un engagement mutuel d'accepter que le désir sexuel, la vulnérabilité, et le danger font partie du même ensemble.

Un autre risque accompagne l'acte sexuel, la déception face à une mauvaise rencontre sexuelle, à un mauvais partenaire, ou à l'apparition d’émotions négatives ou douloureuses.

 

 

 

Le consentement : concept juridique

La loi utilise ce concept pour faire la distinction entre un acte sexuel criminel et un acte sexuel consenti. En dépit d'une évolution constante, ce concept demeure limité, incapable de traiter toutes les situations. Comment déterminer si le consentement est présent ou absent ? Voilà la question qui occupe les juges, les enquêteurs, les juristes, et le corps médical.

En dehors des situations où l'on insiste sur le " oui " ou le " non ", le témoignage du plaignant est combiné à d'autres types de preuve comme  le comportement verbal et non verbal des deux parties pendant la rencontre. Le juge décide si dans l'ensemble, l'allégation de non-consentement est crédible. Dès le début de l'enquête, le fondement juridique du consentement s'appuie sur différents types de preuves et de signes, directs et indirects, pour construire une construction du consentement.

Cette approche judiciaire signifie que le consentement n'est pas un acte isolé en soi, mais un ensemble d'indicateurs considérés compatibles ou non avec ce qui acceptable en matière de comportement sexuel.

 

 

Concept nouveau : consentement affirmatif

Certains déclarent que le problème n'est pas la nature du consentement mais la loi. 

Les partisans du consentement affirmatif soutiennent que les partenaires sexuels devraient chercher activement à obtenir des signes clairs du consentement tout au long d'une relation sexuelle. D'autres proposent que l'accusé devrait démontrer qu'il a pris les mesures nécessaires pour obtenir le consentement de sa partenaire.

Cette logique épouse plusieurs problèmes majeurs. La même rencontre sexuelle, prise dans son ensemble, peut être à la fois humiliante et satisfaisante, dégoûtante et intrigante, effrayante et fascinante.  

D'autre part, assimiler le consentement au désir sexuel modifie profondément la définition de la sexualité dans une société. Les rapports sexuels tarifés avec un consentement affirmé deviennent des rapports sexuels désirés.

 

 

 

Concept nouveau: consentement enthousiaste

Le concept de consentement  " enthousiaste " proposé par certains, explique que l'oppression sexuelle exercée sur les femmes, y compris au sein du mariage plaide pour la criminalisation de tout acte  sexuel consensuel ou non, accompagné de contrainte, et que la loi et la société ne devraient approuver que le sexe désiré.

Cette approche pose à son tour de nombreuses questions sur la définition du désir, et le sexe désiré, et sur les pratiques sexuelles désirées et accompagnées de contraintes, comme les jeux sadomasochistes, et sur la sexualité acceptée mais non désirée, comme dans le mariage (accepter pour faire plaisir à son partenaire), dans les relations tarifées ou dans la pornographie

 

 

 

Un consentement réaliste

Le consentement sexuel est un sujet vieux comme le monde, toujours en évolution, selon la société, selon la culture dominante et selon ses principes.  

 

 

Un consentement sexuel valable exprime plus l'autonomie sexuelle de la personne que sa volonté. Vérifier ou donner le consentement est un acte responsable de respect, de moralité et de maturité.

 

 

Le consentement devrait inclure un consentement aux risques liés à l’activité sexuelle.

La discussion sur le consentement sexuel est légitime en évitant d’encourager le risque d'une société de contrôle et de suspicion individuelle. Les conflits autour de la sexualité disent long sur les sociétés et sur la liberté individuelle, sur le rôle de chacun et sur le vivre ensemble.

 

 

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Etre leader : compétence et pensée positive

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Un Leader : personne confiante, créative et positive


Un leader est une personne qui trouve sa place dans un groupe, pour aider, trouver des solutions ou diriger les autres.
Le leader est une personne capable d'influencer un groupe de personnes vers un but commun.
Le secret d'un leader est sa confiance en lui, et dans l'avenir du groupe. Le mot clé est la confiance, mais aussi la créativité et la pensée positive.

Il est né leader ou il l'est devenu ?
Un groupe de biologistes, d'anthropologues a examiné la question du leadership dans le monde animal dans quatre domaines : le mouvement, l'acquisition de la nourriture, le rôle dans les conflits, et entre les interactions au sein du groupe. Ils ont noté que le leadership chez les animaux est avant tout une question de force et de compétence. Le plus rapide, le plus doué, le plus fort devient leader.
Les études confirment qu'être leader est un apprentissage, une formation, et non pas de naissance. Le développement du leadership est une progression.
Un leader doit avoir quelques qualités : auto-efficacité, confiance dans ses capacités à diriger, compétence, motivation, et optimisme.
Quand une personne manque d'auto-efficacité, il répète : "Je ne pense pas vraiment être capable d'être leader" ou "Je ne suis pas confiant dans mes capacités". Ces doutes sont fréquents parmi la population. Certaines personnes tentent de se défaire de ces idées pendant leurs formations ou pendant leur travail, d'autres non.


Personne ne nait leader, c'est un travail pour acquérir les compétences nécessaires, c'est un travail sur soi pour développer la capacité à créer, et la faculté à être positif et optimiste.

 

leader positif

 

Un leader : compétence et psychologie positive

Selon de nombreuses études, dont la plus récente date 2016, publiée par l'université du Texas à San Antonio, un leader est une personne créative et confiante. La créativité est appréciée dans toutes les organisations, et les entreprises. Elle devient même la qualité première dans les entreprises innovantes et modernes. On devient chef de file quand on est capable de trouver des idées nouvelles et des solutions utiles. Selon ces études, les dirigeants inefficaces ou abusifs vont créer des situations stressantes pour leurs employés, et vont perdre progressivement leurs confiances. Cette perte de confiance retentit sur la productivité du groupe.
Les dirigeants en général sont confiants quand ils sont créatifs, quand ils trouvent des solutions, leurs subordonnés deviennent également plus créatifs.
Les leaders créatifs ont l'expérience pour alimenter leurs idées. Ils sont confiants, et deviennent plus confiants en cas de réussite. Les études confirment également que la créativité et la confiance d'un leader sont contagieuses.

 

leader politique


C'est le pouvoir de la pensée positive ; un leader peut diffuser sa confiance et sa créativité aux autres en donnant le bon exemple.
Un leader créatif et confiant cultive de bonnes relations avec les autres. La créativité se développe dans des environnements apaisés et sains.


Un leader dans le monde de l'entreprise ou dans le monde politique doit être compétent, positif, et capable de rassembler les autres.

 

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Crise, mondialisation : la solution reste à inventer

crise mondialisation japon france

 

Japon 1942 :  " retour à la maison perdue "


En 1942, " surmonter la modernité " était le titre d'un célèbre colloque organisé au japon par les intellectuels, témoin de l'incapacité de la société japonaise à trouver un consensus sur les questions complexes relatives à la modernité.
Romanciers, poètes, professeurs de littérature, réalisateurs, critiques cinématographiques, philosophes, compositeurs, scientifiques, psychologues, et historiens vont discuter la modernité et ses conséquences sur la société japonaise. Les résultats furent mitigés, les participants n'ont même pas réussi à forger une définition consensuelle de la modernité, et aucune conclusion sur les moyens pour surmonter les problèmes posés par cette modernité.
Les marxistes, comme les romantiques ont blâmé l'introduction de la modernité occidentale qui a provoqué la perte de l'esprit japonais. Kamei a vu dans l'égoïsme et dans la rationalité occidentale des poisons pour la civilisation, et  réclamait le retour vers les classiques.
Le chef du groupe Romantique Yasuda Yojuro pensait que le retour vers les racines était la solution. Les membres de l'école romantique définissaient la modernité comme une influence étrangère occidentale, qui véhicule l'américanisme, le matérialisme grossier et l'hédonisme.
D'autres participants pensaient que la modernité est un problème universel qui a commencé avec la révolution française. On critiquait le bureaucratisme occidental, la spécialisation fonctionnelle, et la production en série et le consumérisme.
Cette confusion reflétait la nature des débats sur la modernité chez les intellectuels et les acteurs sociaux tout au long des décennies entre les deux guerres. La critique de la modernité occidentalisée était présente dans les livres, les dessins animés Manga et dans le cinéma.

Ces critiques n'ont jamais suggéré de renoncer au confort de la science moderne ou à la technologie. Les critiques étaient avant tout culturelles, contre la rationalité, la perte de la créativité, la marchandisation de la culture, la perte de la vie en commun.
Les jeunes, garçons et filles, incarnaient ces défis posés par la modernité, le rôle de chaque sexe, ou le rôle du genre devenant un sujet problématique.
La critique de la modernité était intense durant les années 1930. Cependant la deuxième guerre mondiale ne sera pas réellement soutenue par une majorité des intellectuels japonais, conscients que la modernité est un courant historique et non pas un incident ou une simple difficulté.

 

crise mondialisation politique

 

La France 2016 : " retour à la France éternelle "

Nous y sommes ou presque. Nos intellos sont perdus dans cette modernité qui nous assiège. Comme les japonais des années 40 qui subissaient une modernité " made in ouest ", nous subissons une modernité liée à une révolution industrielle et numérique, à une mutation sociétale liée aux changements de la condition féminine et de la famille et du couple, à l'apparition des minorités sexuelles, culturelles, religieuses dans le débat publique, et à des mutations politiques. Comme les japonais, vous écoutez les intellos et les hommes politiques, personne n'est d'accord avec personne sur le diagnostic ni sur les solutions. Pour Jean-Luc Mélenchon, la réponse est moins d'Europe, et plus d'impôts pour assurer plus de justice sociale. Pour Nicolas Sarkozy, la réponse est le retour vers des valeurs identitaires et une modernité économique. Pour Marine Le Pen, la solution est de quitter l'Europe, cultiver l'identité française traditionnelle et distribuer les recettes fiscales. Pour la gauche au pouvoir, plus d'impôts, plus de distribution aux pauvres, plus de sécurité et plus d'identité.
SI vous lisez Éric Zemmour, le passé était plus simple, la France doit retrouver ses structures et ses attributs du siècle dernier. Vous écoutez Michel Onfray, il répète que la solution est à gauche, dans les mouvements de citoyens pour arrêter cette modernité.
En France, on évite de parler modernité ou progrès, car ces termes sont liés culturellement à notre histoire. On parle mondialisation pour désigner notre crise ; et Arnaud Montebourg voulait lui "démondialiser".
Pourtant, l'évolution de l'économie mondiale et l'apparition de puissances industrielles émergentes sont un mouvement historique.

 

crise individualisme


La révolution numérique qui risque de fragiliser un nombre important de nos emplois est un mouvement historique.
Le comportement individualiste en occident est sans doute sans retour, comme la recherche de la qualité vie, le travail qui devient un moyen et non plus une fin en soi, les évolutions de la la société, les âges, et les habitudes.
Des réflexions partent d'un constat considéré comme une évidence : la crise est un problème, la mondialisation est un incident qu'on ne peut arrêter.

En 1942, les intellos japonais ont fini par admettre et dire que la modernisation n'est pas un incident mais un courant historique.
Et c'était vrai pour nous aussi ? Finira-t-on par dire que la mondialisation comme la révolution numérique et les changements sociologiques, est un courant de l'histoire et non pas une crise ?


Et si on commençait par dire que nous avons les moyens de nous s'en sortir à condition de construire un modèle nouveau et non pas de chercher les solutions dans le modèle actuel ou dans le passé ?

 

 

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Nietzsche à Freud : sortir la civilisation du chaos

Freud Nietzsche irrationnel chaos

 

Nietzsche le chaos extérieur, Freud le chaos intérieur

Freud pensait que si le développement de la civilisation continue sur sa forme actuelle, " l'ensemble de l'humanité risque de devenir névrotique, " écrit-il dans Malaise de la civilisation en 1930.  
Quelques années avant lui, Nietzsche critiquait les opinions conventionnelles de son temps. Il ne croyait pas à la réforme sociale, il détestait le gouvernement parlementaire et le suffrage universel. Il détestait les libéraux, les conservateurs, les communistes et les socialistes. Il ne partageait pas la vision du progrès caractéristique de la tradition intellectuelle occidentale. Il condamnait  la morale chrétienne. Il se moquait de la notion libérale qui pense que l'homme est intrinsèquement bon.


Selon lui, l'homme doit comprendre que la vie n'est pas régie par des principes rationnels. Mais que la vie est pleine de cruauté, d'injustice, d'incertitude et d'absurdité. Il n'y a pas de normes absolues du bien et du mal. Il n'y a qu'un homme nu vivant seul dans un monde absurde et chaotique.
Contre les tendances de la société bourgeoise de son époque, Nietzsche a souligné que l'homme doit connaître son monde intérieur, que ses instincts sont sa vraie force. Il écrivait "Du sollst werden, der du bist", ou  "devenez ce que vous devez être."

 

chaos

 

Pour que l'homme réalise son potentiel, il doit rompre sa dépendance à la raison et à l'intelligence en développant ses instincts, son dynamisme et sa volonté. Ainsi, dans son livre, l'anti-Christ de 1888, Nietzsche écrit que le christianisme a mené une guerre contre ce type d'homme " supérieur ", cultivant les faiblesses des humains et non pas leur force.


 "Dieu est mort," écrit il. Les anciennes valeurs et vérités ont perdu leur vitalité et leur validité. Il n'y a pas de valeurs morales. Nietzsche dit l'homme doit dépasser le nihilisme, produit de sa vie quotidienne,  créer de nouvelles valeurs, devenir son propre maître et être fidèle à lui-même.
Selon Nietzsche, l'homme pourrait être sauvé par un nouveau type d'homme, le Surhomme. Ces hommes qui se libèrent de la foutaise de la civilisation moderne, pour créer leur propre morale fondée sur les instincts, l'entraînement et la volonté.
Nietzsche a saisi l'un des problèmes fondamentaux du XXe siècle.

 

Dans le dernier quart du 19ème siècle, Nietzsche ne voyait que déclin. Avec la mort de Dieu, une mort décidée par la révolution scientifique, l'individualisme de la classe moyenne, le marxisme, le darwinisme, le positivisme et le matérialisme, les valeurs morales traditionnelles avaient perdu leur valeur et leur signification, la philosophie de Nietzsche cherchait la solution.


Freud : le pessimiste enfant des lumières  

Nietzsche quitte ce monde en 1900. Un autre grand penseur va marquer le siècle, Sigmund Freud (1856 - 1939) lui va réhabiliter les idées du 18ème,  siècle des Lumières.
La raison humaine et les sciences sont selon lui le chemin pour la connaissance. Freud est l'enfant des Lumières.  Il va se concentrer sur le pouvoir et l'influence des facteurs non-rationnels, des impulsions de la pensée et du comportement humain.

Dans les années 1840, Karl Marx disait ; les individus croient qu'ils pensent librement, mais en fait,   leurs idées reflètent la culture dominante. Marx parlait de "fausse conscience".

Freud croyait aussi que nos pensées conscientes sont déterminées par quelque chose de caché : nos pulsions inconscientes.

Freud ne s'éloigne pas de Nietzsche.  Il pense que l'irrationnel est un un danger potentiel. Freud était convaincu que l'homme n'est pas un être rationnel, son comportement est guidé par des forces intérieures.
L'esprit inconscient explique selon Freud certaines actions humaines.
Freud n'a pas découvert l'inconscient. Les romantiques européens, Rimbaud, Shakespeare, Dostoïevski et Nietzsche ont discuté cet esprit inconscient. Contrairement à Nietzsche, Freud était un homme scientifique. Le médecin Freud s'était spécialisé dans le traitement des troubles mentaux. Il a conclu que le chaos intérieur est le résultat de craintes vécues durant l'enfance. Les névroses prennent selon lui plusieurs formes : hystérie, anxiété, dépression ou obsession. Pour traiter un comportement névrotique, Freud discutait les expériences de l'enfance. Freud traitait ses patients de deux façons. La première la libre association : dire tout ce qui vient à l'esprit peut révéler quelque idée cachée. La deuxième méthode est l'interprétation des rêves. Les rêves selon lui révèlent les désirs secrets.

 

Freud souligne que le chao intérieur est le résultat d'un conflit entre les pulsions et les exigences de la civilisation. Il a développé cette thèse dans son livre court de 1930, Malaise dans la civilisation.  La coexistence est douloureuse entre nos pulsions et les limites de la société. Elle est à l'origine de nos anxiétés, nos frustrations et nos culpabilités.
 La vie civilisée augmente la souffrance des gens et le risque pour leur santé mentale.

 

Comme Nietzsche, il pense que les gens ne sont pas bons par nature. L'individu est une créature d'instincts et d'agressivité.
La civilisation est un fardeau que les individus doivent supporter pour éviter le chaos. En face de cette souffrance, on trouve anxiété, dépression, alcool et autres drogues.

 

chaos modernite philosophie

 


Nietzsche, Freud vont changer la civilisation occidentale

Leur travail a créé une grande révolution culturelle que nous appelons le modernisme, une révolution caractérisée par la prise de conscience de Soi. Les artistes modernistes ont abandonné les traditions artistiques et les conventions littéraires et ont commencé à expérimenter de nouveaux modes d'expression. Ils ont détruit l'histoire afin de créer leur propre histoire.
Des écrivains comme Thomas Mann (1875-1955), Marcel Proust (1871-1922), Rimbaud (1854-1891), DH Lawrence (1885-1930), James Joyce (1882-1941) et de Franz Kafka (1883-1924) et Yasunari Kawabata (1899-1972) au japon ont exploré la vie intérieure. Leurs romans traitent de l'homme moderne qui rejette les valeurs de sa culture en payant le prix de la culpabilité, de la frustration, d'une sexualité stigmatisée, de solitude.

Pour les modernistes, la réalité est personnelle, individuelle et subjective.
L'artiste fait sa propre réalité.  Le moderniste façonne un monde irrationnel.
Igor Stravinsky (1882-1971) présenta Le Sacre du Printemps à Paris en 1913, les impressionnistes vont rompre avec les traditions picturales classiques.  Renoir (1841-1919), Monet (1840-1926), Manet (1832 à 1883), Degas (1834-1917) et Picasso (1881-1973), ont tenté de capturer l'instant (mouvement, couleur et lumière) comme il est apparu à l'esprit à un moment donné.

En 1900, les artistes ont tenté de pénétrer dans les profondeurs de l'inconscient, véritable source de la créativité. Ils ont essayé de représenter visuellement ce qui ne pouvait pas encore être donné l'expression verbale. L'art cubiste présente des objets à partir de plusieurs points de vue dans un seul et même temps.

 

Conclusion  

Le modernisme dans l'art, la philosophie  et dans la littérature est le reflet de la puissance et l'attrait de la partie irrationnelle de l'existence humaine.  Le modernisme fait partie de la même expérience européenne qui a produit Nietzsche et Freud.
Nietzsche et Freud n'ont pas enfanté le modernisme. Leur diagnostic de la société occidentale n'était pas erroné.

Les analyses d'une société ou d'une culture ne prédisent pas son avenir. La condamnation de Nietzsche et de Freud de cette civilisation si elle était fondée, n'a engendré ni désintégration, ni déclin. Par contre la civilisation a changé, s'est modernisée pour s'adapter.
Elle changera encore et encore.

 

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Féministes: plus heureuses?

femme homme liberte

 

Féministes: plus heureuses?

Pendant l'été, j'ai participé aux trois ou quatre forums de célibat qui existent sur le net français. Sur un forum, j'ai lu les interventions, plutôt passionnées, des célibataires discutant le féminisme et son rôle passé et actuel.

Certaines questions peuvent apparaître absurdes, cependant réalistes : faut-il payer le repas quand un homme invite une fille, surtout si la fille affiche son indépendance comme une identité ? Que reste-t-il de la galanterie ?

Une fille de 20 ans disait qu'elle était contre la galanterie, car elle jugeait ce système paternaliste, et non égalitaire. Quelques interventions plus tard, elle regrettait que les hommes ne soient plus comme par le passé : attentifs et galants. Faut-il laisser passer une femme avant soi ?

 

Ces discussions me semblaient justifiées car le féminisme égalitaire oblige les hommes et les femmes à trouver un autre système de relation.

 J'ai lu récemment le livre The Paradox of Declining Female Happiness, Betsey Stevenson, Justin Wolfers  ou  le paradoxe du bonheur féminin déclinant  publié en 2009. Les auteurs soulignent que les études montrent que les femmes se déclarent en 2009 aussi malheureuses qu'en 1972.  Pourtant il s'agit d'un livre féministe.

Les femmes regrettent l'absence de romantisme dans les relations entre les hommes et les femmes, la tension entre les deux sexes, et la domination de la pornographie véhiculée par Internet.

Une fille, Nathalie, racontait sur un forum célibat qu'elle est sortie avec un garçon de 27 ans pendant trois mois. Garçon idéal sans casier judiciaire, bon métier, bien éduqué et équilibré. Nathalie est féministe, elle croit à l'égalité des droits. Elle a refusé que son copain paye le dîner et le cinéma dès la première fois. Après une discussion, chacun a payé sa part.

Je demande à Natalie par messages privés pourquoi sa relation avec ce garçon a échoué après trois mois. Elle pense que son copain l'a quittée parce qu'elle était féministe.  Il lui a dit qu'il cherche une femme et non pas militante, qu'il ne se voyait  pas la présenter à sa famille ou à ses copains.

Nathalie ajoute sur un ton amer qu'elle trouve injuste de devenir une vieille fille à 40 ans car elle croit à l'égalité entre les sexes.

Curieusement, le livre de Betsey Stevenson et  Justin Wolfers est peuplé de ce genre d'histoire. Je ne sais pas si les féministes étaient heureuses dans les années 80, les jeunes filles d'aujourd'hui trouvent en face d'elles des hommes qui mettent en cause le rôle du féminisme dans le couple, et dans les rencontres.

En réfléchissant, je pense que les hommes ont raison sur certains points :

Comment critiquer un homme quand il dit qu'il ne sait plus comment faire avec les femmes ?

 Nous sommes pour l'égalité avec les hommes, nous pouvons passer nos soirées à critiquer un homme qui ne sait pas préparer le dîner, mais aussi à critiquer un homme qui ne se montre pas galant et attentif, et en même temps virile et protecteur?

Dieu merci j'ai un salaire, je peux payer mes factures, cela devrait-il m'empêcher d'accepter l'invitation de mon chéri, ou lui laisser toute la place qu'il demande, et de bien préciser les rôles de chacun sans militantisme ?  Est-ce vraiment un signe d'égalité de mettre un homme à la cuisine  s'il n'aime pas faire la cuisine ? Et pourquoi ne pas mettre une femme au bricolage aussi seulement par amour de l'égalité ?

Dans un sondage publié au Figaro, une majorité significative des filles de 18 ans se déclare en faveur du retour au modèle traditionnel, en d'autres termes aux rôles traditionnels. Le féminisme a gagné, nous avons l'égalité dans les textes, et aussi dans la réalité, faut-il vraiement continuer la guerre ? Voilà ce que déclarent de nombreuses jeunes filles aujourd'hui !!

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Homme ou femme : qui est plus romantique

romantisme

 

 Homme ou femme : qui est plus romantique

Un psychologue a eu l'idée de prendre une série de photographies de mariage, et les a coupées en deux, a mélangé les photos, et a demandé à un groupe de personnes d'établir le degré relatif du charme des individus.

Selon les remarques de ces personnes, les gens avaient choisi des partenaires possédant un degré de charme semblable à leur propre partenaire. Ce genre de résultats permet d'aller vers la théorie de la complémentarité selon laquelle "les caractères opposés s'attirent", et aussi l'autre côté vers  "qui se ressemble s'assemble".

 

À la question de savoir si les femmes sont plus romantiques que les hommes, la plupart des gens répondent oui. Les études confirment que cette constatation est culturelle, les femmes selon ces études dans le sens que la femme a davantage tendance à faire passer l'émotion avant les considérations pratiques ou matérielles.

 

Un nombre plus élevé d'hommes que de femmes se marient au-dessous de leur niveau socio-économique propre. Les jeunes gens font preuve d'un nombre croissant d'expérience romantique après l'âge de 20 ans, à l'inverse des jeunes femmes qui manifestent un nombre décroissant. Cette constatation laisse supposer que les femmes exercent un contrôle plus rationnel, ou sont plus désenchantées de l'amour que les hommes.

 

En interrogeant un large échantillon de personnes de deux sexes âgés de 18 à 24 ans, en leur demandant si elle acceptait d'épouser quelqu'un qu'elles n'aimaient pas mais qui aurait toutes les qualités souhaitables : un tiers des hommes et un tiers des femmes répondaient : non.

 

Ce genre d'étude moderne est contre l'image conventionnelle selon laquelle le sexe féminin serait plus romantique. Une étude a interrogé des hommes utilisant les sites de rencontres pour sortir avec des filles et organiser des rendez-vous.

 

En interrogeant les personnes sur les impressions produites sur eux par une rencontre avec une jeune fille, les personnes refusées de la part de cette fille, n'ont pas trouvé plus de charme à cette fille difficile à séduire. On modifie l'expérience : une fille disponible, une fille jamais libre, et une fille précisant qu'elle était trop demandée, et qui serait intéressée par un rendez-vous avec une personne "spéciale". Cette dernière a été jugée par les hommes comme la fille la plus désirable des trois.

 

D'autres expériences poussant la recherche ont montré que la passion de l'homme est plus grande quand elle est suscitée par une femme qui au début, se montre résistante et critique, et qui par la suite, s'intéresse réellement à lui.

 

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Homme victime de femmes prédatrices !

James-bond-agresse-par-sophie-marceau

Sophie Marceau et Pierce Brosnan dans «Le Monde ne suffit pas».

 

Quand on parle d'agression sexuelle, nous parlons de victimes, majoritairement des femmes. Les femmes victimes de sexualité imposée sans consentement sont les plus nombreuses dans les statistiques. Mais les hommes ??

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Nos bourgeois, hier et aujourd'hui

le charme discret de la bourgeoisie

Le Charme discret de la bourgeoisie, film de Luis Buñuel

 

Le bourgeois ; un terme vague et péjoratif


Il suffit de lire les livres ou d'écouter les chansons du siècle dernier pour avoir une idée sur la férocité des attaques contre les bourgeois. Les classes populaires les considéraient comme responsables de l'injustice sociale, de la décadence, du libéralisme économique, et de tout ce qui est contraire aux intérêts des travailleurs.
Dans un village, les habitants bienveillants vont traiter un homme riche d'un monsieur, d'autres vont utiliser le terme bourgeois, et certains vont utiliser le terme sale capitaliste.

Pour des raisons multiples, historiques et culturelles, la bourgeoisie était stigmatisée, critiquée, et combattue par les classes populaires, et par les partis de gauche qui cherchaient à défendre les intérêts des classes populaires.

 

citation flaubert

 

D'où viennent les bourgeois ?


À la différence des aristocrates de l'ancien régime qui savaient très bien d'où ils venaient, les bourgeois n'avaient pas d'arbres généalogiques précis. Ils habitaient les villes, les bourgs, et les cités, pour devenir artisans ou négociants.
La révolution française va faire triompher la bourgeoisie. Le tiers état était peuplé de bourgeois influencés par la philosophie des lumières, par les textes de Jean-Jacques Rousseau, par une séparation entre la religion et l'État et par la liberté économique. Ce triomphe politique de la bourgeoisie s'est accompagné d'une belle réussite économique.
En fait, il est difficile de définir le bourgeois et la bourgeoisie mais en règle générale, c'est une classe sociale qui possède une certaine fortune, une certaine éducation, et une instruction. On appelait d'une manière générale cette classe sociale les gens du monde.


Marcel Proust a bien dessiné les caractères de cette classe sociale qui remplaça progressivement l'aristocratie. Il insiste sur un point important : pour devenir bourgeois, il faut être accepté dans les milieux bourgeois, et faire partie des gens du monde. Il n'est pas tendre avec cette classe sociale critiquée par les aristo et par les classes populaires à la fois.

 

citation proust1


Avec le temps, on distingua la grande bourgeoisie caractérisée par un train de vie luxueux, comme les riches propriétaires, les présidents de tribunaux, les hauts fonctionnaires, les industriels, les financiers, les médecins célèbres, de la petite bourgeoisie qui englobait les fonctionnaires d'État, les petits officiers de l'armée, et les artisans, commerçants. La bourgeoisie comptait sur l'instruction pour garder ses privilèges et son statut social. Un pharmacien peut le devenir car il possède l'instruction, c'est plus difficile pour un commerçant, ou pour un agriculteur. Les professions libérales, les officiers ministériels, les avocats étaient des bourgeois car exerçaient des professions exigeant une instruction plus poussée que les autres.

 

Les bourgeois de droite, symboles des patrons et des riches

À la fin de l'ancien régime, à partir de la restauration, les bourgeois commençèrent à s'installer dans les villes, dans de confortables hôtels particuliers. À la campagne, ils construisaient de jolies maisons. À la révolution industrielle, ils ont fondé des entreprises plus ou moins florissantes, ils sont devenus les patrons, employeurs, banquiers.
La France s'enrichissait de ses exportations agricoles. Pour éviter de se voir fermer les marchés étrangers, les agriculteurs exportateurs furent de libres échangistes, soutenus par la classe dirigeante et par les bourgeois. Le XIXe siècle fut celui du triomphe de la bourgeoisie et du capitalisme, sans que les bourgeois en soient les principaux acteurs, et progressivement ils vont devenir le symbole de ce capitalisme, mais également de ses méfaits et conséquences sur les classes populaires.

 

citation michalska

La nouvelle bourgeoisie de gauche : les "bobos"


Durant la première moitié du XXe siècle, la bourgeoisie était synonyme de richesse et de capitalisme. Les partis politiques de droite cherchaient à séduire cette population, tandis que les partis de gauche cherchaient à séduire la classe ouvrière et les classes populaires ou laborieuses.
À la fin du XXe siècle, les choses vont changer.
L'essayiste américain David Brooks invente en 2000 le terme Bobo pour décrire une nouvelle bourgeoisie new-yorkaise, bohême et branchée, plutôt à gauche. Le terme bobo a quitté le champ sociologique pour devenir une caricature politique.


Brooks écrivait :

" le bobo est un homme libéral sur le plan économique comme sur le plan moral, hypocritement préoccupé des questions sociales, gagnant sur tous les plans grâce à son art du politiquement correct "


Se réclamer du peuple devient problématique pour les partis de gauche dans le monde occidental. Des techniciens et des personnes bien formées remplacent progressivement la classe ouvrière. Ces techniciens ont tendance à être plutôt des bourgeois que des travailleurs. L'individualisme gagne progressivement la société occidentale comme culture dominante.
Les bourgeois nouveaux, de gauche, sont des personnes souvent diplômées, dotées d'un solide capital culturel, travaillant dans des métiers valorisants comme la culture, communication, ou la santé, et se distinguent de la bourgeoisie classique par leurs quartiers. Ils préfèrent en général les quartiers populaires, ils rénovent les vieux ateliers et les immeubles délaissés.
On voit cette bourgeoisie partout en Occident, et dans les autres pays. Cette bourgeoisie nouvelle est préoccupée par l'écologie, la justice sociale, mais également par l'individualisme, et par la liberté d'entreprise, par la liberté des mœurs.


Les bourgeois ont quitté nos villes, ou sommes-nous tous devenus bourgeois ???

 

 

 

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Fascisme japonais : crise économique et refus de modernité

fascisme japon guerre

 

Fascisme japonais : de la crise au refus de modernité


Le fascisme japonais et le fascisme européen ont de nombreuses similitudes : régimes autoritaires et tendances totalitaires.
Cependant, il existe une différence importante : le fascisme japonais est un mouvement sans réel soutien populaire, tandis que la montée de l'extrême droite en Europe était portée par un mouvement de masse en Italie et en Allemagne. Au japon, crise et peur de la modernité ont amené l'extrême droite au pouvoir.  

 

La modernité frappe à la porte de l'ile empire    

La mort de l'empereur Komei donna l'occasion au jeune prince Mutsuhito, devenu le successeur de son père, d'abattre définitivement les partisans du shogunat (gouvernement militaire) dans la Guerre de Boshin. Après son accession au trône, le jeune souverain ordonne le transfert officiel de la capitale impériale de kyoto à l'ancienne résidence des shoguns (aujourd'hui le Palais impérial), à Edo, ville qui fut rebaptisée " Tokyo ", c'est-à-dire la "Capitale de l'est".


L'ère Meiji commença le 23 octobre 1868, permettant l'entrée organisée et volontaire du Japon dans l'ère industrielle, l'abandon d'un régime féodal. La Charte en 1868 des dirigeants Meiji stipulait la mise en place d'assemblées délibérantes, la participation de toutes les classes dans les affaires politiques, abrogation des restrictions de classe sur l'emploi, recherche de la connaissance internationale.
Une constitution fut élaborée en 1889 comportant 11 articles. On voit la naissance d'un Conseil d'État, des organes législatifs, du suffrage universel, de nouvelles règles administratives locales.
Autre réforme importante, l'abolition de la classe guerrière les samouraïs.


La Conférence d'Osaka en 1873 aboutit à la réorganisation de l'administration d'un système judiciaire indépendant et à la création d'une chambre des anciens, chargée d'examiner les propositions de la législature.

Bien que le gouvernement ne s'opposa pas au parlementarisme, il continua à contrôler la situation politique. De nouvelles lois en 1875 interdisent la presse de critiquer le gouvernement et l'examen des lois nationales. La loi sur les réunions publiques (1880) limite sévèrement les rassemblements publics en interdisant la participation des fonctionnaires et nécessitant une autorisation de la police.

Cette réforme ne fut pas acceptée par tous, et provoqua en 1877 la rébellion de Satsuma menée par l'un des fondateurs de la nouvelle ère, Takamori Saigo, alimentée par des réflexes xénophobes et conservateurs de la société japonaise. Celle-ci sera rapidement matée au bout de six mois par les forces impériales.


Le japon est partie en guerre contre la Chine en 1894-95. Cette première guerre sino-japonaise va durer du 1er août 1894 à 17 avril 1895 opposant la Chine de la dynastie Qing à l'empire du Japon, pour le contrôle de la Corée. Après six mois, les Qing demandent la paix en février 1895. Cette guerre indique la domination japonaise en Asie orientale et une sévère perte de prestige et de pouvoir de la dynastie Qing, et inaugure une importante vague de protestation, et de révolutions.

Le Japon a connu, durant les années qui ont précédé la guerre, un fort développement économique instauré dès 1872 pour transformer le régime féodal et moderniser le pays. Le Japon s'est organisé comme un État moderne, au pouvoir central fort, avec un régime parlementaire. La modernisation s'est étendue à l'armée, et à l'industrie militaire.

La Corée était traditionnellement tributaire de la Chine. La première guerre sino-japonaise en 1894-1895, permettra à l'Empire du Soleil Levant, par le traité de Shimonoseki de mettre la main sur Taïwan, l'archipel des Pescadores et la presqu'île du Liaodong, ainsi que de placer La Corée sous sa sphère d'influence (signature d'un traité d'alliance militaire).


Dans un quart de siècle, le "miracle de Meiji "sous forme de modernisation accélérée a transformé le japon d'un pays sous-développé en une puissance mondiale.


Le japon entre en guerre en 1894. Pour la même occasion, il exige une révision de ses traités inégaux avec les nations occidentales. Cette révision est aussi devenue une demande populaire.
En dépit des divergences de vue parmi des intellectuels et et les hommes politiques sur les méthodes de modernisation et les valeurs culturelles, cette victoire faisait une exceptionnelle unanimité au sein de la société japonaise.


La crise : porte ouverte à l'extrême droite


La crise de 1929-30 allait provoquer un changement radical de la politique de coopération avec l'occident. La crise encouragea les courants les plus radicaux. Ces mouvements appelaient à un régime autoritaire qui imposerait sa volonté à intérieur et à l'extérieur.

En 1925, l'Union soviétique reprend le contrôle de la Mandchourie. En 1931, l'incident de Mukden dans le sud de la Mandchourie sera à l'origine d'une guerre. Il s'agit d'un attentat contre une section de voie ferrée appartenant à la société japonaise : chemin de fer de Mandchourie du sud (Minami Manshu Tetsudo Kabushiki-gaisha).

L'armée japonaise intervient en Mandchourie. Le 18 février 1932, le Japon déclare la zone indépendante de la république de Chine, sous le nom de " Grand État mandchou (Mandchoukouo) de Chine".
Suivant une politique d'expansion impériale, le Japon va reproduire ce modèle en installant des gouvernements d'occupation pro-japonais dans la république de Chine, aux Philippines, et en Thaïlande. Le Mandchoukouo est utilisé comme base arrière pour les invasions japonaises, et lieu de déportation des Chinois après la guerre sino-japonaise.

 

fascisme japon eleves instruction militaire


L'armée faisait la guerre à l'extérieur, les ultra-nationalistes de droite à l'intérieur et à l'extérieur en commençant à terroriser la population à l'intérieur du Japon,  intimidant les libéraux, les industriels, et les investisseurs. Libéraux et capitalistes furent jugés responsables de l'état du pays.
Le politologue Masao Maruyama (1914-1996) décrit les idées de l'ultra-nationaliste  :


" Le contenu de leur idéologie était extrêmement vague et abstrait. Le principe était d'accepter l'autorité absolue de l'empereur et de se soumettre à ces ministres. Toute tentative pour formuler une idée opposée à la volonté impériale devrait être considérée comme une invasion, une agression. Ils diffusaient une sorte d'optimisme mythologique et simpliste selon laquel il suffit de liquider les méchants et les corrompus pour que les nuages se dissipent, et que le soleil impérial du Japon brille à nouveau."

 

Ces idées gagnèrent aussi certains pays européens comme l'Allemagne et l'Italie.

En mai 1932, un groupe de jeunes officiers de marine assassinent le premier
ministre. Les gouvernements démocratiques ne gouvernent plus. Les deux grands partis continuent à gagner les élections en attendant leur dissolution en 1940 au nom de l'unité nationale.
A partir de 1932, le premier ministre nommé par les militaires, est encadré par des bureaucrates qui coopèrent avec les militaires.


Cette phase de l'histoire est décrite par les japonais comme la phase de fascisme de leur pays, qui a impliqué le japon dans la guerre du Pacifique et, enfin de compte, pour aboutir à sa défaite militaire en 1945.


Bien que la plupart des chercheurs occidentaux soient réticents à appliquer le concept européen du fascisme à l'évolution du Japon pendant cette période, il est clair que, sous la pression internationale et les crises internes, la démocratie parlementaire qui avait évolué au Japon à partir de la moitié de la période Meiji, s'est complétement désintégrée devant la crise économique, et devant la montée de l'armée, celle-ci ayant réussi à établir un état oppressif dès la fin des années 30.

 

Les fascistes en Europe ont été inspirés par des "leaders" comme Hitler et Mussolini, ils sont arrivés au pouvoir grâce à des mouvements de masse. Au japon, aucune mouvement de masse n'a participé à l'installation d'un état policier. En raison de la crise, les militaires ont fini par convaincre d'être les dépositaires de l'esprit national et traditionnel japonais, d'être le seul espoir pour l'unité de la nation.


Une fois au pouvoir, l'ennemie qui avait conduit le peuple égaré fut désigné : la modernité et les doctrines et idéologies socio-politiques propagées par l'occident.
Dans un tract publié en 1937 intitulé les principes Fondamentaux de notre politique nationale :

 

" On peut dire qu'en occident comme dans notre pays, l'individualisme est dans l'impasse, il conduit à la confusion idéologique et sociale et aux crises."

 

Les militaires ont diffusé l'idée que le Japon était une terre sacrée, gouvernée par un bon empereur, que les citoyens étaient membres d'une grande famille, censés servir l'Etat avec fidélité. Les militaires avaient la sainte mission d'étendre l'influence japonaise à l'étranger et de préserver la paix à l'intérieur.

Durant ces années, de nombreux auteurs et artistes furent interdits ou poursuivis, non seulement les auteurs communistes ou auteurs de gauche mais des dramaturges, des professeurs et des écrivains. Il était interdit de commenter ou de juger la politique dans les journaux comme dans les universités.

 

Les idées des militaires et de leurs alliés critiquaient également les modes, et les " grotesques habitudes " et "l'absurdité des idées occidentales".

On interdisait les salles de danse, les revues féminines, les mini golfs, et même les mots croisés.

 

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Médias sociaux : ces amis qui nous veulent du bien !!

medias sociaux homme pc

Les médias sociaux, facebook, tweeter et autres, sans oublier leurs ancêtres les forums, sont nos moyens modernes de communication, de présentation et d'échanges. Ces médias nous permettent d'avoir des liens avec les autres, et engendrent, comme toute technologie, certains problèmes.

 

Médias sociaux et mensonges : perdre confiance et troubler sa propre mémoire

 

C'est classique, mentir sur les réseaux sociaux, est un sport collectif.
En se répétant des mensonges, en s'inventant une vie imaginaire, notre mémoire sera troublée. Les inventions répétées et les mensonges risquent de fusionner avec la mémoire réelle.

 

En lisant des pages de facebook, nous avons l'impression que certains utilisateurs racontent leur vie. Pourtant, les études confirment que deux tiers des utilisateurs mentent, ou enjolivent la réalité et inventent une vie différente. Les médecins ont commencé à décrire les cas de personnes affectées par une " amnésie numérique " à force de croire à leurs propres versions des événements en oubliant la réalité et la vie réelle.

 

Inventer une vie sur les réseaux sociaux répond à une conformité sociale. La pression du groupe, avec laquelle chacun doit se conformer, engendre un comportement de groupe.

 

Sur Facebook, Twister, forums, les études découvrent que la moitié des utilisateurs déclare subir un sentiment de paranoïa, de tristesse et de honte, en étant incapables de vivre dans la réalité ce qu'ils racontent sur les médias sociaux. Inventer une vie différente de la vie réelle répond à des besoins pour éviter la stigmatisation, avoir de la popularité, être accepté dans un groupe, etc. Cette habitude peut créer une érosion dangereuse de l'identité personnelle selon les études récentes. Les mémoires sont réellement modifiées ainsi que leur nature, et leurs relations avec le temps. Dans certains cas, les personnes abandonnent les réseaux sociaux, ou consultent un médecin en raison d'un sentiment de culpabilité, de dégoût, parfois d'anxiété ou de troubles de la personnalité.

 

68 % des personnes sur les réseaux sociaux admettent exagérer ou mentir sur leur propre vie. 16 % des jeunes adultes âgés de 18 à 24 ans ont des troubles de mémoire en raison de fusion entre la mémoire réelle et les mémoires inventées.

 

Les personnes inventent, ou enjolivent leur vie pour être acceptées dans la communauté, pour ne pas être traitées de jalouses, ou ennuyeuses, pour avoir de la popularité, pour avoir des liens et pour sortir de leur solitude.

 

medias sociaux resaux

 

Partager : À n'importe quel prix ?

 

Dans le journal Computers in Human Behavior, une étude publiée en 2014 souligne que le partage sur les réseaux sociaux est de plus en plus répandu : un événement n'en n'est pas un jusqu'à ce que vous le disiez à quelqu'un. Les personnes qui partagent leurs émotions se disent ensuite soulagées. 70 % du partage social utilise des médias de texte comme Facebook ou Twitter. Les personnes choisissent les médias qui répondent à leurs besoins psychologiques soit par texte ou par message audio ou autres. Le positif est vite partagé. Par contre, les événements négatifs ou tristes sont peu appréciés, jugés comme intrusifs, et rabat-joie.

 

Le partage d'un événement positif augmente son impact, effet connu sous le nom de capitalisation. Partager l'heureux rendrait donc plus heureux. Par contre partager le triste ne semble pas alléger la tristesse, au contraire, cela semble aggraver les émotions négatives, soit par les commentaires des autres, soit par manque de solidarité.

 

Harcèlement en ligne

 

Le harcèlement en ligne est présent dans les forums et les réseaux sociaux. Ce sont parfois les trolls agressifs et insultants, parfois les autres connectés qui signalent vos messages comme abusifs pour inviter la modération à effacer vos messages ou à suspendre votre compte, ou c'est un membre qui cherche à se venger ou à attirer l'attention.

 

Internet n'est pas jeune, les réseaux sociaux ont presque 10 ans. Des procédures de gestion de ces comportements commencent à apparaître, sur le plan informatique, social et juridique. Parfois le harcèlement en ligne dépasse la plaisanterie vers les menaces ou vers la manipulation. La première ligne de défense est la prévention. Le bon sens invite chacun à mesurer le sérieux de son comportement et du comportements des autres. La deuxième ligne de défense est d'avertir la modération du réseau social. Si les menaces sont sérieuses, il est utile de demander l'aide.

 

D'autre part, il est conseillé de quitter un site quand vous vous sentez menacé, harcelé, ou ennuyé. La gestion de harcèlement en ligne est à ses débuts, mais les interventions de la police et des juges se multiplient.

 

Vie personnelle, vie professionnelle

 

L'interconnectivité croissante d'Internet signifie que la séparation entre vie personnelle et vie professionnelle va devenir de plus en plus complexe. Les mails sont un support publicitaire, les réseaux sociaux et les commentaires peuvent être exploités. Les médias sociaux ont rapidement associé l'individu personnel à l'individu  professionnel. Sur Facebook, figurent le nom, le prénom, le mail, l'âge, puis quelle école vous fréquenter, quel lycée, quel ville, quelle profession, etc. Pour suivre vos amis d'université, vous dévoilez vos études, puis votre profession, puis vos loisirs.

 

Pour éviter cette confusion dangereuse, la première étape est de prendre en compte ce danger, de séparer le professionnel du personnel, ou de choisir de ne pas le faire après avoir évalué les risques et les avantages.

 

Par la suite, il est utile de comprendre comment se protéger, ou demander de l'aide pour assurer cette protection. Vérifier comment vous pouvez protéger vos données personnelles sur votre navigateur ou sur les moteurs de recherche, comment faire avec les photos ou les numéros de téléphone.
Ne jamais accepter de pulguer sur internet une donnée dont vous ne maitrisez pas sa protection et sa diffusion.

 

medias sociau fille facbook

 

Activisme et propagande

 

Qui n'a pas subi sur Twitter, Instagram ou Facebook les débats acharnés et parfois animés d'activistes et de personnes qui diffusent de la propagande ? Une discussion sur l'égalité home-femme, sur le conflit armé au moyen orient, sur l'immigration, et les messages d'activistes qui défilent pour vous convaincre et pour vous influencer.

 

Les médias sociaux révolutionnent l'activisme politique et social. Il est plus facile d'agiter, de provoquer des débats et d'argumenter. Les plates-formes sociales transforment les discussions sociales en capital culturel. Vous laissez un message sur l'égalité homme femme, un autre prendre ce message comme un argument. Vous laissez une vidéo sur youtube, il devient un argument pour les autres utilisateurs.

 

Sur les médias sociaux, les " like, " les retweets ", les commentaires, sont le but de nos interventions. Chacun tente de communiquer ses idées et sa conviction. La perspective de récompenses sociales corrompt parfois nos interventions, car sur ces médias, notre image aux yeux des autres, nos profils sont une promotion personnelle. Curieusement, en militant sur les réseaux sociaux, on offre à ces réseaux plus de visiteurs et plus de gains.

 

Le consommateur occidental est habitué à cette liberté de parole, sait comment évaluer la propagande politique ou commerciale.
Et sur les réseaux sociaux, il est utile d'être vigilant, car ils donnent une fausse idée de la propagation d'une idée, de son importance, transformant les opinions en arguments.

 

Références

 

  1. Stephanie J. Tobin, Eric J. Vanman, Marnize Verreynne, Alexander K. Saeri. Threats to belonging on Facebook: lurking and ostracism. Social Influence, 2014; 1 DOI: 10.1080/15534510.2014.893924
  2. Mina Choi, Catalina L. Toma. Social sharing through interpersonal media: Patterns and effects on emotional well-being. Computers in Human Behavior, 2014; 36: 530 DOI: 10.1016/j.chb.2014.04.026
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Nuit Debout, le temps des conclusions ?

nuitdebout2016

Nuit Debout : et maintenant ?

Nous étions en train de préparer une manif parisienne pour soutenir l’écologie dans la société. La France venait d’élire François Hollande et nous voulions rappeler le gouvernement à ses obligations vis-à-vis de l’écologie.


J’ai contacté les organisateurs sur leur page Facebook. Je voulais participer. Beaucoup de monde sur cette page, des militants, des gens sincères, plutôt sans étiquette politique, qui tentaient de préciser les objectifs de cette manifestation parisienne. Il fallait commencer par la discussion. Rapidement, on découvre combien les opinions sont divergents, éloignés voire contradictoires. L’écologie comme n’importe quel sujet touche l’économie, le comportement personnel et même l’organisation de la société.


On laissait nos commentaires. On ajoutait nos idées. La page Facebook devient jour après jour une sorte de colonne longue et interminable. Les idées défilent, sans conclusions.


En discutant économie et écologie, Plusieurs personnes s’énervent. La discussion devient plus dure. Les commentaires acerbes font leur apparition. L’administrateur de la page efface ces commentaires agressifs pour préserver la qualité des interventions et pour apaiser l’ambiance.


Ce geste est immédiatement contesté, jugé autoritaire et même fasciste. Qui t’a donné l’autorité ? Quelle est ta légitimité pour modérer ? Quelle démocratie ?
On oublie l’écologie et l’économie. On doit organiser la gestion de la page. On doit élire un modérateur. On discute, on vote, on conteste, on revote.


La discussion reprend. La page s’allonge comme un tapis sans fin. Des centaines d’opinions plutôt sincères et des commentaires de bonne qualité flottent dans le vide de Face book. Qui peut rédiger une conclusion ? Pour conclure, il faut hiérarchiser, il faut dire que ce qui est essentiel. Chaque intervenant insiste sur son point de vue. Le tapis horizontal s’étend, se prolonge.

Rien de vertical ne peut surgir. La conclusion s’éloigne.
Vous imaginez la suite. Progressivement, la page se vide, aucune manifestation n’a été organisée bien sûr.
J’ai pensé à cette expérience en écoutant certaines interventions de Nuit Debout.

Cette soif de discuter, de parler, de vouloir faire, de vouloir avancer la société dans un sens, et la difficulté d’une conclusion.

Ces discussions peuvent remplir une énorme page de Facebook, et risquent d’avoir les même problèmes que cette manif qui n’a pas eu lieu : la conclusion est un acte difficile, c’est une recherche des priorités.


Nuit Debout démontre avant toute conclusion combien les partis politiques sont impuissants et incapables de mener les débats vers une conclusion utile.

Je ne sais pas qui a dit que l’horizontal est beau, le vertical est utile.

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Donald Trump, Bernie Sanders : contre le libre échange

trump sanders libre echange

Libre échange et exigences démocratiques

En suivant le débat des primaires pour la présidence aux Etats-Unis, le sujet du commerce devient central. Donald Trump propose d’augmenter de 45% les droits de douane sur les importations chinoises. Le sénateur Bernie Sanders refuse le traité de Trans-Pacific Partnership défendu par le président Barack Obama.
Comme dans d’autres pays occidentaux, les américains ont bénéficié des produits chinois et asiatiques à bas prix dans une grande variété des produits importés. Certains hommes politiques américains critiquent le bilan de cette politique : déficit commercial sans précédent, 500 milliards par an, soit 3% du produit intérieur brut.
Le débat des primaires révèle que les États-Unis ont perdu plus de deux millions d'emplois entre 1990 et 2010 à cause de leur politique commerciale avec la chine. Certains économistes estiment que le commerce avec les pays à bas salaires a réduit les salaires dans les pays occidentaux. Moins de revenu, moins de consommation et moins de projets de vie pour les salariés dans les pays occidentaux.


Ces accords commerciaux avec les pays à bas salaires étaient largement bénéficiaires pour les grandes entreprises. Les revenus des cadres, des investisseurs et des dirigeants ont augmentés. Les salariés ont bénéficié de ces accords des produits à bas prix.

Autre politique est possible ?


S’agit-il d’un discours avant élection ou le début d’une autre politique commerciale qui répond aux priorités actuelles?
Dans les pays occidentaux, de nombreuses voix réclament une politique commerciale plus soucieuse du modèle social, qui respecte l’environnement et les exigences écologiques sans négliger une harmonisation de la fiscalité des entreprises et une lutte sans merci contre les paradis fiscaux. Le scandale de Panama Papers est un exemple sur les méfaits de cette politique commerciale, disent certains.
Ces principes étaient évoqués par le G20 après le choc financier de 2009. Le consensus n'a pas survécu.

Respecter le droits du travail, les droits de l'homme, les droits des consommateurs et protéger l'environnement. Voilà les exigences actuelles de nombreux courants politiques dans les pays industrialisés.

Le discours pendant le débat présidentiel américain semble trouver dans un protectionnisme sélectif le début d’une réponse. Il reste à voir si les grandes entreprises vont jouer le jeu.
Le débat présidentiel américain confirme que l’influence de l’économie américaine sur le monde est de moins en moins déterminante. Un protectionnisme américain unilatéral risque de compliquer les relations entre les Etats Unis et les autres grandes puissances économiques mondiales : Japon, chine, et Europe.

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Stoya et Deen : viol dans le Porno

stoya james deen1

Viol pendant le tournage d'un film adulte ?

Le 28 novembre 2015 , dans un tweet de 55 mots, Stoya accuse James Deen de l'avoir violée pendant le tournage.
Stoya et Deen, deux premiers stars de l'industrie porno aux USA. Elle est actrice, styliste, et auteur, présente dans les médias pour vendre ses produits et discuter féminisme et liberté d'expression. Elle vit et travaille avec Deen , un des trois stars et producteurs de porno, les mieux payés et le plus sollicité, il est le star "féministe" de la porno.
Stoya prétend qu'elle avait prononcé le mot de sécurité, cette expression qui mettre fin aux jeux sexuels sadomasochistes, mais il a continué.
Le couple est séparé récemment. Stoya ne dit pas quand ce viol est arrivé, elle raconte que le lendemain, elle a tourné à nouveau avec lui.
Après ce tweet, nombreuses actrices porno prétendaient que Deen ne respectent pas les femmes pendant le tournage.

stoya james deen2

Star de cinéma adulte James Deen a répondu aux accusations selon lesquelles il a violé son ancien partenaire, l'actrice Stoya, en les qualifiant d' allégations. Dans sa réponse, Deen confirme le contraire, son entourage témoigne d'une Stoya noyée dans l'alcool et le Xanax, et racontent ses crises de nerfs et son instabilité émotionnelle.
Nous sommes en face d'un conflit de couple médiatique, dans le monde de la pornographie. Stoya demande au public d'écouter les actrices de porno car elles peuvent être violées. Les féministes dans les médias ne savent pas quoi répondre. Où se trouve le consentement dans un rapport Sadomaso au sein d'un couple ? C'est un viol le soir et un tournage le matin ?


Stoya a fait l'accusation de viol sur Twitter, et non pas dans un poste de police. L'affaire semble se perdre, presque oublié dans les journaux américains. Le retentissement de ces accusations sur la carrière des deux vedettes est un problème commercial mais la question mérite d'être posée : Quelle sont les limites de consentements dans le porno, et dans le porno sadomaso ?


Pourquoi mettre le féminisme dans une telle affaire, il s'agit d'une affaire judiciaire et non pas idéologique, même si on comprend qu'elle cherche l'appui des femmes ?
Dans notre société occidentale où on prône égalité entre homme et femme, est ce que le porno est toujours compatible culturellement avec nos valeurs ? Quelque chose est en train de changer ? Quelques choses devraient changer ? Je n'ai pas réponse à ces questions. Le sujet est complexe.

Game of Thrones saison 5l

Quand je regarde Games of thrones, je me demande si un jour une actrice va nous parler de Viol ou on continue de parler de cinéma?

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Le dégagisme à la française

degagisme melenchon

Le dégagisme à la française

En 2011, des manifestants tunisiens criaient contre leur président dictateur Ben Ali, dégage, déclenchant ainsi le printemps arabe. En juin 2017, les Français ont réussi leur dégagisme, à leur façon, avec maîtrise et sagesse.


Comme s'il y avait en France un ras-le-bol de la situation économique et politique, comme si les Français savaient que le pays avait assez d'atouts pour aller mieux, ils ont décidé en votant de changer radicalement leur classe politique. Ils ont mis à la retraite des poids lourds de la politique, des responsables politiques incapables de régler les problèmes du pays, à droite comme à gauche.


Le dégagisme atteint ceux qui promettaient depuis des années de trouver des solutions, de respecter leurs promesses et d'améliorer le quotidien des français.  Après une présidence de droite entre 2007 et 2012, la France sort endettée, avec des comptes publiques lourdement déficitaires, et devient après 5 ans de présidence de gauche le pays le plus imposé en Europe, le chômage toujours plus élevé et les comptes publics plus dangereusement dans le rouge.


Après ces élections, le message est clair, le peuple a dégagé une bonne partie de la classe politique. En écoutant les commentaires de ces hommes politiques mis à la retraite, certains n'ont toujours pas compris que les français ne veulent plus des promesses vides, des affaires et des hommes politiques comme professionnel à vie de leur mandat.
Nous devons l'apparition du mot dégagisme pendant ces élections à Mélenchon. La France insoumise et sa réussite à s'installer dans le paysage politique en moins d'un an témoigne la volonté des français de faire confiance à des gens nouveaux : plus de femmes, plus de jeunes, plus de société civile.


Il suffit de lire les motivations du vote dans les sondages, ou de discuter pour tomber sur cette réponse : nous avons voté Macron ou Mélenchon pour dégager les autres.


Les survivants de la classe politique ont compris le message, les nouveaux sont avertis.
Voter pour dégager n'est pas un acte de foi ou d 'engagement.  C'est balayer le passé et tourner la page. Le dégagisme est un acte indispensable pour construire l'avenir.

C'est le rôle de ces nouveaux visages, de convaincre les français de leur capacité à réformer, à trouver des solutions valables et pragmatiques, et à transformer ce geste de renouvellement en acte d'adhésion.         

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Femmes et pornographie : liberté ou normalisation ?

femme pornographie

 

Femmes et pornographgie


Les séries télévisées actuelles, les livres et les films sont riches en passages érotiques ou sexuels. Ce là ne semble plus choquer les femmes. D'ailleurs les livres de " romance épicée " avec des scènes sexuelles proches de la pornographie, se vendent très. Certains parlent même de pornification de la culture pour décrire cette présence du sexe dans nos produits culturels.
Cette tendance est décrite par d'autres comme un vent de liberté et de normalisation, et décriée par certains au nom des valeurs culturelles ou religieuses.  La question des femmes dans cette tendance culturelle est encore d'actualité.
 


Les femmes regardent les films X   


Le discours féminin se montre attaché à une conception de la sexualité associant la sexualité aux émotions. Dans une étude de 2012, 12 % des femmes rapportent l'utilisation de la pornographie comme moyen récréatif, par curiosité, ou à la recherche d'une stimulation érotique.
Quelques années plus tard, en 2014, selon les études, en France, plus de huit femmes sur dix affirment avoir déjà regardé un film X. Et une sur cinq aime s'adonner à ce loisir coquin. 82 % des femmes sondées ont visionné un film pornographique au moins une fois dans leur vie, 99 % des hommes ont eux regardé ce type de films.

 

femme pornographie ordinateur


En vingt ans, le nombre de femmes qui regardent des films pornos a vraiment augmenté : d'après une étude sur la sexualité de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), elles étaient seulement 23 % en 1992, selon l'institut Ifop.
Si les femmes préfèrent regarder des films en couple (62 %), une Française sur deux (50 %) aime regarder le film porno seule.
Le stéréotype selon lequel toutes les vedettes porno sont des femmes malades, sans estime de soi, forcées ou droguées est une idée ancienne et même un préjugé. Selon les conclusions du Journal of Sex Research , les stars du porno ont plus d'estime de soi que les autres femmes, sont en bonne santé mentale et physique.


En 2015 selon les statistiques de site Pornhub, les femmes semblent préférer regarder certaines pratiques sexuelles plus que d'autres, comme le cuni-lungus entre un homme et une femme. Selon le même site, les femmes cherchent leurs scènes préférées : mots vulgaires, gros sexe, ou sexe d'homme noir.


A partir de 2015, 24 % des visiteurs de Pornhub du monde sont des femmes qui ont tendance à passer plus de temps à regarder le porno sur le site que leurs homologues masculins. La femme moyenne passe 10 minutes et 10 secondes par visite, par rapport aux hommes qui passent seulement 9 minutes et 22 secondes. Les femmes philippines sont en tête avec 13:31 minutes par visite.


Au cours de la dernière décennie, on a assisté à une augmentation notable de productions pornographiques cherchant à séduire les femmes, mettant l'accent sur des relations respectueuses, avec consentement mutuel et une dose d'intimité. Par contre, les sites présentant exclusivement ce type de contenu ont peu de trafic.

 

Andy Warhol sex

 

Les motivations


"Le sexe est plus excitant à l'écran et entre les pages que dans les draps " disait Andy Warhol.

Dans les études disponibles, les femmes consommatrices de pornographie ont les motivations suivantes :
- améliorer la qualité de la relation avec son partenaire dans 58 % des cas. Certaines femmes disent que la consommation pornographique à deux a permis aux hommes de formuler nettement leur demande et leurs besoins. Dans certains cas, les femmes ont été encouragées par cette consommation à deux, à exprimer également leurs besoins.


- regarder la pornographie n'est pas considéré comme un geste d'infidélité par les femmes. Dans 93 % des cas, la pornographie n'est pas considérée comme une infidélité.


- la pornographie aide les femmes à lutter contre le stress, cette fuite dans les fantasmes est présente dans 85 % des réponses.

- la pornographie domestique est en vogue, 40 % des femmes interrogées déclarent avoir fait un sexe-tape avec leurs partenaires.

- la pornographie est partout. 57 % des femmes disent avoir consommé de la pornographie dès l'âge de la puberté car la pornographie est disponible.


Le débat sur la pornographie et les femmes est complexe, certaines femmes disent qu'il s'agit d'une pornographie faite par les hommes pour les hommes, d'autres femmes pensent que la pornographie dégrade l'image de la femme, d'autres femmes sont indifférentes.
Les études concernant la réception de la pornographie démontrent une particularité féminine ; les femmes peuvent être stimulées sexuellement par une pornographie hétérosexuelle ou homosexuelle. La fluidité de l'identité sexuelle féminine s'exprime dans la consommation de la pornographie par les femmes.

Et la nouvelle génération ?
Une étude suédoise récente publiée en 2014 a analysé la consommation de la pornographie dans la génération de 16 - 18 ans. À 16 ans, 96 % des garçons et 54 % des filles regardent des films pornographiques. Les filles qui consomment de la pornographie ont plus de partenaires sexuels par rapport aux autres filles de même génération, leurs pratiques sexuelles sont plus variées, et parfois plus risquées.
Même dans la nouvelle génération, les garçons semblent avoir une perception plus positive de la pornographie que les filles, en dépit d'une augmentation rapide du nombre de consommatrices.

Les études se succèdent, et mettent en lumière certains détails, mais dans l'ensemble, on découvre que le comportement sexuel féminin et masculin se rapproche étrangement, le nombre des partenaires sexuels, l'âge du premier rapport sexuel, les pratiques sexuelles etc. sont presque identiques pour les deux sexes. La consommation de la pornographie suit la même tendance. Les produits pornographiques ou érotiques populaires sont sollicités par les deux sexes.


La société offre, de plus en plus aux femmes la liberté d'exprimer leurs besoins et valide ces besoins. Le comportement sexuel féminin et les besoins exprimés sont de moins en moins éloignés du comportement masculin et des besoins masculins comme si le comportement sexuel était avant tout un produit social.  Etrangement, les études du genre semblent favoriser ces conclusions.

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Cadeaux de Noël : un peu de psychologie

Noel cadeau

 

Acheter les cadeaux à Noël est un moment stressant pour certains, un amusement pour d'autres, mais le choix des cadeaux n'est pas un geste simple. Il suffit de penser à nos motivations pour découvrir qu'il s'agit d'un geste pratique et symbolique.
On prépare la liste, on vérifie ce qu'on a offert l'année dernière, on cherche les prix, on cherche le sens et le message qui va avec. Pour les chercheurs en psychologie, les cadeaux de Noël sont un indicateur intéressant de nos comportements. Quel message voulez-vous transmettre ? Comment interpréter les cadeaux des autres ? Etc.

 

Le cadeau de noël est un message

 

Cette idée devrait être présente au moment du choix. Le prix et le caractère personnel dépendent de la personne, de la relation que vous avez avec lui et du message que vous voulez transmettre en offrant ce cadeau.


abs11.5 rose Ils l'ont voulu, ils l'ont eu
C'est une stratégie simple et pratique. Vous avez la liste de ce que les gens que vous aimez attendent, vous offrez des cadeaux selon cette liste. Dans une étude publiée dans le Journal of Experimental Social Psychology, les gens apprécient de recevoir des cadeaux demandés et attendus. Le message est : j'ai répondu à vos désirs. C'est le cas généralement. L'inconvénient, certains préfèrent des cadeaux plus réfléchis, moins attendus, moins communs. Si votre conjoint a parlé d'une jolie cravate qu'il a vue, il sera content de recevoir sa cravate à Noël. Il peut apprécier un autre cadeau que vous avez choisi pour lui car le message est plus personnel : j'ai désiré ce cadeau pour toi.

 

noel cadeau psychologie


abs11.5 rose Penser à la personne et non pas au cadeau
Dans une étude publiée en avril 2014 dans le Journal of Consumer Research, il semble que certaines personnes privilégient le choix du cadeau plutôt que la personne qui le reçoit. Le risque dans ce cas est d'acheter de beaux cadeaux pour la mauvaise personne. Vous pouvez être séduit par un objet de décoration, ou par un livre, le plus important est de penser à la personne qui va recevoir le cadeau, à sa réaction et non pas à l'importance ou à l'originalité du cadeau.

 

abs11.5 rose Ce que les gens achètent pour nous
Voilà un paramètre qu'on utilise dans le choix des cadeaux. Si un cousin vous offre des livres, on peut conclure qu'il aime les livres, ou qu'il n'a pas le temps de choisir d'autres cadeaux. Pour le choix de son cadeau vous avez deux solutions : lui offrir un livre, ou trouver pour lui un produit culturel comme par exemple un DVD ou une bande dessinée. C'est un message simple et amical : je partage tes passions.

 

abs11.5 rose Simplicité, utilité
C'est normal d'être généreux avec les gens qu'on aime. Dans les études publiées dans les journaux de consommateurs, la majorité des gens préfèrent recevoir un cadeau, facile, pratique et utile. La simplicité est le mot-clé dans le choix des cadeaux. Qui a envie de passer trois heures à lire le mode d'emploi d'un appareil ou d'un jouet ?

 

abs11.5 rose C'est l'idée qui compte
Dans une étude publiée dans Journal of Experimental Psychology, une majorité de gens apprécie les cadeaux bizarres, recherchés, et inattendus, cela transmet un message important et appréciable: j'ai passé du temps pour choisir ce cadeau.

 

abs11.5 rose Donner de l'argent
On peut être étonné, ou navré. Toutes les études confirment que l'argent est le cadeau le plus souhaité. Ce souhait est rarement déclaré. Si offrir de l'argent fait plaisir, les études confirment qu'il s'agit d'un message impersonnel, un choix de facilité. Si vous souhaitez donner de l'argent, vous avez des solutions intermédiaires, les bons d'achat par exemple, ou les abonnements. Un bon d'achat d'un magasin de produits culturels ou sportifs est un choix plus personnel que de simples billets.

 

En conclusion, Il est juste de constater que la fête de Noël s'accompagne d'une tendance à la consommation. Mais cette fête continue à être une fête familiale, chargée de symboles, y compris dans ses cadeaux, dans ses rituels, et surtout dans ses souvenirs qui marquent notre enfance.

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Marilyn Monroe et chirurgie esthétique

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Encore une fois, Marilyn Monroe peut être fière de sa légende, il suffit de parler d'elle pour avoir des gros titres, et des discussions passionnées sur sa beauté devenue presque légendaire.


Le nom de la star de cinéma était récemment présent lors d'une vente aux enchères de documents personnels. Ces papiers ont appartenu à un chirurgien plasticien nomme Michael Gurdin. Ses dossiers médicaux suggèrent que Marilyn Monroe a bénéficié de la chirurgie esthétique.


Depuis toujours, il existe une spéculation au sujet de la beauté de Monroe. S'agit-il d'une beauté normale ou d'une beauté améliorée et perfectionnée par la chirurgie esthétique. De nombreux articles ont mentionné que le visage de Marylin a profondément changé depuis ses débuts, elle était selon ses certains biographes moins belle au début de sa carrière, et que les changements de son visage sont si importants que l'éclairage soigné de ses photographe ne peut seul expliquer ces changements.


Dans les documents médicaux, on retrouve une note principale au sujet d'une intervention sur son nez datant de juin de 1962, deux mois avant sa mort. Certains biographes ont déjà signalé qu'à la même époque Marylin avait fait une chute chez elle. Il est donc possible que l'actrice ait consulté le chirurgien, sous un faux nom, Joan Newman, pour examiner son visage et prévenir une éventuelle fracture. Les notes du chirurgien font référence également à un implant de menton et à des modifications du nez de Marilyn. Les photos de Marylin ne semblent pas refléter des changements notables de l'aspect de son menton.


Qu'importe, nous sommes toujours dans la légende, la beauté de Marylin n'est pas seulement une beauté du visage, mais une beauté du regard, de la pose, des gestes, d'un corps, et d'un sourire. La chirurgie esthétique, si elle avait existé, ne pouvait que sublimer une beauté déjà exceptionnelle.

 
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Technologie numérique et éducation : égalitaire ? utile ?

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La technologie numérique dans nos écoles

Pour préparer la rentrée scolaire, avez-vous accompagné vos enfants pour acheter une tablette numérique ou un ordinateur ? C'est le cas de nombreux parents. Les équipements numériques figurent de plus en plus sur la liste des lycéens et parfois des collégiens.

 

Les hommes politiques : toujours modernes


Dès l'apparition de la technologie numérique, dans les années 1990, les hommes politiques, les industriels liés à la technologie numérique, et les experts en pédagogie ont vanté l'importance de la technologie numérique comme technologie égalitaire dans nos écoles. En France, on parlait de fracture numérique à éviter, une égalité de chances vis-à-vis de ces technologies. Dans les médias américains, on parlait d'Internet à l'école comme un moyen pour offrir aux étudiants défavorisés leurs chances d'accéder à une instruction de bonne qualité.
Ces politiques enthousiastes ont été à la base de nombreux projets pédagogiques sous forme de programmes informatiques, sites Internet, contenus numériques, et livres numérisés.
La fondation de Bill Gates par exemple déclare qu'elle est toujours à la recherche des meilleures idées et des meilleurs projets capables de favoriser la collaboration entre élèves, l'autonomie des enseignants, la richesse des programmes, et l'égalité de chances.
La technologie numérique peut offrir un accès plus facile et plus abondant à l'éducation et à la formation par exemple, on pense qu'internet a augmenté de façon spectaculaire la diversité éducative, et la créativité des méthodes éducatives. La mise en ligne des cours et des programmes scolaires a permis aux professeurs du monde entier, de comparer leurs expériences, d'échanger et de dialoguer. Cette mise en ligne des cours et des programmes a permis aux élèves élargir leur choix, a multiplié les options apprentissage disponible.
La technologie numérique permet également d'apprendre par soi-même, en suivant les cours des meilleurs professeurs et de bénéficier de l'expérience des autres participants.
L'espace numérique peut être considérée comme un lieu idéal de discussions, de collaboration et de conversation.
La technologie numérique peut offrir des moyens variables et efficace de réduire les coûts de l'éducation, et d'atténuer ainsi les obstacles qui peuvent exclure les populations défavorisées.
Ces développements historiques peuvent apporter l'éducation, à des millions des personnes à travers le monde, en créant des nouveaux modes d'apprentissage qui n'ont jamais existé auparavant. Ces développements feront sans doute parti d'nouveau modèle économique mondial.
On trouve de plus en plus sur le net des programmes pour l'apprentissage et pour la formation dans un modèle ouvert "open ressource éducation." Ces programmes ont vu le jour dans les années 2000. Actuellement des milliers établissements d'enseignement dans le monde suivent leur contenu, presque gratuitement grâce à des modèles comme iTunes U, Academic Earth et Udemy.
Parallèlement à ces initiatives, certains chercheurs pensent qu'il est possible de rendre la scolarité obligatoire en utilisant Internet en créant des écoles cyber et des classes en ligne. La prise en charge de la scolarité sur Internet existe déjà aux États-Unis et en Europe.
La technologie numérique propose des alternatives accessibles à l'enseignement traditionnel dans les pays sous-développés comme l'Inde ou certains pays africains en utilisant plusieurs plates-formes, Cloud, Skype et autres. Après les événements du Moyen-Orient, la technologie numérique a été proposée pour l'éducation des réfugiés dans leurs camps.

 

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L'éducation de plus en plus inégalitaire


On peut dire qu'il existe un consensus général sur ce point : les formes traditionnelles d'enseignement sont loin d'être justes, égalitaires et démocratiques.
Ce constat est valable dans la plupart des pays développés. On peut élargir ce constat vers d'autres pays. Le système éducatif dans le monde souffre d'un problème chronique d'inégalité de chances dans l'accès à l'enseignement, et dans les résultats scolaires.
Dans les pays développés, l'enseignement secondaire, et universitaire continuent à créer la disparité et l'inégalité sociale.
En dépit d'innombrables réformes, le système éducatif n'a pas suffisamment changé. L'accès à une éducation de qualité dépend du niveau social, de l'aisance financière des parents, et de l'environnement culturel de l'étudiant.
La question d'une éducation démocratique, égalitaire, efficace est une question urgente et prioritaire dans le monde entier.

 

La technologie numérique : une nouvelle inégalité?


De nombreux élèves souffrent du manque d'accès au monde numérique pour des raisons économiques, ou en raison de leur incapacité à exploiter cette technologie. Les inégalités numériques commencent à l'école maternelle, et se prolongent. L'accès à la technologie exige des équipements valables, correspondant au nombre d'élève, un investissement dans la formation, dans l'entretien et la mise à jour de matériel éducatif.

 

Bilan mitigé : l'enfant riche est plus connecté


On comprend que les partisans de l'éducation numérique insistent sur les bonnes nouvelles et sur les succès. Les études indépendantes sur les programmes et l'efficacité des moyens numériques dans l'éducation sont rares. Quelques études ont souligné que les enfants aisés sont plus aptes à utiliser les moyens technologiques que les enfants pauvres. D'autres études ont signalé que les programmes proposés par les plates-formes numériques fournissent un apprentissage de bas de gamme, ou un apprentissage adapté aux pays occidentaux. Dans certains programmes, on insiste sur l'apprentissage de l'anglais par exemple en négligeant la langue du pays. Ces études semblent indiquer que les moyens numériques n'assurent pas la démocratisation espérée de l'éducation. Les expériences des personnes en face de l'éducation numérique sont influencées par leur classe sociale, ou par leur culture.
Dans l'ensemble, l'éducation par les moyens numériques peut améliorer l'accès de certaines personnes à un enseignement de bonne qualité.


Cependant, si les technologies numériques ne peuvent pas résoudre tous les problèmes liés à l'inégalité d'une éducation, mais ne semblent pas pour autant l'aggraver.

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Japon : Boom touristique, France : désertion

japon kimono tourisme

 

Japon : Boom touristique

 

19,73 millions de personnes ont visité le Japon en 2015. Le japon est certain de dépasser le chiffre de 20 millions de visiteurs étrangers en 2016.
C'est une surprise pour le gouvernement japonais qui se voit obligé de créer une secrétaire d'état au tourisme.
Les dépenses de ces visiteurs sont en hausse de 71.5%. En 2016, l'industrie du tourisme au Japon équivaut à celle de ses exportations d'automobile.
Les responsables restent prudents sur cette croissance rapide, citant des incertitudes sur l'économie chinoise, les destinations principales comme Tokyo et Osaka ayant presque atteint leur capacité à recevoir l'afflux de tourisme.
Selon l'Organisation National du Tourisme Japonais, les voyageurs en provenance de Chine sont en tête de liste, suivis par la Corée du Sud puis par les américains. Ces touristes ont choisi le japon pour plusieurs raisons, mais la dévaluation du yen a sans doute joué un rôle, les prix et les questions de sécurité ont détourné les touristes asiatiques et nord américains de l'Europe.
Cette semaine, le gouvernement japonais annonce des prévisions de 40 millions de touristes par an en 2020. Après les Jeux Olympiques, l'objectif du gouvernement est d'attirer 60 millions de visiteurs étrangers par an d'ici 2030.
Depuis quelques années, le japon modernise son industrie du tourisme ; ouverture de chambres d'hôtes à Kyoto et Akasaka au public, rénovation des parcs nationaux , amélioration esthétique des sites touristiques et efforts de promotion pour attirer plus de touristes en provenance d'Europe, des États-Unis et d'Australie, ainsi que les riches touristes d'autres nations.

 

japon mont fuji tourisme


En aout 2016, la voie dite d'or (autoroute) entre Tokyo et Osaka était presque saturée. Le taux de remplissage des hôtels à Osaka est 85,2 %, Tokyo 82,3 %, et 71 ,4% à Kyoto, et de 70,9% à Aichi. Du jamais vu.
Depuis 2015, le japon découvre ces touristes à fort pouvoir d'achat, qui recherchent des paysages, le climat, mais aussi un service raffiné et le shopping.
Les japonais parlent de " bakugai " pour désigner les achats impulsifs de ces touristes surtout chinois.

 

En France, baisse inquiétante des recettes touristiques.


Il est difficile de dire que ces touristes ont fuit la France même si on peut regretter la baisse du nombre de touristes en France. Les événements dramatiques de cette année ? Les prix qui placent la France parmi les destinations les chères ? La qualité de nos services ?

 

paris effel tourisme

 

Le Figaro de 23 août mentionne que les recettes touristiques de Paris sont inférieures de 1 milliard d'euros par rapport à 2015. En cause, la menace terroriste mais pas seulement.


Selon Valérie Pécresse présidente du conseil régional d'Île-de-France, nous assistons en particulier à une dégringolade des touristes asiatiques. Une baisse jamais vue. Ce manque à gagner est inquiétant pour l'activité économique de la région et l'emploi de la filière. Les attentats sont la première cause de cette chute. Mais la dégradation est profonde, la menace terroriste n'explique pas tout. Les touristes restent moins longtemps à Paris qu'à Londres. Ils dépensent moins qu'ailleurs.

 

La qualité de notre offre se détériore, il est urgent d'ouvrir les yeux. Nous devons prendre à cœur notre mission d'accueil touristique.

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Estime de soi, individualité, individualisme

 

individualisme

 

Devant la vitrine d'une agence de voyage, une jolie affiche, une photo d'un site touristique en Asie ou à l'autre bout du monde, cela fait rêver. L'affiche annonce : votre voyage commence ici. Dans une société individualiste, tout commence ici pour nous, par nos modes de vie, par nos réactions ?


La crise économique en 2008 a mis en lumière certaines aberrations du modèle économique. Et l'idée de se débarrasser de toutes restrictions, ou de satisfaire tous nos désirs, a rapidement montré ses limites.

 

De l'individualité à l'individualisme

 

Par le passé, l'individu n'a pas toujours eu droit de citer, il dérangeait l'ordre collectif. Le mot "individualité" était souvent synonyme d'égoïsme, et non pas d'autonomie.
Depuis de nombreuses années, l'individualité est devenue un but de notre société. S'affirmer face aux autres, sans culpabilité, est une prérogative moderne. Des livres et des articles de psychologie, de psychologie positive nous invitent à développer pleinement nos personnalités, nos talents, qui nous rendent différents des autres, de répondre en premier à nos besoins et de valider nos désirs. L'Individualité encourage chacun à développer un caractère social en participant à la société et en reconnaissant l'importance du bien commun.


Selon le psychologue Maslow qui a résumé la hiérarchie des besoins humains en : besoins psychologiques, besoins de sécurité, besoin d'amour, besoin d'estime, et besoin d'autosatisfaction. Selon cette approche, le sommet des besoins est l'auto-réalisation, la réponse à ses propres besoins.
La réalisation de soi ou l'auto-réalisation est une préoccupation humaine constante, on la retrouve dans de nombreuses cultures, et dont tous les ensembles sociaux. Cette auto-réalisation dans notre monde moderne s'intéresse essentiellement à l'individu, la réalisation de soi devient une autosatisfaction, une qualité de vie. Pourtant cette tendance a engendré l'individualisme.


L'individualisme est une déformation de l'individualité où la personne pense être le centre d'un monde qui ignore le caractère social des personnes, et leurs rôles dans la société. L'apparition des réseaux sociaux a encouragé l'individualisme, et la séparation de l'individu de la société environnante. L'individualisme devient l'autre visage de l'égoïsme.
L'individualisme dans la société occidentale diminue l'influence modératrice de la famille, des intermédiaires, des groupes et de la société toute entière.

 

Besoins et désirs ne sont pas identiques

Huit Français sur dix considèrent que la cohésion sociale en France est minée par des comportements individualistes selon une enquête du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) de 2013.

Aux yeux des personnes sondées, l'individualisme apparaît comme le premier obstacle qui fragilise la cohésion sociale (32 %).
Les sociétés occidentales sont des sociétés individualistes, où l'autonomie des personnes est essentielle. L'indivualité est indispensable pour acquérir l'automonie. Mais l'individualisme est une déformation de l'autonomie, on ne satisfait plus ses besoins, mais on satisfait ses désirs. On entre ainsi dans le culte hédoniste du présent, le culte du corps, le culte de soi, le culte de la psychologie, et du relationnel. L'effondrement des grandes idéologies et le culte de la consommation facilitent la dérive de l'individualité vers individualisme.

 

L'autonomie de chacun n'est pas facile à acquérir dans un monde gouverné par la communication, par les exigences des autres ; l'individu doit trouver son chemin, devenir autonome par rapport à son environnement, par rapport à son travail. Il doit se forger une identité, et même une sexualité. L'apparition de l'individualisme comme un mutant postmoderne de l'autonomie et de l'individualité s'accompagne de culpabilité, l'instabilité, et parfois d'un sentiment d'insécurité.

Chaque personne se sent seul dans une société indifférente.


L'épanouissement personnel et la recherche d'une identité deviennent une obsession qui se concrétise par l'investissement dans la sphère privée, dans la famille, les loisirs, voyages, amour, et par négliger le collectif ou y être indifférent.

 

Dilemme dès l'enfance

 

Comment aider les enfants à être autonomes, à exprimer leur individualité sans dériver vers l'individualisme et l'égoïsme ?
Une bonne estime de soi dépend d'un juste équilibre entre les réponses aux besoins personnels et la réaction aux pressions externes.
Les parents tentent d'encourager l'estime de soi de leurs enfants, et l'expression de leur individualité. Quand les enfants commencent à s'affirmer, ils ne peuvent pas distinguer besoins et désirs. Leurs désirs vont affronter la pression de leur entourage, la pression d'autres enfants et la pression de la société.

 

De nombreux enfants peuvent suivre les médias, la publicité ou le modèle proposé par d'autres enfants ceci par facilité. Ils vont exprimer alors leur individualité par la consommation et l'acquisition d'objets : vêtements, chaussures, jeux vidéo, ou gadgets technologiques. Ces biens de consommation seraient un moyen pour se faire accepter par les autres et ou un moyen d'expression.


Les parents ont du mal à lutter contre la publicité, et la pression de la société, ils enseignent aux enfants la différence entre "besoins" et "désirs". Un "besoin" est quelque chose de nécessaire pour maintenir des aspects importants de la vie, tels que la santé, la sécurité, le bien-être et l'éducation. Le désir est une recherche d'un plaisir, d'une gratification. Si la réponse aux besoins est légitime, la réponse aux désirs devrait prendre en compte d'autres paramètres comme l'économie, la priorité, l'âge etc.

Cela s'applique-t-il aussi sur la société ??

 

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Etre galant au 21ème siècle ?

 

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Il y a 100 ans, les hommes mourraient en se jetant dans l'eau glacée pour permettre le sauvetage des femmes du Titanic qui s'enfonçait dans les eaux froides.
Le 20ème siècle est celui de la condition féminine, un progrès si rapide, si radical qu'il est difficile de comparer la condition féminine d'une génération à une autre.

 

Que reste-t-il de la galanterie 

Certains hommes disent qu'ils sont toujours éduqués à l'ancienne, et leur comportement est hors du temps. Mais ils ne savent plus s'ils doivent ouvrir la porte pour laisser passer une femme, ou s'ils doivent payer le restaurent. Ils se demandent pourquoi la galanterie, le comportement chevaleresque avec des femmes qui n'ont besoin de rien ? Pourquoi payer le resto quand la femme invitée est aussi riche que l'homme qui l'invite ?

 

La galanterie, un héritage du temps des chevaliers ?

La galanterie est un mot bien français pour décrire un ensemble de manières, de comportement développé par les hommes pour afficher leur respect aux femmes, pour faciliter leur déplacement, pour flatter leur habillement, pour leur céder le passage, pour les aider à porter les bagages, pour se montrer attentionné et respectueux.

 

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À l'origine, la galanterie est une invention française entre le machisme méditerranéen, et l'indifférence nordique entre hommes-femmes dans l'espace public. La galanterie est un héritage modernisé de l'amour courtois, et de la tradition chevaleresque du Moyen Âge. L'apparition du féminisme avec son égalitarisme a rendu la galanterie dépassée et surannée bien que les femmes déclarent souhaiter préserver la galanterie. Du point de vue d'un certain féminisme, la galanterie serait un comportement sexiste hérité des sociétés patriarcales où l'homme possède un statut supérieur et protecteur sur la femme. Actuellement les hommes s'interrogent sur l'utilité d'être galant avec son égal, et se demandent pourquoi laisser sa place dans les moyens de transport à une femme ?

 

Avouons-le, les gestes galants sont de moins en moins présents dans l'espace public. En plus, certaines femmes considèrent ce geste comme archaïque ou infantilisant. La femme n'appartient plus au sexe faible, elle est comme l'homme : mêmes droits et aussi mêmes devoirs.

 

Les femmes au 21ème siècle

 

Les femmes ont bien changé depuis le Moyen Âge, elles n'ont plus besoin d'un chevalier servant, n'ont plus besoin d'être protégées ou défendues des brigands de grands chemins. Avec une femme du XXIe siècle, les hommes devraient intégrer de nombreux faits : égalité sociale et financière entre hommes et femmes, égalité sexuelle, égalité dans l'éducation et dans le milieu professionnel, et persistance de certaines différences liées à la biologie comme la force physique, ou à la psychologie comme la tendance féminine à exprimer et verbaliser ses émotions.


En ce qui concerne les relations entre hommes et femmes, on peut dire que rien n'a changé. Nous sommes restés au XIXe siècle. Les femmes restent passives dans l'attente d'être séduites et courtisées par les hommes. Elles prennent la partie la plus facile de la relation, évitent le risque du refus, et de la stigmatisation sociale.
Les femmes souhaitent avoir comme amants, des hommes beaux, tendres, doux, et en même temps des hommes virils, dominateurs quand il faut, agressifs pour défendre leur couple et leur épouse, et leurs enfants.

 

Les hommes à l'époque moderne de post-galanterie

 

L'année dernière, dans un article intitulé "The End of Courts hip?" (Fin de la drague ?) le New York Times expliquait le désarroi des jeunes et leurs difficultés à nouer des relations amoureuses. L'indifférence semble gagner les jeunes américains. " Une femme de 20 ans sera chanceuse si elle reçoit un texto l'invitant à un rendez vous." On retrouve ce phénomène dans des proportions plus importantes dans les pays nordiques et au Japon.
Les hommes sont indifférents, les femmes attentistes, alors le cercle vicieux s'installe.

 

Si les gestes galants se raréfient dans l'espace public, quel comportement devient souhaitable entre hommes et femmes ? Comment rencontrer une femme sans galanterie ? Faut-il risquer sa peau pour protéger une femme agressée ? Fait-on la même chose pour un homme agressé ?


A notre époque, la galanterie devient un jeu compliqué, mais avec une certaine dose, on peut supposer qu'elle est utile pour améliorer les relations hommes-femmes.
Aux hommes d'évaluer la personne en face et le contexte avant de jouer le galant, d'afficher un comportement galant.
Par exemple aussi, tenir la porte et laisser passer une femme continue à être un geste de courtoisie et de gentillesse. Il s'agit d'un geste simple, qui reflète un comportement civilisé sans infantiliser la femme.


Quand un homme invite une femme au restaurant, l'homme continue à payer. C'est une aberration selon certains, c'est un résidu d'un héritage culturel selon d'autres. On peut payer la première fois, sauf si la dame demande à payer. Quand l'homme paye, cela doit être traduit comme un geste de courtoisie, et non pas de supériorité.
Par contre, se lever quand une dame quitte la table ou entre dans la pièce, est devenu un geste désuet.


Faut-il défendre une femme agressée dans la rue ? C'est une question qui s'impose dans cette époque de post-galanterie. Aucune réponse n'est possible à cette question, tout dépend des circonstances. Par contre, il est naturel de défendre son épouse, sa famille, sa fille, ses enfants en toute circonstance.

 

Conclusion

 

Si la galanterie est devenue désuète, certains gestes galants simples comme ouvrir la porte pour une femme peuvent témoigner de courtoisie et de savoir-vivre.


La galanterie abandonnée dans l'espace publique, continue à être présent dans les couples et dans la sphère privée.

 

La disparition de la galanterie complique les relations entre homme et femme ; les hommes entrent dans une certaine indifférence pendant que les femmes continuent à suivre un comportement ancien attentiste et passif.

 

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Nice debout, la France aussi

Quelques jours après l’agression de Nice, même s’il y a des raisons de douter de la santé mentale du terroriste, la France est encore une fois la cible de cette guerre djihadiste?

 

Nice debout

 

Nice en deuil  

Pendant cette guerre qui secoue le moyen orient, 2000 français sont présents dans les milices de l’état islamique, certains dans des postes de commandement. voilà un risque. 
Sans oublier une histoire coloniale compliquée en Afrique et au Moyen Orient, la France et sa communauté musulmane, la première en Europe, devient une cible de choix.

Attaque après attaque, Daech continue sa stratégie pour diviser les français, cultiver la haine et la suspicion, et engendrer la stigmatisation sociale, raciale ou confessionnelle.
Cette fois, c’est différent. La tristesse est là mais avec la colère contre Daech et contre l’état qui n’arrive pas à protéger ses citoyens. Quelques heures après l’attentat, la classe politique utilisait cette tragédie pour critiquer le gouvernement dans un jeu classique de pouvoir / opposition.

Les élus des Alpes-Maritimes réclament des explications au gouvernement. Un président d’une commission d'enquête parlementaire sur les attentats, dénonce l'impuissance de l'exécutif.

L'exécutif réplique en parlant de « responsabilité», en détaillant ses mesures de sécurité.
Le front national, à l'accoutumée, renvoie dos à dos gauche et droite, mettant l’accent sur les carences de l'État.


Certains britanniques disent avoir voté pour le Brexit en voyant les images des réfugiés... Et les français, vont-ils résister longtemps à garder leur union nationale en dépit de la cacophonie de la classe politique ?


Massacre de masse avec des moyens primitifs, voilà ce qui est nouveau. Par contre, la stratégie ne changera pas : panique, épuisement, suspicion, tension au sein de la société française pour la fragiliser. A Nice, la réponse des habitants était solidarité et fraternité ; la réponse des français est leur union, comme c’était le cas à Paris, même s’il est légitime d’exprimer la tristesse ou la colère.


La France est malmenée, endeuillée mais à part quelques vagues de discours coléreux ou militants sur les réseaux sociaux, Daech n’a pas encore réussi sa stratégie.

 

 

 

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Sein nu : cacher ce sein ...

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Une femen aux seins nus s'est emparée de la statuette de l'enfant Jésus dans la crèche sur la place Saint-Pierre, au Vatican, annonce l'AFP.
Une femen, seins nus le jour de Noël, devant la crèche de la place Saint-Pierre, elle a saisi la statuette de l'enfant Jésus avant d'être stoppée par un gendarme.

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Les femmes sont vraiment plus bavardes que les hommes ?

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S'agit-il d'un cliché ? Qui d'entre nous n'a pas entendu le stéréotype : les femmes aiment parler. Nous avons toujours l'exemple d'une femme qui parle sans arrêt, pendant le travail ou pendant un dîner.

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Les jeunes japonais : pas de sexe

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Pour avoir une idée, nous pouvons commencer par un chiffre mentionné dans les études : 45 % des femmes japonaises entre 16 et 24 ans ne sont intéressés par aucune forme de contacts sexuels.

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