Ce roman édité en 1869 est parmi les grands textes de Fedor Dostoïevski, le livre qu'il a eu le plus de mal à finir, et qui reflète la plupart des idées qui ont animé son œuvre.
Dans les années 1867 à 1871, Dostoïevski réside à Dresde pour échapper à ses créanciers russes. Cette fiction a été écrite pendant ce séjour en Allemagne.
L'Idiot est un long récit sur la Russie du XIXe, avec un nombre important de personnages, à partir de familles de la classe moyenne, en dehors de l'aristocratie, comme chez Tolstoï. Les identités sont complexes, les rôles changent selon les motivations : argent, mariage, élévation sociale.
Le prince Mushkin, idiot de naissance parce qu'incapable d'agir, est infiniment bon.
Le roman s'ouvre avec l'enfant idiot, le prince de retour à St Pétersbourg par le train après un séjour dans un sanatorium suisse.
Le corps du roman prend racine à St Pétersbourg et sans proche banlieue. L'homme bon promène son regard illuminé de générosité, sur le monde cupide, arriviste et passionnel, qui l'entoure. L'apparition dans cette société d'un homme radicalement différent, mû par son seul désir d'être agréable aux autres, conciliant et bienveillant, sera perçue, au mieux comme de la naïveté, le plus souvent comme de la bêtise et même de la maladie. Le bon devient un idiot.
Le prince est atteint d'épilepsie qui a nécessité plusieurs années de traitement dans un établissement spécialisé. Il est malade et impuissant sexuellement.
L'idiot navigue entre réalisme et allégorie, raison et irrationnel, vertu et vice, comédie et tragédie.
L'idiot, est un chef d'œuvre riche en psychologie, en discussions sur la morale et sur les vraies valeurs.
Le prince dit ce qu'il pense, sans enrober ses phrases derrière le langage civilisé. C'est un être d'une grande sensibilité. Tel un enfant, il parle sans les filtres qu'imposent l'éducation, la bienséance, et la vie en société.
Les autres personnages du roman changent à son contact ; une femme, belle Anastasia accède au bonheur, Gania Yvolguine retrouve le sens de l'honneur, et le sanglant Rogojine goûte, un instant, la fraternité.
Cette œuvre a été et restera un livre phare, car son héros est un homme tendu vers le bien, mais harcelé par le mal.
Après la lecture du livre, il reste en mémoire deux aphorismes présents et répétés dans le roman : " L'humilité est une terrible force ", et : " la beauté sauvera le monde ".
Au début, l'idiot est bien accueilli partout, son comportement est jugé comique et innocent. Il ne peut pas comprendre les motivations et les pensées de ses interlocuteurs, il affiche sa bonté et son humilité héritée de son éducation chrétienne. " L'humilité est une force terrible ", dit l'un des personnages du roman.
Dostoïevski voulait représenter l'homme comme positivement bon face à une société égoïste, matérialiste et hypocrite.
En étudiant les cahiers de travail de Dostoïevski, on remarque que l'écrivain cherchait à créer un personnage convaincant, ignorant de ses propres valeurs, détaché comme Don Quichotte ou comme M. Pickwick.
Les positions de l'idiot, sa bonté sans limites, sa bonhomie sont mises sur le compte d'un déficit intellectuel. Son humilité naturelle le place systématiquement en position d'infériorité vis-à-vis de ses interlocuteurs.
Page après page, Dostoïevski démontre comment ses interlocuteurs se retrouvent surpris par le caractère sincère, et par la subtilité du prince. Son comportement piège les autres, en éclairant leur cupidité et leur bassesse.
Dostoïevski réussit la création d'un personnage étonnant, presque unique dans la littérature. Mushkin, pensif et passif, humble et profond, affiche les propres idées de Dostoïevski et ses croyances.
Concernant la beauté, selon Dostoïevski, elle est avant tout morale. La beauté du prince se fonde sur son humilité.
Le prince va semer le trouble dans le cœur des dames et des hommes qui vont changer à son contact.
Dostoïevski présume que l'humilité et la bonté sont contagieuses, peuvent nous sauver de la laideur de notre monde.
Dostoïevski était passionné par les journaux, comme nous sommes passionnés par les réseaux sociaux, il les lisait attentivement et citait dans ses romans, les crises et les faits divers. Dostoïevski introduisait dans ses romans des personnages démagogues et nihilistes qui encourageaient le pessimisme et les pulsions de vengeance et de destruction.
Dostoïevski parle des problèmes de l'homme moderne. Dans son roman, " le joueur " Dostoïevski explore l'intrusion problématique des sciences économiques et de la psychologie dans nos vies. Dans " les frères Karamazov, " il décrit l'homme contemporain " esclave des nécessités qu'il a produites lui-même ". Dans son roman, notes de souterrain il insiste sur un fait étrange de la condition humaine : nous voulons le bonheur, mais nous avons un talent spécial pour nous rendre malheureux " l'homme est extraordinairement, amoureux de sa souffrance : c'est un fait. "
Dans son roman, l'idiot, il explique que nous devons apprendre à être heureux, en cultivant les bonheurs simples. Nous sommes entourés par de choses qui pourraient nous enchanter, à condition de les voir et de savoir les apprécier.
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Nietzsche ne disait-il pas que Dostoïevski était le seul auteur qui lui ait appris quelque chose sur la psychologie des humains |
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