Emma Woodhouse, belle, intelligente et riche, habite une maison confortable, dans une ambiance heureuse, semble être bénie dans son existence. Les romans d’Austen appartiennent à la catégorie divertissement, ou romance, ou étude sociologique légère.
Les états d’âme et les paradoxes dessinent les personnages, laissant entrevoir des complexités émotionnelles ; Emma est le roman le plus vif, et le plus sympathique publié en 1816 par Jane Austen.
L’histoire est rapide à la manière des contes de fées, inattendue, mais inévitable. Tout comme dans l’autre roman d’Austen, orgueil et préjugés, elle se déroule au sein d’un certain nombre de familles interconnectées, dans le Highbury, et concerne les fantaisies, les ruses, les tromperies et les révélations amoureuses.
Si les couples se font et se défont, dans le petit bourg de Highbury, c’est qu’Emma s’est improvisée entremetteuse. Il est plus distrayant, pour une jeune femme accomplie, de s’immiscer dans les affaires matrimoniales et amoureuses des autres plutôt que de se chercher un mari.
Emma Woodhouse, jeune femme de vingt-et-un ans qui vit avec son père dans leur propriété de Hartfields. Sa sœur Isabelle, plus âgée, a épousé John Knightley, dont elle est très amoureuse ; ils ont cinq enfants et vivent à Londres. Autour de cette famille appréciée de tous, gravite Miss Taylor l’ancienne gouvernante d’Emma qui a épousé, à l’instigation de cette dernière, Mr Weston. On rencontre aussi Harriet Smith une amie d’Emma que celle-ci espère faire monter dans l’échelle sociale en lui trouvant un mari de rang plus élevé.
Rajoutons George, le frère de John Knightley, trente-sept ans, Franck Churchill, le fils de Mr Weston, à peu près du même âge qu’Emma, dont l’arrivée est toujours annoncée comme imminente, Jane Fairfax, et un pasteur Mr Elton et nous aurons une petite société fort intéressante vivant dans ce petit village de Highbury.
Peu de romans courts se vantent d’une telle variété de personnages ou d’une telle variété de scènes. Austen réussit les mises en scène, l’harmonie, mais aussi à offrir des contrastes qui ajoutent à la profondeur du roman.
Jane Austen dépeint la vie quotidienne dans la campagne anglaise : la principale distraction est d’aller chez les uns ou les autres, dîner ou prendre le thé en parlant de la pluie et du beau temps, en prenant bien soin de donner son avis sur tout.
On prend garde à ne pas s’enrhumer, étant donné la météo, à alimenter la conversation, comme le feu dans la cheminée, en passant les couvertures dans la voiture. Quand on ne se parle pas, on s’écrit, on s’intéresse à n’importe quel événement comme un piano qui arrive chez Jane, sans annoncer le nom de l’expéditeur.
Jouant la marieuse, un rôle réussi pour Mme Weston, Emma décide de se remettre à l’ouvrage, en affirmant à son amie Harriet que le vicaire, M. Elton est amoureux d’elle, se mettant parfois dans des situations équivoques. On apprécie la bonne volonté, l’enthousiasme, la bienveillance d’Emma.
Pleine de bonne volonté, intelligente dans sa façon de s’exprimer, ce qui donne des joutes verbales agréables avec George Knightley qui n’hésite pas à lui exprimer clairement sa façon de penser.
Etant riche, Emma a décidé de ne pas se marier et de vivre seule, se consacrant à son père. Elle devient irritante par son snobisme, son esprit de castes, son orgueil qui la pousse à se montrer dure et ironique. Elle finit par découvrir ses erreurs, son incapacité à deviner les sentiments des autres, et même ses propres sentiments.
Emma est une héroïne à la fois irrésistible et exaspérante. Son habileté à mettre son amie la naïve Harriet Smith sur la voie d’une succession de célibataires est contrebalancée par son charme irrépressible et, et par sa volonté de s’approprier ses erreurs.
Miss Bates, la vieille fille qui ne peut pas s’arrêter de parler, est à la fois hilarante et déchirante ; un pique-nique à Box Hill dessine un moment d’insouciance de la part d’Emma, un bavardage sans importance qui se termine par un moment de cruauté.
Rien n’échappe à l’acuité ou à la sympathie d’Austen : elle est la grande romancière du changement. L’évolution d’Emma, qui est passée d’une organisatrice confiante de la vie des autres à une jeune femme qui observe sa vie et réfléchit sur ses erreurs est implacable et profondément émouvante.
Emma, un roman sur l’orgueil juvénile, sur la naïveté de chacun en face de l’amour et de la romance.
Plus que dans tout autre de ses romans, Emma justifie la célèbre affirmation d’Austen selon laquelle trois ou quatre familles dans un village de campagne sont « un objet qui mérite notre attention »
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