Émilie est une poétesse américaine du début du siècle (1830- 1886), un personnage qui serait resté oublié sans la publication de ces textes retrouvés par hasard et qui révélèrent une grande valeur poétique. Dickinson, la femme aux 1775 poèmes, dont à peine une dizaine de poèmes seront publiés de son vivant, est une véritable légende, une institution américaine. Tous les lycéens anglophones, surtout américains et canadiens connaissent ses poèmes à travers leurs manuels scolaires.
La poésie d'Emily Dickinson a intrigué et captivé des générations depuis sa mort en 1886. Les poèmes d'Emily Dickinson couvrent un large éventail de sujets. Elle est considérée comme une poète innovante et pré-moderniste. Ses poèmes sont uniques, contiennent des lignes courtes, manquent de titres et utilisent souvent des rimes obliques ainsi que des majuscules et des signes de ponctuation non conventionnels. Beaucoup de ses poèmes traitent des thèmes de la vie et l'immortalité, deux sujets récurrents dans les lettres à ses amis.
Cette femme vécut toute sa vie dans la petite ville d’Amherst (Nouvelle-Angleterre) dans une communauté protestante peu ouverte sur le monde extérieur. Elle passa sa vie entre son père, un homme autoritaire et sa mère invalide dont il fallait s'occuper. Elle finit par réduire sa vie sociale à sa correspondance à ses amis refusant de recevoir des visites.
Emily se décrit elle-même comme une femme sensible, pleine de vie, spontanée et parfois éruptive.
« Et quand je souris, une lumière aussi cordiale
luit sur la vallée
que c'est comme si le visage du Vésuve
laisser sourdre son plaisir »
Elle sera en opposition à son père, à la religion puritaine et à son milieu social.
Elle écrivait des lettres et des poèmes pour elle-même et de ce fait elle était libre et voyait la vie avec lucidité et profondeur.
« L'espoir porte un costume de plumes, se penche dans l'âme et chante inlassablement un air sans paroles. Mais c'est dans la tempête que son air est le plus doux. »
Les poèmes d'Emily Dickinson ont été qualifiés de métaphysiques, philosophiques. On a inventé de nombreuses formules pour décrire son style de pensée : ses ellipses cryptiques, sa compression, ses sujets énigmatiques, ses centres absents et son abstraction.
Il y a une autre qualité qui est tout aussi intrinsèque à ses vers, et c'est l'invention par Dickinson de structures poétiques qui imitent la structure de la vie telle qu'elle la conçoit à chaque instant.
Elle écrivait chaque jour au gré de son humeur devant sa fenêtre sur la nature, l’amour, la vie, la mort ou l'immortalité. Cet isolement fournit une approche de méditation sur le monde et sur soi même.
« Ce monde n'est pas conclusion
Un ordre existe au-delà -
Invisible, comme la musique
Mais réel, comme le son
Il attire, et il égare »
Vivant dans une communauté religieuse rigoureuse, et au sein d’un milieu familial bourgeois (son père fut représentant à la chambre) elle refusa la vision du monde imposée par la religion avec un scepticisme moderne pour l'époque et pour son entourage.
Elle publia anonymement quelques poèmes mais son style avec majuscules et tirets, jugé peu conventionnel, déconcerta les lecteurs.
"La Nuit est mon Jour préféré - j'aime tant le silence - et je ne parle pas d'une simple trêve (cessation) du Bruit - mais de ceux qui parlent de rien à longueur de journée et prennent cela pour de l'allégresse..."
Elle écrivit sur la mort, elle perdit de nombreuses personnes de son entourage de maladie, notamment la tuberculose sévissait à l’époque et pendant la guerre civile de sécession. Elle ne voyait pas la mort comme une fin.
« J’étais morte pour la Beauté – mais à peine
M’avait-on couchée dans la Tombe
Qu’un Autre – mort pour la Vérité
Etait déposé dans la Chambre d’à côté –
Tout bas il m’a demandé « Pourquoi es-tu morte ? »
« Pour la Beauté », ai-je répliqué
« Et moi – pour la Vérité – C’est Pareil –
Nous sommes frère et sœur », a-t-Il ajouté –
Alors, comme Parents qui se retrouvent la Nuit –
Nous avons bavardé d’une Chambre à l’autre –
Puis la Mousse a gagné nos lèvres –
Et recouvert – nos noms -»
Il fallait oser, s'attaquer au monument que représente Emily Dickinson, et parler de la poésie, en ajoutant une dose de comédie et de musique, il faut une sacrée dose d'audace pour filmer le mythe de la poétesse, caricaturée en vieille fille recluse. La biographie de Dickinson relate une autre vie, de création, de méditation et de rébellions contre son milieu social, et contre dogme de l'Église calviniste.
La série, créée par Alena Smith, se déroule dans et autour de la maison de la famille Dickinson à Amherst au milieu du 19e siècle. Emily est une adolescente, irritée par le refus d'Edward de la laisser publier sa poésie, et sa mère (également nommée Emily, interprétée par Jane Krakowski) la poussant à maîtriser les tâches ménagères comme sœur Lavinia (Anna Baryshnikov), tandis que leur frère Austin (Adrian Blake Enscoe) s'en tire avec tout.
Cette série nous parle de sa vie entre ses parents, son frère Austen et sa sœur Vinnie.
Elle nous montre comment elle s’affirmera une grande poétesse malgré l'absence de public, de notoriété car la plupart de ces nombreux textes et poèmes (1700) ne seront publiés qu'après sa mort.
La série d’Apple TV, tente d’expliquer le génie souvent incompris d’Emily, la première saison insiste l’enfance, sur l’opposition au père et sur la relation avec sa belle soeur et amie intime Sue.
On se doute que l’Emily imaginée et interprétée par la jeune actrice Hailee Steinfeld est loin de l’Emily originale mais le but est de transmettre ce qu’elle exprimait dans ses textes.
A sa sortie, la série essuie de nombreuses critiques surtout pour la première saison où les anachronismes choquent les littéraires et les fans de la poète. La relation supposée intime avec son amie Sue est longuement exposée.
Par ailleurs certains épisodes manquent de rythme laissant le spectateur dubitatif sur les intentions du réalisateur.
Alena Smith la réalisatrice nous expose une Emily adolescente rebelle et fantasque incomprise de sa propre famille dans un environnement léger et plein de gaiété. L’actrice, Hailee Steinfeld qui a joué dans le film New York melody, réinvente une Emily à la fois sauvage et exaltée.
Dans la deuxième saison, la réalisatrice améliore le scénario et ce sont des épisodes rythmés, plus joyeux, musicaux autour de ses textes. Chaque épisode présente un thème, Emily à l’opéra, se rend à un concours de pâtisserie, Emily en cure thermale, Emily rencontre le directeur du Journal etc. En cela, «Dickinson» a choisi de ne pas changer, en soi, mais d'approfondir. Si la saison 1 était prometteuse, mais inégale, la saison 2 est divertissante, mais inégale.
Au début de la saison 2, Emily se sent découragée, Sue - son ancienne amie intime, puis belle-sœur la pousse à élargir son champ de lecture et à poursuivre la publication de poèmes via un journaliste prometteur Samuel. Le frère d'Emily (mari de Sue) Austin cherche un sens à sa vie de jeune marié, la sœur Lavinia repousse l'hypothèse qu'elle se mariera bientôt et réévalue sa vie. Le changement est à l'horizon pour tous, et pas seulement parce qu'une guerre civile se prépare dans le sud.
Chaque épisode s’ingénie, à présenter un poème, et son contexte d’une façon joyeuse, comique, musicale et pleine de charme. Cette série cible la jeunesse, et les excentricités qui s’y rattachent, affichant l’opposition des jeunes aux aînés rigides et gardiens des mœurs, et fait découvrir d’une manière joyeuse, l’art la poésie dont la valeur s’est un peu perdue ; seuls quelques chanteurs et mélodistes nous en rappellent parfois l’existence si précieuse et en même temps si douce à nos oreilles et à notre esprit.
Malgré ses défauts, «Dickinson» a du charme à revendre. C'est inégal, oui, mais la série mérite l’attention par son univers délicieusement bizarre. Nous entrons dans le monde d’Emilie qui n’aimait ni la célébrité, ni les louanges.
«J'habite le Possible-
Maison plus belle que la Prose-
Aux plus nombreuses Fenêtres-
Et mieux pourvue -en Portes-»
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